04 mars 2008

Deux recettes de mon carnet

Cette petite promenade gourmande m'a ouvert l'appétit ! Je ne résiste donc pas au plaisir de vous donner deux recettes que j’aime bien réaliser, en modifiant les ingrédients en fonction des arrivages et de l’avancée de la saison. Car il s’agit de plats qui font la jonction gustative entre les mets roboratifs de l’hiver et ceux plus légers et parfumés qui annoncent le printemps.

2 commentaires:  (archivés par Google)

Petite Fée a dit…
Merci pour ces bonnes recettes!
délicieux vraiment merci pour vos recettes et vos articles je me régale chaque jour !

19 février 2008

Hommage à Silvio Ceccato


Se tu mi dai una moneta e io ti do una moneta ognuno di noi ha una moneta. Se tu mi dai un’idea e io ti do un’idea ognuno di noi ha due idee. 
 
«Si tu me donnes une pièce et que je te donne une pièce, chacun de nous a une pièce. Si tu me donnes une idée et que je te donne une idée, nous avons chacun deux idées.»
 
Cette jolie pensée est de Silvio Ceccato, un homme brillant, philosophe, savant spécialiste de l'intelligence artificielle (il est le créateur d'Adamo II, le premier protoype d'intelligence artificielle italien, qui était destiné à reproduire les états mentaux de l'homme). Il était aussi - cela me touche beaucoup - violoncelliste et compositeur émérite, disparu en 1997. Il mettait le bonheur et la félicité au-dessus de tout et tout au long de sa vie, ses recherches et ses écrits n'eurent qu'un sujet  la Joie. Il souhaitait rendre la vie de l'homme plus facile et plus heureuse. Il aimait beaucoup Venise.
 

Silvio Ceccato à gauche, avec Lucio Fontana (assis) et Pino Parini, à Milan, 1964.


 

2 commentaires:

anita a dit…

Depuis que j'ai "déniché" votre blog , il me semble bien que , sans lui , ma vie serait un peu moins riche . C'est comme une rencontre bénéfique : bien sûr on vivait avant elle , mais un peu moins bien ...
Merci

Delphine R2M a dit…

Bonjour Lorenzo,
Cela faisait longtemps que je n'étais pas venue vous rendre visite dans votre Tramezzinimag, me revoilà à nouveau lectrice, et c'est une jolie pensée que celle de Silvio Ceccato m'accueille ce soir, merci!
A bientôt, Tramezzinimag me manquait, et j'ai pris mes billets pour Venise...

18 février 2008

Et Venise peu à peu sort de l'hiver...

Me revoilà. Tout est en place, sur les rails et ma nouvelle organisation devrait me permettre de mieux me consacrer à TraMeZziniMag et à l'écriture. Enfin, j'espère. Le ciel bleu et le soleil printanier de ces derniers jours m'invitent plutôt au farniente, mais il faut résister ! Je vous remercie en tout cas, mes fidèles lecteurs pour les gentils encouragements que vous me faites régulièrement parvenir. Allez au travail, tâchons d'avancer. Pro Venetia !

13 commentaires:

anita a dit…

Merci pour cette bouffée de printemps avant mars !

Anita

Florence a dit…

Enfin de retour!!Vite, vite des nouvelles de Venezia....
A presto.

Marie a dit…

Juste un petit mot pour assurer de ma fidélité même si je ne me manifeste pas souvent (l'arrivée d'un doublon de petits-fils ....;-) )et heureuse que vous vous atteliez à l'écriture: vous avez un si joli talent que c'est un plaisir d'imaginer le voir se développer.
Continuez à nous ravir.
Avec mes remerciements pour tout le bonheur que vous m'apportez, mes amitiés.
Marie

Choubine a dit…

Ravie de vous retrouver! Et comme elle est belle, cette photo...

Maité a dit…

Merci pour le bonheur et la bouffée d'oxygéne que vous apportez dans ma vie- et quelle belle écriture !

Anonyme a dit…

Chic, chic, chic, c'est reparti ...

anita a dit...

Lorenzo : " Au bonheur des dames " .....

Anonyme a dit…

L'anonyme du dessus vous salue bien...
J@M
(Le jour où j'arriverai à faire marcher ce machin...)

mhaleph a dit…

Félicitations pour cette superbe photo.

Anonyme a dit…

Est-ce ainsi que nous allons découvrir Venise ? J'y retourne pour la deuxième fois, en famille cette fois-ci avec mes trois enfants (11, 9 et 6 ans ) espérant leur émerveillement.
Grace à votre blog, je suis déjà dans la ville, me perdant depuis un mois dans vos commentaires et photos.
Merci pour ces regards et la générosité de votre partage.

catherine

Lorenzo a dit…

Quelle chance ils ont bien sur qu'ils vont être émerveillés ! Je vous recommande pour eux un excellent petit ouvrage d'Elisabetta Pasqualin "Les enfants à la découverte de Venise" paru chez Lapis Palombi Editori. Vous risquez d'avoir du mal à le trouver. En tout cas sur place aucun problème. Il présente la ville aux enfants. Un autre petit livre rigolo pour les enfants de 11-12 ans de la collection c'est pas sorcier : Eaux troubles à Venise (Nathan), une enquête policière à Venise et pleind e renseignements en même temps qu'une révision de matrhs et sciences ! Bon voyage !

Florence a dit…

Bien sur qu'ils vont aimé Venise. Elle a un coté ludique de se déplacer en vaporetto!
Pour mieux comprendre leurs racines j'avais donné à lire à mes enfants "Les villes ont une histoire...Venise" dans la collection Globe-Trotter chez Larousse.
Lorenzo, que se passe-t-il avec cette marée curieusement si basse jusqu'à changer les itinéraires des vaporetti???
Cet après-midi je fais des fritelle alla veneziana. Hum!!les beignets du carnaval.
A presto.

10 février 2008

Pardonnez-moi !

Pardonnez ce long silence, mais je dois m'esquiver quelques jours : mes fonctions m'appellent et je ne puis plus reculer : je dois remplir mes obligations vis à vis de l'organisation qui vient de me confier sa présidence. Le temps de mettre en place mon équipe et de classer les priorités, mettre de l'ordre dans les dossiers et établir mon plan de campagne, je vais délaisser Tramezzinimag. 
 
Pas longtemps. Je le promets. Quelques jours d'allers et retours harassants entre Paris et Bordeaux. Peut-être un petit passage par Venise, histoire de me ressourcer. Puis je serai de nouveau disponible. J'ai plein d'idées et de textes en tête pour vous faire oublier mon absence et l'immobilisme du blog ces derniers jours. 
 
A presto ragazzi !

9 commentaires:

Florence a dit…

A presto Lorenzo!!!

anita a dit…

....bien sûr vous nous manquez !
Revenez-nous vite !!!

Anita

Choubine a dit…

Tanti auguri!

AG a dit…

Mais nous n'avons rien à pardonner, Cher Lorenzo. Nous saurons tous être patients, j'en suis sûre, pour apprécier encore plus vos si beaux "billets".
Bonne chance à vous dans vos obligations professionnelles.
A bientôt. Agnès

Mercè a dit…

Tanti auguri!!!
Noi saremo qui sperando il tuo ritorno.
A presto.

pierre a dit…

un habitué des longs silences...ne peut déplorer une très courte absence!
Ciao depuis l'altera roma...

J@M a dit…

On saura vous attendre... A bientôt !

douille a dit…

Courage président...

Tietie007 a dit…

A bientôt. Mon voyage scolaire à Venise est en bonne voie, pour avril 2008 !

07 février 2008

Encore un peu de patience...

Il fait encore assez froid ces jours-ci mais le soleil est au rendez-vous. Le ciel devient souriant, plus bleu. Carnaval s'éloigne et ne sera bientôt plus qu'un (mauvais) souvenir. La vie reprend aussi normalement que possible et tout est calme dans notre rue. Encore quelques degrés supplémentaires et il fera bon paresser à la terrasse des cafés en regardant passer les gens. Patience...

4 commentaires:

anita a dit…

Vos photo et commentaire ajoutent encore à mon impatience d'être en Elle!

anita

 
Anonyme a dit…

A parir du 15 février ça sera bon ?

Lorenzo a dit…

Cela commencera d'être parfait. Et si le temps se radoucit, votre séjour sera un régal.

Tietie007 a dit…

C'est vraiment génial, Venise, juste après le Carnaval !

06 février 2008

Les Chinois s'offrent Venise et ses pizzerias

Edwy Plenel et un groupe de journalistes passionné d'information viennent de se regrouper pour fonder Mediapart, un journal d'information virtuel. Un des premiers articles, écrit par Jordan Pouille explore l'envers du décor post-carnaval en décrivant la main mise des chinois sur les bars et les pizzerias de Venise.
 
Le Carnaval de Venise vient tout juste de s'achever et les touristes n’ont rien remarqué. Dans cette charmante petite osteria à côté du pont Rialto, un couple de Français s'embrasse autour d'une pizza et d'un risotto. La carte affiche des prix vénitiens pour une cuisine locale et populaire. Mais derrière le comptoir, la "Mamma" est une petite dame chinoise.

Madame Yin, 50 ans, est la patronne du restaurant ainsi que de deux bistrots de la calle Larga Mazzini. Madame Yin fait partie de cette récente vague de Chinois qui ont bouleversé, en moins de dix ans, l'économie locale. Elle raconte: "Une cinquantaine de restaurants et de bars ont été rachetés par la communauté ces six dernières années dans les endroits stratégiques de Venise : près de la place Saint-Marc, du pont des Soupirs, du Rialto". Des établissements achetés à prix d'or et très fréquentés par les touristes étrangers, où l’on paie 15 euros la pizza plus le verre de Coca et le couvert.

Ces Chinois en question viennent essentiellement de la région du Zhejiang, au sud-est de la Chine, la plus riche des provinces chinoises grâce notamment à sa production de briquets pour le monde entier. Comme la communauté des Chinois de Paris, les nouveaux Chinois de Venise restent entre eux. "On n’a pas beaucoup d’amis italiens, nous vivons dans la maison du patron", explique Jang Feng Ping, jeune barmaid qui bredouille quelques mots d'italien après trois années à Milan puis Venise. Les habitués du bar ne s'en plaignent pas: "les Vénitiens ne veulent plus lever le petit doigt, les Chinois eux travaillent dur et ne se plaignent jamais". Sa voisine : "Ne sois pas hypocrite. Tu sais bien qu’ils achètent ce qu’ils veulent. D’ailleurs d’où vient-il cet argent ? Personne ne le sait."

Au restaurant Florida, sur la calle de la Madonna, le compromis a été choisi. Walter Morriotto s’est associé avec sa serveuse chinoise pour acheter ce nouveau restaurant. "Elle a travaillé pour moi comme serveuse puis elle m'a aidé à faire les comptes. J'ai vu qu'elle était très sérieuse. Quand je lui ai fait cette proposition, sa famille a apporté la moitié des fonds nécessaires en quelques jours", dit-il. Devenue patronne, Geshu Zhang fait venir des compatriotes en nombre. "En échange d’un contrat, nous lui donnons une partie de notre salaire : c’est une sorte de compensation, c'est normal", estime Xiaolong, en cuisine.

Mais Walter Morriotto sait que cette intégration des Chinois à Venise est laborieuse : "Ils ont des sommes très importantes à rembourser à leurs familles. Pour ne pas perdre la face, ils travaillent sans arrêt, ils ont la municipalité sur le dos qui multiplie les inspections d’hygiène. Mais pour se faire mieux accepter des locaux comme des clients, ils commencent à employer des serveurs italiens. Ils ont compris que la mixité était importante pour se faire intégrer".

C'est le cas de Tan Junle qui a remisé ses employés chinois et bengalis aux cuisines. "Depuis l'été dernier, nous faisons appel à des serveurs italiens et les clients sont satisfaits", précise la nouvelle patronne du Xioxio bar. L’ancien propriétaire, Pietro Messo, 68 ans, n’y trouve rien à redire. Il y revient de temps en temps, pour se faire servir un cocktail. "L’ambiance n’a pas changé : le personnel est courtois et le lieu est propre. Que demander de plus ?". A l'office du tourisme de Venise, on ne se plaint pas. Roberta Valmarana: "Cela fait revenir des habitants et des travailleurs à Venise. Même s'ils restent entre eux, qu'il ne participent pas aux animations, ils sont respectés car ce sont tout de même de très bons acheteurs".

D’autres Chinois prennent moins de risques et ouvrent des établissements exotiques, avec la cuisine de leur pays, mais la clientèle n’est pas au rendez-vous. « Les étrangers qui viennent à Venise ne veulent pas manger du riz cantonnais", admet Xia Jen, patron du Temple du Paradis sur la Calle dei Stagneri. Il réfléchit à une conversion de son restaurant et à l’embauche d’un chef cuistot italien.

Dans l'ensemble, cette métamorphose de Venise reflète bien les maux dont souffre l'Italie. Une croissance au ralenti, une natalité au plus bas et le besoin vital de main d’œuvre immigrée et de capitaux étrangers. En 2006, la journaliste du Time Magazine s'amusait d'une nouvelle tendance vénitienne. Dix-huit mois plus tard, le contraste saute aux yeux.

(texte & photos Jordan Pouille)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais aussi remarqué depuis plusieurs années que les maroquiniers étaient aussi pour la plupart chinois et répartis dans tous les sestiere. Quant au cappucino servi par une charmante serveuse chinoise, il me semble qu'il n'a pas la même saveur, stupide préjugé...

douille a dit…

Très bel article...

douille a dit…

entre une chinoise ou un moustachu qui fait la gueule, j'hésite pas...

04 février 2008

Connaissez-vous le musée Oriental ?

En 1887, le prince Henri de Bourbon-Parme, comte de Bardi et sa femme, la Princesse Marie, fille du roi Ferdinand des Deux-Siciles partent pour un long périple en Orient. Ils ramèneront de leur voyages plus de 30.000 objets rares et précieux, témoins des civilisations qu'ils ont rencontré. Ces objets sont pour la plupart exposés Ca'Pesaro depuis la création du musée en 1928, là où se trouve aussi le musée d'Art Moderne (qui abrite une superbe collection d’œuvres du XIXe et du XXe arrivées à Venise avec la création de la Biennale). 
 
Le Museo d'Arte Orientale représente une des plus importantes collections d'art japonais de la période Edo (1600-1868) en Europe, avec beaucoup d'objets des débuts de cette période mal connue (le Japon s'était entièrement refermé sur lui-même et seuls les hollandais avaient des liens avec le pays). On peut admirer aussi dans les salles parfois exiguës du musée, de très belles pièces de l'art indonésien et chinois. Mais quelle est l'histoire de cette collection ? Comment est-elle arrivée à Venise ? Les fondateurs donnèrent au musée le nom de Marco Polo évidemment.Mais c'est d'un autre qu'il eut peut-être fallu le baptiser.
 
Le prince de Bourbon-Parme, cadet de la famille qui régna sur une bonne partie de l'Italie du sud avant l'unification sous l'égide de la famille de Savoie. C'était un grand voyageur, cultivé et passionné par l'Orient et l'Asie. Il était à l'Italie, ce que son cousin le duc d'Aumale fut à la France. Un de ces princes savants, mécènes et esthètes qui firent à eux seuls bien plus que mille commissions ministérielles pour l'art et la culture... 
 
Henri de Bourbon aimait à voyager. Quand à la fin du XIXe siècle il décida de se rendre en Asie, il prépara son voyage avec beaucoup de sérieux. Nanti d'énormes moyens financiers (la fortune personnelle du prince et de son épouse, née princesse royale de Bourbon des Deux-Siciles, les amitiés tissées avec des savants et des intellectuels, les relations avec les diplomates en poste à Pékin ou à Tokyo facilitèrent les choses). 
 
On dispose du carnet de voyages d'un des membres de la suite du prince. Ces notes nous permettent de suivre presque pas à pas l'expédition. A son retour le prince ramenait des centaines de caisses contenant ces 30.000 pièces qui fond la collection du musée. D'abord installée au Palazzo Vendramin Calergi où résidait habituellement le prince quand il était à Venise (là-même où sa tante la duchesse de Berry habita et où mourut le 13 février 1883, Richard Wagner, son locataire), en attendant un lieu d'exposition adapté, la collection faillit disparaître à la mort du prince en 1905. 
 
C'est un antiquaire de Vienne qui se chargea de la mise en vente. A la fin de la première guerre mondiale, la collection fut attribuée à l'Italie au titre des réparations de guerre. En 1928, une convention passée entre l’État et la Ville de Venise permit son retour sur les bords du Grand Canal. L'installation provisoire à la Ca'Pesaro, magnifique bâtiment légué à la ville par la comtesse Bevilacqua la Masa, dure toujours. L’État a acquis le palais Marcello dans la perspective d'une installation définitive entièrement dévolue aux arts orientaux et qui permettra de montrer la totalité de la collection dont beaucoup de pièces restent en réserve faute de place.

Ce musée peu visité par les touristes est un bijou inattendu. Non seulement pour la qualité des œuvres exposées et le talent du prince qui sut assembler une collection de grande qualité, mais aussi à cause des lieux. Une grande bâtisse calme et retirée. Un silence de monastère. C'est un lieu que j'aime beaucoup. Allez-y, vous comprendrez ce que je veux dire. Il y règne quelque chose de différent que la muséographie contemporaine ne sait plus traduire en dépit de la technique et des moyens employés. Ce côté parfois un peu en retrait, un peu démodé. L'impression que des objets dans leur vitrine va surgir l'esprit de gens venus de très loin auparavant. 
 
Musée Oriental
Ca’Pesaro

Santa Croce, 2076
(ligne 1 ACTV)
Tél. : 041 5241173
Ouvert tous les jours
de 11h à 17h en hiver
et de 10h à 18h en été.

1 commentaire:

Gérard a dit…

Bravo pour cet article !
Il est parfait .
Cette collection résume à elle seule l'esprit oriental de la grande Venise .
Sa grande et on peut le dire éternelle respiration .
Vers le large .
C'est un des lieux de la Sérénissime qui m'a le plus marqué .
Un des lieux .
Que je n'oublie jamais . Là-bas .
Le dernier étage de la Pesaro , le crissement des derniers escaliers , raide l'escalier en bois de ce bâtiment somptueux , appareillé de chaque côté , la proue du vaisseau , la nacre des armes , leur profusion , les innombrables petites boîtes à raffinements , les porcelaines ainsi que , ainsi que , ....
Le grand silence .
Des nobles esthètes .
Disparus .
Mais aussi celui des chemins touristophages .
Mais pas tout à fait quand même .
Comme ceux qui aujourd'hui tiennent les Antiques romains du Louvre .
Ce lieu m'inspire beaucoup .
Quel trésor secret que ce périple que le prince fit !
En quelque sorte , on est loin de la jet-set inutile d'aujourd'hui .
Il reste à certains aristos , encore , ce petit plus qui les différencie !
Et qui parfois m'épate , me comble . Et jamais ne m'agace .
Chapeau pour eux !

03 février 2008

Il y avait à Venise un maure très brave...

C'est ainsi que commence le roman de Giraldi Cinthio dont s'inspira Shakespeare pour écrire sa célèbre tragédie "Othello". Le mari épris (et qui s'est cru trahi) de la pure Desdémone n'avait de maure que le nom, qui fut quelques dizaines d'années plus tôt aussi celui d'un doge célèbre. Notre Othello était en fait gouverneur de Chypre. Suggérée par le fielleux et jaloux Iago, l'infidélité présumée de la belle le rendit tellement fou de rage qu'il en tua son épouse avant de se donner la mort...
 
L'histoire fit beaucoup de bruit en son temps et Cinthio qui n'avait que six ou sept ans au moment des faits s'est peut-être souvenu de cette histoire et la raconta dans un ouvrage que les vénitiens de la cour du roi d'Angleterre s'arrachèrent. William Shakespeare en prit certainement connaissance un soir d'hiver, au coin du feu, dans une des salles du palais de Saint-James où résidait la cour. L'Ambassadeur de Venise à l'époque était un ami de l'auteur. Fin lettré, il contribuait à diffuser poèmes et romans, en même temps qu'il faisait découvrir aux lords et aux duchesses de la cour les peintres et les musiciens de la Sérénissime. C'est ainsi qu'allait naître l'une des tragédies les plus belles et l'un des textes les plus grands de l'histoire de la littérature mondiale. Othello, au même titre que les tragédies grecques et le théatre classique français, est un monument de l'art d'écrire universel.

Tous les touristes connaissent le maison de Desdémone, l'exquis petit palais Contarini-Fasan, sur le Grand Canal. Le jeune et fringant Othello passa en gondole sous le balcon de la belle qui tomba éperdument amoureuse de l'officier richement vêtu qui n'avait d'yeux que pour elle... Vous connaissez la suite. 
 
Mais ce que peu de gens savent, c'est où se trouvait la demeure du jeune homme. Il n'en reste pas grand chose. Seulement quelques vestiges enchâssés dans une construction plus récente, au numéro 2615 du sestiere de Dorsoduro, sur le campo dei Carmini, en face du majestueux palais Foscarini. C'est là qu'habitait la famille Civran-Guoro. On peut voir leur blason sur la façade sur le rio dei Carmini. Là, se dresse une niche. avec à l'intérieur la statue d'un soldat. Attribuée à Antonio Rizzo ou à son atelier, elle représente un homme jeune, la main appuyée sur un bouclier. C'est Cristoforo Moro, devenu pour l'éternité le vaillant et orgueilleux Othello. 
 
En 1508, il partira à la demande du Sénat pour défendre Chypre et les intérêts de la Sérénissime. Sa jeune épouse demandera à le suivre. Cela la perdra. Le drame enfiévra Venise des semaines durant. Puis le dramaturge anglais s'empara de l'histoire. Il en fera une légende universelle. Les restes du malheureux couple ainsi immortalisé par une tragédie anglaise, sont peut-être ensevelis sous les dalles antiques de la petite chapelle de la famille Guoro (construite par Sebastiano da Lugano), quand on est dans l'abside à droite, dans la tranquille église Santa Maria del Carmelo, appelée église des "Carmini". Au passage, je vous recommande de demander à visiter le petit jardin derrière le campanile. Un lieu un peu abandonné et secret comme on aime à en découvrir à Venise...

 

1 commentaire:

Jaio a dit…

Enchanté de trouver un gran amoureux de Venise. J'avais lu quelque-chose de semblable dans le guide Corto sconto qui est un guide qui décrit des itineraires à faire sous le guide de Corto Maltese (Il existe en français mais j'ai la version italienne)

01 février 2008

Pauvres dans un monde de riches

Il y a dans les rues de Venise, des voyageurs pas comme les autres. Arrivés on ne sait comment de leurs pays en proie à la guerre ou à la misère, ils errent dans les rues sans but précis. Au début, on ne les remarque pas. Sauf les tenues des femmes qui se repèrent vite : robes trop longues souvent en tissu synthétique à grosses fleurs, fichus de laine sur la tête, ballots... Peu à peu, quand ils n'ont pas trouvé où aller, on les voit comme une apparition qui dérange. Hommes mal rasés, tous portent des vêtements élimés et leur pas moins sur que les autres passants. La plupart finissent par mendier. Certains basculent dans la petite délinquance. 
 
 
 
 
Tous sont marqués par une terrible misère qui n'est pas que matérielle. Partout dans nos villes d'Europe on en voit. Ils suscitent la rogne, le mépris parfois. Certains vont se mettre à chanter des mélopées sucrées qu'ils répètent à satiété contre trois sous. D'autres proposent de curieux remugles de marchandises le plus souvent avariées. Ils cherchent à sur-vivre
 
A Venise, parmi les flots des touristes, ils dénotent encore davantage qu'à Paris ou à Londres. Du temps de la Sérénissime, les mendiants étaient suivis par les ordres religieux, lavés, habillés et nourris. Le plus souvent, ils rentraient dans le système par une voie ou une autre : la marine, l'arsenal, les manufactures et les ateliers. Les étrangers ne s'aventuraient pas à mendier. La prison (parfois la potence) était pour les récidivistes, les malandrins qui prétextaient leur pauvreté pour piller et voler le passant la nuit...
 
Ceux qui restaient et qu'on croisait parfois (je parle du temps de la Sérénissime pas de l'occupation autrichienne) canne et sébille à la main sur les marchés ou devant le porche des églises, étaient des attardés mentaux, des aveugles ou de grands infirmes. Ils faisaient partie du paysage urbain et si les enfants parfois les chahutaient, ils étaient respectés par la population. 
 
Aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux, venus des côtes dalmates, de plus loin encore, attirés par les lumières de notre occident plantureux. Ils ne cherchent pas à s'intégrer. Ils veulent juste manger. Survivre. Cette régression qui nous renvoie à des époques barbares me choque beaucoup mais qu'y pouvons-nous dans le fond ? Le système est ainsi fait qui broie les faibles et les laissés pour compte. Les forts ont trop peur de la contagion. L'égoïsme de nos pays bien nourris n'est qu'une forme d'auto-protection mais comment cela va-t-il finir ?

Le constat le plus terrible est de se dire que rien n'a vraiment changé : On a cru dans les belles années d'après-guerre en avoir fini avec la misère. Mais regardez bien cet homme. Il me rappelle les images des malheureux qu'on déplaçait pendant les horribles conflits qui ont embrasé par deux fois le monde au XXe siècle, sans parler de ceux qui montèrent dans des wagons plombés... Il ressemble aussi à ces migrants entassés dans les soutes et sur les ponts des cargos qui partaient pour l'Amérique, ces pauvres qui erraient dans les rues de Moscou après la guerre de 14 quand tout s'était écroulé en Russie... La photo a pourtant été prise il y a peu de temps, à Venise... Elle donne envie de pleurer.
 

4 commentaires:

anita a dit…

...bouleversante la photo de l'homme sans âge ... sans foyer ... sans pain
oui , les riches de plus en plus nantis , les pauvres de plus en plus démunis et des milliards d'euros qui s'envolent ...
Oui l'Abbé on meurt toujours de faim et de froid en 2008

Gérard a dit…

En voilà une vraie question de fond !
Et des tréfonds .
Qui nous remue des tréfonds .
Sauver un homme , c'est déjà beaucoup : faut déjà pouvoir le faire . C'est pas donné à tout l'monde .
Mais comme l'abbé Pierre , en sauver des milliers et des milliers , alors là , je l'avoue , je m'incline complètement .
Et très bas .
Il a réussi à redonner l'espérance et de la tenue à tous ces perdus .
Quelle puissance que cet homme !
J'en suis totalement incapable .
Immense respect .
Je crois qu'aujourd'hui on a tous un peu peur de nos propres révolutions .
Celles que l'on doit faire sur nous .
Etrange impuissance !
Peut-être que Venise , au coeur de son immense grandeur , comme une Vierge non effarouchée , comme une Sand de 1848 , n'en avait pas totalement peur . Ce qui ne fait que renforcer l'idée que je me fais de la Principauté des Mers .
Etrange mystère !
Les Idées en marche ne poussent que sur des landes vierges , ces océans nus .
L'avenir est à nous .

Anonyme a dit…

Beaux portraits traités avec délicatesse sans sensiblerie.
Sur ce sujet, je vous renvoie à quelqu'uns des portaits d'Ariane Mounckine dans son dernier spectacle " Les Ephémères" ou à Agnès Varda et et ses "glaneurs"...

leyloula a dit…

Patrick Declerck , Les naufragés ... a lire

une très belle photo qui capte un regard tres parlant