25 juin 2012

Mes lieux secrets : les bibliothèques de Venise


Ils n'ont rien de bien original, ces lieux où j'aime m'installer à Venise pour travailler, enrichir ma connaissance de la ville et de son histoire, écrire aussi. Les lecteurs de Tramezzinimag ont compris depuis longtemps que lire et écrire sont le moteur de mes jours. Si j'écris n'importe où, j'ai besoin pour lire et réfléchir  à ce que je lis, de lieux spécifiques. La Querini le soir, la Fondation Cini, les Archives d’État aux Frari, la petite bibliothèque de l'institut d'études orientales de l'Université... Autant de lieux qui ne seront jamais envahis par les foules et demeurent des endroits merveilleux, tant par leur cadre, que leur emplacement, leur histoire et... leur odeur, faite de poussière et de ce mélange d'huile de lin et de térébenthine qu'on utilise ici pour faire briller les sols en terrazzo comme les boiseries des murs.
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Ceux qui me lisent savent combien les salles de la Querini Stampalia ont compté pour moi. Les longues soirées studieuses quand la nuit tombée sur la ville recouvrait tout d'une chape de mystère et de rêve, avec par les fenêtres grandes ouvertes le parfum de l'herbe coupée du jardin, le clapotis de l'eau de la fontaine, une cloche au loin... A l'étage des Archives, on respire une odeur particulière de poussière et d'herbes rares, certainement le parfum des poudres utilisées pour chasser les insectes et prévenir la moisissure des vélins anciens. C'est pour moi l'odeur du passé glorieux de Venise.
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Dans les belles salles de la Fondation Cini, la lumière pénètre par de grandes baies vitrées et joue avec chaque forme, égayant le silence recueilli qu'elle anime soudain d'une farandole muette où des milliers de grains de poussière dansent joyeusement... Il y a aussi les salles de l'Ateneo Veneto, et bien sur la Marciana...
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Autant de sanctuaires du livre, remplis de trésors passionnants à découvrir. Une vie entière ne suffirait pas pour tout lire, tout humer, tout feuilleter... Fort heureusement, d'autres après nous en découvriront les joies. Aucune tablette numérique, même la plus sophistiquée, ne remplacera jamais le bonheur qu'il y a à prendre un livre dans des rayonnages anciens, à le poser sur la table sous la lampe, à l'ouvrir respectueusement puis à en tourner les pages, humant tous les parfums qui s'en exhalent, vapeurs odoriférantes venues des temps anciens, particules de l'air qu'on respirait autrefois.

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