07 avril 2007

Clin d'oeil

Lu sur la vitrine d'une osteria dont le patron est plein de cet humour vénitien toujours grinçant et caustique : "La Pizza nous ne savons pas la faire pour la bonne raison que nous sommes trop bouchés pour apprendre".

06 avril 2007

La pointe de la douane revient à Pinault

Joli cadeau de Pâques pour la Fondation Pinault dirigée par Jean-Jacques Aillagon : parmi les œufs en chocolat, l'attribution par la Commune de la gestion et de l'utilisation des entrepôts de la Pointe de la douane est un évènement retentissant.

Le Palais Grassi l'a donc emporté après moultes péripéties devant la Fondation Guggenheim dont la présence "historique" à Venise est pour le première fois remisée au second plan. C'est la réponse au "Where are we going ?" qui était le titre de l'exposition inaugurale du Palais Grassi refait par Tadao Ando. C'est aussi l'illustration de "La joie de vivre" (exposition qui vient de se terminer sur Picasso). Mais c'est surtout un évènement pour le monde de l'art. Événement aussi pour nous français, qui devenons ainsi par le biais de cette donation privée dirigée par un ancien ministre de la Culture, un des piliers de l'activité culturelle vénitienne. 

Et comme tout ce qui se déroule à Venise devient par la force des choses, valeur universelle, la présence culturelle française à Venise en se déployant sur les 2500 m² de la pointe de la douane, après la reprise du Palais Grassi, après la marque insufflée au fil des années par les intervenants français à la Biennale, montre le respect et l'estime que l'on nous porte. Bien sûr, l'idée un peu trop folle et généreuse de Massimo Cacciari, le maire-philosophe, de réunir les deux fondations dont les collections se complètent aurait permis d'établir un projet grandiose en présentant le plus grand inventaire de la création contemporaine des années 20 à nos jours. Des questions de gros sous, de prestige et d'orgueil, ont empêché ce projet d'aboutir. La guerre n'aura peut-être pas lieu entre les deux organisations, l'américaine et la française. 

Pour l'amateur d'art, pour le simple visiteur, il n'y a que du bonheur : Venise devient, à quelques heures de toutes les capitales de l'Europe, le plus grand centre d'art contemporain au monde sous la férule de deux des plus dynamiques fondations d'art moderne. Réjouissons-nous, c'est peut-être le signe de la résurrection de la Sérénissime. Venise prouve ainsi qu'elle ne reste pas figée dans un immobilisme patrimonial qui risquerait de faire de la plus belle ville du monde un disneyland sans vie véritable. Place à la création, à l'innovation et à l'audace ! Joyeuses Pâques à tous !

02 avril 2007

La saison a débuté dimanche au Lido.

Cette fois, ça y est, l'hiver n'est plus qu'un souvenir. Ce n'est pas le retour des hirondelles qui nous permet de dire cela,mais l'ouverture des grands hôtels du Lido. Traditionnellement leur réouverture au début du printemps marque la fin de la mauvaise saison. Les vénitiennes vont bientôt remiser leurs somptueuses fourrures au placard. l'Hôtel des Bains et l'Excelsior sont ouverts. Les capanne (cabines de bains) de leurs plages sont pratiquement toutes déjà louées - à prix d'or - et ce jusqu'en octobre prochain. Pour le prix d'un appartement sur Park avenue vous pouvez disposer d'une de ces baraques de toile rayée au bord de la plage où vous pourrez vous prélasser entre deux bains, en bénéficiant du service impeccable des garçons de plage stylés. Mais, bien qu'ouvertes, les plages ne sont pas encore très fréquentées. Les premiers bains sont pour le mois de mai, voire mi-juin. En attendant, l'eau reste un tantinet fraîche mais si cela vous tente...

01 avril 2007

Pas doute, le printemps est là...

 
Tout semble dormir encore mais Derrière le calme apparent, la ferveur peu à peu se ressent. La belle saison, enfin, est de retour. L'air s'est fait plus doux, la lumière plus ample. Venise redevient elle-même. Le touriste moyen, celui qui ne fait que passer de Rialto en palais des doges ne voit rien, mais vous, les fous amoureux de la Sérénissime, tendez l'oreille, ouvrez l'oeil, respirez amplement et vous sentirez ce dont je veux parler : Le doux printemps de Venise n'est pas une invention de poète. 
 
 
Toutes la gamme des couleurs qui dansent en reflet sur l'eau verte des canaux ne peut laisser personne indifférent, le parfum des fleurs qui envahissent l'atmosphère et cette douce chaleur qu'un vent léger vient adoucir. 
 
 
La glycine de notre jardin embaume jusque dans la rue. A cet odeur subtile qui suit le passant partout dans la ville se mêle, les odeurs des étals de fruits, le fumet des brioches aux devantures des pâtisseries. La brume du matin est devenue légère. Le jour se lève sur un ciel sans nuage. C'est la saison que je préfère ici. Tout semble chanter et chacun parait joyeux.

27 mars 2007

Quand Venise se contente de se souvenir d'elle-même...


"[...] où que j'aille aujourd'hui, je suis sûr d'arriver cinq minutes trop tard sur les lieux et de n'y rencontrer que la mémoire impersonnelle du désastre, le ciel et l'eau encore rejoints qui se souviennent pour un instant encore d'une ville engloutie, avant de se défaire et de s'éparpiller en pure gerbe d'espace. Comme je vais me sentir superflu, moi, seul présent au milieu de l'universelle désuétude avec un gros risque d'éclater comme ces poissons des abîmes qu'on tire à la surface, car nous sommes habitués à vivre sous une pression infinie et ces raréfactions ne nous valent rien. Il y a des jours comme ça, ici : Venise se contente de se souvenir d'elle-même et le touriste erre, désemparé, au milieu de ce cabinet fantastique dont l'eau est le principal mirage."

Jean-Paul Sartre, extrait de Venise de ma fenêtre.

25 mars 2007

TraMeZziniMag Galerie : La Venise d'Antonio Baldi

J'ai le plaisir de vous présenter dans la Galerie ce mois-ci une série de photographies de : Antonio Baldi
 

Ce jeune vénitien a l’œil acéré des grands amoureux de Venise, de la couleur et des reflets. Il possède un vrai regard et l'usage qu'il fait des techniques modernes permet au visiteur une promenade dans une Venise intimiste et authentique. Contemporaine. Une vision qui fait la part belle à la poésie et parfois à l'humour, dans la lignée de Vanni de Conti ou de Fulvio Roiter. Un jeune talent comme nous les aimons à Tramezzinimag.




































24 mars 2007

Albrecht, Leonardo et les autres

Dürer, on l'a vu, vint deux fois à Venise. Nombreux furent les artistes qui y sont venus, qui s'y sont installés et dont l’œuvre en a été changée. Léonard de Vinci travailla à Venise. on sait que le 3 mars 1500, il était chez le facteur d'orgue Lorenzo Gugnasco à qui il montra le portrait au fusain de la belle Isabelle d'Este qu'il venait de réaliser à Mantoue. Il était accompagné par son ami, le mathématicien Fra Luca Pacioli précurseur de la comptabilité moderne, qui était déjà relativement célèbre à Venise après un cours de géométrie qu'il donna dans l'église San Bartolomeo et qui attira de nombreux intellectuels de la ville. Son traité des proportions servit beaucoup à Léonard qui illustra l'édition vénitienne de ses œuvres. On a tellement de détails sur les journées de Léonard à Venise qu'on pourrait presque écrire le journal de sa vie vénitienne. Le vin bu en compagnie du Capitaine de galère Alvise Salomon, Provéditeur de San Marco qui se rendit célèbre dans la lutte contre les turcs qui expliqua à l'artiste ses théories de stratégie navale, le connétable de la République à de Ravennes Marco da Rimino, le chanoine des Sti apostoli, un certain Stefano Chigi, le juriste Antonio Frisi, garde des sceaux du doge, et le fameux Fra Giocondo archéologue et féru d'antiquités qui fut l'un des plus grands architectes civils et militaires de l'époque.

L'écrivain Diego Valeri a laissé un compte-rendu des séjours du peintre tellement détaillé qu'on croirait lire le scénario d'un film documentaire. Quelle période extraordinaire où les esprits les plus brillants du moment mettaient en commun leurs intuitions et leurs réflexions pour éclairer l'humanité. Le Sénat de Venise ne s'y trompait pas qui accueillait à bras ouverts ces jeunes savants, artistes, penseurs et philosophes qui en faisant sortir l'humanité de l'obscurantisme médiéval (cela serait à nuancer) pouvait servir les intérêts de la République.

 
C'est ce qu'exprime ce tableau représentant le célèbre moine mathématicienen train de travailler. Mystérieuse peinture dont on ne sait pas grand chose. Le jeune homme aux longs cheveux frisés et aux vêtements soignés passait pour être Léonard de Vinci au moment où les deux hommes livrèrent à l'éditeur les épreuves du fameux traité de mathématiques en même temps qu'ils donnaient des conférences révolutionnaires. Mais aujourd'hui puisqu'on est certain que l'auteur de ce tableau n'est autre que Jacopo da Barbari, le jeune homme au second plan est certainement Albrecht Dürer qui s'intéressa lui aussi aux travaux de Fra Pacioli. 
 
En revanche on s'accorde toujours pour dire que le volume en verre ou en mica au premier plan, appelé polyhèdre pour faire savant à mon tour, aurait été peint par Léonard de Vinci qui se rendit plusieurs fois dans l'atelier de Barbari. C'est d'ailleurs à Venise qu'il commença sa fameuse Sainte Anne avant de repartir pour Milan et Florence. 
 
On voit combien tout ce petit monde de la Renaissance évoluait ensemble, se stimulant par leurs travaux communs mais aussi leurs parties de plaisir. on imagine ainsi ces jeunes gens se promener en barque sur les canaux, rendre visite à leurs aînés dont ils venaient entendre l'enseignement, sachant faire les courtisans quand il le fallait parce que sans les grands, les puissants leur art, leur science, leur recherche n'étaient rien. Imaginez combien Venise devait être animée : les artistes dans leurs boutiques, les savants dans leurs salles d'étude, les imprimeurs devant leurs presses, les moines dans les bibliothèques recopiant les antiques et les riches marchands ramenant sans cesse de nouveaux documents, des pièces uniques d'archéologie, et les jeunes femmes séduites par tous ces beaux esprits qui participaient souvent aux réunions savantes et illuminaient les bals de leur rayonnante beauté.

22 mars 2007

un corps transparent d'elle...

 
Rainer Maria Rilke, sur une amie vénitienne :"C'est une âme toute vibrante dans un corps transparent d'elle, un être sensible comme une fleur et profond comme un miroir ou de loin se mire un ciel plein d'étoiles..."
 
Ce texte m'est revenu en mémoire et j'y associe depuis toujours ce beau portrait d'une jeune vénitienne inconnue peint par Dürer pendant son séjour en Italie, lorsqu'il étudiait la manière de l'atelier Bellini. On dit aujourd'hui qu'il s'agirait en fait de l'épouse du peintre. Mais là n'est pas mon propos. Je voulais seulement vous parler d'une belle exposition qui est actuellement présentée au Museo Diocesano de Venise, dans le sublime cloître de San Apollonia, jusqu'au 30 juin. Entièrement consacrée à l'oeuvre gravée du Maître de Nuremberg, le génial Albrecht Dürer dont les liens avec Venise furent très forts et se ressentent dans bon nombre de ses œuvres. Il fit à Venise deux séjours. Il existait alors dans la Sérénissime une guilde de marchands de Nuremberg qui formait une des nombreuses ramifications de la colonie allemande installée au Fondaco dei Tedeschi au Rialto. Dürer fut appelé par eux pour décorer une des chapelles de l'église San Bartolomeo qui était leur paroisse. Ce fut le polyptique de la Fête du Rosaire. Il réalisa certainement d'autres toiles pour les riches négociants allemands qui financèrent sa venue. 
En 1494, le peintre rencontra Jacopo de Barbari qui lui apprit l'art des proportions humaines et animales, notamment celles du cheval dont Dürer se servit beaucoup dans ses gravures. Ils travaillèrent ensemble, furent souvent en concurrence et on hésite beaucoup aujourd'hui dans l'attribution de la fameuse carte de Venise conservée au Musée Correr. Ne serait-elle pas de Dürer plutôt que de Barbari ?
Le travail de Dûrer sera définitivement transformé par ses séjours vénitiens. Il y travailla beaucoup la représentation des bêtes et notamment des lions et des crabes, et des "mystérieuses créatures marines", animaux réels ou mythiques très présents dans la cité des Doges. Scènes païennes ou religieuses, les gravures de Dürer sont toutes splendides, raffinées et parlantes, d'un modernisme qui n'a pas cessé d'étonner.


21 mars 2007

Les Présidentielles françaises à Venise

Les 22 avril et 6 mai 2007, le peuple français élira le Président de la République. Pour cet événement majeur de la vie démocratique française, Venise a été retenue comme bureau de vote décentralisé. Pour les français qui ont le bonheur d'être exilés en Vénétie, les bureaux du Consulat seront ouverts de 8h à 18h. Moi qui préside depuis des années un bureau de vote à Bordeaux, que ne donnerai-je pour avoir les mêmes fonctions à Venise !

Pour tous renseignements, les français de Venise sont invités à consulter le site du Quai d'Orsay : http://www.diplomatie.gouv.fr, à la rubrique "élections du Président de la République 2007", ou directement le site du Ministère de l'Intérieur : http://www.interieur.gouv.fr
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L'adresse du Consulat (devenu hélas un simple consulat honoraire) de France à Venise : Calle del Pestrin, Castello 6140 (à proximité du Campo Santa Maria Formosa). Pour y parvenir, arrêt de vaporetto Rialto, prendre la direction de Santa Maria Formosa, puis la Calle Santa Maria Formosa en partant du Campo, la première ruelle à gauche est la Calle del Pestrin.