24 juin 2007

Santa Lucia et le Palais Labia

 
 
Lorsque on descend le grand canal en partant de la gare, si par hasard la cohue des touristes entassés sur le pont du vaporetto n'empêche pas d'apercevoir le majestueux paysage urbain, un superbe corps de bâtiment ne peut manquer d'attirer l'attention. A l'angle du canal de Cannaregio, qui fut jusqu'à la construction du pont par les autrichiens au XIXe, la voie d'accès à Venise pour les visiteurs arrivant de la Terra Ferma, se dresse le majestueux Palais Labia et la belle église San Geremia et son campanile, plus communément appelée par les vénitiens Santa Lucia, car elle abrite les cendres de la martyre Sainte Lucie dont la chapelle votive donne sur le Grand Canal. Le catafalque de la sainte est entouré de paire de lunettes laissées en offrande par les fidèles guéris de leurs problèmes de vue (sainte Lucie est la patronne des aveugles et des électriciens). Un troisième bâtiment complète l'ensemble, de facture typiquement vénitienne, c'est le presbytère de la paroisse. récemment restaurée, son harmonieuse façade rappelle les magnifiques maisons de campagne qu'on peut admirer tout autour de Venise, dans les îles ou vers Asolo, Padoue et Vérone. De l'autre côté du canal se dresse le palais ou vit Helmut Berger, l'acteur fétiche de Luchino Visconti, qui hérita du maître cette demeure magnifique où il vit en reclus. Le Palais Labia qui est aujourd'hui le siège de la RAI, fut jusque dans les années 60 la propriété d'un milliardaire excentrique, sud américain d'origine basque, Carlos de Bereistegui qui le restaura et y donna le fameux "bal du siècle" qui réunit sous les fresques de Tiepolo les plus grandes célébrités, en 1951. Je vous raconterai cette fameuse soirée dans un prochain billet.

22 juin 2007

Pour un séjour à Venise


Se rendre à Venise et ne pas descendre à l'hôtel, voilà un vieux rêve que tout le monde aujourd'hui peut transformer en réalité. Des centaines d'adresses sont ainsi à la disposition des voyageurs - vous savez combien je préfère ce terme à celui tellement dévoyé de "touriste" - et il s'ouvre chaque jour un nouveau "bed & breakfast" plus ou moins accueillant. L'idée est bonne : Vivere alla veneziana, entre amis ou en famille pendant quelques jours, voire quelques semaines... Attention cependant au danger. Vivre ainsi vous fera risquer l'addiction. Trop agréablement installés, des habitudes vite prises chez tel ou tel commerçant bienveillant, quelques bribes d'italien, deux ou trois rencontres avec des voisins avenants et ça y est, vous êtes en état de dépendance et la désintoxication devient impossible. Il n'y a aucun remède et si l'overdose n'est pas mortelle (du moins pas à ma connaissance !), l'embarras peut prendre de terribles proportions. Je sais de quoi je parle !
L'hôtel à Venise lorsqu'on a un budget "normal", se résume à un décor néo-vénitien avec débauche de damas et de brocard, nègre de bronze tenant une lanterne dorée, lustres à pampilles dorées et lions de saint Marc en plâtre doré. Votre chambre matelassée de faux tissu XVIIIe ouvrira sur un puits de jour sans lumière souvent nauséabond et dans les catégories les plus simples, le drap du dessus utilisé par vos prédécesseurs sera devenu votre drap de dessous. Colazione continentale avec un mauvais pain blanc sans aucun goût, un petit pot de confiture d'abricot, une plaquette de beurre et un café au lait sans imagination... 
Bien sur les catégories supérieures ont de belles chambres, des concierges affables et de gentils grooms en livrée. Mais passer dix jours en famille au Londra, au Métropole, au Baüer-Grunenwald et à plus forte raison au Danieli ou au Gritti (je ne parlerai même pas du Cipriani à la Giudecca) n'est pas pour tous les portefeuilles sauf à pouvoir claquer 1.000 à 5.000 euros par jour. On peut certes dormir au Danieli pour une somme relativement modique mais ce ne sera pas la chambre de George Sand et Chopin.
Si vous aimez le confort mais ne voulez pas vous ruiner, l'appartement loué au week end, à la semaine ou au mois est fait pour vous. Parmi les nombreuses agences sérieuses qui louent ce type de biens, vous trouverez votre bonheur : petit nid d'amour romantique au possible situé sur le Grand canal avec une partie de jardin à votre usage personnel, étage noble d'un vieux palais, duplex fonctionnel avec terrasse, loft ultra moderne avec jacuzzi et haut débit... Quant aux tarifs, ils vont de 650 euros à 15.000 euros la semaine (exemples extrêmes pris au hasard des quelques agences avec qui je suis en contact). La moyenne pour un appartement convenable non inondable (trop de locations sont des magazzini transformés à la hâte et qui malheureusement sont inondés lors de l'aqua alta) tourne entre 800 et 1.200 euros la semaine en Pleine Saison. Il est souvent possible de négocier les tarifs pour des durées plus longues.