11 mars 2017

Simples pensées vénitiennes

"Le principal, c'est que je veux devenir solitaire, inflexible et tendre"
Jean-René Huguenin (Journal)
Quoi de plus apaisant qu'un brouillard matinal, quand les paysages familiers s'enveloppent de mystère ? L'atmosphère est propice aux rêves comme au farniente. Qui prétend que la grisaille est triste. Tout prend un aspect différent avec la brume épaisse qui se répand tout autour de moi. Le chat qui s'était hasarde sur le balcon a vite recouvré son coussin au-dessus du radiateur. Même les deux pigeons réfugiés sur le rebord de pierre de la fenêtre ne l'ont pas intéressé. Comme lui, je suis bien au chaud, retourné dans mon lit, face à la fenêtre et aux deux pigeons. La lumière est diaphane et à bien regarder, elle n'est pas grise mais blanche avec des nuances de rose très pâle et de bleu tout aussi clair. Les branches dénudées des tilleuls ressemblent aux branches des cerisiers en hiver qu'on voit dans les peintures japonaises. Je pense à un haïku du poète Bâsho. Au fond, qui ferment le décor, les façades des maisons voisines, avec leurs grandes fenêtres pareilles à de grands damiers noirs et blancs. Tout est atténué, nuancé, même les bruits de la ville. Et, quand les cloches de l'église voisine se mettent à sonner, on pourrait presque penser à celles des navires en pleine mer quand la brume se confond avec l'océan et que le silence après se fait absolu, le calme parfois effrayant. L'idéal pour l'introspection, la méditation et donc pour l'écriture. Le chat a quitté son coussin pour me rejoindre sur le lit. Non pas par curiosité, ni pour m'encourager dans ma tâche comme il le fait parfois, mais plutôt pour comprendre pourquoi je reste dans mon lit au lieu de lui préparer son déjeuner... Il attend. Mitsou aurait pu s'appeler Bouddha, tant il cultive la sérénité et la patience. Il a ses moments de crise comme tout un chacun, on lit alors dans ses yeux des pensées diaboliques.  C'est un chat.

Il manifeste dans ces moments-là sa rage en s'attaquant à un journal abandonné sur un fauteuil et qui n'avait rien fait et le réduit en charpie, ou en s'amusant à faire le tour du canapé sur le dos en ne s'aidant que de ses griffes pour avancer... Si ce pauvre sofa avait des cordes vocales, il hurlerait sa douleur. Comme je l'ai fait il y a peu en découvrant la facture du tapissier... Mais pour l'instant, respectueux de mon travail, il s'est endormi les pattes avant joliment repliées sous lui, à deux pas de mon écritoire, après avoir un instant regardé ma main, le stylo et mon carnet. C'est en contemplant Rosa le petit chat gris de mes années étudiantes à Venise, dormant dans une position identique que j'eus soudain l'inspiration pour ma nouvelle," Le roi des chats est vénitien". Mitsou lit sûrement dans mes pensées - les chats sont capables de tout, j'en suis convaincu - car au moment où le nom de son lointain prédécesseur apparut sur cette page, il a ouvert un œil, m'a regardé un court instant puis m'a tourné le dos et... s'est rendormi... 

Mais revenons au brouillard. Le caigo que j'évoquais plus haut. Il comble l'écrivain, le poète et le rêveur. Je ne prétend être rien de tout cela, juste un plumitif qui ne peut se passer d'écrire et peut enfin le faire tout à son aise. Que parfois des gens me lisent et en tirent un certain plaisir me satisfait bien sûr, mais être lu n'est pas le premier de mes soucis. A l'âge qui est le mien, au seuil du dernier chapitre de la vie, le besoin d'exprimer ce que je crois, ce que je pense et ressens, m'est devenu impératif. Peut-être pour commencer de transmettre mes expériences et mes idées maintenant que mes enfants, à leur tour, font des enfants et qu'ils vont sur le chemin de la vie sans n'avoir plus à me donner la main. Peut-être aussi pour conserver le souvenir de ce que j'ai vécu, comme un témoignage d'une époque révolue et encore très présente dans mon esprit (comme dans mon cœur). Je rencontre tellement de gens dont la mémoire s'est figée et qui ne pourront jamais plu transmettre quoi que ce soit des aventures de leur vie, qu'il y aussi ce désir de dire tant que j'en suis capable. Curieusement, moi qui n'ai pas de mémoire, sinon de manière fugace, et qui m'appuie sur presque quarante ans de journal intime pour savoir le détail de ce que furent mes jours, je revois clairement certains moments comme on regarde un film. Matière idéale pour mon écriture, qu'il s'agisse de fiction ou d'illustration pour mes idées et mes convictions. Que le lecteur ne voit pas dans ces lignes un quelconque satisfecit narcissique. Je ne fais que constater ce qui nourrit ma pensée - et donc ma vie, n'est -ce pas ? - chaque jour. Venise autant que ma campagne isolée m'aident en cela, comme le brouillard de ce matin de février, à quelques jours du carnaval qui va se répandre comme une coulée de lave, dans les rues et les campi de Venise. Mais j'aurai fui avant l'invasion. En attendant, j'écris dans mon lit, avec le chat endormi, qui rêve à côté de moi et les deux pigeons qui observent en commentant l'allure des passants. 


Mon billet sur la triste affaire du jeune homme noyé sous le regard des badauds a été lu par plusieurs milliers de personnes, partagé par des tas d'inconnus. Mais je m'interroge. Les mots du titre, sans l'avoir voulu, sont du même acabit que ceux de la presse dont je dénonçais dans l'article le goût pour l'émotion et le sensationnel. Sommes-nous tous contaminés finalement ? Une amie psychologue vient ce matin de m'apporter les éléments qui me manquaient pour que ma réflexion soit plus aboutie. Elle m'expliquait ce qu'on nomme "l'Effet  du témoin", mis en évidence par John Darley et Jibb Latané, qui montre que plus il y a de personnes qui sont témoins d'un évènement, moins les gens interviennent. 

Un lecteur s'interrogeait sur le fait que si, à la place d'un homme de couleur, il s'était agi d'une fillette de cinq ans, il y aurait eu des gens pour sauter dans l'eau glacée au risque de leur vie. On a tous en tête des situations où il suffit d'un cri, d'un geste pour déclencher un mouvement de foule. Peut-être a-t-il raison quand il souligne l'hypothèse que l'enfant attirant la sympathie naturelle de tous les gens normalement constitués, il n'en est pas forcément de même pour un adulte, qu'il soit noir, blanc, jaune ou vert de peau. Cette retenue serait la manifestation inconsciente de ce qu'on nomme le racisme ordinaire ? Hélas oui peut-être pour certains. Mais à entendre les voix enregistrées dans les vidéos, la tonalité de la plupart des cris et des paroles échangées par les témoins entre eux, tout cela montre bien une émotion ; on sent bien qu'ils ne sont pas indifférents. En effet, si le secouriste avait sauté, ou n'importe qui, d'autres auraient suivi. Enfin pour répondre à ce lecteur, tout s'est passé très vite et quand les gens ont commencé à réagir, (au moment où le maître-nageur a voulu intervenir), les bouées étaient autour du jeune homme et on peut penser que la foule a été littéralement sidérée de voir que Pateh ne bougeait toujours pas, ne faisait aucune tentative pour s'en approcher et les saisir. Était-ce le désir de mourir plus fort que tout, était-il tétanisé par la peur, paralysé par le froid ? Même gelé, il pouvait tendre les bras, elles étaient vraiment à côté de lui et c'est surement ce qui a subjugué la foule. J'ai réécouté la bande-son des vidéos. On remarque qu'à cet instant précis - quelques secondes avant qu'il ne se noie - il n'y a pratiquement plus de cris, presque plus de bruit, même la rumeur de la ville s'est atténuée. Les gens sont sidérés, je le répète, c'est bien le mot le plus juste. C'est aussi le plus triste. 

Le soleil tente de faire une percée mais la densité du brouillard l'en empêche. Cela donne une jolie lumière mordorée. Les branches des tilleuls sont passées du noir d'encre à un marron tirant presque sur le vert. Ces variations de lumière depuis ce matin m'évoquent la différence, le soir dans la maison, entre les lampes allumées. Celles avec des ampoules traditionnelles à filament (j'en ai acheté en quantité partout où je pouvais, à Venise, à Bordeaux, Nantes, à la campagne) qui répandent un joli jaune chaleureux, et les ampoules LED, blanches et laiteuses. Selon l'emplacement, elles organisent dans le salon un jeu de nuances agréable à l'œil. Mais laissons ces pensées domestiques... Décidément, écrire dans mon lit n'apporte que des considérations bien ordinaires. L'impression d'animer à moi tout seul, avec moi-même, le chat ne participant que d'un œil qu'il ouvre de temps à autre pour deviner si j'ai malgré tout bientôt l'intention de me lever pour le nourrir, une sorte de conversation piece, ou pour parler français une discussion genre café du commerce... Le soleil maintenant est vraiment levé. Doré comme du bon pain, il efface la palette des gris dont le brouillard avait recouvert la ville. Il est temps de passer au occupations domestiques. C'est bien l'avis de Mitsou. Dehors, les bruits de la ville sont revenus. Il est presque onze heures. A la musique de Caldarà a succédé Hit The Ground, très belle chanson de la splendide Lizz Wright. je l'offre à la mémoire du jeune Pateh.

08 mars 2017

Les vénitiens et le racisme ordinaire




Au risque de passer une fois encore pour un réactionnaire, (au sens négatif qu'emploient les bien-pensants - quand j'y vois une qualité et un état d'esprit progressiste), les récents évènements montés en épingle presque continuellement par les médias internationaux et la tension qui se fait jour dès qu'on évoque la empêtrés dans la règne violence et la pauvreté, en servant d'enjeux politiques et de matière aux journalistes pour faire vendre leurs feuilles de chou trop souvent indigestes et cela n'est bon pour personne.

Lieux communs, pensée unique et raccourcis.
Une fois encore, on nous impose une façon juste de penser, un mode de réflexion qui s'il ne nous convient pas et que nous refusons d'y souscrire, fait de nous des ennemis du bien commun, de gros méchants nantis égoïstes. A entendre les grands-prêtres de la bien-pensance, nous autres qui nous entêtons à vouloir penser par nous-même et qui savons bien, par instinct, par expérience ou par simple bon sens, ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, ce qui a de l'importance ou ce qui n'en a pas. Plus que jamais, il nous est enjoint de hurler avec les loups ou de rester chez nous. Surtout ne pas déroger aux instructions subliminales que véhicule la presse et qui servent cette oligarchie qui s'offusque de nous entendre penser autrement que le préconise leur catéchisme.

C'est dit, c'est définitif et in contournable : les italiens (du Nord-Est particulièrement) et notamment les vénitiens puisque c'est d'eux dont il s'agit le plus souvent dans TraMeZziniMag, seraient de méchants racistes qui se cachent derrière leurs particularismes insulaires et voudraient bien faire croire qu'ils sont les plus gentils, les plus accueillants et les moins regardants des peuples d'Europe. Le mal est fait, quelques cris mal interprétés, des âmes trop sensibles qui prennent pour eux des mots ou des attitudes lancées sans aucun arrière-pensée et c'est l'anathème lancé contre tout un peuple. La tyrannie que le monde a connu dans un passé pas si lointain ne procédait pas autrement. Les meilleurs procès, les plus sanglants et les plus radicaux sont ceux qu'on contraint le peuple de faire après que quelques intellectuels jolis parleurs aient inoculé leur venin.

Mes amis, c'est quasiment gravé dans le marbre des nouvelles tables de la loi : les vénitiens sont de méchants racistes, rapaces à la petite semaine, méchantes personnes indifférente  aux malheurs du monde et des immigrants en particulier. Honte à eux !  Shame on them pour reprendre la langue officielle. Et comme du temps de Mussolini ou de Hitler, de Staline, de Mao ou de Fidel Castro. Suit en général une liste de reproches sanglants dressée par des journalistes, des philosophes, des sociologues et des adeptes de la politique de comptoir est soudain reprise par des membres de la population visée. Les premiers à crier au scandale sont des vénitiens. Heureusement, il s'agit d'une petite minorité mais celle-ci est écoutée sans aucun esprit critique et la maîtrise des réseaux sociaux permet à ces tristes sires de donner un écho universel à leurs cris d'orfraie.

Ils ne sont pas les premiers. On n'a plus le droit de traiter son meilleur pote de pédé ou de tata, cela pourrait amener un autre camarade de la cour de récréation à se pendre, parler des africains de couleur - il y en a qui sont blancs aussi - en employant le terme de nègre, dire bougnoul pour arabe, rital ou polac, etc. Tout cela est banni, politiquement incorrect et passible d'un attentat terroriste individualisé que pourrait concocter un pseudo-intello piquée à vif et sur-protéiné aux idées en vogue... 

La discrimination galopante.
Quelle pitié d'en arriver là. Certains, que leur médiocre talent retiendrait dans des postes largement subalternes, ont déjà tout compris et en s'emparant de ce concept fourre-tout "discrimination", se taillent reconnaissance et promotions...  Quelle hypocrisie.  Ne nous voilons pas la face : sous couvert de lutte contre la méchanceté gratuite - qu'on assimile automatiquement à de la discrimination, le business de l'éradication de l'inacceptable racisme est devenu florissant. Pour quelques purs esprits qui agissent vraiment par conviction, des milliers de faux-croisés ne se battent que pour eux. Pour se faire entendre et connaître. Ces gesticulateurs font mousser les choses. Ils se moquent bien de contribuer à faire surgir du racisme là où il n'existerait pas si on n'en parlait pas autant. 

Comme la médecine officielle sponsorisée par les laboratoires qui se contente de traiter les effets d'une maladie sans jamais se donner la peine ni les moyens d'en soigner les causes (question d'argent : faire disparaître le cancer rapportera toujours moins que les traitements et les outils employés pour tenter de le soigner)...  Il en est de même avec ce concept très in gamba (à la mode, fashionable) de discrimination. Mes quatre années d’activité dans le milieu associatif m'ont quotidiennement mis en contact avec ces professionnels de l'indignation. Bien peu étaient sincèrement convaincus de l’impérieuse nécessité de leur combat. Beaucoup trop tenaient boutique et lorgnaient médailles et honneurs. Cela ne mériterait qu'un haussement d'épaules si leur militantisme n'empoisonnait pas jusqu'aux plus hautes sphères de l’État, persiflant partout, insufflant une sorte de mystique frelatée qui sème le doute et fait le lit des communautarismes et de la délation. Au "si tu n'es pas avec nous tu es contre nous", mon esprit réplique spontanément "Dieu reconnaîtra les siens"!

I had a nightmare.
Je force à peine mes propos et en toute connaissance de cause. S'il s'agissait vraiment - et je sais que des gens sincères et au cœur pur s'emploient jour après jour à lutter contre les ravages du vrai racisme actif, organisé et structuré (ceux-là œuvrent sans but inavouable, sans dessein caché, mais juste pour le bien, par conviction, par humanité véritable, par amour du prochain), celles-là ne sont nullement en cause - d'éviter souffrance et douleur pour les victimes présumées, il n'y aurait rien à redire. Seulement, cette religion nouvelle qu'on essaie de nous imposer dans tout l'occident n'a d'humaniste que le nom. Un jour, leur discours se fera plus clair que relaieront les médias du monde entier, du genre :
" Faites ce que je dis mes amis mais surtout pas ce que je fais... Légiférons pour que soient lavées au savon les bouches de ceux qui oseront dire ces vilains mots méchants mais laissez-nous employer - au black (!) - des migrants clandestins sous-payés et mal logés. Pourfendez les mal-parleurs mais laissez les bien-pensants s'enrichir du commerce des armes et s'empiffrer des ressources naturelles des pays sous-développés, regardez, nos lois le permettent et vous, le peuple souverain, avez mis au pouvoir ceux qui les ont votées..." 
Passez-moi ce coup de gueule, mais cela devient parfois insupportable et tellement, tellement sot. Le racisme n'est pas une chose naturelle. Les enfants vont spontanément vers les autres, tous les autres, sans prévention ni hésitation. Leurs critères de choix : l'échange, la sympathie, la gentillesse, l'échange. cela dure tant qu'à la maison on ne les a pas prévenu contre cette spontanéité, tant qu'on ne leur montre pas une vérité tronquée. Tant qu'on ne leur fait pas peur.

Ce fut longtemps le rôle de l’Église de répandre un message d'amour et de main tendue vers l'autre, notre frère. Hélas l’Église est faite d'humains et les humains se laissent souvent gagner par la soif de domination, le besoin de pouvoir, l'appât du gain,  la jalousie et la haine. Et c'est aussi l’Église qui a classifié l'humanité en purs et en impurs, en Bénis de dieu et en Gentils... De politique il s'agissait alors, pas d'amour. Rien à voir avec le message d'amour et de fraternité des prophètes...

Ascari e schiavoni.
Il y a à Venise peut-être davantage de gens prompts à employer des termes ordinaires à leurs yeux mais violents pour d'autres. C'est le cas par exemple de deux termes bien innocents du langage courant (en dialecte) dont peu à peu le sens a changé. C'est surtout la manière dont on l'emploie, la consonance qui sera appliquée, toutes ces nuances de la linguistique, qui sont autant d'armes contondantes mais aussi d'instruments d'amour et de fraternité selon l'usage qu'on veut en faire. Ainsi les termes Ascari et Schiavoni. le premier, souvent utilisé encore aujourd'hui, en dialecte, devenue une véritable expression proverbiale, et le second quasiment disparu du langage courant d'aujourd'hui. La vidéo ci-dessous, réalisée dans le cadre d'une intéressante exposition qui était présentée en début d'année à Venise, Ascari e Schiavoni, Il Razzismo coloniale a Venezia (*), à l'occasion du 80e anniversaire des lois raciales de l'Anno XV du fascisme) (nous y reviendrons) tente de démontrer que ces termes, sous des airs totalement anodins, inoffensifs, ont pu avoir une connotation raciste et que celle-ci fut lourde de conséquences. Ce fut le cas après 1937 et les lois racistes du Fascisme (**). De quoi rassurez nos lecteurs. Il y a bien des limites dans l'usage qu'on peut faire de certains mots mais diaboliser une liste de vocables sur ce seul prétexte me parait totalement disproportionné et dangereux. Tout est toujours une question de mesure, de raison et donc tout est une question d'éducation.




Notes :
(*) Ascaro : dans son premier sens est un synonyme de soldat indigène des colonies italiennes d'Erytrée et de Somalie (vient de l'arabe askari : soldat). Devenu en langage populaire un être différent, puis bon à rien (se dit des parlementaires qui ne font rien pour le peuple, d'un paresseux, etc.). Schiavoni : les slaves ou esclavons qui furent longtemps mercenaires à la solde de la République de Venise.