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21 juin 2025

C'est aujourd'hui l'ouverture de la librairie Giovanni !

Non, il ne s'agit pas seulement d'un «bookshop» de musée ou d'un coin livres comme on en trouve souvent, mais d'une véritable librairie indépendante, « autonome dans sa proposition, radicale dans ses choix» proposant, en plus des catalogues d'expositions, des œuvres d'art et des objets de design attendus dans ces lieux, un véritable choix éditorial en collaboration avec les éditions Tlon et d'autres éditeurs indépendants. Tramezzinimag et Deltae Edizioni se félicitent de cette ouverture et adressent les meilleurs vœux de réussite à la nouvelle structure. 

La librairie combinera deux dimensions souvent perçues comme distinctes : celle de la librairie muséale avec des livres, des objets et des catalogues et celle de la librairie indépendante, qui se distingue par son autonomie une proposition originale (orientée ?) et sa vocation à la recherche. Tlon explique 
ainsi l'idée générale qui présida à la création de sa librairie  : 

«...Avec la Libreria Giovanni, nous voulons nous adresser aux citoyens de Venise, aux lecteurs affectueux et passionnés de la Fondation, à ceux qui cherchent un livre ou un objet, à lire, à posséder, à offrir, à partager.

Pour les Vénitiens et les Vénitiennes, et pour ceux qui sont de passage, nous voulons que la Libreria Giovanni soit un centre de gravité permanent, au milieu des vagues bondées de la ville que Joseph Brodski appelait l'aquarium du monde, la plus métaphysique de toutes les villes.

Il s'agit du quatrième point de vente géré par les Edizioni Tlon, après la Libreria Teatro de Rome, la librairie de la Galleria Nazionale d'Arte Moderna e Contemporanea et la sélection de livres de l'Académie française de Rome, Villa Médicis. Avec l'ouverture de la Libreria Giovanni, Tlon entame un dialogue avec la majestueuse et vivante région vénitienne.

Une librairie indépendante qui se veut un cadre culturel social, capable de contribuer activement à la transformation du tissu urbain et à la vie culturelle des communautés.»

La Fondation Querini Stampalia, en lançant la librairie Giovanni, continue son chemin de renouvellement culturel. Le chois d'en confier la gestion aux éditions Tlon plutôt qu'à d'autres éditeurs indépendants ou à un regroupement d'éditeurs n'est pas anodin. La prise en charge par Tlon d'un lieu conçu dès l'origine pour intégrer et amplifier l'expérience du musée, est une gageure. Ce n'est pas une simple librairie, mais une librairie indépendante, conçue pour accueillir différents publics et déployer un dialogue avec les vénitiens, avec la ville. «Un point de rencontre. Un endroit en évolution continue, où revenir et revenir, pour découvrir de nouvelles idées et suggestions à emporter avec vous.» dit le communiqué de la Fondation.

La librairie nouvelle de la QS est signée
 Martí Guixé. Elle est dédiée au fondateur Giovanni Querini, fondateur de l'institution qui doit sûrement froncer les sourcils et s'interroger. « Eller eprésente un point de rencontre entre deux âmes complémentaires: celle de la librairie du musée, qui étend l'expérience du musée à travers des livres, des catalogues, des objets, des gadgets et celui de la bibliothèque indépendante, avec une proposition éditoriale autonome, raffinée et accessible. Un espace dans lequel le livre devient un instrument d'analyse et de stimulus en profondeur pour la compréhension du présent». On retrouve dans ces propos (officiels), les mêmes arguments qu'à Harvard où les classiques et les livres politiquement opposés aux idées des nouveaux maîtres à penser ne sont plus vendus et impossibles à commander, à défaut d'être interdits pour l'instant et les lecteurs mis au pilori au nom de cette nouvelle idéologie mortifère.
 
Message reçu donc. On ne peut que se réjouir de voir une autre librairie s'ouvrir à Venise. Mais restons vigilants, l'épidémie serait-elle en train de gagner Venise aussi ? Gageons que celle-ci sera simplement à l'image des éditions Tlon, un rien iconoclaste, libre, ouverte sur le monde et les temps modernes. Mais espérons qu'elle ne devienne pas une sorte d'annexe de ces officines militantes ultras qui ne voient la littérature que comme un outil révolutionnaire, éliminant de leurs rayonnages tout ce qui n'est pas politiquement correct selon leur définition personnelle. Tant qu'on y trouve de belles et grandes choses, qu'on peut y découvrir de nouveaux auteurs, des idées nouvelles, n'est ce pas ce qu'on cherche en furetant chez un libraire ? 
 
Ce qu'on cherche en tout cas n'est pas cette nouvelle pensée unique, démultipliée à l'infini et à toutes les sauces. Ce n'est pas ce qui attire la grande majorité des lecteurs, même les plus curieux. Non, il serait étonnant que cet esprit délétère exporté des États-Unis - en fait de certains foyers intellectuels américains heureusement minoritaires - devienne la marque de La librairie de la Querini Stampalia et soit le choix de la direction pour faire rentrer la Fondation, son musée et sa bibliothèque dans la modernité... Nous en reparlerons dans quelques mois, le temps de voir ce qu'il en est de l'accueil du public et des vénitiens. en attendant, bonne visite et si vous êtes à Venise pour le solstice, ne manquez pas les réjouissances prévues !
 
 Crédits Photographiques ©Adriano Mura - Querini Stampalia

 

03 juin 2025

21 juin, à Venise aussi on fêtera le solstice d'été


Si dans le monde entier ce jour spécial est l'occasion de la Fête de la Musique (*), à Venise, l'énergie créative de la Sérénissime s'enflamme au crépuscule avec Art Night, «Art Night, la nuit magique dédiée à l'art et à la culture» inventée par la Ca'Foscari. Depuis quelques années, le jour du solstice est ainsi prétexte à l'ouverture des musées et galeries d'art où la musique se mêle aux autres arts. C'est dans ce contexte dynamique que la Fondazione Querini Stampalia célèbre son anniversaire avec le Q-Day / Art Night. Pendant toute la journée, l'évènement sera l'occasion unique de découvrir gratuitement les Querini - visites guidées, itinéraires créatifs, présentations, performances musicales - et «de célébrer le solstice en se laissant inspirer par l'émerveillement». 

«A la lecture du programme, on voit que dans quelques jours il va se passer de bien belles choses au sein de la Fondation. Le 21 juin, jour du solstice d'été, est un jour spécial : la fête de la musique est célébrée et, à Venise, l'énergie créative s'enflamme au crépuscule avec l'Art Night, la nuit magique dédiée à l'art et à la culture. C'est dans ce contexte dynamique que la Fondazione Querini Stampalia célèbre son anniversaire avec le Q-Day / Art Night.
La Fondation propose donc une journée entière (entrée gratuite), dès 9 heures et jusqu'à tard dans la nuit, qui comprendra des visites guidées, des itinéraires créatifs, des présentations, des performances musicales - «pour célébrer ensemble en se laissant inspirer par l'émerveillement».

Visites guidées de la bibliothèque et du musée donc qui permettront d'explorer les espaces historiques et les parcours d'exposition. Le personnel de la bibliothèque accompagnera les visiteurs parmi les manuscrits et les livres anciens, tandis que des historiens d'art les guideront à travers le musée et les expositions en cours. Les visites seront
 gratuites - ce qui est à souligner dans une ville où tout devient payant - et elles se dérouleront en italien - à souligner aussi - pour une maximum de 20 participants à chaque fois. Autant préciser qu'il est nécessaire de réserver pour être sûr de pouvoir y participer. Ceux qui retireront leur carte d'accès à la bibliothèque avant le jour J recevront gratuitement un catalogue d'architecture ou un volume sur l'histoire de la Fondation.

Pendant la journée, il sera possible de découvrir les différents groupes de lecture de la Fondation : Di libro in libro, dédié aux lecteurs seniors, et Scompaginati, destiné à un public plus jeune. L'association Un Gomitolo a Venezia - Knit Café impliquera le public dans un atelier ouvert : «une manière concrète de partager son temps et son talent, en créant des liens authentiques avec la communauté».

Ce sera aussi l'occasion si vous ne l'avez pas encore fait de devenir membre de la Fondation, ce qui «signifie vivre la culture en tant que protagoniste, participer en première personne à la vie des Querini et soutenir ses projets»(**). Plus encore,le 21 juin, les personnes qui s'inscriront pour la première fois, outre les avantages liés à l'adhésion (accès prioritaire aux expositions, évènements réservés, réductions spéciales) bénéficieront de la promotion «2x1»
 : une seconde carte «in omaggio» à offrir à une(e) ami(e). «Une invitation à partager avec quelqu'un un geste simple, mais plein de sens» En tout cas, un moyen intelligent de faire grossir les rangs des adhérents dans ces temps de vaches maigres budgétaires. 

Tout au long de la journée, la libreria Giovanni, qui se veut bien plus qu'un bookshop de musée, il sera proposé une sélection spéciale de livres, en collaboration avec les éditions Tlon, «Maison d'édition indépendante de philosophie et de floraison personnelle» - bien plus poétique vous ne trouvez pas que le fameux «développement personnel» dont on nous rabat les oreilles - en plus des catalogues et objets liés à l'histoire de la Fondation et aux expositions en cours, avec des réductions spécifiques uniquement pour le 21 juin. Le nouveau Cafè Mariona, signé par Rosa Salva, proposera à partir de 18 heures, un apéritif dédié à l'occasion à un prix specialissimo. «L'occasion de vivre ensemble une véritable fête de l'émerveillement».

«À l'occasion de la Nuit de l'Art, la Fondazione Querini Stampalia se transforme en un carrefour vibrant de culture et de créativité» et ce jusqu'à 22 heures. Les visiteurs pourront ainsi «explorer gratuitement les espaces de la Fondazione, redécouvrir les lieux, revoir les collections et les expositions temporaires à la lumière d'un esprit d'accueil renouvelé, en se laissant guider par l'émerveillement». 

Des visites guidées des collections de livres anciens et de manuscrits animeront la soirée, sur le thème Venetian Roars (lui aussi décrit en langue anglaise sur les documents de presse !) des lions de Venise. Voyons ce qu'en dit le dossier de presse :

« San Marco en forme de lion est plus qu'une devise : c'est l'âme même de Venise. Depuis le XIIIe siècle, le lion ailé incarne la force, la sagesse et l'autorité de la Sérénissime. Au cours de cette visite guidée, il sera possible d'admirer des volumes anciens, des gravures et des manuscrits documentant l'évolution iconographique du lion vénitien, du symbole civique à l'emblème universel. Un voyage à travers des documents d'archives et des vues du XVIIIe siècle, entre l'Arsenal et la chancellerie ducale, pour découvrir comment une image a construit l'identité d'une République.»
Fête de la Musique oblige, il y aura aussi un concert dans le jardin conçu par Carlo Scarpa et la poésie sera de la fête. Comme tous les évènements nocturnes dans cet espace, cela risque fort d'être magique. La Querini mettra à l'honneur le castillan Micól'un des principaux poètes espagnols contemporains,qui est également philologue, traducteur et musicien. La poésie qui se fait musique donc avec ce récital, intitulé “L’equilibrio impossibile” | Marta y Micó.

«Des mots qui deviennent chansons, de la poésie qui se transforme en mélodie : tel est le cœur du concert de Marta y Micó, le duo formé par José María Micó et son épouse Marta Boldú, voix et guitare dans un dialogue intime et intense. C'est précisément de cet entrelacement qu'est née son œuvre artistique, aujourd'hui enfin accessible au public italien : «L'equilibrio impossibile» publié chez Molesini Editorel'éditeur vénitien que nous aimons beaucoup à Tramezzinimag, la première anthologie en italien de sa production poétique, publiée en janvier dernier, dont nous reparlerons prochainement dans notre rubrique Coups de Cœur

“L’equilibrio impossibile” | Marta y Micó.

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Q–Day, la Querini Stampalia compie gli anni: un'intera giornata a ingresso gratuito
https://www.veneziatoday.it/eventi/compleanno-querini-stampalia-ingresso-gratuito.html
© VeneziaToday

Tout au long du parcours, des médiateurs culturels de Ca' Foscari accompagneront les visiteurs « dans un dialogue ouvert avec les œuvres et l'architecture, en favorisant les expériences d'échange et de partage».

Gageons qu'une fois encore la Querini-Stampalia créera l'évènement et que les visiteurs ce jour-là ne regretteront pas de s'être déplacés. Nous nous y croiserons peut-être, chers lecteurs.



 

Pour ceux qui ne connaissent pas encore bien Venise :

La Fondation Querini Stampalia.

«La Fondation Querini Stampalia est l'une des plus anciennes institutions culturelles italiennes. Depuis 1869, elle promeut « le culte des bonnes études et des disciplines utiles », avec un regard curieux et une passion pour l'avenir.» 

C'est ainsi que se présente cette organisation unique qui est un des lieux les plus importants culturellement de la sérénissime avec son magnifique palais aménagé de 1959 à 1963par le grand architecte Carlo Scarpa puis rénové et agrandi sous la férule de Valerio Pastor et enfin de Mario Botta. Les locaux abritent un musée rempli de trésors de la peinture vénitienne, de mobilier et d'objets d'art qui méritent d'être vus. C'est aussi une bibliothèque publique, un lieu d'expositions temporaires, un agréable jardin et un délicieux espace de restauration, l'un des plus agréables de Venise.

Suivant la volonté du donateur, la fondation a été l'une des premières bibliothèques ouvertes en permanence, tard la nuit et des générations de lecteurs, étudiants, chercheurs ou simples lecteurs ont pu pendant des années venir dans le palazzo y travailler la nuit, dans le silence des grandes salles ornées de tableaux anciens, parmi un mobilier confortable et rassurant comme une bibliothèque familiale. Hélas, les temps changent et la volonté première du donateur a été enterrée. Certainement des questions de budget ou de sécurité, les maîtres de toutes les décisions dans ce monde en pleine déliquescence. 

Nous le regrettons à Tramezzinimag et ne cesserons de partager le combat de ceux qui souhaitent la réouverture de la bibliothèque jusqu'à au moins 23 heures quitte à réserver les lieux aux seuls étudiants et chercheurs. Qu'importe que parfois nous n'étions qu'une dizaine à rester travailler aussi tard. C'était un privilège offert par le fondateur à tous, sans distinction d'âge ou de classe sociale. 


 

10 mars 2025

SuMus, Aquamour c'est bientôt

Un nouveau festival ? répondait au téléphone une vieille amie vénitienne avec qui  j'évoquais ce matin cette manifestation Une nouvelle vision d'une Venise dépoussiérée et nettoyée des squames du tourisme Unesco autant que des manifestations super-élitistes pour des Happy Few hors-sol ? On verra bien quand tout aura eu lieu. Une initiative intéressante en tout cas qui fera pousser des hauts-cris aux orthodoxes défenseurs de la venezianità qui ont raison de vilipender tout ce qui tenterait de faire de Venise un clone de n'importe laquelle des métropoles modernes. Ici ce n'est pas Dubaï ni New York, ni Paris ni Berlin. C'est Venise. 
 
Les gens de SuMus semblent en être conscients. Je n'ai pu assister à leur lancement, exilé loin de la Lagune. Jargonnant sans arrogance ni prétention, juste ce qu'il faut pour attirer l'attention de ceux qui sentent bien que quelque chose doit impérativement changer pour que tout reste comme avant, c'est à dire pour que Venise en retrouvant une vie quotidienne non conditionnée par le tourisme Unesco et la bêtise des troupeaux qu'on promène en avant-garde des détrousseurs d'oxygène vital et de traditions séculaires. 
 
Alors va pour le jargon et suivons les initiatives intelligentes de ce mouvement. SuMus rappelle l'universalité de Venise mais aussi son statut unique et primordial dans une époque d'effondrement et d'inculture, d'égoïsme et de violence. On le sait bien, à Venise rien ne se ressent de la même manière. On s'y ressource, on y aime et on y meurt comme partout mais avec une lumière unique et un rythme différent.
 
Du 21 au 25 mars, ce sera ainsi la première édition du festival Aquamour.  Original dans sa conception, sa forme et sa gratuité, ce festival s’adresse à tous les publics grands et petits, vénitiens et internationaux. Cette année, il portera le thème de l’intelligence de l’eau.
 
Original dans son contenu comme dans sa forme, puisqu'il est à la fois artistique, ludique, éducatif, scientifique et économique. Il sera décliné autour de plusieurs espaces complémentaires que même les vénitiens ne connaissent pas encore ou peu. La preuve que Venise a d'autres ressources que le planplan des Maries ou le défilé du doge et de la dogaresse ersatz gogos de sfilata historique où l'on mélange les époques et les genres puisque le public ébahi gobe tout à la manière de Disneyland. Non Aquamour, ce sera autre chose visiblement. Nous jugerons sur pièce n'est-ce pas. En voici les grandes lignes et les liens pour mieux comprendre ce qu'est SuMus :

«AcquaShowroom, espace LeonardH2o en hommage à Leonard De Vinci qui a dit “scrute la nature c’est ton futur”. Cet espace se trouvera à la forge du futur et exposera des start-ups innovantes dont les activités sont aquatiquement bio-inspirées.
 
AcquaPavillon, dans la serre du jardin royal, venez découvrir les vertus de l’eau informée, l’eau osmosée, l’eau purifiée, l’eau dynamisée, et les bienfaits de l’eau de Quinton.
 
AcquaTalk, l’auditorium du Human Safety Net donnera la parole à des speakers du monde entier venus partager avec nous leurs connaissances sur le cycle de l’eau, l’économie régénérative et le biomimétisme.
 
AcquaExhibitions : différents artistes vénitiens et internationaux exposeront leurs œuvres dans différents espaces culturels de la ville permettant d’apprécier la puissance et l’intelligence de l’eau à travers leur créativité.
 
AcquaHappening : plusieurs mouvements citoyens seront organisés autour de ces 4 jours autour de l’eau, du partage et de la convivialité.
 
Acquaconcert : 2 concerts seront organisés autour de l’eau, de la paix et de l’amour. Le premier au théâtre Goldoni accueillera le groupe Monte Bello avec une programmation spéciale autour de la thématique de l’eau. Le second aura lieu au Conservatorio Benedetto Marcello et accueillera Luca Franzetti et la soprano iranienne d’Opéra for Peace, Forooz Razvi.
 
AcquaFilms : une sélection de courts et longs métrages autour de l’eau suivi de débats aura lieu tous les après-midis au cinéma Rossini en collaboration avec l’association qui porte l’acquafilm festival.

Venez nombreux. Toutes les activités seront gratuites et ouvertes au plus grand nombre.

L’objectif de ce festival est de valoriser l’eau et tous les écosystèmes aquatiques comme des biens à la fois précieux mais aussi comme source d’innovation pour le modèle sociétal de demain. »

Vous trouverez que le site de l'association toutes les informations sur le festival bien sûr (d'où est extrait la longue citation ci-dessus, mais aussi qui sont les fondateurs, initiateurs, animateurs de tout ce qui depuis 2021 fait avancer le projet SuMus, avec Venise comme le phare du monde, expression qui nous parle à Tramezzinimag, tant nous disons et répétons depuis vingt ans sur ce site et ailleurs, que Venise par son passé, son histoire, son écosystème, les initiatives de son peuple au fil des siècles, a toujours été une source d'inspiration, parfois trop oubliée aujourd'hui.Venise est un modèle d'organisation sociale, de combat écologique, d'ouverture au monde et d'inventions universelles. Merci à SuMus de tenter  de le faire comprendre au monde !
 
Vous trouverez le détail de tout ce que l'association a organisé depuis ses premiers vagissements sur le site. Il y en a eu de belles choses déjà ! Le bébé a mûri et désormais, il faut souhaiter que ce qui y est dit et fait trouve un écho favorable parmi tous ceux qui veulent sauver l'âme et la vie de la Sérénissime.  

 
Bande-Annonce du film «Il faro del mondo», 
réalisé par Marco Tassini  (2021).
dont nous nous étions fait l'écho en son temps.

22 mai 2024

Offrez-nous un café !

Un des plus jeunes lecteurs de Tramezzinimag (19 ans) mais aussi le plus jeune des Fous de Venise mais déjà fort érudit, m'a conseillé ce site dénommé «Buy Me A Coffee». Laissez-moi expliquer de quoi il s'agit pour ceux qui n'ont avaient entendu parler.

Il s'agit de proposer à nos lecteurs un moyen pour nous soutenir en adressant via un QR code l'équivalent d'un ou plusieurs cafés. L'idée est sympathique et je l'ai essayé auprès de sites que j'aime bien et qui ont adopté la formule.

Mais, à Buy Me A Coffee ils ne se contentent pas de proposer une adaptation contemporaine des cafés suspendus ou des appels aux dons. Ils donnent aux abonnés la possibilité d'avoir une boutique, et autres outils intéressants et bien plus légers que le sempiternel FaceBook de moins en moins utilisé par les jeunes générations.

Nous avons donc adopté Buy Me A Coffee. La page des dons est désormais opérationnelle. Les sommes engrangées, outre les cafés que nous consommerons pour ne pas nous endormir, viendront compléter le résultat des dons que certains fidèles ne manquent pas de nous adresser, nous permettant de créer une cagnotte. Celle-ci sera utilisée pour aider au fonctionnement de notre maison d'édition, modeste projet qui démarre piano piano entre Venise et Bordeaux.

Bien entendu, nous publierons régulièrement des informations concernant l'usage que nous ferons des sommes réunies : publier des ouvrages bilingues ou des traductions françaises de textes déjà publiés en italien, sur Venise et sa civilisation, de poésie, d'histoire, etc. Nous pensons aussi à apporter notre contribution à des initiatives qui nous toucheront dans l'esprit de Tramezzinimag. Ne nous sommes-nous pas baptisé après tout, et ce depuis presque vingt ans, les «Fous de Venise» dont ce site  est l'organe ? 

Phase test donc. N'hésitez-pas à nous faire part de vos ressentis et vos idées. Comme votre fidélité, la régularité et la pertinence de vos commentaires font notre bonheur ! Alors à vos claviers !


09 août 2023

Une librairie de plus à Venise : bienvenue à la Feltrinelli !

L'ouverture d'une nouvelle librairie est toujours une fête partout dans le monde. D'autant que de partout fusent les statistiques sur la baisse de fréquentation des bibliothèques, le pourcentage qui grimpe d'année en année du nombre de jeunes qui n'ont jamais lu un seul livre et les rumeurs sur l'inéluctable disparition de l'objet qui a changé le monde avec l'invention de l'imprimerie. 

C'est donc fête à Venise où l'éditeur Feltrinelli vient d'ouvrir ce mardi la quinzième librairie de la Sérénissime (en comptant les marchands de livre d'occasion et de livres anciens, et les librairies du centro storico, de Mestre et du Lido). Il y a quelques jours encore, j'étais passé distrait sur le rio terà Secondo, à San Polo, juste à l'angle de la calle qui mène au vaporetto San Stae. Les anciens se souviendront de cette osteria, baptisée «al Lento» officiellement Osteria da Renato, où le patron était connu pour sa philosophie de la lenteur.  


En attendant l'inauguration officielle qui aura lieu en septembre, nombreux sont les les vénitiens qui depuis mardi viennent se rendre compte par eux-mêmes et visitent librairie dans ses locaux flambants neuf. Feltrinelli, la maison d'édition, qui compte des dizaines et des dizaines de points de vente dans toute l'Italie, a officiellement ouvert avant-hier sa librairie à Venise, une première. À ce jour, les grandes chaînes ont toujours eu du mal à s'ouvrir dans la ville faute d'espace adéquat. en apprenant la nouvelle, j'ai aussitôt repensé à ce délicieux film de Nora Aphron, «You've got mail»,  avec Meg Ryan et Tom Hanks, reprise du fameux «Shop around the corner» de Lubitsch. Dans le film l'enseigne Fox, spécialiste des hypermarchés du livre vient s'installer en face d'une petite librairie de livres d'enfants. Le contraste est grand entre le géant et la petite boutique.
 

Le choix de Feltrinelli est totalement adapté à la Sérénissime. Située entre le campo San Polo et San Giacomo dall'Orio, elle ne s'étend que sur une petite centaine de mètres carrés seulement et s'apparente plutôt aux petites librairies généralistes indépendantes que nous aimons tous. Avant elle, l'osteria dont les vénitiens se souviennent, puis une galerie d'art. Murs en briques apparentes, sol décoré d'arabesques qui attirent le regard, étagères sobres et sans fond pour laisser voir les murs, poutres apparentes. Une lampe Fortuny et un plafonnier de chez Venini pour marquer la vénétianité du lieu. Sur les rayons, il y en a pour tous les goûts, avec même un rayon.
 
 
Si l'ouverture d'une librairie est toujours une bonne nouvelle, surtout en période de baisse drastique du nombre de lecteurs, le fait qu'elle ouvre à Venise, ville aux prises avec le dépeuplement, l'est encore plus. Le choix du quartier aussi, dans une partie de la ville qui est rarement visitée par les touristes de masse ce qui laisse à penser que la clientèle visée sera avant tout locale. Bonne pioche. 
 
De fait comme le souligne les journaux locaux, durant ces deux premiers jours, la librairie a été surtout visitée par des habitants, ravis d'accueillir Feltrinelli tout près de chez eux, dans un «va-et-vient incessant alors qu'à l'intérieur de la boutique les derniers travaux d'installation électrique et d'éclairage se terminent» écrit ce matin dans La Nuova, le journaliste Eugenio pendolini. Parmi eux mardi soir, on remarquait l'écrivain Tiziano Scarpa venu visiter la boutique en personne.
 
Aucune déclaration officielle, aucun dossier de presse de la part de maison d'édition sur la nouvelle librairie de Venise. Seules les deux  libraires, professionnelles expérimentées et passionnées venues de Vérone et Trévise pour parler de cette avenyure lagunaire.

Inévitablement, l'ouverture suscite un grand intérêt. « Bienvenue dans une librairie de haut niveau comme la Feltrinelli à Venise », déclare Cristina Giussani, propriétaire de la librairie Mare di Carta et représentante du syndicat des libraires, « Ce sera une librairie dédiée aux Vénitiens car elle est loin des circuits habituels du tourisme urbain».

Un échelon de plus aussi dans l'offre de livres dans la ville, où l'on compte aujourd'hui une douzaine de librairies (dont une seule, Mare di Carta, qui vend des manuels scolaires), en plus des quatre librairies d'occasion et de livres anciens. Bonne route à Feltrinelli Venezia. Allez-y faire un tour, amis de Tramezzinimag. Peut-être bientôt pourrez-vous y trouver les publications de Deltæ, la maison d'édition de Tramezzinimag et des auteurs qui nous honorent de leur amitié ?
 
 Libreria Feltrinelli 
Rio Terà Secondo 2245A
San Polo  (près du Campo S.Agostin)
Tel. :  +39 02 9194 7777




16 juin 2022

Initialement prévue pour juin 2020, la France fêtée par Proloco Lido est enfin une réalité !

Il aura fallu beaucoup de patience et de détermination à tous les organisateurs pour mener à bien cette manifestation longuement concoctée dès 2019 et qui aurait dû se dérouler du printemps à l'automne 2020 si la crise sanitaire n'était pas venue tout bouleverser. Deux ans plus tard, le projet voit le jour et c'est, ce samedi, le moment le plus attendu : la dégustation de vins et de fromages français dans un des plus jolis hôtels du Lido, la Villa Mabapa où règne le fringant Antonio Vianello, dynamique directeur de l'établissement, à la tête d'un personnel sympathique et attentif à rendre aux visiteurs leur séjour le plus agréable possible et à l'avocat Luca Serafini, membres très actifs du mouvement Proloco Lido di Venezia-Pellestrina

Samedi, dès 20 heures une soixantaine de chanceux - ceux qui ont pris soin de prendre assez tôt leur réservation et quelques invités pourront goûter des vins bordelais issus de l'agriculture biologique et des fromages artisanaux amenés par les producteurs qui les feront déguster. Un groupe de musiciens accompagnera la soirée qui se déroulera dans les jardins de la Villa Mabapa, cet hôtel de belle renommée pour son accueil son style et la qualité de sa table. A ce propos, les hôtes ne se contenteront pas de vins et de fromages, mais ils se régaleront de plats traditionnels des provinces de France réinterprétés par le cusuinier et son équipe.

Pour ceux qui sont à Venise ce jour-là, venez ! Il reste encore quelques places.


27 janvier 2019

"Making a real difference" avec Cool Cousin, l'autre manière de découvrir la Venise de ceux qui y vivent

Lancée il y a un peu plus d'un an, l'application Cool Cousin, inventée par de jeunes et brillants cerveaux fait florès. De plus en plus de cousins la rejoignent présentant ainsi à travers leur profil la ville où ils vivent. A Venise, nous sommes sept, avec des profils ( et des âges) différents. Au 10 décembre dernier, soit 195 jours après avoir été choisi pour y participer, 2596 personnes avaient utilisé ma carte, mes 54 spots avaient déjà été "likés" 3119 fois et une bonne vingtaine de personnes se sont mises en contact avec moi pour des compléments d'informations, des demandes très diverses et des conseils. Une belle dynamique qui s'ouvre à de nombreuses nouvelles villes chaque jour. Montrer la Venise que j'aime, sans rien déflorer de ce qui fait la Sérénissime pleine de vie, accompagner son évolution et les changements qui s'opèrent spontanément le plus souvent à l'initiative des vénitiens eux-mêmes, donner à voir une ville qui palpite et vibre autrement qu'au rythme imposé du flot touristique. Une grande joie et beaucoup d'espoir pour demain.

24 mai 2018

Lectures, considérations diverses et cousinage...

Lire le dernier Joël Dicker à l'ombre d'une glycine centenaire avec comme fonds sonore le pépiement des oiseaux, un ciel bleu sans nuage. Une douce paix comme je les aime. Bien sûr, il est encore très tôt. les touristes ne sont pas encore levés ; certains entament leur petit-déjeuner, les pendulaires s'excitent à l'approche du pont. Celui de leur liberté et notre aliénation. Bientôt l'été, la plage, le silence de la mer à l'aube ou au crépuscule quand tous s'en sont allés.. Mille rêveries qui me prennent soudain à l'ombre de la vieille glycine...

Joël Dicker, jeune auteur talentueux qui a l'âge de ma fille aînée, m'agace un peu. Non pas parce qu'il semble éructer avec tellement de facilité plusieurs centaines de pages sans jamais lasser le lecteur, non pas non plus parce qu'il a réellement du talent. Un vrai talent, fait d'une maîtrise de la langue, d'une imagination polymorphe, d'un enthousiasme et d'une énergie incommensurables. On ne peut que s'en réjouir pour lui et pour ses lecteurs. Non, il m'agace parce qu'il me met face à mes lâchetés, mes abandons, mes faiblesses. Comme Léo, le voisin du narrateur du roman commencé ce matin, Le Livre des Baltimore, un vieil homme qui enrage de voir le jeune écrivain qu'il apprécie et admire, passer ses journées à faire du sport ou à rêvasser et qui pourtant n'arrête pas d'engranger les succès littéraires, quand lui reste incapable d'avancer dans son roman, toujours bloqué devant son cahier n°1 qu'il ne parvient pas à remplir. 


Ce fils de libraire et de professeur de français écrit bien, il a beaucoup lu aussi et avance sur son chemin avec beaucoup d'assurance. Cela interpelle l'écrivain procrastinateur, qui fait le sourd aux appels réitérés de ses personnages. Ils ne cessent de frapper à sa porte mais lui sait bien que s'il répond, s'il les laisse rentrer, tout son univers sera envahi, bousculé, piétiné. il devra les loger, les nourrir, les aider, les écouter. car ils se feront entendre et, pareils à nos enfants adolescents qui se rebiffent et doivent le faire, ils nous cracheront mille vérités à la figure et ne nous laisseront plus jamais en paix. Sauf à mettre le point final à leur histoire dont nous ne savons encore rien, ou pas grand chose...

Bref, hauts les cœurs, il faut se remettre au travail. Écrire à Venise, sur Venise finalement est une douce chose. Mais pas une mince affaire. Tout le monde nous attend au tournant. S'il s'agit de fiction, nos personnages ;  si c'est d'histoire que nous voulons parler, les redites et les conclusions hâtives, les interprétations hâtives menacent et l'erreur comme l'approximation ne pardonnent pas. Il suffit de se promener au fil des blogs et des sites pour retrouver mille contre-vérités, des idées et des faits inventés, détournés, tout un ramassis d'à-peu-près qu'il ne faudrait pas renforcer en les citant ou en les décrivant à notre tour. Non, Venise c'est un sujet difficile. Allez, remettons-nous au travail.


En attendant de vous offrir du nouveau, chers lecteurs, TraMeZziniMag , vous propose pour vous occuper, outre de lire l'excellent roman de Joêl Dicker, d'aller jeter un coup d’œil sur un site dans lequel nous nous sommes investis au propre comme au figuré. En dépit de quelques erreurs et approximations, Cool Cousin est une communauté virtuelle dont le principe nous a tout de suite séduit. L'objectif est de mettre en contact des voyageurs potentiels avec des cousins à travers le monde qui proposent leur vision de la ville où ils vivent. 

Totalement dans la logique qui est la nôtre, ce Spirito del Viaggiatore qui sera bientôt le titre d'une collection d'ouvrages consacrés au voyage comme mode et conception de la vie et de la obligatoire à ces gogos du XXIe siècle pour qui seul le paraître compte ainsi que l'avoir et vendent leur âme à la mode et à l'argent. L'esprit Cool Cousin , c'est privilégier l'être, voir et entendre l'autre et penser le voyage comme une formation, une découverte autant des autres justement avec leurs différences, et de soi :  https://www.coolcousin.com/cities/venice/

21 juillet 2017

Et si nous reparlions d'Antonella Pugliese



Les lecteurs qui suivent TraMeZziniMag depuis sa création auront noté notre goût pour les lieux authentiques et les personnalités qui les animent. En 2013, je faisais découvrir un restaurant qui était devenu en quelques mois le lieu le plus in gamba de la cité des doges. Sa modernité, le parti-pris esthétique qui avait présidé à sa transformation, la richesse de la carte et l'accueil des plus agréables, en faisait une adresse remarquable en dépit d'une addition moyenne assez élevée. L'Avogaria n'est plus ou du moins est devenu une locanda, un petit Bed & Breakfast de 5 chambres fort agréable au demeurant et qui a sa clientèle. Mis en valeur par l'architecte Francesco Pugliese - le frère du chef Antonella Pugliese - déjà à l'origine du restaurant, c'est un bel endroit. Mais on n'y sert plus de repas. 

Pour retrouver la cuisine inventive et joyeuse d'Antonella Pugliese, il faut se rendre aux fins fonds de Dorsoduro, calle del Vento exactement. C'est d'ailleurs le nom de cette osteria où la jeune femme propose depuis quelques mois, une cuisine largement inspirée des recettes traditionnelles des Pouilles, sa région d'origine matinée d'esprit vénitien. le cadre est plus rustique comme il sied à une osteria, même en ce siècle. On retrouve un je ne sais quoi de l'Avogaria, en plus simple. Moins sophistiquées, les saveurs dans l'assiette n'en demeurent pas moins toujours aussi merveilleuses. Un choix de plats plus réduit que du temps de l'Avogaria mais toujours aussi goûteux. Des prix plus légers aussi et un service agréable sans aucune pesanteur. Les vénitiens ne s'y trompent pas qui fréquentent nombreux ce bel endroit. TraMeZziniMag vous invite à en faire autant.

Osteria Ca' Del Vento 
di Antonella Pugliese 
Dorsoduro 1518, Fondamenta de S. Basegio 
Tél. : 041 850 19 09 
Ouvert tous les jours 
(sauf le mardi) 
de 12h à 15h 
et le soir de 19h à 23h 

15 avril 2017

La Venise mineure et ses trésors méconnus (1)

"Squero San Andrea", Dessin de Andrew Fisher Bunner, 1885.
Encore un titre redondant. Certainement l'effet de l'hiver qui pointe son nez et peu à peu embrume l'horizon et donne à la Sérénissime un aspect magique et mystérieux. Le froid dehors, un thé fumant et de bons muffins anglais à côté de l'ordinateur, Pagina 3 à la radio, avec la voix chaude du passionnant Paolo Faustini pour accompagner la mise en route matinale... Tout concourt n'est-ce-pas à l'activation empressée et joyeuse des neurones. Et l'idée est venue : lancer une série de sujets qui peu à peu reprendront ceux qui avaient été traités sur l'ancien blog et dont il ne reste que le titre et des bribes dans mes carnets. L'idée aussi d'en faire un jour une suite de Venise de près et de loin. Les lecteurs jugeront au fil des parutions si cela en vaut la peine. 

En attendant, et pour le bonheur de me promener avec vous dans notre chère città, si nous allions du côté de San Giovanni e Paolo. Plus précisément dans un lieu peu connu et pas souvent visité mais qui pourtant garde dans ses murs  le témoignage de cette Venise authentique qui peu à peu s'efface et que nous sommes nombreux à vouloir protéger et à tenter de faire renaître avec nos mots. Il s'agit du squero vecio sur le rio dei Mendicanti.


Occupé depuis de nombreuses années par la Remiera Generali, c'est un lieu très vivant où se déroulent souvent des manifestations de qualité, présentations d'ouvrages consacrés à Venise et à la plaisance, soirées, dîners. Le club est actif et organise de nombreuses randonnées nautiques sur la lagune et participe à toutes les compétitions,  des grandes régates aux courses moins connues des visiteurs. 

le squero est très ancien. On en voit déjà l'emplacement dessiné dans le grand plan de Venise réalisé par De Barbari dont on peut voir les nombreuses plaques de bois qui servirent à l'imprimer, au Musée Correr. A deux pas, avec ses deux façades sur le rio et l'autre sur la fondamenta, se dresse un des palais Bragadin qui a perdu son jardin etr ses dépendances. Il fut la demeure de l'inénarrable comte Emilio Targhetta d'Audiffret dont nous avons souvent parlé dans Tramezzinimag. Il n'en occupait qu'une petite partie mais son talent avait fait de son appartement un palcoscenico somptueux. C'est en sortant de cette maison que Casanova se fit interpeler par la police d'Etat. En face du squero, c'est Vivaldi qu'on devait voir passer quand il se rendait à la Scuola dei Mendicanti, aujourd'hui insérée dans l'hôpital

06 janvier 2017

Dans Venise la rouge, il y a toujours des choses qui bougent...

La nouvelle était tombée en mars 2015 et tous les défenseurs du patrimoine vénitien, les associations de protection de la ville soufflèrent : l'ex Teatro Italia, fleuron de l'art Liberty néo-gothique vénitien ne deviendrait jamais un énième supermarché. Du moins c'est ce qu'exprimaient les tenants de l'opération à la presse qui en fit ses gros titres. Tramezzinimag s'était réjoui alors de savoir ce local superbe, récemment encore utilisé par l'université de Venise comme salle de conférence et de cours magistraux, ancien théâtre et cinéma ayant fini sa carrière culturelle dans la catégorie à luce rossa (cinéma pornographique mais où fut diffusé aussi des films en première vision comme KingKong en 1976 et Batman en 1979). Protégé, le bâtiment construit dans les années 1910, ne pouvait être transformé, la façade, les fresques intérieures, l'organisation des salles, les ouvertures, tout devait demeurer comme l'avait conçu les architectes... Plus d'un an après le bâtiment a été restauré et rafraîchi. sa destination ? Un supermarché  !


Le 28 décembre dernier, tôt le matin - à huit heures exactement - devant l'ensemble du personnel et en présence de quelques riverains et de clients curieux, la cérémonie d'inauguration a été simple et discrète. Un ruban coupé, quelques mots et le supermarché le plus beau d'Italie venait officiellement d'ouvrir ses portes.



Quelle surprise, dès le hall, tout a été restauré, remis à neuf, la belle rampe de fer forgé, les plafonds et les parois à fresque, les moulures et les ouvertures de plus pur style Liberty comme l'aimait le début de XXe siècle.  Ce qu'on craignait à été soigneusement évité et il faut rendre hommage aux initiateurs du projet pour la qualité de l'aménagement et des restaurations. Le cahier des charges était clair : mettre en valeur et protéger la structure. C'est ce qui a été fait largement au-delà de toute attente.

C'est ainsi
qu'un joli mobilier en bois, de faible hauteur, offrant à la fois une praticité optimale pour les usagers et un positionnement qui permet de laisser libre à la vue - et permet d'admirer de partout - la structure historique et sa décoration parfaitement rénovée. 

Le respect très marqué pour les lieux par les commanditaires (une société immobilière de Piero Coin, proprtaire des murs et Despar) s'est ainsi concrétisé dans le choix de matériaux ayant un impact environnemental réduit : éclairage au LED installé directement sur le mobilier, pour ne pas endommager structure et fresques restaurées, récupération totale de la chaleur produite par les moteurs des comptoirs réfrigérés, du système de chauffage du bâtiment et de la production d'eau chaude des sanitaires, Système de traitement des vapeurs pour la suppression des odeurs et émissions de particules, portes sur les comptoirs et les vitrines pour réduire la consommation d'énergie et limiter la dispersion de la chaleur et d'humidité, dans le but de protéger les fameuses fresques et les gypseries du décor Liberty.

L'espace de vente proprement dit est de 580 m² où sont disponibles près de 8700 produits, presqu'exclusivement alimentaires. Le magasin dispose de 7 caisses dont 4 automatiques mais qui ont été conçues comme réversibles de façon à se transformer si besoin en caisses traditionnelles. 


Large plage horaire, de 8 heures à 21 heures, sept jours sur sept, et pour garantir la continuité du service tout en permettant au personnel de disposer de temps de repos suffisant, l'organigramme du supermarché est largement plus rempli qu'il ne l'est en général dans des magasins de taille identique : 41 personnes sont sur le site en permanence dont 35 pour qui il s'agit d'une premier emploi.


Tout a été pensé pour répondre aux exigences des vénitiens - le communiqué de presse précisant bien qu'on trouve au Despar Teatro Italia tout le nécessaire pour les courses au quotidien - autant qu'à celles des touristes, des gens qui viennent chaque jour travailler à Venise et des étudiants avec un grand choix de produits Take away. Un service de livraison à domicile va être mis en place. D'ores et déjà, il est possible de commander à l'avance des produits du rayon traiteur, pâtisserie et boulangerie. Si tout cela se déploie comme l'annoncent les dirigeants de SPAR, il n'y aura rien à redire et c'est bien.De plus, on ne peut qu'apprécier la teneur des propos du responsable de Despar Nordest, Marino Fineschi quand celui-ci souligne, je cite, combien l'entreprise est consciente que certains vénitiens auraient préféré une autre utilisation de l'ex-Teatro Italia : "Nous croyons cependant qu'en choisissant notre enseigne, les propriétaires du bâtiment s'est rapprochée d'un partenaire conscient du privilège de disposer un lieu aussi  exceptionnel - et des responsabilités qui en dérivent : nous prendrons soin du Teatro Italia !"


Une leçon pour l'ensemble des compagnies qui prennent à bras-le-corps tant de rénovations et réappropriation de lieux historiques publics ou privés.3 Montrer que la modernité peut aussi être au service des vénitiens et de leur ville et non pas à leur détriment. Quand, à Tramezzinimag, on vous dit que la particularité de Venise et ce depuis toujours, est et demeure l'innovation, l'exemple de cette restauration-mutation le prouve. Le problème n'étant pas dans la mise en place des bonnes idées et la volonté des rénovateurs en charge de projets commerciaux ou sociaux. L'imagination ni les idées ne manquent.

Ce qui pose problème - et question - c'est l'attentisme pathologique et la bêtise de beaucoup de responsables des organismes-clés de la ville et de sa région, leur goût pour le gain facile et leur complet désintérêt pour ce qui touche la sauvegarde de la vie à Venise. Tant que l'esprit de lucre, le manque de vision à long terme et la non-intégration en priorité dans les choix qui sont faits des besoins des habitants et que ne seront pas sanctuarisés sur l'ensemble du territoire de la commune et de la lagune le droit au logement, à la santé, à la disposition d'un cadre de vie normal pour les citadins, rien ne sera résolu et l'immigration des vénitiens vers la Terraferma continuera. Pas besoin d'être médecin pour savoir qu'une hémorragie non contenue finit par tuer le corps malade qui en souffre...