15 juin 2020

Venise bouge : Venezia Fu-Turistica c'était samedi dernier. Reportage

Tutti a Venezia,  c'était le mot d'ordre lancé par les mouvements vénitiens de défense de la ville et de ses habitants, des associations de défense de l'environnement et des opposants (la plus grande partie de la population de la lagune) contre les Grandi Navi. 

L'idée ? Une longue chaîne humaine composée de vénitiens de tous âges, tous milieux sociaux, toutes opinions pour démontrer la détermination de la population à sauver Venise et son éco-système, à défendre un univers unique de plus en plus abimé par le tourisme de masse, la spéculation et les exactions de l'ultra-libéralisme débridé obsédé par le profit maximum d'une minorité au détriment de l'intérêt général, du bien-être des citoyens et de la santé et de l'avenir de la Planète. réjouissant et encourageant. 

C'est une lutte saine. Elle devient vitale désormais. l'avenir de Venise est en jeu, il symbolise aussi l'avenir de la planète entière et le futur qui sera construit pour les vénitiens de demain sera celui du reste de l'humanité. Le profit égoïste et destructeur de quelques uns contre le bonheur et la santé de tous. Notre choix à Tramezzinimag est clair et déterminé. Hauts les cœurs Vénitiens et amoureux de Venise !






Les sujets de polémique sont légion, comme l'indiquaient les panneaux et les banderoles que brandissaient les manifestants : "Non au Mose", "+ de logements - de B&B", "No Grandi Navi", et le sujet le plus récent, l'incinérateur voulu par le gouverneur, le potentat oriental Zaïa qui, comme son acolyte de la mairie de Venise a surfé avec malignité sur les peurs et la sidération de la population pendant la crise sanitaire. Il faudrait à ce propos relire et faire relire Tacite sur les actes et les aspirations profondes des dirigeants qui ne sont plus en phase avec les peuples depuis lurette et défendent seulement des intérêts mercantiles et financiers au détriment de tous. 

Des centaines de signature contre l'incinérateur
A Venise, comme ailleurs la colère gronde. On en est à la contestation bon enfant, on rit on s'exprime. Mais d'aucuns déjà envisagent une attitude plus dure et sont déterminés à aller jusqu'au bout pour faire gagner leur idée du monde de demain. Tramezzinimag depuis sa naissance en 2005 partage et s'engage à leurs côtés. Notre camp ? Celui de la liberté, de la paix et de l'Amour. 

Une grande foi en l'homme, une obsession pour sa dignité, la volonté de ne laisser personne sur le côté de la route et notre conscience dans la responsabilité qui est la nôtre face à la destruction organisée et systématique des valeurs fondamentales de la vie et de la fraternité, le pillage éhonté des ressources naturelles au profit de l'industrie et de ses actionnaires.


Comme à l'accoutumée, les "autorités" à la sagesse et l'honnêteté auto-proclamée parlèrent dès 19 heures d'un peu plus de mille participants. Ceux qui habitent sur les Zattere comme ceux qui participèrent à ce réjouissant happening parlent de plus de 4.000 personnes, voire davantage. Un dixième de la population officielle de la ville, et comme il n'y a plus que quelques étudiants qui soient restés depuis le début de la crise sanitaire, on imagine que le chiffre aurait plutôt atteint la dizaine de milliers (rappelons que pour le centre historique, on recense un peu plus de 53.000 habitants et qu'il y a plus de 35.000 étudiants en temps normal).

Un jour viendra ou tout ce monde sera sur la piazza et occupera le grand canal avec des milliers de barques. Il sera peut-être temps alors pour les dirigeants de changer de paradigme, retrouver le bon sens et se souvenir qu'à Venise comme ailleurs, le peuple est souverain et sa volonté toujours s'accomplit ! Rien de bien compliqué dans ce que réclament les gens ! : sauvegarder l'écosystème, permettre à tous les vénitiens de travailler, de vivre et de grandir dans une ville propre, sous un ciel impollu et non pas dans un vulgaire disneyland affolé de touristes au milieu d'une lagune morte sous un ciel sans oiseaux, où les poissons gorgés de poisons flottent le ventre en l'air !



Remerciements à Catherine H. et aux mouvements qui ont organisé la manifestation 
pour les photographies illustrant ce billet.