20 décembre 2013

COUPS DE Cœur N° 47 - Spécial Noël

Dernière ligne droite sur le chemin de Noël, la fièvre des préparatifs bat son plein. Tramezzinimag vous présente quelques uns de ses récentes découvertes, des coups de cœur pour fêter Noël et le nouvel an. Bonne fin d'année à tous et un très Joyeux Noël !

Alessandra Zamperini
Véronèse
Imprimerie nationale
350 p., 144 euros. 
Un somptueux cadeau de Noël, et pas seulement un de ces coûteux coffee-table books qu'on ne feuillette jamais et qui n'ont pour seul usage que de montrer aux hôtes la culture et le bon goût des maîtres de maison : une mine, un trésor pour une bibliothèque ! C'est Delacroix qui affirmait tout devoir à Paolo Véronèse. Il l'aurait répété à chaque page de cet ouvrage. Des balbutiements du jeune peintre dans sa ville natale de Vérone, avec les commandes des princes, les Soranzo puis les Gonzague, et l'arrivée à Venise, les premières peintures du palais ducal, celles de la bibliothèque Marciana, les somptueux travaux  pour les Hiéronymites et des patriciens vénitiens, les Pisani, les Trevisan, les Barbaro... Un magnifique livre d'art qui donne aussi à voir dans toute leur splendeur les trompe-l'oeil de la villa Barbaro, construite par Palladio à Maser, bien mieux que ne l'ont fait d'auters beaux ouvrages plus anciens. Très documenté, jusque dans les moindres détails, sur les incertitudes et les controverse, le livre d'Alessandra Zamparini, qui est  professeur d'histoire de l'art à l'université de Vérone, qu'on se prend à penser, avec Thierry Gandillot que la dame est "si bien renseignée qu'on la soupçonne presque d'avoir vécu au XVIe siècle dans l'entourage du peintre..." 

Marie-Caroline Saussier
Venise, Secrets de vénitiens
Ill. de Lise Herzog
Prat éditions, 2013. 
266 pp. - 15,10€ 
Les services de presse ne nous amènent pas forcément de bonnes surprises. Nombreux sont les ouvrages qui finissent sur un coin d'étagère et dont on ne vous parle pas. Le guide des éditions Prat consacré à Venise n'est pas de ceux-là. Bien qu'assez lourd et de format peu propice à se glisser dans une poche, le livre est une joyeuse découverte. En plus de deux cents pages, Marie-Caroline Saussier a su exprimer l'essence même de la cité des doges, traduisant au fil des pages la joie et l'émotion, le bonheur et le plaisir qui caractérisent le plus souvent la découverte de la ville. Bien conçu, complet, didactique à souhait, le lecteur trouvera tout ce qui est nécessaire à la préparation de son voyage, des détails intéressants, des anecdotes, tout ce qui permet de se sentir autrement que voyeur égoïste surfant à la surface des sensations et des usages de cette ville unique au monde. Rien à redire donc sur cet ouvrage très didactique, pratique aux illustrations et photos bien choisies. Cinq vénitiens confient leurs coups de cœur, les endroits qu'ils fréquentent, les lieux qu'ils préfèrent. Venise, secrets de vénitiens se lit comme un roman, une fois entamé on a envie d'aller jusqu'à la dernière page. On y parle des ponts et des puits, mais aussi de la gloire maritime de la Dominante, des îles, avec un paragraphe consacré aux potagers de la lagune. Les mystères de la cité des doges sont évoqués, comme les fêtes et les traditions locales... Palais méconnus, meilleurs bars à cicchetti, promenades guidées dans Cannareggio ou santa Croce... Autant de thématiques soulignées par l'attachement des cinq vénitiens interrogés à leur chère Venise. On est toujours loin des clichés touristiques. C'est savoureux, gourmand, et addictif. L'envoi comprenait aussi le volume consacré à Rome qui, de la même manière, se lit comme un roman, rempli de bonnes adresses, d'anecdotes et de conseils qui font de ces nouveaux guides des ouvrages originaux et passionnants.

Bruno Maurice
Mitango
Label Inspirmusic 
2013 -18 €
http://www.inspirmusic.com/cdmitango.html Comment exprimer la surprise, le ravissement et l'attrait de ce disque, le dernier en date de Bruno Maurice, brillant jeune spécialiste de l'accordéon dit bayan Appassionata. Ce professeur du conservatoire de Bordeaux a des goûts très éclectiques et un jeun plein de grâce et d'ampleur. A l'image de son personnage. Humble, réservé, presque timide, Bruno Maurice éructe sa sensibilité, son empathie pour la nature et les êtres. sa musique, qu'il interprète un morceau du répertoire ou bien qu'il improvise. Mitango est une succession de bonheurs, tous différents, qui ne peuvent laisser indifférents.Le disque s'ouvre sur un morceau d'essence très classique, méditatif, qui prend peu à peu de l'ampleur jusqu'à ressembler à la sonorité d'un grand orgue, puis les pièces se succèdent, tantôt méditatives, mélancoliques ou joyeuses... Une musique classique mais aussi très moderne, avec des touches de tango et de jazz. La version du merveilleux "Sur les quais du vieux Paris" de Ralph Erwin immortalisé par la voix de la grande Lucienne Delyle en 1939, ne peut laisser personne indifférent.

15 décembre 2013

Venise, la colonne de San Salvador


..En dépit de ses presque neuf mètres de hauteur, la colonne du campo San Salvador est un des éléments "invisibles" de la cité des doges. Située sur le campiello qui fait le lien entre le Rialto et San Marco, presque toujours envahi par les On passe à côté, on lui tourne autour, mais on ne sait rien d'elle, ou pas grand chose sauf qu'on l'a toujours vue là. Et pourtant, elle a un sens pour les vénitiens qui connaissent l'histoire de leur nation. 

..Ce monument commémore la flambée d'émeutes qui secoua Venise en 1848, le 22 mars précisément, quand la population tenta de reconquérir sa liberté et fut proche d'y parvenir, tenant la ville à l'écart des autrichiens pendant dix huit mois, jusqu'à la fin de l'été suivant, après avoir poussé les autrichiens et leur gouverneur militaire, le comte Palify, à capituler et à se retirer sur la terraferma. L'Europe secouée de spasmes révolutionnaires vit l'empire austro-hongrois prêt d'imploser, comme faillit imploser le royaume de France quasiment au même moment. La colonne, trouvée dans des fouilles à Rome, fut offerte à la Commune de Venise par le sculpteur Antonio Dal Zotto, à qui l'on doit la statue de Goldoni qui trône sur le campo San Bartolomeo. Son chapiteau et les ornements de sa base sont en bronze comme l'habillage représentant une feuille de palme qui décore le fût de marbre antique, sur laquelle est inscrite la date, XXII MARZO MDCCCXLVIII. 

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le général Mezzacapo
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Le monument fut inauguré le 22 mars 1898 par le maire Grimani descendant d'une des plus grandes familles patriciennes de l'ancienne république, en présence du dernier héros survivant de cette épopée, le général Carlo Mezzacapo, qui commanda le Fort de Marghera puis ensuite celui de l'île de San Secondo pendant la résistance déterminée des vénitiens. Originaire de Capoue, le vieux militaire, était à l'époque officier des armées de l'armée des Bourbons (du Royaume de Naples), alliée des piémontais contre l'Autriche. Lorsque l'ordre de retrait arriva, il décida de désobéir et rejoignit Venise en compagnie de son homologue le général Pepe, lui aussi napolitain, qui mourut sur la lagune. Il s'unit aux insurgé vénitiens. Il refusa ensuite de réintégrer l'armée napolitaine et choisit de s'exiler. Il existe un bas-relief, calle Larga de l'Ascension, édifié à la mémoire de ces officiers napolitains qui défendirent Venise en 1848. Il représente les généraux Pepe, Rossarol, Cosenz, Mezzacapo. La dédicace : 
"Ufficiali napoletani offersero vita e sangue a Venezia per convincere il mondo esservi tutta una Italia insoffe­rente al giogo straniero, 1848 - 1849."
(Des officiers napolitains donnèrent vie et sang à Venise pour convaincre le monde que l’Italie ne souffrira plus le joug étranger, 1848-1849)

Le Risorgimento est présent aussi non loin de là, avec deux boulets de canon incrustés dans le mur de façade, côté extérieur de la Piazza, pour rappeler la pluie de bombardements qu'avait subie la Sérénissime entre le 29 juillet et le 22 août de cette terrible année. Plus de 23.000 projectiles furent ainsi tirés sur la ville par l'artillerie autrichienne. Après l'assaut des troupes ennemies, ce fut le choléra qui s'insinua dans la ville infortunée. Le poète et patriote Arnaldo Fusinato, qui s'illustra sur les barricades, a écrit sur ces moments terribles dont Venise ne s'est jamais vraiment remise. Pour la première fois de son histoire, l'ennemi l'atteignait en son cœur... : 
“Il morbo infuria / il pan ci manca / sul ponte sventola / bandiera bianca”
(La maladie fait rage, nous manquons de pain, sur le pont nous agitons le drapeau blanc...) 


crédits photographiques : veneziatiamo.eu

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