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Ne
devrait-on pas parler plutôt de la langue vénitienne . Après tout le
vénitien fut la langue officielle de l'administration de la République.
Si le français et l'italien succédèrent
au latin comme moyen de communication avec les autres peuples, le
vénitien s'imposa comme la langue de la communauté vénitienne, du doge
au plus humble apprenti de l'arsenal, tous la parlaient. Ils la parlent
encore. Je
n'aurai pas la prétention de vouloir l'enseigner aux lecteurs de
TraMezZiniMag, cependant en donner quelques notions va dans le sens de
notre réflexion amorcée avec vous depuis le billet sur les
"néo-vénitiens". Et puis parce que je travaille depuis quelques mois à
l'élaboration d'un dictionnaire - un lexique - vénitien-français qui
n'existait pas alors que l'équivalent anglais a vu le jour depuis
longtemps déjà, autant "prendre la température"...
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Ti ga schei ? : tu as des sous. Expression souvent employée pour exprimer la surprise. par exemple quand on est avec quelqu'un qui n'a pas l'habitude de sortir son portefeuille le premier et résiste à la tentation d'inviter ses commensaux. Par extension, le mot employé au singulier (il devient alors "scheo") sert à indiquer quelque chose de petite dimension ou une faible longueur. (Un sou, c'est petit dans tous les sens du terme !)
"Spòsteło de vinti sche"i " : déplace-le de vingt centimètres.
Le terme est d'usage courant avec une connotation triviale, presque vulgaire. La vieille comtesse du palazzo voisin ne l'emploiera pas quand elle fait ses courses. tout au plus le mot lui échappera quand elle recevra sa facture d'électricité ou devra payer les gages de sa vieille servante. Il est souvent sur les lèvres des gondoliers et des boutiquiers. Il serait utile d'apprendre son équivalent en chinois d'ailleurs. Mais on va encore m'accuser de mauvais esprit !
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"Trenta franchi" correspondaient à trente lires, "na carta da mìłe franchi" désignait un billet de mille lires. Le terme n'avait pas de rapport avec le Franc français mais avec la monnaie autrichienne en vigueur pendant l'occupation et qui portait gravée l'inscription "FRANC." abréviation du nom de l'empereur François-Joseph. Les vieux vénitiens continuent de l'employer mais on l'entend bien moins qu'avant.
6 commentaires:
- Dans ma région (Vicenza, Val d'Astico) on dirait : "gheto schei?)
D'après le dictionnaire lo Zingarelli,les dialectes italiens- ou langues si elles sont écrites comme le vénitien - sont des langues "romanze" issues du latin vulgaire ( le latin étant lui-même une langue indo-européenne).La présence de "g" comme dans "el gaveva..." correspondrait au dialecte régional avec des éléments de "bellunese cittadino"?
Il existe un dictionnaire vénitien/italien fait par Giuseppe Boerio.
Graziella - Absolument. Merci de ces précisions. Il existe même un lexique vénitien-anglais mais rien à ce jour en français. Nous y travaillons.
- http://www.blogger.com/profile/03524487160360572243J'espère que, dans votre ouvrage, on lira aussi des mots d'amour vénitiens...
Anne - Moi je suis pour une leçon de vénitien par semaine, mots d'amour et gros mots, locutions, proverbes, je prends tout avec bonheur
- Pour le plaisir, voici une petite "poésie" que ma grand mère me récitait de temps en temps:
Veneziani gran signori,
Padovani gran dotori,
Visentini magna gati,
Veronesi tuti mati,
Udinesi castelani col cognome de Furlani,
Trevisani pan e tripe,
Rovigoti baco e pipe,
i Cremaschi fa cojoni,
i Bressan tajacantoni,
ghe n'è anca de pì tristi: Bergamaschi brusa cristi. - Le Boerio, acheté par une douce nuit à la Libreria San Geremia du temps
où elle existait toujours ( j'adorais cette librairie ouverte jusqu'à
minuit.... mais quel dommage qu'elle ait été remplacée par un negozio de
plus...fut-il affriolant...) est un petit bonheur avec ce langage si
chantant, si particulier, si imagé.Les expressions idiomatiques sont
délicieuses.Quant à ce petit poème, je l'ai moi-même découvert dans un
ouvrage dédié au venessian...mais à travers sa cuisine."Savoureux
également....
La cucina veneta( déniché chez notre bon Luigi Frizzo, amoureux des livres et des chats) dont l'auteur m'échappe....Lorenzo, peut-être pourrez aider ma pauvre mémoire défaillante... mes livres étant amoureusement emballés en vue de leur prochain déménagement à Paris.
Merci de votre aide, cher Lorenzo et bien amicalement,
Agnès