11 octobre 2005

Venise, DD.724

Sans vouloir faire de publicité, j'ai été charmé par la documentation que je viens de recevoir et qui concerne ce joli Bed & Breakfast ouvert en 2003, voisin de la Guggenheim, en plein Dorsoduro, avec une décoration résolument contemporaine. 

Dans un cadre très agréable, (les fenêtres donnent sur un bel espace vert, ou sur le rio delle Toreselle) DD.724 vous accueille. Chambres silencieuses et spacieuses. 

Véritables suites d'un raffinement de bon aloi. Quelque chose de new-yorkais dans l'ambiance... Atmosphère très cosy. Petit déjeuner copieux et art contemporain sur les murs. Lecteurs de DVD et internet bien entendu comme presque partout en Italie aujourd'hui. 

Un lieu sympathique et très classe pour ceux qui veulent sortir des dorures et des damas de soie pseudo baroques de la plupart des palais-hôtels ! En plus les prix sont raisonnables pour ce type de confort : entre 200 et 350 euros selon la chambre ou la suite (avec petit-déjeuner). 
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Le jardin d'Aristote

C'est fou comme les lieux communs au sujet de Venise ont la vie dure. La ville s'enfonce, il y a plein de pigeons. Les gondoles pour les amoureux... Tout un amalgame de fausses vérités, d'idées reçues et de poncifs souvent entretenus par des séjours trop rapides et mal organisés vendus par des tour-opérateurs sans vergogne comme on vend des petits pains. L'idée que la plupart des gens sur cette planète ont de Venise est exactement à l'image de ces groupes pressés au regard fatigué qui suivent péniblement la guide brandissant un parapluie jaune sur le pont de spailles ou le long du quai des Esclavons. Troupeau hagard qui ressemble, de loin comme de près, aux veaux qu'on transporte vers l'abattoir. L'issue en est certes moins fatale. Pour eux en tout cas, pas pour l'image de Venise !


Un exemple, on me dit souvent "oh Venise, ça sent mauvais !". Bordelais, habitué depuis mon plus jeune âge aux séjours sur le Bassin d'Arcachon, je réplique que l'odeur de vase quand il fait chaud, les senteurs de la marée près des parcs à huitre, l'hiver, et ce parfum très fort que l'on respire sur la lagune en toute saison, on le sent aussi à Arcachon, à Andernos ou au Cap-Ferret. D'ailleurs, il serait intéressant de faire une étude comparative de ces deux lagunes. L'éco-système lagunaire, l'habitat primitif, la forme des coques des bateaux de pêche, les rythmes de la pêche, les mouvements des bancs de sable, tout sur le Bassin d'Arcachon peut être rapproché de la lagune de Venise. 
Le climat n'est certes pas le même. Quand je passe en bateau près des cabanes tchanquées de l'Ile aux oiseaux, je retrouve l'atmosphère et le style des maisons vénitiennes d'autrefois encore debout sur certains ilots des environs de Venise. Les poteaux érodés par le sel et l'humidité tout noircis et couverts d'algues et de coquillages sont les parents des poteaux qui surgissent le long des canaux de la Lagune...


Un autre poncif c'est "le manque de verdure à Venise". Oui la Sérénissime est minérale et aquatique, vous avez raison chers touristes pressés. Mais les jardins, la part de chlorophyle de la nature à Venise se mérite. Elle se cache et se protège. J'ai déjà parlé il y a quelques mois des jardins secrets de Venise. Je connais au moins une douzaine de jardins, publics ou privés, où l'herbe est vraiment verte sans être de l'algue, où les arbres poussent et fleurissent, où des fruits et des légumes splendides font le bonheur des riverains. 
Sans parler des fleurs, les glycines par exemple, que l'on sent partout au printemps, des roses anciennes dans les jardins cachés de Dorsoduro, des lilas et des jasmins. Voici quelques images de lieux très verts, très paisibles et très reposants. Peu sont à la portée des touristes trimballés par les guides officiels. Pourtant, il y en a : le jardin public de la Biennale, celui du Palais royal, celui de San Girolamo, le campo de la cathédrale S.Pietro, le petit jardin de la Ca'Rezzonico, celui de la Giudecca et celui, très récemment ouvert, de la Ca'Foscari où les étudiants dès les premiers beaux jours vont se reposer. Ils s'y retrouvent pour bavarder, fumer (bien que cela soit maintenant interdit en Italie) et grignoter leurs sandwiches entre deux cours... vous voyez bien que c'est vert Venise !