Crépuscule...
Les vacances touchent à leur fin. Encore un peu plus d'une semaine, et
ce sera la rentrée des classes. Autant la rupture du début de l'été,
quand tout se délite et qu'il faut inventer de nouveaux rythmes, paraît
comme une simple contrainte nouvelle venant perturber l'ordre de nos jours,
autant cette fin de vacances est difficile. On a pris de nouvelles
habitudes. Plus besoin de se raser chaque jour, on s'habille moins et
avec moins de recherche. On prend davantage de temps. Pour se lever,
déjeuner, regarder le ciel ou la mer.
Tout a une dimension différente,
plus humaine, plus douce. La promenade en vélo avec les petits, la pêche
aux coquillages, la lecture à l'ombre du mûrier... Et, lorsqu'on s'est
bien habitué à cette vie paisible, heureuse, où la lenteur est érigée en
principe fondamental, il faut déjà «resserrer les boulons»,
remettre des pantalons longs et bientôt chaussettes et cravate.
Réapprendre à être à l'heure, moins regarder le ciel et surtout ne pas
trop se retourner sur les belles étendues de sable qu'on vient de
quitter, ou le jardin fleuri qui sentait si bon. Redevenir sérieux,
occupé, efficace, rentable... Je pense toujours à tout les adultes que
rencontre le Petit Prince de Saint-Exupéry
dans son voyage à travers les planètes. Nous devenons un peu de cela
quand la vie nous reprend.
Vous l'aurez deviné, ma nostalgie prouve
combien j'ai peu envie de repartir dans ce quotidien sans couleur.
Combien j'aimerai pouvoir dételer enfin et vivre toujours comme en été.
Ne sommes-nous pas nombreux à situer ainsi la vraie vie ailleurs que
dans le stress, la compétition, le conflit, l'avidité, la course à
l'argent ou au pouvoir ?
Combien l'enfant a raison qui préfère continuer de tremper
ses pieds dans la petite flaque laissée par la mer qui s'est retirée, et
regarder le soleil se coucher, plutôt que de rentrer se laver et se
changer pour dîner : « Mais papa, restons encore un peu ! regarde on se nourrit aussi bien avec l'air, le ciel et le soleil» me disait cet après-midi Jean, mon poète de fils... Mais il faut bien après tout, que le bateau rentre au port...