05 juillet 2023

En chemin vers la France, notes retrouvées

Notes du 30/01/2018 retrouvées dans un carnet oublié au fond d'une valise. Amusant de relire un texte jamais retravaillé qui date d'avant le grand bouleversement que nos gouvernements ont imposé au monde, gigantesque escroquerie dont personne ne se remet vraiment. Avant la pseudo-pandémie, il existait un autre monde qui déjà n'était plus que l'ombre de ce qui existait avant, un autre rythme, des espoirs et des joies transmises par ceux d'avant nous... Ces notes en sont imprégnées.

 

Combien j'aime voyager en train et combien j'aime ces longs trajets où l'on avance vers la destination choisie sans pour autant se sentir dans le temps habituel. Les paysages défilent, les gens montent et descendent, on s'assoupit,  on lit, on rêve... Totalement livrés au temps qui passe on est comme préservé de Chronos. Moments privilégiés de retrouvailles avec soi-même.

Lecture de La Natura Esposta, de Erri de Luca. Fascinant récit à la première personne écrit comme l'auteur sait le faire, dans une langue précise et sobre, des phrases ciselées sans rien jamais d'inutile ni de clinquant. Le livre dont j'avais besoin en ce moment. Je n'ai pas beaucoup écrit pendant ces deux semaines vénitiennes. Rien de bon en tout cas. C'est un peut toujours la même chose. Pendant le voyage, la perspective de me retrouver de nouveau à Venise stimule mes neurones. Mes Idées se font claires, des mots me viennent, des idées. Je suis de retour chez moi, là où je me sens le mieux, toujours. Tout autour de moi m'est familier, le chemin de la gare à la maison, les maisons, les vitrines, les gens...

Puis j'arrive et m'installe. Cela prend à chaque fois beaucoup de temps, remettre en place les meubles, redonner à l'appartement un peu de cachet avec ce que j'ai. Tout est enfin disposé pour me permettre de travailler, les dossiers en place, les stylos alignés, la documentation dont j'aurai besoin... Mais les heures passent et je ne parviens pas à aligner plus de dix lignes. Il me faut préparer une tassé de thé, une fringale soudaine m'envahit ou une impérieuse envie de sortir me prend... Procrastination ? Terreur de ne pouvoir écrire ce que je voudrais et comme je le voudrais ? Je n'ai jamais bien saisi pourquoi tout cela était si difficile et l'était si souvent...

Desenzano, bourgade près du lac de Garde. Ciel gris mais le brouillard s'est estompé. La campagne reprend des formes douces et rondes, routes qui se faufilent à travers de molles collines, très vertes, hameaux paisibles et centres commerciaux modernes... L'Italie .... Dans un peu plus de 45 minutes ce sera l'arrivée à Milano Centrale, puis le métro jusqu'à Porta Garibaldi d'où je prendrai le train pour Paris.
 

[...] Voyage sans histoire. Pas de voisin. Le wagon entre Venise et Milan était propre, confortable, presque vide, les journaux offerts et le café macchiato aussi bon que chez Rosa Salva ne coûte qu'1 euro...  Mais l'accident récent dans les environs de Milan nous a retardé de 21 minutes ! Une exception désormais en Italie. Toute le contraire de chez nous... Pourquoi est-ce que je continue de dire chez nous quand je me reconnais de moins en moins dans ce monde post-moderne qui ne fait que reprendre tout ce que du passé nous avons laissé faire de pire mais c'est une autre réflexion qui mènerait trop loin.

Le TGV français qui assure la liaison Milan-Paris n'a rien à voir, hélas même en première classe. La décoration est agréable, un gris cossu, mais tout est démodé en comparaison avec les Frecciarosse italiens. Exemple du dernier TGV pris entre Lyon et la capitale lombarde : porte de liaison de la voiture qui ne se fermait que manuellement avec un mot écrit à la main pour prévenir les voyageurs ; 2,50 € pour un café noisette (infect) dans un gobelet de carton ; toilettes très usées manquant d'eau et de papier - mais pas d'odeur... Tout cela est vieux, dépassé et absolument pas en corrélation par les prix pratiqués. Le charme de l'Italie, du voyage en Italie, se délite au fur et à mesure des kilomètres, hélas... 

Bientôt le retour dans ce pays où je suis né mais qui a perdu tout charme et tout intérêt à mes yeux. 'est un peu triste. Et puis la ville, bruyante, pestilente qui m'attend... Je sais désormais que mon bonheur et ma paix intérieure sont dans une retraite loin des villes en général, au milieu d'une campagne agréable, paisible et soignée - mais cela je le sais depuis ma toute première jeunesse - ou bien à Venise en dépit de ses édiles totalement pervertis par l'ultra-libéralisme démocraticide auxquels ils sont aveuglément soumis - et les hordes de plus en plus nombreuses de touristes vulgaires...

De ces barbares, il y en avait très peu finalement pendant ce séjour. Le temps était clément pourtant. Du coup la ville était toute aux vénitiens. Active et silencieuse pourtant.  Les vendeurs de colifichets made in China dont raffolent les touristes, bancarelle et boutiques, restaient fermées pour la plupart. Joie. Des jours paisibles donc où j'ai pu retrouver la ville semblable à elle dans laquelle mon coeur et mon âme ont grandi.

 Transcrit en écoutant "Just a song for you" qu'interprète Luca Stavos à la guitare (pour l'écouter c'est ICI)