18 mars 2007

COUPS DE CŒUR N°14

Brescianello, Concerti, Sinfonie & Ouverture
par La Cetra Barockorchester Basel
David Plantier & David Luks
Harmonia Mundi. 2006.
Les temps modernes ont redécouvert Vivaldi, Telemann. Les enregistrements de ces cinquante dernières anénes ont permis de se familiariser avec une musqiue de qualité, parfois légère souvent profonde que nos ancêtres aimaient et que le XIXe siècle comme un rouleau-compresseru avait étouffé, éludé et voué à un purgatoire bien peu mérité. Giuseppe Antonio Brescianello, compositeur d'origine vénitienne dont on connait peu de choses fait partie de ces innombrables découvertes qui jalonnent l'histoire de la musique enregistrée tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. S'il avait laissé un catalogue plus abondant, ce qui jusqu'à présent ne semble pas se vérifier, Brescianello aurait pu partager la réputation de ses illustres contemporains. Ce superbe disque le prouve avec les Concerti et symphonies ont tout pour susciter l'intérêt. Sa carrière se déroula principalement en Allemagne. Comme Telemann ou même Jean-Sébastien Bach, mais avec moins de génie que ce dernier, Brescianello se pose en connaisseur éclairé des principaux styles musicaux européens au début du dix-huitième siècle. Avec une rare subtilité, il opère une synthèse particulièrement heureuse entre la gravité de l'ouverture à la française et la volubilité du style concertant italien. De plus, il joue avec un talent réel des timbres instrumentaux. Je vous recommande sa "Sinfonie pour deux violons" mais aussi son "Concerto pour violon et hautbois", son "Ouverture pour deux hautbois et deux violons". Des pièces incroyablement belels qui font de cet enregistrement un des meilleurs disques de musique baroque de ces dernières années ! L'imposante "Chaconne en la Majeur" qui clôt le programme, justifie à elle seule l'acquisition de ce disque. L'interprétation très sensible de cet ensemble instrumental et les impulsions données par les deux chefs sont pour beaucoup dans cette réussite : timbres très équilibrés, clarté, justes tempi, et une très bonne prise de son comme Harmonia Mundi sait en offrir... Un très beau disque tout en harmonie avec les plaisirs, les éclats lumineux et les promesses de détente de ce printemps naissant...
Giuliano Carmignola,
Late Vivaldi concertos (2e vol.)
Venice Chamber Orchestra dirigé par Andrea Marcon.
Un autre disque splendide qui nous fait découvrir les derniers concertos du Prêtre roux magnifiquement interprétés par Carmignola le magicien et son violon baroque. Un délice que je viens de découvrir. L'Orchestre baroque de Venise semble s'envoler sous la baguette de son chef Andrea Marcon, vénitien pure souche, et l'archet du fantasque violoniste Giuliano Carmignola nous fait découvrir un Antonio Vivaldi d'une grande exubérance et d'une virtuosité dont on ne revient jamais, écoute après écoute. Ce disque présente comme le premier volume, des œuvres qui n'avaient jamais été enregistréeset qui viennent se rajouter à l'immense discographie consacrée au compositeur. Ici, tout est folie et perfection, des fougueux allegros aux émouvants largos. C'est joué avec la verve et le même dramatisme que si on était à l'opéra à rire, rager, souffrir, chanter et pleurer. C'est baroque dans son essence, italien dans l'expression. Flamboyant! "Ceux qui ne goûtent guère au style d'interprétation baroque aiment en général le jeu du violoniste Giuliano Carmignola. C'est que celui-ci, sans jamais déroger aux règles et principes baroques, sait tenir en haleine, comme nul autre, grâce à son tempérament de feu, à la capacité inouïe à faire virevolter son archet et à la dimension pyrotechnique dont il pare sa main gauche. En choisissant quelques-uns des derniers opus écrits par Vivaldi pour le violon, Carmignola signe là un grand disque. Un Vivaldi haut en couleur, que l'on suit à la trace, sans signes de relâchement." (Pierre Guillaume)

Amable de Fournoux,
Napoléon et venise, l'Aigle et le lion.
Editions de Fallois, Paris.
Ceux qui sont viennet souvent lire Tramezzinimag savent combien peu d'estime j'ai pour ce corse certainement brillant stratège et officier de qualité mais qui n'est à mes yeux qu'un usurpateur, un dictateur ridicule, une sorte de Bokasa Ier avant la lettre. Il a été le fossoyeur de la Venise de mes ancêtres. Comment pourrais-je l'apprécier, cet infâme gênois ? Voici un ouvrage qui éclaire cette sombre période de l'histoire de la Sérénissime et qui explique son déclin et ce qu'elle est aujourd'hui. Il raconte (pour la première fois d'un bout à l'autre, c'est-à-dire de 1796 à 1814), l'histoire des relations entre le conquérant le plus célèbre de toute l'histoire moderne et la ville la plus célébrée de toutes les littératures. La fin tragique de la République Sérénissime, étranglée en quelques semaines par l'intrépide et implacable général Buonaparte, vendue sans vergogne par le-même quelques mois plus tard aux Autrichiens, quand les jeunes vénitiens voyaient en lui un héros moderne et que les mères commençaient à choisir son prénom pour baptiser leurs enfants, reprise ensuite après Austerlitz, devenue simple chef-lieu de département, dans un improbable "royaume d'Italie", et enfin libérée à l'abdication de l'empereur en 1814, mais à jamais rompue, brisée, mourante, vouée seulement aux artistes et aux touristes.

Le goût de Venise
Mercure de France, 2005
Le petit mercure est une jolie petite collection, projet original du Mercure de France, qui semble ne pas encore avoir trouvé la renommé qu'elle mérite. Depuis quelques années cette drôle de collection fait les délices de ceux qui aiment vagabonder, au gré des livraisons, ceux qui fréquentent les rivières, dont on sait, plus loin, qu'elles font ou feront fleuve. Thèmes originaux s'il en est : le chocolat, le thé, le vin, les jardins et les villes... Le joli petit volume consacré à Venise, ville aux mythes vivants pour laquelle vibrent depuis toujours de nombreux écrivains, est assez réussi. Même profil que les autres anthologies de la collection : une présentation générale, un choix de textes littéraires légèrement commentés, suivis d'un petit lexique et d'un guide pratique minimal. On y retrouve ou on découvre enfin, les écrivains qui marquent l'imaginaire de Venise. Pour enflammer le souvenir des uns, préparer le voyage des autres, faire rêver ceux qui préfèrent les voyages immobiles. Un choix original quoique relativement hétérogène puisqu'on passe du délicieux Patrick Mauriès à Patricia Highsmith, via Carlo Gozzi, Marcel Proust, Paul Morand, Philippe Sollers bien sûr et plein d'autres. "Le lecteur-voyageur découvrira ici quelques-unes des faces les plus cachées, et les plus séduisantes, de la Sérénissime. Pour ceux qui souhaitent déguster sur place le goût de Venise, un petit guide pratique en fin de volume renferme les principales informations utiles à la réussite de leur voyage".
.
Ristorante Villa 600'
Fdm. Borgognoni n° 12, Torcello
Tel/Fax 041 52.722.54
Mobile 349.8121078
Quand j'étais étudiant à Venise, nous allions souvent en barque à Torcello pour réviser nos cours et paresser au soleil dans les prés, dès qu'il se remettait à faire beau. parfois, nous restions tard et à la nuit tombée, nous finissions immuablement dans une sorte de taverne hors du temps, la "villa 600". Le bâtiment un peud écati était en fait une auberge avec quelques chambres et une grande salle au rez de chaussée. On y pénétrait après avoir traversé un jardin en friche, avec un potager et un poulailler. Un feu brûlait dans la cheminée. l'ambiance était très familiale, comme dans ces pensions de famille éloignées des routes où personne jamais ne vient en dehors des voisins et des habitués. On y mangeait fort bien et pour presque rien. J'y ai même dormi à plusieurs reprises. Quel régal que de se réviller le matin face à la lagune, avec cette odeur de campagne qu'on oublie vite à Venise, faite d'herbe coupée, de terre humide et du parfum des arbres. Ma chambre avait un grand lit de fer et les draps étaient en lin. Les tuyaux de la salle de bain grinçaient mais l'ensemble était propre. Entendre un coq chanter, des oiseaux gazouiller et se dire qu'on a dormi dans l'île où vécurent nos ancêtres, les premiers vénitiens, je vous assure que c'est quelque chose. L'auberge est devenu un restaurant réputé mais les propriétaires ont su garder le caractère traditionnel de l'établissement et les prix restent raisonnables. Vous ne pourrez plus y dormir mais l'étape vaut le déplacement. Moins cher que la Locanda Cipriani et bien plus authentique que les deux établissement que vous rencontrerez en débarquant du vaporetto.
Je vous conseille de prendre le bateau sur les Schiavoni (départ tous les 15 et 45 de chaque heure) qui est direct ou si vou voulez flâner, prenez la ligne qui va à Burano et après avoir visité le village, un autre vaporetto vous conduira à Torcello. Il y a aussi en face de Sta Maria Assunta, la maison-magasin de Piccoli Emmer, célèbre antiquaire qui est parfois ouvert. On y trouve de belles choses quoique la plupart du temps inabordables. Promenez-vous derrière la basilique, asseyez-vous au bord de l'eau, regardez les pêcheurs puis allez déjeuner (il vaut mieux réserver en arrivant ou mieux, avant de venir).