Mes  lecteurs appréciant visiblement tout ce qui peut leur donner une autre  vision de Venise, moins touristique, moins liée aux modes, aux foules,  aux clichés, j'ai cherché des images de ce quotidien qui prend bien sur  ici une autre mesure qu'ailleurs. Voici par exemple un cliché montrant Luigi Gambirasi, dit Gigio pour les amis, aujourd'hui disparu. 
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Nous  sommes en 1989, à Santa Fosca. La scène se déroule un matin, sur un de  ces pontons qui servent à Venise à la fois de débarcadère, d'atelier  flottant, de garage pour les barques. Le vieil homme est resté jusqu'à  sa mort le plus célèbre rémer de Venise. Traduisons ce métier existant à Venise depuis toujours par fabricants de rames. 
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Jusqu'à la fin de son existence, Gigio taillait, sculptait, façonnait des rames, comme sur la photo, mais aussi ces fameuses forcole  qui sont un des symboles de la Cité des Doges, sous le regard des  passants. Et ce spectacle fascinant d’un artisan en pleine possession de  son art attirait beaucoup de monde, spécialement des étrangers en  visite à Venise, peu habitués à voir l' extraordinaire spectacle d'un  très vieil homme aux gestes habiles et précis. Un orfèvre vraiment.
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Malheureusement,  il ne nous est plus aussi souvent donné aujourd’hui de pouvoir  contempler l’extraordinaire habileté de ces artisans, détenteurs d'un  savoir-faire millénaire. Les habitudes et les modes de notre monde  moderne nous poussent à toujours aller plus vite et à préférer le  moindre effort. Ainsi, il y a de moins en moins de bateaux à rames à  Venise et ces charpentiers d'un genre très particulier se comptent  aujourd'hui sur les doigts d'une main. A l'artisanat traditionnel se  substitue chaque jour davantage le produit manufacturé à la chaîne made in China. Combien l'âme et la poésie y perdent.
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© veniceXplorer.net, 2005
                 posted by lorenzo at 22:36