10 juin 2008

Biblioteca venetiana (1)

Tant d'ouvrages existent qui ont pour thème Venise, sa civilisation et son histoire. Les recenser serait une tâche herculéenne à laquelle je m'étais attelé dans mon adolescence et que j'ai tout abandonné après plusieurs semaines de travail. Il faut dire qu'il n'y avait pas alors le soutien de l'informatique, des sources de données et des tableurs. Des anthologies existent cependant aujourd'hui et de nombreuses bibliographies paraissent souvent très complètes. Je ne vais donc pas en rajouter. Je voudrais plutôt citer quelques ouvrages difficiles à trouver qui m'ont paru intéressants, sympathiques ou utiles à ceux qui aiment Venise.

C'est le cas d'un ouvrage que je cherchais depuis de nombreuses années et dont j'ai fini par dénicher un exemplaire dans le catalogue d"un libraire transalpin. Il date de 1706 et vient juste d'arriver sur mon bureau. Imaginez un peu ma joie quand le facteur a sonné l'autre matin, un petit paquet à la main. Bien emballé, le livre tardait à se montrer. J'étais impatient. Un petit ouvrage qui tient dans la main, un de ces in-12 que les typographes hollandais avaient inventé au XVIIe. 
 
Mon exemplaire lui, ce petit trésor que j'ai tellement cherché, est né à Venise même, chez le maître imprimeur Battista Tramontin. Il se vendait en exclusivité à la librairie de Giuseppe Rovinetti, à l'enseigne de «la Vérité» sur le ponte de Beretarri. Il s'agit du fameux «Guida dei Forestieri per osservare il più ragguardevole nelle città di Venezia» (Guide des Etrangers pour observer les choses les plus intéressantes de la ville de Venise) écrit par le célèbre moine Vicenzo Coronelli, l'inventeur de ces globes magnifiques qu'on voit encore aujourd'hui dans la bibliothèque du roi à Versailles, à la Bibliothèque Nationale ou au Palais des doges. 
 
Mon exemplaire L'ouvrage a été souvent manipulé, le papier n'est pas d'une qualité fabuleuse et la reliure d'origine en carton, n'a pas de dos. Il est dans son jus comme disent les marchands. Mais quel jus ! Imaginer combien de personnes s'en sont servi pour cheminer dans les rues de la cité est très émouvant. 
 
A la fin, l'éditeur a placé le catalogue des œuvres de l'auteur et la liste des globes Mon exemplaire disponibles... Vicenzo Coronelli, bouillant moine franciscain, cosmographe officiel de la Sérénissime avait eu l'idée, dès 1697, de composer un plan topographique détaillé (repris en fait du plan dessiné en 1627 par Alessandro Badoer). Il le publie par l'intermédiaire de l'imprimeur Tramontin, dans ce "Guida dei Forestieri", premier guide de Venise pour les étrangers, enrichi de ce superbe plan qui devait servir "per passeggiarla in gondola e per terra" (pour se promener en gondole ou à pied). L'ouvrage eut beaucoup de succès et on le trouvera dans les meilleures bibliothèques de l'époque. 
 
L'ambassadeur de France en tenait des exemplaires à disposition des visiteurs de marque qui venaient découvrir la Sérénissime. Plus tard, même Mesdames, les filles très cultivées du roi Louis XV l'auront dans leur bibliothèque. Devant le succès de ses ouvrages, l'auteur montera dans les années suivantes la fameuse Accademia degli Argonauti, société savante et maison d'édition dont les presses seront installées dans le couvent Santa Maria Gloriosa dei Frari, devenu depuis un des bâtiments des Archives de l'Etat de Venise
 
C'est un tout petit ouvrage mais qui contient de très riches informations. S'il indique comme tous les guides d'aujourd'hui (mais très brièvement) les meilleurs endroits où loger et se nourrir, il décrit surtout la ville, ses monuments, en détaillant les endroits où voir les peintures les plus marquantes, dans quelle église rencontrer tel musicien, tel organiste. Coronelli donne de nombreux renseignements statistiques qui permettent de se faire une idée très détaillée de la vie dans la Venise de l'époque, parvenue à l'apogée de sa puissance et de sa fortune mais amorçant déjà son déclin.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

e la pianta ce l'hai ?

Lorenzo a dit…

Sfortunatamente, no. Mais je viens d'en repérer un exemplaire dans une librairie américaine sur le net. A suivre donc ! Au passage, il faut noter qu'aucun des exemplaires répertoriés dans les grandes bibliothèques comme la BN à Paris n'ont l'ouvrage avec la carte. Seul un exemplaire de la fin du XVIIe à la Marciana en possède une...

09 juin 2008

Anch'il mar par che sommerga

Un petit cadeau pour les Amoureux et Fous de Venise, de la musique en général et de Vivaldi en particulier : la carissima Cecilia Bartoli dans un air de Bajazet (Tamerlan), "Tragedia per musica", composée en grande partie de pastiches par Vivaldi qui s'est servi d'airs plus ou moins oubliés aujourd'hui de Hasse, Giacomelli, Porpora et Broschi, à l'occasion du carnaval de 1735 (l'oeuvre fut donnée la première fois au Filarmonico de Vérone) sur un livret de Piovene. A moins qu'il s'agisse de Goldoni, je ne sais plus très bien. Dans tous les cas, il émane de cette interprétation parfois décriée, tout ce qui caractérise la musique de Vivaldi et la musique à Venise !

7 commentaires:

Martine a dit…

Flamboyante, ardente, lumineuse Bartoli ! Tellement en adéquation avec la "furia" vivaldienne.
A l'écouter, il semble que Vivaldi ait voulu explorer toutes les possibilités de la voix humaine. J'imagine la difficulté de chanter ses arias dans lesquels il y a pléthore de passages virtuoses, tellement contrastés, aux nuances très grandes et très rapides... Une véritable prouesse.

Gérard a dit…

Terrible ! Le lieu ? Paris ? Et ça va faire trois siècles, pour cette musique . Quelle valeur !

Anonyme a dit…

Merci - Maité

Lorenzo a dit…

C'est un extrait de son DVD dont je vais vous reparler. L'enregistrement a été fait à Paris en effet.

lavinie a dit…

Elle a été aphone pendant combien de mois suite à ce concert?
Elle est vraiment incroyable, surtout pour cet air à la limite du physiquement possible...
Sinon, j'ai découvert il y a peu Sandrine Piau dans le In Furore Justissimae Irae de Vivaldi, et elle a elle aussi une voix et une énergie incroyable: http://fr.youtube.com/watch?v=jdZDZEx-aE0&feature=related
(j'ai collé le lien, je ne sais pas si ça va aller...)

lavinie a dit…

youpi! ça joue!

Lorenzo a dit…

Merci c'est effectivement très beau bien que là aussi on rencontre de nombreuses critiques parmi les amateurs de chant lyrique...

Cette petite musique qui nous suit et parfois nous oriente

 

Quand par la douceur d'un après-midi de juin, sous un soleil encore doux avec un ciel sans nuage, le promeneur va par les calle et les campi, c'est une sonate pour violon de Bach que j'entends presque autant que les mandolines où les flûtes de Vivaldi. Je pense à la 3e suite française interprétées par Davitt Moroney, ou à la 2e sonate BWV 1015, dont le rythme correspond aux pas du visiteur paisible et heureux qui perçoit avec tout son corps les milliers de sensations que peut offrir Venise au quotidien : bruits et odeurs, détails insignifiants d'un reflet, une couleur ou trésors architecturaux découverts au détour d'une rue. C'est ainsi qu'il faut partir à la rencontre de la Sérénissime, sans but précis, sans guide ni plan, avec ce genre de musique dans la tête (la technique moderne nous facilite grandement les choses avec les walk-man et autres Ipod sophistiqués). Aller sans idées précises, l'esprit vide, prêt à se remplir de ces mille impressions spontanées qui font les vrais souvenirs de voyage. Se perdre, s'arrêter souvent, prendre le temps de tout percevoir. Comme lorsqu'on écoute des musiciens pendant un concert. Bonne journée.

 
 
 
 

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est toujours un vrai délice de se promener avec vous Lorenzo grâce à votre site Venise me manque un peu moins ou bien d'une manière différente. Je patiente avant mon prochain séjour cet été. Y serez vous ?

Pascale Magnin a dit…

Lorenzo,
difficile de s'exprimer sur Venise,difficile de décrire cette allégresse, ces bulles de champagne... mieux que vous ne le faîtes...!

08 juin 2008

En passant par San Rocco

Nul ne peut se rendre à Venise sans partir un jour à la découverte des trésors de la Scuola San Rocco où sont présentés depuis leur création les chefs-d’œuvre du Tintoret, le plus grand peintre du cinquecento. On y trouve le sommet de son travail acharné.

Car le Tintoret est un monstre de travail, un hyperactif dont chacune des actions débouche sur une merveille. Il n'arrête pour ainsi dire jamais tant est grande sa soif de création, et forte son imagination. Entre 1564 et 1567, ce sont les grandes toiles de l'Albergo, entre 1576 et 1587, le cycle de la Sala Grande Superiore voit le jour et puis vient le Retable de l'Apparition de Saint Roch, qui termine la décoration de l'établissement, en 1588. Peintre du gigantisme avec ses toiles aux dimensions exceptionnelles pour l'époque, l'artiste invente d'extraordinaires compositions. Du jamais vu. Ses personnages jaillissent du néant et prennent vie à tout jamais marquant très fortement le visiteur. 
 
 
Commandes bien précises d'un cahier des charges rigoureux, ce cycle de peintures religieuses, si elles ont l'air d'exploser en une cacophonie dont l'harmonie vient du génie seul de l'artiste, n'en sont pas moins l'application rigoureuse des exigences d'un programme religieux autant que spirituel imposé par les orientations de la Contre-Réforme. Tintoret révolutionne la peinture par son inventivité et cette apparente liberté, mais il ne franchit jamais les limites imposées et c'est aussi là le génie des commanditaires : faire dire de façon ultramoderne, voire même en choquant et en bousculant, ce que Rome impose alors comme l'unique vérité. On retrouve là l'esprit vénitien pour qui tout est politique et calcul diplomatique. La Sérénissime, dans ses stratégies d'hégémonie aurait pu basculer dans le camp de la Réforme, s'en servir et l'imposer à toute une partie du monde. C'était sans compter sur la prudence des marchands qui la gouvernent. Donner au monde de l'art un témoignage puissant, indéfectible et indépassable de la Contre-Réforme était un gage offert aux puissances alliées en soutenant Rome. Tintoret, le visionnaire se fait le bras armé (d'un pinceau) de l'Église et au service des ambitions de Venise. Servi la Sainte Église Catholique, mais aussi Je suis persuadé que cela coulait de source pour lui comme pour ses commanditaires. 
 

1 commentaire:

Alexandre a dit…

Intéressant regard, sobre et cultivé. Merci.

07 juin 2008

Le sort de Venise sera le nôtre à tous

 
On dit que Venise est le laboratoire de nos échecs, de nos réussites et de nos tentatives de sauvegarde. Ce que nous réussirons à Venise, nous serons capables de le faire à l'échelle de la planète mais si nous échouons, nos efforts ailleurs seront vains. Sans vouloir paraître ni alarmiste ni défaitiste, je crois parfois que l'échec est patent. Mais qui aura la force de crier à la trahison ? Nos enfants ? Les enfants de nos enfants ? Certainement pas en tout cas les pierres qui se disloquent chaque jour, les sculptures qui s'effritent et les fresques qui s'effacent ?
.
Photographie originale de Antonio Baldi

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2 commentaires:

Gérard a dit…

Venise est le laboratoire vivant de nos réussites . Qu'est-ce qu'une réussite en Occident ? Très simple : ce qui survit à tout . Ce qui survit à nous .
Viva Venezia , belle immortelle ,
Fleur sans âge , âpre et rebelle .
Ancienne catin des temps fidèles ,
En ton coeur, en ta margelle ,
Voici que tu cisèles
Encore pour longtemps ,
Ville si liane et si femelle ,
Tes marbres de parement
En serments d'asphodèles .
Rien ne meurt ; c'est nous , passants , qui simplement passons !

anita a dit…

Quel talent !

Anita

03 juin 2008

Aurélien Delage en concert à Bordeaux

Il y a deux ans, dans ce blog dédié à Venise et donc à la beauté (excusez ce raccourci ampoulé, il est certainement dû à l'âge), je rendais compte d'un merveilleux concert passé hélas presque inaperçu, que donna Olivier Baumont, dans les Foyers de l'Opéra de Bordeaux. Jeudi dernier - par un heureux hasard, le jour anniversaire de la naissance de Gustav Leonhardt - Aurélien Delage donnait un récital au Temple du Hâ.

 

 Ce jeune homme d'origine charentaise, qui n'a pas trente ans, enseigne le clavecin au Conservatoire de Bordeaux et la flûte à Lisieux. Passionné de pédagogie, il a su fasciner un grand nombre de jeunes musiciens qui découvrent à ses côtés le bonheur que peut procurer la musique ancienne. Aurélien Delage vient de sortir un livre-disque, magnifique album travaillé jusque dans le moindre détail et consacré aux clavecinistes de Louis XIV et baptisé "L'Entretien des Dieux" : Chambonnières, d'Anglebert et Couperin. Je vous en reparlerai dans mes Coups de Coeur du mois.

L'entretien des Dieux, c'était l'essentiel du programme de ce concert qui se déroulait l'autre soir, dans un lieu austère (le temple du Hâ est une ancienne église du XVIIème siècle qui abritait la communauté fondée par Jeanne de Lestonnac, nièce de Montaigne) réchauffé par une mise en lumière sublime de chaleur et de douceur, le clavecin noir et or, réplique d'un instrument français de 1667, conservé à Boston et réalisée par Guillaume Rebinguet-Sudre, lui aussi professeur au Conservatoire (il y enseigne le violon baroque) et admirable facteur de clavecin. 
 
 
Le public enthousiaste - un peu plus d'une centaine de personnes, dans un lieu qui peut recevoir près de 400 - eut beaucoup de mal à se lever tant le charme avait agi. Les agapes proposées après le concert lui permirent de rencontrer l'artiste. Parmi les spectateurs, de nombreux musiciens, mais aussi des jeunes gens qui entendaient pour le première fois du clavecin. 
 
 
Un merveilleux concert vraiment, où le jeu tout en retenue et en délicatesse de l'artiste convenait à merveille aux pièces présentées. Cette manière de jouer très intérieure, très spirituelle, pénétra vite l'assistance qu'on sentait tout d'abord attentive, puis peu à peu transportée. L'élégance de ce jeu, les qualités sonores de l'instrument étaient complétées par une mise en lumière simple et raffinée. En effet, l'éclairage, dû au talent de Jérôme Verghade, le talentueux directeur des Chants de la Dore (ce petit festival qui monte et qui monte au point d'être devenu le deuxième festival d'Auvergne) et producteur du disque, rendait les lieux et la musique encore plus magiques. Semblable à un éclairage à la bougie au début de la soirée quand le soleil éclairait encore les vitraux du temple, la lumière s'épanouit peu à peu dans une palette de bleus. Le soleil s'atténuant, la surprise fut grande après l'entracte de voir surgir, derrière le clavecin une gigantesque forme qui rappelait la silhouette imposante d'un homme. De là à y voir l'ombre de Louis XIV en majesté, il n'y avait qu'un pas que les spectateurs franchirent allègrement. A droite du public, les jaunes mordorés pouvaient symboliser le soleil couchant, Couperin accompagnant la fin de la grande époque du roi-soleil et, à la gauche du public, la lumière plus crue, plus blanche, irradiait les étoiles montantes : le concertiste évidemment, mais aussi les jeunes musiciens venus l'écouter... 
 
Un grand moment en vérité grâce une interprétation qui n'était pas sans rappeler le brillantissime Scott Ross ! Le deuxième bis, clin d'oeil à la communauté protestante qui offrait ce soir-là son temple à la musique du temps de la Révocation de l'Edit de Nantes : le choral "In Dulci Jubilo" de Jean Sébastien Bach qui s'achève sur cette phrase "Alpha este O(mega)". La boucle était bouclée. 
 
 
L'ombre tutélaire du vieux roi pouvait doucement s'éteindre et on entendait déjà, dans la salle à côté, le tintement des verres et des bouteilles du cocktail qui suivit. 
 
P.S. : Bordeaux est ville-candidate au statut de capitale européenne de la culture en 2013. Après des lustres d'un doux assoupissement, la belle s'est réveillée. La foule de touristes ne trompe pas : elle est redevenue belle, accueillante, et mille projets foisonnent. Autour de cette jeune équipe du conservatoire, autour de ces ensembles, ces groupes, ces associations, Bordeaux se découvre amateur de musique et la qualité est vraiment au rendez-vous. 
 
Pourtant les édiles ne semblent pas avoir encore pris la mesure de cette révolution : Bordeaux qui n'a jamais abandonné son goût ni sa passion pour les arts plastiques, redécouvre la (grande) musique et il ne se passe pas un soir sans qu'un spectacle le plus souvent de bon niveau ne soit offert au public bordelais. Je n'ai vécu ce bouillonnement qu'à Venise ou à Florence ! 
 
Photographies Bernard Delage - Tous droits réservés.

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1 commentaire:

Anna a dit…

Qui a dit qu'il ne se passait jamais rien à Bordeaux ? A vous lire et bien que je ne connais pas beaucoup cette ville, il me semble au contraire que ça bouge sacrément chez vous !

02 juin 2008

1567 signatures pour la campagne "Nascere a venezia"

Le 25 mars dernier se terminait la pétition “Nascere a Venezia” (Naître à Venise). Toutes les signatures ont été consignées aux responsables de l'ULSS par une délégation de l'association 40xVenezia. Il a été récolté 1.161 signatures grâce à l'intervention des internautes et 406 sur place à Venise. 

Le mouvement se félicite de l'enthousiasme de tous ceux qui ont bien voulu réagir devant cette décision administrative stupide qui priverait le centre historique de Venise d'une maternité et mettrait fin à la possibilité millénaire de naître citoyen de Venise puisque Mestre n'est qu'une commune rattachée. 

Vous avez été nombreux à signer la pétition sur TramezziniMag et les organisateurs de notre mouvement m'ont demandé de vous remercier. Bravo donc pour vos signatures !

 

 _______

1 commentaire:

Bérengère a dit…

Bravo à vous pour cet excellent travail. Je passe chaque jour lire vos billets et j'avoue que je me régale. A quand un livre ? Peut-e^tre en avez vous déjà publié ? Merci de partager avec nous votre passion et votre culture.

COUPS DE CŒUR N°27

Bon, la réputation des vénitiens n'est plus à faire : à Venise, on boit beaucoup et il y a pléthore de lieux pour déguster du bon vin, en bonne compagnie. Je ne dirai pas que les vénitiens sont tous des alcooliques. Mais de grands buveurs plutôt. Il faut reconnaître que l'ennui, le monde qui va trop vite pour l'état d'esprit ancestral des habitants de la lagune, les malheurs des uns et des autres, l'insularité primaire et puis ce côté matriciel qui retient tous ceux qui vivent à Venise mallgré eux mais qui ne peuvent se passer longtemps d'elle, la nostalgie de la grandeur et la certitude d'être uniques, tout pousse le vénitien à s'en jeter un derrière le gosier, puis un autre et encore un. Cela donne de bien piètres situations. C'est aussi un merveilleux outil de socialisation. Que ceux qui poussent des cris d'effroi se rendent un soir d'hiver, quand le ciel est bas, le brouillard terrible et la ville détrempée, comme en noir et blanc, dans un bar de quartier. Ils comprendront. La chaleur qui les accueillera, la douceur des nectars qui les réconforteront et les réchaufferont, tout cela fera fondre leur réticence. Sans vouloir passer pour un ivrogne non plus, ce billet présente une série de bars sympathiques que je connais et que je recommande. Pour être bon vénitien...
 
Alla Patatina 
Calle Saoneri, 
San Polo 2742.
Tel. : 041 523 7238
vaporetto : San Tomà linee 1 - 82
Un endroit sympathique situé près du Campo San Polo. Cicheti et petits plats rapides. La polenta y est très bonne. Tarifs très raisonnable pour l'apéritif. Joli décor presque authentique. Bon accueil même envers les forestieri (étrangers). Débridé et souvent animé le soir. Bons vins. Pour déjeuner ce n'est pas mal non plus mais ils pratiquent des prix new yorkais. Mieux vaut se contenter d'y boire entre amis, au comptoir, avec les vénitiens. Pour dîner, il y a mieux ailleurs.

Do Mori
Calle Galiazza et Calle Do Mori
San Polo 429
Tél. : 041 52 25 401
Ce lieu est connu, très fréquenté mais garde son cachet authentique et on y est bien. Particulièrement en hiver quand il fait mauvais, l'atmosphère y est chaleureuse. C'est petit, le décor rustique fort sympathique. Un classique. On raconte qu'il y a là depuis toujours une taverne et que Casanova y avait ses habitudes, la fille du patron de l'époque étant particulièrement à son goût. Les tramezzinini y sont délicieux, entre autres...
.
Cavatappi
Campo della Guerra
San Marco, 525
041 29 60 252
TLJ de 9 heures à minuit (sauf lundi et dimanche soir). 
L'un des trois meilleurs spritz de Venise se consomme ici sous la férule de Marco Ginabri, le patron et de sa compagne, Francesca Tegon. Un peu cher c'est vrai mais la qualité est au rendez-vous. C'est propre, accueillant et très fréquenté.
.
Paradiso Perduto
Fondamenta della Misericordia,
Cannaregio 2540
041 72 05 81
Sa réputation n'est plus à faire depuis les années 70 où il fit son apparition dans le paysage nocturne vénitien. Ce lieu avec sa cheminée, ses grandes tables de bois et son atmosphère "surchauffée", attire vénitiens, jeunes et moins jeunes, et les étrangers amateurs d'authenticité. On y entend souvent de la bonne musique, des déclamations de poésie. On y est bien accueilli, ce n'est pas trop cher. Pour une soirée agréable et sans façon entre copains, c'est un des lieux que je recommande. Le vin y est bon, la musique aussi.
.
Il y en a plein d'autres bien évidemment, citons le "Café Noir", le "Caffè Blu" , le "Caffè Rosso", "Ai Postali", "Vitae" (qu'on appelait autrefois "Al Mura"), "Imagina", "Alla Mascareta", "Ai Rusteghi", "Al Portego", "Al Ponte da Alberto" (dont j'ai déjà parlé je crois). Une mention spéciale pour mon ancien Q.G. d'étudiant, le bar "Ai Do Draghi" (déjà largement cité sur ce site)...

2 commentaires:

anita a dit…

Lors de mon dernier séjour , fin mars ( froid et pluie ) j'ai pu tester le "do Mori" : je confirme : tramezzini très goûteux et ambiance à ne plus vouloir quitter le lieu ...
anita

Douille a dit…

Un chance... J'ai souvent été assez mal accueilli dans des bars à cicchetti...

COUPS DE COEUR N°27

Bon, la réputation des vénitiens n'est plus à faire : à Venise, on boit beaucoup et il y a pléthore de lieux pour déguster du bon vin, en bonne compagnie. Je ne dirai pas que les vénitiens sont tous des alcooliques. Mais de grands buveurs plutôt. Il faut reconnaître que l'ennui, le monde qui va trop vite pour l'état d'esprit ancestral des habitants de la lagune, les malheurs des uns et des autres, l'insularité primaire et puis ce côté matriciel qui retient tous ceux qui vivent à Venise malgré eux mais qui ne peuvent se passer longtemps d'elle, la nostalgie de la grandeur et la certitude d'être uniques, tout pousse le vénitien à s'en jeter un derrière le gosier, puis un autre et encore un. Cela donne de bien piètres situations. C'est aussi un merveilleux outil de socialisation. Que ceux qui poussent des cris d'effroi se rendent un soir d'hiver, quand le ciel est bas, le brouillard terrible et la ville détrempée, comme en noir et blanc, dans un bar de quartier. Ils comprendront. La chaleur qui les accueillera, la douceur des nectars qui les réconforteront et les réchaufferont, tout cela fera fondre leur réticence. Sans vouloir passer pour un ivrogne non plus, ce billet présente une série de bars sympathiques que je connais et que je recommande. Pour être bon vénitien...
 
Alla PatatinaCalle Saoneri, San Polo 2742.
Tel. : 041 523 7238
vaporetto : San Tomà linee 1 - 82
Un endroit sympathique situé près du Campo San Polo. Cicheti et petits plats rapides. La polenta y est très bonne. Tarifs très raisonnable pour l'apéritif. Joli décor presque authentique. Bon accueil même envers les forestieri (étrangers). Débridé et souvent animé le soir. Bons vins. Pour déjeuner ce n'est pas mal non plus mais ils pratiquent des prix new yorkais. Mieux vaut se contenter d'y boire entre amis, au comptoir, avec les vénitiens. Pour dîner, il y a mieux ailleurs.

do Mori
Calle Galiazza et Calle Do Mori
San Polo 429
Tél. : 041 52 25 401
Ce lieu est connu, très fréquenté mais garde son cachet authentique et on y est bien. Particulièrement en hiver quand il fait mauvais, l'atmosphère y est chaleureuse. C'est petit, le décor rustique fort sympathique. Un classique. On raconte qu'il y a là depuis toujours une taverne et que Casanova y avait ses habitudes, la fille du patron de l'époque étant particulièrement à son goût. Les tramezzinini y sont délicieux, entre autres...
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Cavatappi
Campo della Guerra
San Marco, 525
041 29 60 252
Tous les jours de 9heures à minuit sauf le lundi et le dimanche soir.L'un des trois meilleurs spritz de Venise se consomme ici sous la férule de Marco Ginabri, le patron et de sa compagne, Francesca Tegon. Un peu cher c'est vrai mais la qualité est au rendez-vous. C'est propre, accueillant et très fréquenté.
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Paradiso Perduto
Fondamenta della Misericordia,
Cannaregio 2540
041 72 05 81
Sa réputation n'est plus à faire depuis les années 70 où il fit son apparition dans le paysage nocturne vénitien. Ce lieu avec sa cheminée, ses grandes tables de bois et son atmosphère "surchauffée", attire vénitiens, jeunes et moins jeunes, et les étrangers amateurs d'authenticité. On y entend souvent de la bonne musique, des déclamations de poésie. On y est bien accueilli, ce n'est pas trop cher. Pour une soirée agréable et sans façon entre copains, c'est un des lieux que je recommande. Le vin y est bon, la musique aussi.
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Il y en a plein d'autres bien évidemment, citons le "Café Noir", le "Caffè Blu" , le "Caffè Rosso", "Ai Postali", "Vitae" (qu'on appelait autrefois "Al Mura"), "Imagina", "Alla Mascareta", "Ai Rusteghi", "Al Portego", "Al Ponte da Alberto" (dont j'ai déjà parlé je crois). Une mention spéciale pour mon ancien Q.G. d'étudiant, le bar "Ai Do Draghi" (déjà largement cité sur ce site)...

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2 commentaires:

anita a dit…

Lors de mon dernier séjour , fin mars ( froid et pluie ) j'ai pu tester le "do Mori" : je confirme : tramezzini très goûteux et ambiance à ne plus vouloir quitter le lieu ...
anita

Douille a dit…

Un chance... J'ai souvent été assez mal accueilli dans des bars à cicchetti...

01 juin 2008

Promenade dominicale


La joie d'une promenade en barque, un dimanche en famille. Le panier d'osier avec le poulet rôti et les sandwiches, le bidon en cas de panne, des livres, de l'eau, des pulls et des cirés (on ne sait plus trop à quel saint se vouer avec le dérèglement climatique), et vogue la galère... Direction le nord de la lagune, Torcello en passant par Murano. Nous aimons particulièrement un joli coin très retiré de l'île de Torcello. Un chemin qui sert de digue mène à une sorte de petit vallon (les haies très touffues qui ont poussé sur des mottes à peine plus hautes que le chemin donnent cette impression de creux) coupé du monde que seul le chant des oiseaux vient troubler. On y déjeune sur un grand plaid écossais, on y bouquine, on y joue et on y fait la sieste, robinsons du dimanche ravis d'échapper à la foule des touristes du côté de chez nous le dimanche... J'ai même essayé d'y pêcher mais je ne devais pas être très bien équipé ni très doué. Le retour, le soir, quand la nuit tombe est un spectacle qui passionne toute la tribu. Une à une les lumières semblent s'allumer à l'horizon et le silence de la lagune se fait différent, plus profond, plus mystérieux. Une fois rentrés, un autre rite prend le dessus, celui du thé bouillant et des biscuits, qui n'a rien de vénitien mais qui fait partie immanquablement de nos journées tranquilles...
 
 
Photos : Margot et Alix


1 commentaire:

Mercè a dit…

Une belle promenade!!!
Vous me faits venir envie de vous accompagner!!!!

22 mai 2008

La Venise tranquille

Un instant vide, comme un décor de théâtre, avant la représentation...

2 commentaires :   (retrouvés avec l'aide de Wayback Machine)

Constance a dit…

Voilà un lieu que j'affectionne tout particulièrement, quel plaisir de le revoir! La façade à droite du canal a été rénovée, je l'ai en photo et en aquarelle dans une terre de Sienne vieillie laissant ressurgir largement la brique... changeante et permanente Venise!

AG a dit…

J'adore cette photo ; c'est tout ce que j'aime : simplicité et beauté.
Bonne journée, Lorenzo.