09 juin 2008

Anch'il mar par che sommerga

Un petit cadeau pour les Amoureux et Fous de Venise, de la musique en général et de Vivaldi en particulier : la carissima Cecilia Bartoli dans un air de Bajazet (Tamerlan), "Tragedia per musica", composée en grande partie de pastiches par Vivaldi qui s'est servi d'airs plus ou moins oubliés aujourd'hui de Hasse, Giacomelli, Porpora et Broschi, à l'occasion du carnaval de 1735 (l'oeuvre fut donnée la première fois au Filarmonico de Vérone) sur un livret de Piovene. A moins qu'il s'agisse de Goldoni, je ne sais plus très bien. Dans tous les cas, il émane de cette interprétation parfois décriée, tout ce qui caractérise la musique de Vivaldi et la musique à Venise !

7 commentaires:

Martine a dit…

Flamboyante, ardente, lumineuse Bartoli ! Tellement en adéquation avec la "furia" vivaldienne.
A l'écouter, il semble que Vivaldi ait voulu explorer toutes les possibilités de la voix humaine. J'imagine la difficulté de chanter ses arias dans lesquels il y a pléthore de passages virtuoses, tellement contrastés, aux nuances très grandes et très rapides... Une véritable prouesse.

Gérard a dit…

Terrible ! Le lieu ? Paris ? Et ça va faire trois siècles, pour cette musique . Quelle valeur !

Anonyme a dit…

Merci - Maité

Lorenzo a dit…

C'est un extrait de son DVD dont je vais vous reparler. L'enregistrement a été fait à Paris en effet.

lavinie a dit…

Elle a été aphone pendant combien de mois suite à ce concert?
Elle est vraiment incroyable, surtout pour cet air à la limite du physiquement possible...
Sinon, j'ai découvert il y a peu Sandrine Piau dans le In Furore Justissimae Irae de Vivaldi, et elle a elle aussi une voix et une énergie incroyable: http://fr.youtube.com/watch?v=jdZDZEx-aE0&feature=related
(j'ai collé le lien, je ne sais pas si ça va aller...)

lavinie a dit…

youpi! ça joue!

Lorenzo a dit…

Merci c'est effectivement très beau bien que là aussi on rencontre de nombreuses critiques parmi les amateurs de chant lyrique...

Cette petite musique qui nous suit et parfois nous oriente

 

Quand par la douceur d'un après-midi de juin, sous un soleil encore doux avec un ciel sans nuage, le promeneur va par les calle et les campi, c'est une sonate pour violon de Bach que j'entends presque autant que les mandolines où les flûtes de Vivaldi. Je pense à la 3e suite française interprétées par Davitt Moroney, ou à la 2e sonate BWV 1015, dont le rythme correspond aux pas du visiteur paisible et heureux qui perçoit avec tout son corps les milliers de sensations que peut offrir Venise au quotidien : bruits et odeurs, détails insignifiants d'un reflet, une couleur ou trésors architecturaux découverts au détour d'une rue. C'est ainsi qu'il faut partir à la rencontre de la Sérénissime, sans but précis, sans guide ni plan, avec ce genre de musique dans la tête (la technique moderne nous facilite grandement les choses avec les walk-man et autres Ipod sophistiqués). Aller sans idées précises, l'esprit vide, prêt à se remplir de ces mille impressions spontanées qui font les vrais souvenirs de voyage. Se perdre, s'arrêter souvent, prendre le temps de tout percevoir. Comme lorsqu'on écoute des musiciens pendant un concert. Bonne journée.

 
 
 
 

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est toujours un vrai délice de se promener avec vous Lorenzo grâce à votre site Venise me manque un peu moins ou bien d'une manière différente. Je patiente avant mon prochain séjour cet été. Y serez vous ?

Pascale Magnin a dit…

Lorenzo,
difficile de s'exprimer sur Venise,difficile de décrire cette allégresse, ces bulles de champagne... mieux que vous ne le faîtes...!

08 juin 2008

En passant par San Rocco

Nul ne peut se rendre à Venise sans partir un jour à la découverte des trésors de la Scuola San Rocco où sont présentés depuis leur création les chefs-d’œuvre du Tintoret, le plus grand peintre du cinquecento. On y trouve le sommet de son travail acharné.

Car le Tintoret est un monstre de travail, un hyperactif dont chacune des actions débouche sur une merveille. Il n'arrête pour ainsi dire jamais tant est grande sa soif de création, et forte son imagination. Entre 1564 et 1567, ce sont les grandes toiles de l'Albergo, entre 1576 et 1587, le cycle de la Sala Grande Superiore voit le jour et puis vient le Retable de l'Apparition de Saint Roch, qui termine la décoration de l'établissement, en 1588. Peintre du gigantisme avec ses toiles aux dimensions exceptionnelles pour l'époque, l'artiste invente d'extraordinaires compositions. Du jamais vu. Ses personnages jaillissent du néant et prennent vie à tout jamais marquant très fortement le visiteur. 
 
 
Commandes bien précises d'un cahier des charges rigoureux, ce cycle de peintures religieuses, si elles ont l'air d'exploser en une cacophonie dont l'harmonie vient du génie seul de l'artiste, n'en sont pas moins l'application rigoureuse des exigences d'un programme religieux autant que spirituel imposé par les orientations de la Contre-Réforme. Tintoret révolutionne la peinture par son inventivité et cette apparente liberté, mais il ne franchit jamais les limites imposées et c'est aussi là le génie des commanditaires : faire dire de façon ultramoderne, voire même en choquant et en bousculant, ce que Rome impose alors comme l'unique vérité. On retrouve là l'esprit vénitien pour qui tout est politique et calcul diplomatique. La Sérénissime, dans ses stratégies d'hégémonie aurait pu basculer dans le camp de la Réforme, s'en servir et l'imposer à toute une partie du monde. C'était sans compter sur la prudence des marchands qui la gouvernent. Donner au monde de l'art un témoignage puissant, indéfectible et indépassable de la Contre-Réforme était un gage offert aux puissances alliées en soutenant Rome. Tintoret, le visionnaire se fait le bras armé (d'un pinceau) de l'Église et au service des ambitions de Venise. Servi la Sainte Église Catholique, mais aussi Je suis persuadé que cela coulait de source pour lui comme pour ses commanditaires. 
 

1 commentaire:

Alexandre a dit…

Intéressant regard, sobre et cultivé. Merci.

07 juin 2008

Le sort de Venise sera le nôtre à tous

 
On dit que Venise est le laboratoire de nos échecs, de nos réussites et de nos tentatives de sauvegarde. Ce que nous réussirons à Venise, nous serons capables de le faire à l'échelle de la planète mais si nous échouons, nos efforts ailleurs seront vains. Sans vouloir paraître ni alarmiste ni défaitiste, je crois parfois que l'échec est patent. Mais qui aura la force de crier à la trahison ? Nos enfants ? Les enfants de nos enfants ? Certainement pas en tout cas les pierres qui se disloquent chaque jour, les sculptures qui s'effritent et les fresques qui s'effacent ?
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Photographie originale de Antonio Baldi

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2 commentaires:

Gérard a dit…

Venise est le laboratoire vivant de nos réussites . Qu'est-ce qu'une réussite en Occident ? Très simple : ce qui survit à tout . Ce qui survit à nous .
Viva Venezia , belle immortelle ,
Fleur sans âge , âpre et rebelle .
Ancienne catin des temps fidèles ,
En ton coeur, en ta margelle ,
Voici que tu cisèles
Encore pour longtemps ,
Ville si liane et si femelle ,
Tes marbres de parement
En serments d'asphodèles .
Rien ne meurt ; c'est nous , passants , qui simplement passons !

anita a dit…

Quel talent !

Anita

03 juin 2008

Aurélien Delage en concert à Bordeaux

Il y a deux ans, dans ce blog dédié à Venise et donc à la beauté (excusez ce raccourci ampoulé, il est certainement dû à l'âge), je rendais compte d'un merveilleux concert passé hélas presque inaperçu, que donna Olivier Baumont, dans les Foyers de l'Opéra de Bordeaux. Jeudi dernier - par un heureux hasard, le jour anniversaire de la naissance de Gustav Leonhardt - Aurélien Delage donnait un récital au Temple du Hâ.

 

 Ce jeune homme d'origine charentaise, qui n'a pas trente ans, enseigne le clavecin au Conservatoire de Bordeaux et la flûte à Lisieux. Passionné de pédagogie, il a su fasciner un grand nombre de jeunes musiciens qui découvrent à ses côtés le bonheur que peut procurer la musique ancienne. Aurélien Delage vient de sortir un livre-disque, magnifique album travaillé jusque dans le moindre détail et consacré aux clavecinistes de Louis XIV et baptisé "L'Entretien des Dieux" : Chambonnières, d'Anglebert et Couperin. Je vous en reparlerai dans mes Coups de Coeur du mois.

L'entretien des Dieux, c'était l'essentiel du programme de ce concert qui se déroulait l'autre soir, dans un lieu austère (le temple du Hâ est une ancienne église du XVIIème siècle qui abritait la communauté fondée par Jeanne de Lestonnac, nièce de Montaigne) réchauffé par une mise en lumière sublime de chaleur et de douceur, le clavecin noir et or, réplique d'un instrument français de 1667, conservé à Boston et réalisée par Guillaume Rebinguet-Sudre, lui aussi professeur au Conservatoire (il y enseigne le violon baroque) et admirable facteur de clavecin. 
 
 
Le public enthousiaste - un peu plus d'une centaine de personnes, dans un lieu qui peut recevoir près de 400 - eut beaucoup de mal à se lever tant le charme avait agi. Les agapes proposées après le concert lui permirent de rencontrer l'artiste. Parmi les spectateurs, de nombreux musiciens, mais aussi des jeunes gens qui entendaient pour le première fois du clavecin. 
 
 
Un merveilleux concert vraiment, où le jeu tout en retenue et en délicatesse de l'artiste convenait à merveille aux pièces présentées. Cette manière de jouer très intérieure, très spirituelle, pénétra vite l'assistance qu'on sentait tout d'abord attentive, puis peu à peu transportée. L'élégance de ce jeu, les qualités sonores de l'instrument étaient complétées par une mise en lumière simple et raffinée. En effet, l'éclairage, dû au talent de Jérôme Verghade, le talentueux directeur des Chants de la Dore (ce petit festival qui monte et qui monte au point d'être devenu le deuxième festival d'Auvergne) et producteur du disque, rendait les lieux et la musique encore plus magiques. Semblable à un éclairage à la bougie au début de la soirée quand le soleil éclairait encore les vitraux du temple, la lumière s'épanouit peu à peu dans une palette de bleus. Le soleil s'atténuant, la surprise fut grande après l'entracte de voir surgir, derrière le clavecin une gigantesque forme qui rappelait la silhouette imposante d'un homme. De là à y voir l'ombre de Louis XIV en majesté, il n'y avait qu'un pas que les spectateurs franchirent allègrement. A droite du public, les jaunes mordorés pouvaient symboliser le soleil couchant, Couperin accompagnant la fin de la grande époque du roi-soleil et, à la gauche du public, la lumière plus crue, plus blanche, irradiait les étoiles montantes : le concertiste évidemment, mais aussi les jeunes musiciens venus l'écouter... 
 
Un grand moment en vérité grâce une interprétation qui n'était pas sans rappeler le brillantissime Scott Ross ! Le deuxième bis, clin d'oeil à la communauté protestante qui offrait ce soir-là son temple à la musique du temps de la Révocation de l'Edit de Nantes : le choral "In Dulci Jubilo" de Jean Sébastien Bach qui s'achève sur cette phrase "Alpha este O(mega)". La boucle était bouclée. 
 
 
L'ombre tutélaire du vieux roi pouvait doucement s'éteindre et on entendait déjà, dans la salle à côté, le tintement des verres et des bouteilles du cocktail qui suivit. 
 
P.S. : Bordeaux est ville-candidate au statut de capitale européenne de la culture en 2013. Après des lustres d'un doux assoupissement, la belle s'est réveillée. La foule de touristes ne trompe pas : elle est redevenue belle, accueillante, et mille projets foisonnent. Autour de cette jeune équipe du conservatoire, autour de ces ensembles, ces groupes, ces associations, Bordeaux se découvre amateur de musique et la qualité est vraiment au rendez-vous. 
 
Pourtant les édiles ne semblent pas avoir encore pris la mesure de cette révolution : Bordeaux qui n'a jamais abandonné son goût ni sa passion pour les arts plastiques, redécouvre la (grande) musique et il ne se passe pas un soir sans qu'un spectacle le plus souvent de bon niveau ne soit offert au public bordelais. Je n'ai vécu ce bouillonnement qu'à Venise ou à Florence ! 
 
Photographies Bernard Delage - Tous droits réservés.

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1 commentaire:

Anna a dit…

Qui a dit qu'il ne se passait jamais rien à Bordeaux ? A vous lire et bien que je ne connais pas beaucoup cette ville, il me semble au contraire que ça bouge sacrément chez vous !

02 juin 2008

1567 signatures pour la campagne "Nascere a venezia"

Le 25 mars dernier se terminait la pétition “Nascere a Venezia” (Naître à Venise). Toutes les signatures ont été consignées aux responsables de l'ULSS par une délégation de l'association 40xVenezia. Il a été récolté 1.161 signatures grâce à l'intervention des internautes et 406 sur place à Venise. 

Le mouvement se félicite de l'enthousiasme de tous ceux qui ont bien voulu réagir devant cette décision administrative stupide qui priverait le centre historique de Venise d'une maternité et mettrait fin à la possibilité millénaire de naître citoyen de Venise puisque Mestre n'est qu'une commune rattachée. 

Vous avez été nombreux à signer la pétition sur TramezziniMag et les organisateurs de notre mouvement m'ont demandé de vous remercier. Bravo donc pour vos signatures !

 

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1 commentaire:

Bérengère a dit…

Bravo à vous pour cet excellent travail. Je passe chaque jour lire vos billets et j'avoue que je me régale. A quand un livre ? Peut-e^tre en avez vous déjà publié ? Merci de partager avec nous votre passion et votre culture.

COUPS DE CŒUR N°27

Bon, la réputation des vénitiens n'est plus à faire : à Venise, on boit beaucoup et il y a pléthore de lieux pour déguster du bon vin, en bonne compagnie. Je ne dirai pas que les vénitiens sont tous des alcooliques. Mais de grands buveurs plutôt. Il faut reconnaître que l'ennui, le monde qui va trop vite pour l'état d'esprit ancestral des habitants de la lagune, les malheurs des uns et des autres, l'insularité primaire et puis ce côté matriciel qui retient tous ceux qui vivent à Venise mallgré eux mais qui ne peuvent se passer longtemps d'elle, la nostalgie de la grandeur et la certitude d'être uniques, tout pousse le vénitien à s'en jeter un derrière le gosier, puis un autre et encore un. Cela donne de bien piètres situations. C'est aussi un merveilleux outil de socialisation. Que ceux qui poussent des cris d'effroi se rendent un soir d'hiver, quand le ciel est bas, le brouillard terrible et la ville détrempée, comme en noir et blanc, dans un bar de quartier. Ils comprendront. La chaleur qui les accueillera, la douceur des nectars qui les réconforteront et les réchaufferont, tout cela fera fondre leur réticence. Sans vouloir passer pour un ivrogne non plus, ce billet présente une série de bars sympathiques que je connais et que je recommande. Pour être bon vénitien...
 
Alla Patatina 
Calle Saoneri, 
San Polo 2742.
Tel. : 041 523 7238
vaporetto : San Tomà linee 1 - 82
Un endroit sympathique situé près du Campo San Polo. Cicheti et petits plats rapides. La polenta y est très bonne. Tarifs très raisonnable pour l'apéritif. Joli décor presque authentique. Bon accueil même envers les forestieri (étrangers). Débridé et souvent animé le soir. Bons vins. Pour déjeuner ce n'est pas mal non plus mais ils pratiquent des prix new yorkais. Mieux vaut se contenter d'y boire entre amis, au comptoir, avec les vénitiens. Pour dîner, il y a mieux ailleurs.

Do Mori
Calle Galiazza et Calle Do Mori
San Polo 429
Tél. : 041 52 25 401
Ce lieu est connu, très fréquenté mais garde son cachet authentique et on y est bien. Particulièrement en hiver quand il fait mauvais, l'atmosphère y est chaleureuse. C'est petit, le décor rustique fort sympathique. Un classique. On raconte qu'il y a là depuis toujours une taverne et que Casanova y avait ses habitudes, la fille du patron de l'époque étant particulièrement à son goût. Les tramezzinini y sont délicieux, entre autres...
.
Cavatappi
Campo della Guerra
San Marco, 525
041 29 60 252
TLJ de 9 heures à minuit (sauf lundi et dimanche soir). 
L'un des trois meilleurs spritz de Venise se consomme ici sous la férule de Marco Ginabri, le patron et de sa compagne, Francesca Tegon. Un peu cher c'est vrai mais la qualité est au rendez-vous. C'est propre, accueillant et très fréquenté.
.
Paradiso Perduto
Fondamenta della Misericordia,
Cannaregio 2540
041 72 05 81
Sa réputation n'est plus à faire depuis les années 70 où il fit son apparition dans le paysage nocturne vénitien. Ce lieu avec sa cheminée, ses grandes tables de bois et son atmosphère "surchauffée", attire vénitiens, jeunes et moins jeunes, et les étrangers amateurs d'authenticité. On y entend souvent de la bonne musique, des déclamations de poésie. On y est bien accueilli, ce n'est pas trop cher. Pour une soirée agréable et sans façon entre copains, c'est un des lieux que je recommande. Le vin y est bon, la musique aussi.
.
Il y en a plein d'autres bien évidemment, citons le "Café Noir", le "Caffè Blu" , le "Caffè Rosso", "Ai Postali", "Vitae" (qu'on appelait autrefois "Al Mura"), "Imagina", "Alla Mascareta", "Ai Rusteghi", "Al Portego", "Al Ponte da Alberto" (dont j'ai déjà parlé je crois). Une mention spéciale pour mon ancien Q.G. d'étudiant, le bar "Ai Do Draghi" (déjà largement cité sur ce site)...

2 commentaires:

anita a dit…

Lors de mon dernier séjour , fin mars ( froid et pluie ) j'ai pu tester le "do Mori" : je confirme : tramezzini très goûteux et ambiance à ne plus vouloir quitter le lieu ...
anita

Douille a dit…

Un chance... J'ai souvent été assez mal accueilli dans des bars à cicchetti...

COUPS DE COEUR N°27

Bon, la réputation des vénitiens n'est plus à faire : à Venise, on boit beaucoup et il y a pléthore de lieux pour déguster du bon vin, en bonne compagnie. Je ne dirai pas que les vénitiens sont tous des alcooliques. Mais de grands buveurs plutôt. Il faut reconnaître que l'ennui, le monde qui va trop vite pour l'état d'esprit ancestral des habitants de la lagune, les malheurs des uns et des autres, l'insularité primaire et puis ce côté matriciel qui retient tous ceux qui vivent à Venise malgré eux mais qui ne peuvent se passer longtemps d'elle, la nostalgie de la grandeur et la certitude d'être uniques, tout pousse le vénitien à s'en jeter un derrière le gosier, puis un autre et encore un. Cela donne de bien piètres situations. C'est aussi un merveilleux outil de socialisation. Que ceux qui poussent des cris d'effroi se rendent un soir d'hiver, quand le ciel est bas, le brouillard terrible et la ville détrempée, comme en noir et blanc, dans un bar de quartier. Ils comprendront. La chaleur qui les accueillera, la douceur des nectars qui les réconforteront et les réchaufferont, tout cela fera fondre leur réticence. Sans vouloir passer pour un ivrogne non plus, ce billet présente une série de bars sympathiques que je connais et que je recommande. Pour être bon vénitien...
 
Alla PatatinaCalle Saoneri, San Polo 2742.
Tel. : 041 523 7238
vaporetto : San Tomà linee 1 - 82
Un endroit sympathique situé près du Campo San Polo. Cicheti et petits plats rapides. La polenta y est très bonne. Tarifs très raisonnable pour l'apéritif. Joli décor presque authentique. Bon accueil même envers les forestieri (étrangers). Débridé et souvent animé le soir. Bons vins. Pour déjeuner ce n'est pas mal non plus mais ils pratiquent des prix new yorkais. Mieux vaut se contenter d'y boire entre amis, au comptoir, avec les vénitiens. Pour dîner, il y a mieux ailleurs.

do Mori
Calle Galiazza et Calle Do Mori
San Polo 429
Tél. : 041 52 25 401
Ce lieu est connu, très fréquenté mais garde son cachet authentique et on y est bien. Particulièrement en hiver quand il fait mauvais, l'atmosphère y est chaleureuse. C'est petit, le décor rustique fort sympathique. Un classique. On raconte qu'il y a là depuis toujours une taverne et que Casanova y avait ses habitudes, la fille du patron de l'époque étant particulièrement à son goût. Les tramezzinini y sont délicieux, entre autres...
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Cavatappi
Campo della Guerra
San Marco, 525
041 29 60 252
Tous les jours de 9heures à minuit sauf le lundi et le dimanche soir.L'un des trois meilleurs spritz de Venise se consomme ici sous la férule de Marco Ginabri, le patron et de sa compagne, Francesca Tegon. Un peu cher c'est vrai mais la qualité est au rendez-vous. C'est propre, accueillant et très fréquenté.
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Paradiso Perduto
Fondamenta della Misericordia,
Cannaregio 2540
041 72 05 81
Sa réputation n'est plus à faire depuis les années 70 où il fit son apparition dans le paysage nocturne vénitien. Ce lieu avec sa cheminée, ses grandes tables de bois et son atmosphère "surchauffée", attire vénitiens, jeunes et moins jeunes, et les étrangers amateurs d'authenticité. On y entend souvent de la bonne musique, des déclamations de poésie. On y est bien accueilli, ce n'est pas trop cher. Pour une soirée agréable et sans façon entre copains, c'est un des lieux que je recommande. Le vin y est bon, la musique aussi.
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Il y en a plein d'autres bien évidemment, citons le "Café Noir", le "Caffè Blu" , le "Caffè Rosso", "Ai Postali", "Vitae" (qu'on appelait autrefois "Al Mura"), "Imagina", "Alla Mascareta", "Ai Rusteghi", "Al Portego", "Al Ponte da Alberto" (dont j'ai déjà parlé je crois). Une mention spéciale pour mon ancien Q.G. d'étudiant, le bar "Ai Do Draghi" (déjà largement cité sur ce site)...

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2 commentaires:

anita a dit…

Lors de mon dernier séjour , fin mars ( froid et pluie ) j'ai pu tester le "do Mori" : je confirme : tramezzini très goûteux et ambiance à ne plus vouloir quitter le lieu ...
anita

Douille a dit…

Un chance... J'ai souvent été assez mal accueilli dans des bars à cicchetti...

01 juin 2008

Promenade dominicale


La joie d'une promenade en barque, un dimanche en famille. Le panier d'osier avec le poulet rôti et les sandwiches, le bidon en cas de panne, des livres, de l'eau, des pulls et des cirés (on ne sait plus trop à quel saint se vouer avec le dérèglement climatique), et vogue la galère... Direction le nord de la lagune, Torcello en passant par Murano. Nous aimons particulièrement un joli coin très retiré de l'île de Torcello. Un chemin qui sert de digue mène à une sorte de petit vallon (les haies très touffues qui ont poussé sur des mottes à peine plus hautes que le chemin donnent cette impression de creux) coupé du monde que seul le chant des oiseaux vient troubler. On y déjeune sur un grand plaid écossais, on y bouquine, on y joue et on y fait la sieste, robinsons du dimanche ravis d'échapper à la foule des touristes du côté de chez nous le dimanche... J'ai même essayé d'y pêcher mais je ne devais pas être très bien équipé ni très doué. Le retour, le soir, quand la nuit tombe est un spectacle qui passionne toute la tribu. Une à une les lumières semblent s'allumer à l'horizon et le silence de la lagune se fait différent, plus profond, plus mystérieux. Une fois rentrés, un autre rite prend le dessus, celui du thé bouillant et des biscuits, qui n'a rien de vénitien mais qui fait partie immanquablement de nos journées tranquilles...
 
 
Photos : Margot et Alix


1 commentaire:

Mercè a dit…

Une belle promenade!!!
Vous me faits venir envie de vous accompagner!!!!

22 mai 2008

La Venise tranquille

Un instant vide, comme un décor de théâtre, avant la représentation...

2 commentaires :   (retrouvés avec l'aide de Wayback Machine)

Constance a dit…

Voilà un lieu que j'affectionne tout particulièrement, quel plaisir de le revoir! La façade à droite du canal a été rénovée, je l'ai en photo et en aquarelle dans une terre de Sienne vieillie laissant ressurgir largement la brique... changeante et permanente Venise!

AG a dit…

J'adore cette photo ; c'est tout ce que j'aime : simplicité et beauté.
Bonne journée, Lorenzo.

15 avril 2008

COUPS DE CŒUR n°26

VIVALDI
Sonate a tre "La Follia" & Sonate a due violiniEnsemble 415, Chiara Bianchini, Véronique Méjean, Käthi Göhl et Jesper Christensen.
Harmonia Mundi, 2007.
Un très bel enregistrement de sept des 27 sonates en trio publiées en 1705, par l'éditeur vénitien Giuseppe Sala, dans un recueil intitulé "Suonate da Camera a Tre, due Violini, e Violone o Cembalo". Ce recueil comporte les plus anciennes des sonates de Vivaldi que l'on connaisse à ce jour. Elles pouvaient être exécutées aussi bien avec deux violons et violoncelle qu'avec deux violons et clavecin. C'est ce que l'ensemble 415 nous donne à entendre dans un superbe disque de la très belle collection Harmonia Mundi Gold. Un régal.
....
BALTASAR GRACIAN
Le criticon
Ed. Le Seuil, 2008
Ce roman allégorique écrit par l'un des plus célèbres philosophes espagnols de l'époque baroque, jésuite érudit ami des rois et des princes, fut publié et traduit à Venise où il eut un énorme succès. Livre favori de Schopenhauer, il inspira Voltaire, Nietsche, Jankelevitch et Lacan. Il apporte au lecteur bien plus que le plaisir de lire. C'est aussi une montagne de connaissances et de réflexion où l'auteur met en exergue les nécessités de l'apparence et de la forme sur l'essence. Tout un programme. Et tout à fait d'actualité. Critilo, un homme du monde, fait naufrage sur le rivage de l'île de Sainte-Hélène, où il rencontre Andrenio, l'homme de la Nature, qui a grandi complètement à l'écart de la civilisation. Ils commencent ensemble le long voyage vers l'île de Immortalité, parcourant la longue route semée d'embûches de la vie. Dans la première partie "Du printemps de l'enfance à l'été de la jeunesse", ils rejoignent la cour du roi où ils souffrent de toutes sortes de déceptions ; dans la deuxième partie "Judicieuse et civile philosophie dans l'automne de l'âge viril", ils traversent l'Aragon, où ils rendent visite à un ami, voyagent en France, que l'auteur appelle "le désert d'Hypocrinde", "uniquement peuplé d'hypocrites et de cancres, et terminent leur voyage par la visite d'une maison de fous. Dans la troisième partie "Dans l'hiver de la vieillesse", ils vont à Rome et y découvrent une académie où se trouvent les hommes les plus ingénieux, puis finissent par rejoindre l'île de l'Immortalité. Venise n'est pas oubliée, "cette cité amphibie qui n'est ni sur terre ni sur l'onde mais toujours ambiguë sur deux versants" (p.201).
...
NORELENE
Dorsoduro 727
(Calle della Chiesa, San Vio)
041 5237605
Nora, la fille de Bobbo Ferruzzi, et Hélène sa femme, créent depuis les années 80 de magnifiques tissus de velours et de soie réalisés à la main, peints et estompés à la manière des créations de Mariano Fortuny. De leur talent naissent de magnifiques vêtements, des châles, des sacs et des tas d'objets tous plus beaux et chatoyants les uns que les autres. Ce n'est pas donné mais c'est magnifique et bien plus "fashion" en fait que les motifs classiques de chez Fortuny. Moi qui ai travaillé avec Bobo Ferruzzi, j'ai vu combien le peintre avait su les inspirer avec son sens des formes et des couleurs. Allez jeter un coup d’œil c'est magnifique.
..
RISTORANTE LATTERIA DA ZORZI 
San Marco 4359, Venezia, 30124
Tel : 041 520 88 16
Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises de ce restaurant installé dans une ancienne crémerie que je fréquentais beaucoup dans ma jeunesse. j'y suis retourné l'autre jour et j'ai bien aimé. L'ambiance et ce qu'il y avait dans mon assiette. On est accueilli sur deux niveaux (ce qui est relativement rare à Venise) : en bas le bar, où on vous servira de délicieux chocolats à la crème battue dont c'est la spécialité mais aussi du thé pas trop mauvais (cela aussi c'est rare à Venise), avec de vraiment bonnes pâtisseries. Ce fut très longtemps un restaurant exclusivement végétarien. Aujourd'hui, vous pourrez aussi vous régaler de spécialités de poissons comme il se doit à Venise mais dont la préparation légère et innovante est vraiment plaisante. Da Zorzi est situé calle dei Fuseri, tout près du campo San Luca, à deux pas de San Marco. Le prix est raisonnable, l'ambiance agréable.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…
en effet le Vivaldi (Sonate a tre "La Follia" & Sonate a due violini)est magnifique. On peut le télécharger via iTunes aussi (ce que je fis)! Un bonjour de Bruxelles! 
Marie G

31 mars 2008

COUPS DE CŒUR n°25

Michel Lambert, Airs de cour
René Jacobs et Wieland Kuijken.
Harmonia Mundi, coll. Curiosita, 2004.Je vous ai déjà parlé à plusieurs de cette trop discrète collection qui reprend des enregistrements du fonds Harmonia Mundi, qui est, comme vous le savez certainement, d’une incroyable richesse. Pour les esprits curieux (c’est ce que dit la notice de présentation du catalogue), on trouve les Arts Florissants de Willian Christie, interprétant magistralement le Cantique de Möyse de Moulinié, Les cantates de la vénitienne Barbara Strozzi avec la voix de Judith Nelson, l’Ensemble Janequin avec les Leçons de ténèbres de Sermisy, Huguette Dreyfus au clavecin qui joue le Microcosmos de Bartok (superbe !)… Des pochettes résolument sobres, contemporaines, très légères presque trop épurées, mais un contenu d’une belle qualité. J’ai toujours apprécié la politique éditoriale de cette maison de disques. Rappelez vous la création dans les années 70-80 de la collection Musique d’abord qui pour 10 Francs (1,50 € !), proposait des enregistrements d’une grande qualité et d’une incroyable diversité. Presque tous les titres ont finalement été réédités, mais le prix forcément a changé. Leur politique de développement est intelligente, leur méthode de commercialisation très sobre et surtout leur catalogue d’un éclectisme et d’un goût absolument sûr. Comme on dit d’une oreille qu’elle est parfaite. Bon, je ne sais si ce panégyrique me vaudra un cadeau de la Maison arlésienne (ce n'était pas le but, Bernard Coutaz), mais je revendique mon attachement à cette maison !
 
Revenons-en à ce disque de René Jacobs. Dans un français parfait, Maître Jacobs chante avec la délicatesse, le raffinement et l’efficience qui lui sont naturelles (nous sommes en 1981 au moment de l’enregistrement réalisé par l’excellent Jean François Pontefract) ces "airs de cour" composés pour ces concerts qui s’organisaient souvent dans les salons en ville comme à la cour, et où régnait une atmosphère précieuse et légère à la fois. Ce n’était pas des réunions prétentieuses mais savantes, aurait-on dit à l’époque, de gens bien mis, connaisseurs et cultivés. Michel Lambert, protégé de Madame de Montpensier et beau-père de Lully, fut l'élève du grand Etienne Moulinié. Il chantait en s’accompagnant au théorbe et avit de nombreux élèves au Palais comme en ville. Presque toute son œuvre est consacrée à ce genre musical, avec le plus souvent une référence à l’amour et à la mort. Ce disque est un régal.
Je ne sais plus en fait si je vous en ai déjà parlé, mais ces airs de Lambert participent tellement de ma vie vénitienne qu'ils ont presque davantage leur place dans TraMeZziniMag que le disque de Barbara Strozzi, magnifique aussi.
Lambert me ramène en arrière. Il y a une vingtaine d’années, quand jeune étudiant, je passais les plus belles soirées du monde chez un vieil aristocrate, musicien amateur qui connaissait tout le monde à Venise. Des soirées mémorables. Je sais bien qu’il réunissait chez lui beaucoup de jeunes gens parce qu’il était très sensible à notre jeunesse, et on croisait souvent dans son salon, de forts jolis garçons et de très belles jeunes filles. Mais il n’eut jamais, pour aucun de nous, de gestes qui eurent pu nous embarrasser ni ne prononça de propos déplacés. Il nous jouait entre autres du Lambert. C’est chez lui que je découvris le théorbe, le plaisir de cette musique paisible, humaine, interprétée parfois par de grandes voix qu’il invitait en même temps que nous. Je pense à Margaret Zimmermann qui venait parfois en voisine (elle habitait à l’époque un très bel appartement sur le campo Santa Maria Formosa), à ces jeunes chanteurs du conservatoire Marcello dont j’ai déjà parlé et qui donnèrent à ma demande un récital pour le vernissage de l'exposition d'un jeune sculpteur (voir le lien en cliquant ici).
 
Ce vieux monsieur, aujourd’hui disparu, avait un talent extraordinaire pour rassembler et harmoniser des êtres qui ailleurs ne se seraient jamais rencontrés. N’est ce pas cela l’esprit du XVIIe où la curiosité et la parfaite éducation permettaient de s’ouvrir à la nouveauté, où l’accueil se faisait naturel et l’hospitalité toujours royale. Inconnu en pénétrant dans le salon, vous vous sentiez au bout de quelques minutes, parfaitement intégré, comme lorsqu’on revient chez des amis de longue date… Cette capacité extraordinaire est une caractéristique de l’aristocratie et diffère tellement de la prétention bourgeoise, de cet esprit recroquevillé, frileux et sans curiosité aucune qui est malheureusement l’apanage de cette classe sociale pleine de prétention et de complexes en même temps que sottement ambitieuse et superficielle.

Mais laissons-la ces digressions. Lambert et ses airs de cour est un vrai régal, surtout ce merveilleux "Vos mépris chaque jour", avec la basse continue qui souligne la douleur du chanteur, fou d’amour et de dépit :
"Vos mépris chaque jour me causent mille alarmes,
Mais je chéris mon sort, bien qu’il soit rigoureux.
Hélas ! si dans mes maux je trouve tant de charmes,
Je pourrais de plaisir, si j’étais plus heureux."
La viole et les violons reprennent l’air et le terminent, prolongeant la douleur de l’amoureux transi. Ce qui fait la beauté de l’écriture de Lambert, c’est justement ce passage naturel de la voix à l’instrument. On n’est plus seulement dans l’ornementation. Chaque air possède un double qui loin de nous éloigner du texte, le développe, le souligne et parfois même l’explique. Méditation douloureuse, cette chaconne parle à tous nos cœurs, qui ont forcément connu, à un moment ou à un autre, les tourments dont il est question. Ecoutez, vous serez conquis.
Anne Queruel
Andrea Tron, le maître de Venise
Editions Loubatières
La biographie très bien écrite d’un grand patricien vénitien du XVIIIe siècle, ambassadeur de la Sérénissime à la cour de Versailles, homme politique visionnaire et très consulté, témoin de cette époque terrible où venise qui avait pu tout être s'apprêter sans vouloir y croire à n'être plus rien. Andrea Tron est né en 1712 dans une Venise où "On chante dans les places, dans les rues, dans les canaux. Le fond du caractère de la nation est la gaieté" (Mémoires), ami de Montesquieu, avec qui il correspondit longtemps, homme de grande culture, en avance sur son temps, il fut obsédé par un seul combat : permettre à Venise de durer. Il mourra en 1785, assez tôt pour ne pas avoir le chagrin de voir sa Sérénissime déchiquetée et anéantie par Buonaparte et les autrichiens.
Focaccia Genovese 
Lorsqu’il fait bien froid et que nous avons tous envie de rester chaudement installés dans le salon, devant la cheminée, lovés parmi les coussins du canapé, avec le chat qui ronronne comme une vieille grand-mère heureuse d’avoir tous les siens autour d’elle, je fais un plat vite fait, roboratif en diable et finalement assez fin. Il s’agit en fait à la fois d’un pain plus que d’une pizza. On en trouve partout dans les bars de Venise et l’origine serait génoise (rien n’est parfait – vous savez que je n’aime pas Gênes ni les génois, ennemis de toujours des vénitiens) d’où son nom. Peu de boutiques en vendent à Venise qui soient aussi bonnes que celle de notre recette. 
Le jeune Sam, auteur-(ex) adolescent d’un livre de recettes, écrit pour délivrer ses congénères boutonneux de l’éternel et pitoyable duo hamburger & Coca, donne une recette à peu près semblable. Essayez, vous m’en direz des nouvelles. Je sers une grande tranche encore chaude, bien moelleuse avec quelques feuilles de salade bien vertes (de l’épinard, du cresson ou de la mâche), nappées d’un simple filet d’huile d’olive et de vinaigre balsamique, avec des tranches de pancetta lorsque nous sommes à table. Sinon, pour les soirées "feu de cheminée-grosse paresse" comme en ce moment, la genovese est présentée dans une grande corbeille et chacun se sert avec les doigts. En général, je sers aussi des mugs de velouté bien chaud à base de Miso soup.
Il faut 400g de farine, 20g de levure fraiche, huile d'olive, sel, 2 pommes de terres moyennes cuites à l'eau et réduites en purée (mais c'est optionnel), de la sauge fraiche ciselée ou à défaut du persil, quelques olives dénoyautées et coupées en rondelles.
Mettez la levure dans un peu de lait ou d'eau tiède pour la dissoudre. Mélangez-la avec la farine, 2 cuillères à café de sel, la purée de pommes de terre et 3 cuillères à soupe d'huile d'olive. Travaillez la pâte, en ajoutant un peu d'eau tiède autant que nécessaire. Laissez reposer la pâte une petite heure sous un linge propre qui va monter sans sécher. Ajoutez les herbes et/ou les olives. Huilez un moule ou une plaque à four. Etalez-y la pâte. Attention elle ne doit pas être trop fine, ce n'est pas une pizza! Laisser reposer encore au moins une demi-heure. Avec les doigts, faites de petites marques, comme des "fossettes" à la surface de la focaccia. Dans chaque trou, disposez un peu de sel (le mieux est la fleur de sel, dont le croquant à la dégustation est un plaisir). Cuisez la focaccia à four très chaud, 200°C. Le temps de cuisson dépend de votre four et de l'épaisseur de votre focaccia. Elle est cuite lorsqu'elle a une belle couleur dorée! Au moment de servir, j'étale dessus un mélange assez épais de purée de tomates parfumée au basilic, et mélangée à une sorte de piperade épaissie, des petits morceaux de jambon ou des anchois, du parmesan, etc... Attention à ne pas trop saler la préparation car la foccacia Genovese selon cette recette, est salée.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…
Ma perché la ricetta della focaccia genovese ? Qui siamo a Venezia non a Genoa ! Mangiamo la polenta, semplice, con le seppie al nero. Buonissimo !