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05 mai 2007

La modernité de Venise


Vous êtes de plus en plus nombreux à m'écrire pour me demander des conseils et des adresses avant de vous rendre à Venise. Une fillette m'a envoyé un courriel mercredi me demandant s'il était vrai que Venise s'enfonçait de plus en plus car elle voulait aller à Venise et avait peur que le temps de préparer son voyage, il n'y ait plus rien. Je l'ai évidemment rassurée et je le répète : Venise ne s'enfonce pas davantage que New-York ou Bayonne. Le niveau des eaux monte et partout dans le monde cette préoccupation est relayée par les médias. Le système lagunaire se modifie au même titre que les autres écosystèmes de notre planète et c'est préoccupant. 

Mais les techniques modernes et la volonté des hommes sauveront Venise. Cependant d'autres désagréments menacent : la pollution due au nombre grandissant des visiteurs qui s'entassent aux mêmes endroits de la cité des doges, consomment les lieux et laissent derrière eux des montagnes de déchets de plus en plus difficiles à enlever. Et je ne dis rien des tags, des graffitis, des dégradations volontaires (on grave ses initiales sur la pierre des monuments comme sur le tronc d'un arbre, on essaie d'enlever un morceau de pierre, une sculpture, et j'en passe)... 

Mais Venise dans son ensemble, de par la volonté de ses habitants tous amoureux de leur ville, se débat pour survivre et ne pas subsister que par le tourisme de masse, le tourisme tout court. Mais vous connaissez tous mon combat contre la lasvegasationite (pardonnez le barbarisme) de la Sérénissime. Cela commence par le respect que nous devons avoir pour ce miracle culturel qu'est Venise. Avez vous réfléchi à cet extraordinaire chance qui nous est donnée, nous les gens du XXIe siècle de pouvoir, non seulement contempler un lieu dont la beauté et la spécificité sont restées intactes depuis des siècles, mais aussi l'opportunité de pouvoir errer, respirer, rêver, penser, vivre dans un univers vivant partout ailleurs disparu ?

Car tout à Venise vient d'un autre temps. Un temps où l'homme devait affronter d'énormes contraintes que la technique a aboli partout ailleurs depuis, mais où il régnait un art de vivre certes non choisi mais imposé par les circonstances. Marcher dans les rues de Venise, observer la vie quotidienne, y participer, c'est en quelque sorte se projeter dans un autre monde partout ailleurs révolu. Le marché du Rialto, avec les marchandises qui arrivent sur des barges, le traghetto qu'on emprunte pour passer d'une rive à l'autre, le silence des rues, les embarras parfois quand elles sont trop étroites et bien d'autres choses encore dont nous prenons conscience sur place... nous pourrions être à Pompéi avant l'éruption du Vésuve, à Paris ou à Londres il y a des siècles... 

Pourtant, en même temps - j'ai conscience de me répéter une fois de plus - nous avons à faire à une conception incroyablement moderne de la ville, de son organisation, de sa toponymie. L'architecte Le Corbusier la qualifiait de révolutionnaire. Bon nombre d'architectes contemporains continuent de s'en inspirer qui cherchent à adapter les inventions vénitiennes dans l'aménagement des cités modernes : le partage des lieux de circulation et de communication, pour les marchandises, pour les habitants ; l'extraordinaire originalité des circuits et des pôles d'activité. Je ne parle même pas de l'organisation sociale et politique. L'urbanisme vénitien est unique au monde parce que par chance la lagune l'a préservé de trop de changements et de destructions. Un peu comme si Pompéi que je citais plus haut avait été découverte simplement recouverte d'une chape de lave séchée et que tout était en place comme avant la catastrophe. Quel réservoir à rêves !

17 août 2006

La tour de l’horloge après dix ans de pérégrinations

Il aura fallu plus de dix ans pour que soit restaurée la superbe tour de l’horloge vieille de 500 ans. Pérégrinations en tout genre, procès et recours administratifs, incidents, conflits, grèves et rumeurs jusqu’à ce que, miracle digne de l’Evangéliste Saint Marc, patron de la ville, le monument puisse se montrer de nouveau au public venu nombreux le 27 mai dernier pour l’admirer dans sa splendeur originelle retrouvée.

Les travaux avaient pourtant été décidés en février 97. L’état pitoyable de la tour jamais rénové depuis l’occupation autrichienne nécessitait une intervention musclée. C’est sur un projet des architectes vénitiens Giorgio Gianighian, Matteo Pandolfo et Alberto Torsello que la municipalité se décida. Malheureusement, les méandres administratifs ne permirent l’attribution du chantier à l’entreprise Brandolin Dottor Group qu’en… juillet 2004 ! Pour compliquer la sauce, il faut savoir que la tour ayant plusieurs propriétaires, cette indivision a nécessité un certain nombre de réunions de copropriétés pour que tous les co-propriétaires puissent se mettre d’accord. Il y a eu ensuite une quantité incroyable de recours déposés par des artisans éconduits qui contestaient l’appel d’offre simplifié (sept ans pour que la décision soit rendue officiellement !) qui attribua les travaux à la société pressentie par les maîtres d’œuvre… Passons sur les nombreux contentieux entre les corps de métiers intervenant, les délais non respectés, les devis dépassés ou les matériaux non livrés.

Finalement, sous la férule de l’architecte Roberto Benvenuti, les travaux ont pu être menés à bien près de dix ans après la décision de la municipalité. L’horloge, réparée par Piaget depuis 1999, attendait bien sagement au Palais des Doges où elle fut exposée pendant quelques mois pour fêter le 500e anniversaire de son installation. On pu voir ainsi le mouvement restauré, ainsi que la cloche et les automates. Une polémique sur cette restauration anima quelque temps les conversations dans les bars vénitiens et amena le maire Massimo Cacciari à faire devant la presse une mise au point musclée qui fit taire les esprits chagrins toujours prompts à critiquer – parfois avec raison d’ailleurs – les initiatives des pouvoirs publics en matière de restauration et de protection de la cité des doges.

Mais tout semble bien s’être terminé comme le plus souvent ici. Giandomenico Romanelli, l’actuel directeur des Musées Civiques de la ville, se disait très satisfait du résultat et la foule des vénitiens présents le 27 mai dernier pour l’inauguration du monument. C’est Marco Balich, le chorégraphe vénitien qui organisa l’ouverture des Jeux Olympiques de Turin, qui mit en scène les retrouvailles de Venise avec sa tour, ses rois mages et ses maures resplendissants.

Car tout a été refait le plus possible à l’identique selon les plans, schémas, croquis, peintures et descriptions conservées dans les archives et les musées. Il a fallu revenir sur la restauration du XIXe qui avait voulu accentuer le côté renaissance du bâtiment en utilisant de lourds matériaux modernes, notamment pour la façade des briques vernissées d’un rouge Véronèse très théâtral mais totalement éloigné de l’esprit et de la technique d’origine. Exit donc les lourdes briques rouges. Des fondations à la toiture, en passant par les escaliers, les pavements, les encadrements de fenêtres, les pierres de la voûte, les encorbellements, tout a été refait. On s’est ainsi aperçu que les poutres qui soutenaient la voûte ne reposaient pratiquement plus sur rien et menaçaient vraiment de s’écrouler, risquant de faire s’effondrer le bâtiment, ce qui aurait pu coûter la vie à de nombreuses personnes et entraîner une partie des Procuratie par terre ! 

Un miracle que cela ait tenu jusqu’au bout. Mais Saint Marc n’est pas loin. Feu d’artifice, discours officiels, spectacle musical et chorégraphique, grand bal et festin, tout y était pour fêter ce magnifique travail mais beaucoup reste à faire : la piazzetta, consommée par les hordes de touriste est dans un état lamentable, l’ensemble des bâtiments de la piazza sont d’année en année défigurés par les déjections des pigeons, la zinguerie des façades et des toitures s’écroulent rognés par la rouille et les fientes et les nombreuses acque alte endommagent les fondations des bâtiments comme le pavement de la place. Mais nous en reparlerons avec le peu orthodoxe Ludovico de Luigi et son idée de Piazza San Parco.
posted by lorenzo at 14:37

16 janvier 2006

Les Brèves de Tramezzinimag (1) : Notizie di Venezia

Le Gazzettino de ce matin rappelait au bon souvenir de l’administration l’état d’un des ponts emblématiques du quartier San Marco. Il y a un peu plus d’un an que les gondoliers de l’embarcadère voisin de San Zaccaria signalaient à l’administration l’état pitoyable du ponte del vin, situé sur la rive des esclavons, au pied du palais Dandolo, l’actuel Hotel Danieli, à deux pas de Saint Marc.
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Quelque chose a bien été fait pour protéger les splendides chapiteaux endommagées. Un filet tenu par une sorte d’échafaudage prévient la chute des pierres dans l’eau. Aujourd’hui le pont se presente aux touristes tout de crèpe vêtu, en deuil de sa splendeur. Mais à part cela, rien. 
 
La toile peu à peu se désagrège augmentant l’impression de misère du monument... Passage obligé pour qui débarque à Venise entre les jardins de la Biennale et Saint Marc. Et les passagers des navires venus du Tronchetto ou de Punta Sabbioni ne peuvent pas ne pas voir cette triste verrue. Il s’agit pourtant d’un lieu inévitable par où tout le monde passe et qui ne peut être caché aux visiteurs. Gageons que cet article fera bouger les services concernés ! 
 
A propos du ponte del Vin, je cherche depuis des années une photographie de ce pont avec des marchands de bonbons et d'eau parfumée, qui au début du siècle arpentaient les Esclavons pour vendre leur marchandise aux visiteurs et aux passants. C'est un magnifique cliché qui a aussi été éditée n carte postale, aux alentours de 1880. Si un de mes lecteurs sait où trouver un exemplaire, qu'il me le fasse savoir.

Voici pour les italianisants l’intégralité de l’article :

“Anche un ponte è, per la città, un biglietto da visita importante. Purtroppo non è il caso della situazione che si può constatare al Ponte del Vin, ai piedi di Palazzo Dandolo - vicino all'Hotel Danieli - ovvero a pochi passi dall'area marciana.
E' passato un anno da quando i gondolieri dello stazio, adiacente alla fermata del vaporetto di San Zaccaria, hanno detto all'amministrazione che è necessario intervenire. Qualcosa è stato fatto nel senso che "il ponte è stato fasciato" per evitare che i preziosi capitelli si staccassero e precipitassero in acqua, come è accaduto invece l'anno passato al ponte degli Scalzi.
Qualche anno fa Franco Mazzon, gondoliere, insieme a un suo collega, ha consegnato a una vigilessa una colonnina che si era staccata proprio dal Ponte del Vin ma da allora poco è stato fatto. I mesi passano e a oggi il ponte si presenta con crepe, evidentissime, che lentamente si sgretolano e aumentano a dismisura.
La città si presenta agli occhi dei "foresti" con un ponte che in realtà è un passaggio obbligato per chi sbarca dai lancioni negli approdi dislocati in Riva degli Schiavoni, arrivando dal Tronchetto e da Punta Sabbioni e, vuole raggiungere, in una splendida passeggiata, Piazza San Marco.”
posted by lorenzo at 01:54

12 décembre 2005

Venise : Coffre-fort ou poubelle de l'Humanité ?

par Giulio Macchi
responsable des Regards comparés sur Venise
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Chaque bon musulman doit aller au moins une fois à la Mecque dans sa vie. Chaque habitant de la planète rêve de débarquer à Venise. Qu'y a-t-il derrière ce mirage lagunaire ? Il y a Venise toute entière: celle des voyages solitaires d'intellectuels venus du monde entier, celle des couples d'amoureux, celle des troupeaux de touristes agglutinés derrière leur appareil photo… 
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Chacun cherche quelque chose dans cette ville dont les pierres sont chargées de mémoire. L'artiste espère rencontrer le Titien au coin d'une ruelle. Le musicien est persuadé que Vivaldi ne joue que pour lui. Le touriste fera des photos-cartes postales semblables à celles qu'il portait dans sa tête avant de s'embarquer pour le grand voyage. Derrière ces démarches, il y a, cachée, la recherche de soi dans un contexte différent du contexte quotidien. . Chacun se hasarde à interpréter les signes infinis d'une très ancienne mémoire enfermée dans un espace urbain relativement restreint. Cette petite ville est semblable à de grandes archives vivantes où n'importe qui peut pénétrer dans les lacis d'un immense labyrinthe s'ouvrant sur d'innombrables campi pleins de lumière et de surprises. .

Si l'on s'arrête dans un grand bâtiment proche des Frari, on se retrouve plongé dans d'autres archives, des archives "papier" parmi les plus riches d'Italie : les Archives d’État où des historiens et des scientifiques de toutes disciplines peaufinent leurs recherches sur l'histoire de cette ville ou sur le reste du monde, car la petite Venise avait ses ambassadeurs diligents qui transcrivaient, en bon vénitien ou en codes secrets, ce qui se passait dans les pays voisins ou les contées lointaines. 
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D'autres archives manquent pourtant à Venise, des archives que les autorités locales devraient constituer : ces archives audiovisuelles qui assembleraient l'infinie richesse d'une iconographie constituée de films, d'émissions de télévisions, de reportages photographiques … Tant d'interprétations diverses, dans des registres si variés, de capteurs d'images qui "découvrent", "déchiffrent", "raillent" la ville. De Luchino Visconti, avec Senso et Mort à Venise, jusqu'à l'hyperbole 007 From Russia with Love.
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Cette Iconothèque aiderait certainement à mieux saisir le rapport entre la ville et ses visiteurs modernes. L'accumulation d'Histoire et d'histoires, qui se déroulent légères devant les murs anciens des palais et des églises, contraste avec le manque de signes relatifs à notre époque. On a refusé les projets architecturaux de Le Corbusier, de Louis Khan, de Frank Lloyd Wright. Que restera-t-il pour témoigner de la créativité moderne ? Certainement pas les palais entièrement vidés et transformés en élégantes surfaces de vente des grandes marques à la mode, certainement pas non plus les petites boutiques d'artisans transformées en magasins de souvenirs. Le danger que Venise devienne une grande Fontaine de Trévi, où chacun viendrait jeter une pièce de monnaie pour réaliser ses vœux secrets, menace la ville. Il faut s'en défendre.

09 mai 2005

Le retour de Massimo !

Je vous présente un texte excellent, dans sa version originale, sur le nouveau maire de Venise en qui beaucoup espèrent. Ecrit par un vénitien d'adoption, Norman AJJAR, photographe, vivant à Venise le plus souvent, et qui publie un des meilleurs blogs sur Venise. Sur demande, je vous adresserai la traduction mais, l'anglais étant devenu notre "passe" à tous, je ne pense pas que cela soit -hélas - utile ! Bien entendu, pour se la jouer à l'américaine, les idées énoncées ci-dessous n'engagent que son auteur et certainement pas la responsabilité de TraMeZziniMag, mais je les partage à 100% !

Massimo's Back, par Norman Ajjar.
This week, the old mayor of Venice became the new mayor of Venice. Massimo Cacciari, 59, narrowly beat local magistrate Felice Casson to return to the office he held from 1995 to 2000 . This is good news.
He's my kind of mayor .... a poet, professor, philosopher, and ex-student radical from the 60's. He was mayor the entire time I lived in Venice. I'd bump into him from time to time on the vaporetto as he went to visit his girlfriend on La Giudecca.
He was mayor when the La Fenice opera house was torched in 1996 by electricians Enrico Carella and his cousin, Massimiliano Marchetti (both currently serving a 6-year stretch), and was even himself indicted for negligence in the blaze, a charge he easily beat in 2001.
He's a pal of Woody Allen, and officiated at his marriage to Soon-Yi Previn on Christmas eve, 1997.
He was rumored to have slept with the wife of Prime Minister Silvio Berlusconi, something they both deny.
Most mayors are civic cheerleaders, whooping it up for commerce and tourism. Cacciari, on the other hand, openly hates mass tourism and its affect on Venice. Cacciari, on the other hand, launched what CBS' 60 Minutes called "the first anti-tourist campaign in history", commissioning a Benetton photographer to shoot posters showing "Venice at its worst: the dead rats, the polluted waterways, the tackiest souvenirs".
Welcome back, Massimo.
Extrait de http://veniceblog.typepad.com

07 mai 2005

Ca' Dario, vue du merveilleux campiello Barbaro.


C'est le palais renaissance qui appartient aujourd'hui à Woody Allen et où Henri de Régnier écrivit de nombreux textes, dont l'Altana ou la vie vénitienne. Je vous reparlerai un jour de ce palais, sa légende et ses hôtes. Je m'y suis rendu souvent quand je vivais à Venise.
 
Nota Bene : ce billet est le fac-similé du tout premier article publié à la création du blog, le 7 mai 2005. Pour ceux qui ne connaîtraient pas notre histoire et arriveraient par hasard sur ce site, le premier en langue française jamais consacré à Venise et à la vie à Venise, par une mystérieuse intervention extérieure (!?!?), en juillet 2015, le Tramezzinimag original, a en un instant disparu des radars d'internet, et avec lui sombrèrent dix ans d'archives photographiques, de notes, d'articles en gestation et de mails. En dépit de multiples interventions auprès de Google, tant en Italie, en France qu'aux États-Unis, il n'a jamais été possible d'élucider ce mystère. Piratage, malveillance, bug technologique, panne... Rapidement, nombre de nos fidèles (nous avions alors plusieurs milliers de lecteurs quotidiens et quelques centaines d'abonnés et étions souvent sollicités par les journaux, les radios et les télévisions) nous ont adressé, avec leurs messages de soutien, des copies d'écran de nos articles sorties de leurs archives personnelles. La notoriété du blog a permis aussi de retrouver dès septembre 2016, des copies de pages entières qu'il nous a fallu reprendre. Tout n'a malheureusement pas été retrouvé à ce jour sur les 2.234 articles, mais nous continuons nos recherches...