12 février 2007

Aimez-vous le Spritz ?

Aimez-vous le Spritz ? Question à la mode puisque, désormais, cet apéritif typiquement lagunaire se répand dans le monde à la vitesse de la lumière... Mais est-ce bien raisonnable, cette popularisation d'un trésor local inventé pour le plaisir de la soldatesque (les officiers et l'aristocratie à l'origine) qui n'aimait pas les vins du Veneto qu'ils trouvaient trop rudes à leur goût. Le génie des publicitaires, par le biais de la marque Apérol, et le label Venise, ont cependant fait dans le prodige : faire d'un produit local un must mondial !
 
Mais le spritz, Chère Danielle, n'a jamais, selon moi, le même goût quand on le réalise loin de Venise. C'est comme les tramezzini. Est-ce l'air de la lagune, l'humidité si particulière qui ne fait pas souffrir comme par chez nous (il y a moins de rhumatisants dans la cité des doges que dans n'importe quelle ville de même importance ailleurs dans le monde) ? Où bien est-ce simplement le miracle de la ville, milieu urbain grouillant de vie et dont l'air qu'on respire pourtant, miraculeusement - mais pour combien de temps - reste aussi peu pollué que le sommet d'une montagne enneigée au Tibet... 

Spritz au Select ou à l'Aperol, avec ou sans la petite olive, il n'est jamais aussi bon qu'accoudé au comptoir du bar Ai Artisti, à la Fenice, vers midi sur le campo San Luca ou chez Rosa Salva,  assis au pied du Colleone dans ce café sympathique de Zanipolo, à Santa Maria Formosa, au café de l'horloge, sous les fenêtres du vainqueur de Lépante, sous la glycine enivrante du café du Paradis à Castello... Il est l'esprit de Venise, comme le populaire Prosecco, le noble Clinto, le bohème Fragolino, le très distingué Bellini du cher Arrigo Cipriani, la grappa de derrière les fagots qu'on ramène de Bassano, d'Asolo ou de Mogliano.







Libellés : Gourmandises