28 septembre 2012

Venise au quotidien


©  Enzo Pedrocco - Venise au petit matin.

 

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Nathanaëlle 

Cette photo est touchante, on se croirait en un temps indéterminé du XXe siècle, peut-être les années 50 ou 60, mais pas en 2012. C'est ce contraste qui est touchant, nous utilisons un caddie à la déco super sympa, mais plus pratique et maniable que le "diable" des religieuses (désolée, cela se nomme ainsi) pour aller au marché, tandis qu'elles utilisent ce qui leur permettra de ramener leurs courses, même si leur caddie n'est pas "tendance". J'aime beaucoup cette photo. Bon week-end !

29 septembre 2012 

27 septembre 2012

« I Nua», un petit moment de paradis

C'est un véritable trésor que Tramezzinimag a la joie de vous présenter aujourd'hui. Remastérisé, ce documentaire retrouve toute la fraîcheur particulière du cinéma italien de l'après-guerre. 
 
Après avoir visionné ce merveilleux petit film de Francesco Pasinetti, primé à la Mostra en 1952, on ne peut que se sentir bien. Un peu nostalgique aussi à la vue de cette Venise désormais disparue, engloutie par les temps modernes et son cortège de maléfices : pollution, tourisme de masse, exode et perte des traditions... Les images défilent sur une musique de Virgilio Chiti et la belle voix qui récite le magnifique poème de Domenico Varagnolo (1882-1949) qui a inspiré le film, est celle de Cesco Baseggio, un acteur très connu en Italie qui se rendit célèbre pour ses interprétations du personnage de la Commedia dell'arte, le fameux Pantalon.

Comme on le voit un moment dans le film, avec un plan fixe sur un panneau, la baignade dans les canaux était déjà interdite dans les années 50. Déjà du temps de la République les plongeons n'étaient pas autorisés et les autrichiens renforcèrent, sans grand succès, l'interdiction. Lorsque le temps se fait si lourd et humide que l'on ne tient plus même à l'ombre dans les maisons, les enfants de Venise ont toujours apprécié de se rafraîchir, même lorsque les bains de mer n'étaient pas en vogue. Au XIXe siècle, quand une grande partie de la population vivait dans la misère, les gamins des quartiers pauvres s'amusaient à plonger pour attirer les touristes qui leur jetaient des pièces. 
 

Le texte, I Nua (les nageurs) composé en dialecte vénitien, est une pure merveille. L'auteur a su avec les mots de son peuple, faire surgir des images que le cinéaste a cherché à matérialiser et que la magnifique diction de Baseggio embellit : cette nuée d'enfants rigolards, la force suggestive du noir et blanc rend encore plus forte la sensation de chaleur pesante, et on retrouve cette atmosphère unique qui disparait peu à peu à Venise, quand tout le monde savait se réjouir des petits bonheurs du quotidien, comme batifoler dans l'eau qui n'était pas encore empoisonnée ou remplie de pantegane, ces énormes rats marins qui sont parfois plus gros que des gros chats. 
« Xe un zorno de lugio, el tempo xe beo, no core na nuvola la suso nel cielo, no tira un fià d'aria, ma un sol malignaso dal qual no xe caso poderse salvar, ne passa el capeo, ne arde el cervelo, ne fa delirar, xe l'ora del sofego e della brusera, gh'è i muri che boje e scota ogni piera, i oci che lacrima, vien seca la gola, le gambe se incola, le stenta a obedir, al moto più picolo se ansa, se sua, se supia, se spua, me par de morir.»
«C'est un jour de Juillet, le temps est beau, pas un nuage ne court dans le ciel, pas un souffle de vent, mais un soleil insistant auquel personne ne peut échapper, qui pénètre à travers les chapeaux, brûle les têtes et pousse au délire. C'est le temps où l'air stagne et la chaleur devient étouffante, les murs sont brûlants et les pierres bouillantes, les yeux pleurent, la gorge est sèche, les jambes collent et ont du mal à obéir, le moindre mouvement rend la respiration haletante, on transpire, on souffle, on crache, on croit qu'on va mourir.»
«I rii che internandose fra campi e calete i taja Venexia in cento isolete i ga l'aqua tiepida e cossa assae rara, l'è bela, l'è ciara, la cresse pianin, xe proprio la colma, e la sula riva de boto la riva al quinto scalin, se vede un fio picolo a poca distansia, streta na corda atorno a la pansa, ch'el par na bondola molada nel brodo, che cerca ad ogni modo de sora restar, a trati afidanse a un toco de tola, ch'el sternse, ch'el mola, ch'el torna a ciapar...»
«L'eau des canaux qui se faufilent entre campi et ruelles de Venise,  la découpant en une centaine de petites îles, est belle. Elle est chaude et, c'est très rare, elle est claire.  Elle monte peu à peu. La marée est presque haute, elle déborde sur la rive et touche presque la cinquième marche sur le quai. Non loin de là, on peut voir un enfant avec une corde nouée autour de sa taille. On dirait une saucisse qui trempe dans un bouillon. Il essaie de rester à flot par tous les moyens.  de temps en temps, l'enfant s’appuie sur ​​une planche, la tenant serrée, puis la lâchant, la reprenant...»
«Un altro po' capita più svelto, più scaltro, e a quelo fa seguito un altro e po' un altro, insoma into un atimo la riva xe piena, i xe na trentena parola d'onor, de grandi, de picoli, de mogi, de suti, de bei e de bruti, de ogni color, el rio se scombusola, l'è tuto un misioto de brasi, de gambe, de teste in cramboto, chi quieto se snanara, … chi soto se cassa e beve salà, chi va come el fulmine par drito e par storto, chi invece fa el morto la ben destirà,»
«Arrive alors un autre enfant plus habile, plus intelligent qui est suivi par un autre, puis encore un autre. En fait, instantanément la rive est pleine d'enfants.  Parole d'honneur, ils sont une trentaine, des grands, des petits, des tous mouillés ou des déjà secs, des mignons et des très laids, des garçons de toutes les couleurs.  Le canal est perturbé, ce n'est plus qu' un mélange de bras, de jambes, de têtes. Il y en a qui crapotent, d'autres qui nagent paisiblement comme le font les canards, d'autres qui plongent et avalent de l'eau salée, certains filent en zig zag comme des anguilles, un autre fait la planche bien à plat sur l'eau...»
«Dal ponte i più pratici se butta vardando chi l'aqua buta più alta, tre quatro se struscia intorno a un palo, i monta a cavalo, i va a rodolon, e altri co impeto se buta in schenada, sguazzando la strada con un gusto baron...»
«Les plus intrépides plongent du pont regardant à qui fera jaillir le plus d'eau, trois ou quatre s'enroulent autour d'un poteau, se mettent à califourchon et se lancent dans l'eau, d'autres se jettent en arrière, éclaboussant la rue comme le font avec délice tous les gosses... »

© Traduction (approximative) Tramezzinimag.


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Les Idées Heureuses

Il y a une plaque commémorative de ce grand artiste, Cesco Baseggio à la fondamenta di Borgo où il vécut de 1911 à 1934.

Une Venessia que l'on aurait aimée connaitre.

Martine de Sclos  

29 septembre 2012

Les Idées Heureuses

Serait ce trop vous demander en temps bien sûr...de continuer d'écrire le texte avec la traduction, j'ai cherché veinement sur le net le poème...ce qui m'a fait passer par de jolis chemins de "traverse" mais nenni sur le poème.

C'est tellement agréable d'écouter, de lire et de comprendre cette prose si chantante dans ce dialecte si particulier....et puis j'apprends ainsi quelques rudiments!

ça y est je me suis inscrite à des cours d'italien, enfin, je commence jeudi.

Merci de tout coeur.M de Sclos

29 septembre 2012

24 septembre 2012

Un lundi sans histoire


La Ve Variation dans le style italien de Johan Sebastian Bach résonne dans l'escalier. Un ritornello guilleret, qui n'est pas sans rappeler Antonio Vivaldi, accompagne le soleil de cette matinée. Le premier jour de la semaine. Pallier le manque d'entrain après un dimanche trop court, d'heureux moments trop vite passés, par la joie du renouveau, la liberté d'une page blanche. Passer l'aspirateur, faire un brin de poussière - elle revient tellement vite - sortir la planche à repasser et le panier de linge pour ne plus remettre à plus tard l'inévitable corvée. La liste des courses qu'on aurait dû faire samedi. Il faisait tellement beau, l'air était chaud comme au beau milieu de l'été. Le ciel pourtant n'est plus tout à fait le même. Le bleu s'est fait plus clair, des nuages se rapprochent. Il pleuvra sûrement aux alentours de midi. En attendant, par les fenêtres ouvertes, le vent nous porte les bruits familiers, le chant des oiseaux, le roucoulement d'une colombe, le bruissement des feuilles, le bavardage des ménagères en bas dans la rue, le cri du facchino qui pousse son lourd chariot rempli de victuailles... 
 
 
Le son des cloches du campanile voisin rappelle à l'ordre. Le temps passe et nous sommes en Automne. J'aime le terme utilisé par les américains, the Fall qui est toujours associé dans mon esprit à la beauté de New York quand les feuilles jaunissent et que la lumière devient plus douce, enrobant toute la ville de faisceaux dorés que la pluie renforce et embellit. Le paysage urbain qui s'offre à la vue des passants devient comme une laque précieuse. Mais je suppose qu'on peut dire cela de toute ville en automne. 

A Venise, la lumière est belle chaque jour. Avant l'orage quand tout devient orangé et métallique, sous la pluie, les couleurs se diluent et c'est presque une vision monochrome qui nous apparait. Quand il neige, le silence amplifie l'aspect magique des formes immaculées qu'une silhouette sombre fait irradier par contraste. Il est tellement difficile de décrire la ville quand on n'est pas peintre soi-même, ou simplement photographe. C'est vrai qu'ici tout devient différent à cause du silence. Non pas que Venise puisse être considérée comme une ville sans bruit. Bien au contraire, mais l'absence de véhicule dans les rues modifie notre perception de l'espace. Seul parfois, le grand canal et son trafic peut rappeler la ville moderne avec ces nombreux bateaux de toute taille et de toute sorte qui vont tous à une allure différente. Car les gondoles ont exactement l'allure et le rythme des gens qui marchent.  Je ne crois pas qu'il existe au monde une autre ville dont la vie s'écoule à ce point à une allure unique. Ce rythme commun à tous influe forcément sur le regard que nous posons sur la ville elle-même. Cela dérange parfois et je connais de nombreux esthètes qui préfèrent à Venise l'effervescence de Trieste ou de Florence. Rome, c'est encore autre chose qui parfois selon moi s'assomiglia à la Sérénissime.


..Le ménage se ralentit. Une altercation en bas dans la rue entre un gondolier et un livreur. Je ne sais pas le motif de leur dispute, mais cela semble fondamental puisque tout le monde s'en mêle. A chaque fenêtre, une tête se penche, parfois quelques uns se mêlent au débat. Les cris ne durent qu'un moment. Le calme revenu, on entend de nouveau le chant des oiseaux et le souffle du vent dans les arbres du jardin. Nous irons déjeuner à la Rosticceria San Bartolomeo, cette tavola calda où j'ai mes habitudes depuis le temps où j'étais étudiant ici. Leurs polpette sont divines. un plat de lasagne et un verre de vin blanc, nous irons ensuite prendre un café sur le campo Santa Maria Formosa, délice toujours renouvelé d'un macchiato pris tranquillement sur la terrasse, si la pluie, bonne fille, veut bien attendre encore un peu. Sinon nous le boirons debout au comptoir ce café. Et si on se laissait tenter par leur grappa. Nous la boirons en l'honneur du vainqueur de Lépante qui vivait là, quelque part au-dessus du bar. 

Nous irons ensuite farfouiller dans quelques librairies, mais le meilleur de l'après-midi sera le temps passé à la bibliothèque de Querini Stampalia. L'atmosphère unique de ces lieux si calmes, remplis d'un silence plein de vie. Cette sensation de plénitude, on la ressent bien davantage encore les soirs d'automne, quand la nuit recouvre la ville et que, par les fenêtres ouvertes les odeurs du jardin se répandent dans les grandes salles, se mêlant à l'odeur des livres et au parfum de la cire qui fait briller les sols et les meubles.


L'art et la beauté sont partout ici. Le dire une fois de plus après les plus grands poètes semble incongru. Même la laideur de certaines façades abandonnées, les plus ordinaires bribes de vie prennent une dimension esthétique que l’œil ne peut manquer de remarquer. Mes lecteurs le savent bien qui me lisent  souvent et savent combien je me régale de tant de petits riens, parfois drôles, parfois sordides que la lumière, l'air, le silence ou les bruits de la ville magnifient. Un couple qui marche dans une ruelle tranquille éveille en moi le souvenir d'un tableau de Guardi. La tâche rouge du vêtement de la femme en est certainement l'élément déclencheur. on trouve souvent dans les petits tableaux que le védutiste réalisait dans son atelier, pour les touristes de son époque, une tâche rouge qui donne vie à toute la composition et met en valeur le reste du décor, fait de bruns, de jaunes et de verts. La cape d'un passant ou le store pourpre qui pend d'une fenêtre et un joli ciel d'azur nimbé de petits nuages pommelés se retrouvent souvent. 
 
 
Penser à Guardi un lundi matin, avec la musique italienne de Bach fait vagabonder mon esprit. je ne suis plus dans cet appartement moderne où peu d'objets rappellent la grande époque de l'art de vivre vénitien. Pourtant, je m'imagine bien vite dans un salotto du settecento aux parois tendues de velours de soie - l'annonce d'un certain XIXe avec son goût pour le chaleureux et l'intime - de grandes fenêtres ornées de ce verre soufflé en forme de cul de bouteille qui renvoie avec la lumière de fascinants rayons de toutes les couleurs. De gros meubles en marqueterie, un miroir peint. Et, près de la cheminée, devant un guéridon d'acajou, une jolie jeune patricienne qui joue aux cartes avec un vieil abbé ami de la famille. La jeunette songe au garçon bien fait qui lui fait un brin de cour à la messe... Là encore, d'autres ont bien mieux que moi su décrire ces scènes qui s'éveillent en rêves dans nos cœurs rendus fantasques par l'air qu'on respire à Venise.
 

 

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14 septembre 2012

Qui saura dire où a été prise cette photo ?


Un cadeau surprise pour la première personne qui saura retrouver le nom et l'emplacement des lieux photographiés ici.

6 commentaires:  

  Malheureusement non retrouvés au moment de la republication de ce billet 

12 septembre 2012

Touristes solidaires : Signez la pétition contre les grands navires à Venise !

Amis lecteurs, c'est la guerre et nul ne peut se voiler la face : Venise est vraiment totalement et à chaque instant menacée et nous devons tous réagir avant qu'il ne soit trop tard. J'invite tous ceux qui seront à Venise le 16 septembre à se regrouper à la pointe de la Douane et aux Zattere pour participer à la grande manifestation organisée par le peuple de Venise contre les navires de croisière qui circulent chaque jour par dizaines désormais dans les eaux de la lagune représentant un facteur de pollution énorme et un danger pour les monuments comme pour les populations. 

La Régate Historique à peine achevée, les premiers paquebots se présentaient devant la place Saint Marc, avançant au milieu des frêles esquifs des vénitiens venus participer à la fête, au risque de faire chavirer ou couler une des barques. Forts du laxisme des pouvoirs publics, de la protection qu'ils reçoivent des institutions financières régionales et du gouvernement italien (propriétaire du port et des eaux lagunaires), les compagnies maritimes concernées affichent un mépris scandaleux pour la protection de la cité des doges, de son environnement et de sa population.
 
On ne sait pas assez que ces vendeurs de rêve ne respectent rien, à commencer par les règles élémentaires de navigation (on l'a vu avec le naufrage du Costa machin), du sauvetage en mer (quand un passager tombe à l'eau, le navire continue sa route sans même ralentir se contentant d'avertir les autorités portuaires les plus proches de l'accident). Il suffirait d'une avarie technique au moment des manœuvres à l'entrée du canal de la Giudecca pour qu'un bateau s'échoue au milieu des immeubles des Zattere, voire même chavire sur la façade du palais des doges. Les fumées que ces navires produisent polluent autant que les cheminées des raffineries de Marghera heureusement presque toutes disparues aujourd'hui.


Peu à peu le monde entier se rend compte du danger que ces navires gigantesques font courir à la Sérénissime. Partout des articles fleurissent qui dénoncent l'immobilisme des autorités italiennes. On en parle même dans le couloirs de l'ONU Dit-on ! Une pétition internationale (ICI) circule sur le net depuis plusieurs mois, elle est adressée au gouvernement propriétaire et responsable du port de Venise et des eaux lagunaires. L'initiative récente d'un parlementaire italien, Felice Casson qui a déposé un projet de loi permettant à la cité de Venise de retrouver la pleine jouissance et gouvernance des eaux de la lagune et la propriété de son port, si elle aboutissait permettrait de revoir cette situation pericolosa. Encore faudrait-il que les édiles locaux aient une réelle volonté d'agir contre ces sociétés de navigation qui sont la honte de la profession, gigantesques machines à pognon pour qui le client importe autant qu'une huître au milieu de l'Adriatique. A Venise comme ailleurs, la dégénérescence des esprits et l'opportunisme des politiciens au pouvoir assujettis la plupart à ce délirant et abject lucrum infinitum, déjà dénoncé au moyen-âge - la poursuite indéfinie du gain sans raison morale et «absorbant toute l'activité des facultés humaines» comme l'écrivait un éminent historien de l'économie - qui est hélas devenu le leitmotiv absolu de notre monde. Chacun à notre niveau, agissons et agissons vite ! 
 

2 commentaires: 

 Veneziamia a dit :C'est David contre Goliath, mais finalement qui a gagné ? Il faut espérer que le trop court reportage aux JT de TF1 fassent réagir et que les choses changent rapidement. Je serai à Venise lundi, hélas trop tard pour manifester avec les vénitiens et j'espère aussi les touristes présents. J'ai bien sûr signé la pétition et l'ai fait signer à mes connaissances. Contre les puissances de l'argent, de l'inconscience et de la bêtise nous ne serons jamais trop actifs.

13 septembre, 2012

Veneziamia a dit : gelinotte : essayez par ce biaishttp://www.petitionenligne.fr/petition/petition-populaire-hors-de-la-lagune-les-navires-incompatibles/251213 septembre, 2012


10 septembre 2012

E finità la Mostra... Qui s'en est rendu compte ?

Peu d'éclat décidément dans cette 69e Mostra du cinéma. Les derniers projecteurs éteints, le tapis rouge enlevé, il ne restera pas grand chose de ce cru médiocre. Est-ce la faute au temps ? à la crise ? au monde qui change trop vite pour le doyen des festivals de cinéma. Le cœur semble avoir manqué aux festivaliers, même si les médias nous ont inondé de photographies de stars tous sourires et que les échos de certaines projections laissèrent à penser qu'il y avait du bon, du vraiment très bon. 

Mais ne soyons pas grincheux. La période est morose certes, mais l'espoir d'une sortie prochaine de la crise voire l'imminence d'un sursaut d'inventivité et de créativité dans tous les domaines ne doivent pas être exclues. L'homme a toujours été capable du meilleur autant que du pire. Et puis il y a eu de bonnes choses au Lido durant ce festival. Beaucoup d'artistes avaient répondu présent et le cinéma français était là, comme toujours, moins vif et ardent que dans les années 80, mais l'industrie cinématographique française tient son rang avec des acteurs vieillissants mais toujours valeurs sûres, même si cela n'a plus rien à voir avec la grande période Unifrance avec Daniel Toscan du Plantier et Jack Lang !

Le Lion d'Or décerné au sud-coréen Kim Ki-Duk est un bon choix. Le réalisateur du magnifique «Printemps, été, automne, hiver... et printemps» a présenté à la Mostra son magnifique « Pietà » qui a été très bien reçu par le public. A Venise, en dépit de la peopolisation de la manifestation, le public lambda qui peut voir les films pratiquement en même temps que les invités, les journalistes et le jury, se trompe rarement dans ses choix. Film dur que ce Lion d'Or 2012, histoire passionnelle d'amour et de vengeance filmé avec une grande maîtrise et beaucoup d'inventivité. Le coréen avait déjà reçu un lion d'argent en 2004, pour «Locataires», un autre très beau long-métrage. Mais le film qui a marqué les esprits restera «The Master» de Hoffman.

La venue de Gérard Depardieu pour le film «L'homme qui rit», m'a rappelé cette Mostra où Maurice Pialat présentait «Police». L'acteur était venu en compagnie de son fils Guillaume, à peine âgé de quinze ans, aujourd'hui disparu hélas.


Pour ceux qui ne seraient pas au courant du palmarès, parmi les 18 films en compétition, le jury, présidé par Michael Mann, a décerné les prix suivants :
  • Le Lion d'Or : Pieta, du réalisateur sud-coréen Kim Ki-Duk.
  • Le Lon d'Argent du Meilleur Réalisateur : Paul Thomas Hoffman pour son film The Master.
  • Prix du Meilleur Scénario : Olivier Assayas avec le film  Après-Mai.
  • La Coupe Volpi du Meilleur Acteur : ex-aequo Joaquin Phoenix et Philip Seymor Hoffman, pour leur rôle respectif dans The Master.
  • La Coupe Volpi de la Meilleure Actrice : Hadas Yaron pour Fill the Void.
  • Prix spécial du Jury : Ulrich Seidl pour Paradis : Amour.
  • Prix Marcello Mastroianni du Meilleur Espoir : Fabrizio Falco pour ses rôles dans La Bella Addormentata de Marco Bellochio et E' Stato il Figlio.
  • Prix de la Meilleure Composition technique : Daniele Cipri avec Mon père va me tuer.

08 septembre 2012

5072 commentaires à ce jour sur le blog !

Pour sacrifier à la mode qui porte à mettre en avant statistiques et résultats, Tramezzinimag qui fêtera au printemps prochain ses huit ans, a recueilli depuis sa création 5.072 commentaires pour un total à ce jour de 1910 billets publiés. 

 
Acerbes ou moqueurs parfois au début - le blog se mêlait alors de politique puisque c'était la triste période du référendum sur la constitution européenne, (celle-là même qui a nous a précipité dans la situation d'aujourd'hui et que les français rejetèrent en masse au grand dam de la caste dirigeante, de droite à gauche, des médias et des élites parisiennes), les commentaires arrivèrent très vite. La preuve qu'aucun des sujets abordés sur le site ne laissaient indifférents. Même la conception de l'Europe. Mais fi de la politique, contrairement à ce qu'Albert Camus prêcha dans son Discours de Stockholm, Tramezzinimag est dévolu à la beauté, à l'art, à la poésie puisque qu'il est dédié à Venise. 

Dans le monde difficile et qui change - sans que nous sachions rien encore de sa consistance à venir - dans lequel nous vivons, il est bon se réjouir plutôt que de se lamenter. Alors, réjouissons-nous de tous ces blogs, frères ou cousins de Tramezzinimag, éclos au fil des années et qui tous expriment le même amour pour la Sérénissime. Mais, chers lecteurs, ne vous méprenez pas, je ne revendique aucunement la première place avec ce blog. Je voudrais simplement souligner que sa naissance en 2005 a été suivie de l'arrivée de bon nombre de sites originaux, tous différents et parfaitement complémentaires, qui donnent aux Fous de Venise que nous sommes de quoi alimenter notre passion. Si ce blog a vraiment donné à d'autres l'envie de se lancer, c'est un grand honneur !

Avec les nouveautés du net (Facebook, Tumblr, Twitter, ...), Venise dispose ainsi de mercenaires désintéressés et totalement dévoués qui, pour la plupart, dispensent un discours durable au service de la ville et de ses habitants. Car qui aime Venise sait combien elle est en danger et combien il est urgent de participer à sa défense. Cela commence par le respect de sa spécificité, par la prise de conscience des dangers que représentent là plus qu'ailleurs les débordements de la vulgarité yankee, la pire expression de cet ultra-libéralisme qui risque d'emporter l'humanité entière et la démocratie. 

Une fois encore mille mercis à mes lecteurs et longue vie aux nombreux blogs qui nous ont rejoint depuis 2005. Evviva Venezia !

06 septembre 2012

Drôle de Redentore cette année


Un ami vénitien me disait ce matin au téléphone qu'il n'avait jamais vu une nuit du Rédempteur aussi décharnée que celle de cette année. Cette venezianità qui fait les délices des vénitiens, de sang ou de cœur - et le régal des voyageurs qui savent combien s'imprégner des us et des coutumes d'un lieu a d'importance - a été bien malmenée.
 
D'abord par notre concitoyen, le milliardaire Pinault qui avait fait interdire la Pointe de la Douane au public ce soir-là ( ! ) parce qu'une fête privée était organisée dans les locaux dévolus à sa Fondation d'Art contemporain. La Pointe de la Douane, vous imaginez ? Un lieu mythique où il est depuis toujours d'usage de s'installer pour admirer le feu d'artifice (lieu favori des enfants, comme sur le cliché de Graziano Arici ci-dessus) pour ceux qui n'ont n'a pas la chance de pouvoir passer la soirée sur une des barques décorées qui envahissent tout le Bassin de San Marco cette nuit-là. 

Les barques décorées, parlons-en aussi, car à cette aberrante confiscation de l'espace public s'ajoutait l'interdiction formelle, édictée par la Capitainerie du Port, de décorer les  embarcations à moteur et de les doter de tables. Sanctions pénales lourdes pour ceux qui utilisaient des mototopi et autres petites barques pour transporter des gens. On n'avait jamais vu autant d'interdictions pour une nuit du Rédempteur. «Scandaleux» crièrent bon nombre d'habitants de la Sérénissime. «A quand la suppression du pont votif au nom du principe de précaution ? » criait mon ami très remonté à l'autre bout de la ligne.

Heureusement, tout le monde garde le souvenir des nuits du Redentore d'autrefois, quand la fête était joyeuse, sans débordements, sans vulgarité, sans incidents et sans restrictions. Mais les temps changent et la barbarie s'immisce partout.

© Photographie de Graziano Arici

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05 septembre 2012

Petit jardin à Venise

On dit souvent que Venise est une ville très minérale où les espaces verts sont peu nombreux. Quelques jardins publics,  d'autres privés le plus souvent cachés aux regards des passants, des arbres sur les campi et des pots de fleurs sur le rebord des fenêtres. Depuis quelques années, les vénitiens ont pris l'habitude d'orner les entrées de maison de plantes. Il suffit de quelques pots de géranium, d'un arbuste ou deux, pour rendre un cortile accueillant et transformer une simple cour en jardin comme celle-ci.