05 novembre 2006

Exposition Missa Yoshida, Galeria Graziussi, Venise 1984


J'ai retrouvé ce soir des photos qui me font chavirer plus de vingt ans en arrière... C'était la première exposition qu'il m'avait été donné d'organiser à la galerie près de la Fenice. Giuliano Graziussi, le galeriste invitait Missa Yoshida, la compagne japonaise de son ami sérigraphe,. Il m'avait donné carte blanche. Son installation m'avait beaucoup plu : une immense bande de gaze, pareille au tissu qu'on utilise pour les voiles de mariées, sur laquelle elle avait peint au gesso des colonnes et des formes architecturales. Sobriété toute japonaise et en même temps hommage à la civilisation occidentale et en particulier à son ascendance romaine.

 
La photo ci-dessus montre un bout de l'installation. A gauche l'artiste et votre serviteur, Agnès Calvy, et Massimo un ami compositeur descendant de Casanova attendant les invités. Nous avions décidé avec l'artiste de recevoir les invités avec simplement du saké. Cela changerait des éternelles coupes de prosecco et des petits fours. Lorsque la foule des invités se pressa comme à l'accoutumée, ils furent assez surpris par ce qui était exposé bien sur mais aussi par la sobriété du cocktail : des bouteilles de saké et des centaines de petits verres.

 

Le soir, un dîner réunissait les personnalités que Giuliano m'avait chargé d'inviter, les artistes, les gens de la Biennale, les journalistes et les habitués de la galerie. Ce fut un dîner traditionnel. J'avais chois cette trattoria près du Rialto où on sert un délicieux cochon de lait. Il y avait une soixantaine de convives. Un ensemble de jeunes chanteurs anima la soirée avec des airs de musique ancienne (j'ai déjà parlé d'eux dans un précédent post).
  
Le peintre Ludovico de Luigi entre Carla Graziussi et Agnès Calvy, la fille du consul de France d'alors, le sympathique Christian Calvy, à qui je dois énormément et sans qui ma vie vénitienne n'aurait jamais pu être ce qu'elle fut.

04 novembre 2006

Acqua granda : 40 ans après la catastrophe de 1966

Il y a 40 ans, le 4 novembre 1966, de fortes marées poussées par des vents terriblement forts accopagnés par des pluies incessantes, envahirent la lagune, inondant Venise et toutes les îles des environs comme jamais auparavant elle ne l'avait été. La ville porte encore aujourd'hui les cicatrices de cette catastrophe.

"Le ciel s'était fait gris, avec une lumière très particulière, comme un soir d'orage. les nuages très noirs s'avançaient et soudain, dans un grondement infernal, la mer passa par-dessus les Murazzi et en quelques minutes Venise fut inondée. A la Marciana, les manuscrits et les ouvrages précieux flottaient parmi les tables, la violence des flots renversa les gondoles et les embarcations sur le bord des canaux. C'était comme si tout allait être englouti" me disait cette vieille dame. Elle avait juste quarante ans à l'époque et même si on savait qu'il y aurait une acqua alta, personne n'imaginait ce que serait cette catastrophique journée. "Au début les jeunes sont sortis pour voir, s'amusant à l'idée d'aller en barque sur la piazza ou à San Bartolomeo. Il n'y avait rien d'ouvert, plus rien ne fonctionnait. On a eu très peur. Une vision d'apocalypse"...
Des centaines d’œuvres d'art, quasiment tous les monuments de la ville furent endommagés et c'est ainsi que s'éveilla la conscience du monde : il fallait sauver Venise... Enfin ! 40 ans après les intérêts divergents s'affrontent toujours, Maire et Président de la Région en tête, alors qu'à Rome, on hésite : personne ne sachant plus si le projet MOse sauvera la ville ou s'il n'est qu'une gabegie de plus. En l'espèce, aucun expert aujourd'hui n'est formellement capable de dire si ces travaux pharaoniques seront efficaces ou pas. Il n'y aucune étude alternative et les spécialistes du monde entier s'opposent. En tout cas, à la vue de ces photos qui font mal et qui font peur, il parait évident qu'il faut faire quelque chose.

02 novembre 2006

The winter chills in color...

 
Une image ordinaire de la Venise ordinaire, sur "Vincent" (*) la très belle chanson de Don Mc Lean, une merveilleuse mélodie qui résonne ce matin dans la maison et exprime bien notre état d'âme ici devant tant de beauté, devant cette lumière incroyable et cette douce mélancolie qui nous prend lorsque déjà nous devons songer à repartir...

Starry starry night
paint your palette blue and grey
look out on a summer's day
with eyes that know
the darkness in my soul.
Shadows on the hills
sketch the trees
and the daffodils
catch the breeze
and the winter chills in colors
on the snowy linen land.
And now I understand
what you tried to say to me
how you suffered for your sanity
how you tried to set them free.
They would not listen
they did not know how
perhaps they'll listen now.
Starry starry night
flaming flo'rs that brightly blaze
swirling clouds in violet haze
reflect in Vincent's eyes of China blue.
Colors changing hue
morning fields of amber grain
weathered faces lined in pain
are soothed beneath the artist's loving hand.
And now I understand
what you tried to say to me
how you suffered for your sanity
how you tried to set them free.
perhaps they'll listen now.
For they could not love you
but still your love was true
and when no hope was left
in sight on that starry starry night.
You took your life as lovers often do;
But I could have told you Vincent
this world was never meant
for one as beautiful as you.
Starry starry night
portraits hung in empty halls
frameless heads on nameless walls
with eyes that watch the world and can't forget.
Like the stranger that you've met
the ragged men in ragged clothes
the silver thorn of bloddy rose
lie crushed and broken on the virgin snow.
And now I think I know
what you tried to say to me
how you suffered for your sanity
how you tried to set them free.
They would not listen
they're not list'ning still
perhaps they never will.
.
* Chanson composée par Don Mc Lean et dédiée à Vincent Van Gogh, devenue un peu l'hymne officiel du musée Van Gogh d'Amsterdam. C'est notre item à Venise.

Rentrer chez soi à chaque fois...



 
Philippe Sollers, à propos de la première fois qu’il vit Venise :
"Je sais, d’emblée, que je vais passer ma vie à tenter de coïncider avec cet espace ouvert, là, devant moi… C’est un mouvement bref de tout le corps violemment rejeté en arrière, comme s’il venait de mourir sur place et, en vérité, de rentrer chez soi."
Je n'aime pas particulièrement cet auteur, pourtant bordelais comme moi. J'ai trop d'affection et d'admiration pour Jean René Huguenin (fondateur avec Sollers et Jean Hedern Hallier de Tel Quel), qui disait de lui (dans son journal) :
"[...] Sa passion se contemple trop elle-même. Elle n’est pas assez incarnée, héroïque. La mienne repose sur le sacrifice, la sienne sur le plaisir - il a le sacrifice en horreur. Il lui manque quelque chose, un poids, du tragique, un rêve, son intelligence éclaire tout, elle ne respecte pas ces grands repaires d’ombre où notre mystère se tapit, il explique trop ; il n’inquiète pas. Il est lisse et lumineux, et on a l’impression que son bonheur ne cache pas de blessures, c’est un bonheur propre et sans charme, dur comme un bonheur d’enfant. J’aime mieux les êtres qui saignent. J’aime les forts, bien sûr, mais pas tout à fait les forts. J’aime les forts au regard tremblant tremblant d’amour..."
 
Mais ce que Sollers écrit de Venise est indéniablement parfait et puis, à ma connaissance, Huguenin n'a jamais écrit sur Venise ou peut-être même n'a-t-il jamais eu le temps de visiter la Sérénissime et de noter ses impressions.

01 novembre 2006

L'Europe du goût est bien celle que je préfère...


4 commentaires:

Choubine a dit…
Quitter Venise, je sais bien comme c'est difficile...
Roseline a dit…
et la recette de la bacala mentecato ? J'ai gouté aussi un jour des beignets de bacala pourriez vous nous en communiquer la recette ? Merci pour votre blog c'est chaque fois un enchantement que de vous lire et les photos sont belles.
lorenzo a dit…
c'est difficile mais combien est heureux le retour à chaque fois !
danielle a dit…
Pourquoi ces allers-retours, sont-ils impératifs ?
Merci pour votre blog, pour les souvenirs de la morue que préparait ma belle-mère juste pour moi.
Merci encore pour " HUMEURS ET MOEURS ", mon mari a lu avec intérêt l'article concernant Paypal qu'il utilise pour ses ventes de timbres.
Il pleut, il vente sur la Touraine, je continue ma visite.