30 septembre 2005

Comme l'incendie d'un cerisier en fleurs

 
Ma fille aînée, Mrgot me disait hier soir sa difficulté à répondre à la question de son premier devoir de philosophie, "Que deviendrait une société sans artiste". Platon, Kant, Mallarmé, Artaud, René Girard et Paul Ricoeur sont mis à contribution. Vaste sujet, comme toujours. Je la laisse à ses réflexions après lui avoir donné quelques idées. Je me rend compte de l'étendue de sa culture et cela me remplit de fierté. Comme mes autres enfant, elle doute cependant. De ses capacités, de sa réussite. Je suis vraiment très fier d'elle, comme de son frère et de ses sœurs. Mais cette angoisse m'inquiète. Le monde qui les attend est tellement plus instable que celui de notre enfance. Ces enfants ont vite peur. Comment balayer leurs frayeurs ? Comment leur assurer un chemin paisible ?
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Mais fi des sentiments, je dois me mettre au travail. Un ami me parlait du musée des Années Trente de Boulogne, où il a découvert les toiles de Blatas, le dernier peintre de l’École de Paris et son "biographe". Notre conversation m'a donné envie de vous parler de lui, de son oeuvre et de ses années vénitiennes où, soutenu par sa femme, la cantatrice Regina Resnik, il travaillait avec acharnement dans son atelier de la Giudecca.
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Arbit Blatas, juif lithuanien né en 1908, quitta très jeune les brumes et les progroms de l'Est pour Paris. Il voulait être peintre. Il voulait être libre. Il rencontra tout ce que Montparnasse comptait d'artistes qui tous devinrent célèbres. A 21 ans, il était le plus jeune d'entre eux. Dans les années 60, il entreprit de peindre chacun d'eux : Soutine, Chagall, Picasso, Zadkine, Utrillo et son ami Modigliani, Marquet, Lipchitz et tant d'autres. Il travailla avec Suzanne Valadon puis avec Kurt Weil pour qui il dessina les costumes et les décors de l'Opéra de quatre sous. Il quitta la France pour les États Unis devant la menace allemande. Il fit le voyage avec Chagall. à New York, il épousa la célèbre cantatrice Regina Resnik, juive de Brooklyn avec qui il travaillera des années plus tard à un monument à la mémoire des victimes de l'Holocauste. ce fameux bas-relief qui trône sur l'un des murs du Ghetto de Venise, mais aussi à paris dans le Marais, au Mémorial juif, à Genève au siège de l'ONU. Il collaborera aussi avec elle pour les décors et les costumes d'opéras dont l'Elektra de Richard Strauss qui marqua son époque. Il avait longtemps travaillé et menait dans les années 80 une agréable vie de riche bohème. Je l'ai souvent vu à Venise.
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Notre maison d'édition sortit plusieurs portfolios de ses œuvres : l'opéra de quatre sous, le portrait de Marceau, celui de Sir Evans dans le rôle de Falstaff, Regina dans Elektra - une de ses meilleures compositions - et bien sûr les portraits de l'Ecole de Paris. Je numérotais au crayon les tirages et je lui amenais chaque édition à signer lorsqu'un souscripteur passait une commande. Il s'agissait de petits tirages souvent à compte d'auteur pour les amis du couple, américains pour la plupart, mais aussi vénitiens et français. Un temps, les toiles, conservées à Venise et devant être acheminées à New York, et sachant mon désir de réunir Venise et Bordeaux par des manifestations culturelles, il me proposa d'organiser l'exposition de l'ensemble de son travail sur l’École de Paris à Bordeaux. Sous-entendu "si Bordeaux veut m'acheter la toile représentant Marquet et payer une partie des frais, pourquoi ne pas envisager de laisser ma collection à Bordeaux"... J'expliquais au responsable de la culture de l'époque à la mairie - brave homme mais complètement inculte - l'intérêt de cette exposition.*
 
 
Derrière les peintures et les sculptures du maître, il y avait sa collection personnelle qui aurait pû former un jour une intéressante collection d'art contemporain du moins de l'art des 30 premières années de ce siècle : j'ai vu les peintures de Marquet, les dessins de Chagall, Soutine, Valadon, Matisse, Utrillo, Picasso que le maître souhaitait laisser un jour à un musée. Ce ne fut hélas pas Bordeaux. Je n'étais pas assez bien en cour. On ne me donna pas la possibilité de négocier cette dation... Ce fut Boulogne et c'est ainsi que naquit le musée des années 30 !
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Arbit Blatas est mort à New York en 1999, à l'âge de 91 ans. Nous correspondions une ou deux fois l'an. La dernière fois que je l'ai rencontré c'était à Venise. Nous étions avec Catherine et Christian M., charmant couple d'amis féru d'opéra. Déjeunant au Harry's Dolci, à la Giudecca, j'expliquais que Blatas et sa femme Regina Resnik habitaient tout près. Ils furent tout émus : "comment ! la grande diva vit ici et tu la connais ?" .
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Comme pour prouver le niveau de ma relation avec elle et aussi pour le plaisir de les revoir, j'emmenais mes amis jusque devant leur porte.  Nous sonnons. La voix de Regina surgit de l'interphone : "chi è?". Je me présente. "oh, Lorenzo, che sorpresa, vieni su!" ("oh ! Laurent quelle surprise, monte vite!)". Ils étaient ravis de notre visite. Arbit nous parla peinture, nous racontant de nombreuses anecdotes et Regina expliqua à notre ami subjugué ses relations houleuses avec Lombard (qui dirigeait encore l'ONBA à l'époque de notre visite) avec qui elle travailla lorsqu' il était à Strasbourg. Elle parla de ses mises en scène, ses rencontres avec Callas, Raimondi, et tant d'autres. L'appartement, situé au premier étage d'une maison face au canal de la Giudecca était très chaleureux. Des tableaux du maître occupaient les murs avec des dessins d'Utrillo et de Cocteau, des petites peintures de Chagall ou Picasso. Un bronze de Lipchitz. Le soleil pénétrait à travers les vitres et faisait briller les sculptures et les bibelots. Magie de Venise, nous étions là encore hors du temps. 
Et me revint en mémoire certains moments de rêve qu'il m'avait été donné de vivre dans cette maison autrefois. Je me souviens entre autres d'un dîner improvisé où je fus convié. Des problèmes de vaporetto nous avaient mis en retard. Tout le monde était à table. L'ambiance était bon enfant. Soudain un homme dont le visage ne m'était pas inconnu se leva et revint avec un violoncelle. Il joua. C'était divin. Je réalisais soudain que ce musicien assis à côté de moi, et avec qui j'avais échangé en anglais quelques mots sur les mérites respectifs du vin rouge et du champagne, n'était autre que Mitslav Rostropovich... Il était là parmi nous et nous donnait un véritable concert !
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Je me souviens aussi d'un jour de printemps où Blatas voulut me montrer son atelier. Il y avait dans l'escalier des petits dessins, des croquis, des mots griffonnés et illustrés, tous dans des cadres de différentes tailles. En m'approchant, je vis les signatures : Utrillo, Soutine, Ernst, Zadkine, Marquet... Un éléphant bleu me fascinait particulièrement. C'était un dessin plein d'humour de Picasso. Blatas me raconta plein de choses : Kurt Weil et l'opéra da Tre soldi, sa rencontre avec le mime Marceau, les soirées avec Picasso, les leçons de Suzanne Valadon la mère d'Utrillo et son combat pour aider celui-ci à se désintoxiquer... J'aimais son allure, sa manière de s'habiller, toujours très élégant, et sa façon de parler français, comme seuls les gens de l'Est savent le parler. Cet inimitable accent, mélange de r roulés et de pointe dans la voix à la parisienne.
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Il m'aimait bien. Je souffrais beaucoup dans cette galerie. le directeur était un homme d'intuition, génial dans ses choix d'artistes et dans sa politique d'édition. Mais c'était un tyran. Caractériel, alcoolique, homosexuel refoulé, il était très coléreux. Il me donnait l'impression d'avoir des comptes à régler avec l'humanité entière et je servais souvent de bouc-émissaire. Mais il m'a tout appris. Avec lui j'ai découvert en vrac, les peintres italiens contemporains, la nouvelle figuration, Tapiès, Alechinsky, Baj, Topor, Magritte, Adami... Blatas intervenait souvent en ma faveur quand, mon patron ivre mort, se mettait à hurler, me couvrant de tous les défauts de la terre... Cela évitait au moins que Carla, sa jolie jeune femme, ne fasse les frais de sa furie. Il avait certes du talent et c'est pour cela que Blatas travaillait avec lui.
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Missa Yoshida, Agnès Calvy , Massimo et moi
 
Il savait découvrir les artistes prometteurs et son sens du commerce nous mettait en contact avec les plus grands acheteurs de passage à Venise. Combien de toiles et de lithos signés de très grands artistes ai-je livré au Gritti ou au Danieli... Nous éditions trois ou quatre port-folios par an et organisions des expositions de jeunes talents comme Missa Yoshida, charmante japonaise mariée à un sympathique sérigraphiste vénitien. Parfois, il me confiait l'organisation de la soirée. Je fis ainsi mes premières armes dans la création d'évènements à une époque où sans téléphone portable, sans informatique, sans fax, nous réussissions des opérations de communication de grande qualité. Je me souviens d'une fête organisée à l'occasion du vernissage d'une exposition d'un peintre français sur le thème du carnaval. Blatas avait persuadé mon patron de me laisser faire. J'avais convié le tout Venise dans un restaurant près de San Bartolomeo, l'Osteria dal'Orso qui existe encore. 

 
Un groupe de huit jeunes choristes baroques du Conservatoire animait la soirée. le buffet était dans l'esprit des fêtes carnavalesques du XVIIIe : gigots farcis, volailles rôties, risotti, pâtisseries de tout genre. Une grand réussite dont les journaux parlèrent le lendemain. Mais je restais en retrait : bien qu'ami et protégé du consul de France de l'époque, de l'assesseur au tourisme et de nombreux vénitiens influents, je n'étais pas en situation régulière, juste de passage... Notre actuel ministre de l'intérieur m'aurait fait refouler manu militari aux frontières ! Mais c'était une autre époque, presque celle dont parle Morand dans "Venises", quand il explique qu'on voyageait de son temps sans passeport, mais avec des lettres de recommandation et que le franc à l'égal de l'or, était accepté partout et que partout on parlait le français, un français exquis... Mais là n'est pas mon sujet...
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Blatas m'a donc souvent aidé. Il avait pris l'habitude de se confier à moi, me racontant nombre d'anecdotes sur sa jeunesse à Montparnasse. Regina quant à elle m'expliquait sa "passion" pour l'âme juive et j'ai eu la chance de visionner avec elle son film "Ghetto", sur le ghetto de Venise, que j'aimerai présenter un jour en France avec une exposition des travaux de son mari sur l'Holocauste. Le générique de la série éponyme présentée il y a quelques années à la télévision française, était d'ailleurs illustré par les dessins de Blatas.
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Ils étaient très mondains. Mais cela en était attendrissant. On m'a dit que Regina Resnik est restée la même, très présente dans la vie new-yorkaise. Elle vit toujours à New-York, dans ce merveilleux appartement de la 56e rue, près de Central Park, rempli de ses souvenirs de diva et d'œuvres d'art, peintures de son mari et des plus grands artistes du XXème siècle. Je lui souhaite longue vie et la remercie de son attentive et chaleureuse affection.

29 septembre 2005

Album II

Mes enfants, les plus petits en tout cas, restent émerveillés par la beauté et la drôlerie des chatons. Nous sommes une famille à chats. Mon cabinet est occupé par Mitsou, un bon gros chat orange japonais, venu vers nous un matin d'été dans notre jardin du Cotentin. Il ne s'inquiète pas de savoir s'il dérange les visiteurs et toute la rue sait qu'il aime à rendre des visites de courtoisie quand il ne se dore pas au soleil sur le toit d'une voiture... Son amie, Yka (bordelaise, prénommée ainsi par sa maîtresse en hommage au chromatiste Yves Klein) vient souvent nous rendre visite et la famille de la meilleure amie d'une de mes filles élève bon gré mal gré des portées de chatons adorables que régulièrement il nous faut aider à caser. Quant à mon frère, sur sa propriété de Barsac, les chats ont un royaume... Bref l'amitié pour les chats et le goût de Venise allant de pair chez nous, voici quelques photos de félidés vénitiens.

posted by lorenzo

Citation du jour

"Être poète, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir. Et l'été vient"...

Rainer Maria Rilkein-Lettre à une jeune poète,
dans la seule bonne traduction, celle de Maurice Betz

28 septembre 2005

Album I


Il y a beaucoup de prétention à vouloir écrire sur Venise. Tellement de grands écrivains ont su décrire les merveilles de cet endroit unique au monde.
Aujourd'hui encore, en dépit de sa décrépitude, en dépit des barbares qui l'envahissent et la défigurent, elle est toujours aussi fascinante. Les mots sont pauvres à la décrire. Laissons les images parler. Celles que je vous présente ici ont été glanées sur le net. J'ai ainsi recensé à ce jour, plus de 200 sites et blogs du monde entier consacrés à Venise. En voici les images que j'en ai retiré. Que les auteurs de ces photographies soient remerciés. Quand cela était possible, un lien renverra au site d'origine de la photo présentée. A vos commentaires : notez les meilleures, nous aviserons les vainqueurs du choix de mes lecteurs.
 
posted by lorenzo at 20:19

27 septembre 2005

Un Maître de Lumière

Vous ai-je déjà parlé de mon ami, Bobo Ferruzzi ? Le hasard qui fait toujours bien les choses m'a permis un jour de le rencontrer et de devenir le responsable de sa galerie. Accueilli comme un ami revenu d'un long voyage, le maître m'a très vite fait rentrer dans sa vie, me montrant ses collections d'antiquités, ses réserves de tableaux et mille trésors inconnus du public : céramiques délirantes, tableaux presque abstraits ne gardant de la matérialité des lieux que des traits fous et des couleurs somptueuses. .. 

Car Ferruzzi est un coloriste dans la lignée des grands peintres védutistes. Il possède un sens de la lumière, de l'air que sa peinture emprisonne et qui exhale longtemps après avoir quitté Venise cet éclairage, cette force qui nous surprend quand au détour d'une ruelle, nos pas nous porte vers une place écrasée de soleil avec un canal dont l'eau aux reflets métalliques est imbibée des mille couleurs des bâtiments alentours... Voici quelques unes de ses œuvres et l'adresse de son site (ICI). 

Quand vous irez à Venise, ne manquez pas de visiter sa galerie, elle est tenue par son fils, antiquaire émérite et parfait biographe de son père. Il vous montrera les peintures, les sérigraphies, les cartes et les catalogues du peintre. Il vous parlera de Venise et de ses malheurs... Si vous rencontrez le maître, son chevalet sous le bras et qu'il est satisfait de son travail du jour, peut-être aurez-vous la chance d'être invité chez lui pour boire un délicieux vin blanc servi dans des gobelets de verre soufflé comme au temps de Goldoni. Il a tellement de choses à dire et d'anecdotes à raconter. Son français est excellent et son humeur vénitienne. Soupe-au-lait, il sait être attentif et son cœur est en or. Un grand monsieur, vraiment.

posted by lorenzo at 19:15

The best of Venice

Je viens de retrouver un article paru il y a un an dans The Independent. Il parle de plein de choses et notamment du peintre ferruzzzi et d'Hélène, sa femme, la créatrice des splendides tissus de velours frappés commercialisés sous le label Norelène. Je l'imprime tel quel avec son copyright en remerciant l'auteur, rachel spence, pour mes lecteurs anglo-saxons et les autres.

The play of sunlight on water, the shabby, graceful palaces, the Gothic churches, the fruit market at Rialto - for sheer beauty, Venice is in a supermodel class of her own. Yet some fear she is doomed. Either the acqua alta will ruin her or she will become a Renaissance theme park, peopled by camera-snapping tourists while her residents escape to the mainland where the cost of living is cheaper. Fortunately, there are reasons to be cheerful. The Moses flood barrier, which should halt the city's soggy decline, is finally under way; La Fenice, the legendary Baroque opera house destroyed by fire in 1996 is due to reopen in November. And most importantly, a new generation is tugging Venice firmly, but tastefully, into the 21st century. Today's traveller will discover chic new hotels, innovative restaurants and stunning work by talented, local artisans. With long, sunny days, limpid light, and the buzz of Easter celebrations in the air, April is one of the best months to visit.
Best hotel
For serious luxury book into Il Palazzo at the Bauer, San Marco, 1459 (00 39 041 520 7022; www.bauervenezia.com). A €40m (£26.5m) facelift has transformed the 19th-century faux-Gothic palace into a 35-room jewel-box. Many rooms overlook the Grand Canal and feature silk wall-hangings, Seguso chandeliers, four-poster beds, mosaic floors and Jacuzzi baths. Double rooms from €550 (£363) per night. Or book a two-night Gourmet Package for €902 (£645) per person, based on two sharing, including breakfast, a four-course dinner for two at the De Pisis restaurant, a wine-tasting at Enoteca La Canova, and a one-day tour of the Veneto with lunch and wine-tasting included in the deal.
The best-value bed for the night can be found at the Casa de Uscoli, overlooking the Accademia on the Grand Canal, San Marco 2818 (00 39 041 241 0669; www.casadeuscoli.com). Outside it's a Renaissance palazzo; inside it's furnished with a mixture of art deco glassware, contemporary designer pieces from Milan, and modern art. A double room costs €120 (£86) per night, including breakfast.
Another hip new sleepover is DD724, Dorsoduro 724 (00 39 041 2770262), a miniscule, modern, seven-room hotel, close to the Peggy Guggenheim museum - think plasma-screen TVs, abstract artwork, recessed lighting, a neutral colour scheme and olive-oil bath smellies. Doubles from €180 (£130), including breakfast.
Best restaurant
For classic Venetian cooking, given extra polish thanks to the talent of Michelin-starred chef Mara Martin, nowhere rivals Osteria da Fiore San Polo 2202, calle del Scaleter (00 39 041 721 308). Book well in advance. Three courses without wine cost from €90 (£60) per head.
Over on Dorsoduro, a new restaurant, Avogaria, Dorsoduro 1629, calle de l'Avogaria (00 39 041 296 0491) is proving a hit with locals who appreciate the stylish interiors and delicious southern cooking of Antonella, the young Pugliese chef. Three courses without wine cost €33 (£23).
For lunch on the lagoon, stop off at Al Gatto Nero, fondamenta della Giudecca 88 on Burano (00 39 041 730 120), a traditional fish restaurant where even the simplest dish bursts with flavour. Three courses without wine cost €35 (£25).
For a leisurely breakfast or light lunch, head east towards the public gardens and take a table on the lagoonside terrace of Angio, Castello 2142, riva San Biagio (00 39 041 277 8555). Often overlooked by tourists, it's run by young Venetians and the specialities include cheese and cold meat platters and toasted sandwiches. From €8 (£5.50).
Best Cultural Attraction
Amid dim light and glowing mosaics, a sung Mass is a memorable experience in St Mark's Basilica, Piazza San Marco (00 39 041 522 5205). The must-see gallery in Venice is the Galleria dell' Accademia, Dorsoduro 1050, Campo della Carita (0039 041 522 2247), which contains the best of Venetian art, from Byzantine Madonnas to Tiepolo's extravagant canvases. Until 20 June, it will house an exhibition of 17th- and 18th-century French drawings. Open Monday 8.15am-2pm; Tuesday-Sunday 8.15am-7.15pm. Admission €6.50 (£4.50).
For a taste of modernity, pay a visit to Ca' Pesaro, Santa Croce 2076 (0039 041 524 0695). Reopened last year after decades of closure, Venice's Museum of International Modern Art contains a handful of serious masterpieces, such as Chagall's Rabbi of Vilebsk, and a selection of paintings by notable 20th-century Italian artists such as Carlo Carra. Open Tuesday-Sunday, closed Monday, 10am-5pm from 1 November to 31 March and 10am-6pm from 1 April to 31 October. Admission €5.50 (£4).
Best Shopping
Head to calle della Chiesa in Dorsoduro to snap up the work of husband-and-wife team Helene Kuhn and Bobo Ferruzzi (00 39 041 523 7605). Her beautiful hand-painted velvets and silks are at No 683. His paintings of the city, which play on light and colour, are in the gallery opposite at No 727. For contemporary Murano glassware, the big name in town is Massimo Micheluzzi, Dorsoduro 1071, fondementa Bollani (00 39 041 528 2190). Byzantine-style jewellery, favoured by Dolce and Gabbana, is the speciality of the young Venetian brothers, Daniele and Stefano Attombri, San Polo 74, sottoportico Orafi (0039 041 521 2524). Nearby Sabbie e Nebbie, San Polo 2768/a, Ramo Pisani e Bargarigo (0039 041 749 073) sell stunning patchwork scarves by Florentine designer Tess Blondel.
Best Sightseeing
Clichéd it may be, but a gondola is the ideal way to see the city. Expect to pay around €65 (£46) for 45 minutes. Instead of joining the tourist hoards on the Grand Canal, start your trip in the Campo di Ghetto Nuovo in Cannaregio. You'll have the area's long, green canals and palaces all to yourself. Treasures en route include the spectacular church of Madonna dell'Orto and the house where Tintoretto lived. You can also visit the island of Torcello, where there is a Byzantine cathedral that offers a splendid view.
Best Nightspot
There's a lively bar scene in and around Campo Santa Margherita on Dorsoduro - try the Orange Bar at 3054. Until La Fenice reopens, the best place for opera and ballet is the Teatro Malibran, Cannaregio 5873, calle dei Milion (00 39 041 786 603; www.teatrolafenice.it) near the Rialto Bridge. From 16 to 24 April, the Fenice opera company is performing Bizet's The Pearl Fishers.
How to Get There
EasyJet ( www.easyjet.com) flies from London Stansted, Bristol and East Midlands from £40 return in April. British Airways (0870 850 9850; www.ba.com) flies from Gatwick from £89 return in April. To reach Venice from the airport, catch the ACTV No 5 bus from outside the terminal to Piazzale Roma. The journey takes 30 minutes and costs 77cents (55p). Or take the Alilaguna boat to San Marco which takes 40 minutes and costs €10 (£7). A three-day ACTV transport bought on arrival at the airport costs €22 (£16) for unlimited transport on ACTV buses and all vaporetti, although not the Alilaguna boat.

By Rachel Spence
Published: 11 April 2004
posted by lorenzo at 18:36

Citation du jour

De Gabriel Matzneff :

"La première règle si l'on veut rester soi-même et garder sa capacité d'émerveillement, c'est de ne pas se laisser envahir par les informations, par l'actualité. Si vous voulez savoir ce qui se passe sur notre bonne vieille terre, ne lisez pas les journaux, lisez Tacite, tout y est. Comme dit un personnage des Enfants du Paradis, "la nouveauté, la nouveauté, mais c'est vieux comme le monde, la nouveauté !"
 
posted by lorenzo at 23:02

26 septembre 2005

25 septembre 2005

Un autre coup de gueule, excusez-moi du peu !

L'autre jour, en Italie, une envie d'un café m'avait pris. A deux pas, un petit bar tout simple m'offrit vite la possibilité d'assouvir ce désir. "Un macchiato, per cortesià"... Deux gondoliers au comptoir, un vieux monsieur attablé, le journal grand ouvert devant lui à la page des résultats sportifs. Un gros chien orange endormi à ses pieds. Un lieu comme mille autres en Italie. Trois minutes plus tard, l'homme pose devant moi une tasse blanche, remplie d'un liquide fumant surmonté d'une sorte de nuage mousseux et odorant. Hmm ! parfum splendide. Un verre d'eau glacée vient vite rejoindre la tasse. Un délice... Le prix ? 0,80 euro... Quatre vingt centimes d'euros, ou, comme ils essaient de nous le faire dire, sur un mode américanisé quatre vingt cents (phonétique : sɛnts) ! C'est-à dire pour ceux qui ont encore du mal : 5,84 Francs. De retour en France, à la gare Montparnasse, en attendant le train qui nous ramènera à Bordeaux, je commande un café. "Une noisette, s'il vous-plait Mademoiselle", ce qui pourrait le plus se rapprocher du délicieux macchiato italien. Une serveuse ronchon me tend un gobelet de plastique brûlant avec un breuvage noir sans parfum ou plutôt avec une odeur très forte de brûlé mêlée à des remugles d'ammoniaque... Après avoir insisté trois fois pour obtenir un verre d'eau, la serveuse me le tend avec l'addition : 1,50 euro... Cet infâme liquide baptisé café m'était facturé plus de 9 francs !  C'est là que j'ai eu une espèce d'illumination. La baguette élastique décongelée à 1 euro, le journal à 1,20, le cornet de glace (avec une boule malingre) à 2 euros, les croissants à 80 centimes... Jai repris alors mes carnets d'avant l'euro. Ceux de mes voyages en Italie ou simplement ceux où je notais au milieu d'idées, de phrases dénichées à gauche ou à droite, mes dépenses quotidiennes. Voilà ce que cela donne, c'est édifiant :
[...]
Venise, Café Florian, Septembre 1990, 
Pris un cappuccino en attendant l'interview d'Ugo Pratt. Cher, 1200 Lires soit 6 francs. Il est bien meilleur qu'à la brûlerie Gamma, sous la Porte-Dijeaux à Bordeaux. Mais là-bas, je le paie 2,50 Francs seulement ! En revanche, le bar San Martino près de l'arsenal fait un délicieux café à 150 lires (0,75 franc) ailleurs à 200 lires et les tramezzini sont à 500. Ici on téléphone avec des jetons de 200 lires qui servent aussi pour les cafés 
[...] 
Bordeaux, août 1998. Personne. il fait chaud. Acheté un Anita Brookner chez Mollat. 42 Francs. Pris un citron pressé Place Pey Berland, 3 Francs. Pain de campagne : 1,20 Franc. Lait, 0,90 F.
Bien sur les temps ont changé, les matières premières coûtent plus cher, la main d’œuvre... Mais ce que je vois c'est que nous payons en France presque 7 francs une baguette de pain, davantage une plaque de beurre et les mendiants - de plus en plus nombreux dans les rues, nous harcèlent, non plus pour 1 franc mais pour 2 euros au moins (soit 14 francs  ) ! Est-ce normal ? Mes revenus sont peu ou prou les mêmes qu'à l'époque... A l'inverse, un antiquaire me disait l'autre jour qu'avec l'euro, aujourd'hui, le marché étant ce qu'il est, ce qui valait 1000 francs avant se négocié maintenant seulement 100 euros et cela aurait tendance à baisser au vu du déferlement des venets via internet... 
Pauvre France, tu acceptes tout, tu ne réagis pas. Pas plus que les espagnols ou les italiens... Suis-je devenu un vieux râleur pingre et pessimiste ? Où bien la maturité me fait-elle maintenant comprendre que nous sommes en permanence et d'une manière somptueusement organisée, floués, trompés et méprisés par ceux qui nous gouvernent ? Les choses ne sont pas roses en Italie non plus, mais au moins le café y est meilleur. Il reste moins cher. La vie y demeure plus douce et la jeunesse bien plus prompte à réagir et à tout bousculer pour un monde meilleur... L'atmosphère est tellement plus douce, plus joyeuse. Viviamo bene in Italia. et particulièrement à Venise où je ne me souviens pas avoir ressenti du stress ou une quelconque tension, en dehors des soirées de calcio ou au moment des élections...

Vivement que je retourne sur les Zattere, manger un gianduiotto de chez Nico. 
posted by lorenzo at 22:52

23 septembre 2005

Coup de gueule : lu sur le net

En parcourant les blogs que je lis régulièrement, je suis tombé par hasard sur le texte d'un avocat qui défendait une famille de colombiens risquant d'être expulsés. Un enfant de 9 ans, scolarisé, parfaitement bilingue, avec de bons résultats, va subir les suites douloureuses de l'application d'une loi certes rendue nécessaire par tellement de laxisme et d'abus - mais de cela on peut aussi débattre -, et risque de se retrouver demain dans un pays dont il est originaire, mais qui n'est pas le sien, où la vie est dure, les risques grands. Quel sera son avenir ? Où est la France, Terre d'asile et de tolérance ? Que sommes-nous en train de devenir ?

Pourquoi ce cinéma médiatique scénarisé par un ministre, enfant d'immigré lui-même, petit coq (gaulois d'adoption) excité, qui se donne des airs d'homme d’État et continue d'ensevelir les vestiges de l'esprit gaulliste qui a fait la France forte et glorieuse ! Non, hommes politiques de tous horizons, ne nous laissez pas croire que vous êtes tous pourris, menteurs, faux et uniquement préoccupés de votre pouvoir et des privilèges qu'il vous apporte... Je souffre vraiment, avec mes grandes idées certainement trop naïves, et mes principes où les trois mots "Liberté, Égalité, Fraternité", quand je vois ceux que nous avons chargé de gérer pour notre compte la nation ! 
posted by lorenzo at 18:15

22 septembre 2005

Les chats de Venise

J'évoquerai bientôt avec vous nos amis chats. Venise est une cité faite pour eux. Ils y sont moins nombreux qu'avant. Peut-être aussi moins heureux. Les temps changent aussi pour les félins. Nous en reparlerons bientôt.

posted by lorenzo at 11:17

Et si on y allait ?

L'été se termine. Il fait doux encore et les journées sont belles en dépit de la fraîcheur du matin. La lumière reste pimpante, le ciel souvent bleu. Nous avons tous repris nos activités. Les enfants ont retrouvé le chemin de l'école. Une nouvelle routine se met en place. Allez pas de regret, l'été a été superbe, rempli de moments merveilleux. Délicieux et reposant pour ma part. Mais voilà, cela me reprend. Mis en parenthèse pendant deux mois, la soif de Venise m'atteind à nouveau... Un chat au soleil sur le rebord d'une fenêtre, l'odeur des cannelés cuisant dans les fours du pâtissier, les pas qui résonnent dans une rue piétonne, une cloche au loin... Tout me rappelle Venise. Je ne suis pas le seul qui ressent ce genre de symptômes. Nombreux sont ceux qui traqués par le même (délicieux) malaise me parlent, avec les yeux qui brillent, de leur dernier séjour vénitien, de leurs souvenirs... Hé bien, que diable attendons-nous ? Allons-y. Préparons nos valises. Ce n'est pas si facile, me direz-vous. Il y a les activités professionnelles, l'école, le chat et le poisson rouge à nourrir et les plantes sur le balcon. Je le sais bien. Mais j'ai une proposition à vous faire. Qui que vous soyez, où que vous soyez, inscrivez-vous sur ce site.

Je préparerai pour vous un voyage sur mesure. Vous découvrirez Venise comme peu de voyageurs de nos jours peuvent le faire. En fonction de votre budget, de la période, de vos goûts, de votre âge, de votre nombre.
Vous aimez le bateau, les îles solitaires, la cuisine de la mer?. J'ai ce qu'il vous faut. 
Vous préférez dénicher des palais romantiques, dîner aux chandelles sous une glycine avec des musiciens jouant rien que pour vous ? J'ai là encore ce qu'il vous faut. 
Vous rêvez d'un jardin mystérieux où une table magnifique sera dressée rien que pour fêter l'anniversaire de votre petit dernier ? Cela peut se faire. 
Plus simplement, vous connaissez déjà la Venise de tout le monde et vous avez envie de la mieux connaitre ? Je vous amènerai dans des lieux fermés au public, vous serez reçus chez des gens adorables qui seront ravis de vous montrer leurs trésors. 
Bon, cela ne peut être organisé sur l'instant. Il faut mettre en place tous les éléments qui feront la réussite du voyage. Mais dans un délai de deux à trois semaines en hiver et en prévoyant trois à six mois pour les périodes estivales, je suis votre homme. 
Déjà programmés : un voyage au printemps pour un groupe de musiciens baroques, notre séjour familial annuel à Pâques , une session découverte de la cuisine vénitienne en octobre 2006, un groupe de dames d'un certain âge qui vont découvrir Venise et retrouver là-bas une amie perdue de vue depuis quarante ans... 
Rien de commercial dans cette démarche. Depuis mes années étudiantes, j'ai pris l'habitude d'organiser des voyages à Venise. Les années aidant, j'ai ajouté à mon carnet de nombreuses adresses, de nouveaux amis vénitiens et une association est née qui a eu pour vocation dès l'origine de réunir des fous de Venise et de leur permettre de s'y rendre régulièrement à moindre frais et d'y séjourner loin des sentiers battus. Par petits groupes, en famille, à thème ou les bras ballants sans programme précis, ces voyages laissent toujours de merveilleux souvenirs à ceux qui s'y joignent !
Non, les idées et les possibilités ne manquent pas. N'hésitez-pas, préparez-vos affaires, nous partons.
posted by lorenzo at 10:24

18 septembre 2005

La Mostra del Cinema 2005 a l'accent yankee

Photographies de Paolo Pedinelli

Drôle de voir Massimo Cacciari, le pétulant maire-philosophe de Venise en grande conversation avec Georges Clooney qui ne l'a certainement pas lu, passer devant une haie de fans au Lido l'autre jour. Cette année, le cinéma américain était omniprésent à Venise. Les temps changent. 

Je me souviens des grandes années où avec les derniers soubresauts du cinéma indépendant italien, on accourait du monde entier pour voir les créations françaises puis celles du reste du monde. L'Amérique allait se faire applaudir à Deauville chez le vicomte d'Ornano. Le festival à l'époque était bon enfant, on croisait les stars et leurs producteurs sur la plage, dans les couloirs de l’Hôtel Excelsior où était installée la salle de presse et où avaient lieu les conférences. Pas de service de sécurité, pas de barrières. L'atmosphère était nonchalante et amicale. 

Souvenirs aujourd'hui incongrus : Ionesco presque mort, tassé sur une chaise, bavardant avec Fabienne Babe et Olivier Assayas, Marie Laforêt et Solanas croisant Monique Lang qui bronzait à la piscine, Pontus Hulten essayant d'expliquer au ministre Léotard et aux énarques de sa suite, l'influence du futurisme italien sur l'art contemporain pendant que son prédécesseur Jack Lang signait des autographes... Rob Lowe saluait en levant la tête Depardieu un peu éméché soutenu par son fils Guillaume à peine adolescent, suivaient mais déjà resplendissant, Sabine Azéma et Danièle Mitterrand. Tout ce joli monde entouré d'une foule de gamins bronzés pépiant comme des moineaux. Il y avait le soleil, les thés glacés servis par un personnel impeccable et discret.  Un univers enchanté.
On me dit que maintenant la police est partout, qu'il est impossible de parler avec une vedette sans avoir à faire à son agent et à dix gardes du corps. Et puis où sont les vénitiens, ces jolies filles et ces beaux garçons pas très intelligents qui rêvaient d'être remarqués par un metteur en scène et se prenaient déjà pour indispensables quand nos photographes les faisaient poser aux côtés des plus jeunes vedettes ? 

Je me souviens de l'année ou Claudia Cardinale devait venir présenter la Storia de Comencini. Le jeune garçon qui jouait le rôle de son fils aîné n'avait pas été invité. Il arriva quelques heures avant la projection avec une demi-douzaine de jeunes apprentis modèles, bellâtres romains très pasoliniens, persuadés d'être les nouveaux Mastroianni. La réception de la production avait lieu au Palais Labia, le magnifique palais de la Rai aux fresques somptueuses de Tiepolo. Des bateaux étaient affrêtés pour les invités au départ du débarcadère de l'Hôtel des Bains. Les invités étaient placés, bristol gravé et numéroté. Partout ailleurs on aurait refoulé le jeune acteur et ses sbires. Pas à la Mostra. Lambert Wilson le prit avec lui sur le motoscafo qui conduisait aussi Luigi Comencini, sa fille, Suso Cecchi d'Amico et Daniel Toscan du Plantier. Nul ne leur tint rigueur de cette attitude pique-assiette. Comme dit une journaliste milanaise "sono tanti carini" (ils sont tellement mignons). 

Le diner, somptueux, se transforma vite, comme la plupart du temps, en une soirée délicieusement conviviale où vedettes, producteurs, journalistes, invités et incrustés se mélangèrent et firent la fête jusqu'à tard dans la nuit... Plus rien de cela aujourd'hui. Tout est devenu compassé, protocolaire, commercial, mais on va certainement encore dire que je suis devenu un vieux râleur désabusé. Mais bon, les choses ne changent pas toujours dans le bon sens, il faut le reconnaître. 
Beaucoup d'américains donc à cette 62e Mostra. Mais c'est Ang Lee qui a remporté le Lion d'Or pour son film battant pavillon canadien. De belles choses pourtant par ailleurs mais beaucoup de polémiques sur l'organisation, la direction du festival avec un patron de gauche dans une Italie gouvernée à droite qui exigeait sept films en compétition mais le cinéma italien n'est plus que l'ombre de lui-même. 

Sur ces polémiques, il faut lire l'article de Jean Luc Douin paru dans Le Monde du 2 septembre dernier dont le lien est : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3476,36-684658@51-629238,0.html

posted by lorenzo at 15:59

Venise insolite au fil des pages, pour les enfants et pour les grands

On me demande souvent des livres qui traitent de Venise différemment, des histoires inconnues, des bandes dessinées, des livres d'art... Je ne suis pas le meilleur spécialiste. Cependant, il existe quelques parutions plus ou moins récentes dont j'aimerai vous parler.

Gallimard, dans la collection "le sourire qui mord" a publié en 1986 et réédité en 1999, un excellent petit album de Christian Bruel et Anne Bozellec (les créateurs du sourire qui mord), "Venise n'est pas trop loin"

J'aime beaucoup ce petit livre car il a été écrit pendant ma période vénitienne. les lieux qui servent de décor à l'histoire sont les lieux que je fréquentais, les illustrations rappellent les scrap-books que nous rédigions étudiants. Une mère et sa fille partent pour Venise. Rien que de très banal au départ. Puis une aventure se dessine, palpitante, décrite par la narratrice sous forme d'un journal de voyage.

Des livres pour enfants qui parlent de Venise ou dont l'histoire se déroule à Venise, il y en a des tas. Je suis tombé l'autre jour sur un petit album dans la bibliothèque de ma fille Constance, neuf ans, très drôle. Publié chez Gautier-Languereau (2003), "Mon album de cartes postales" écrit et dessiné par Titus Oubrerie est vraiment très drôle. Nous l'avons feuilleté avec les enfants en lisant le texte des cartes à haute voix. C'est vraiment, vraiment, amusant. En bref, un petit garçon se casse le bassin en jouant. pour lui, pas de vacances. Sa maîtresse, Mademoiselle Bonnifait, demande à toute la classe de lui adresser une carte postale racontant les vacances de chacun.



C'est cet album que Tom, notre héros, a constitué qui nous est présenté. Un de ses copains, Hugo, petit noir souriant était à Venise cet été là et il raconte... Les autres cartes sont du même acabit. Lisez-le vite, ce n'est pas que pour les enfants !


posted by lorenzo at 21:15

Vue romantique de la Ca'Dario

 
posted by lorenzo at 15:52

11 septembre 2005

Toutes les heures, 1200 enfants meurent de faim dans le monde !


«Une tragédie qui interpelle la conscience du monde ». 

Lu dans le numéro italien de l'Osservatore Romano du 9 septembre dernier un article alarmant « Une tragédie qui interpelle la conscience du monde », titre le journal, citant le rapport des Nations Unies sur le développement humain.

«La pauvreté tue chaque heure dans le monde 1200 enfants. Le fossé entre riches et pauvres se creuse. Les 500 personnes les plus riches gagnent plus ensemble que les 416 millions de personnes les plus pauvres du globe. Telles sont certaines des données du rapport 2005 de l’ONU sur le développement humain rendu hier ».

Radio Vatican qui a repris les commentaires de l’article, dénonce des « disparités inacceptables », alors que le monde accuse du retard sur les « objectifs du millénaire » fixés pour 2015 et prévoyant à l’origine la diminution de 50 % de la pauvreté. Ainsi d’ici dix ans, 827 millions de personnes tomberont encore dans un état de pauvreté extrême. Les objectifs ne seront pas atteints non plus pour ce qui est de la réduction de la mortalité des enfants et de leur instruction.

Depuis 1990, plus de 130 millions de personnes sont sorties de la pauvreté extrême, en 18 pays, mais la situation a empiré et 10 millions d’enfants meurent chaque année pour des causes évitables. Au moins 2,5 milliards de personnes vivent encore avec moins de 2 dollars par jour, et 115 millions d’enfants ne vont pas à l’école. Parmi eux, seulement 30 millions ont eu accès à une instruction ces dernières années. L’eau potable est un bien très précieux : mais plus d’un milliard de personnes n’en dispose pas. Et 2,6 milliards n’ont pas de service sanitaire. 

Le rapport propose la mise en place d’un calendrier pour arriver à des aides de la part des pays riches égal à 0,07 % du PIB d’ici 2015. Il indique en outre - scandaleux constat - que certains pays riches sont parmi les donneurs les moins généreux. Sur le commerce, l’ONU condamne des taxes iniques aux dépens des pays pauvres.
Parmi les obstacles principaux à la lutte contre la misère, le rapport dénonce les conflits armés. Le développement des pays pauvres, dit le texte, est la clef de la bataille pour la paix globale et la sécurité du monde. 
posted by lorenzo at 15:54

Une maison à Venise

Entre 1980 et 1986, j'ai vécu dans différents quartiers de Venise. Chaque fois, le logement trouvé correspondait à mes moyens, aux opportunités des rencontres et des amitiés. Je ne pouvais pas dire comme Colette "est-ce ma dernière maison ?" mais à chaque fois, j'essayais d'en faire un lieu agréable, confortable et accueillant. 
 
Mon tout premier chez moi – je quittais à peine la grande maison familiale de Bordeaux – fut un réduit de quelques mètres carrés que j'échangeais contre des heures de ménage et d'accueil chez la Signora Biasin, sur la fondamenta près du ponte delle Guglie, à deux pas du ghetto. Un lit, une table, une chaise, un lavabo, une patère sur la porte et deux étagères. La fenêtre donnait sur une cour aveugle et sale. Peu m'importait, j'étais à Venise...
 
Ensuite, ma situation de garçon d'hôtel officialisée à la questure, on mit à ma disposition un studio, en réalité un magazzino, sorte de grand cellier situé au rez de chaussée des maisons vénitiennes (le fameux piano terrà souvent inondé en cas d'aqua alta). C'était calle delle Spezier, derrière la Strada Nova. Près du Cinéma Italia désaffecté aujourd'hui. Une vieille façade en briques moulées datant du XVIe siècle. Le luxe : une vraie salle de bain (mais où la douche ne fut jamais installée), deux fenêtres sur un jardin plein de fleurs et d'oiseaux. J'y suis resté deux ans. Je devais monter à l'étage, chez la propriétaire pour me doucher... Mon entrée chez le galeriste contemporain Giuliano Graziussi fut l'occasion de mon troisième déménagement. Mon nouveau patron en m'embauchant - au noir évidemment - me loua un appartement rénové sur la fondamenta delle Capucine, loin du centre, au fond de la Venise pittoresque de Cannaregio. Pas un touriste n'y passait jamais. Un petit paradis. J'avais même une cheminée qui fonctionnait. Mon chat Rosa et moi y avons passé des moments merveilleux, l'hiver quand il neigeait. Thé brûlant et Gloria de Vivaldi...
 
le salon de la maison à la Toletta
Ma collaboration ensuite avec Bobo Ferruzzi, le dernier grand védutiste vénitien, dont la galerie était à l'époque là ou se trouve aujourd'hui la boutique de la Guggenheim, me permit de m'offrir un loyer plus conséquent et je changeais de quartier : j'arrivais à Dorsoduro et il n'était plus question de rez-de-chaussée. Je m'installais chez un étudiant en médecine, baba et végétarien, à peine plus âgé que moi, Federico Allegri. C'était au dernier étage d'une vieille maison brinquebalante, au 442, calle Navaro, mon voisin le plus proche était l'architecte De Michelis, le frère du ministre qui venait souvent sur la terrasse à l'aplomb de mes fenêtres et bâtit avec mon jeune chat une amitié très assidue. Mes fenêtres donnaient sur les toits, une grande cuisine campagnarde toute illuminée de soleil, une salle de bain, une grande pièce à vivre, le téléphone. Le sol en terrazzo. Le paradis. J'installais ma table devant la fenêtre et mon chat trouva sa place entre les pots de géranium et de jasmin. Voilà pour le décor de ma vie vénitienne d'étudiant. On y réalisa un film présenté à la mostra, "Sapore del Grano" dont le héros nommé Lorenzo par l'auteur qui aurait souhaité que j'interprète le personnage principal dans la version initiale du scénario. On y voit notre cuisine figée à jamais sur la pellicule dans sa décoration d'alors.
 
Il y eut aussi un épisode de quelques semaines à San Pantalon, un été à Malamocco, à côté de chez Hugo Pratt, où je vécus les plus délicieux moments que je devais jamais vivre avec celle qui devait devenir ma femme quelques années plus tard ; Il y eut, quelques semaines plus tard, l'appartement - qu'après toute cette bohème, je trouvais somptueux - de la cantatrice Margaret Zimmermann. J'aimais beaucoup sa voix et elle me faisait penser à Romy Schneider sans la mélancolie dans le regard...

Avant, avec mes parents, il y avait dans mes premiers souvenirs d'enfance, le calme feutré de l'Hotel Londra. Les visites à la maison de la Toletta qui sentait le chat et le lilas... Plus tard, les soirs compliqués et les nuits étoilées pendant la Mostra du cinéma à l'hôtel Excelsior et grâce à Hervé Guibert, l'Hôtel des bains... Je fréquentais beaucoup d'autres maisons : le palais Clary, siège alors du Consulat Général de France. La jolie maison du juge Gradella et de sa belle épouse dont nous étions tous amoureux, m'ouvrait aussi ses portes et son délicieux jardin situé devant l'Accademia. Giusi Gradella et lui m'accueillirent avec leurs deux splendides filles. Jolis souvenirs aussi dans le délicieux jardin au bord du rio qui longe l'entrée d'eau du Palais Clary, où vivait Liselotte Höhs, , la maman de mon ami Manfred Manera, chez qui je rencontrais l'énigmatique et pétulante Sybille, la fille du poète Peyre de Mandiargues, l'appartement d'Arbit Blatas et de Regina Resnik à la Giudecca où je devais croiser un jour  Rostropovich...
 
La vie n'était pas vraiment difficile. Certes désargenté, j'étais jeune, assez joli garçon, un peu viveur, passionné et perpétuellement amoureux. Mal habillé (ma garde-robe était fort réduite) mais bien élevé, beaucoup de portes s'ouvraient sur le jeune homme de bonne famille seul à l'étranger. C'est ainsi que la vieille Comtesse Marcello m'invita souvent chez elle. Nous bavardions en français qu'elle parlait avec uninimitable accent aristocrate. Il y avait aussi la maison de l'avocat Visentini, qui dirigeait alors le Palais Grassi, le palais de la Comtesse Foscari, grand-mère de mon ami Jacopo, où flottait le souvenir de Lord Byron Je me souviens aussi du charmant casino de la Comtesse Rapazzini, à la Giudecca où j'allais, invité par son fils Francesco, devenu depuis écrivain et parisien d'adoption... Je pénétrais aussi pour des dîners toujours magnifiques au Palais Polignac, chez le duc et la duchesse Decazes, où mon ami, leur petit-fils Roger de Montebello s'interrogeait comme moi sur une possible installation à demeure à Venise. Un jour peut-être malgré  l'hiver... Plus récemment, il y a eu la merveilleuse et décatie Ca'Bragadin ou Caroline Delahaie et son compagnon Gérard accueillaient divinement leurs hôtes. 

Mais depuis toujours, le rêve d'une maison à moi, avec un jardin, dans un quartier tranquille, près d'un canal, me hantait. C'est cette année que j'ai pu le réaliser, trouvant enfin ce que je cherchais. Oh, elle n'est pas totalement mienne, seulement lors de mes séjours vénitiens. C'est une longue histoire. Un grand jardin ensoleillé, une cour avec un vieux puits et six pièces agréablement meublées sur deux niveaux, le tout dans une rue calme, en plein centre, à quelques pas de San Barnaba, non loin de l'Accademia. Le paradis à Venise.
 
il giardino della casa
 

posted by lorenzo at 15:53