Q Coffee
Pinacothèque Querini Stampalia
Calle Larga Santa Maria Formosa, Castello 5252, Venise.
041 271 14 11 caffetteria@querinistampalia.org Ouvert du mardi au samedi de 10 h00 à 23h.45, Dimanche et jours fériés de 10h00 à 19h00.
Fermé le lundi.
Mariagrazia Cassan et Guglielmo Pilla dirigent
avec beaucoup de doigté un lieu devenu assez couru désormais à Venise.
Concept très à la mode de cafétéria-restaurant situé dans la
Querini-Stampalia. Accueillant au début les chercheurs et les étudiants
venus travailler dans la fameuse bibliothèque et le personnel du musée,
il attire de plus en plus de vénitiens et de touristes avisés. Les
lieux sont à la mode, un design sobre qui pourrait être celui de
n'importe quelle brasserie à New York, Londres, Paris ou Milan. Mais on y
trouve quelque chose de plus. Est-ce la proximité des chefs-d'œuvre
conservés dans la pinacothèque ou tout simplement le fait de se situer à
Venise. ? Que ce soit pour une petite pause café, un déjeuner entre
amis, un rendez-vous, c'est un lieu que je recommande. Comme dans leur
autre établissement, Maria Grazia et Guglielmo proposent une cuisine toscano-vénitienne. Aux fourneaux, le chef Gabriele Fiorelli.
La carte des vins est très complète et sans emphase, présente des
trouvailles en provenance des quatre coins du monde qu'on aimerait
pouvoir emporter chez soi, comme dans les meilleurs lieux de la ville.
Une gourmandise (les gâteaux sont faits maison) et
un café entre deux recherches ou après un tour des salles passionnantes
sur l'art vénitien, est un plaisir bien agréable. Le restaurant est
ouvert assez tard le soir. Tramezzinimag vous conseille de commencer par visiter le musée en fin de soirée (la pinacothèque est désormais ouverte jusqu'à 20 heures) et de finir par un dîner au restaurant. Carlo Scarpa et Bellini, Longhi et Mario Botta... Un bel assemblage.
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Concerto italiano
Giuliano Carmignola
Venice Baroque Orchestra
direction Andrea Marcon
Archiv, 2010.
Derrière la sobriété déjà vue de la couverture on s'attend à écouter une autre magistrale interprétation d'œuvres de Vivaldi ou de Marcello. L'excellent orchestre baroque d'Andrea Marcon et le violon magique de l'ami Carmignola nous
réserve ainsi une surprise : des pièces pleines de vie et de joie,
ciselées, virtuoses, extraverties. Bref, de la vraie musique italienne. Domenico D'all'Oglio (circa 1700-1764), Michele Stratico (1728 - après 1782), Pietro Nardini (1722-1793) et Antonio LOLLI (circa 1725-1802) qui sont interprétés sur ce magnifique disque, sont tous contemporains de Vivaldi, de Marcello, de Galuppi, Locatelli, Geminiani. Un très bon disque.
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Ma finale 66
film de Paul Weiland
Avec Helen Bonham-Carter, Marsan, Eddie Marsan, Gregg Sulkin.
Universal Pictures. Grande-Bretagne - 2006.
Nous avions décidé de nous offrir une
soirée-cinéma. Plateaux remplis de sushi et sashimi, de petits
sandwiches au concombre et de tartines de mon pâté de foie de volailles
et projection sur grand écran presque comme au cinéma mais en plus
confortable. Mais le DVD désiré était déjà pris (quelques minutes avant notre arrivée au vidéo-club !), je suis reparti avec ce film sans trop savoir ce que nous allions trouver. Ce fut une agréable surprise. "Ma finale 66" est une comédie anglaise un peu déjantée, très efficace réalisée par Paul Weiland avec beaucoup de doigté et des acteurs géniaux qui sont très convaincants, dans un Londres des années 60. Bernie (Gregg Sulkin), un jeune garçon un peu frustré prépare sa "bar-Mitzvah"
qu'il espère grandiose et géniale. Au lieu de ça, de catastrophe en
catastrophe, la fête sera plutôt loupée jusqu'au coup de théâtre qui
rapprochera l'adolescent de son père (interprété par Eddie Marsan). Un très bon moment dans la bonne tradition du cinéma britannique.
Mary et Max
Film d'animation de Adam Elliot
États-Unis - 2009.
Ce petit film d'animation est du grand cinéma. Une découverte qui nous a époustouflé. Voici ce qu'en a dit avec justesse Pierre Murat, dans Télérama, au moment de la sortie du film en 2009 :
"Elle habite une petite ville
tristouille et marronnasse d'Australie. Lui vit à New York la noire, où
tout le monde fait la gueule, même la statue de la Liberté. Elle vit
avec des parents barges (père empailleur, mère klepto et alcoolo : le
sherry, y a que ça de vrai !). Lui est seul ou presque : est-ce que ça
compte, un ami invisible qui se taille quand bon lui semble, un chat
borgne et un poisson rouge - Henry, neuvième du nom, car il est arrivé
des bricoles aux huit précédents... Mary est moche, Max est obèse. Elle a
8 ans et lui plus de 40. Sauf que tous les deux ressemblent à
d'éternels enfants terrifiés, frustrés de tendresse et fous de
chocolat... Ils reflètent si bien nos angoisses et nos chagrins, ces
deux-là, qu'on oublierait presque qu'ils ne sont pas tout à fait
humains. Car Mary et Max, comme leurs deux cent huit collègues, sont des
créatures en pâte à modeler, issues de l'imaginaire mystérieux et
tourmenté d'Adam Elliot. Après un moyen métrage acclamé, c'est son
premier long, à ce jeune homme, dont on soupçonne qu'il ressemble peu ou
prou à ses personnages (son père était clown-acrobate, éleveur de
crevettes et quincaillier, et Adam dit avoir hérité de sa mère un
tremblement physiologique...). D'un seul coup d'un seul, "Mary et Max"
renvoie à leur médiocrité tous les films d'animation dont on (Hollywood
!) nous abreuve : gros machins moralisateurs et neuneus. Au départ, la
petite Mary trouve par hasard le nom de Max dans un annuaire. Max
Horovitz, quel drôle de nom ! se dit-elle. Elle lui écrit. Il lui
répond. Dès lors, durant près de vingt ans et sans se voir jamais, ils
vont correspondre. Aussi perdus l'un que l'autre, et donc parfaitement
comiques et pitoyables, ils vont affronter brouilles et retrouvailles,
gaffes et regrets. De ces lettres pas vraiment roses, pas toujours
drôles, la vie va surgir, avec son cortège d'espoirs entêtants et de
désillusions féroces. Car Max, que chaque missive et chaque question de
Mary plongent dans le désarroi (« Est-ce que tu connais des filles, Max ? » « Est-ce qu'on ne s'est jamais moqué de toi, Max ? »), va tout subir : l'emprisonnement, l'internement, les électrochocs et, même, incroyable, la chance : « Un débile gagne au Loto »,
titrera alors le journal... Mary, elle, grandit, se marie avec l'amour
de sa vie - un Grec bégayant et, hélas, fan de Boy George -, devient,
grâce à Max, la spécialiste mondiale des maladies nerveuses et des
pathologies obsessionnelles, avant de renoncer brusquement à la gloire
et de sombrer dans la dépression. La scène où - cernée par les sons
inquiétants de "Que sera sera", interprété par Pink Martini,
et ses photos de famille, qui tournoient autour d'elle comme des
menaces - elle tente vraiment d'en finir est un moment de grâce absolue,
un pur bonheur cinématographique et psychanalytique... Paradoxe: tout
est drôle dans ce film sombre. Mais d'une drôlerie acide, grinçante,
dénuée de guimauve. Car la moindre silhouette d'Adam Elliot provoque
en nous un amusement attendri : Max et le pompon rouge posé sur sa
kippa, mais aussi l'incroyable mère de Mary, avec ses grosses lèvres de
vamp défraîchie, la vieille petite voisine ridée de Max, suffisamment
miro pour faire bouillir le pauvre Henry IX dans son bocal. Sans oublier
le psy - l'incroyablement moustachu Dr Hazelhoff - ni, au bas de
l'immeuble de Max, son clodo détesté, rivalisant de formules inventives
pour provoquer la pitié des passants indifférents... Loin de nous
plomber, cet hymne aux solitaires, aux paumés, aux doux-dingues -
nettement moins fous que les gens dits normaux, au demeurant - rassure :
ouf, il existe donc encore, de par le monde, des créateurs aussi doués
qu'Adam Elliot
pour savoir peindre la misère humaine avec une telle ferveur et mêler
aussi bien l'insolence à la magie... Car, dans le ciel au-dessus de la
maison australienne de Mary, brille une lune à la Méliès. Et dans le New-York de Max, l'ombre fugitive d'Audrey Hepburn, échappée de "Diamants sur canapé", semble attendre le taxi qui la déposera, à l'aube, devant les vitrines de Tiffany's... Ce film est une merveille."