31 août 2009

Gondolier hollandais


Après le Hollandais volant, voici Mesdames et Messieurs, le Hollandais gondolier ! Ce n'est pas une boutade. 
 
Un groupe d'amis vénitiens partis à Amsterdam, a croisé sur un canal cette authentique gondole et son (un peu moins authentique) gondolier, sous le ciel de la principauté d'Orange. Le flou de la photographie ajoute au surréalisme de la chose. Souvenez-vous, Louis XIV en son somptueux Versailles fit venir des charpentiers vénitiens pour construire des gondoles au grand dam du Sénat vénitien qui n'osa pourtant pas protester. On en vit ainsi évoluer sur le grand canal de Versailles. Plus récemment, les touristes en visite à New York, pouvaient faire un tour en gondole dans Central Park !

Photographie © Roberta de Rossi.
5 commentaires:
Michelaise a dit…

L'histoire de Louis XIV qui donne, si mes souvenirs sont bons, cette scène absolument stupéfiante du passage des gondoles dans les neiges alpines dans le film de Mouchkine, Molière... j'avoue que c'est la seule scène du film qui me reste en mémoire, mais intacte !

Lorenzo a dit…

Mais totalement inventée sauf erreur. Ce qui est vrai en revanche, c'est qu'il existe encore dans le Parc de Versailles un lieu appelé Venise ou la petite Venise, devenu une auberge, qui était l'endroit où furent installés les charpentiers et plus tard les gondoliers "enlevés" à prix d'or par les sbires du roi pour son bon plaisir. Ce qui valut une (mini)crise diplomatique dont on conserve les traces, la Sérénissime acceptant mal qu'on lui subtilise ses artisans. Mais la diplomatie arrondit toujours tout et les gondoles voguèrent sur le grand canal de Versailles. canal que les ingénieurs du roi pensèrent un temps relier à la Seine et ainsi à la mer pour faire du Château de Louis XIV un somptueux port de prestige.

Les Idées Heureuses a dit…

"...L’orgueil de l’équipage de la flottille sont les "gondoliers vénitiens". Ils sont quatre à apparaître en 1674, date à laquelle la Sérénissime république de Venise offre quatre gondoles à Louis XIV, tant son ambassadeur aurait apprécié et vanté auprès du doge la fête donnée en son honneur par le Roi Soleil en 1671. Au départ, les gondoliers vénitiens sont appointés à 1 600 l., plus 4001. de gratification annuelle. En 1681 leurs gages passent à 1 200 l. et leur nombre ne cesse d’augmenter. On en compte jusqu’à treize en 1686, plus deux charpentiers de barques vénitiens, au point que l’on donnera plus tard le nom de Petite Venise aux logements construits pour les équipages de la flottille au bout du grand canal.
Cet équipage de la flottille est un tel sujet d’orgueil pour Louis XIV qu’en 1685-1688, date à laquelle les dépenses de Versailles atteignent leur maximum, le roi décide de l’habiller. Près de 12 600 livres sont nécessaires pour payer aux gondoliers les étoffes, damas de Gênes, taffetas, boutons à queue et galons d’or des habits, brocard cramoisi or et argent des vestes, paires de bas de soie cramoisie d’Angleterre, paires d’escarpins et mules. Sur cette même somme les matelots se voient payer une quantité inouïe de pièces vestimentaires : 70 bonnets, 143 paires de bas écarlates, 200 jarretières de soie cramoisie, "chemises et caleçons que les Filles Bleues de Versailles ont faits pour les matelots du canal", 294 aunes, soit presque 400 mètres, de rubans pour nouer les cheveux, ainsi que 360 chemises, 360 caleçons, 280 cravates de mousseline, 140 paires de souliers et 140 paires d’habits. Ces chiffres sont faramineux car ce que voulait Louis XIV, c’était une véritable armée en uniforme prête à la parade et à la promenade sur l’eau du roi."
extrait "Des eaux de Versailles sous Louis XIV" de Eric SOULLARD (publication de la Sorbonne)

un petit clin d'œil dans les Idées!

Michelaise a dit…

Ouf que de détails savoureux, vous êtes des pros de Venise à Versailles tous les deux !

Katy a dit…

J'aimerais bien savoir où a été prise cette photo, car bien que ne prétendant pas connaître les moindre recoins de la ville, nous, les amoureux d'Amsterdam, pensons qu'il s'agit plutôt d'Utrecht avec ses "quais" profonds caractéristiques.

30 août 2009

Boni qui n'aimait pas Venise

Curieux comme certains grands esprits ne parviennent pas à comprendre Venise et ne sont touchés par rien de ce qui nous émeut. Je lis en ce moment les "mémoires" de Boni de Castellane, célèbre dandy, figure emblématique de la société parisienne de la Belle-Époque.
 
Cet aristocrate brillant et cultivé, plusieurs fois député, éditorialiste, aux moyens longtemps illimités, passa à Venise un mouchoir sur le nez, ne relevant de son passage que quelques peintures qu'il trouva à son goût. Il ne songea jamais à y acquérir une maison, comme le firent de son temps les Polignac et d'autres grands aristocrates. Le Palais Rose qu'il fit construire à Paris, avenue Foch, fut certainement la dernière construction de cette ampleur jamais construite par un particulier. On y trouvait la copie conforme de l'escalier des Ambassadeurs de Versailles construit sous Louis XIV, et démoli sous le règne suivant. Mais il ne vit des constructions vénitiennes que leur côté sale et décrépi.
 
Voilà ce qu'il dit de Venise, visitée à l'occasion d'une croisière en Méditerranée qu'il fit avec sa femme, Anna Gould, la première milliardaire américaine à avoir épousé un aristocrate, en compagnie d'un groupe d'amis. C'est extrait de son livre «l'Art d'être pauvre» qui vient d'être réédité aux Editions Tallandier, dans la collection Texto :
« Après le classicisme de la Grèce, Venise me semble anarchique. Tout y est absurde : les demeures sont édifiées sur l'eau: les bâtiments sont ornés à leur base et surmontés de grands murs pleins, ce qui est contraire à toute logique; les trognons de choux, les chats morts, les moustiques règnent en maîtres; l'odeur est celle de l'égout et des pommes de terre frites.
Et pourtant Venise est comme le mal : elle est essentiellement attrayante. Dans les pays d'Orient, on admire l'architecture, la sculpture; à Venise, on ne remarque que la couleur. En Égypte et en Grèce, le sentiment religieux est à la base de toutes les conceptions; à Venise, les Tintoretto, les Tiepolo, et même les Carpaccio sont des décorateurs de palais plutôt que des mystiques ou des penseurs.
Venise n'est pas la ville de l'amour, tandis que la passion doit y jouer un grand rôle. On y entrevoit George Sand et lord Byron, mais non Juliette, Aricie ou Chloé.
Venise devrait être habitée avec somptuosité et luxe. Il faudrait que les gondoles fussent dorées, que des objets d'art remplissent les palais. Or, elle se trouve aujourd'hui la proie des décavés qui trouvent là des appartements moins chers qu'à Paris et pour lesquels l'originalité de l'endroit tient lieu de beauté véritable et d'art.
Une chose toutefois y est incomparable et rend belles toutes ces anomalies : c'est l'atmosphère. La ville semble faite en or et l'on croit toujours la voir à travers un saphir clair.
Les gens qui y vont se croient obligés d'y éprouver de grandes sensations.
Moi aussi, j'ai subi son charme, mais surtout à travers Guardi, Longhi et Canaletto. Ma raison s'y révoltait. L'équivoque seule domine dans ce bijou de l'Adriatique.»
 
8 commentaires:
Venise86 a dit…

Sourire .... Il dit ne pas l'aimer et pourtant il en décrit tout le charme indicible "Et pourtant Venise est comme le mal : elle est essentiellement attrayante"... Agacé le monsieur d'une attraction non raisonnée et non raisonnable ? Merci pour le portrait d'automne !

Gérard a dit…

Quel nez !
Il a senti .
Un snob , quoi .
http://www.youtube.com/watch?v=vlUqOVLEsQg

douille a dit…

Il y avait donc déjà des provocateurs à l'époque...

Lorenzo a dit…

Et des snobs ! Mais quelle élégance. je vous invite à lire son livre, c'est un régal pour ceux qui s'intéressent à cette période finalement mal connue dite "Belle Époque".

Michelaise a dit…

Paradoxale en effet cette diatribe qui dénonce un malaise, genre attraction-répulsion !
Mais si juste par endroits :"Les gens qui y vont se croient obligés d'y éprouver de grandes sensations"

Lorenzo a dit…

Relire Henry de Régnier et son judicieux conseil : soyez vous-même à venise et vous l'apprécierez au mieux !...

Anonyme a dit…

Des gondoles dorées? Quel kitsch!
Anne

Gérard a dit…

http://www.canalacademie.com/Boni-de-Castellane.html
Excellentissime .
Une page de notre Histoire .
Qui , quoi qu'on en dise , est quasiment impossible à tourner .
L'histoire de France , un truc étonnant : surtout de nos jours !
Merveilleuse République légitimiste .

29 août 2009

Jardin suspendu et ses visiteurs

© Beatrice Penso -Venezia 2009

2 commentaires:

Anne a dit…

Quelles sont ces jolies fleurs? On dirait des bleuets (si certains n'étaient roses)!
Anne

douille a dit…

Ce sont des "bleuets" multicolores... Appelés aussi Centaurées...

http://www.jardiclic.com/graines-semences/graines-florales/barbeau-bleuet-double-varie-centaurea-cyanus-p-202.html

Les jardins inattendus de Venise

Non, l'été n'est pas encore terminé. Il reste encore de belles journées devant nous. Puis viendra ce que les américains - les new-yorkais surtout - appellent le "Fall", cet été indien où l'automne est au plus beau. C'est un des moments que je préfère à Venise. Se promener au petit matin, quand le soleil déjà haut éclaire de tous ses feux la lagune, du côté de Burano. 
 
Les couleurs des façades paraissent encore plus denses et il y règne une incroyable harmonie qu'on ne peut qu'assimiler au bonheur. Un bonheur simple et sans façon, comme toutes ces maisons dorlotées par leurs habitants et qui s'offrent aux regards sans aucune prétention. Et puis, comme au printemps, les parfums mêlés de la lagune et des jardins cachés, ces mélanges de jasmin, de géraniums et d'herbe coupée, qui envahissent la ville à certains moments de la journée. Notamment vers midi, quand les cloches se mettent à carillonner le milieu du jour, et que le silence se fait gourmand. Un régal qui pourrait être le lot de n'importe quelle ville dans le monde s'il n'y avait pas le poison des gaz d'échappement et le bruit de la circulation. 
 
Venise la minérale, dont les pierres se reflètent dans l'eau des canaux, possède derrière les façades de ses palais de merveilleux jardins secrets dont ont parlé de nombreux auteurs bien mieux que je le ferai jamais. Mais il y a aussi ces centaines de petits jardins miniatures, suspendus pour la plupart, véritables «Babylones en réduction», comme disait une aïeule, parfois réduits à deux pots sur une fenêtre ou un simple parterre devant une maison. Certains sont surprenants d'inventivité et parfois le botaniste a la surprise en levant les yeux de découvrir une plante rare, une fleur exotique. les abeilles ne s'y trompent pas qui y viennent butiner. J'ai connu autrefois un vieux monsieur qui possédait à Dorsoduro une grande ruche et produisait chaque année plusieurs pots de miel. Du miel de Venise, rendez-vous compte !
9 commentaires:
Michelaise a dit…

Merveille que ce miel, butiné sans doute sur les fleurs des balcons dont vous parlez avec sensibilité... l'automne sera beau, et nous avons tous, à la fin de cet été agité dont nos blogs se faisaient l'écho (invasion de touristes comprises !!!) un peu ce sentiment de bien-être à l'approche des délices automnales ! on respire, on attend les douceurs des journées à venir avec volupté !

Anne a dit…

Un article et des photos charmants...Merci!
Anne

VenetiaMicio a dit…

Vivement cette période de fin d'été et tout début de l'automne.C'est vrai, Venise est magnifique et comme vous, c'est la saison que je préfère, il fait bon flâner, s'arrêter sur un campo et "vivre Venise".
Daniela et Luca ont fait des photos magnifiques, hier soir, dans le Castello, qui nous donnent déjà l'idée de ce que seront les prochaines soirées de septembre lorsque la rumeur s'apaisera et que la tranquilité sera revenue dans les sestiere.

douille a dit…

C'est vrai que ces jardins ont du charme...

Quand je vais à Venise à la bonne saison j'adore le petit déjeuner dans le petit jardin de notre hotel... c'est doux, c'est frais...

Gérard a dit…

Faire du miel à Venise , c'est un luxe ! Un luxe à peine croyable . Que j'imagine d'ici . Un secret enfin découvert . Surtout que ces insectes antiques se mouvent à l'aspect variable des couleurs . Loin de la jet-set , inculte , terne . Là-bas , goguenardes , ces vieilles hélicoptères sont vraiment chez elles . Un peu étourdies peut-être ! Non ?

Venise86 a dit…

Quel bonheur de passer chez vous !!
Je ne connais pas encore la Venise d'automne, mais les jasmins de mai et leur parfum partout comme une promesse de jardins qui s'échappent des murs dans les ruelles, ont fait mon bonheur...

Anonyme a dit…

Quel bonheur ! Je pars dans quelques jours pour 2 longues semaines. J'en pleure de joie.
Gabriella

Enitram a dit…

Oui, profitons de cette fin d'été et cultivons notre jardin suspendu ou pas jusqu'au début des froidures!

Lorenzo a dit…

Bon séjour Gabriella !

Instantané estival

NB : Que l'auteur(e) de cette sympathique photo me pardonne, mais je n'ai pas noté son nom. S'il la reconnait, qu'il veuille bien se faire connaître et me faire savoir s'il autorise Tramezzinimag à la publier.

28 août 2009

The very Thought of you

C'est le titre d'une très belle chanson de Billie Holiday que j'écoute ce soir, le chat sur les genoux. Il y a encore quelques minutes j'aidais ma fille aînée Margot à faire ses valises. Elle repart demain matin pour Montréal où elle fait ses études. Puis sont arrivés sa tante et nos amis Pierre L. et Carole qui est sa marraine.
 
A la joie de les voir (et de goûter une bouteille de leurs délicieux Sauternes), se mêlait la gêne qui me prend à chaque fois que je me retrouve avec les enfants chez leur mère. Tristesse de devoir vite quitter la bonne ambiance, les amis de toujours et les enfants pour rentrer dans mon petit chez moi bordelais à deux pas de là. Tristesse aussi des enfants qui aiment quand je partage avec eux - et leur mère - des petits moments festifs comme celui de ce soir en l'honneur de ma fille à l'occasion de son départ. Mais impossible de rester. Impossible de vivre avec sérénité ce genre de petits moments aux côtés de leur mère. Trop pesant pour elle et donc pour moi. Trop tôt peut-être...
 
Demain ma fille aînée reprend l'avion pour le Canada. Dans quelques jours l'université rouvrira ses portes. Encore une fois le temps est allé trop vite. Les jeunes ont leur vie et passer du temps en famille avec les parents est souvent pour eux un pensum. Il y a les amis à revoir, les sorties, les balades, les magasins, le cinéma. Difficile de se retrouver en aussi peu de temps. Difficile de trouver le temps pour bavarder et chercher dans ces petits moments des bribes de l'époque où existait entre l'enfant émerveillée par ses découvertes de chaque instant et le père en adoration, une complicité de tous les instants. Puis vint le temps de l'opposition, les conflits de l'adolescence. Difficile et merveilleuse époque où la jeune fille renfermée et un peu butée, peu à peu se transformait en jeune femme brillante et cultivée. 
 
Il y eut ensuite le cataclysme de la séparation, la vente de la grande maison, le désastre dont aucun de nous ne s'est jamais vraiment remis. Tellement de souffrance pour eux tous et particulièrement pour elle dont le monde s'écroulait d'un coup, sans que rien n'ait vraiment pu le laisser présager. L'éloignement qui s'en suivit ne fit que renforcer la nostalgie des temps heureux de l'enfance. Les promenades au jardin, les jeux, le bricolage, les histoires le soir, la prière avant d'aller dormir avec tous les jolis mots d'enfant que j'essayais de garder en mémoire mais qui se sont enfuis au même titre que le temps d'autrefois. Et tout les reste, la culpabilité., le regret de n'avoir rien vu venir, de n'avoir pas prévu d'esquive, de plan B, de parachute pour le coeur blessé de quatre petits innocents qui ne demandaient qu'à continuer leur bonne petite vie d'enfants aimés et protégés dans un monde éclairé de rires et de fêtes... 
 
Puis avec les années, tout s'est cicatrisé même les plus vilaines blessures de l'âme. Le temps des reproches est passé. Vinrent les retrouvailles, mais l'enfant est devenue une femme, avec sa vie à construire et ses choix. Les conversations se sont faites sérieuses et posées, les préoccupations plus généreuses et les enjeux plus grands. Un régal de petits moments de complicité, des discussions, des commentaires de lectures et d'articles qui nous font réagir. D'adulte à adulte. Comme pour rattraper les difficiles moments de silence, quand il y avait l'incompréhension, et cette absence imposée par la situation d'alors qui n'était pas physique puisque nous avons toujours continué à nous voir chaque jour ou presque... 
 
Demain son avion s'envole et je suis un peu triste. Émotion des départs, mélancolie de l'au-revoir... Elle revient certes plusieurs fois dans l'année, mais sa vie est ailleurs maintenant et son avenir aussi. Bordeaux, Venise... tout cela est devenu bien petit pour elle. Et elle me manque déjà. Bien sur son frère et ses sœurs ne partent pas et occupent beaucoup mon temps, bien sur elle est souvent insupportable, capricieuse parfois, exigeante, difficile avec le reste de la fratrie, mais elle est mon aînée. Le premier enfant. Celle qui a déterminé mes choix de vie, mes renoncements, les conquêtes de mon quotidien, depuis ce matin de janvier il y a vingt et un ans, où dans une clinique des hauteurs de Cannes, j'ai entendu son premier cri. Les autres occupent tout autant mon coeur et mon esprit, et je les aime plus que tout, mais plus jeunes ils sont encore très présents - parfois même joyeusement encombrants - et ils ne sont jamais très loin ! Elle, elle part à plus de 6000 kilomètres, la première à s'éloigner aussi loin aussi longtemps, et c'est bien puisque c'est son choix et sa joie, mais combien cela est difficile malgré tout... 
 

12 commentaires:

anita a dit…

quelle immense confiance vous nous faites Lorenzo en vous mettant à nu comme ce soir ... vous me rendez un peu triste parce que renvoyée au déchirement que fut le départ de ma fille pour le Gabon , son premier poste au sein d'un grand groupe international .... divorcée que j'étais de son papa ... quel bonheur actuellement : elle travaille à 40km de chez moi !
Tout s'estompe même ce chagrin qui vous étreint aujourd'hui ...
bonne nuit Lorenzo ! Anita

venetiamicio a dit…

quelle belle lettre d'adieu (pour aujourd'hui seulement) vous venez d'écrire à votre fille, je suis boulversée. Je sais que le chat vous réconfortera mais Billie et surtout cette chanson , que j'adore, je n'en suis pas sûre. A chaque fois que je l'écoute j'ai les larmes au yeux...
Les enfants grandissent, ils occupent notre vie et ils partent un jour, nous avons fait la même chose avant, ainsi vont les choses!
Bonne nuit Lorenzo
Danielle

Anonyme a dit…

Mon fils Laurent est également à Montréal, et malgré l'éloignement, il est celui avec qui nous avons le plus d'échanges et de partages, comme si le fait de nous quitter lui avait permis de mettre de côté sa grande pudeur pour nous ouvrir son coeur. Car en fait, c'est ça, le dur "métier" de parents : permettre à ses enfants d'être eux-même et les découvrir en adultes amis. L'amour filial est indélébile, mais c'est beau de se dire qu'on peut s'aimer aussi pour d'autres raisons. Merci pour votre sincérité, Lorenzo. Bien amicalement. Gabriella

Michelaise a dit…

Votre billet pourrait être le nôtre, ceux de tant de parents qui voient s'envoler leurs enfants adultes, même sans déchirure, même avec déchirures, peu importe finalement... ce qui est difficile c'est cette vie qui nous fut dédiée qui soudain, enfin plutôt peu à peu, se détache et se construit ailleurs... ce qui est important c'est de savoir le dire, comme vous le faites, avec confiance. Belle leçon de paternité Lorenzo...

Michelaise a dit…

Une anecdote : je me creusais la tête car je pensais à une histoire de père, dont la fille s'appelle, je crois bien Margot, et vit aux Etats Unis ou quelque chose dans ce genre, et qui cultive la tradition, avant chacun de ses (re)départs de s'offrir avec elle, en tête, en intimité retrouvée, une balade au phare de Cordouan. Je me disais "est-ce Lorenzo qui a raconté cela dans son blog, ou l'ai-je lu quelque part ?"... quand soudain cela m'est revenu : c'était dans Noces d'Or à Yquem de JP Alaux et N. Balen, un policier savoureux même si ce n'est pas un chef d'oeuvre de littérature, mais qui est plein d'images évocatrices pour ceux de la région... et le héros, un certain Benjamin Cooker, oenologue comme de juste, vit cette tradition avec sa fille... je n'ai pas le livre, étant une adepte de la bibli pour éviter de périr étouffée sous les bouqins (ce que d'ailleurs je n'évite pas !) et ne peux donc vérifier si la fille se prénomme en effet Margot !

Anne a dit…

La belle chanson que vous citez a été reprise avec talent par Nathalie Cole qui possède une voix sublime.
Votre texte est très émouvant.
Anne

Venise86 a dit…

Merci pour votre confiance et toute cette richesse partagée. Je regarde mes deux fils construire leur vie comme je les regardais enfants, faire leurs premiers pas, avec émotion, crainte et amour, en sachant que les chutes sont nécessaires et inévitables et que les victoires sont triomphantes... Je sais seulement que jusqu'au bout, malgré tout éloignement, et parfois les silences, nous restons jusqu'au bout uniques, leurs mère et père, leur ultime recours, tant que nous le pouvons, si un jour ils se retrouvent nus et démunis comme au jour de leur naissance.
C'est l'amour inconditionnel que je leur porte.
Nous les retrouvons et ils partagent cela avec nous , quand ils sont parents à leur tour...

Venise86 a dit…

Pour le reste, le divorce, c'est encore pour moi, un regret, une blessure toujours ouverte... Vous exprimez tout cela...

Venise86 a dit…

Et, quand je me surprends à penser qu'ils m'oublient en vivant leur vie, je me gronde en m'interdisant de devenir une vieille chouette dessêchée qui compte sur sa descendance pour enrichir et occuper sa vie !! Pirouette bien sûr, mais rire de soi n'est ce pas l'élégance du coeur ? Bonne nuit Lorenzo

pienadigrazzia a dit…

"telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d'inoubliables chagrins". C'est à ces mots de Pagnol que je pense instantanément en lisant votre billet, Lorenzo. J'ai découvert votre blog il y a quelques semaines et depuis, vous lire m'est devenu nécessaire. Votre humanité est un très beau cadeau. Ne cessez jamais d'espérer.

Enitram a dit…

Que d'émotion!!!!!!!! Ce n'est pas facile d'être parent et ça ne s'apprend pas...

Lorenzo a dit…

"vieille chouette", cela me fait penser à cette belle chanson de la chanteuse québécoise Linda Lemay qui narre avec humour la naissance de sa fille.
Non, en effet être parent ne s'apprend pas, cela se découvre. A tâtons.
Et comme vous le dites toutes, quelle joie, quelle émotion, quelle douleur aussi parfois. C'est moi qui doit vous remercier pour vous associer aussi promptement et avec autant de profondeur et de délicatesse à ce petit moment de faiblesse que tous peu ou prou nous vivons un jour ou l'autre !

Lasciamo stare !

A titre de boutade et puisque mon article sur le manque de tenue des touristes à Venise a suscité des réactions parfois négatives, voici des photos prises au hasard dans ma photothèque pour confirmer ce qu'écrivaient certains de mes lecteurs : les vénitiens aussi sont parfois peu habillés en été. Il y a les ouvriers qui travaillent plus aisément torse nu, les jeunes qui s'amusent à sauter des ponts du côté de San Alvise, d'autres jeunes qui font du skate près des entrepôts désaffectés à la Giudecca... Pourquoi ne pas prendre ses aises, c'est vrai. Tant que cela ne sent pas les odeurs de poireaux dont parlait Paul Morand dans Venises (cité par Condorcet dans son commentaire) ! Mais le manque d'humour du billet relayant l'information envoyée par le service de presse de la Municipalité a été mal pris par nombre d'entre vous. 
 
Il était la transcription de l'état d'esprit de l'avocat Salvadori qui dirige cette croisade anti-relâchement qui n'est pas spécialement connu pour son grand humour ! C'est aussi parce que, à la difficulté qu'il y a pour ce qui reste de vénitiens à se frayer une vie normale dans leur ville envahie par des hordes de touristes au comportement souvent aberrant, répond de plus en plus une attitude agacée, souvent hostile dont je voulais ainsi donner l'explication. 
 
Je vous assure qu'il est difficile de recevoir soudain dans son magasin une masse de gens (jeunes ou moins jeunes) très excités, en tongs et torse nu, casquette sur la tête, parlant très fort une langue qu'elle ne parle pas forcément, qui se répandent comme un essaim de guêpes sans dire le plus souvent un "bonjour, pouvons-nous entrer ?" qui serait de simple politesse, touchent à tout et repartent aussitôt tous ensemble, sans un mot mais en riant et en chahutant... Certes, le client est roi mais bien des commerçants sortent aussitôt une bombe de désodorisant tellement les odeurs parfois sont fortes. On peut en rire une oud eux fois, mais cent fois par jour, cela devient lassant. 
 
Mais je ne veux pas reprendre la polémique. Supporter la «différence» est aussi une question de politesse, de courtoisie et de savoir-vivre. A ma connaissance, peu nombreux sont les vénitiens qui manquent d'égard aux visiteurs. Après tout, on peut penser qu'en dépit de leur manque de tenue, de leur lassitude affichée devant l'écrasante chaleur de l'été vénitien, ils aiment ce qu'ils voient et que leur visite même désordonnée et sans correction, reste un hommage à la plus belle des villes ! Alors, «lasciamo stare !*»
* : littéralement : laissons tomber.
7 commentaires:
Douille a dit…

Je suis un fan de Venise, je ne me promène pas torse-nu et pourtant j'ai déjà été mal accueilli dans des établissements... Parce que j'ai eu du mal à assimiler la logique de l'établissement (payer le sandwich à une caisse pour recevoir un ticket qu'on tend à l'autre comptoir)...

Pour ce qui est des torses-nus: que les commerçants ne fassent pas leur vierges effarouchées... Ça fait 50ans que la ville fait tout pour devenir un nid à touristes... D'ailleurs bon nombre vendent des articles pour touristes et il faut reconnaître que c'est LE commerce ou on rencontre des olibrius...

Pour ce qui est de l'odeur, il y a peut-être des gens sales mais il a aussi certainement des gens peu habitués à une telle chaleur...

Lorenzo a dit…

Nous sommes bien d'accord, ami lecteur, et il ne fallait vous sentir particulièrement visé par mes allusions aux critiques - toujours positives puisqu'elles permettent d'aller de l'avant - de certaines personnes ! Quant aux odeurs c'était de l'humour. Tout cela montre bien la complexité du problème de Venise. Comment satisfaire tant de besoins tellement opposés et préserver la ville qui n'appartient plus seulement aux vénitiens mais fait partie de notre patrimoine à tous ? Comment ne pas tomber dans un élitisme façonné par l'argent qui laisserait de côté les moins bien lotis ? Comment éviter les débordements, les erreurs... Ce n'est pas une mince affaire.

douille a dit…

Pour moi le problème vient en grande partie de la mentalité italienne... Sans vouloir être raciste: il faut reconnaître qu'en Italie on brique sa maison à fond, mais on est pas géné d'un tas d'immondices devant sa maison... Ce qui n'appartient pas à quelqu'un de précis n'appartient à personne... J'ai encore remarqué ça lors de mon séjour à Turin, Pourtant ville riche et très "vive le nord on est les meilleurs" alors que franchement y a pas de quoi être fiers...

Bref, c'est un peu l'opposé de la Suisse par exemple ou là ce qui n'appartient à personne appartient à tout le monde... je pense qu' à cause de cette "mentalité", il doit être nettement plus difficile de "résister" à l'invasion...

Anne a dit…

Douille, je voudrais vous dire que les Italiens sont extrêmement honnêtes; on peut avoir confiance en Italie bien plus qu'à Paris, par exemple. Quant à la tolérance et à la courtoisie des Italiens, ce ne sont pas de vains mots. Je suis désolée pour vous si vous avez vécu de désagréables expériences. Les miennes n'ont été qu'un perpétuel enchantement et je trouve que les Italiens pourraient donner des leçons de civilité à bien des Français. J'espère que vos prochains séjours en Italie vous réconcilieront avec ce merveilleux pays et ses charmants habitants.
Anne

douille a dit…

Je suis allé de nombreuses fois déjà en Italie... J'ai été très bien reçu dans certain endroits et très mal dans d'autres, le problème est que la balance penche plutôt du côté du "mal"... Ou plutôt quand on est mal reçu, ils ne font pas les choses à moitié...

Par exemple à Turin, J'ai rencontré des gens très sympas... Certainement plus que quand je suis allé à Paris...

Agnès a dit…

Quand on va "ailleurs", on respecte les règles de l'ailleurs. Si on ne supporte pas de devoir changer ses habitudes, il vaut mieux rester chez soi. On a tous de bonnes et de mauvaises expériences des endroits que l'on visite. L'Italie a toujours été pour moi une très bonne expérience. N'oubliez pas de sourire aux autres ...ça change tout.

Lorenzo a dit…

L'incivilité, le manque de respect, la malpropreté sont des maux le plus souvent liés à des malaises plus profonds que notre pauvre occident n'arrive pas à assumer ni à régler. La saleté et la puanteur de certains quartiers de Calcutta ou de Delhi n'enlèvent rien à la gentillesse des indiens et leur sourire est aussi grand que leur misère. La Suisse a de belles rues bien propres mais combien de choses sales derrière les façades. On ne peut pas généraliser ni en bien ni en mal ce que notre expérience nous a fait découvrir. J'ai autant honte des voyous bordelais que de ceux de Venise, de Lausanne ou de Munich. En tant qu'être humain face à d'autres êtres humains. J'ai été volé à Genève, à Turin, à Paris. Jamais encore à Rome, à Naples, à Taormina ou à Patras. J'ai dormi à Istambul dans une chambre d'hôtel dont la porte ne fermait pas et on ne m'a pas volé. J'ai été délesté d'un appareil photo et de mon portefeuille une nuit dans un bon hôtel de Strasbourg. Cela ne veut rien dire. Ce n'est pas parce qu'il a fait des expériences négatives que Douille n'aime pas l'Italie. Ce n'est pas non plus parce qu'on aime un pays qu'on ne peut pas voir ses défauts et des désagréments. Les vénitiens sont les premiers à reconnaître l'incivilité de certains de leurs jeunes, le manque de cordialité de certains de leurs commerçants, le manque de civisme de ceux qui balancent leurs ordures dans les canaux comme au Moyen-Age on jetait ses détritus par la fenêtre si possible au moment où passait un bourgeois...