14 juin 2006

"Allez-y si vous voulez, moi je reste là !"

 
© copyright Claire Normand - 2006 

posted by lorenzo at 21:29

Bon, on y va les gars ?...

... au lieu de papoter.


© copyright Claire Normand - 2006
 
posted by lorenzo at 21:25

La Chine exporte ses algues


Décidément 2006 est l’année de la Chine à Venise. Après la verroterie et les dentelles made in China, le cinéma et la nourriture, la Chine a fait un cadeau empoisonné à la Sérénissime : les algues géantes. Les bonnes vieilles algues puantes des canaux vénitiens ne sont plus celles d’avant. On ne s’en est pas vraiment rendu compte, mais les rives de la Cité parlent chinois dorénavant.
 
Car depuis une bonne dizaine d’années, ces algues de Venise dont le monde parle en se bouchant le nez avec des grimaces très significatives, sont en réalité un produit d’importation, une imitation parfaite fabriquée en Chine, infiltration sournoise. Due au hasard certainement mais qui se montrent aujourd’hui en grand nombre et au grand jour. Mammamia, le péril jaune envahit Venise ! De février à juin, la terrible Undaria pinnatifida se répand, se reproduit et s’étale…

On accuse déjà la France, d’où serait venue en 1992 une pauvre huître porteuse, à l’apparence innocente, qui transportait sous sa coquille la terrible ogresse chinoise. Avec les frontières si poreuses de l’espace Schengen, aucun douanier n’a vérifié ce qu’elle transportait, la bougresse ! Depuis, elle est l’espèce dominante partout sur la Lagune, surtout à Venise et à Chioggia… Mais ne vous fiez pas à son origine. Il ne s’agit pas d’une contrefaçon, d’un ersatz. Fabrication soignée, bonne tenue, chinoise certes, un peu exotique mais bon, répondant tout à fait aux critères attendus : l’odeur – nauséabonde-, l’aspect non pas jaune mais vert amande à l’œil nu et gluant. Tout en elle dénote une authentique recherche de style qui confirme bien son origine orientale. Et puis que voulez-vous, c’est ainsi, les algues de chez nous n’avaient qu’à mieux se tenir et apprendre à résister à l’envahisseur. Il ne manque plus qu’à la parfumer au santal ou à l’ambre mais cela finirait de dénaturer complètement Venise, puisque l’odeur de ses canaux… 
Mais trêve de plaisanterie, cette demoiselle japonaise (en fait comme il sied à un sujet du Mikado, native du Japon elle a d'abord colonisé volontairement les eaux chinoises à l'invitation des autorités de Pékin) n'est pas n'importe qui. Arrivée par hasard avec un naissain d'huitres, elle intéresse beaucoup de monde par ses qualités nutritives. Très riche - en fait l'une des algues les plus riches en composants nutritionnels - elle apporte peut-être la solution aux problèmes alimentaires de l'humanité : Déjà, de nombreux laboratoires en vendent sous forme de pétales séchées, de comprimés ; en poudre aussi. Le seul inconvénient demeurant son odeur très forte. Mais lyophilisée, compactée, reconditionnée, on oublie ce qu'elle fut avant, entre deux eaux...
Aussi paradoxal que cela puisse paraître aux vénitiens, notre demoiselle algue est cependant reconnue comme espèce menacée car si elle s'implante facilement en mer ouverte autant que dans les lagunes, les lacs et les étangs, elle demeure fragilisée par la pollution des eaux. Bref, quand vous serez à Venise, même en tordant le nez devant son peu délicat parfum, ne lui en voulez pas, soyez indulgent. Et après tout, après le sel, les épices, les soieries, les algues seront peut-être la solution naturelle au renouveau de l'économie vénitienne...
posted by lorenzo at 20:56