15 janvier 2008

Persone per Hora Segreta

Délations, dénonciations et accusations alimentèrent les tribunaux vénitiens tout au long de la vie de la Sérénissime. Je viens de lire un ouvrage de Paolo Preto sur cette institution typique du système politique et juridique de la Venise d'autrefois. 
 
Professeur d'histoire moderne à l'Université de Padoue, l'auteur est surtout connu pour son travail retentissant sur les Services Secrets de Venise. Dans son ouvrage sur le système de délation qui était courant dans la cité des doges, Paolo Preto aborde les précédents connus dans les cités antiques et à Rome. Il nous amène jusqu'à la République de Venise, et on voit ce processus de gouvernement de la cité se développer en même temps que le principe de l'inquisition. Les dénonciations anonymes ne l'étaient pas tant que cela. Elles devaient pour aboutir sur le bureau des membres du Conseil des dix ou pire sur celui des inquisiteurs être corroboré par deux témoins dont les coordonnées devaient être précisées. Toute dénonciation fallacieuse faisait encourir à son auteur la même peine que celle qui aurait pu être appliquée à celui qu'il dénonçait à tort. C'était un moyen de maintenir les citoyens dans un état de veille permanente vis à vis de la défense des principes fondateurs de l’État et de préserver le respect des règles, gage du maintien du tissu social. La peur du gendarme amplifiée par la peur d'être dénoncé par son voisin. Les fascistes de Mussolini remirent à l'honneur cette pratique comme Rome avant Venise avait eu l'initiative. 
 
Les dénonciations anonymes qui font partie de la "légende noire" de la Venise des Dix et des Inquisiteurs, représentent un des thèmes principaux qu'utilisèrent les ennemis de la République et de son système. Mais despotisme, espionnage organisé, délation et vengeance forment autant d'éléments parfaits pour les romanciers, les peintres et les librettistes d'opéra. Avec le temps, on ne fait plus une fixation sur ce mode de gouverner les peuples. Big Brother au XXIe siècle ne fait pas mieux et je ne suis pas certain que notre époque d'autocensure et d'inculture soit plus libre et respectueuse de l'homme que celle de la Venise du Conseil des Dix.

1 commentaire:

anita a dit…
D'une nature génétiquement confiante ( !!! ) je me méfie cependant des " traces " qu'il me faut laisser sur la toile ... "tordre" ma nature me fait beaucoup de peine .
Anita