28 novembre 2010

Pour finir ce dimanche en beauté

A Venise, le temps passe si vite quand on n'est là que de passage, que chaque moment compte. On ne sait pas toujours traîner le nez au vent. J'ai été comme cela moi aussi autrefois, et mes enfants après moi. Mais désormais, lorsque nous avons la chance de pouvoir y revenir, quelque soit la durée de notre séjour, c'est davantage d'atmosphère dont il s'agit, plus que de vie sociale, de marathon culturel avec la longue liste des expositions à voir, des musées, des biennales et des collections privées ouvertes au public. Comme je le scandais au micro d'une sympathique journaliste suisse, il y a quelques années, Venise, n'ayez pas peur". N'ayez pas peur de vous perdre, mais n'ayez pas peur non plus de laisser le temps filer, que ce soit en restant longtemps à une terrasse de café (ce n'est pas trop la saison je le reconnais), pour observer les gens qui passent, sur un banc aux Schiavoni, pour admirer ce paysage unique au monde, mais aussi, chez vous, si vous avez la chance de bénéficier d'une fenêtre avec vue, d'un jardin ou d'une altana... 
 
Moi, ce que je préfère, c'est quand il fait assez bon, en hiver, pour laisser la fenêtre ouverte et sentir le mouvement de la ville, les passants dans la rue, les bateaux sur le canal voisin. Une tasse de thé fumant, quelques biscuits, un scone ou une tranche de cake (fabrication maison bien entendu), un livre ouvert à portée de main, et de la musique. C'est là le meilleur moyen que je connaisse pour éloigner cette mélancolie du dimanche soir, surtout quand l'hiver est proche et que la nuit tombe vite. Cette belle chanson de Josh White convient parfaitement à cet état d'esprit. laissez-moi vous en faire cadeau ce soir, en vous souhaitant une bonne semaine.

1 commentaire:

Les Idées Heureuses a dit…

N'est ce pas ce que l'on emmène avec soi en quittant la lagune, songeant: -"Quand y reviendrai-je ?"
Elle ne nous abandonne jamais, cette impression de la sentir, de la frôler, de l'écouter respirer, au moindre détour d'une seconde.
Chaque jour, chaque nuit, on s'en éloigne et on s'en rapproche.
Bonne semaine à vous Lorenzo.

Sartre et les pigeons de Venise

«Les pigeons, morceaux de marbre fous. Ces grands nerveux à quelle épreuve soumis. Photographiés, nourris par des touristes eux-mêmes énervés, ils ont l’égarement des êtres vivants astreints à faire couleur locale. Ils marchent entre les jambes des Anglaises mais à chaque sonnerie de cloche, s’envolent en ronds fous, une grande étoffe claquante. Je suis sûr qu’ils jouent la peur : pensez, ça fait un siècle que ça dure.»
Jean-Paul Sartre
in-La Reine Albermale, « Venise »
 

25 novembre 2010

Joie à Venise : Il revient notre lampadaire, c'est le maire qui l'a dit !

Le maire Orsoni l'a confirmé dans un entretien paru le 23 novembre, dans le Gazzettino : non seulement la sculpture la plus photographiée de Venise restera le temps de l'exposition des collections Pinault, mais après son retrait, le lampadaire dont nous sommes des milliers à réclamer le retour, reprendra effectivement sa place.

C'est une bonne nouvelle qui a été accueillie avec satisfaction par les vénitiens et tous ceux qui regrettaient de ne plus pouvoir s'installer à la pointe de la douane, la nuit, pour contempler l'un des plus beaux paysages urbains du monde, les amoureux qui aimaient s'asseoir au pied du lampione, les rêveurs, les musiciens qui parfois, loin de toute habitation, venaient gratter leur guitare ou souffler dans leur flute. Il va donc être remis en place et Tramezzinimag s'en félicite.

Combien de fois, la nuit, après un dîner, une soirée, ou simplement en revenant de la bibliothèque Querini-Stampalia, avec des amis, ou le plus souvent seul, suis-je venu m'asseoir au pied de ce lampadaire. A droite la longue façade de la Giudecca avec le Redentore éclatant de blancheur, en face, San Giorgio et son campanile, le petit port de plaisance d'où parvenaient le cliquetis des drisses et le grincement des coques contre les pontons, et à gauche, la Piazza, illuminée, avec le palais des doges , les coupoles byzantines de la basilique, le campanile, "Il paron di casa"... L'eau noire du bassin, du Grand Canal et du Canal de la Giudecca, comme un appel du large. Les quelques bateaux qui passaient, le dernier vaporetto, une vedette de la police, plus rarement une ambulance. Puis, plus rien que le silence et le clapotis de l'eau. 

 
Le plaisir de tirer une longue bouffée odorante de la pipe qui ne me quittait jamais alors. Le ciel étoilé. Le silence. La paix. La beauté du décor. Et le lampadaire contre lequel j'appuyais mon dos, qui éclairait cette pointe de la douane et répandait l'ombre de mon corps en de multiples directions, symbole de mon désir d'être partout à la fois dans cette ville tant aimée, de tout voir, de tout posséder. Chaque fois, en me relevant, j'avais l'impression d'être le capitaine à la proue de son navire, scrutant l'horizon de ses jours. Les rares fois où un chagrin, une angoisse, un problème m'empêchaient de dormir, une promenade jusqu'au lampione suffisait pour tout apaiser en moi...


23 novembre 2010

La pluie n'arrête pas le pêcheur

©Enzo Pedrocco

2 commentaires:

Les Idées Heureuses a dit…

On pourrait aussi inverser: le pêcheur n'arrête pas la pluie!

Lorenzo a dit…

cela ressemblerait alors à un proverbe oriental.

22 novembre 2010

Ce quotidien que nous aimons

Comme le décrivait si bien Julien Gracq, aller faire le marché à Venise... Passer par des ruelles et des campi calmes que la pluie a lavé.. Prendre son temps, discuter avec le marchand. parler de la pluie et du beau temps... Humer tous les parfums de la vie quotidienne, l'odeur marine que le grand canal amène au pied du marché, le parfums des fruits et des légumes... Puis les cloches qui sonnent, le cri des vendeurs appelant le chaland, le musicien des rues avec le cliquetis de la pièce qui tombe dans sa coupelle... Rien que de très humble, de très ordinaire. Mais quel bonheur.

Photographie © Dorli

3 commentaires:

Enitram a dit…

Oui, quel bonheur!

Martin a dit…

Salut, on manque tout cela en Allemagne, malheureusement!

Marie G a dit…

la dernière fois que j'ai fait mon marché à Venise, j'avais acheté entre autres du poisson pour le rapporter l'après-midi même en Belgique.... notre avion a été supprimé à cause de grèves à Bruxelles... Nous avons miraculeusement récupéré la valise de soute et transité par Amsterdam, ensuite le train etc.... heureusement les queues de lotte étaient encore fraîches à minuit!

COUPS DE CŒUR (HORS SÉRIE 13) : Découvrez l'extraordinaire travail de Venise-Sérénissime

Quel travail et quelle qualité dans le travail proposé aux Fous de Venise que nous sommes : un plan interactif (accessible en anglais et en italien aussi), de Venise avec, sestiere par sestiere, des photos magnifiques, souvent originales, des lieux marqués. Parmi ces clichés, les 600 puits répertoriés que l'on peut ainsi retrouver. C'est rapide, efficace, esthétique. Bien plus rapide aussi que le plan interactif de Venice Connected qui, comme Google maps, génère tellement de données qu'il faut un ordinateur rapide et puissant pour parvenir à avancer virtuellement dans le dédale des rues (je ne sais pas vous, mais moi j'ai toujours un ordinateur de retard sur la puissance et les compétences des nouvelles machines mises sur le marché !). Plusieurs internautes ont ainsi contribué à la mise en place de ce plan en fournissant les photos, mais Nicole, l'animatrice du site met en avant le travail de J@M, dont les photos nous enchantent depuis des années sur ce site, et à qui Tramezzinimag doit beaucoup.

Nos plus anciens lecteurs se souviendront des débuts de mon site. N'étant pas très à l'aise avec un appareil photo dans les rues de Venise, j'ai peu de photos des lieux que je souhaitais montrer. Les clichés de cet amoureux de Venise ont ainsi plusieurs fois illustré mes articles. Enregistrés le plus souvent dans l'urgence, ils étaient publiés sans aucune mention ni copyright des auteurs. L'omission a été le plus souvent possible corrigée mais pour les fois où ce n'a pas été le cas, je profite de ce billet pour prier tous les photographes à qui Tramezzinimag a pu faire des emprunts de bien vouloir m'en excuser. L'outil que j'utilise (Picasa en l'occurrence, sans vouloir faire de la publicité) depuis plusieurs mois, évite ce genre de problème. Chaque cliché est classé par catégorie avec le nom du photographe et il est facile de retrouver la source sur le net. 
 
 
Je ne vais plus très souvent du côté de San Girolamo. J'y ai habité un an, dans une maison qui donnait sur cette fondamenta. Sa prise de vue m'a rappelé mon quotidien d'alors et ce qu'il a photographié est ce que je voyais chaque matin en partant travailler à la galerie. Un petit coup de nostalgie pas vraiment désagréable ! Merci donc à J@M.
Photographie © J@M

3 commentaires:

Nicole a dit…

Je suis très touchée de cette attention.
Merci Lorenzo pour ce billet sur la nouveauté de mon site vénitien "le plan interactif".
Beaucoup de travail fourni pendant un an et demi, mais avec le plaisir de la découverte ou redécouverte... et des balades vénitiennes... Les puits une recherche incessante et ma passion ! Mais il y aura d'autres découvertes car l'aventure ne fait que commencer...
Merci aussi pour J@M qui a été un collaborateur très précieux.
Nicole

J@M a dit…

Que dire devant de telles brassées de fleurs ? ... Merci !

Lorenzo a dit…

Merci à vous pour ce travail utile à tous et toutes ces photos. C'est de tout ce travail, le vôtre, le mien, celui de tous les Fous de Venise, que peut naître une prise de conscience de l'urgence qu'il y a désormais à sauver vraiment Venise, à préserver les trésors qu'elle contient et à aider ses habitants à continuer d'y vivre, à y revenir sans ôter au monde le bonheur de découvrir ses merveilles !

19 novembre 2010

I gatti di Oscar et Joyeux anniversaire à Jean !

Oscar est un blogueur plein de talents (cliquer ICI pour voir le blog d'Oscar) qui présente sur son blog de très belles photos de Venise et du Nord de l'Italie. Le traitement original de ses clichés fait de son site un lieu plein de poésie. Oscar ne pouvait qu'être habile à immortaliser les chats de Venise à qui ce billet est dédié. Car comme pour les humains, la vie à Venise est devenue difficile et la communauté féline est en constant déclin depuis quelques années.

Il y a dix-sept ans aujourd'hui naissait mon fils Jean. Comme ses sœurs et comme moi, il aime les chats et il aime Venise. Je lui dédie ce billet en lui souhaitant une Très Joyeux Anniversaire !

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5 commentaires:

maite a dit…

Le lien ne marche pas pour aller chez "Oscar"...Bonne journée, a presto !Et un joyeux anniversaire à Jean !

VenetiaMicio a dit…

J'essayais justement et en vain de me mettre sur le blog d'Oscar. Je vois que Maïté vient de vous le signaler...
Quel joli Chat, j'adore son expression et j'aimerais bien voir le Venise d'Oscar.
Venise et les chats, mon univers quotidien aussi !
Bonne journée Lorenzo, Bon anniversaire à votre fils !
Danielle

Lorenzo a dit…

Le problème est réparé, Mesdames. En route pour le blog d'Oscar ! Si le lien restait capricieux, voici l'adresse  : http://bluoscar.blogspot.com
Bonne journée d'automne à tous.

anita a dit…

merci Lorenzo ! ... un nouveau petit trésor ... Un joyeux anniversaire à Jean !

anita

chantal a dit…

qu'il est beau ce chat ! quelle photo expressive ! merci pour ce lien, lorenzo et bon dimanche.
chantal

18 novembre 2010

Le roi des chats est vénitien (suite et fin)

Suite retrouvée du billet paru le 19/06/2006 
 
Me voilà de retour chez moi. Je m'installe. Mon bureau est devant la fenêtre. Quand je m'y assois, je vois le jardin, les toits et au loin un clocher qui penche. Je prend ma pipe. La boîte verte, le tabac parfumé, un peu humide. Je bourre ma pipe, l'allume avec de longues bouffées. Délices de ces premières bouffées. J'égalise la cendre. L'air se remplit d'effluves musquées et comme un peu sucrées. Je puis alors commencer à écrire. C'est l'histoire d'un chat et de son maître... Tiens, pourquoi un chat ? Je n'ai jamais écrit d'histoires d'animaux ...

Sur le rebord de la fenêtre, arrivé par je ne sais quel enchantement, j'aperçus soudain trois chats dont celui de ce matin. Je croyais rêver : tous me regardaient. Le roux au regard narquois était assis sur mon pot de romarin. Une chatte grise se léchait en suivant du regard mes gestes et le troisième était carrément debout sur ses postérieurs, une patte négligemment appuyée contre la vitre. Je fis comme si de rien n'était et travaillais fort tard dans la nuit. Lorsque je terminais le dernier paragraphe, je levais les yeux. Ils étaient toujours là et semblaient tenir entre eux un véritable conciliabule, me jetant un regard de temps à autre. Finalement, intrigué mais amusé, je me levais pour ouvrir la fenêtre et les caresser. Aussitôt ils disparurent. Le chat roux avant de sauter dans le jardin me gratifia d'un clin d'œil ! Quelle drôle d'aventure. Je sais qu'à Venise tout peut arriver. Les vieilles gens prétendent que les chats des rues sont l'âme des êtres et des choses. Ils vous aideraient ou vous poursuivraient de leur vindicte, selon que votre cœur est pur ou flétri.

Dès le lendemain, je passais au moins cinq heures chaque jour devant ma machine à écrire. A l'Osteria de Santa Maria Formosa, comme sur la terrasse du café des Zattere ou chez Zorzi, le salon de thé de la calle della Mandorla, je ne cessais de prendre des notes, de remplir des pages et des pages... En trois semaine, le manuscrit attendu à Paris était prêt, emballé. Il fallait maintenant l'expédier. Après avoir terminé le paquet, joliment couvert de ce papier brun qu'on ne trouve qu'ici, je me couchais et pour la première fois depuis longtemps, je me sentais satisfait.

Le temps était très mauvais le lendemain matin, quand je me réveillais. J'entendis même la sirène de l'acqua alta. Mon premier acte de la journée serait de poster le manuscrit. La veille, j'avais eu mon éditeur au téléphone qui avait promis de m'expédier un mandat assez conséquent. De quoi payer les trois prochains mois de loyer et un billet de train pour Naples où je comptais me rendre pour le vernissage d'une exposition. Il pleuvait mais mon cœur était en fête. A la fenêtre, le chat roux qui refusait toujours de rentrer dans la maison, était là, l'air affable. On eut dit un marquis de Goldoni ! Arrivé au Rialto, à la Posta Centrale, je le retrouvais, lissant ses moustaches sur la margelle du puits du cortile, en compagnie de ses acolytes. « Bah ! », pensai-je, «à Venise tous les chats se ressemblent ...»

Extrait de «Venise, l'hiver et l'été de près et de loin»
à paraître aux Éditions Tramezzinimag

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3 commentaires:

VenetiaMicio a dit…

Merci pour ce petit extrait de "Venise, l'hiver et l'été de près et de loin", j'ai vraiment hâte d'en lire tout son contenu...
Je les aime ces chats de Venise mais quel dommage de ne plus en croiser et faire un bout de chemin en leur compagnie, comme autrefois !
A bientôt Lorenzo et excellente journée
Danielle

Lorenzo a dit…

Avec plusieurs amis, pazzi di gatti, nous avons décidé de repeupler - sous contrôle d'un planning familial félin - la ville de sa population. Le complot se trame peu à peu. A chaque voyage, nous envisageons d'amener une jolie jeune chatte, voire des portées. Vaccinés, tatoués, ils seront peu à peu lâchés dans la ville, avec des points de ralliement pour les soins, la nourriture et les abris, à proximité d'un relais humain, mamma (ou babbo) gatto. Nous nous emploierons à convaincre la municipalité...
S'il devait ne plus y avoir de vénitiens à deux pattes, qu'il y en ait toujours sur quatre, dignes cousins du lion ailé...

Anne a dit…

C'est une excellente initiative que celle des "pazzi di gatti". Je leur adresse tous mes encouragements!
Anne

 

15 novembre 2010

COUPS DE CŒUR N°41

Caterina Falomo
Quando c'erano i veneziani
Racconti della città e della laguna
Edizioni Studio LT2 - 2010
Dans la lignée des billets consacrés à la terrible problématique que Venise et les vénitiens qui y demeurent encore doivent affronter, voici un ouvrage écrit par une charmante vénitienne, et qui aligne, sans nostalgie ni rancœur, les faits, analysant la situation de l'intérieur, argumentant à l'aide d'exemples
 
Comment était la Venise d'hier et comment est-elle aujourd'hui ? A travers le témoignage de nombreux vénitiens, nés ou vivants à Venise, le livre veut décrire les mutations profondes d'une ville qui a vu sa population réduite de moitié en l'espace de cinquante ans. Avec cet ouvrage, Caterina Falomo, a voulu mettre en avant les vénitiens eux-mêmes, plutôt qu'énoncer une fois encore les profondes mutations qui transforment une ville qui s'est tellement ouverte au monde qu'elle en a oublié ses propres habitants. Sans la moindre volonté de dramatisation des faits, à une époque où beaucoup de villes d'Italie - et du monde- vivent le même phénomène de désappropriation des lieux urbains au bénéfice de foules de plus en plus nombreuses qui ne font jamais que passer, les histoires publiées dans ce livre nous montrent comment fut la vie sociale d'il y a encore quelques années. Souvenirs, réflexions, anecdotes personnelles, manifestations publiques, évènements d'hier et problèmes d'aujourd'hui racontés par des vénitiens, célèbres comme Arrigo Cipriani ou Fulvio Roiter, ou inconnus , l'auteur rassemble la mémoire historique et sociale de la ville pour que Venise soit vue avec un autre regard que celui d'une banalité affligeante qui s'est répandu à travers le monde : Venise qui s'enfonce, les mauvaises odeurs de ses canaux, les pigeons de San Marco et les canotiers des gondoliers qui posent sur les calendriers.
..
Judith Martin
No vulgar hotel

The desire and pursuit of Venice
Editions W. W. Norton
ISBN :978-0393059328
Pardonnez de traiter encore d'un livre qui n'existe pas en langue française. C'est que mes coups de cœur dépassent les rayons des librairies francophones bien pauvres sur le sujet qui nous réunit. L'ouvrage de Judith Martin, vénétophile émérite, plus connue dans le monde anglo-saxon comme "Miss Manners", spécialiste de l'étiquette et des usages, a été publié il y a quelques années maintenant mais il n'a pas pris une ride. Le titre se réfère à la phrase de Milly Theale l'héroïne des Ailes de la Colombe d'Henry James, donne des instructions à son majordome pour la préparation de son séjour à Venise. Fatiguée de Londres, elle désire cet exil paisible mais pas à n'importe quelle condition. Le ton est donné. Mais ne vous y trompez pas, rien dans ce livre n'est snob, suranné ou décalé. Il s'agit vraiment d'un manifeste d'amour pour Venise et les vénitiens. Écrit dans un anglais très limpide, il se lit d'une traite, et chaque page transporte le lecteur sur les bords du grand canal ou aux Zattere. Ce gourou des bonnes manières est certes assez directive avec son lecteur, toujours prête à donner des leçons de comportement face aux situations diverses qui peuvent amener le visiteur à entre en contact autrement qu'en passant, avec les vénitiens. Les conseils fusent et les avis tranchés aussi. mais c'est sympathique, bien documenté, cultivé. L'auteur laisse son adoration pour Venise prendre le dessus et c'est bien. Dona Leon a dit de l'ouvrage qu'il était indispensable pour celui qui se rend à Venise, tellement il contient des vérités que tout visiteur devrait faire siennes. L'idée tout d'abord qu'avant de devenir vénétophile, voire vénitien d'adoption, tout le monde passe par l'état de touriste. Il y a toute une éducation qui doit se faire pour qui n'est pas là qu'en passant, celui qui pris par le charme unique de la Sérénissime sait qu'il va revenir encore et encore. L'idée aussi que l'amour que l'on porte à Venise est banal mais que cette banalité rendant la passion plus profonde encore, impose des obligations.
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Mikhaïl Glinka
Œuvres orchestrales

Olga Sendershaïa (soprano), Alina Shakirova (mezzo), Petr Novikov (basse)
Ensemble Musica Viva dirigé par Alexander Rudin
Édition Fuga Libera
2010 - FUG 571.
On connait peu ce compositeur dont on dit pourtant qu'il est le père de la musique russe. Ce disque s'avère un outil parfait pour compléter nos connaissances et c'est un régal. Mes coups de cœur me portent généralement vers la musique baroque ou vers le jazz, mais j'ai été fasciné par la qualité des œuvres présentées par Alexander Rudin et ses musiciens. Le programme est assez vaste : Ouvertures en ré majeur et en sol mineur., fragments de la symphonie en si bémol majeur, quatre romances, trois Danses extraites d'Une Vie pour le tsar, Kamarinskaïa et la valse-fantaisie. les musiciens sont parfaits, la prise de son très élégante et les voix très belles. Un bijou qui nous transporte dans la Russie du XIXe siècle, bouillonnante et inventive avant la catastrophe.
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Bar Ai Do Draghi
Campo Santa Margherita

Dorsoduro, 3665

Tél. : 41 52 89 731
Ceux qui lisent Tramezzinimag depuis longtemps connaissent bien ce lieu. Ce fut le quartier général de ma jeunesse vénitienne. Les propriétaires nous faisaient crédit et l'établissement était le lieu de retrouvailles quotidien des étudiants. En ce temps-là, il n'y avait pas de terrasse à l'extérieur ou seulement une ou deux tables. Nous restions au comptoir le soir, mais la journée, tout se passait au fond, dans l'arrière-salle que peu de gens connaissent. Crostini à la tapenade maison, tramezzini ou sandwich au speck faisaient bien souvent l'ordinaire de nos repas. Aujourd'hui on y trouve en plus une quarantaine de vins au verre, de très bonnes bières et un excellent spritz. Comme partout ailleurs, le café est bon, l'ambiance familiale. Pourquoi ce nom à consonance asiatique ? Simplement parce qu'il donne sur le vieux campanile de l'ancienne église de Sainte Marguerite, qui est orné d'une très ancienne sculpture montrant deux dragons héraldiques. Pour ceux qui ne s'orientent pas bien, c'est au bout de la place en allant vers San Pantalon et la Ferrovia. On l'appelle aussi il Baretto.
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Il Nuovo Galeon
Castello 1309,

Viale Garibaldi

Tél : 041.520.46.56


Fermé le lundi et le mardi de novembre à avril fermé le mardi le reste de l'année.
Été comme hiver voilà un petit restaurant que les amateurs connaissent bien. On y est bien reçu et la cuisine mérite qu'on s'y attarde. Le local est sympathiquement décoré, avec la coque du bragozzo du célèbre Crea, gondolier qui gagna de nombreuses courses en son temps. A base de produits frais venant des environs, comme la plupart des vrais bons restaurants locaux, ce qu'on sert ici est traditionnel. Pas de nouvelle cuisine pétrochimique, pas de prétentieuses présentations. Une nourriture de (bonne) trattoria qui donne envie de revenir et l'une des meilleures fritures de poisson de toute la Sérénissime. Les prix ne sont pas très bas, mais on trouve plus cher aux alentours de San Marco avec de bien moins bonnes choses dans l'assiette. Il est prudent de réserver, d'autant que l'établissement ferme deux jours par semaine jusqu'en avril. Je préfère y venir pour déjeuner car la salle est presque exclusivement occupée par des vénitiens. Le soir, cela devient très cosmopolite avec énormément d'anglais et d'américains depuis que plusieurs éminents critiques littéraires anglo-saxons y soient venus goûter à leurs délicieuse cuisine. Il y a même un limoncello très particulier à base de crème de lait qui mérite le détour.
Recette gourmande :
Tagliolini alla granseola
du Ristorante il Nuovo Galeon
Pour 6 personnes, il vous faut 3 beaux tourteaux, 2 gousses d'ail, du persil, de l'huile d'olive vierge, 400 grammes de tomates en grappe, du piment doux, 500 gr de tagliolini au blé dur, du vin blanc, sel et poivre.
 
Faire bouillir les tourteaux dans de l'eau salée pendant environ 20 minutes après les avoir bien lavés. Quand ils sont refroidis, enlever les pinces et récupérer toute la chair et le corail, jeter tout le reste. Faire revenir dans une grande poêle l'ail et le persil dans l'huile d'olive.

Quand le mélange est coloré, ajouter la chair du crabe et son corail, laisser cuire quelques minutes en veillant à ce que la chair ne brunisse pas (elle est tellement impeccablement blanche), puis ajouter un demi-verre de vin blanc sec. laisser réduire. Ajouter des tomates en grappe préalablement coupées en deux et un peu de piment, du sel et du poivre. Réserver au chaud.
 
Pendant ce temps, faire cuire les pâtes dans beaucoup d'eau . Quand elles sont prêtes, les égoutter et les verser dans la poêle .

Bien mélanger et servir aussitôt. On peut décorer le plat avec les pinces voire la coque des tourteaux.
 
Nous avons accompagné ce délicieux plat avec un extraordinaire vin blanc du Frioul, un Collio Tocai Friulano de 2006 de Dario Raccaro.

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5 commentaires

Michelaise a dit…
Un bon plat de pâtes, en lisant un bon livre, sur fond de bonne musique ! Il ne manque plus que le vin Lorenzo... 
 
venise a dit…
j'aime tout particulièrement vos billets coups de cœur, et les endroits que vous recommandez. L'an dernier, nous préparions notre voyage à Venise, et nous avons marché dans vos pas, testant vos meilleures adresses. Quelle tristesse qu'aucun voyage ne soit en vue cette année ou les prochaines... il me reste à voyager par la pensée jusqu'à ma lagune chérie. 
 
Lorenzo a dit…
Et si nous relancions l'idée d'un voyage Tramezzinimag ? Peu de monde, un programme un peu différent ? Promis, je vais y réfléchir dès que le livre sera enfin paru et distribué, je m'y attelle ! 
 
Anonyme a dit…
Je suis partante !
Amitiés vénitiennes à tous.
Gabriella 
 
AnnaLivia a dit…
J'ai bien aimé le livre de Judith Martin, léger et souvent drôle. Humeur parfois pince sans rire que j'apprécie. J'ai noté l'adresse du bar à Santa Margarita. J'y passerai en décembre!
Ciao Lorenzo,
a presto!