Mtislav Rostropovitch
peint par Arbit Blatas à Venise.
VENISE,UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION MAIS CELLE DES NATIONS DES PEUPLES DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE REINE DU MONDE
"[...] La littérature est extrêmement facile : c’est pourquoi elle est extrêmement difficile. Un récit, un poème, un roman – rien de plus simple, n’importe quelle ménagère en est capable. Mais de là à pénétrer sur ce terrain où la parole devient incisive...
Pour y parvenir, voici ce que je vous propose : aucune docilité, aucune modestie. Cessez d’être des petits enfants sages. Soyez présomptueux, arrogants et désagréables. Une bonne dose d’anarchie et d’irrespect absolu vous serait utile. Soyez également délicats, narcissiques, hypersensibles, égocentriques et égoïstes. Et puis, attrapez aussi quelques maladies chroniques. En outre, soyez fantaisistes, irresponsables, ne craignez pas la bêtise et la bouffonnerie. Sachez que la crasse, la maladie, le péché, l’anarchie sont vos aliments.
Et si mon conseil vous paraît par trop paradoxal ou peut-être malsain, consultez n’importe quelle biographie d’artiste. L’art n’est pas l’œuvre de charmeurs polis sous tous les rapports, c’est l’affaire d’hommes dramatiques. On peut écrire des nouvelles et des poèmes d’une autre manière, mais …
Trad. par Ch. Jezewski et D. Autrand
"Dans le métro parisien, de grandes affiches nous informent de la publication d’un livre dont les médias disent grand bien : « La société de la peur », d’un certain Christophe Lambert. Renseignement pris, cet auteur massivement promu est président de Publicis Conseil France et ami de Nicolas Sarkozy.
Comme nous sommes dans le champ de la communication politique, il me paraît de bonne méthode de ne pas lire d’emblée l’ouvrage et de prendre son titre comme slogan ou, au mieux, comme symptôme des représentations mentales de l’oligarchie.
Le thème d’une France apeurée par les « réformes », repliée sur son modèle social, ennemie du risque et affolée par la mondialisation est inscrit depuis belle lurette sur les fiches argumentaires de la classe dirigeante.
Avec d’autres, nous avons dénoncé cette tentative d’intimidation du peuple français, d’autant plus abjecte qu’elle émane de hauts fonctionnaires protégés par leur statut, de capitalistes jouissant de leur fortune, de politiciens plus ou moins corrompus et entourés de gardes du corps, de riches journalistes vivant avec les riches. C’est sans doute faire preuve d’un populisme vulgaire que de rappeler que la promotion de la précarité par le « contrat nouvelles embauches » est faite par Jean-Louis Borloo, propriétaire d’un palais à Marrakech, et que les émoluments du président de Publicis Conseil le mettent à l’abri du besoin.
Inutile d’insister cependant. Le cynisme des oligarques est de notoriété publique, leur luxe s’étale dans les gazettes spécialisées, leurs techniques de manipulation provoquent de franches rigolades.
Ils croient que nous sommes trop bêtes pour saisir la subtilité de leurs manœuvres et la férocité de leurs appétits. Tragique erreur – de celles qui vous conduisent droit au réverbère ! Les faits et gestes des dirigeants sont scrutés chaque jour, et d’autant plus facilement que ces messieurs et ces dames adorent se produire sur les écrans de télévision.
Les publicitaires et les journalistes de cour ne comprennent pas qu’ils montent chaque jour des spectacles obscènes – dont ils font partie. Ils ne voient pas que notre problème – celui des « gens », celui des « beaufs » - ce n’est plus la peur mais la haine qui menace de nous emporter et qui ferait échouer la révolution démocratique à accomplir.
La classe dirigeante ne voit rien, ne comprend rien mais elle sent le danger. Sa peur est encore diffuse, elle la refoule lorsqu’elle se laisse surprendre par un vote de rejet, par un mouvement de colère, par l’effet d’un scandale qu’elle n’a pas su camoufler.
La peur a changé de camp. Le phénomène est manifeste depuis le soir du 29 mai dernier. La violence inouïe de la réaction des partisans de la « Constitution », succédant aux folles insultes dont ils nous ont accablés pendant la campagne, ne tient pas à l’échec d’un projet de traité qui n’avait pas passionné l’oligarchie pendant les discussions préparatoires. L’échec du référendum a été ressenti comme le signe d’une remise en cause radicale d’une classe dirigeante désormais privée de ses alibis. Lorsque Jean-Marie Le Pen servait d’instrument grossier et inefficace à la protestation populaire, les oligarques pouvaient se nimber de morale démocratique. Ils sont maintenant confrontés à un rejet politique, durci par la lutte de la classe des salariés contre la caste possédante. Celle-ci devine qu’elle ne doit pas se préparer à une alternance tranquille, avec pertes provisoires de postes et de prébendes heureusement compensées par de confortables situations dans le secteur privé : c’est l’ensemble du système oligarchique qui est menacé. Non seulement la direction de l’UMP, les chiraquiens, François Hollande et sa fraction, mais aussi les patrons du Medef, les éditorialistes et les experts médiatiques, les féodalités régionales et municipales, diverses clientèles organisées en maintes officines…
La peur de perdre, de tout perdre, gagne le petit monde de privilégiés. Elle va paralyser les esprits, déjà en proie au déni de réalité, et nouer les ventres. Pour l’insurrection qui se prépare, sachons raison garder."
Bertrand Renouvin