17 mars 2007

17 mars 2007 Clichés d'un quotidien ordinaire dans un monde magique (2)

Quelques images de Venise et de vénitiens au quotidien pour ne pas oublier qu'on vit à Venise comme n'importe où ailleurs. Seulement ici, l'ordinaire, la banalité des jours se déroulent dans un décor unique ; un univers de beauté mais aussi de sérénité impensables ailleurs dans les autres villes du monde moderne. Cette ville où "les lions volent et où les pigeons marchent"... 


16 mars 2007

N'est-ce pas la douceur du printemps qui revient ?


Il y a dans l'air depuis deux ou trois jours quelque chose de différent. Une impression de légèreté. La lumière semble plus joyeuse. Les oiseaux ne s'y trompent pas qui chantent à qui mieux mieux dès l'aube. Le ciel parait plus haut. Tout est paisible. La brume du matin ne nous pénètre plus de sa fraîcheur incisive, elle se fait caressante et tiède dès les premiers rayons du soleil. Les reflets de l'eau ont pris des couleurs plus vives, les façades semblent sourire. C'est indubitablement la fin de l'hiver et Venise s'étire, baille et s'ouvre comme le regard d'un enfant qui s'éveille, tout engourdi encore des rêves de la nuit.

15 mars 2007

Et si on y allait ?

A force de recevoir des messages de personnes désirant organiser un voyage "différent" à Venise, à force d'entendre dans des dîners des gens me dire "quand est-ce que nous allons à Venise avec vous ?" ou "nous viendrions bien chez vous à Venise, avec vous ce serait tellement différent", je pense que l'ouverture d'une agence de renseignements et de voyages va finir par devenir nécessaire !

Mais je ne suis pas certain de pouvoir assumer la totalité des demandes. Ainsi, dans un premier temps, et depuis longtemps maintenant, j'ai pris l'habitude de donner des adresses et des conseils. Je sens bien que cela ne suffit pas aux gourmands toujours inassouvis comme je le fus trop longtemps moi-même. Mais la demande ne diminue pas... Alors, je réfléchis aux moyens de mettre en place des séjours "privés", soit en ouvrant notre maison à des hôtes payants, soit en organisant de véritables séjours à thème... 

Une association ? Un club des fous de Venise ? Je ne veux en aucune manière devenir un voyagiste clandestin - ni officiel non plus d'ailleurs - mais je voudrais faire partager ma passion et mes lieux favoris. Entre amis. Ça vous tente ? Ecrivez-moi.

14 mars 2007

La vie vénitienne.

Pendant mes années étudiantes, j’ai habité dans deux quartiers de Venise, opposés et pourtant semblables : Canareggio le populaire et Dorsoduro l’aristocrate. Il faut dire qu’à Venise, comme autrefois dans toutes les villes d’Europe, riches et pauvres, notables et petit peuple, se côtoyaient sans cesse.

A part le ghetto juif, et les grands palais abritant souvent plusieurs générations de familles patriciennes, les immeubles de tous ces quartiers étaient occupés en même temps par des artisans, des commerçants, des fonctionnaires, des artistes. C’est encore – pour combien de temps – le cas dans mes deux quartiers de prédilection. A Cannaregio, j’ai vécu mes premières semaines vénitiennes sur la Fondamenta delle Guglie, à deux pas de la Lista di Spagna. Puis calle dell’Aseo, derrière le ghetto, puis à San Girolamo, sur la Fondamenta Coletti, après un court passage à Malamocco, à côté de chez Hugo Pratt.

Après quelques années j’ai changé de sestiere pour me retrouver colocataire dans l’appartement que j’ai le plus aimé, calle Navarro, entre les Zattere et la Guggenheim pour simplifier. Et puis, il y a maintenant la maison de la Toletta. Pourquoi cet attrait finalement ? La vie n’était pas particulièrement facile. Je manquais d’argent, j’étais souvent seul en dépit d'un va et vient incessant. Il y avait en fait cette fascination dont je vous ai déjà parlé qui me poussait presque chaque nuit à arpenter les rues de la ville en écoutant le Magnificat de Vivaldi. Il y avait les longues stations à la terrasse du Cucciolo (devenu le très chic restaurant de la Calcina) où nous refaisions le monde entre copains, les virées aux plages du Lido avec une serviette et un livre, les découvertes et les grandes émotions, comme le cimetière juif du Lido justement, avec ses tombes armoriées au milieu des herbes et ses grands cyprès, les îles abandonnées où nous aimions passer de longues soirées à observer les étoiles, les déjeuners à Torcello, les visites aux moines de San Francesco ou du Lazaret… Un décor parfait pour des années d’apprentissage.

Quand j’y reviens aujourd’hui, je sens bien que quelque chose à changé qui ne vient pas de mon regard. La ville est envahie à chaque moment de l’année, les mentalités aussi. Qui disait "Venise autrefois peuple de marchands, aujourd’hui peuple de boutiquiers" ? Tout semble pesé, ordonné, décidé ou abandonné à l’aune de l’argent des touristes. Les boulangeries, les merceries, les boucheries, les marchands de fruits ferment les uns après les autres pour laisser la place à des boutiques de souvenir de plus en plus achalandés avec des produits typiquement vénitiens manufacturés en Chine ou en Corée. Des régiments entiers de jeunes africains proposent des faux Vuitton aux gogos de tous âges le long des itinéraires touristiques obligés et les prix du savon comme du pain sont les plus élevés de toute l’Italie. La plupart des vénitiens sont obligés de fuir le centre historique où ils sont nés pour les HLM de Mestre ou de Marghera. Heureusement, l’âme de Venise demeure entière dans l’esprit de tous ceux qui servent le tourisme pour survivre : le dialecte reste intouchable du commun des barbares, les usages demeurent sacrés et il y a chez le vénitien une manière extraordinaire de ne pas voir le touriste qui le sauve de la dépression.

Allez vous promener en fin de matinée près de Zanipolo, calle Barbaria delle Tolle par exemple, ou même sur la strada Nova. Les ménagères qui bavardent, les retraités qui s’installent pour boire un verre, les enfants qui rentrent de l’école, tous sont là, s’exprimant dans cet idiome un peu rude que le touriste ne comprend pas et c’est comme si vous, le visiteur juste de passage, en short et l’appareil photo en bandoulière, la casquette américaine vissée à l’envers sur la tête, vous n’existiez pas. Leur regard vous traverse. Vous ne gênez même pas. Vous ne faites que passer. Bien sur à votre place au même endroit il y aura dans une minute, une heure, un jour, un autre touriste, mais cela ne changera rien à la volonté de survivre ou simplement de bien vivre du vénitien. C’est cela qui pour moi en fait, fait le charme de la ville. Gigantesque monument témoin d’un passé somptueux, Venise est aussi la patrie de milliers d’individus à qui chaque recoin, chaque pierre, chaque espace appartient en propre. Nous devrions nous excuser lorsque nous les rencontrons comme on s’excuse de déranger quelqu’un pour passer. Et puis ce qui me réjouit aussi depuis toujours c’est l’extraordinaire faculté d’assimilation du vénitien. 

Quand j’habitais près du pont des Guglie, je vous ai déjà raconté l’anecdote du petit boulanger Paolino qui après trois mois me rencontrant chaque jour me saluait comme un voisin de toujours et m’offrait souvent une brioche. A San Girolamo, il y avait un petit vieux sur sa chaise, ancien serrurier je crois, qui me saluait tous les matins et me faisait la causette. Il me parlait de gens que je n’avais pas connu et un jour s’en rendant compte, il me dit "Oh c’est vrai j’oubliais que tu n’es pas né ici, mais j’ai bien connu ta grand-mère, elle aurait dû t’en parler !" et j’étais ainsi assimilé. A Dorsoduro le marchand de fruits m’appelait depuis sa boutique (j’habitais au troisième étage) : "Lorenzo, tu veux des pêches, elles arrivent de Pellestrina, je t’en garde ou pas ?". Quand j’ai déménagé, c’est un jeune voisin qui m’a spontanément proposé sa barque pour transporter mes affaires. Il m’est arrivé aussi un jour de grève de voir un bateau se détourner de son chemin pour m’amener au Lido parce que le pilote m’avait croisé plusieurs fois en rentrant chez lui… Toutes ces attentions, cette gentillesse, cette bienveillance font partie du caractère vénitien. Il ne faut pas laisser le tourisme de masse et l’esprit Disneyland détruire cela. Pensez-y à chaque fois que vous foulez le sol de Venise ! Et si vous le pouvez, ne restez pas un simple visiteur. Parlez avec les gens, excusez vous de ne pas bien comprendre ce qu’ils disent. Évitez de les photographier comme les indiens d’une réserve et respectez leur vie en restant discret. 

Plus que tout adaptez-vous à leur mode de vie, allez aux endroits où ils vont au moment où ils y vont. Si vous le pouvez, préférez une chambre chez l’habitant ou un appartement plutôt que l’hôtel. Faites votre marché, achetez le journal local, ne resquillez pas sur le vaporetto et respectez les usages : ne vous arrêtez jamais en plein milieu d’une rue passante, gardez votre droite, laissez passer les portefaix avec leurs lourds chariots. Dans le bateau, éloignez-vous des rambardes avant chaque station, il y a des gens pressés qui travaillent ; sur le traghetto, laissez les dames s’asseoir et vous, messieurs, restez debout... 

Voilà plein de petits conseils qui rendent la vie plus facile. Mais j’ai bien conscience que tout cela est vain. La ville est entre les mains des barbares qui l’envahissent chaque jour de l’année maintenant. C’est pourquoi, faisant partie des privilégiés qui peuvent encore habiter à l’intérieur du centre historique, j’ai comme la plupart des vénitiens résidents permanents, la tentation de m’enfermer derrière les murs de mon jardin, sous ma glycine et de ne plus prendre que les raccourcis que les touristes ne connaissent pas afin de les éviter le plus possible… 


04 mars 2007

A Venise avec Artesia

Bon, pour ceux qui restent - comme je le suis - totalement, absolument, indubitablement adeptes du chemin de fer, il y à Artesia, la compagnie franco-italienne (alliance de la SNCF avec Trenitalia) assurant la navette deux fois pas jour entre Paris et Venise et vice-versa...
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le seul moyen de bien voyager par le train à destination de Venise tant que de sottes considérations dénuées de tout sens poétique et de cette capacité d'émerveillement qui rend le monde tellement plus beau, n'ont pas mis fin à cette ligne, le meilleur moyen donc reste ce train de nuit qui part de la gare de Bercy (hé oui, cette hottible gare de triage qui fait froid dans le dos) et non plus de la merveilleuse gare de Lyon.

Départ peu après 20 heures. Un steward vous indiquera votre cabine. Que vous soyez en première classe ou en seconde, c'est quasiment pareil, l'accueil est tout aussi sympathique. Vous vous sentez toujours attendu. Bien sûr les cabines de wagons-lit ont quelque chose en plus. Ne serait-ce que le moelleux de la banquette et le lavabo pliant avec l'eau chaude, savonnettes et serviettes blanches impeccablement empesées. Les couchettes de seconde sont propres, cossues et vous y trouverez comme en première une bouteille d'eau, le steward vous proposera une boisson et le petit-déjeuner pourra vous être servi au lit si vous le désirez.
Mais le must dans ce train, c'est le wagon-restaurant. Une vraie voiture restaurant avec de vraies serveuses, de vraies nappes et de vraies fleurs dans les vases. Vous êtes assis par quatre, face à face, perpendiculairement à la vitre et au paysage qui passe. Un plaisir devenu tellement rare. Le menu (italien) composé de plats italiens est la meilleure introduction à des vacances italiennes ! De retour dans votre cabine, en famille ou avec des amis, la soirée pourra se poursuivre en commandant un verre de champagne (du prosecco en fait mais qui n'est pas mauvais). La nuit sera douce avec un arrêt assez long du côté de Domodossola et au matin, vous pourrez prendre votre petit déjeuner au restaurant ou vous le faire porter dans la cabine. personnellement, je me contente d'un jus de fruit ou d'un morning tea, car ni la confiture ni les viennoiseries proposées sont vraiment bonnes. Mieux vaut un bon petit déjeuner vénitien en arrivant à la gare : cappuccino et cornetti. (surtout ne commandez pas le petit déjeuner continental proposé par le buffet de la gare, il est cher et le pain n'est pas terrible, la confiture industrielle).
 
Voilà mon point de vue sur le voyage en train à la demande d'une lectrice qui a déjà pris le Paris-Florence et en a été terriblement déçue (sur cette ligne-là, ce sont les français qui gèrent la restauration et c'est donc une voiture bar où ne sont servis que des sandwiches infâmes, des quiches caoutchouteuses et des cafés en gobelets de plastique le tout dans une humeur renfrognée et à des prix de fous !). Qu'elle ne s'inquiète pas, le Paris-Venise vaut encore la peine. Pour vous renseigner, contactez Artesia au 08 36 35 35 35. 
Il y a deux allers et retours quotidiens. Le prix en wagons-lits T2 l'Aller-Retour est à partir de 130 € par personne. En seconde dans des cabines italiennes très confortables et totalement insonorisées conçues pour 4, le prix par personne commence à 90 €. il y a parfois des billets "Prem's" disponibles à certaines dates mais il faut être disponible lorsque l'aubaine se présente. L'aller simple coute alors 60 € ! Mais attention, ne vous y prenez pas au dernier moment, c'est complet presque chaque week end et pendant les vacances scolaires.

03 mars 2007

Venise en noir et blanc


Clichés d'un quotidien ordinaire dans un monde magique


Sur une chanson de Doris Day, "It's magic" (1948)

Et pourtant le printemps arrive...


 
"L'ano nóvo more veneto
el taca l' 1 de marzso 
e'l finise el febraro che vien."
 
Saviez-vous que jusqu'à l'iconoclaste invasion de Bonaparte le génois et des troupes françaises qu'il commandait, Venise avait un calendrier différent du nôtre ? 
En effet, jusqu'à la fin de la Sérénissime, l'année commençait à Venise le 1er mars. Ce "capodanno" unique donnait lieu à de grandes festivités, rappelant la fondation de la ville. La traditionnelle fête appelée ici "xe brucia la vecia" ("on brûle la vieille") ne fait pas allusion, contrairement à ce l'idée répandue, à une vieille sorcière mise au bûcher, mais bien la vieille année qu'on brûle pour effacer tout ce qu'elle a pu amener de malheurs et de difficultés, faisant place nette pour l'an neuf et son cortège d'espérances et de promesses.
Rien ne différait pour le reste du calendrier, respecté dans toute la chrétienté, Noël se fêtait le 25 décembre, Pâques avait lieu le même jour que partout en Europe, contrairement au calendrier Julien qu'utilisait les byzantins puis les russes jusqu'à la révolution de 1918. Les dates qui figuraient sur les documents officiels portaient la mention "M.V." ou "more veneto"(ce qui signifie "selon l'usage vénitien") et ce jusqu'en 1797.
Ce premier de l'an était l'occasion de réjouissances officielles et tous les représentants des États auprès du Sénat venaient rendre hommage au Doge ce jour-là, sorte de cérémonie des vœux du corps diplomatique comme cela se pratique encore de nos jours auprès de chaque souverain ou chef d’État. Le Sénat faisdait lire publiquement tous les messages et les messages des chefs d’État reçus des quatre coins du monde civilisé à l'occasion du nouvel an de la Sérénissime !
Pour vous donner un exemple, le 14 février 1702 more veneto correspondait à la date du 14 février 1703 partout ailleurs en Europe, puisque l'année nouvelle ne démarrait à Venise que le mois suivant, février étant ainsi à Venise et dans ses territoires le dernier mois de l'année. Là encore, on perçoit combien Venise ne pouvait être semblable au reste du monde et savait se singulariser dans tous les domaines. Au moment où je vous écris, nous sommes donc le 3e jour de 2007. 

Avec deux jours de retard, Bonne année (More Veneto) à tous !

02 mars 2007

Nouvelles printanières

Je viens de découvrir "Food Box", le blog sympathique et gourmand de Lili qui a décrit avec finesse et sensibilité un séjour (gourmand) à Venise. Allez voir, c'est bien. Cette visite m'amène à parler de la nouveauté du mois et quelle nouveauté ! 

Les bordelais (et tous les aquitains) amoureux de Venise, ceux qui rêvent d'y retourner comme qui n'y sont encore jamais allés et en rêvent depuis longtemps, peuvent sauter de joie : Ça y est, elle a été inaugurée la ligne directe Bordeaux-Venise que nous attendions tous ! Et à un prix défiant toute concurrence ! Tout le monde peut désormais partir vers la Sérénissime sans devoir ensuite se serrer la ceinture pendant plusieurs mois (plus de 300 euros l'aller simple avec Air France et 260 euros en train de nuit), sans avoir besoin de pleurer devant son banquier ni de risquer le surendettement. Voyez plutôt cet exemple tapé au hasard sur le site de réservation en ligne de la compagnie : Aller & Retour direct pour une personne le 21/03/07 (histoire de fêter le printemps sur les Zattere) pour la modique somme de 112,34 €. Ce qui est cher en fait, ce sont les taxes et autres impositions qui grèvent le billet qui lui n'est qu'à 0,01 centime pour l'aller et à 9,99 € le retour : Pour 10 euros Hors Taxes, vous pouvez vous retrouver ce soir ou samedi prochain avec la personne de votre vie dans une voluptueuse gondole, grâce à la compagnie italienne My Air.


 
Compagnie spécialisée dans le bas-prix, elle offre cependant ce que de moins en moins de grandes compagnies aériennes savent réserver à leurs clients : accueil sympathique, ponctualité, sécurité, efficacité. Vous éditez votre billet par internet, 40 minutes avant le départ, on vous l'échange contre le billet définitif et à ce jour, aucun retard constaté. Il arrive même que l'avion arrive en avance ! Rien à voir avec Alitalia où les hôtesses et les stewards vous regardent de travers et question tarif... Vous pourrez voyager à cinq pour le prix d'un aller simple pour deux personnes sur Air France... Ne vous en privez pas.

Dernière chose, bien que vous ayez hâte de monter dans un bateau dès que vous arrivez face à la lagune, ne vous faites pas avoir par le motoscafo qui assure la navette entre l'aéroport et le centre historique. Il est lent, fort cher et passe par toutes les îles. Si vous n'avez pas les moyens de prendre un bateau-taxi, prenez le bus. Il est rapide, confortable et pas cher du tout. Quelques vingt minutes plus tard, vous serez piazzale Roma.

Bon, ceux qui me connaissent me rappelleront que j'ai beaucoup écrit sur les délices du voyage en train de nuit, sleeping et (véritable) wagon-restaurant. C'est vrai, je maintiens que le train demeure un des plus agréables modes de transport. Un vrai voyage. Mais il faut avoir du temps et finalement si on peut réduire au maximum toutes les dépenses qui permettront de profiter davantage des restaurants et des boutiques une fois arrivé sur place, perché no ?
 

Le bateau est aussi un des plus beaux modes d'approche pour découvrir Venise. Quand, par un matin chaud et ensoleillé le navire entre dans la lagune par les passes du Lido, quand il est salué par toutes la barques et les bateaux qu'ils croise, et quand soudain, vous découvrez la plus belle façade du monde qui scintille au soleil devant vous... Le spectacle est véritablement magique et inoubliable. Mais réservez cette joie pour une autre fois. par exemple lorsque vous irez en croisière jusqu'à Corfou ou Alexandrie. Le départ au petit matin ou à la tombée de la nuit n'est pas mal non plus, à condition d'être sur un vrai bateau, j'entends pas là un voilier ou un navire à taille humaine...

01 mars 2007

Brèves de Venise

Ça y est, le printemps semble être là, il se prépare et va bientôt se répandre. Partout sur la lagune les fleurs vont éclore. Au Café du Paradis comme du côté de Sta Maria Formosa, sur les Zattere, à la Giudecca et dans notre petit jardin de la Toletta, les glycines sont prêtes à exploser et leur parfum entêtant se mêlera bientôt aux odeurs venus de la mer. C'est le moment que je préfère à Venise, un temps plein de promesses. la lumière se fait joyeuse, les gens sont souriants, partout les oiseaux chantent. Non, je ne cherche pas à faire du Charles Trenet, c'est simplement la joie du printemps qui renait et embellit la ville. Cela me rend lyrique. Que voulez-vous on se refait pas... Laissez-moi vous donner les derniers sujets dont on parle le matin au café ou le soir à la passegiatta.

Le Gazzettino se fait l'écho depuis un certain temps des ouvertures de commerces bien plus que des fermetures. Sage attitude qui tempère le pessimisme ambiant. Plusieurs bars et restaurants ont rouvert leurs portes ces derniers mois et le journal leur souhaite une longue vie. Le dernier en date est un bar sympathique qui après avoir existé vraisemblablement depuis plusieurs siècles, avait fermé ses portes suite au décès de son ancien tenancier. Il vient d'être transformé mais sur la base d'études très sérieuses faites par les propriétaires dans les archives d'Etat de la Sérénissime et dans les bibliothèques privées ! Il s'agit du bàcaro Risorto, sur le campo San Provolo. Tenu par les frères Jacopo et Mattia Sopradassi avec le soutien de la mamma, la signora Monica. Un local typique où sont servis tout un tas de plats typiques des osterie vénitiennes dans la grande tradition. Le journal parle d'une "autentica venezianità" . Pour accompagner ces gourmandises, vous aurez à votre disposition une large sélection des meilleurs vins du cru mais aussi du monde entier et notamment d'Argentine. J'irai essayer cette nouvelle adresse lors de mon prochain séjour comme ça, je pourrais vous en dire davantage...(plus qu'un mois !). 
Al graspa de uoa, une auberge sympathique du Rialto, vient d’être fermée sur ordre des services sanitaires suite à la dé -couverte dans une chambre d’une colonie de punaises assez virulente. Tout le monde sait que ces bestioles qui aiment l’humidité et la chaleur sont assez faciles à chasser et qu’il suffit d’une bonne désinfection pour que le mal soit enrayé. Pourtant l’USSL en a décidé autrement forçant les nombreux clients à quitter l’hôtel manu militari en dépit de leurs protestations. C’est la première fois qu’une telle mesure est prise pour un hôtel de cette catégorie, récemment refait et d’une certaine qualité (la chambre double est à 270 euros la nuit pour un confort ma foi apparemment assez développé). J’ai connu des problèmes d’invasion de punaises du côté de Cannaregio mais c'était dans de petits hôtels mal tenus. Al graspa de uoa, c’est assez surprenant ! Il faudra au moins deux mois selon les propriétaires pour que les services sanitaires soient certains de la désinfection totale de l’établissement…
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Je vous avais parlé il y a un certain temps d'un B&B; de qualité tenu par des japonais, le Fujiyama, au 2727A calle lunga san Barnaba, à Dorsoduro. Il vient d'être classé parmi les meilleurs d'Italie. Cela ne m'étonne guère. Bien placé, joliment décoré (et très propre), il accueille les voyageurs comme seuls les enfants du soleil levant savent le faire. Discrétion et raffinement. Le prix demeure raisonnable même en haute saison (de 80 à 140 euros la nuit) avec un petit déjeuner, chaque chambre a sa salle de bains privée garnie de savonnettes, de shampoing et de bonnes serviettes, la télévision et l'air conditionné. On y fait le ménage chaque jour comme à l'hôtel. Pour ceux qui ne savent pas où descendre et qui ne veulent pas y laisser leurs économies.
Tél.: (39).041.7241042 - Fax.(39).041.2771969
info@bedandbreakfast-fujiyama.it
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Le pétulant Umberto Sartori a fait parlé de lui samedi. Il rencontrait avec d’autres membres du Comité de Salut Public qu’il a fondé il y a quelques années déjà et dont votre humble serviteur fait partie. Il venait à la rencontre des vénitiens mais aussi des touristes pour expliquer ou rappeler les dangers qui menacent la cité des doges. Etaient au programme : le problème des grands navires qui perturbent les flots de la lagune, les moteurs des bateaux qui circulent trop vite dans les canaux de la ville et contribuent à déstabiliser les fondations des bâtiments, les cocktails de produits et résidus chimiques qui depuis quelques années attaquent à une vitesse vertigineuse les pierres détruisant sculptures et bas-reliefs des façades, même le pont de Calatrava qui se fait attendre était dénoncé. Il a obtenu tellement de signatures que la pétition présentée pourra enfin être présentée au Président du Conseil pour que soit enfin déclaré l’état d’urgence que l’organisation réclame depuis longtemps. Et contrairement aux mauvaises langues, Sartori et son groupe ne sont pas des passéistes uniquement préoccupés par la sauvegarde des pierres qui partent en poussière à grande vitesse. Il a été un des premiers à tirer la sonnette d'alarme et ses propos sont toujours parfaitement bien documentés, explicités et commentés. Rien n'est laissé au hasard. 

C'est de l'avenir d'une ville, d'un univers et d'un peuple dont il s'agit ! Il sait, par exemple, que le port de Venise - qui est une réussite récente - est nécessaire pour l'avenir économique de la Sérénissime. cependant, il préconise que les mesures soient prises pour que ce développement ne se fasse pas au détriment de l'environnement et de l'écosystème lagunaire. Je vous invite à aller sur son site et à le soutenir. Et lorsque vous serez à Venise, n'hésitez pas si on vous propose de signer une pétition !

Le Grand Canal au crépuscule



28 février 2007

Aqua alta : Venise fait le choix de passerelles synthétiques mais pourtant "biocompatibles"...

Tout ceux qui ont été à Venise lorsque les hautes hautes s'emparent de la plupart des places et des rues de la ville, confirmeront qu'il n'est pas facile d'utiliser les passerelles actuelles faites de simples planches de bois, lourdes et épaisses, juchées sur des tréteaux métalliques, glissantes, brinquebalantes, elles sont d'un usage assez limité et pourrissent vite. La ville a demandé il y a un certain temps à un organisme de recherche travaillant depuis sa création sur les techniques de pointe pour la protection de l'environnement, du patrimpoine et de l'habitat, le Consorzio Venezia Ricerche, dirigé par paolo Canestrelli, de mettre au point une passerelle fiable et révolutionnaire. Le résultat des recherches était présenté à la presse et au public lundi dernier par le maire. Fabriquées en moplen, un matériau plastique à haute concentration de molécules conçu à base de farine de bois et de polypropylène, il offre une surface parfaitement lisse, dépourvue de trous ou d'irrégularités et une solidité à toutes épreuves. C'est cependant du plastique et pourtant présenté comme "ecocompatible" (est-ce que cela veut vraiment dire quelque chose ?). 
 
A titre expérimental, ces passerelles d'un troisième type seront installées près de la Ca'Farsetti (la mairie). Matériau plus dense mais aussi plus léger donc plus facile à transporter. Un seul inconvénient tout de même, elles restent faites de plastique même si les composants d'origine végétale sont majoritaires. Est ce vraiment écologique ? L'est-ce en tout cas davantage que les planches utilisée aujourd'hui ? Les mauvaises langues continuent de jaser en prétendant que la modernité là-aussi cache une incapacité certaine à résoudre les vrais problèmes de la ville. On verra sûrement un jour prochain débarquer des palli en plastiques imitant parfaitement le bois. Comme disait un Philippe Meyer tous les matins sur les ondes de France-Inter "Nous vivons une époque moderne !" 
Décidément toutes les innovations soutenues par l'équipe municipale de Massimo Cacciari sont systématiquement critiquées et toujours décodées comme n'étant que de simples effets de manche. Chi lo sa ?

Vaste polémique à Venise : les adeptes du silence contre la jeunesse trop bruyante, dispute autour du campo Santa Margherita…

Le campo Santa Margherita, l’une des plus pittoresques places de Venise. A deux pas de l’université, entouré d’écoles et de lycées, il est situé dans une zone encore très peuplée. La population du quartier reste assez diversifiée et sur le campo se croisent étudiants et retraités, pêcheurs et fonctionnaires, aristocrates et ouvriers. C’est un lieu très vivant avec son marché où se côtoient poissonniers et marchands de légumes, fleuristes et camelots. De nombreux cafés s’y sont installés au fur et à mesure des années, remplaçant peu à peu les commerces traditionnels. Longtemps, un manège animait les après-midis sans école des enfants du quartier. Peu de touristes qui le plus souvent ne font que passer pour retourner à la gare où visiter les monuments des environs. 
C’est à cet endroit charmant dont je vous parle souvent (notre maison est à deux pas) que vient de naître une polémique qui oppose deux communautés apparemment incapables de se comprendre. Les riverains, le plus souvent des gens d’un certain âge et quelques familles avec des enfants d’un côté et les jeunes vénitiens de l’autre, étudiants et lycéens, mais aussi jeunes travailleurs qui aiment à se retrouver la nuit sur le campo où les bars sont agréables, la musique de qualité et les horaires de fermeture les plus souples de tout Venise. C’est ainsi que toutes les fins de semaine il y a foule jusqu’à deux heures du matin (heure obligatoire de la fermeture selon l'arrêté municipal) mais souvent bien plus tard. 
Joyeux, souvent bien éméchés, les jeunes ont pris depuis longtemps l’habitude de rester sur le campo bien après la fermeture des bars. Ils parlent fort, certains font de la musique ; ils rient… Et les riverains ne peuvent plus dormir. Certains s’en sont plaints à tel point que les autorités sont intervenues. Les médias aussi, faisant naître la polémique : faut-il sanctuariser Venise en interdisant la vie nocturne – ce fut longtemps le cas – et exiler les jeunes ailleurs, quitte à dévitaliser davantage la ville où bien doit-on laisser certains lieux entre les mains des jeunes et des noctambules ? "Venise musée vaut mieux que Venise Las Vegas" crient les ennemis du bruit. "Empêcher les jeunes de s’amuser, c’est détruire l’oxygène de la ville" disent les autres …

En attendant, l’ancien propriétaire du Salus Bar (situé sur la calle larga qui va de San Barnaba au campo Santa Margherita), Franco Bernardi, vénitien de Valdobbiadene, vient d’ouvrir une nouvelle osteria, en plein sur le campo, près de la banque, à l’emplacement d’une ancienne boucherie et qu’il a baptisé l’ostaria alla Bifora, car en faisant les travaux de rénovation notre ardent cabaretier a retrouvé les arches d’origine du local. Ouvert depuis quelques jours seulement, il attire déjà les anciens habitués du quartier que le bruit des groupes de rock appréciés des jeunes, a fait fuir vers le Rialto. Il espère les faire revenir et contribuer ainsi à recréer un équilibre sur le campo. Cette osteria traditionnelle s’adresse donc à une génération plus posée, moins bruyante et économiquement plus à l’aise. Inutile de préciser que les tarifs pratiqués ne seront pas ceux du Margaret Duchamp ou du Bar Rosso… Un moyen comme un autre de lutter contre le bruit après tout…
Le campo Santa Margherita, pendant la journée est un lieu merveilleux. Comme dans d’autres places des quartiers de Venise, on y retrouve toutes les générations. Comme sur une place de village. Les commerçants n’ont pas encore cédé leur place aux boutiques à touristes et le soir, au moment de l’apéritif, la passeggiata demeure une des plus rafraîchissantes de Venise. C’est après que tout se complique, plus tard le soir, la nuit aussi. Mais, gageons qu’avec un peu de doigté, le sens de la mesure et quelques spritz, les différentes factions trouveront un accord pour que tous continuent de vivre ensemble, harmonieusement, sans jamais avoir besoin de reprendre la tradition du combat entre Nicolotti et castellani (*), qui tous les ans se retrouvaient sur le pont des Pugni, à San Barnaba, pour une sacrée castagne immortalisée par de nombreux peintres.
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(*) : voilà ce que l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert disait au XVIIIe siècle de ces NICOLOTTI & CASTELLANI, (in Histoire de Venise) : "Ce sont deux partis opposés parmi le peuple de Venise, qui tirent leurs noms de deux églises de cette ville; ils forment deux espèces de factions, qui en viennent quelquefois aux mains; mais le conseil des dix ne tolère ces deux partis, qu'autant qu'il n'y a point de sang répandu dans leur querelle. Cette république aristocratique pourroit sans doute éteindre peu - à - peu l'animosité populaire des deux factions, mais elle aime mieux la laisser subsister, dans la crainte que ces deux partis ne se réunissent, pour tramer quelque complot contre le sénat, ou contre la noblesse". (D.J.)

Le label Venise ne parle pas français


Le label Venise lancé à grand renfort de publicité est décliné de différentes manières, couleurs et formats. Un magnifique vademecum à été édité avec une couverture orange très Hermès. Cependant, vous remarquerez qu'avec l'italien, seul l'anglais a été retenu. Et nous autres français, dont la langue fut autrefois avec le latin, le plus parlé dans l'ensemble du monde civilisé, langue de la culture, de la diplomatie et de l'art, nous devons renfiler notre orgueil et parler cette langue anglaise qui prend le pas sur toutes les autres. Et nos amis hispaniques, allemands, les scandinaves, les slaves ?

26 février 2007

Somewhere over the rainbow...

Comme l'apparition des montagnes enneigées certains jours de printemps derrière Murano et Torcello, la vision d'un arc-en-ciel sur la lagune a toujours quelque chose de magique. Après l'averse, la lumière froide et métallique se réchauffe et le miracle se produit : la plus belle vue du monde s'embellit d'un des plus réjouissants phénomènes que nous offre Dame Nature.

25 février 2007

Promenade ou farniente ?

La pluie ne cesse de tomber. le ciel est bas. Gris sale. La lagune a pris des teintes vert foncé. Peu de monde sur les Schiavoni. Les cafés sont remplis et la buée sur les vitres donne une impression irréelle à ces lieux illuminés où vénitiens et touristes se réfugient quand le temps est mauvais. Un chien traverse seul le campo que je vois de la fenêtre. Il ne fait pas vraiment froid mais l'humidité est désagréable. Mieux vaut avoir de bonne chaussures. Pour le promeneur tout s'achève lorsque ses pieds ont froid. Nous sommes bien au chaud dans la maison. Certains sont dans le salon et bouquinent. Mario Lanza chante "you are my love" sur Yahoo.launchcast.radio. Le programme de cette radio en ligne va parfaitement avec l'atmosphère de ce dimanche tranquille.

J'entends Constance dans la cuisine qui prépare le thé. Une assiette de digestive et de custard cream, nos biscuits préférés. (merci au supermercato Billa des Zattere de penser aux amateurs de biscuits anglais), du panettone (les enfants n'en mangent pas ce qui ne m'ennuie pas vraiment vue ma passion pour ce gâteau d'hiver). Jean fait de la peinture près de la fenêtre et le chat fulmine. il aimerait bien courir et surprendre les moineaux qui chantent dans le jardin mais la pluie n'arrête pas de tomber. Un dimanche d'hiver comme les autres avec cette odeur très particulière qui est un mélange des parfums de la campagne et des remugles de la ville. Le feu crépite en bas. C'est en principe interdit mais ici à Dorsoduro tout le monde ou presque allume sa cheminée l'hiver, surtout quand comme nous, elle est au rez-de chaussée et ne risque pas d'embraser la maison. 

Je me souviens des après-midis chez Bobo Ferruzzi et sa femme Héléne. Le feu dans la cheminée de leur living, les confortables canapés bariolés, Savall et Hespérion XX en fonds sonore. Héléne sur la mezzanine qui travaillait à l'application de pochoirs sur une pièce de velours; Bobo qui me racontait sa jeunesse avec Neruda, le vieux domestique un peu simple qui s'affairait dans la cuisine. Atmosphère unique que je retrouve un peu dans la maison de la Toletta, avec en plus les odeurs du jardin, herbes et terre mouillées...