« Après le classicisme de la Grèce, Venise me semble anarchique. Tout y est absurde : les demeures sont édifiées sur l'eau: les bâtiments sont ornés à leur base et surmontés de grands murs pleins, ce qui est contraire à toute logique; les trognons de choux, les chats morts, les moustiques règnent en maîtres; l'odeur est celle de l'égout et des pommes de terre frites.
Et pourtant Venise est comme le mal : elle est essentiellement attrayante. Dans les pays d'Orient, on admire l'architecture, la sculpture; à Venise, on ne remarque que la couleur. En Égypte et en Grèce, le sentiment religieux est à la base de toutes les conceptions; à Venise, les Tintoretto, les Tiepolo, et même les Carpaccio sont des décorateurs de palais plutôt que des mystiques ou des penseurs.Venise n'est pas la ville de l'amour, tandis que la passion doit y jouer un grand rôle. On y entrevoit George Sand et lord Byron, mais non Juliette, Aricie ou Chloé.
Venise devrait être habitée avec somptuosité et luxe. Il faudrait que les gondoles fussent dorées, que des objets d'art remplissent les palais. Or, elle se trouve aujourd'hui la proie des décavés qui trouvent là des appartements moins chers qu'à Paris et pour lesquels l'originalité de l'endroit tient lieu de beauté véritable et d'art.
Une chose toutefois y est incomparable et rend belles toutes ces anomalies : c'est l'atmosphère. La ville semble faite en or et l'on croit toujours la voir à travers un saphir clair.
Les gens qui y vont se croient obligés d'y éprouver de grandes sensations.
Moi aussi, j'ai subi son charme, mais surtout à travers Guardi, Longhi et Canaletto. Ma raison s'y révoltait. L'équivoque seule domine dans ce bijou de l'Adriatique.»
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Sourire .... Il dit ne pas l'aimer et pourtant il en décrit tout le charme indicible "Et pourtant Venise est comme le mal : elle est essentiellement attrayante"... Agacé le monsieur d'une attraction non raisonnée et non raisonnable ? Merci pour le portrait d'automne !
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Quel nez !
Il a senti .
Un snob , quoi .
http://www.youtube.com/watch?v=vlUqOVLEsQg -
Il y avait donc déjà des provocateurs à l'époque...
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Et des snobs ! Mais quelle élégance. je vous invite à lire son livre, c'est un régal pour ceux qui s'intéressent à cette période finalement mal connue dite "Belle Époque".
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Paradoxale en effet cette diatribe qui dénonce un malaise, genre attraction-répulsion !
Mais si juste par endroits :"Les gens qui y vont se croient obligés d'y éprouver de grandes sensations" -
Relire Henry de Régnier et son judicieux conseil : soyez vous-même à venise et vous l'apprécierez au mieux !...
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Des gondoles dorées? Quel kitsch!
Anne -
http://www.canalacademie.com/Boni-de-Castellane.html
Excellentissime .
Une page de notre Histoire .
Qui , quoi qu'on en dise , est quasiment impossible à tourner .
L'histoire de France , un truc étonnant : surtout de nos jours !
Merveilleuse République légitimiste .