20 août 2009

Ce qu'est vraiment la vraie Venise. Explications en image par Vittorio Baroni

Vittorio Baroni est vénitien. Avec beaucoup d'humour (et d'amour), il présente avec ses photos une Venise intérieure, telle qu'elle peut jaillir du quotidien pour ceux qui tentent de continuer à y vivre. Humour donc, et tendresse. Je voulais vous faire partager ce guide second degré que Vittorio a offert aux amis de 40xVenezia.
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Venise qui a le traghetto à San Tomà qui coûte 50 centimes d'euro
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Venise qui a le verre artistique léger comme l'air

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Venise qui a le linge étendu à sécher dans les rues
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Venise qui a les panneaux d'informations importantes dessinés par un membre des 40xVenezia
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Venise qui a les taxis qui respectent la limite de vitesse
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Venise qui a les cordes à linge coulissantes qui grincent dans la Corte Moretta
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Venise qui coule et fleurit dans la Corte Moretta
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Clichés © Vittorio Baroni

5 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime tant vos billets. Votre fidèle discrète.
M.17

VenetiaMicio a dit…

Vous avez tout fait raison, c'est la Venise au quotidien, celle qu'on aime, la vraie !
Merci Lorenzo, de nous offrir de si jolis messages quotidiens qui nous font aimer de + en + Venezia
Voir ma petite dédicace du jour

Anne a dit…

Merci pour ces photos pleines de délicatesse. Nous aimons Venise dans son quotidien poétique.
Anne

Lorenzo a dit…

C'est Vittorio Baroni qu'il faut remercier !

venise86 a dit…

Quel Plaisir de vous retrouver, vous et Venise après tous ces mois!! Merci, merci, à vous, à ceux que vous nous faites rencontrer et aux amoureux qui fréquentent votre site.

19 août 2009

Mario Berta Battiloro, de l'or dans le risotto

Le nom de Mario Berta Battiloro ne dit pas grand chose à la plupart d'entre nous. Pourtant cette entreprise qui existe depuis 1926, est connue dans le monde entier et la matière qu'elle travaille reste l'une des choses les plus recherchées sur toute la planète.
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Ses artisans sont appelés à Venise les Batifogia, ce sont les derniers batteurs d'or. Ils fournissent les plus grands orfèvres et nombre des dorures restaurées de la Sérénissime et d'ailleurs dans le monde (Notre Dame de Lourdes par exemple), l'ont été avec les fines feuilles d'or sorties de leurs ateliers. Leur corporation comptait à la chute de la République plus d'une cinquantaine de maîtres-batteurs, et près de deux cents apprentis et ouvriers qualifiés. Comme tous les métiers traditionnels de la Sérénissime, les batteurs d'or se raréfièrent avec le temps. Il n'en reste qu'un aujourd'hui, célèbre dans le monde entier :  La Ditta (l'entreprise) Mario Berta Battiloro, installée depuis 1926 dans le palais qui fut la demeure du Titien, à Cannaregio.

Il existe sur le grand canal un curieux petit bâtiment qui semble servir de dépendance à l'église San Stae (diminutif de Saint Eustache). La façade rococo, ronde et sucrée à souhait, faisait dire à mon fils quand il était petit, que c'était une maison en sucre d'orge. C'était autrefois le siège de la confrérie des batteurs d'or, la «scuola minore dei batifogi» ou «battiloro».
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Installée depuis le Moyen-âge à San Lio, la scuola s'installa dans ce bâtiment au début du XVIIIe siècle. Scuola minore, elle n'a jamais eu le retentissement culturel des grands établissements couvertes des chefs-d'oeuvre des plus grands maîtres de la peinture vénitienne. Ce fut cependant une confrérie puissante et dynamique, qui dépendait directement des plus hautes autorités de l'Etat. pensez-donc, on y travaillait l'or, matière fondamentale pour la bonne marche de la république et de la majorité du monde d'alors.
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Cette scuola regroupait tous les batteurs et les tireurs d'or. On y enseignait aux jeunes apprentis le battage de l'or et de l'argent réduits en fils et en feuilles très fines. Les saints patrons de la scuola étaient Saint Quiricio, Sainte Judith, et Saint Josephat. Dans le recensement de 1773, il ne restait plus que 32 batteurs avec 9 ateliers. La scuola était contrôlée par le tribunal des Giustizie Vecchie et par les provveditori della Giustizia vecchia, tandis que les Provveditori di Comun réglementaient le travail et les finances de la corporation. La Milice de la Mer régissait les différentes taxes fiscales. Avec l'arrivée de Napoléon puis la domination autrichienne, cette activité s'éteignit peu à peu et au milieu du XIXe siècle, dans les rues où se retrouvaient regroupés les ateliers des batifogi, le bruit des marteaux martelant le métal, avait définitivement disparu. Jusqu'en 1926, temps de la Renaissance d'une des plus anciennes activités de l'artisanat vénitien.
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Cet art est plusieurs fois millénaire, puisque les procédés sont quasiment les mêmes que dans l'Antiquité et que l'usage du battage de l'or est arrivé à Venise avec des artisans byzantins au tout début du moyen-âge, l'empire romain d'Orient était encore debout. Pas de machine, pas de procédés mécaniques ou chimiques qu'on devrait aux progrès des techniques modernes. L'or est battu à main d'homme pendant des heures jusqu'à obtenir ces feuilles tellement fines qu'un geste trop vif en fait des lambeaux qui s'envoleraient presque. Les produits de Mario Berta Battiloro sont connus dans le monde entier pour leurs caractéristiques uniques et la fascination que tout visiteur ressent devant la méthode millénaire du batifogi
 
Mais, même en participant à des restaurations d'envergure (Lourdes, Venise, etc...), même en fournissant les doreurs du monde entier et notamment des pays du Moyen-Orient, les temps sont difficiles et l'entreprise souffre comme beaucoup de sociétés d'artisanat d'art. On trouve des feuilles d'or - voire de cuivre doré - qui coûtent moins cher, car battues rapidement par des machines avec de l'or de moins bonne qualité... Alors les responsables cherchent de nouveaux débouchés, ce que Sabrina Berta, actuelle directrice et fille du fondateur, appelle "la recherche de nouvelles frontières". C'est ainsi qu'il est proposé aux pâtissiers et aux cuisiniers d'utiliser des feuilles d'or pour leurs produits alimentaires. on trouve ainsi de l'or dans le risotto, dans les chocolats, dans de nombreux plats auxquels le métal jaune apporte raffinement et surprise.
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Mais la concurrence est rude et le travail long et pénible. Les feuilles d'or, entièrement fabriquées à la main sont choisies par des maîtres-verriers pour leurs créations ou pour la restauration de vitraux, par des créateurs de luminaire, des calligraphes, des orfèvres, des couturiers. A Venise, c'est cette maison qui a fourni l'or nécessaire à la restauration de l'ange du Campanile de San Marco et la dorure des lampes de la basilique San Marco. L'or alimentaire est une de leurs trouvailles.

5 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

J'ai oublié d'ajouter que votre reportage est passionnant. Il est à regretter que tous ces savoir-faire, ces apprentissages transmis tout au long des temps , ces métiers d'art sont amenés à disparaitre, tout cela pour des raisons uniquement d'argent, de rendement, de revenus.
Le système se mord la queue, et il sera sans doute trop tard pour renverser la vapeur si on ne se bouge pas. Souhaitons que nos artistes en tout genre, si précieux, puissent relever la tête pour le plus grand bonheur de nous tous.

Les Idées Heureuses a dit…

Le premier message a disparu, ce qui rend le second un peu "strange". Qu'en était-il?
Les petits carnets ont une dizaine de feuilles d'or, le format étant de 10x10. Le geste est délicat, il faut souvent utiliser le souffle pour les décoller du support, beaucoup d'adresse, de précision.
La Porte- Fausse dans le Vieux Nice a été restaurée sur un projet artistique de Sarkis: marbres de Carrare, avec des veines superbes, et le plafond recouvert de 14000 feuilles d'or.Maitre d'œuvre le petit frère!
Je mets quelques images dans les Idées, si cela vous intéresse.

Lorenzo a dit…

Beau métier en vérité.
"Battre" de l'or, pour le soumettre aux volontés de l'art, mais aussi pour le punir de rendre les hommes aussi avides. Voilà un jeu de mot facile, pardonnez-moi.

Anne a dit…

Merci pour cette passionnante publication. Nous souhaitons tous que ces traditions artisanales ne se perdent pas. C'est bien plus qu'un simple travail, c'est une philosophie.
Anne

VenetiaMicio a dit…

Je suis passée de nombreuses fois devant la maison "sucre d'orge", je pensais que c'était un petit musée ou une galerie d'anquités, surtout qu'il y a de temps en temps de belles expositions dans l'Eglise S.Stae. Je me souviens avoir vu des sculptures de Camille Claudel et de Renoir...mais je m'éloigne du sujet. Je souhaite que tous ces beaux et nobles métiers d'artistes puissent se transmettre encore longtemps

18 août 2009

Après le Cotentin, le Bassin d'Arcachon, en attendant Venise

Le Bassin d'Arcachon, comme la Lagune de Venise, est un endroit merveilleusement changeant. J'y aime particulièrement les crépuscules, quand le soleil se couche sur l'océan, en face de la villa, et que l'air se fait plus doux. Aux senteurs de la mer viennent se mêler les odeurs des térébinthes et des pins, que le soleil a chauffé toute la journée. Les baigneurs sont rentrés chez eux. Quelques promeneurs longent encore le bord de l'eau. J'entends leurs voix comme un chuchotement. Le bruit des vagues emplit toute la maison de son chant. Soudain le soleil disparaît, et surgissent dans le ciel des dizaines d'étoiles, accueillies par le chant des grillons et celui des drisses et des haubans aux mats des navires amarrés devant le jardin. Un moment de paradis qui se renouvelle chaque soir et que je ne voudrais manquer pour rien au monde quand je suis là.

Lorenzo nous aurions pu nous y croiser il y a bien longtemps léchant une glace du Cornet d'Amour ou dégustant un cannelé de chez Foulon,ou bien à Notre Dame des Passes à la sortie de l'office, peut-être nos enfants ont-ils fréquenté le même club Mickey ,que de souvenirs vous faites remonter là et comme vous contez bien ces fins de journée sur le bassin il me semble que j'y suis

Merci,merci

VenetiaMicio a dit…

Cher Lorenzo, que vous parliez de Venise ou d'ailleurs, c'est toujours aussi beau. Encore une fois, Merci,de nous faire partager un lieu, tous ces petits riens avec vous !

Anne a dit…

Vous écrivez d'une manière si poétique! Merci pour cette page.
Anne

Enitram a dit…

Que vous nous racontiez Venise ou le Bassin d'Arcachon,on vous suit et on rêve....C'est toujours avec plaisir! Et le Cotentin?
A bientôt

Lorenzo a dit…

Merci de vos appréciations. Vous ne pouvez savoir combien elles sont importantes pour moi, me confirmant dans mes choix et mes refus.

Michelaise a dit…

J'ai grandi dans une maison perchée dans le Parc Péreire, et maman a dû la vendre... lorsqu'un jour j'ai vu celle que j'habite à présent, un coup au coeur, me sont revenues les mêmes images, les mêmes sensations... je l'ai achetée en une demie heure !! incroyable, je ne cherchais pas de maison, j'en avais une, pas de projet immobilier, mais coup de coeur, coup de souvenir !!! j'avais aussi la chance de pouvoir le faire ! Depuis je suis repassée au parc péreire pour revoir l'ancienne, celle de mon enfance, et je l'ai trouvée moins magique que mon souvenir me le disait !

17 août 2009

COUPS DE CŒUR N°35

La Reine des lectrices
Alan Bennett
traduction de Pierre Ménard
Éditions Denoël (Coll. Denoël & d’ailleurs)
2009 - 173 p. - ISBN 978-2-20726012-8
Le roman qui m'a fait le plus rire de tout l'été. Imaginez la rein d'Angleterre (mais oui la vraie pas une reine de roman !) qui découvre par hasard un bibliobus dans la cour intérieure de Buckingham et emprunte un premier livre avant de se découvrir une véritable passion pour la lecture… Le début de ce très court roman est à mourir de rire. La toute première scène est un pur régal pour le lecteur français, car elle met en scène notre Président lors d’un dîner avec la Reine qui tente de lui parler de Jean Genêt. Le pauvre homme se sent perdu... La Reine devient vite une mordue de lecture. Tout cela grâce à un jeune employé des cuisines royales, grand lecteur mais exclusivement de littérature gay et qui orientera la reine dans ses choix et deviendra vite son conseiller privé pour la guider dans ses choix. La reine découvrira au fil des lectures le le pouvoir magique des livres et la lecture va transformer non seulement sa vie intérieure, sa manière de voir les choses et même la façon d'aborder les gens qu'elle est amenée à rencontrer... Autour d'elle on s'inquiète. Du prince Philip aux conseillers privés. Cela ira jusqu'au premier ministre et les lectures de la reine finissent par devenir une affaire d'état... Difficile d’en dire plus sans en dire trop. Sachez seulement que tout grand lecteur ne peut que se reconnaître dans l’évolution de la souveraine et que l’humour décapant d’Alan Bennett rend la lecture de son parcours absolument jubilatoire. Il y a bien un moment où le roman fléchit un peu, et on s'ennuie un peu le temps de quelques pages, mais la pirouette finale rattrape tout cela. Ce petit roman mérite d’être lu, ne serait-ce que pour rire un peu (croyez-moi les dialogues d’Alan Bennett ne peuvent vous laisser indifférents), et pourquoi pas réfléchir avec la Reine à tout ce que la lecture nous apporte. L'ayant découvert en anglais (titre original : The Uncommon Reader), j'ai dévoré l'excellente traduction de Pierre Ménard qui a su rester totalement fidèle à l'humour et à la spiritualité de l'auteur.
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La Peinture à Venise au XVIIIe siècle
Michael Levey
Traduit de l'anglais par Françoise FALCOU
Ed. Gérard Monfort, Collection Imago Mundi
1987 - 172 pages. - ISBN 2-85226-006-9
Découvert cet été à l'OCEP, la plantureuse librairie - la seule - de Coutances, la ravissante petite ville proche de notre maison, cet ouvrage qui date un peu (il a été écrit en 1959) qu'édite depuis 1987 la petite maison d'édition normande Gérard Monfort. Après un tableau général de la situation des Beaux Arts à Venise au XVIIIe siècle où sont passés en revue amateurs, collectionneurs, et peintres, l'auteur, spécialiste du XVIIIe siècle, présente avec beaucoup de clarté chacun des genres de peinture en étudiant les artistes les plus représentatifs : peintres d'histoire, de paysage, védutistes, peintres de genre, portraitistes et pour finir, le grand génie du siècle, Giambattista Tiepolo. C'est un panorama très fouillé de la peinture vénitienne du dernier siècle de la République, période trop peu connue.
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Robert Schumann
Carnaval, Papillons, etc...
Stefan Vladar, piano
Label Harmonia Mundi, 2006
Un disque assez ancien maintenant mais qui mérite d'être connu. Selon moi l'un des meilleurs enregistrements modernes de ces pièces de Schumann réputées difficiles. A interpréter, mais aussi à écouter. Avec Vladar, on est au spectacle et sous ses doigts la musique de notre grand romantique devient spectacle visuel. Les personnages prennent forme et on se laisse entraîner par ce qui chez d'autres pianistes demeure une évocation. Dans cet enregistrement, on assiste à la fête, on se retrouve au milieu des danses. J'utilise souvent cette musique et cette particulière interprétation quand je veux accompagner des images du carnaval de Venise. Écoutez vous verrez combien on se laisse emporter par le charme du virtuose viennois.

Bacaro Alle Alpi di dante
Castello 2877, Corte Nova
près de la salizzada S.Francesco
Tel. : 041 528 5163
Au risque de me faire remonter les bretelles par mes amis vénitiens, laissez-moi vous livrer cette adresse. Après tout plusieurs guides mentionnent cet authentique bacaro qui ne paie pas de mine et qui se cache loin des chemins les plus fréquentés par les touristes pressés qui se ruent sur les pizzas et les sodas vendus dans les rues. Le cadre n'est certes pas près de figurer dans une de ces revues de décoration à la mode, mais vos papilles ne pourront que se réjouir des cichetti et autres délices qui vous seront servis dans cette osteria traditionnelle, au milieu d'authentiques vénitiens (tant qu'il en reste) et pour un prix raisonnable. Les vins sont bons et l'accueil assez cordial, ce qui n'est pas le cas de tous les endroits que les vénitiens se réservent mais on leur pardonne, 21 millions d'intrus qui vous empêchent de vivre tranquillement et contribuent à faire disparaître épiceries, boulangeries, maternité et écoles, cela a de quoi agacer un peu !
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Recette :
Melanzane alla giudea (aubergines à la juive)
Les traditions culinaires des juifs du ghetto ont au cours des siècles enrichi la cuisine vénitienne de saveurs inconnues ailleurs. Cette recette classique de la cuisine italienne en est un exemple. Elle est souvent réalisée en été, notamment pour les sorties en bateau ou les pique-niques sur la terraferma car une fois préparées de cette manière, les aubergines se conservent facilement et se mangent froides, mais chaud le plat est bon aussi. On les trouve dans tous les bons bacari, ce plat faisant partie de la liste traditionnelle des cichetti.
 
Ingrédients : Aubergines, huile d'olive, vinaigre balsamique, ail, basilic, sel et poivre.
 
Couper les aubergines en petites morceaux et les mettre à frire dans beaucoup d'huile d'olive.
Hacher plusieurs gousses d'ail, ciseler des feuilles de basilic. Quand les aubergines sont bien cuites (elles ne doivent pas griller ni durcir sinon elles deviennent amères), les égoutter sur du papier absorbant et les mettre dans un plat creux ou une terrine.
Ajouter l'ail taillé finement, le vinaigre et le basilic. Laisser reposer pendant au moins deux heures et dégustez. Un régal avec du jambon de Parme ou de la Bresaola, sur des pâtes nature aussi mais aussi simplement avec du pain frais et un bon verre de vin.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Venise, si mystérieuse...
M.17

Anne a dit…

Merci pour toutes ces informations. Le premier livre me tente beaucoup.
Anne

autourdupuits a dit…

Encore un moment de bonheur commun en tout bien tout honneur avec La reine des Lectrices, j'avais moi aussi beaucoup ri grâce à ce récit un peu loufoque,merci pour votre recette d'aubergines qui semble bien savoureuse

Lorenzo a dit…

Merci à vous tous de rester de fidèles lecteurs (lectrices) !

AnnaLivia a dit…

Merci pour l'adresse du Bacaro! J'y passerai en septembre.
à bientôt

Michelaise a dit…

merci pour ce panier d'idées !

eric.valmir a dit…

Bonjour Lorenzo,

Touché, j'ai été touché par votre gentil commentaire posté sur mon blog. Surtout parce qu'il émane d'un vénitien amoureux de sa ville et conscient des difficultés qui la tenaillent au fil des ans.

Etre correspondant en Italie est un travail semé d'embuches, "traiter" Venise une difficulté majeure, tant la cité pour celui qui n'y habite pas est un piège, un repaire de clichés. Et c'est toujours avec appréhension que je fais un reportage sur place.

Mais la clé est peut être de se laisser porter et de l'aimer. Tout simplement. Alors on touchera peut être l'essentiel et pour un approfondissement, on goutera le plaisir de ses infinis détails grace à un blog comme le votre dont je ne me lasse pas d'assurer la promotion.

A mon tour de vous retourner le compliment, sans aucun esprit d'échanges de services et avec la plus grande sincérité.

A bientot, je l'espère entre Venise et Bordeaux. Toute ma famille est dans le bordelais et le périgord.

Eric

Lorenzo a dit…

A mon tour d'être touché par votre gentillesse.

Ce commentaire est de ceux qui justifient mon "travail". Il prouve bien ce que je ne cesse de dire après avoir écouter ou lu vos interventions, que vous êtes de ceux, peu nombreux dans le monde des médias, qui comprennent vraiment l'Italie et savent exercer leur métier avec exprit et hauteur de vue.

N’'est-ce pas le rôle du journaliste que de présenter la réalité comme elle est. Sans arrangement aucun. C’est ce que vous faites. Avec rigueur et humour.

L'essentiel pour parler de Venise n'est pas forcément le détail approfondi, mais le détachement et la défiance envers les clichés qui arrangent tout le monde. Un peu comme lorsque on salue quelqu'un : Au "comment allez-vous ?", l'usage veut qu'on ne réponde jamais que par un "très bien et vous"… Il en va de même avec l'idée qu'on se fait de Venise, au 20 heures, et dans les dîners en ville : cela pue, il y a plein de pigeons, et la ville s'enfonce… Parler d'autre chose peut paraître indécent.

Effectivement, il faut s'être imprégné d'elle, pour comprendre la démarche intellectuelle de Cacciari, la colère des vénitiens envers Rome, leur lassitude devant la lente dégradation du quotidien, mais aussi l’acharnement des 40xVenezia à inventer l’avenir...

Entre Venise, le bordelais et le Périgord, entre Rome et Paris, nous nous croiserons certainement très vite.

Bien à vous,

Lorenzo

martine a dit…

"La Reine des lectrices"...voilà un livre un brin décalé comme je les aime!
Moment de lecture jubilatoire! Merci d'en avoir parlé!

16 août 2009

Encore la malle aux souvenirs...

En parcourant l'excellentissime e-Venise.com de Luca et Daniela, j'ai trouvé cette vue du rio delle Toreselle, à Dorsoduro, qui fut pendant plusieurs années l'épicentre de ma vie vénitienne. A gauche sur la Fondamenta Venier dei Leoni, la boutique devant laquelle passe un couple de touristes était alors la galerie de Bobbo Ferruzzi où je travaillais. C'est maintenant la Fondation Guggenheim qui y a installé sa boutique et les oeuvres du peintre sont présentées en face, juste à côté du magasin d'antiquités de Roberto Ferruzzi (junior), son fils. En face de ce qui fut la galerie existait un petit bar tranquille, où je m'installais dès la bonne saison.

Les tables de la terrasse n'étaient autres que celles du Florian qui furent changées dans les années 60. Attablé devant un caffé macchiato, je pouvais bouquiner tout en surveillant la galerie. Dès qu'un visiteur semblait intéressé et cherchait où pouvait bien être la personne qui s'occupait de la galerie, je l'appelais et selon le degré d'intérêt, je traversais (le pont est tout près sur la gauche, de là où a été prise la photo). 

Un jour, un client avait l'air un peu agacé de ne voir personne dans la galerie. Un client du bar était arrivé avec un sandolo qu'il avait amarré contre une des barques que les riverains laissent le long de la fondamenta, voyant la situation, me proposa gentiment de me servir de la petite embarcation comme d'un traghetto, et en quelques secondes j'étais de l'autre côté. Le client était un jeune homme d'une vingtaine d'années. Britannique, il servait alors dans un régiment de la reine à Berlin. Tombé fou amoureux des peintures de Ferruzzi, il m'acheta plusieurs petites toiles. Peintes sur bois, faciles à transporter, elles étaient alors à des prix encore abordables. Nous avons conclu l'affaire au petit bar après avoir traversé le rio dans l'autre sens, buvant un'ombra avec le propriétaire du bateau, Alessandro - qui allait devenir un ami et travaillerait à ma place à la galerie quelques années plus tard - et le patron du bar, aujourd'hui disparu.

Sous le grand immeuble à gauche s'ouvre un sottoportego. C'est dans cette ruelle, à droite que s'installa l'écrivain Dachine Rainer dont mes lecteurs ont déjà entendu parler. C'est dans ce bel appartement - où je rêvais de m'installer comme je rêvais de me faire embaucher par la dame comme factotum-majordome-secrétaire-et-tutti-quanti - qu'elle écrivit son Giornale di Venezia. Elle se rendait tous les jours de l'autre côté (à droite sur la photo) sur le campiello du rio tera san Vio, près de là où je vivais (j'habitais alors calle Navarro), pour voir les chats orphelins qu'une mammagatta nourrissait et abritait dans l'androne d'un vieux palais décati, au grand dam des voisins que l'odeur parfois un peu forte dérangeait. Quand elle quitta Venise, elle me chargea de remettre à la dame aux chats une assez forte somme d'argent, pour l'aider à nourrir les pauvres bêtes fort nombreuses en ce temps-là.
 
Mille autre souvenirs sont liés à cette fondamenta dans ma mémoire. La galerie de Baci Baïk, tenue aujourd'hui par son fils, où régnait alors Denise, l'épouse anglaise du peintre avec qui j'aimais prendre le thé. Et puis, Peggy Guggenheim quelques mois avant sa mort. Encore aujourd'hui, quand je franchis la grille du jardin, je revois l'agencement de la table garnie de bonnes choses, les salons débordant d’œuvres contemporaines, de livres d'art, de fleurs, les autres invités assis sur des chaises longues, les chiens de la maîtresse de maison et cette femme toute petite, somptueuse et très affable.
 

Je me souviens aussi de l'étrange aventure dont je fus le témoin un matin. Je venais à peine d'ouvrir la galerie et les lumières n'étaient pas encore allumées quand un tapage inhabituel me fit ressortir dans la rue. Un attroupement s'était formé d'où fusaient des rires et des cris de surprise. Un énorme cygne au plumage écarlate volait et nageait en même temps, poursuivant avec fureur un chien qui avait sauté dans l'eau du rio, certainement pour essayer de l'attraper ou pour jouer avec lui. Battements d'ailes, aboiements, l'eau qui giclait tellement le volatile s'énervait, frappait l'eau de ses ailes et remuait ses pattes pour tenter de régler son compte au pauvre chien. Un molosse pourtant mais qui dans l'eau n'en menait pas large. Et le maître qui s'énervait, hurlant à son chien de sortir de l'eau, les passants qui s'en mêlaient, les enfants qui riaient... Le cygne finit par s'envoler et disparut au-dessus du jardin Guggenheim. Le chien en sortant de l'eau s'ébroua en éclaboussant les passants. D'autres chiens aboyèrent, sans doute pour féliciter leur héros. C'était un jeune et beau chien de chasse que son maître promenait chaque matin sur la fondamenta. Après cette mésaventure maître et chien ne passèrent plus par là. Je les ai croisé souvent sur les Zattere. Quant au cygne, personne ne le revit jamais et sa présence ce matin-là à cet endroit reste un mystère.
 
La galerie Ferruzzi dans les années 80
 
 

6 commentaires:

Wictoria a dit…

magnifique évocation de ce souvenir de malle, plus encore que le récit, je reste admirative de ta prose, ignorante que je suis (pauvre de moi !) je pensais que tu étais italien, mais est-ce possible de raconter ainsi un si charmante souvenir dans notre langue si complexe ?

Cordialmente :)

maite a dit…

Je ressens toujours beaucoup de nostalgie (de votre part, mais c'est communicatif!) à la lecture de tous vos souvenirs vénitiens. Ce doit être pourtant bien agréable et enrichissant d'avoir pu ainsi passer votre jeunesse à Venise en côtoyant des gens si divers et intéressants. Bonne continuation

totirakapon a dit…

Nous sommes de grands admirateurs de "Bobo", dont nous nous avons acheté un tableau et qui nous a invités, un jour, chez lui à la Giudecca, à boire un "ombra"...

Lorenzo a dit…

Dans sa magnifique maison-atelier remplie de trésors (J'ai présenté cette charmante maison dans mon billet daté du 27/11/2006)ùais elle se trouve à deux pas de la galerie, entre la calle Navarro et les Zattere. Tramezzinimag a rendu plusieurs fois hommage à Bobbo. C'est à mon avis le dernier vedutiste vénitiens avec un sens inoui du chromatisme tout imprégné de l'atmosphère de Venise. Les créations de Norelène (sa femme Nora et sa fille Hélène) sont aussi des merveilles.
Nostalgiques mes billets-souvenirs ? Peut-être mais autant qu'un souvenir de jeunesse peut l'être pour l'homme mûr qui se souvient. Sans regret si ce n'est celui d'être parti et de ne jamais faire qu'y passer désormais.
Wictoria, sono italiano... e francese. Vivo in Francia purtroppo. Les hasards de la vie des choix imposés mais avant d'être italien ou français, je me sens totalement absolument définitivement vénitien d'où sont tous les miens !

Anne a dit…

Vous décrivez si bien Venise et vos souvenirs! A quand la publication d'un livre qui rassemblerait ces textes que nous avons tant de plaisir à lire?
Anne

Lorenzo a dit…

Ah, la jungle de l'édition ! il y a beaucoup à en dire. Mais vous avez raison, dire que je n'y songe pas serait mentir mais il ne suffit hélas pas de l'encouragement de lecteurs assidus. Tant de contingences président aujourd'hui à la publication d'un livre et peu sont littéraires...


15 août 2009

Il pranzo di Ferragosto

« Le Repas du 5 août », le merveilleux film du romain Gianni Di Gregorio, ovationné à la dernière Mostra est d'actualité pour souhaiter aux lecteurs de Tramezzinimag un agréable 15 août en famille. 
 
En Italie, c'est la période hallucinante où toutes les villes se vident, les magasins ont tous baissé leur rideau et cette journée du 15 août est l'occasion d'une réunion de famille le plus souvent un repas pantagruélique préparé longtemps à l'avance. C'est d'ailleurs l'un des arguments du film (un célibataire un peu dans la dèche, vivant avec sa mère est obligé d'accepter la présence le jour de Ferragosto d'une puis deux, trois, quatre vieilles dames indignes avec qui il va passer finalement un merveilleux 15 août pourtant mal commencé...). 
 
Le réalisateur a filmé Rome comme on l'aime, les grandes avenues vides de toute circulation, la lumière très vive et le soleil éclatant dans un ciel sans aucun nuage. A Venise, les vénitiens sont pour la plupart à la campagne ou au bord de la mer. La ville, bien sur ne parait pas vide avec l'affluence des touristes (surtout italiens) qui augmente toujours lors de ce fameux weekend, mais l'atmosphère y est totalement différente des autres moments de l'année.

7 commentaires:

autourdupuits a dit…

J'avais beaucoup aimé ce film que j'étais allé voir dès sa sortie sur les écrans ,à Paris il est encore projeté dans 1 ou 2 cinémas d'art et essai

Lorenzo a dit…

un bijou n'est-ce pas ? plein d'humour et de sensibilité. Rien d'outré ni de méchant. Un vrai bon film italien !

autourdupuits a dit…

Oui tout à fait et je pense qu'en septembre j'irai le voir de nouveau

Enitram a dit…

Je ne l'ai pas encore vu mais je le note!

Anonyme a dit…

Un bijou vous dis-je !
C'était hier soir, Campo San Polo, un vrai moment de bonheur.
M.17

Michelaise a dit…

Avais aimé de film discret et émouvant

http://lepetitrenaudon.blogspot.com/2009/03/arroser-les-cailloux.html

douille a dit…

J'en ai entendu beaucoup de bien et j'attends sa sortie en DVD...