02 décembre 2009

Un deux décembre au paradis





Combien il est merveilleux de pouvoir écrire et de prendre en même temps le soleil, assis devant un café macchiato bien parfumé, un deux décembre... Le soleil très haut sur la lagune inonde la ville d'une lumière assez crue, presque blanche, comme embrumée. A l'horizon, les lignes et les profils de toutes les îles et de leurs églises se dessinent parfaitement. C’est un véritable moment de plénitude qu'illustre parfaitement ce bel aria de Caldarà que j'écoute en sirotant mon café, face au bassin de Saint-Marc. Les senteurs sucrées de la vieille glycine qui fait le charme de cet endroit, ont laissé la place aux parfums un peu âcres des feuilles mortes et de l'herbe fraîchement coupée. En passant tout à l'heure devant le monument de la partisane d'Augusto Murer, le bronze brillant maculé de mousse, léché par l'eau de la lagune, j'ai repensé à ceux qui sont morts à cet endroit parce que d'instinct ils avaient compris que leur vie valait moins que la liberté des leurs. Descendus des montagnes, ces gens simples, souvent très jeunes, ont été fusillés sur cette rive baptisée aujourd'hui Riva dei Martiri. L'installation de Murer et Scarpa doit sans cesse rappeler à l'humanité que la liberté est un combat permanent. Le serveur du café écoute la radio en sifflotant. Je suis le seul client de la terrasse jardin. Devant moi, l'un des plus beaux spectacles du monde. Et le soleil, la lumière blanche, la brume au loin. Le délicieux parfum d'un café chaud. Mon carnet... Le paradis en ce deux décembre.

2 décembre 1984, Venise, Café del Paradiso.
(Journal 1981-1985 - Extrait)

4 commentaires:

Anne a dit…
Merci pour ce beau souvenir qu'on croirait presque chuchoté en confidence par les statues de votre photo.
Anne

VenetiaMicio a dit…
bonsoir, Lorenzo, je me joins à vous pour le petit machiatto, je vous laisse à votre carnet pour un nouveau billet, je profite seulement du Paradiso de ce 2 décembre ....
bonne nuit
Danielle

La tortue légère a dit…
Je viens, j'en suis, je reviens !!
MERCI pour le partage, comme cela nous y sommes...en toute discrétion, laissant chacun à son bonheur d'être seul à cette terrasse.
Tout ce que j'aime.
Lôlà

Evelyne a dit…
Je rentre de Turin...le retour est toujours difficile après ces instants de bonheur passés auprès de mes amies italiennes...un bel extrait, merci et à bientôt.


01 décembre 2009

Un étrange regard. Récit

Un étrange regard que celui qu'il lança à son compagnon. Le navire allait appareiller, rutilant et chargé de marchandises magnifiques, il ferait escale à Split, Corfou, Famagouste, Alexandrie et reviendrait chargé d'épices et de soieries, de pièces d'orfèvrerie et de belles esclaves aux cheveux roux. Mais Damiano ne parvenait pas à se réjouir. Il repensait sans cesse à cette rencontre, hier soir près de l'auberge où ils s'étaient enivrés en compagnie des marins et des ouvriers de l'Arsenal. La vieille qui avait surgi devant lui dans la ruelle ; son rire méprisant ; sa prédiction lancée comme un anathème. Il regrettait son engagement. Un étrange regard vraiment... 
 
Jacopo lui n'avait en tête que l'amour de Lucinda, sa belle, sa promise. Messer Antonio avait été clair : l'équipée vers l'Égypte, la réussite des transactions qu'il lui confiait et ce serait, au retour, le paiement d'une commission dont il n'aurait jamais osé rêver. Mais plus que tout, ce seraient les fiançailles avec la belle Lucinda. Il ne l'avait pas revue depuis ce matin de mai, il y a un mois déjà, où il fut autorisé à l'accompagner jusqu'à la belle demeure de Castelfranco. Elle y resterait jusqu'à l'automne. La jeune fille avait tourné la tête pour cacher une larme qui perlait de ses yeux. Une larme ! quelle délicate enfant. Combien déjà il l'aimait ! Son regard était si doux alors, si plein de promesses. Il en fut retourné. La vieille, vautrée sur la margelle du puits, devant l'auberge lui avait souri. Elle lui prédit un mariage triomphant au retour de l'expédition. Pourquoi le regard sombre de Damiano ? La pythie était ivre ou folle. Personne ne l'avait jamais vue dans le quartier. Elle s'était éloignée dans la nuit en riant... 
 
Le lendemain, le navire traversa la lagune sous un ciel déjà clair. L'Adriatique était paisible. Le vent soufflait doucement, mais suffisamment pour permettre aux hommes de lever leurs rames. Silencieux, les deux amis regardaient s'éloigner les côtes italiennes. Le cinquième jour, après deux premiers accostages réussis, le ciel se fit sombre. Une tempête fit dévier le navire de sa route. La galère qui l'escortait se perdit. Au petit matin, cinq navires turcs les entouraient, menaçants. L'assaut fut bref. Il y eut de nombreux morts. Les blessés furent jetés par dessus bord par les ottomans enragés. Damiano et Jacopo, jeunes seigneurs bien constitués furent amenés par le capitaine au marché des esclaves. A Galatasarai, au pied de la tour génoise où jadis les vénitiens achetaient les belles musulmanes. Damiano devint le giton d'un pacha d'Anatolie en villégiature dans une des îles du Bosphore. Il resta chez les turcs, fut affranchi par son maître. Rendu cynique par la vie qu'on lui fit mener, se souvenant toujours de la prédiction de la vieille, il accepta de se convertir pour recouvrer sa liberté.

Jacopo travailla à la construction d'un palais, puis il fut enrôlé sur une galère. Il acceptait son sort, persuadé de retrouver un jour la liberté et sa belle. Tout ce qu'il endurait, il l'acceptait en pensant à Lucinda. Il savait qu'il la reverrait un jour. Il naviguait vers Alger quand son navire fut arraisonné. Avec ses camarades chrétiens, on ramena le jeune homme à Venise, après plusieurs mois de campagnes navales devant Candie. Il gagna dans ces combats la réputation d'un farouche combattant. Il accumula aussi un butin pris sur les bateaux ennemis qui faisait de lui un homme riche. Messer Antonio l'accueillit comme son fils et il épousa la belle Lucinda. Damiano parvint à s'échapper des mains potelées et baguées du pacha. Il quitta Istanbul et s'installa comme géomètre à Smyrne. il ne se maria jamais et on dit qu'il devint imam. à la fin de sa vie Il faisait peur aux enfants car un étrange regard l'habitait parfois. Ses yeux bleus s'assombrissaient soudain et un rire horrible sortait de sa bouche édentée, comme celui d'une vieille sorcière.

Photographie de Duane Michals.

2 commentaires:

Michel a dit…
Froid dans le dos dis-donc ce texte ! mais on s'y croirait. merci pour ce blog magnifique ! quelle belle langue.
J F F GrandsLieux a dit…
Une sacré histoire, ou une légende sacrée ?
Photos extraordinaires, choisies fort à propos.
Bonne journée,

 
 

29 novembre 2009

Délices d'un dimanche pluvieux

Quand il commence vraiment de faire froid, quand l'humidité de l'air invite à rester bien au chaud chez soi, on a souvent des envies de cuisine mitonnée, de bons petits plats longuement mijotés dont le parfum se répand dans la maison et que tout le monde s'en régale d'avance. 
 
Je me souviens de ces débuts d'hiver dans la Venise des années 80. Après la messe à San Giorgio, chez les bénédictins, l'office orthodoxe grec ou le culte protestant à l'église vaudoise selon l'impulsion du moment, il y avait le passage obligé chez Marchini pour la traditionnelle torta di Mandorla joliment emballée dans sa boite de carton blanc avec un ruban rouge et parfois la bouteille de spumante achetée au baretto quand venaient des amis... Le repas élaboré dans la bonne humeur et en musique, le reste de l'après-midi, après la vaisselle où chacun de nous regagnait sa chambre et choisissait l'occupation qui lui convenait le mieux : modelage, dessin, lecture, écriture, farniente. Jusqu'à l'heure du thé et la fin du jour. Nous nous retrouvions alors dans la cuisine, notre salle commune. Les étudiants que nous étions avaient tous pris l'habitude d'y travailler tard le soir, en commun, autour de la grande table qui servait pour nos repas, sous la lampe allumée, avec la douce lumière orange de l'abat-jour et la bouilloire tout près qui vibrait sur le feu...
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Ce n'est parce qu'il pleut et que le ciel est bas, qu'il faut se laisser aller à la nostalgie. Dans moins d'un mois ce sera Noël. L'hiver vient et la magie de ce temps unique. En attendant, ce premier dimanche de l'Avent sera illustré par un Stufato di carne trita, accompagné de polpettine de riso alla Pavese. Comme je suis partageur et que ce plat délicieux et facile à faire mérite d'être connu, en voici ma recette. Je vous recommande vraiment ce bon plat familial par excellence, qui est encore meilleur réchauffé, le soir ou le lendemain. On peut l'accompagner de polenta en purée, de pommes de terre cuites dans la sauce. Selon l'imagination du moment et ce qu'il y a dans la panière de légumes. Les enfants aiment bien les boulettes de riz frites.

9 commentaires:

Frederico a dit…
Buongiorno Lorenzo,

Ce blog est formidable, quoique parfois pessimiste au sujet de Venise et de sa destinée.
Pour des amoureux de l'art, des lettres, des belles choses et du bien vivre est-ce bien de s'y établir ?
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
L'avenir est-il meilleur à Venise qu'ailleurs ?
Est-il possible de devenir de ce endroit lorsqu'on s'y expatrie ?
Voilà beaucoup de questions après la passionnante découverte de ce blog.

Lorenzo a dit…
Beaucoup de question en effet auxquelles Tramezzinimag ne sait pas vraiment répondre. Je ne pense pas être pessimiste Frederico, juste parfois un peu triste de ce que Venise devient ou tend à devenir. Mais n'est-ce pas finalement à l'image du monde qui se fourvoie tant avec de fausses valeurs, de fausses urgences, de fausses bonnes intentions. Certainement "l'âge" qui vient me rend plus réaliste et extrêmement sensible à cette société moderne qui n'apporte que tellement peu de mieux aux hommes, en dépit du progrès, des techniques, des innovations...
Lorenzo a dit…
L'avenir n'est certainement pas meilleur à Venise qu'ailleurs mais l'omniprésence de la beauté, de la culture et de l'histoire c'est quand même une raison suffisante pour vouloir s'y installer. Quitte à sombrer un jour prochain avec toute la lagune sous la montée inexorable des eaux !
VenetiaMicio a dit…
Cher Lorenzo, et bien moi je n'ai pas envie de me poser toutes ces questions, j'aime Venise comme je l'ai vue encore la semaine dernière
et je suis toujours prête, si la chance se présentait, à y aller vivre et à me faire engloutir avec elle...bon je voulais vous dire merci pour la recette que vous avez partagée avec nous, le choix du vin et pour les souvenirs de jeunesse ! tel était le but du billet du jour et d'avoir envie de se régaler et de cuisiner. Grazie mille.
Danielle

Anonyme a dit…
Hello. And Bye.
Les Idées Heureuses a dit…
On sent toujours cette chaleur en vous de faire plaisir aux vôtres; Fin cuisinier, sans doute le tablier à la taille,ou le torchon à la ceinture, cuillères en bois, les ustensiles adéquats, les bons produits, l'effluve des épices, que cela doit sentir bon chez vous...
Et je suis sûre qu'il n'y a pas que la pluie et le froid pour vous mettre à cette tâche que l'on prend à bras le corps lorsqu'on apprécie la magie culinaire.
Êtes- vous de ceux qui goutent pendant la préparation?
Merci de nous en faire profiter, bonne semaine.
Martine de "Sclos" où il pleut aussi depuis hier très fort sans discontinuer. C'est ainsi dans le sud!

Lorenzo a dit…
Merci pour ce portrait Martine, mais c'est la magie d'internet que de pouvoir ainsi transfigurer ce qui est, somme toute, courant à l'intérieur d'un cercle restreint, famille, amis, et de permettre que des inconnus pénètrent ce cercle. Rien que de très banal, j'aime c'est vrai les bonnes choses et je me dis que dans des temps difficiles comme les nôtres où plus grand chose reste stable et certain, chaque petit moment, chaque petit rien, peuvent apaiser celui qui doute ou qui est dans l'inquiétude. En dépit de toutes nos croyances, nous n'avons jamais qu'une seule vie. Autant en faire avec les moyens qui nous sont donnés une succession de moments les plus positifs possibles et les partager avec le plus grand nombre, vous ne trouvez pas ? Mais rien que votre titre "Les Idées Heureuses" répond à cette question !
Thierry a dit…
Caro Lorenzo, un soupçon de morosité pointe parfois sous votre plume mais n'ayez crainte, vous déroulez pour nous le plus merveilleux des kaléidoscopes. De cela, soyez mille fois remercié.

Oui, comme le dit si bien Frederico: " ce blog est formidable" et même plus. Sachez Lorenzo, que c'est un véritable bonheur, une fois débarrassé des soucis quotidiens, de cliquer enfin fébrilement sur "TraMeZziniMag", pour découvrir si vous nous avez concocté, ce soir-là, encore quelque pure merveille, que ce soit une recette de cuisine si alléchante et si bien détaillée, que nous sommes déjà en train de rêver à La Lagune ou une anecdote historique absolument introuvable ailleurs et que vous nous contez avec tant d'affection pour votre chère Venise.

C'est un ton inimitable, un véritable hâvre de paix et de beauté que vous nous offrez, dont je ne me lasse pas, depuis que je l'ai découvert par hasard! mais le Hasard existe-t-il? Je parle pour moi mais je suis persuadé que vos lecteurs et lectrices ont ressenti des émotions comparables). Me trompè-je?

Il y a aussi les graves, très graves questions mais que pouvons-nous faire, si c'est toute une civilisation qui s'étiole? Ni vous, ni moi, ni personne, sans doute, ne peut rien y changer si ce n'est chacun, dans son for intérieur, à résister mentalement contre tout ce qui vient nous contrarier sans cesse. Dans ce sens, votre contribution nous est si précieuse, cher Lorenzo.
Pardonnez mon enthousiasme qui va heurter votre modestie. Voilà ce que c'est que d'avoir un club de "fans"...

Lorenzo a dit…
Merci, ce message me donne envie de poursuivre ce travail. Je suis ravi, vous savez, d'être un peu utile à Venise et d'apporter quelque chose à mes lecteurs ! J'ai parfois tellement l'impression de donner des coups d'épée dans l'eau avec mes colères et mes combats. Il y a tellement de choses plus fondamentales que la survie de Venise. Cependant, j'y vois un symbole face à un monde qui se dérègle et marche sur la tête. Votre enthousiasme me confirme tout cela.

03 novembre 2009

COUPS DE CŒUR N°36

Venise baroque
Filippo Pedrocco, Massimo Favilla & Ruggero Rugolo
Photographies de Luca Sassi
Editions Citadelles & Mazenod
2009 - ISBN 2850883026
Voilà un magnifique ouvrage de plus de 200 pages admirablement ordonné, aux textes clairs et précis et aux illustrations nombreuses et de belle qualité qui devrait faire des heureux quand le père Noël le déposera au pied du sapin. Bien plus qu'un simple coffee-table book comme il s'en consomme tant au moment des fêtes, ce nouvel opus de la collection Citadelles est un ouvrage qu'il faut avoir dans sa bibliothèque quand on se passionne pour Venise. Il traite de cette extraordinaire période qui pourtant annonce son déclin futur quand Venise abandonna tout désir de puissance et d'hégémonie sur l'Orient et les marches de l'Europe. Avant que de s'enfermer dans une neutralité méprisante et pleine de prétention, la République de Venise, comme le fera Louis XIV avec Versailles, choisit de se mettre en scène. Comme l'indique la notice de l'éditeur : "Dans l’histoire complexe de Venise, le Seicento – le XVIIe siècle– n’est pas un siècle comme les autres : il a offert à la République la toute dernière occasion de réagir, y compris par les arts, à l’inéluctable destin qui l’a reléguée dans un rôle de plus en plus marginal par rapport aux événements politiques européens. C’est une période bien particulière, soucieuse de marquer visuellement le tissu de la ville par les signes majestueux du triomphe. Le Seicento vénitien qui confond augures, rêves et illusions avec la réalité concrète, politique ou sociale, a eu pour mots d’ordre l’excès et l’emphase. Un goût certain pour la profusion ornementale, le grotesque et le bizarre. Un désir effréné de croître en grandeur. L’intention était claire : il s’agissait de susciter l’émerveillement... L’étonnante représentation théâtrale qui se déploie ainsi à l’intérieur mais aussi à l’extérieur des édifices finit par se diffuser dans tout Venise. Le baroque qui s’y décline est étroitement lié à la nature même de la ville, fondée sur l’impossible, et à l’eau bien sûr, sa consistance si spécifique..."

Mille jours à Venise
Marlena De Blasi
Mercure de France
272 p. juin 2009
ISBN 978-2715228566
Ceci n'est pas un conte, c'est une histoire vraie. L'enthousiaste et désarmante Marlena De Blasi, bouleversée par sa rencontre avec un « bel étranger », liquide en quelques semaines tout ce qu'elle avait en Amérique, une jolie maison, un charmant restaurant, une brillante carrière de critique gastronomique, pour aller vivre avec lui à Venise. Les obstacles à surmonter sont nombreux : la langue qu'elle ne parle pas, l'appartement sinistre de son mari, la solitude, l'ennui. Mais Marlena est pleine de ressources. Elle nous entraîne dans le récit plein d'humour de ses découvertes et de ses mécomptes, puis de son bonheur à se sentir peu à peu acceptée. Jusqu'au jour où l'imprévisible Fernando lui réserve une étrange surprise...  Derrière la romance qui pourrait sembler à l'eau de rose, il y a le truculent sens d'observation de l'auteur, les recettes et les commentaires gastronomiques qu'elle insère dans l'histoire de sa vie entre les États-Unis et l'Italie. une agréable lecture vraiment.

Musique italienne pour flûte et guitare
Rossini, Paganini, Giuliani
Filomena Moretti (guitare) et Andrea Griminelli (flûte)
DECCA - 2006
Le disque n'est pas récent mais c'est un bijou qui s'avère une parfaite illustration sonore des jours d'automne que nous vivons. Le soleil est parfois haut et chaud, le ciel d'un bleu d'azur puis le vent se met à souffler et la pluie tombe transformant les pavés de Venise en autant de gemmes brillant de mille feux. Les eaux de la lagune changent de couleur d'heure en heure et le son de la flûte d'Andrea Grimenelli se marie merveilleusement au jeu plein de saveur et de mélancolie de Filomena Moretti. Quand j'ai entendu ce disque pour la première fois, un merle chantait sur le rebord de la fenêtre, devant mon bureau. Le vent agitait doucement les branches du vieux marronnier du jardin et les rideaux cachaient à l'oiseau ma présence. Le ciel de Venise hésitait ce jour-là entre le gris et le bleu. C'était l'un des derniers jours dans la chère maison de la Toletta. Le merle semblait écouter la musique, puis gonflant ses plumes, il se lança dans une trille magnifique. Comme un adieu à la belle saison. Ou un hommage à la musique de Paganini...
...
Guide des instruments anciens
Coffret livre avec 8 cd

Edition Ricercar
Référence "RIC 100".
 

Je viens de découvrir un superbe coffret dédié aux instruments anciens. En deux volumes, la publication pourrait devenir la référence la plus récente sur le sujet. Le premier volume est un dictionnaire de 200 pages présentant les instruments. Très documenté, il développe avec l'aide de nombreuses photos, l'histoire de chaque instrument, sa provenance géographique, sa parenté instrumentale, son répertoire et l'histoire de son usage à travers les siècles par les musiciens... Le second volume est composé de 8 cd qui est l'illustration sonore des commentaires du premier volume. Il est très agréable de passer du livre à l'écoute et c'est parfois une véritable découverte.
Encore une idée de cadeau à noter dans votre lettre au Père Noël !
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Ristorante Villa '600 
Fondamenta Borgognoni n° 12
Torcello
Tel/Fax 041 52.722.54
Mobile 34.98.12.10.78
Fermeture hebdomadaire le mercredi
 

Une lectrice demandait récemment si le restaurant tranquille dans l'île de Torcello existait encore. La Villa '600 a gardé son nom et l'essentiel de son cadre mais les nouveaux propriétaires ont fait passer un échelon à l'auberge familiale de mon époque. Si la maison est toujours aussi jolie et l'intérieur relativement préservé, une grande loggia de bois a été construite à l'emplacement du potager et du poulailler pour les noces et les banquets. Des serveurs stylés (et accueillants ce qui devient tellement rare qu'il faut le signaler) ont remplacé les filles de la maison, et on ne voit plus les soirs d'hiver, la vieille matrone en train de repasser son linge dans un coin de la salle. Mais le cadre reste bucolique et tranquille, les mets savoureux et les prix dans la norme. A certaines périodes de l'année quand l'île n'est pas envahie de visiteurs, il est bien agréable de se retrouver entre amis pour un déjeuner ou un dîner "à la campagne" et le jardin, certes un peu trop bien entretenu maintenant, offre une vue superbe sur le campanile. L'endroit reste plus simple que la Locanda Cipriani et moins trappe à touristes que l'auberge du ponte del diavolo. Je vous recommande les plats à base de poissons. Le chef se fournit chez les pêcheurs de Burano et c'est toujours de l'ultra-frais.
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Hotel Mignon
SS. Apostoli,
Cannaregio 4535
Tél. : 041 523 73 88
Fax : 041520 86 58
Skype : mignonvenice
info@mignonvenice.com
Les hôtels sont légion à Venise. Cela va de l'excellentissime au consternant, du petit paradis pour Happy Few d'où on a du mal à partir, au bouge le plus infâme où il ne manque que les coupe-jarrets et les poisons (ceux-là on les trouve hélas dans certains restaurants !). Un lecteur me demandait de lui recommander un hôtel sympathique, bien placé et abordable. J'ai pensé aussitôt au so charming hôtel Mignon. Un petit deux étoiles très correct. Pour un tarif allant de 40 à 70 euros la nuit selon la taille de la chambre (au nombre de 15 seulement), on vous reçoit dans une petite maisonnette très propre entièrement rénovée il y a quelques années et décorée dans un style néo-vénitien XVIIIe parfois à la limite du kitch mais l'accueil est tellement généreux, les lits confortables et les salles de bains bien conçues, qu'on en oublie ce décor d'opérette. Il vous faut ne pas être allergique au rouge car de soieries en satinettes, tout ou presque ici est décliné en rouge et or. Dans l'escalier étroit qui mène aux chambres vous croiserez peut-être le fantôme d'une marquise pommadée partant au bal. On m'a dit que le petit déjeuner y est très sympathique. Recommandez-vous de Lorenzo auprès de Gabriele Toniolo qui y travaille depuis des années et parle très bien le français. Du temps de ma vie étudiante, nous étions tous deux employés chez la Signora Biasin, au ponte delle Guglie. Situé à deux pas du campo Santi Apostoli, c'est un emplacement idéal, à la fois retiré et central (le Rialto est à 5 minutes à pied).
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La recette du mois :
Risotto Lorenzo alle vongole
A la demande de ma fille exilée dans les froidures canadiennes et qui est entourée de gourmands, je vous livre une de mes recettes favorites, inspirée de la tradition vénitienne mais que je réalise à chaque fois de manière différente, selon que j'ai sous la main du champagne, du prosecco ou un Chardonnay. Ce dernier ayant ma préférence car il se marie parfaitement avec le goût des vongole.
Il vous faut pour 4 personnes : 500 g de vongole (palourdes ou clovisses) fraîches, 200 g de riz rond, 1 grosse tomate, 2 cuillères à soupe de pulpe de tomate, 2 oignons, 2 gousses d'ail, 1 cuillère à café de piment oiseau, 2 cuillères à soupe de paprika et/ou de quatre épices, coriandre et basilic (frais ou à défaut congelés), parmesan râpé, vin blanc sec, beurre, crème soja à cuisiner.
Servez-vous un verre de vin blanc frappé. Mettre les clovisses dans un court-bouillon de poisson et de vin blanc.
Pendant que les coquillages s’ouvrent, mettre de l’huile d’olive à chauffer dans un large faitout à fonds épais. Y verser la toate pelée et coupée et tranchées avec les oignons et l'ail finement hachés. Ajouter la pulpe de tomate, le paprika, les quatre épices et du vin blanc grossièrement. Ajouter la pulpe de tomate, le paprika et un peu de vin blanc. A la fin, je rajoute pour le goût une bonne noix de beurre frais. Laisser épaissir.
Sortir et égoutter les coquillages, enlever les coquilles (en garder quelques unes entières pour la décoration). Conserver le court-bouillon et le filtrer. Le laisser au chaud.
Ajouter les clovisses avec leur jus dans le faitout. Faire revenir le tout une minute à feu vif. Ajouter le reste de vin blanc en même temps que le riz que vous aurez préalablement rincé. Bien remuer pour faire absorber le liquide par le riz.
Rajouter du court-bouillon progressivement jusqu’à ce que le riz gonfle et soit parfaitement cuit (sans être collant et pâteux, sinon tout est fichu). Il faut toujours remuer en veillant à ce que le fonds n’accroche pas. Quand le riz est crémeux et donc cuit à point, ajouter coriandre et basilic ciselés, puis une noix de beurre et/ou de la crème (je ne mets plus de crème fraîche mais du soja à cuisiner,mais cela reste facultatif).
Hors du feu, verser le parmesan fraîchement rapé. Servir aussitôt.
Une variante pour aller plus vite et qui donne aussi un excellent résultat : faire cuire le riz rond dans un rice-cooker. Pour une mesure de riz (rincé) ajouter une mesure et demie de liquide. En l’occurrence, du court-bouillon de poisson (3/4) et vin blanc sec (1/4). Le rice-cooker est un ustensile magique que j’utilise tout le temps. Il évite de passer sa soirée en cuisine quand on a des invités, car la cuisson traditionnelle du risotto nécessite une présence permanente jusqu’au moment de servir ! Avec ma "méthode rapide", on obtient un riz parfaitement cuit et gonflé bien imbibé du parfum du court-bouillon, et crémeux à point. Il n’y a plus qu’à ajouter la préparation à base de vongole conservée au chaud. Décorer avec les clovisses en coquilles mises de côté. Bon appétit !
Le vin que j’utilise : un Chardonnay dei colli trevigiani de la Tenuta Belcorvo (voir ci-dessous)
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Chardonnay dei Colli trevigiani
Tenuta Belcorvo
Via Belcorvo 38
31010 Bibano, Godega S.U. (TV)
Tel. 043 878 22 92
Fax 043 878 31 83
http://www.tenutabelcorvo.tv
Les vignobles de la région de Trévise sont surtout célèbres pour leur prosecco. C'est le cas de cette société viticole familiale qui produit plusieurs types de vin tous vinifiés selon les traditions de l'endroit. Un caviste vénitien où j'ai mes habitudes m'a fait découvrir il y a quelques années le Chardonnay produit par la Tenuta Belcorvo (du Beau Corbeau). Un miracle de la nature pour qui aime les blanc secs : jaune pâle avec des reflets d'herbe fraîche, ce vin possède toutes les caractéristiques de sa famille, avec un nez de pomme golden, des senteurs de pain doré, d'acacia, des relents d'amande douce. Il est corpulent, long en bouche, savoureux, et se marie parfaitement avec les pâtes et le riz, mais il est un compagnon royal pour les plats de poissons, les crustacés, les huîtres. Parfait aussi en ombra ! Il ne doit pas être trop frais, juste frappé, entre 10 et 12°. On le trouve sur internet et chez les bons cavistes.


5 commentaires: (Archives Google 2009)


 
  
 Les Idées Heureuses a dit…
J'adhère pour l'hôtel Mignon, y étant allée à plusieurs reprises, mon Daddy lui chaque année en septembre depuis....
Parfait, mignon, le rouge très XVIIIème ça passe, on ne fait qu'y dormir les yeux fermés, un accueil super, propre et confortable, très bien placé.
Les spaghettis vongole sur la tête d'un chauve je les mangerais, alors cette recette à essayer avec gourmandise encore les yeux fermés....le guide des instruments déjà sur la liste, Venise Baroque chez Mazenod une autre fois, il faut faire des économies pour le voyage à Noël, ce sera une Venise baroque de vive pierre avec sans doute gants et bonnets...
A votre santé, Lorenzo, car avec toutes ces suggestions de "petits cadeaux", on a le sourire aux lèvres et l'enthousiasme au cœur.
Bonne soirée!
VenetiaMicio a dit…
Merci pour toutes les idées de cadeaux, de recette, d'adresses sympathiques,...bon, maintenant j'aimerais bien un petit verre de ce Chardonnay qui a tant de caractère et de parfums, je vais relever vite son nom et je penserai bien à vous dès mon prochain voyage, dans quelques jours.
Danielle
J F F GrandsLieux a dit…
Donc Vongole, c'est palourdes ou clovisses...
Je prends note et corrige le tir dans mon blog... dès que j'ai 5 minutes.
Merci pour cette fabuleuse recette,
Ciao,
totirakapon a dit…
La villa '600 est effectivement un restaurant très sympathique et bon enfant avec des prix tout à fait dans la norme mais pour une qualité exceptionnelle ! On aime aussi beaucoup le petit mimosa planté dans l'allée qui y conduit.....
Michelaise a dit…
J'applaudis à deux mains pour la villa '600 qui reste un excellent souvenir et un projet incontournable pour le prochain voyage... j'avoue avoir si peu de bons souvenirs de resto à Venise, que celui-là me tient à coeur !

Matin d'automne aux Santi Apostoli













3 commentaires:  (Archices Google)
Enitram a dit…
Joli ciel bleu à Venise ! Et si on allait marcher un peu ?
Ici, pas envie de se promener, il pleut !
Bravo encore et encore pour tous vos billets si intéressants, merci !
la tortue legere a dit…
Hum...belle lumière, douce atmosphère, et on en a besoin en novembre ! Merci.
Lôlà
Anne a dit…
Quelle joyeuse photo! Vous êtes donc à Venise, Lorenzo? Chanceux que vous êtes! Je vous souhaite un très bon séjour.
Anne

12 octobre 2009

Aller en train de nuit à Venise

Je regardais l'autre soir sur internet un reportage consacré au Royal Scotsman, un train comme autrefois qui permet de faire le tour de l’Écosse dans des conditions fort agréables. Fort coûteuses aussi. Plus facile à satisfaire, moins luxueux que le Simplon-Orient-Express, le train de nuit Artesia qui quitte Paris (Bercy hélas et non plus la gare de Lyon) à l'heure du dîner et arrive à Venise pour le petit-déjeuner, reste, quoiqu'en disent certains voyageurs malchanceux, un agréable moment de "voyage" comme nous sommes nombreux à les aimer, du moins si j'en crois les lecteurs de Tramezzinimag. Que ce soit en famille ou entre amis dans une de ces cabines modernes ou six couchettes confortables permettent de commencer le voyage dans une ambiance chaleureuse, en wagons-lits (en T2 ou T3) où les jeunes enfants peuvent dormir à deux dans un vrai lit sans empêcher les parents de passer une bonne nuit ou, mieux évidemment, en cabine de première classe, seul ou à deux dans un confort vraiment complet : cabines parfaitement insonorisées, lits confortables, moquette épaisse, salle d'eau fonctionnelle, magazines, boissons. Le rêve. 

Il existe même une voiture spéciale qui ressemble à un hôtel en miniature avec comptoir d'accueil, salon d'attente et de lecture, où des cabines nuptiales sont nanties chacune d'une douche. Ce n'est pas, en seconde comme en première, le luxe des sleepings d'autrefois mais c'est une partie du voyage à Venise que je continue de défendre becs et ongles contre les détracteurs du train. Le dîner peut paraître cher, mais dîner en regardant défiler le paysage, avec de jolies petites lampes sur chaque table, de vraies nappes, de vraies serviettes, un petit bouquet de fleurs fraîches, un verre de spumante et des serveuses souriantes et joviales cela vaut son pesant d'or de nos jours. La nourriture est parfois quelconque c'est vrai, mais toujours italienne et jamais mauvaise : contorni, pasta... C'est du courant, du tout-venant, mais c'est déjà un premier pas en Italie. Le train à peine parti de Paris, c'est comme un rayon de soleil venu de l'autre côté des Alpes pour nous chercher. Personnellement, aller à Venise dans d'aussi mauvaises conditions, cela me convient tout à fait et mes enfants ne veulent pas voyager autrement.
 
Pour votre prochain périple avec Artesia, je vous recommande le petit ouvrage de Baptiste Roux, "la poésie du rail, petite apologie du voyage en train", paru aux éditions Transboreal (lien vers le site de cet éditeur ici) dans sa collection "petite philosophie du voyage". Un hymne que les amateurs de ce moyen de transport reprendront en chœur.  

28 commentaires

Florence a dit… 
Durant mes nombreux voyages j'ai eu de tout: des ronfleurs, des "sans gêne" mais surtout des gens agréables allant ou revenant de Venise pour la 1ère fois, des vénitiens vivant en France ou des amoureux et habitués de cette ville... Et je le dirais jamais assez, l'arrivée est magique et pleines de souvenirs ancrés à jamais dans ma mémoire.. Mon père m'attendant sur le binario avec son journal plié sous le bras.. A presto... 12 octobre, 2009 Anonyme a dit… N'est-ce-pas en effet, ici un lieu étrange par sa singulière beauté ? Son nom seul provoque l'esprit à des idées de volupté et de mélancolie. Dites :"Venise et vous croirez entendre comme du verre qui se brise sous le silence de la lune..... N'est-ce-pas un lieu de sortilège, de magie et d'illusion ?" H.de Régnier. 
M.17 
 12 octobre, 2009  

Anonyme a dit… Mille fois oui pour le voyage en train pour et de Venise ! Mais cette fois, le retour a été perturbé par un escadron de zanzare affamés; des tigrés, petits mais voraces. Qu'à cela ne tienne, le train fait partie du voyage et c'est magique, comme tout ce qui concerne Venise ! 
Gabriella 
12 octobre, 2009  

Anonyme a dit… Magie de se réveiller à Venise, bercée par Artésia... 
M.17 
12 octobre, 2009  

AnnaLivia a dit… 
J'ai fait mes trois premiers voyages en train vers Venise. Le dernier fut en avion, avec tous les problèmes que ça comporte... J'ai décidé de renouer avec le train. À chaque fois une aventure différente. Bon, quand il y a des ronfleurs, y'a toujours la solution des boules quiès...! J'adore dormir bercée par le roulement du train. Et l'arrivée le matin est toujours magique! On sort de la gare et on y est! 
 12 octobre, 2009  

Michelaise a dit… tout à fait d'accord, même si en arrivant par l'aéroport on bénéficie d'une approche superbe la ville, l'arrivée au petit matin sur le quai de santa lucia, avec cette impression que la ville s'offre à vous, toute guillerette, c'est unique ! 
12 octobre, 2009  

FRANCOIS a dit… 
Oui ce train qui vous amène au cœur de Venise pour le petit-déjeuner fait partie à chaque fois de la redécouverte de Venise,.... lentement l'ambiance monte et après la nuit le rêve redevient réalité! 
12 octobre, 2009 

J F F a dit… 
Unanimité chez vos lecteurs il me semble. Et je ne vais pas y déroger... J'ai hâte de savoir comment vous décrirez le meilleur de ce merveilleux voyage en train (pourtant d'habitude j'aime les débuts, quand on se met en route...) : l'arrivée ! La surprise d'être longtemps au - dessus de l'eau, puis la descente du train, les quelques pas avant l'éblouissement au sortir de la gare, les sons, la lumière, le ballet des passants, la vue, tout est d'ailleurs, d'autre part, on se sent si bien, d'un coup ! Mais... on va vous laisser le dire... 
12 octobre, 2009

Sylvain/Kaonashi a dit… 
Désolé d'avance, mais je vais casser cette jolie unanimité, dans laquelle je ne reconnais pas grand chose de mes 3 trajets sur cette ligne. Tout d'abord, parlons du prix : même en couchette normale, et à moins d'être chanceux en période de promotion, c'est cher pour ce que c'est. Cabines étroites, peu de rangement, couvertures très âgées, longueur de couchette n'excédant pas le mètre quatre-vingt (désolé de faire sept centimètres de plus). À chaque fois la partie sanitaire des wagons était assez sale, et le tout est quand même très vieillot. Les désagréments ou agréables surprises des voisins de chambrée, c'est plus aléatoire : une fois un groupe de ronfleurs ; une fois un groupe de Chinois que le douanier suisse, un rien zêlé, a voulu faire expulsé parce qu'ils n'avaient pas de visa pour la Suisse ; la dernière fois, j'ai eu la chance de pouvoir bien discuter avec un Nantais artiste verrier qui retourner à Murano pour quelques mois... Bon de toute façon, quoi qu'il arrive, je dors quasiment pas, donc le voyage me semble interminable ! Après, c'est sûr qu'en terme de pollution, c'est rien du tout à côté d'un trajet en avion... ^_^ 12 octobre, 2009 Lorenzo a dit… Il y a toujours des exceptions pour confirmer la règle, Sylvain. Il y a aussi hélas pour eux des vélléitaires pour qui le voyage en train est un pensum. Je le comprends. D'autres dont je suis pour lesquels ce n'est que magie. J'ai compté un jour le nombre d'allers et retours effectués sur une ligne qui n'existe plus de la même manière : le Bordeaux-Venise via Marseille, Nice, Vintimille et Milan. Plus de 22 heures de train avec des étapes interminables à Vintimille, quand existait encore une frontière entre nos deux pays. De 1980 à 1986, j'ai fait 48 voyages sur ce trajet ! Ce fut à chaque fois pour moi un vrai délice. Le bonheur de voyager. Des rencontres inattendues, des évènements cocasses parfois dramatiques (j'étais dans le train la nuit où un jeune maghrébin fut jeté sur la voie par des soldats ivres, des heures de rêveries, de lectures, d'ennui aussi parfois pendant tous ces allers et retours. Je me doute que cela doit faire frissonner de dégoût ceux qui n'aiment pas le train (et puis, comme Anna Livia, j'ai aussi la chance de m'endormir dès que le train circule) 
12 octobre, 2009 


Les Idées Heureuses a dit… Plus de trains de nuit de Nice à Venezia, le voyage ne peut s'effectuer que de jour. Mais une autre solution s'offre à nous depuis quelques temps: l'avion avec la compagnie Fly Baboo; en surveillant les offres de tarifs on peut faire un aller -retour pour 200 euros à 2 personnes: c'est ce que nous avons obtenu pour la fin de l'année. Petit avion de 90 places environ, compagnie suisse très soft,1heure 15 de voyage avec arrivée sur la lagune vu d'en haut! Très belles émotions... inénarrables, tant ça vous prend aux "tripes"...l'euphorie de grands que l'on cache dans un recoin de son cerveau par pudeur.On la laisse éclater, avec joie , les regards échangés en disent long sur nos émotions, d'autant plus que chacun de nous deux ressent le même bonheur. Égales à l'arrivée par le train et la découverte du "canal grande". Je me souviens encore de nos impressions la première fois en 84...après avoir franchi le quai rempli d'une foule compacte, la rencontre avec Venise, et l'union définitive avec la Cité pour nos deux âmes. On rentre à la maison! 
13 octobre, 2009  

autourdupuits a dit… Voici un article Lorenzo qui va réconforter notre amie commune Hélène, qui effectuera le voyage de retour en train de nuit à la Toussaint avec sa petite fille à qui elle va faire découvrir Venise pour la première fois,elle n'a plus ses repères depuis la disparition de MyAir !!!! 
13 octobre, 2009 

SAB. DE MONTPELLIER a dit… Cet article me donne à nouveau envie de tester cet Artesia ! mais.. question sécurité, qu'en est-il pour une femme voyageant seule ??? il y a du passage régulier ? des arrêts durant la nuit ? ou c'est un direct ?... Moi qui suis un adepte du train à 100% et qui déteste l'avion, cette option m'intéresse ! (surtout que de Montpellier ce n'est pas pratique de rallier Venise, et que je n'ai plus envie de faire tout ce trajet en voiture, alors que justement, je vais dans un lieu où je n'en ai pas besoin, de voiture ! Arriverderci Lorenzo ! 
13 octobre, 2009  

Anonyme a dit… Mais flâner à Venise efface tous les maux d'Artesia. Se retrouver au bord du Canalazzo le matin est simplement sublime. Sensation unique à chaque arrivée ferroviaire.
M.17 
13 octobre, 2009  

Marie a dit… 
Je laisserai un avis mitigé sur le sujet. Je vais toujours à Venise par le train car pour moi c'est le plus facile: par le métro je suis à moins d'une heure de la gare de Bercy et arrivée le lendemain sur le grand canal. C'est pour moi très appréciable! Et si l'on peut programmer son séjour à l'avance, les tarifs peuvent être intéressants. Maintenant, on ne choisit pas ses compagnons de voyage et le hasard réserve des surprises parfois très agréables et d'autres non. Il faut faire avec. Je n'ai pas eu l'occasion de tester les lits moelleux, l'insonorisation, le confort douillet,les fleurs sur la table - je n'ai pas testé le wagon restaurant- et voyageant avec le commun en cabine de six, je témoigne aussi de l'exiguité ( y compris pour les bagages ), de la grande usure du linge et couvertures, de bruits" mécaniques" incessants, de coins toilettes assez malodorants et rapidement dégoûtants ( la faute aux utilisateurs, certainement). J'aimais bien aller prendre mon petit déjeuner en regardant défiler les paysages . Il n'y a pas si longtemps il y avait du pain frais, une tasse blanche avec sa soucoupe... A mon dernier voyage j'ai eu droit à un anonyme gâteau au sucre sous cellophane et du café servi dans un gobelet de plastique.. ;( Peut-être qu'Artésia économise sur le produit vaisselle? Je reconnais que j'ai été déçue, d'autant que le prix est inchangé. Ceci dit, c'est toujours un vrai bonheur que d'aborder Venise par la lagune et dès que le pied est posé sur le parvis de Santa Lucia, j'ai tout oublié des petits désagréments... Et vendredi soir, je prends le train. Une semaine à Venise. Et alea jacta est !!! ;-D 
13 octobre, 2009 

Lorenzo a dit… Artesia est gérée par la SNCF et la société TRENITALIA. La gestion du Paris-Venise était à ma connaissance sous la resposnabilités des italiens. Ainsi le wagon restaurant offre de la cuisine italienne,servie par des italiens. Mais autant il est agréable d'y diner et d'y boire un dernier verre quand la plupart des gens vont dormir, autant le petit déjeuner est devenu quelconque. Depuis que la société gestionnaire ne se fait plus livrer en gare de Brescia les croissants frais. Non il vaut mieux prendre son petit déjeuner au bar de la stazione Santa Lucia : capuccino et croissant... un délice surtout quand on le savoure sur la terrasse devant le grand canal ! Recommandation : ne prenez pas un petit déjeuner complet pour touristes c'est nul et cher pour des machins industriels sous cellophane. 
13 octobre, 2009 

Lorenzo a dit… 
 Quant à l'axe Paris-Rome, géré par la France il ne comporte qu'une infâme voiture-bar comme sur les TGV où l'ambiance se veut française et où on offre des snacks et des sandwiches sans intérêt et hors de prix avec un service inférieur ou égal à zéro. L'horreur. Au moins, bien que le wagon restaurant du Paris-Venise ait été modernisé (par exemple les lampes ont disparu des tables sur les nouvelles voitures mais parfois les anciens wagons circulent qui sont bien plus jolis)et ne comporte plus que 34 places (ils proposent au moins deux services, rassurez-vous)on y fait un vrai repas et on est servi comme au restaurant. Même en 2e classe, il faut une fois au moins y aller dîner, ne serait-ce que pour s'éloigner de la promiscuité d'une cabine avec 5 étrangers ! Pour répondre aux craintes de Sab de Montpellier, les couchettes comme les wagons-lits ne sont pas mixtes sauf quand des couples ou des familles voyagent ensemble et il existe toujours un ou deux compartiments où le contrôleur installe les dames seules. Les voitures sont verrouillées de l'intérieur et les cabines se ferment aussi. Les passeports et les billets sont demandés au départ et vous n'êtes plus dérangée pendant la nuit sauf quand un voyageur arrive ou part en cours de trajet. Rendez vous sur le site Artesia, tout est bine expliqué et c'est plein d'illustrations. On peut même y situer sa place et faire son choix en connaissance de cause. 

 13 octobre, 2009  

AnnaLivia a dit… 
 Pour SAB: j'ai voyagé à deux reprises seule en wagon-couchette à 6. C'était mixte et je n'ai jamais été ennuyée. Les gens sont généralement gentils et relativement discrets. J'ai réussi à avoir un wagon pour "femmes seules" en première classe seulement. En passant, première classe ne veut pas dire plus de confort, plus beau ou plus moderne... ça veut juste dire qu'on est 4 au lien de 6, donc un peu plus d'espace... J'ai été un peu déçue. 
13 octobre, 2009  

SAB. DE MONTPELLIER a dit… 
Grazie mille per le vostre risposte ! ;-) Je ferai mon propre commentaire quand j'aurai testé... Pour l'heure, je vais "monter" à Genève prendre le direct Genève-Venezia qui est trèèès agréable, et de jour.... (mais bon, faut y être à 7h du mat à Genève ! d'où mon intérêt curieux pour Artesia).. D'ailleurs, je file sur ce voir leur site... Buona serata amici di Tramezzini ;-) 
13 octobre, 2009  

Anonyme a dit… 
Jeudi soir ma nuit sera ferroviaire... Je me languis de retrouver mon jardin secret.
M.17
13 octobre, 2009  

Lorenzo a dit… 
Bon voyage et bon séjour ! 
14 octobre, 2009  

Venise86a dit… 
Bouhh, que c'est bon de vous retrouver tous et de vous lire ici... Moi j'en suis toujours à chercher comment retrouver Venise en train sans passer par Paris mais par Nice... Que ceux qui ont la chance de partir ces jours ci nous rapportent plein de belles choses et savourent ! 
14 octobre, 2009 

Aldo a dit… Le tant attendu retour à Venise c’est pour samedi ! Le voyage se fera en train, comme il se doit. Depuis ma plus tendre enfance, je ne m’y suis jamais rendu par un autre moyen de transport, cela me semble inconcevable. Par contre, pas de train de nuit. J’ai la chance de ne pas en être trop éloigné. Cinq heures et demie de trajet suffisent. Il me tarde d’y être. La lecture de vos textes à toutes et à tous a éveillé en moi l’envie irrépressible de retourner dans cette ville que j’ai si souvent arpentée jusqu’au milieu des années 90 et que j’ai trop longtemps délaissée. J’appréhende de retrouver la Serenissima après toutes ces années d’absence. Sera-t-elle encore telle que dans mes souvenirs ? 
19 octobre, 2009  

Anonyme a dit… 
Lorenzo, vous me faites peur, nous avons pris nos billets sur le train de nuit pour Rome dans pas longtemps, et la description que vous en faites ne semble pas correspondre à l'image que veut donner Artesia sur son site web (voir les visites virtuelles)... J'avais déjà été à Venise en train de nuit (wagon-lits, seul avec 2 inconnus), ça s'était bien passé, mais pas fulgurant non plus, sauf l'incroyable arrivée à Venise la tête par la fenêtre abaissée, comme dans le temps... 23 octobre, 2009 Lorenzo a dit… Non ne craignez rien c'est simplement que le wagon bar n'est pas aussi agréable que le wagon restaurant du train pour Venise. Mais mon expérience date d'il y a quatre ans, cela a pu changer. Bon séjour à Rome ! 
 24 octobre, 2009  

Anonyme a dit… 
Moi, j'adorais le Rialto qui n'existe plus depuis bien longtemps, il partait de la gare de Lyon et pas de cette sinistre gare de Bercy, Trouver un wagon lit dans le Stendhal d'Artesia est une gageure. Tout est complet à moins de réserver trois mois à l'avance. Sinon, il faut avoir de la chance et pouvoir négocier avec le contrôleur. Cela m'est arrivé souvent. Mais la dernière fois, il n'y eut aucune défection et le voyage a été un cauchemar, à quatre dans un compartiment "de première" d'une propreté douteuse. J'ajoute que les pâtes du wagon restaurant étaient collantes. Depuis nous prenons l'avion que je déteste. Puisqu'il n'y a plus de plaisir possible dans le voyage, autant le raccourcir. 
mob 
31 octobre, 2009  

venise a dit… 
 Quel dommage qu'il n'y ait plus un départ de nuit de Nice... Après avoir testé l'avion, le bus, la voiture pour aller à Venise, je rêve d'une arrivée en train au petit matin. Mais cela est dommage de devoir "monter à Paris" depuis le Sud est ! 
22 avril, 2011  

Lorenzo a dit… 
Cela peut se faire avec une arrivée à 6H.38 à Santa Lucia mais c'est un véritable parcours du combattant. imaginez plutôt : départ de Nice à 17h53 voire pour plus de sécurité à 17H32. Arrivée à Vintimille une heure plus tard, sur le quai d'en face, départ pour Milan à 18H58 avec une arrivée à 22H55 puis départ pour Vérone à 00H15 et arrivée chez Roméo et Juliette à 02H23, départ 10 minutes plus tard pour Venise où vous arriverez au petit matin, avant l'ouverture de la plupart des cafés. C'est un long périple mais pour les amoureux du train rien n'est trop compliqué. 
 22 avril, 2011