12 janvier 2010

Quand il fait bien froid, le rôti de veau réconfortant s'impose

A Hubert D. et à sa compagne, Sophie.


Non seulement il fait vraiment froid mais le ciel s'est fait très gris et bas. Une sorte de neige fondue tombe et se transforme en verglas sur les dalles des rues. Peu de monde dehors, presque aucun bruit. Les chats dégoutés de ne pouvoir aller regardent par la fenêtre puis vont se lover dans les endroits les plus abrités de la maison. La panière de linge à repasser pour Ulysse, le noiraud, un gros pull-over tyrolien en laine bouillie laissé sur un fauteuil près du radiateur de la bibliothèque pour Mitsou, le roi des chats que tous les lecteurs de Tramezzinimag connaissent. N'est-ce pas le temps rêvé pour se mettre à cuisiner ? 

Concocter de bons petits plats est l'un des meilleurs remèdes contre la morosité. Puisque c'est de réconfort dont il s'agit ce matin, laissez-moi vous proposer un rôti de veau réconfortant (ou revigorant) : Arrosto di vitello detto di Casanova.

Il va vous falloir : un beau rôti de 1,5 à 2 kilos (noix ou quasi de veau), des gousses d'ail, des filets de harengs, des épices (romarin et thym), un verre de vin blanc, du beurre, de l'huile d'olive, du sel et du poivre.
 
Préparer une marinade avec du vin blanc, du romarin et du thym, poivrer le rôti avant de le tremper dans cet appareil. Ne pas saler à ce stade. Laisser mariner une ou deux heures dans un endroit frais (à l'abri des chats si vous en avez !). Puis égoutter légèrement la viande, la piquer d'ail, et barder le dessus du rôti de morceaux de harengs que vous aurez découpé comme du lard. Mettre au four dans le plat de cuisson avec deux cuillères à soupe d'huile et un bon morceau de beurre. Ajouter des herbes, la marinade. En milieu de cuisson saler et poivrer. Quand la viande est cuite, le hareng caramélisé et croustillant aura l'aspect et le goût relevé d'un morceau de lard rôti. Le suc du poisson se sera mélangé à celui de la viande, dégageant un arôme raffiné. Couper en tranche et servir aussitôt, nappé du jus que je déglace au dernier moment.

Comme accompagnement ? : Un plat de pâtes simplement cuites al dente avec de l'ail et du parmesan fraîchement râpé, ou bien une vraie bonne purée à la manière d'Alain Ducasse et vous allez vous régaler ! Pour la purée, voici le secret :


Prendre de belles pommes de terre, les peler et les laver, puis les mettre dans une casserole avec une branche de romarin et une gousse d'ail. Recouvrir d'eau froide (l'eau doit à peine couvrir les pommes de terre). Mettre une poignée de gros sel. Laisser cuire. Et mettre le lait à bouillir et le maintenir au chaud. Quand il n'y a presque plus d'eau dans la casserole, vérifier la cuisson des pommes de terre. La lame du couteau doit s'enfoncer facilement dans la chair devenue jaune pâle. Faire évaporer toute l'eau en remuant la casserole sur le feu, cela équivaut à égoutter les pommes de terre qui vont s'écraser une peu (ce qui est bon signe). Veiller à ne pas les faire accrocher cependant sinon elles prendront vite un goût de brûlé. 

Enlever l'ail et le romarin. Mettre les pommes de terre dans le moulin à légumes que vous aurez chauffé dans de l'eau bouillante et mélanger dans une terrine avec 15 cl de lait entier pour 1,5 kilos de pommes de terre. Mélanger les pommes de terre avec la préparation à l'aide d'une cuillère en bois. Ne pas trop remuer la chair écrasée des pommes de terre toute seule car elle risquerait de corder (la chair devient gluante et seulement bonne à coller du papier-peint !), ajouter ensuite 60 g. de beurre frai. Vérifier l'assaisonnement et servir aussitôt ou réchauffer à feu très doux au moment de servir. Vous aurez obtenu la meilleure purée du monde. Au Louis XV de Monte Carlo, Ducasse ajoute de l'huile de truffe mais cela n'irait pas avec notre rôti de veau d'aujourd'hui ! Bon appétit !


10 commentaires:


Anne a dit…
Merci pour ces recettes. Je n'aurais jamais osé mettre du hareng avec du veau! Mais pourquoi le titre "di Casanova"?
Anne
Lorenzo a dit…
dans le nom est la réponse : rôti réconfortant ou revigorant. Censé donner des forces à qui en a besoin... Recette vénitienne du XVIIIe, on pense aussitôt aux ébats dont Giacomo se vantait... Ce plat était souvent préparé aux jeunes mariés pour le souper du milieu des noces. Un clin d’œil des cuisinières d'autrefois, à une époque où sous des airs affranchis, le monde est bien plus prude qu'il n'était alors. Il y a aussi les anchois qui bardent la viandes sensées donner force et vigueur et donnent un goût génial à celle-ci dans la recette du Fricandeau Remedio de jean Clausel. Un rappel des pratiques culinaires des anciens temps.
VenetiaMicio a dit…
Miam ! Miam ! Vous êtes une perle, comment peut-on se passer de vous ?
Voilà un plat qui m'aurait bien ravigotée...surtout que j'ai travaillé à l'extérieur, car nous sommes toujours bloqués dans notre belle Provence. Déjà la pelle est presque trop lourde pour moi, mais j'y suis arrivée !
Puis-je me permettre de vous donner une excellente recette de purée de pommes de terre à l'huile d'olive.
1 kg de pommes de terre moyennes (charlotte, ratte) 2,5 dl d'huile d'olive extra vierge -150 gr de lait -150 gr de beurre frais- sel de mer -4 pincées de fleur de sel
Choisir des pommes de terre de même taille et les peler. Les couvrir d'eau salée. Cuire à petite ébullition durant 20 à 25 min.Les égoutter soigneusement et les transvaser dans un moulin à légumes. Les passer immédiatement dans un plat chaud. Incorporer à l'aide d'un spatule le lait bien chaud et le beurre. Rectifier l'assaisonnement en sel. Incorporer petit à petit l'huile d'olive en mélangeant. Conserver au bain-marie. Au moment de servir, ajouter sur l'assiette un filet d'huile d'olive et une pincée de fleur de sel.
Voilà c'est la meilleure purée que j'ai mangé et elle est la recette de Wout Bru, l'excellent cuisiner de mon village chez Bru
Corinne a dit…
Du veau et du hareng ! C'est audacieux. Je remercie Patrick de m'avoir permis de découvrir ce blog. Il me semble qu'il existe aussi une sauce dite "ravigote", pour rester dans le même esprit. Que Casanova ait eu souvent besoin de recharger ses accus, nul n'en doute !
C'est un plaisir de vous rendre visite.
Lorenzo a dit…
Vous êtes la bienvenue Corinne. VenetiaMicio, cette variante de la purée de pomme de terre me semble délicieuse, nous allons l'essayer à la première occasion.
Corinne a dit…
Merci !
J F F GrandsLieux a dit…
Et voilà, je découvre que Venise a encore une recette inventive à son actif (au delà des macarons, du tiramisù, du foie au lard et des spaghetti aux clovisses).
Magnifique recette.
Dommage, ma cuisinière (oui, j'ai cette chance, mais pour combien de temps ? ) ne veux préparer que ses plats à elle...
Il va falloir que je m'y mette si je veux goûter à ce veau-là !
Anonyme a dit…
Bonjour
je voulais faire votre plat ce week end sauf que je n'ai pas su choisir entre les filets de hareng "nature" et les "fumé". J'imagine que si vous n'avez pas précisé c'est qu'il s'agit des nature .. mais j'aimerai bien en être certaine!
merci
Lorenzo a dit…
C'est avec des harengs "frais" mais les fumés font aussi bien l'affaire de même que l'on utilise selon son propre goût du lard fumé ou non dans d'autres recettes. Si vos harengs ne se laissent pas effiler jusqu'à ressembler à de belles bandes de lard (cela dépend de la qualité du produit), vous pouvez aussi essayer de larder la viande avec des lanières de poisson. personnellement je préfère barder le rôti, le poisson finit par caraméliser et le suc en devient d'autant plus subtil. Attention cependant à ne pas mettre trop de harengs. Pour un beau rôti quatre ou cinq bardes suffiront.

04 janvier 2010

COUPS DE CŒUR N°38

Beaucoup de livres dans ce premier Coups de Coeur 2010, (le trente cinquième de la série !), le Père Noël vient à peine de passer et le facteur a glissé dans la boîte aux lettres quelques services de presse parmi lesquels certains titres vraiment sympathiques. Ceux recommandés ici ne sont pas tous des parutions récentes mais ils méritent vraiment votre attention !
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Henri Landier
Venise ou l'Innocence retrouvée

Editions Somogy
. 2007.
ISBN-9782757200865
Henri Landier entre en peinture comme d'autres entrent en religion. Une vie haute en couleurs comme sa peinture : il expose ses premières toiles à 13 ans, s'enfuit de chez ses parents quatre ans plus tard pour dessiner et peindre frénétiquement les bistrots de Montmartre, les rues de Paris, mais aussi le monde - de Maracaïbo à Amsterdam, en passant par la Provence - sans relâche. Huiles, dessins, gravures... Tous les supports l'inspirent et ses portraits gravés de Rostand, Michel Simon ou Pierre MacOrlan sont devenus des classiques. En 1980, le peintre redécouvre Venise, qu'il retranscrit dans de grandes aquarelles douces et joyeuses. C'est le fruit d'un travail de trente années qui est présenté dans ce livre en collaboration avec Alain Vircondelet qui retrouve dans les œuvres de Landier une Venise vivante et authentique "Venise ou l'Innocence retrouvée", ou la rencontre de deux artistes passionnés qui ensemble nous invitent à un voyage inédit. 
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Elio Bartolini
Le crépuscule de Ca
sanova (1774-1798)
Traduit par Isabelle Abramé-Battesti
Editions Desjonquères
210 pages.
ISBN : 2 904227 88 1
Les trois mille pages de l'Histoire de ma vie de Giacomo Casanova s'interrompent brusquement à son retour à Venise en 1774. Pourtant, il ne mourra que plus de vingt ans après, laissant délibérément dans l'ombre la chronique amère de son déclin. C'est cette période mal connue qu'Elio Bartolini retrace grâce à des témoignages et des documents d'archives.
Le temps des succès mondains et amoureux révolu, Casanova essuie une suite de revers qui le conduisent à devenir espion à la solde de l'Inquisition vénitienne. En 1782, une ultime bravade contre l'aristocratie de la Sérénissime l'en chasse définitivement : ses errances, qui le mènent dans la Vienne de Mozart et de Da Ponte, s'achèvent en Bohême, où, dans la retraite du château de Waldstein, l'aventurier revit ses heures de bonheur et d'insolence en rédigeant ses mémoires, avant de mouriren 1798, survivant de l'Ancien Régime, totalement oublié dans une Europe emportée par les tumultes de la Révolution et les conquêtes de Bonaparte.
Elio Bartolini est né dans le Frioul en 1922. Il avait auparavant présenté et annoté "Le Duel de Giacomo Casanova" et "Les trente-trois lettres de Francesca Buschini à Casanova". Son Crépuscule de Casanova a connu un très grand succès en Italie.
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Giambattista Basile
La chatte cendrillonne

traduit par Myriam Tanant

ill. de Jean-Baptiste Blom
Éditions Le Mercure de France
Coll.Le petit Mercure
64 pages
- ISBN : 2-7152-1949-0
L'histoire d'une Cendrillon napolitaine au XVIIe siècle, qui ne se laisse pas faire. Elle tue une marâtre, réussit à échapper à ses poursuivants et rend fou d'amour son roi qui, en contemplant le soulier perdu, s'écrie : " ô trépied de la belle marmite dans laquelle bout ma vie !". Tout un programme que les trois contes de ce petit recueil, extrait du Conte des contes de Giambattista Basile publié en 1634 et dont s'inspirèrent largement les frères Grimm. Un petit bijou que j'offre assez souvent autour de moi.

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Daisy Waugh
Bordeaux Housewives

Harper & Collins Ed.
400 pages
ISBN: 0007168209
Maud et Horatio Haunt ont franchi le pas. Avec leurs deux jeunes enfants, ils ont quitté leur ravissant intérieur londonien pour les collines fleuries et la vie rustique du Sud Ouest de la France. Daffy Fielding vient de persuader son mari de racheter l'Hôtel Marronnier. L'arrivée de ses compatriotes ne réduira pas l'ennui permanent de Lady Emma Rankin qui de son joli château va tisser les nouveaux liens qui s'instaurent dans ce joli coin de la campagne bordelaise. Mais tout va se compliquer pour le plus grand amusement du lecteur. Histoires cachées, adultère, bonne chère... Un roman très drôle et sans prétention pas encore traduit en français qui se lit d'une traite. Daisy Waugh, romancière et chroniqueur dans de nombreuses revues et magazines britanniques et américains, est la petite fille de l'écrivain Evelyn Waugh (et la fille d'Auberon Waugh). Elle est l'auteur de plusieurs romans, notamment "The Desperate Diary of a Country Housewife" (paru en 2008) que je recommande aussi à mes lecteurs anglophones. Elle n'est pas encore traduite en français.
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Collectif
La cuillère d'argent

Traduit de l'italien
Editions Phaidon
1064 pages
ISBN 0714896667

Plaisir absolu des yeux et des papilles, ce livre de cuisine est incontournable. La bible ! C'est le plus populaire d'Italie depuis sa première édition en 1950 par Domus, le célèbre magazine italien dédié à l’architecture et au design. Il est présent dans toutes les cuisines de la péninsule, comme un temps le Ginette Mathiot en France et en Belgique (la qualité en plus) ! Pour la première fois publié en français, cette authentique bible de la cuisine italienne propose 2000 recettes, la plupart du temps très simples et joliment illustrées. De quoi donner envie de se mettre aux fourneaux aux plus réticents ! Un régal vraiment. Si vous aimez la cuisine italienne, il n’y a pas à hésiter. Ce livre est une bible : Antipasti, paste i risotti, verdure, pesci, frutti di mare, carni, dolci. Que des recettes issues de la tradition, recettes traditionnelles et innovations contemporaines glanées par des spécialistes dans chacune des régions du pays dans ce très gros volume, dont les pages risquent vite de se parfumer de basilic et de se tacher d’huile d’olive. "Pour l'édition en français, les ingrédients, quantités et modes de préparation ont été adaptés aux goûts et aux habitudes modernes afin d’en faciliter l’utilisation tout en conservant l’esprit original du livre et la volonté de transmettre ce savoir-faire ancestral aux nouvelles générations. Simple et sophistiqué à la fois, La Cuillère d’argent s’adresse tant aux cuisiniers occasionnels qu’aux talents confirmés." (Amazon). Belle et pratique mise en page, superbe couverture, nombreuses photographies et sympathiques illustrations de Francesca Bazzuro, en font un alléchant ensemble. Des menus réalisés par des grands chefs confirment le caractère incontournable du livre. "Pour toute ces raisons, La Cuillère d’argent, plus qu’un classique de la cuisine italienne, est bien LE livre de cuisine à avoir chez soi" (Le mot de l'éditeur).

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7 commentaires:

Enitram a dit…

Tout simplement merci pour ces coups de cœurs (déjà le 35 ième)si bien résumés qui nous donnent envie de se précipiter en librairie, et la musique, cela m'étonnerai qu'elle soit absente de votre florilège...

Lorenzo a dit…

cette fois-ci oui, mais le prochain sera effectivement fourni en conseils musicaux et en adresses ! Bien à vous Enitram.

Thierry a dit…

Je suis très heureux d'apprendre l'existence de Daisy Waugh et de la découvrir, en pensant à son grand-père dont j'avais lu "Brideshead revisited" avec délice, quoiqu'en traduction française, mon "anglais" étant plus qu'élémentaire. Merci de toutes ces alléchantes références.

Michelaise a dit…

Sympa le Père Noël, veinard (vivent les services de presse !)... j'aurais préféré que ce soit l'italien qui ne soit pas traduit que l'anglais, car je suis comme thierry, rudimentaire !!! non, élémentaire ! mais tout cela est bel et bon, merci Lorenzo pour ces découvertes que nous transformons parfois en achats (je viens de recevoir l'Aguéev que vous aviez recommandé)

Thierry a dit…

Bonsoir Michelaise,...ouf! bien content de ne pas me savoir le seul "nul en anglais" sur ce blog...so british...lol...et j'en profite pour vous adresser mes meilleurs voeux!

Lorenzo a dit…

Impossible d'être ou plutôt de rester nul en anglais : achetez un journal, une revue ou mieux un roman et jetez-vous à l'eau vous verrez, ça vient vite et tout seul. Bien que belle et sophistiquée, la langue de Shakespeare est très intuitive, fonctionnelle et les mots qu'on ne connait pas, avec un peu de pratique et de réflexion, on finit toujours par en trouver le sens ! Essayez et vous verrez ! Really !

Thierry a dit…

Thank you so much, dear Lorenzo, you are marvellous teacher, is'nt it? (I hope it's ok, like that!)...
...and to send you my best wishes, please, look at this...Mrs. Whithney Houston...so beautiful woman:
http://www.youtube.com/watch?v=xiMl8UcXOLs&feature=related
Whitney Houston - I look to you (2009)