Affichage des articles dont le libellé est Les Brèves. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Les Brèves. Afficher tous les articles

24 juin 2013

Histoire d'un coup de canon



Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le milieu du jour n'était pas seulement annoncé par la Marangona, la grosse cloche du Campanile de San Marco, il Paron di Casa et par les autres cloches de la ville. Chaque jour, depuis le parvis de San Giorgio, était tiré un coup de canon. Chaque jour immanquablement, les pigeons sursautaient, s'envolant comme un rite pour se poser de nouveau quelques secondes plus tard au milieu des passants de la Piazza.

"meso giorno el pan xe in forno, se el se coto damene un toco, 
se el xe cruo, lassio là...meso giorno xe sonà." 

disaient les vieux vénitiens ("à midi, le pain est au four, s'il est cuit fais-moi signe, s'il est cru laisse-le là, c'est midi qui sonne") qui vivaient avec comme une part des rites et traditions de leur ville. 


Voulue par les autrichiens quand ils occupaient la ville, cette salve a toujours ses défenseurs. Notamment ceux qui, avec humour, souhaiteraient qu'on s'en serve contre les Maxi Navi qui font la polémique à Venise et font en ce moment la une des journaux. Outre le danger pour l'écosystème que Tramezzinimag a souvent dénoncé dans ses billets, le risque d'un accident catastrophique si une mauvaise manœuvre ou une défaillance technique faisaient entrer un de ces mastodontes en collision avec des bâtiments.  Ces horribles navires passent tellement près. 

Même déviés par le chenal qui longent l'arrière de la Giudecca et de la Sacca Fissola, ils représentent à tout moment un risque grave. Un naufrage, une perte de mazout et c'est toute la lagune qui meurt. Déjà terriblement fragilisée, elle ne se remettrait certainement pas facilement d'une catastrophe de ce genre.

Nous à Tramezzinimag, nous opterions pour un port spécialement aménagé sur l'Adriatique, au sud des bouches d'accès à la lagune, avec des équipements hôteliers et d'accueil face à la mer, et un système de navettes, vaporetti ou motoscaphes électriques pour assurer la navette vers le centre historique, des bus pour relier l'aéroport. Cela dynamiserait l'économie locale, créerait des emplois et contribuerait à préserver l'environnement fragile de la lagune et de la cité des doges. mais qui nous écouterait ?

Le maire Orsoni vient de réagir et dans la ville, la colère gronde. Attendons la suite. 

Merci à Gianni Poli qui m'a soufflé ce sujet. 

_____________

Le billet paru sur le site originel avait suscité 2 commentaires que Google n'a pas archivé... Merci Google !!!

09 mai 2013

Venezia Eventi : Le Ve concours de photos 2013 a ses lauréats

Le Ve concours de photographies à la très belle thématique,"Scatta l'amore a Venezia" organisé par Venezia Eventi s'est terminé le 8 mai. 

Voici les gagnants : 




1er Prix :  
Enrica Kikita 
Titre de l’œuvre : Lovely Venice (Photo n° 107) 

2e Prix
Chiara Boscolo 
Titre de l’œuvre : L'amore sorride (Photo n°133) 

3e Prix
Don Oscarez 
Titre de l’œuvre : Vampires in Love 01 (Photo n°118) 

4e prix 
Alberto Alberti 
Titre de l’œuvre : Costruire un nido a Venezia (Photo n°22) 

5e Prix
Diego Poggialini 
Titre de l’œuvre : Amore a Rialto (Photo n°96) 

_____________

Le billet publié sur le site originel avait suscité 1 commentaire que Google n'a pas archivé. Merci Google !!!

03 février 2013

Habiter à Venise : l'odyssée des logements sociaux


La Fondamenta Coletti à San Girolamo, dans un coin retiré de Cannaregio est un endroit pittoresque fréquenté quasiment uniquement de vénitiens. Au bout du quai, une île a été aménagée il y a une quarantaine d'années, la Sacca San Girolamo, vaste ensemble résidentiel qui abrite de nombreux logements sociaux face à la lagune. La Fondamenta Carlo Coletti doit son nom à une institution religieuse qui y était installée jusque dans les années 2000. D'imposants bâtiments accueillirent de nombreux élèves. Puis peu à peu, les religieux ne pouvant faire face aux nécessaires travaux d'entretien, les immeubles se dégradèrent, jusqu'à l'abandon et la fermeture de l'institution. 

Étudiant, j'ai habité quelques mois dans ce quartier, sur cette fondamenta justement, au numéro 2993. Mes fenêtres donnaient sur l'un des terrains de sport de l'institution fréquenté par tous les enfants du voisinage qui venaient y jouer au football. Déjà à l'époque on parlait de construire à cet endroit des logements sociaux qui faisaient cruellement défaut. C'était cette triste période où l’État avait décidé de libéraliser les loyers, jetant à la rue des centaines de vénitiens, appelés les sfrattati (i sfratai en vénitien) Dans le cadre du programme électoral de son équipe, le maire Orsoni a promis la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, histoire de revitaliser l'habitat dans le centre historique, ou pour être plus précis afin d'en juguler la désertification. Même à Disneyland, il faut bien loger le personnel... Hélas, si des chantiers ont bien été ouverts, aucun n'est encore parvenu à son terme. Une première tranche de constructions avait déjà été prévue par la municipalité Costa. Plusieurs milliards avaient même été débloqués pour ce faire. Sans suite à ce jour. Toujours le mystère des marchés publics italiens.

Le projet Coletti est intéressant. Il s'agit de réaliser des logements sociaux qui seront destinés en priorité aux jeunes ménages et à ceux qui travaillent dans le centre historique. Prendre en compte, enfin, les gens qui vivent et travaillent à Venise. Ambitieux, ce projet l'est quand il veut contribuer au "repeuplement" d'une zone laissée en friche depuis la disparition des établissements de formation qui occupèrent les lieux pendant de nombreuses années (Algarotti, Zuccante, Fermi). Ambitieux aussi l'objectif décidé par les intervenants : réaliser, d'ici 2015, soixante-dix appartements dits de "social housing" financés par un apport de 13 millions d'euros (dont 6 millions environ avancés par la municipalité et le reste par les Œuvres Pia Coletti, structure communale). Le protocole permettant de lancer l'opération a été signé Ca’Farsetti il y a quelques semaines, permettant de démarrer l'appel d'offres. 
"Ce projet, explique Bruno Filippini, l'assesseur en charge de l'habitat, veut répondre aux exigences des vénitiens, et avant tout aux demandes des jeunes couples et des travailleurs du centre historique. Outre l'opération d'habitat social, le projet prévoit la réalisation d'une zone verte sur l'emplacement d'un vaste terrain vague au milieu de l'ex-Coletti." Comme l'a expliqué Paolo Stocco, le président des Ouvres Pia Coletti, qui milite depuis des années pour la restructuration de ces locaux abandonnés , "les appartements auront une superficie allant de 45 à 100 m²".

Le lancement du chantier Colettti a également le mérite de rappeler les autres projets de logement sociaux. A cet égard, l'assesseur Filipini a fait le point sur le chantier Conterie Murano (36 logements), sur l'ancien hôpital Umberto Ier de Cannaregio (40 maisons individuelles), la poursuite du projet Piruea au Lido (38 logements) et celui de la via Mattuglie à Asseggiano (72 logements). "Dans le cadre de la décentralisation domaniale (piano sul federalismo demaniale) a ajouté Filippini, l'ancienne caserne Sanguinetti, à San Pietro di Castello et les locaux de l'ancienne École de Mécanique à Celestia seront bientôt mis à la disposition de la commune." Le site de Scalera à la Giudecca, quant à lui devrait être achevé dans les délais prévus en dépit des difficultés du constructeur traduit aujourd'hui devant les tribunaux. La municipalité insiste sur sa détermination a défendre les intérêts de ses administrés devant les retards, les exactions et les abus suscités par le projet. Pourtant sur les 6.400 logements sociaux promis par la ville depuis dix ans, pas un seul n'est disponible à ce jour. La première tranche qui prévoyait 1.400 appartements avait été votée par la municipalité Costa en 2003, pour un investissement prévisionnel de 116 millions sur six ans qui devait être complété en 2009. Si une partie du programme est en cours de construction, la plus grande partie initialement prévue est bloquée suite à la défaillance des partenaires privés. Les 5.000 autres logements ont été annoncés en 2010 dans le programme électoral du maire actuel, Giorgio Orsoni. Ils sont toujours lettre morte à ce jour...

01 février 2013

Bonne nouvelle, le réverbère revient enfin !

Il aura fallu pas mal de négociations et de pressions pour décider le milliardaire français de rendre aux vénitiens la pointe de la Pointe de la Douane et ranger son éphèbe à la grenouille dans un recoin de ses collections. Le réverbère va revenir. C'est officiel et Tramezzinimag s'en réjouit.
 

Ce n'est pas qu'elle était laide cette sculpture mais sa présence - et celle d'un vigile grognon - à un endroit stratégique de la ville où tout le monde aimait à se promener le soir, avait bousculé les usages. Pour la première fois, un lieu public, le chemin qui longe les anciens magazzini de la douane, était de fait quasiment privatisé ou du moins offert à l'usage d'un milliardaire arrogant. Les vénitiens n'aiment pas qu'on joue avec leurs traditions et ils n'ont jamais vu d'un très bon œil qu'on piétine les usages. Or ces lieux étaient depuis toujours voués à la passeggiata, enfants, couples d'amoureux, artistes, musiciens ou simples riverains, tous aimaient à se promener le soir face au plus beau panorama de toute la lagune. Combien d'amoureux se sont embrassés là, sous la lumière du réverbère ou à l'ombre des colonnes du bâtiment ? Des pêcheurs s'y installaient dans le journée, des vieilles dames venaient y promener leurs chiens et papoter. La nuit, quand la ville endormie se faisait silencieuse, il y avait toujours un noctambule pour venir là avant de regagner son lit.

Vous le savez sans doute, le fameux réverbère avait été enlevé lors des travaux et jamais remis, à la demande du locataire des lieux et de son architecte. A la place, cette sculpture de Charles Ray, haute de 2,47 m qu'on protège des intempéries par une cage de verre blindé. Les vénitiens ravis au début de ce nouvel ornement des lieux l'acceptèrent tant qu'il s'agissait d'une situation provisoire. le temps d'une exposition comme on est habitué désormais d'en voir surgir un peu partout dans la ville au moment de la Biennale... hélas, l'enfant et son crapaud ont pris racine. Et il devenait évident que le provisoire s'installait dans la durée. Et le réverbère ? La ville a d'abord essayé de noyer le poisson en expliquant que la nouvelle esthétique des lieux ramenait les aménagements à l'aspect d'origine... La pilule était trop difficile à avaler. Les vénitiens se rebiffèrent. Pétitions, émissions de radio, manifestations. On parla même dans certaines arrières-boutiques de faire subir à l’œuvre le même sort que celui que Buonaparte réserva au Bucentaure... Finalement, le bon sens a prévalu. La sculpture s'en va et le réverbère revient. Nous nous en réjouissons. 

Exit les vigiles aussi, du moins espérons-le. Quelle barbe pour deux amoureux qui veulent être un peu tranquilles, la nuit quand la ville se fait silencieuse et que les touristes dorment enfin, si un sbire méfiant et voyeur  tournait autour d'eux, sous la lumière du lampadaire...

28 décembre 2012

Les Brèves

Bonne nouvelle pour nos amis belges : 
Vol quotidien low-cost Bruxelles-Venise 
La compagnie aérienne Air One a annoncé la prochaine ouverture (prévue le 4 mai prochain) d'une base à Venise, sa troisième en Italie après Milan et Pise. A la clé le lancement de onze nouvelles liaisons. La filiale low cost d’Alitalia va ainsi baser deux Airbus A320 sur l’aéroport de Venise-Marco Polo, et y lancera ses quatre premières routes. Bruxelles sera desservie quotidiennement avec un départ de Venise à 7h50 et un retour de Belgique à 10h25. ligne créée pour concurrencer la compagnie Brussels Airlines. Air One desservira aussi Barcelone chaque jour. Venise sera également reliée à Prague et à Tirana. Enfin, dès le 15 juin 2012, la low cost lancera d'autres lignes : Athènes, Bucarest, Istanbul, Sofia et Varsovie. Venise sera ensuite reliée à Mahon dans l’île de Minorque et Palma de Majorque, faisant de l'aéroport de Venise une véritable plate-forme européenne. Cela voudra dire encore plus de visiteurs sur la lagune, mais permettra aussi à l'aéroport Marco Polo de devenir une place de transit ce qui présente de nombreux avantages. A noter que la France n'est pas desservie par cette compagnie. . 

La Saint Sylvestre 2012 
sous haute surveillance à Venise 
La mode est au sécuritaire même à Venise. Cette année, prévoyant que le traditionnel Love kiss de minuit au pîed du campanile de San Marco animé par la charmante Betty Senatore, attirera du monde, le Commandant Marini, chef de la police municipale a pris des mesures draconiennes. Les habitants sont prévenus que la circulation pédestre pourra être déviée si besoin et que certains axes seront à sens unique. En cas d'une affluence trop massive de véhicules, le stationnement sera interdit Piazzale Roma et les automobilistes déviés vers le Tronchetto. Cela ne devrait pas décourager les 100.000 personnes attendues sur la piazza où sont prévues cette année encore de nombreuses attractions : concerts, théâtre, bal avec le célèbre DJ vénitien Maci, et brindisi avec le Bellini dans sa fameuse bouteille rose et argent de la société Canella, en attendant le compte à rebours et le feu d'artifice sur le Bacino di san Marco. Bonne soirée à tous ceux qui se rendront sur la piazza le 31 décembre ! . 


_________

2 COMMENTAIRES : Non archivés par Google

27 décembre 2012

A Venise aussi, la misère pour certains...




Le temps de Noël est pour la grande majorité d'entre nous un temps de joie et d'allégresse. On met les petits plats dans les grands, les yeux des enfants s'écarquillent devant les décorations et les lumières. le sapin, les cadeaux joliment enveloppés, les chants, les bonnes odeurs et partout la profusion. Partout ? Hélas non, chez certains ce temps est le plus triste de l'année. C'est cette jeune femme sans un sou qui a été surprise en train de voler dans un supermarché. Sous son manteau, elle cachait un paquet de pâtes et un pot de sauce tomate, pour nourrir ses deux enfants le jour de Noël. C'est aussi ce drame poignant que nous ne devrions plus trouver que dans les romans du XIXe siècle. La mort en plein centre historique d'un jeune clochard qui s'était réfugié pour la nuit dans un bancomat de la Banco di San Marco.
Il a fait tellement froid le jour de Noël à Venise. L'homme, apparemment à peine âgé de trente ans, a été retrouvé à l'intérieur d'un de ces guichets automatiques où il s'était réfugié pour la nuit. C'est un vigile qui l'a découvert hier au petit matin  Près du corps une couverture et les restes d'un repas. L'information a beaucoup choqué la population. S'il est vrai que depuis des années de nombreux mendiants ont fait leur apparition redonnant à la ville cet aspect triste du temps où la misère était partout et que la richesse de la Sérénissime attirait des pauvres de partout. Il y a toujours eu des clochards à Venise mais jamais personne n'avait été laissé ainsi à l'abandon jusqu'à mourir de froid, seul et abandonné, et puis ce vieux monsieur de 80 ans retrouvé mort aux Giardini reale, à deux pas des cafés et des restaurants remplis de monde de San Marco. Il s'était construit un abri de fortune pour se protéger du froid... Comme ce jeune homme, le soir de Noël... 
Un passant a déposé un lumignon à l'entrée du Bancomat. D'autres ont porté des fleurs. Jolis gestes qui ne peuvent effacer le sentiment d'injustice et de responsabilité devant un tel évènement. Comment sommes-nous aussi aveuglés par notre bien-être quand tout près de nous des tas de gens souffrent dans leur corps comme dans leur cœur ? Bien sur, aucun d'entre nous n'est directement responsable de la mort de ces hommes et nous ne pouvons porter toute la misère du monde. Mais la compassion suffit-elle ?

Sandro Simonato, maire-adjoint, a trouvé les mots justes quand il rappelle que ce décès "démontre combien la crise aggrave la situation des gens dans la rue, qui sont de plus en plus nombreux". Les employés municipaux affectés à l'action sociale d'urgence interviennent en moyenne 60 fois chaque nuit pour le seul centre historique ! S'il faut noter que la plupart des interventions sont liées à l'abus d'alcool, on ne peut oublier que si ces pauvres hères boivent c'est pour se prémunir du froid et de la faim. L'euphorie qu'ils recherchent les coupent au moins pendant un temps de la conscience qu'ils ont de leur misère et les éloignent du désespoir... Cette misère est inacceptable, bouleversante et nous pourrions tous un jour y être confrontés... Cette population démunie qui grossit de mois en mois vient de l'est de l'Europe. Souvent ces femmes et ces hommes ont un métier, un savoir-faire et seulement le désir de vivre décemment là où ils pensent pouvoir trouver un toit et un travail. Dans les centres urbains il est en général relativement facile de secourir toutes ces personnes. Le Samu social s'est généralisé dans tout l'occident. A Venise la topographie de la ville rend les choses plus délicates. Si personne ne l'aperçoit, un SDF peut rester des jours dans une ruelle retirée, dans un cortile abandonné et le risque est grand quand, comme en ce moment, le froid fait rage au milieu de la nuit. Il est impossible aux équipes de circuler partout tant il y a de ruelles et de campielli éloignés. On a même trouvé des gens installés dans des barques, sous les bâches de plastique. C'est pourquoi la solidarité de tous est nécessaire. Un bol de soupe chaude, un sandwich, du lait, une pomme, une couverture, de la compagnie, et un sourire en attendant qu'interviennent les services municipaux. A Venise, le numéro d'intervention d'urgence - 24 h sur 24 - est le 041 927 471.
Quand on sait que dans le sud-ouest de la France - mais les journaux parisiens n'en parlent pas - des espagnols affluent, tout comme dans les années 30, entassant dans leur voiture tout ce qu'ils avaient de valeur et s'arrêtent lorsqu'ils n'ont plus d'argent pour acheter de l'essence. Des familles entières vivent ainsi dans leur voiture, aidés par les services sociaux qui tentent de leur trouver des logements temporaires et les nourrissent. Une assistante sociale des environs de Bordeaux nous racontait l'autre jour en pleurant, son impuissance à les aider. "Des espagnols affamés, dans toute ma longue carrière, je n'avais jamais vu ça ! " Citoyens européens, venant d'un pays a priori riche et évolué, ils n'ont plus rien. 
 
Je connais un jeune infirmier passionné par son métier qui a traversé les Pyrénées pour trouver du travail en France. Il ne trouve rien en dépit d'un excellent CV et d'une belle expérience professionnelle. Chaque jour, il voit son petit pécule diminuer. Peut-être pourra-t-il se faire embaucher pour faire la plonge... Comment en sommes-nous arrivés là ? Et le temps de Noël se déploie, les enfants ravis s'amusent avec leurs jouets, partout les églises ont fait le plein pour la traditionnelle messe de minuit. La journée de Noël pour la majeure partie d'entre nous a été un moment de bonheur et de joie. Pendant que nous étions en train de digérer, un homme seul mourait de froid à deux pas de la plus belle place du monde. C'est hélas ce dont je me souviendrai en premier de ce Noël 2012. Si la mauvaise conscience - diabolique - ne sert de rien, rappeler ces tristes évènements et les raisons qui président à cette situation de plus en plus poignante pour trop de gens m'a paru important en ce temps où il nous est donné à nous, les nantis, joie et bonheur à profusion.

23 décembre 2012

Les pères Noël en régate sur le Grand Canal.

© Marco Sabadin/Vision
C'était hier samedi 22 décembre la IIIe Régate des pères Noël - et aussi des mères Noël - sur le Grand Canal en mascarete à la valesana (le rameur debout fait avancer son embarcation avec deux rames croisées), organisée à l'initiative de nos amis du Circolo Ca' Foscari. Commencée dans la matinée, au départ de la Pietà à San Zaccaria, les concurrents se sont affrontés sur le bassin de Saint Marc puis le long du Grand Canal jusqu'à la Ca' Foscari, siège de l'Université de Venise. Cette année, le brouillard qui recouvrait la ville donna à la manifestation un côté mystérieux.
 

 



17 décembre 2012

Venise et le pacte de stabilité : rien ne va plus

Décidément la crise est partout. L'argent manque là où il devrait se trouver pour aider les gens à vivre mieux ou du moins à continuer à vivre bien. Question de fond, peut-être faudrait-il vraiment écouter ce que les indignés et autres "anonimi" ont à nous dire ;  peut-être que le système est vraiment en train de crouler sous le poids de toutes les inepties qui motivent l'action de nos gouvernants ; peut-être le système libéral arrive-t-il à son terme ultime avec tous les risques de déflagration que cela pourrait susciter...  Au-delà de nos sensibilités politiques, il faudrait être bien malhonnête pour refuser de voir que notre monde est exsangue et que la souffrance des corps et des esprits redevient le lot commun de trop, de bien trop de monde. Venise comme toujours est un observatoire fort utile. 
Les 21 millions de touristes qui débarquent chaque année, se répandent dans la ville, la pousse à des transformations qui la dénaturent et font fuir ses habitants naturels. Ce furent d'abord les chats, puis les pigeons, et surtout les vénitiens eux-mêmes. On se rend compte que depuis la déportation forcée des félins, les rats et les souris pullulent de nouveau, l'éradication des pigeons de Saint-Marc a détruit un cliché et le ciel de la piazza est parfois bien vide. 

Quant aux vénitiens qui s'exilent contraints et forcés par les prix prohibitifs de l'habitat, la fermeture des commerces de proximité et des services, leur départ transforme radicalement le paysage urbain. La crise atteint aussi le domaine du luxe, carte que la région et certains élus s'entêtent à vouloir favoriser, là comme ailleurs, il ne favorise que les plus fortunés, une infime partie de la population qui peu à peu s'apprête à reprendre le rôle des courtisans infatués de leurs privilèges qui dansaient à Versailles quand le peuple de Paris grondait et que le monde changeait...  

Depuis trois ans les comptes du fameux Harry's bar sont dans le rouge, avec un bilan tellement mauvais que les banques deviennent très frileuses. Arrigo Cipriani a beaucoup de mal à faire accepter la renégociation de sa dette estimée à près de six millions d'euros. Une restructuration draconienne s'impose pour satisfaire les banques, forçant le boss octogénaire à  déléguer une partie de son omnipotence à deux directeurs qu'il n'a pas choisi, Gianluca D’Avanzo et Salvatore Cerchione, rentrés au conseil d'administration de l'entreprise pour le compte de Blue Sky Investment, la société luxembourgeoise qui contrôle le célèbre groupe Cipriani. Certes le fameux restaurant n'est pas prêt de disparaître mais la firme est au bord du précipice. Qui aurait pu penser cela au prix du Bellini même quand il est servi au bar. "Mauvais temps pour les happy few !" me disait un ami gondolier au téléphone ce matin. Eux en tout cas n'ont pas vraiment à se plaindre pour eux-mêmes... 

Cette restructuration signifie comme pour les pays de la zone euro acculés par un système glouton et impitoyable ( dont nous avions montré du doigt les dangers dès les débuts de ce blog...) une réduction draconienne des coûts. Ce qu'il faut traduire non pas par des verres en plastique et des serviettes en papier, mais par d'importantes réductions de salaire sans réduction du temps de travail. Le restaurant emploie 70 personnes. Toutes les précédentes tentatives de la direction pour réduire les charges se sont soldées à chaque fois par une grève des serveurs dont tout Venise avait entendu parler. Il faudra bien arriver à un accord pour éviter des licenciements. Le groupe Cipriani est présent à New-York, Moscou,  Hong- Kong, Monte Carlo et Abu Dhabi, mais il n'a de problème qu'avec le restaurant de la calle Vallaresso. La preuve que Venise n'a pas forcément fait les bons choix en se laissant peu à peu transformer en Luna-park... Arrigo Cipriani explique que le niveau de fréquentation de son établissement est redevenu celui d'il y a dix ans. 
"Les riches américains ne viennent plus qui garantissaient une fréquentation pendant  toute l'année. Ils sont remplacés par une catégorie plus modeste qui arrive avec les Maxi Navi où tout est compris et qui ne s'aventurent jusqu'au restaurant que pour faire une photo de la façade". Cette baisse de fréquentation n'a pas été compensée par les nouveaux riches chinois ou russes qui n'ont pas la culture du lieu. Peut-être prendront-ils un jour la suite des américains,mais c'est loin d'être le cas aujourd'hui."

Mais s'il n'y avait que les problèmes de Cipriani et de son restaurant historique. La municipalité et la région sont eux-aussi dans une situation périlleuse qui met en danger le portefeuille des vénitiens avec la menace d'une levée d'impôts digne des percepteurs du roi d'Angleterre du temps de Robin des Bois. A moins de sortir comme par magie 130 millions d'euros avant la fin de l'année, les vénitiens violeront le pacte de stabilité qui impose à la région des économies draconiennes et une participation financière colossale. Sans argent, il faudra vendre et dans l'urgence on ne gagnerait rien d'autre qu'un appauvrissement des ménages vénitiens déjà bien amochés par la crise. 

Vous ne devinerez jamais qui est à l'origine de cette grave crise ? Pierre Cardin dont le projet pharaonique du Palais Lumière qui devait voir le jour à Marghera, fait l'objet d'une opposition de plus en plus structurée de la part des riverains et des associations de protection de l'environnement, comme d'un nombre croissant de politiques et de personnalités locales. La commune réclame un versement anticipé de 40.000.000 d'euros avant de débloquer toutes les autorisations qui permettront de lancer les travaux d'édification de cette nouvelle tour de Babel qui n'a d'autre utilité - les masques tombent - que de créer ( temporairement ) des emplois et de générer de l'argent frais pour les caisses de l'administration. Son projet mis en danger, le vieux  milliardaire a faits avoir qu'il ne se sentait aucunement solidaire des difficultés de Venise et  de sa région. Chantage de financiers ou plutôt de requins de la finance, car en l'occurrence, il ne s'agit pas d'intérêts publics. plus personne ne parle des retombées sociales et économiques pour les vénitiens de la Terre ferme. Le "pognon" toujours et l'appétit insatiable de l'hydre Europe. 
La ville réclamait initialement  au couturier 80 millions pour aller plus avant dans le projet. Rodrigo Basilicati, le neveu du milliardaire a fait savoir qu'il fallait avant tout donner un feu vert sans conditions au projet de son oncle. Pour le maire Giorgio Orsini, Venise ne fait qu'appliquer la loi ce que conteste bien évidemment le couturier. Plus le temps passe, moins il est envisageable, même en cas d'un accord entre les parties, de rendre liquide la somme demandée par le biais du circuit bancaire... 

Ainsi, sans l'argent de Cardin, le pacte de stabilité est mort même en obtenant de la majorité du conseil municipal la vente en urgence d'un paquet d'actions d'une valeur de 50 millions. Là encore, quelque soit l'issue, c'est la population qui fera les frais de la situation : augmentation des tarifs, hausse des impôts, diminution des services, etc... Quand on vous dit que faire se serrer la ceinture aux populations qui n'ont comme responsabilité d'avoir eu la faiblesse de porter au pouvoir depuis une génération des voyous, des requins  et des vautours. Dans les cafés de la Sérénissime, on ne parle que de ça et de l'incroyable augmentation autoproclamée par le président Napoletano de ses émoluments. 
Image devenue habituelle des happy few en smoking et sur un Riva saluant le peuple, mêmes attitudes de Las Vegas à Moscou, de Vancouver à Abou-Dhabi, de Hong-Kong à Paris. La liste est longue de ces capitaines d'industrie décomplexés. Partout ces faux-dieux qui s'offrent à l'adoration des peuples et contribuent à confisquer libertés et acquis sociaux, et pillent à leur profit les ressources de la planète Dans l'idifférence de tous. Hélas.
Tout le monde en parle ici. Un projet mégalomaniaque pour satisfaire l'égo démesuré de Cardin et une tripotée de fonctionnaires à oeillères en Italie comme à Bruxelles ! "C'est un scandale, Pertini avait fait le contraire en temps de crise, ils s'engraissent sur notre dos quand tout devient de plus en plus difficile pour nous et nos familles."  La rogne de ce vénitien devenu tout rouge, qui s'en étouffe presque avec son café, ressemble comme deux gouttes d'eau à celle des grecs, des espagnols, des portugais que l'Europe que nous avons laissée s'installer met à genoux. Tous sentent qu'il y a quelque part quelque chose de pourri même si Mario Monti clame haut et fort que l'Italie est sortie d'affaire. Peut-être faudrait-il traduire ses paroles par "le système libéral et la finance internationale, la spéculation sont sortis d'affaire et les banques continuent de s'enrichir impunément." Parfois à Tramezzinimag, et de plus en plus, on voit rouge... Un comble en s'inquiétant du Harry's Bar réservé aux portefeuilles bien garnis. Face à l'ineptie de notre monde, on n'est pas à une contradiuction près. Après tout les plus grands révolutionnaires et de saints, ne viennent-ils pas pour bon nombre d'entre eux des milieux aristocratiques et grands bourgeois ? Le problème est que la ploutocratie est faite de gens de rien, plein de hargne et de soif de revanche. On est loin du libéralisme social et humain de Guizot quand il criait aux français de la Monarchie de Juillet son fameux "Enrichissez-vous !". Les grands d'aujourd'hui crient plutôt à leurs semblables et à leurs sbires un méprisant "Appauvrissez-les !"

Espérons que le propriétaire du Harry's Bar ne jettera pas l'éponge et que ce lieu mythique demeurera de longues années encore et ne deviendra jamais un fastfood ou une banque ! Il faut désormais s'attendre à tout avec cette ploutocratie imbécile qui n'a d'autre vision que la croissance, la concurrence et le profit ! Mais encore une fois, cela n'engage que votre serviteur et ça fait tellement du bien de crier sa colère !

15 décembre 2012

A Venise aussi, Noël se prépare !

© Helga Harris - Tous Droits Réservés.
Et en attendant le grand jour, Tramezzinimag vous offre un scoop : le Père Noël alias Babbo Natale se prépare en grand secret (mais pas très incognito) à Venise en suivant un entraînement extrêmement rigoureux. Des paparazzi l'ont surpris l'autre matin en train de s'échauffer sur les Zattere, sous le contrôle rigoureux de ses entraîneurs. Il semble n'avoir pas encore atteint son poids attendu pour qu'on ne le confonde pas avec un papa déguisé, mais il va y arriver :
 
 

14 décembre 2012

Les lycéens vénitiens manifestent pour l'autogestion

Cliché © Yves Bauchy - 13 décembre 2012 - Tous Droits Réservés
De très jeunes gens qui marchent en groupe dans les rues de Venise, on en voit souvent. Ces gite scolastiche qui amènent dans la cité des doges des centaines de milliers de groupes scolaires du monde entier sont monnaie courante. Ce qui l'est moins et mérite d'être mis en avant, ce sont les manifestations d'indignation et de rogne. C'était l'indignation et la rogne justement qui ont amené deux cents lycéens du lycée Foscarini en colère.
.
Mais qu'est ce qui a motivé cette démonstration de masse qui s'est déroulée calmement et avec un grand sérieux ? Le Liceo Foscarini, situé à Cannaregio, dans l'ancien couvent de Santa Caterina est un établissement de qualité et d'une grande réputation, qui accueille plus de 600 élèves. Un tiers d'entre eux avaient choisis de défiler dans les rues de la ville jusqu'au campo du Rialto, au pied du Gobbo, cette statue d'un bossu soutenant un escalier de pierre qui mène à une antique colonne de marbre venue de Saint-Jean d'Acre, monument symbolique pour les vénitiens, où étaient proclamées les décisions du Sénat, mais aussi lieu de rassemblement des mécontentements populaires.
.
Cliché © Yves Bauchy - 13 décembre 2012 - Tous Droits Réservés.
Cortège bon enfant qui avance en bon ordre derrière une grande banderole au milieu des passants. Après l'occupation, hier, du lycée par les élèves, environs deux cents élèves ont défilé dans les rues organisant plusieurs flash-mob sur la Strada Nova, à Santa Margherita, sur le campo San Bartolomeo puis à San Giacometo, à l'Erbaria où un sit-in de protestation a réuni le plus grand nombre de manifestants. Un de leurs délégués est allé - geste à forte connotation symbolique - jusqu'à grimper sur le Gobbo, comme autrefois les tribuns pour rappeler la participation des lycéens à toutes les décisions concernant l'organisation des études et le fonctionnement de l'établissement.

© Poa Sara Manzoni - Tous Droits Réservés
Les lycéens protestaient ainsi contre le manque totale de transparence dans les choix et les décisions de la direction du lycée qui ne dispose pas d'un Conseil d'établissement. Après la décision, votée par 70% des élèves, d'occuper les locaux, les lycéens avaient obtenu entre trois et cinq jours d'autogestion, sur les bases du programme. Mais le recteur refusa de s'engager par écrit. Aussitôt l'occupation du lycée levée, celui-ci ne concéda plus officiellement que seulement deux jours... Cet engagement non tenu coupa court à tout dialogue poussant les jeunes gens déterminés dans la rue. Une démonstration joyeuse et roborative de l'exercice de la démocratie. De quoi se réjouir quand on entend si souvent parler de l'apathie sociale des nouvelles générations, plus occupées à échanger virtuellement sur les réseaux sociaux qu'à prendre position pour la communauté dans le monde réel. L'avenir leur appartient et les savoir si réactifs rassure !

© Poa Sara Manzoni - Tous Droits Réservés.

30 novembre 2012

Italia in Corto, un nouveau festival est né

L'association culturelle Altritaliani - siège parisien - lance un appel pour une compétition internationale de courts-métrages sur le thème: "L'Italie dans le monde, le monde en Italie", intitulée Italia In Corto dont le Président du Jury sera le réalisateur italien Mario Brenta. TramezziniMag salue cette excellente initiative et invite ses lecteurs à y participer.

Que signifie être italien? Est-il possible de distinguer les Italiens - au sens commun et historique - des autres peuples? Qu'en est-il de la culture, de la créativité et de l'art italien dans le monde de plus en plus globalisé de ce début de troisième millénaire? Quelle est la contribution de la culture italienne aux cultures des autres pays? Et comment la culture italienne a-t- elle été capable d'intégrer et de transformer des éléments d'autres cultures? Qu'est-ce qu'on entend par le terme "à l'italienne" ? Comment avez-vous réussi à trouver un bout d'Italie même dans les coins les plus reculés de la planète ? C'est à ces questions que le Festival Italia In Corto tente de répondre, encourageant la réflexion et la discussion sur le rôle et la signification de la culture italienne dans le monde.

Comment participer ? en s'inscrivant sur le site de l'association avant le 31 mars 2013. La date limite pour la soumission des courts métrages et de tout document annexe est le 10 avril 2013. La cérémonie de remise des prix aura lieu à Paris le 5 juin 2013. Le festival est placé sous la direction artistique de Nicola Guarino. Responsable des rapports avec les artistes et les maison des production/distribution : Raffaello Scolamacchia. Relations Presse, communication, partenariats : Agata Tiberi.

Pour tous contacts, une adresse mail :
et celui réservé à la presse

10 septembre 2012

E finità la Mostra... Qui s'en est rendu compte ?

Peu d'éclat décidément dans cette 69e Mostra du cinéma. Les derniers projecteurs éteints, le tapis rouge enlevé, il ne restera pas grand chose de ce cru médiocre. Est-ce la faute au temps ? à la crise ? au monde qui change trop vite pour le doyen des festivals de cinéma. Le cœur semble avoir manqué aux festivaliers, même si les médias nous ont inondé de photographies de stars tous sourires et que les échos de certaines projections laissèrent à penser qu'il y avait du bon, du vraiment très bon. 

Mais ne soyons pas grincheux. La période est morose certes, mais l'espoir d'une sortie prochaine de la crise voire l'imminence d'un sursaut d'inventivité et de créativité dans tous les domaines ne doivent pas être exclues. L'homme a toujours été capable du meilleur autant que du pire. Et puis il y a eu de bonnes choses au Lido durant ce festival. Beaucoup d'artistes avaient répondu présent et le cinéma français était là, comme toujours, moins vif et ardent que dans les années 80, mais l'industrie cinématographique française tient son rang avec des acteurs vieillissants mais toujours valeurs sûres, même si cela n'a plus rien à voir avec la grande période Unifrance avec Daniel Toscan du Plantier et Jack Lang !

Le Lion d'Or décerné au sud-coréen Kim Ki-Duk est un bon choix. Le réalisateur du magnifique «Printemps, été, automne, hiver... et printemps» a présenté à la Mostra son magnifique « Pietà » qui a été très bien reçu par le public. A Venise, en dépit de la peopolisation de la manifestation, le public lambda qui peut voir les films pratiquement en même temps que les invités, les journalistes et le jury, se trompe rarement dans ses choix. Film dur que ce Lion d'Or 2012, histoire passionnelle d'amour et de vengeance filmé avec une grande maîtrise et beaucoup d'inventivité. Le coréen avait déjà reçu un lion d'argent en 2004, pour «Locataires», un autre très beau long-métrage. Mais le film qui a marqué les esprits restera «The Master» de Hoffman.

La venue de Gérard Depardieu pour le film «L'homme qui rit», m'a rappelé cette Mostra où Maurice Pialat présentait «Police». L'acteur était venu en compagnie de son fils Guillaume, à peine âgé de quinze ans, aujourd'hui disparu hélas.


Pour ceux qui ne seraient pas au courant du palmarès, parmi les 18 films en compétition, le jury, présidé par Michael Mann, a décerné les prix suivants :
  • Le Lion d'Or : Pieta, du réalisateur sud-coréen Kim Ki-Duk.
  • Le Lon d'Argent du Meilleur Réalisateur : Paul Thomas Hoffman pour son film The Master.
  • Prix du Meilleur Scénario : Olivier Assayas avec le film  Après-Mai.
  • La Coupe Volpi du Meilleur Acteur : ex-aequo Joaquin Phoenix et Philip Seymor Hoffman, pour leur rôle respectif dans The Master.
  • La Coupe Volpi de la Meilleure Actrice : Hadas Yaron pour Fill the Void.
  • Prix spécial du Jury : Ulrich Seidl pour Paradis : Amour.
  • Prix Marcello Mastroianni du Meilleur Espoir : Fabrizio Falco pour ses rôles dans La Bella Addormentata de Marco Bellochio et E' Stato il Figlio.
  • Prix de la Meilleure Composition technique : Daniele Cipri avec Mon père va me tuer.

02 septembre 2012

Regata storica : c'est aujourd'hui et en ce moment !


Le miracle de la technique : presque comme en vrai, j'assiste via Skype, à la 116e régate historique depuis une embarcation amarrée près de la Ca'Farsetti, la mairie. Les barques se succèdent : bleu, violet, rose, orange rouge. Et toujours les violons de Vivaldi, et la foule joyeuse. Quel grand et beau moment que cette régate qu'on appelait Regata Reale autrefois. ..En dépit de la chute de la République en 1797, les régates n'ont pratiquement jamais été interrompues à Venise. Les français quand ils occupèrent la Sérénissime organisèrent même des courses spéciales, notamment pour fêter le 14 juillet puis une autre en l'honneur de Joséphine de Beauharnais, devenue l'épouse de Buonaparte qui n'était encore qu'un général ambitieux. Dix ans plus tard, une autre grande régate fut organisée pour le corse devenu empereur. En 1815, quand la ville devint autrichienne, on fit de même pour l'empereur d'Autriche. L'occupant eut l'intelligence de comprendre l'importance de ces régates pour la population et tout fut mis en place pour qu'elles se déroulent régulièrement. C'est à partir de 1841 que la Regata telle que nous la connaissons a pris forme. Interrompue par la révolution de 1848, elle ne reprendra qu'en 1866, l'année même où Venise fut annexée au nouveau Royaume d'Italie et, en 1899, suite à la proposition du maire de l'époque, Filippo Grimani, la régate royale prit le nom de régate historique.

Pendant que j'écris sur l'histoire de la manifestation, la compétition fait rage entre les cousins Rudi et Igor Vignotto (gondoliers qui font partie de l'équipe du traghetto de la Pescheria) qui sur leur gondolino bleu profitent de leur position à l'intérieur de la boucle du grand canal pour dépasser les autres favoris, les vainqueurs de l'année précédente, Ivo Rodolfi Tezzat et Gianpaolo d'Este (ceux du traghetto de la Riva del Carbon) sur la barque rouge. Le gondolino jaune dont l'un des équipiers, Luca Ballarin est le plus jeune de la course, vient d'arrêter suite à un incident inattendu. La foule est au comble de l'excitation. c'est le moment le plus important de la régate. Les deux équipes favorites sont au coude à coude. Partout les tifosi brandissent des ballons aux couleurs de leur équipe. C'est magique, même à distance !


Impressionnante cette course comme chaque année, avec ces athlètes d'une force incroyable, grands  -Gianpaolo d'Este mesure deux mètres ! - et musclés, ils démontrent une incroyable endurance et leur course est vraiment le clou de la manifestation. Mais quelle surprise, la barque violette, de Roberto Angelin et Fabio Barzaghi semble en première position, largement devant les deux équipes favorites. Quel suspense ! Les Vignotto dépassent le gondolino violet, bloquant les rouges. Beaucoup de mains levées, ce qui annonce pas mal de discussions et de débats avec les juges à l'arrivée. Le cri des tifosi se fait hurlements de joie : L'équipage celeste (bleu ciel) des Vignotto est le vainqueur de la 116e Régate Historique devant l'équipe de la terraferma (une première), la barque violette d'Angelin et Barzaghi de la Remiera Mestrina, avec qui il faudra désormais compter. Evviva Venezia !

  

29 juin 2012

Pour une fois qu'une guerre ne tuera personne !

Beaucoup de mes lecteurs s'insurgent parfois du caractère négatif de certains des billets de TraMeZziniMag. Le constat quotidien de la perte d'âme est douloureux pour ceux qui, vivant à Venise ou la considérant comme leur patrie de cœur. cependant, il ne fait pas de nous des réactionnaires aigris. Au contraire. Seulement, lorsque la plupart des médias - cela dure depuis des siècles - tendent à véhiculer une vision orientée des événements où tout n'est pas bon à dire, j'estime que nous devons dire la vérité. C'est une chose vitale pour la liberté. La phrase de monsieur de Beaumarchais, "Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres" devrait être le serment prononcé par tous ceux qui font profession d'informer. 
.
 
Dire que les tagueurs sont des iconoclastes dangereux fait ricaner. Avoir dépassé le demi-siècle et dire cela de jeunes gens vigoureux qui inventent le monde de demain est pour beaucoup un crime de lèse-majesté. Surtout ne critiquons pas notre belle jeunesse. Pourtant ces writers comme on les a baptisé, commettent par la laideur de leurs graffitis un crime contre la beauté. Leurs graffitis n'ont rien à voir avec l'Art Urbain, le street art, qui s'il investit les mêmes supports dans les villes, est avant tout une démarche esthétique, une posture artistique qui le plus souvent s'intègre bien aux lieux où il est apposé, ne les défigure ni les endommage et constitue une forme reconnue d'activité artistique. Ces pochoirs et autres collages ont une durée de vie volontairement limitée. Ils expriment, souvent avec beaucoup d'humour, un message, personnel ou générique, où l'humour et la beauté sont toujours présents. Ce n'est hélas jamais le cas de ces tags sauvages. Rien à voir avec le sympathique collage ci-dessous qui ne nuit en rien à l'harmonie des lieux. .
Photographie : © Eric Ségelle - Tous Droits Réservés.
Je suis un esprit simple. Pour moi, avant toute autre chose, il y a l'amour et la beauté. Les merveilles que plus de vingt millions d'êtres humains viennent admirer en troupeau chaque année ont été érigées par des hommes qu'emplissait l'amour du beau. C'est la certitude de sa transcendance qui leur dicta ces réalisations, permettant la contemplation de merveilles qui sont autant de représentations imparfaites du Royaume de Dieu. En souillant les murs de Venise, les jeunes barbares font le travail du diable. Ils nous habituent à l'immonde, à la pestilence, au dégoût. Ils illustrent la désespérance, le désamour. La haine. Le mépris des autres aussi. Il est de bon ton chez certains de voir dans cette débauche d'immondices la désorientation de cette pauvre jeunesse à qui la société a offert la paix, le confort, la sécurité, satisfaisant à tous leurs instincts même les plus bas, au lieu de les contraindre à la guerre, à la peur, au manque. Les tagueurs des nuits de Venise ne sont pas des révolutionnaires en révolte contre le système. Ce sont de sales enfants pourris qui crachent sur la beauté, qui renient l'esthétique des temps passés, en refusent le modèle et gueulent la vacuité de leur vie dans le tumulte infect d'une musique enivrante et la fumée de leurs pétards. Nous en sommes responsables. "Pas assez de coups de pied au cul" me disait un vieil instituteur l'autre jour. De quoi être pessimiste, vous l'avouerez, car aucune punition n'est possible. Aucune rééducation à l'art et à la beauté, à la transcendance et au respect du bien commun ne pourrait fonctionner. Les bien-pensants crieraient aussitôt à la répression et nous passerions pour des ayatollahs... . ..
En attendant, le Gazzettino s'en faisait l'écho hier ou avant-hier : la guerre aux murs souillés est déclarée et Tout l'arsenal répressif est en route, mais s'il est satisfaisant de savoir que l'autorité publique a enfin pris la mesure du défi, ce n'est pas le plus important. Ce qui compte c'est qu'on permette enfin aux visiteurs comme aux quelques vénitiens qui restent de ne pas être partout et à tout moment, confrontés à ces tags hideux, signatures hiéroglyphiques bizarroïdes qui servent à marquer le territoire de ces ersatz de révoltés comme en usent les canidés avec leur urine. Retrouver une ville certes décatie dans bien trop d'endroits, mais qui demeure le vivant manifeste de l'amour des hommes pour la beauté, leur participation à la transcendance.
.
L'annonce de cette guerre ouverte officiellement a été accueillie avec joie par les vénitiens. (un vieux gondolier connu pour ses saillies, s'est écrié dans son bar favori en lisant le journal "Tiens, ça y est enfin, la chasse est ouverte !"). Les contrevenants pris sur le fait seront traduits devant les tribunaux pour dégradation récidivante et les peines seront lourdes. En attendant, tous à nos éponges, nos brosses et nos pinceaux pour nettoyer les façades et faire oublier cette laideur !