16 septembre 2009

Une fois encore la maison, le jardin. Journal (extraits)


17 septembre 2008
La belle lune blanche a laissé la place à un soleil rouge flamboyant dans un ciel qui s'est vidé de ses nuages. L'odeur du café qui pénètre dans la pièce qui me sert ici de bureau, par la fenêtre entrouverte se mêle aux effluves musicales qui résonnent dans la pièce. Billie Holiday comme souvent le matin. Un de ces vieux standards des années 50 que j'aime bien écouter. Il est presque neuf heures. La journée sera bien remplie. Quelques rendez-vous, une vieille amie qui m'attend au Florian pour me présenter son jeune neveu qui doit se rendre en France pour quelques mois et a besoin d'une introduction. Passage à la Querini Stampalia pour renouveler mon adhésion et rendre des livres et à l'Ateneo Veneto pour les mêmes raisons. Deux trois courses (le parmesan pour les enfants, des baicoli, des livres, une bouteille de grappa,...). Il sera temps ensuite de tout ranger. Une tasse de thé et le départ vers la gare. Le train d'Artesia, le dîner et la cabine confortable, avec ce doux bercement, cette atmosphère feutrée, le silence du wagon dans la nuit... J'aime ces voyages express, comme une coupure dans le quotidien. A peine le temps de réfléchir, de se poser et le bol d'air frais requinque pour des semaines. Venise pendant quelques heures entre Bordeaux et Paris, c'est amusant, troublant, dépaysant. [...] Plein de nuages s'amoncellent au-dessus de la ville. Il ne fait pas très chaud. Dans le jardin tout est mouillé, la glycine sera belle, la pluie a nettoyé ses feuilles. L'agence a fait visiter deux fois cette semaine. J'aimerai que personne ne se décide et que nous puissions garder à jamais l'usage de cette maison tranquille...

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pourrai vous laisser les clés de mon pied-à-terre Vénitien. M.17

Lorenzo a dit…

Merci pour cette gentille proposition.

Anonyme a dit…

J'y serai le 27 au matin, ma nuit bercée par Artésia.
M.17

Anonyme a dit…

Même si j'imagine que chacun aimerait vous accueillir, vous recevoir chez lui.
Pour papoter, apprendre, échanger, partager et savourer Venise à l'infini.
Donneriez-vous votre préférence à Dorsoduro ?
M.17

maite a dit…

Anonyme, à qui d'autre laisseriez-vous les clés....? J'échangerai bien un pied à terre vénitien contre ma villa à Biarritz.

Lorenzo a dit…

Depuis 2008 nous avons pu nous organiser lors de nos passages à Venise. Mais rien n'est plus pareil. La glycine et le jardin nous manquent, mais il faut aller de l'avant ! Cela ne nous empêche pas de retrouver la Sérénissime avec le même plaisir même en campant chez les uns ou chez les autres !

Anonyme a dit…

Comment faites-vous pour trouver un compartiment de wagon-lits, même en m'y prenant deux mois à l'avance, ils sont toujours complets? Je vous envie.

anita a dit…

Anonyme ... un exemple : je viens d'appeler l'agence de voyages d' Avignon qui délivre les billets de wagon-lits Artesia : on m'a répondu que pour fin octobre ( 28 ou 29 )il restait des places et retour sans pb , une semaine plus tard ...

anita

Lorenzo a dit…

Au cas où vous ne l'auriez pas noté, l'extrait publié date de 2008. Il est peut-être plus compliqué d'avoir un wagon-lit maintenant. Il faut effectivement réserver assez tôt puisqu'il n'y a qu'un train et que les parisiens semblent désormais vouloir tous aller passer le weekend à Venise et prennent tous le train. Mais comme le signale Anita, on y arrive sauf à se décider la veille pour le lendemain. Et là encore, on peut avoir de bonnes surprises !

Venise86 a dit…

J'aime ce "papotage" de vénitiens amoureux... Puisque nous sommes entre nous, à l'échange d'adresses, j'offre une maison en Dordogne en échange d'une clé sous un pot de fleurs à Venise... sans aucune contrainte de date ! Lorenzo, j'aime définitivement ta façon d'écrire !!! Et je n'aime pas te savoir malheureux.

Venise86 a dit…

Le train est le dernier transport "potable" que j'ai trouvé pour Venise ces derniers temps...

Premières pluies, l'automne n'est pas loin


Venise, Piazza San Marco, ce matin à 8h45
Per gentile concessione del Comune di Venezia

6 commentaires:

Marie a dit…

J'ai aussi les webcams de Venise en widgets sur mon fond d'écran. Malheureusement il n'y a plus que le Rialto et San Marco qui fonctionnent. J'ai écrit à Pietro Falcone mais il habite Londres maintenant et ne peut s'occuper des pannes de Venise! ah misère! J'aimais tellement mes petites fenêtres sur Venise. Je vois ec matin qu'ils ont mis les passerelles... menace d'acqua alta donc.

Aldo a dit…

Entre aujourd'hui et demain, des marées allant de 80 à 90 centimètres sont prévues. On peut trouver les prévisions sur Venezia - Centro maree .

venise86 a dit…

Ben oui, on n'est pas dans un musée ! Et c'est ce que j'aime. Bonne journée Lorenzo.

Les Idées Heureuses a dit…

Je pense à Anna Livia et à mon papa qui sont dans la cité, ils doivent peut-être se croiser avec un parapluie à la main....sans se connaitre.
Sourire....

Venissima a dit…

Il y avait bien une acqua alta cet après midi avec dix bons centimètres d'eau place Saint Marc mais ...... par marée basse! Un déluge depuis ce matin avec un orage en début d'après midi d'une rare violence. Heureusement, la météo est optimiste pour demain.

AnnaLivia a dit…

En effet, j'y étais... c'était quelque chose de pas très agréable... récit à venir dans mes carnets.

Loin du bling-bling

Je ne sais pas vous, mais moi je ne supporte plus beaucoup tout ce remue-ménage autour de la vie - des frasques - d'une pseudo-élite parisienne dont les médias nous rabattent les oreilles et qui n'ont aucun intérêt : hommes politiques et leurs pseudo-compagnes, journalistes en vue, néo-intellectuels produits de marketing, starlettes en tous genres. Tout ce petit monde aime à faire parler de lui, se pavane devant les objectifs des caméras et disparaît sans que rien ne change sous le soleil... Des animaux de zoo. Richissimes mais pitoyables. Au moins, dans les zoos, les singes et les guenons nous font rire, et sont parfois attendrissants. La plupart des gens de la nouvelle High Society ne sont que des parvenus vulgaires et prétentieux. Allons plutôt dans les rues de Venise, où au fil de notre promenade, les gens que nous rencontrons, sont bien plus authentiques. Pas de bling-bling avec eux !
 

Loin des hordes , loin des hauts-lieux du tourisme à Venise, il y a la vraie vie. Celle des vénitiens de naissance ou d'adoption qui se déroulent souvent sans que les visiteurs pressés ne remarquent rien. Quelques uns, conquis au premier coup d’œil par la vie unique qu'il nous est donné de vivre sur les campi et le long des calle de la Sérénissime, savent s'imprégner de ce quotidien délicieux. Rien ici n'est pareil, forcément, sans la circulation automobile, sans aucun danger pour les enfants, les chats et les chiens (qui se font de plus nombreux désormais). Les autres ne voient qu'une succession de cartes postales, de verroteries et de masques made in China vendus sur les lieux-mêmes de leur passage. 

Et puis il y a aussi les célébrités, vedettes de cinéma ou de la chanson, souvent américaines, qui prennent Venise pour un lieu de tournage et donc un décor qu'ils s'empressent d'acheter à prix d'or pour des soirées bling-bling, privatisant à tout va des lieux historiques et des demeures patriciennes dont les miroirs n'en reviennent pas de refléter tellement de vulgarité, de non-éducation, irrespect aussi... Non la vraie Venise échappe à ces gens qui ne la méritent pas. En voilà quelques instantanés. Prions pour qu'ils ne deviennent pas un jour des documents d'archives, souvenirs d'un temps où la ville était réellement vivante et ses habitants heureux d'y vivre !

Attendrissant spectacle que celui des petites gens sans histoire qui vont leur vie sans faux-semblants, sont tristes ou heureux, rient et pleurent, naissent et meurent comme tout le monde. Combien il est reposant d'être avec ceux qui n'ont pas d'histoire, qui se contentent de vivre sans prétendre donner des leçons au monde. A Venise plus qu'ailleurs on les voit vivre et on s'intègre bien vite à leur vie, s'adaptant en un clin d’œil à leur cadence, puisqu'il n'y a pas dans la Sérénissime tous ces obstacles de la vie moderne qui nous éloignent les uns des autres : pas de voitures, pas de rues encombrées à traverser, pas de bruits qui couvrent les voix, les rires et les pas qui résonnent dans les ruelles ensoleillées...

6 commentaires:

le bord doré des nuages a dit…

Je suis en tout points d'accord avec vous cher Lorenzo et chacune de vos lignes me parlent.
La si jolie petite maison au bord de la lagune donne en effet l'envie de se réfugier avec ses chats et d'y cultiver tranquillement un jardin potager, pas trop grand, histoire de retourner la terre à mains nues pour prendre soin de ses racines.

Les Idées Heureuses a dit…

Après la pavane il y a une gaillarde:
allons d'un bon pas retrouver la simplicité des moments vrais, il faut tourner le dos et ne pas se retourner, faire comme on l'entend, sans regret, et laisser ce petit monde de perdition se dévorer, car ça, ils le font très bien jusqu'à la dernière plume. La résistance a toujours était là pour sauvegarder les hommes, il le faut, en toute quiètude, on est dans le vrai.
Anonyme, quel luxe!

Venise86 a dit…

Parvenus est le bon mot... Ils font pitié à confondre l'inutile avec l'essentiel.

Michelaise a dit…

Que oui, il faut avouer que, sans télé, on est "à l'abri" de ces non-événements... Quant aux vénitiens, simples mais toujours avec la belle figura, comme le sont les italiens, qui ne se laissent que rarement aller à la vulgarité (chez eux... car ailleurs c'est moins sûr)

Anne a dit…

Permettez-moi de vous interroger, Lorenzo: les "petites gens sans histoire", "ceux qui n'ont pas d'histoire", ces mots me surprennent un peu. La discrétion, la modestie, la délicatesse ne signifient pas l'absence d'histoire, bien au contraire. Mais, comme vous le faites justement remarquer, il faut prendre le temps de se connaître pour se découvrir alors que l'immédiat clinquant peut recouvrir le vide.
Anne

Lorenzo a dit…

Notre vocabulaire est parfois bien pauvre.En utilisant cette expression maladroite je voulais exprimer le bonheur qu'il y a à rencontrer des femmes et des hommes dont le quotidien ressemble à la vie, sans clinquant, sans artifices, sans non plus jamais l'assurance que tout ira bien mais avec la confiance, la foi, parce que les autres sont là, parce que leur vie à eux aussi n'est ni de strass ni de paillettes, mais vraie. C'est dans ce sens qu'elle est sans histoire. Et c'est bien. Alors,vous avez raison, écrivons plutôt "Ceux qui ne font pas d'histoire".