30 septembre 2012

Le gardien du pont

  

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.«Holà, personne ne passe ! J'ai dit".
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Étrange, ai-je vraiment entendu ce chat parler ? Personne alentour. Juché sur la rambarde du pont de bois, un matou bien en chair me regarde. Le regard se fait sévère. Il veut faire le gros dur méchant, mais je sens bien qu'il a du mal à y faire croire. C'est un débonnaire, un brave félin. J'avance en dépit de l'injonction et monte quelques marches.  
«Halte-là ou je griffe !»
 
Cette fois-ci j'en suis sûr, c'est bien le chat en face de moi sur la rambarde du pont, qui parle Une voix à la sergent Garcia. C'est bien à moi qu'il s'adresse. Je ne suis pas Zorro. 
 
Prudent, je m'arrête net. J'hésite. Le chat me fixe, hautain. Silence. Nous nous observons. Soudain je vois comme un sourire illuminer sa belle tête, ses moustaches frémissent de contentement.

« Bon allez je rigole. Faut bien qu'on s'amuse ici, il ne passe presque jamais personne. C'est rare à Venise mais ici c'est comme ça. Alors je m'ennuie un peu. caresse moi si tu veux passer ! Je ne vais pas te griffer !» .. 
 
Aussitôt dit, aussitôt fait, le matou-sergent se met à ronronner de plaisir.  Un de ses copains un peu plus loin, le chat gris, maître du squero voisin, semble se marrer :
 
« Tiens, le sergent a encore fait le coup à un passant ! »
 
Il nous regarde un moment avec bonhommie puis se retourne pour mieux s'endormir sous le doux soleil de septembre. Instantané du quotidien à Venise, quand on sort des sentiers battus par les hordes de touristes et qu'on se promène le coeur et l'esprit disponibles...
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Clichés © Yves Bauchy -Tous Droits Réservés.  




 

Les 7 commentaires: n'ont malheureusement pu être retrouvés. La Wayback Machine a cessé d'enregistrer les pages de commentaires à partir de janvier 2009. Quelques uns des messages envoyés directement sur le site par les lecteurs étaient dirigés vers la boîte mail du site jusqu'n 2013 mais peu ont été archivés. Jusqu'en 2010, les blogs étaient avec FaceBook, le medium le plus lu et suivi. Les commentaires créaientd e véritables forums d'échanges d'idées et parfois aussi de polémiques. C'était vivant, constructif et instructif de l'opinion générale et du mélange d'idées, de générations et de sensibilités. Tramezzinimag a été pendant ces années un espace très lu, devenu en quelques années une référence et un outil pour les enseignants, les journalistes. Nous en sommes terriblement fiers , reconnaissants et heureux.

28 septembre 2012

Venise au quotidien


©  Enzo Pedrocco - Venise au petit matin.

 

1 commentaire :  

 

Nathanaëlle 

Cette photo est touchante, on se croirait en un temps indéterminé du XXe siècle, peut-être les années 50 ou 60, mais pas en 2012. C'est ce contraste qui est touchant, nous utilisons un caddie à la déco super sympa, mais plus pratique et maniable que le "diable" des religieuses (désolée, cela se nomme ainsi) pour aller au marché, tandis qu'elles utilisent ce qui leur permettra de ramener leurs courses, même si leur caddie n'est pas "tendance". J'aime beaucoup cette photo. Bon week-end !

29 septembre 2012 

27 septembre 2012

« I Nua», un petit moment de paradis

C'est un véritable trésor que Tramezzinimag a la joie de vous présenter aujourd'hui. Remastérisé, ce documentaire retrouve toute la fraîcheur particulière du cinéma italien de l'après-guerre. 
 
Après avoir visionné ce merveilleux petit film de Francesco Pasinetti, primé à la Mostra en 1952, on ne peut que se sentir bien. Un peu nostalgique aussi à la vue de cette Venise désormais disparue, engloutie par les temps modernes et son cortège de maléfices : pollution, tourisme de masse, exode et perte des traditions... Les images défilent sur une musique de Virgilio Chiti et la belle voix qui récite le magnifique poème de Domenico Varagnolo (1882-1949) qui a inspiré le film, est celle de Cesco Baseggio, un acteur très connu en Italie qui se rendit célèbre pour ses interprétations du personnage de la Commedia dell'arte, le fameux Pantalon.

Comme on le voit un moment dans le film, avec un plan fixe sur un panneau, la baignade dans les canaux était déjà interdite dans les années 50. Déjà du temps de la République les plongeons n'étaient pas autorisés et les autrichiens renforcèrent, sans grand succès, l'interdiction. Lorsque le temps se fait si lourd et humide que l'on ne tient plus même à l'ombre dans les maisons, les enfants de Venise ont toujours apprécié de se rafraîchir, même lorsque les bains de mer n'étaient pas en vogue. Au XIXe siècle, quand une grande partie de la population vivait dans la misère, les gamins des quartiers pauvres s'amusaient à plonger pour attirer les touristes qui leur jetaient des pièces. 
 

Le texte, I Nua (les nageurs) composé en dialecte vénitien, est une pure merveille. L'auteur a su avec les mots de son peuple, faire surgir des images que le cinéaste a cherché à matérialiser et que la magnifique diction de Baseggio embellit : cette nuée d'enfants rigolards, la force suggestive du noir et blanc rend encore plus forte la sensation de chaleur pesante, et on retrouve cette atmosphère unique qui disparait peu à peu à Venise, quand tout le monde savait se réjouir des petits bonheurs du quotidien, comme batifoler dans l'eau qui n'était pas encore empoisonnée ou remplie de pantegane, ces énormes rats marins qui sont parfois plus gros que des gros chats. 
« Xe un zorno de lugio, el tempo xe beo, no core na nuvola la suso nel cielo, no tira un fià d'aria, ma un sol malignaso dal qual no xe caso poderse salvar, ne passa el capeo, ne arde el cervelo, ne fa delirar, xe l'ora del sofego e della brusera, gh'è i muri che boje e scota ogni piera, i oci che lacrima, vien seca la gola, le gambe se incola, le stenta a obedir, al moto più picolo se ansa, se sua, se supia, se spua, me par de morir.»
«C'est un jour de Juillet, le temps est beau, pas un nuage ne court dans le ciel, pas un souffle de vent, mais un soleil insistant auquel personne ne peut échapper, qui pénètre à travers les chapeaux, brûle les têtes et pousse au délire. C'est le temps où l'air stagne et la chaleur devient étouffante, les murs sont brûlants et les pierres bouillantes, les yeux pleurent, la gorge est sèche, les jambes collent et ont du mal à obéir, le moindre mouvement rend la respiration haletante, on transpire, on souffle, on crache, on croit qu'on va mourir.»
«I rii che internandose fra campi e calete i taja Venexia in cento isolete i ga l'aqua tiepida e cossa assae rara, l'è bela, l'è ciara, la cresse pianin, xe proprio la colma, e la sula riva de boto la riva al quinto scalin, se vede un fio picolo a poca distansia, streta na corda atorno a la pansa, ch'el par na bondola molada nel brodo, che cerca ad ogni modo de sora restar, a trati afidanse a un toco de tola, ch'el sternse, ch'el mola, ch'el torna a ciapar...»
«L'eau des canaux qui se faufilent entre campi et ruelles de Venise,  la découpant en une centaine de petites îles, est belle. Elle est chaude et, c'est très rare, elle est claire.  Elle monte peu à peu. La marée est presque haute, elle déborde sur la rive et touche presque la cinquième marche sur le quai. Non loin de là, on peut voir un enfant avec une corde nouée autour de sa taille. On dirait une saucisse qui trempe dans un bouillon. Il essaie de rester à flot par tous les moyens.  de temps en temps, l'enfant s’appuie sur ​​une planche, la tenant serrée, puis la lâchant, la reprenant...»
«Un altro po' capita più svelto, più scaltro, e a quelo fa seguito un altro e po' un altro, insoma into un atimo la riva xe piena, i xe na trentena parola d'onor, de grandi, de picoli, de mogi, de suti, de bei e de bruti, de ogni color, el rio se scombusola, l'è tuto un misioto de brasi, de gambe, de teste in cramboto, chi quieto se snanara, … chi soto se cassa e beve salà, chi va come el fulmine par drito e par storto, chi invece fa el morto la ben destirà,»
«Arrive alors un autre enfant plus habile, plus intelligent qui est suivi par un autre, puis encore un autre. En fait, instantanément la rive est pleine d'enfants.  Parole d'honneur, ils sont une trentaine, des grands, des petits, des tous mouillés ou des déjà secs, des mignons et des très laids, des garçons de toutes les couleurs.  Le canal est perturbé, ce n'est plus qu' un mélange de bras, de jambes, de têtes. Il y en a qui crapotent, d'autres qui nagent paisiblement comme le font les canards, d'autres qui plongent et avalent de l'eau salée, certains filent en zig zag comme des anguilles, un autre fait la planche bien à plat sur l'eau...»
«Dal ponte i più pratici se butta vardando chi l'aqua buta più alta, tre quatro se struscia intorno a un palo, i monta a cavalo, i va a rodolon, e altri co impeto se buta in schenada, sguazzando la strada con un gusto baron...»
«Les plus intrépides plongent du pont regardant à qui fera jaillir le plus d'eau, trois ou quatre s'enroulent autour d'un poteau, se mettent à califourchon et se lancent dans l'eau, d'autres se jettent en arrière, éclaboussant la rue comme le font avec délice tous les gosses... »

© Traduction (approximative) Tramezzinimag.


6 commentaires

 

Les Idées Heureuses

Il y a une plaque commémorative de ce grand artiste, Cesco Baseggio à la fondamenta di Borgo où il vécut de 1911 à 1934.

Une Venessia que l'on aurait aimée connaitre.

Martine de Sclos  

29 septembre 2012

Les Idées Heureuses

Serait ce trop vous demander en temps bien sûr...de continuer d'écrire le texte avec la traduction, j'ai cherché veinement sur le net le poème...ce qui m'a fait passer par de jolis chemins de "traverse" mais nenni sur le poème.

C'est tellement agréable d'écouter, de lire et de comprendre cette prose si chantante dans ce dialecte si particulier....et puis j'apprends ainsi quelques rudiments!

ça y est je me suis inscrite à des cours d'italien, enfin, je commence jeudi.

Merci de tout coeur.M de Sclos

29 septembre 2012

14 septembre 2012

Qui saura dire où a été prise cette photo ?


Un cadeau surprise pour la première personne qui saura retrouver le nom et l'emplacement des lieux photographiés ici.

6 commentaires:  

  Malheureusement non retrouvés au moment de la republication de ce billet 

12 septembre 2012

Touristes solidaires : Signez la pétition contre les grands navires à Venise !

Amis lecteurs, c'est la guerre et nul ne peut se voiler la face : Venise est vraiment totalement et à chaque instant menacée et nous devons tous réagir avant qu'il ne soit trop tard. J'invite tous ceux qui seront à Venise le 16 septembre à se regrouper à la pointe de la Douane et aux Zattere pour participer à la grande manifestation organisée par le peuple de Venise contre les navires de croisière qui circulent chaque jour par dizaines désormais dans les eaux de la lagune représentant un facteur de pollution énorme et un danger pour les monuments comme pour les populations. 

La Régate Historique à peine achevée, les premiers paquebots se présentaient devant la place Saint Marc, avançant au milieu des frêles esquifs des vénitiens venus participer à la fête, au risque de faire chavirer ou couler une des barques. Forts du laxisme des pouvoirs publics, de la protection qu'ils reçoivent des institutions financières régionales et du gouvernement italien (propriétaire du port et des eaux lagunaires), les compagnies maritimes concernées affichent un mépris scandaleux pour la protection de la cité des doges, de son environnement et de sa population.
 
On ne sait pas assez que ces vendeurs de rêve ne respectent rien, à commencer par les règles élémentaires de navigation (on l'a vu avec le naufrage du Costa machin), du sauvetage en mer (quand un passager tombe à l'eau, le navire continue sa route sans même ralentir se contentant d'avertir les autorités portuaires les plus proches de l'accident). Il suffirait d'une avarie technique au moment des manœuvres à l'entrée du canal de la Giudecca pour qu'un bateau s'échoue au milieu des immeubles des Zattere, voire même chavire sur la façade du palais des doges. Les fumées que ces navires produisent polluent autant que les cheminées des raffineries de Marghera heureusement presque toutes disparues aujourd'hui.


Peu à peu le monde entier se rend compte du danger que ces navires gigantesques font courir à la Sérénissime. Partout des articles fleurissent qui dénoncent l'immobilisme des autorités italiennes. On en parle même dans le couloirs de l'ONU Dit-on ! Une pétition internationale (ICI) circule sur le net depuis plusieurs mois, elle est adressée au gouvernement propriétaire et responsable du port de Venise et des eaux lagunaires. L'initiative récente d'un parlementaire italien, Felice Casson qui a déposé un projet de loi permettant à la cité de Venise de retrouver la pleine jouissance et gouvernance des eaux de la lagune et la propriété de son port, si elle aboutissait permettrait de revoir cette situation pericolosa. Encore faudrait-il que les édiles locaux aient une réelle volonté d'agir contre ces sociétés de navigation qui sont la honte de la profession, gigantesques machines à pognon pour qui le client importe autant qu'une huître au milieu de l'Adriatique. A Venise comme ailleurs, la dégénérescence des esprits et l'opportunisme des politiciens au pouvoir assujettis la plupart à ce délirant et abject lucrum infinitum, déjà dénoncé au moyen-âge - la poursuite indéfinie du gain sans raison morale et «absorbant toute l'activité des facultés humaines» comme l'écrivait un éminent historien de l'économie - qui est hélas devenu le leitmotiv absolu de notre monde. Chacun à notre niveau, agissons et agissons vite ! 
 

2 commentaires: 

 Veneziamia a dit :C'est David contre Goliath, mais finalement qui a gagné ? Il faut espérer que le trop court reportage aux JT de TF1 fassent réagir et que les choses changent rapidement. Je serai à Venise lundi, hélas trop tard pour manifester avec les vénitiens et j'espère aussi les touristes présents. J'ai bien sûr signé la pétition et l'ai fait signer à mes connaissances. Contre les puissances de l'argent, de l'inconscience et de la bêtise nous ne serons jamais trop actifs.

13 septembre, 2012

Veneziamia a dit : gelinotte : essayez par ce biaishttp://www.petitionenligne.fr/petition/petition-populaire-hors-de-la-lagune-les-navires-incompatibles/251213 septembre, 2012


05 septembre 2012

Petit jardin à Venise

On dit souvent que Venise est une ville très minérale où les espaces verts sont peu nombreux. Quelques jardins publics,  d'autres privés le plus souvent cachés aux regards des passants, des arbres sur les campi et des pots de fleurs sur le rebord des fenêtres. Depuis quelques années, les vénitiens ont pris l'habitude d'orner les entrées de maison de plantes. Il suffit de quelques pots de géranium, d'un arbuste ou deux, pour rendre un cortile accueillant et transformer une simple cour en jardin comme celle-ci.

03 septembre 2012

Regata Storica 2012 : un Grand Cru !

Encore eux ! Pour la 11e fois, les cousins Vignotto, vénitiens de San Erasmo ont défrayé la chronique de la traditionnelle Regata storica. Une nouvelle victoire après un suspense digne des films américains assortie d'une énième polémique comme ils nous y ont habitué depuis longtemps. Pas de bagarre, une poignée de main au contraire au sortir de la course, quand les équipages, encore essoufflés se rapprochaient de la Macchina, le ponton d'honneur où devait leur être remis les bandiere, ces fanions de couleurs qui sont à la régate vénitienne ce que furent les couronnes de laurier aux athlètes d'Olympie.  "On ne peut pas régater de cette manière" a déclaré l'un des vainqueurs, "Tout le monde sait que celui qui est le plus près du piquet doit tourner en premier. Ils ont voulu nous pousser, et finalement nous avons passé le virage en second !" Mais passée cette attaque directe aux méthodes de l'équipage de Gianpaolo d'Este avec qui le duel fut rude et magnifique, ces deux-là, s'ils sont de vrais râleurs - comme leurs deux challengers - ont un coeur d'or et c'est avec de l'émotion dans la voix qu'ils sont dédié leur victoire à Michele Bozzato, le gondolier chantant, disparu le 23 août dernier d'une maladie fulgurante, devenu ces dernières années une véritable institution et dont la mort a vraiment affligé tout le monde à Venise.
Regata Storica di Venezia 2012: vincitori e risultati




Belle journée donc, qui fait dire à certains chroniqueurs vénitiens que la Sérénissime a vécu un pur et grand moment de venezianità, se prouvant - et prouvant au monde qu'elle n'est pas un musée ou un parc de loisirs, mais bien un lieu de vie et d'innovation. La Régate historique n'est pas une des ces inventions folkloriques artificielles pour gogos en mal d'émotion. C'est  un évènement culturel lié à la tradition historique mais aussi très implantée dans le quotidien des vénitiens d'aujourd'hui. Cette course fait le lien entre un passé extraordinairement riche (le succès du défilé historique dépasse le pittoresque des costumes en faisant découvrir des métiers et des usages oubliés) et les vénitiens du XXIe siècle. Chacun a ses favoris et nombreux parmi le public local sont ceux qui pratique la remiera dans un des nombreux clubs de la lagune.


Avec un ciel redevenu clément, sans les pluies que tout le monde redoutait, Venise s'est contemplée sans faux-semblants, telle qu'elle est vraiment :  attirante et authentique. Parmi les milliers de visiteurs qui avaient envahi le centro storico, beaucoup étaient vénitiens, Venus de toute la lagune, des îles comme de terraferma, ils ont rappelé au monde leur attachement à la Sérénissime. L'évènement s'ajoutant à la Biennale d'architecture et à la Mostra du Cinéma, qui se déroulent en ce moment, faisant de Venise la capitale culturelle de l'Italie. Des journalistes parlaient même de capitale politique ce dimanche, puisque on notait la présence d'un nombre impressionnant de membres du gouvernement et de parlementaires dans la tribune d'honneur, la Machina, simplifiée cette année, avec un accès central bien plus pratique, qui accueillait autour du Patriarche de Venise et du Maire Orsoni, près de 800 invités.


Commencée à 16 heures avec le cortège historique, traditionnel défilé de bateaux reproduisant l'entrée triomphale organisée par la Sérénissime pour le retour de Caterina Cornaro, avec à sa tête le doge et  dans le rôle de la fameuse reine de Chypre, la splendide Margot Groia, de Mestre qui remplace dans le rôle une autre vénitienne partie faire ses études en Angleterre. Toutes les embarcations étaient là, parmi lesquellles la Bissone, la Dogaressa, la Serenissima. Il ne manquait que la Bisantina et Neptuno qui sont cette année en restauration. Manquait aussi le Bucentaure dont on devrait voir flotter d'ici quelques années la réplique exacte. Puis après le long cérémonial du défilé nautique, ce fut le début des compétitions.


Quatre régates au total, celle des giovanissimi (catégorie des plus jeunes rameurs) sur des pupparin, remportée cette année par les brillants Nicolà Ballarin et Andrea Rosada, puis le mascarete réservées aux filles, remportées par Risultati Regata storica Venezia 2012, i vincitori
Luisella Schiavon
et Giorgia Ragazzi, celle des caorline (barques à six rames) gagnée par l'équipage de Burano en 37'48"08, et la course la plus attendue, celle des gondolini. Celle où se défiaient une fois de plus les cousins Vignotto et Gianpaolo d'Este et son équipier Ivo Redolfi Tezzat, les vainqueurs de 2011 qui ne sont arrivés que troisième, devancés par deux plus jeuens gondoliers, Roberto Angelin et Fabio Barzaghi. Bataille et résultats très commentés par le public.


D'autres évènements contribuèrent à l'extraordinaire animation de cette journée avec la régate des bisse du Lac de Garda, course traditionnelle véronèse, des maciarelle, celle des Atenei Veneti, réservée aux étudiants - vénitiens et étrangers- et la compétition des 8-14 ans, espoirs du nautisme vénitien. L'occasion de rappeler à nos lecteurs que le mot régate est un mot d'origine vénitienne qui est utilisé dans le monde entier et qui dérive du vénitien regatar (mettre en ligne). Au moment du départ, les embarcations sont toutes regroupées côte à côte sur une même ligne pour ne faire qu'un bloc et retenues par un câble appelé spageto attaché à la poupe de chaque embarcation.



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02 septembre 2012

Regata storica : c'est aujourd'hui et en ce moment !


Le miracle de la technique : presque comme en vrai, j'assiste via Skype, à la 116e régate historique depuis une embarcation amarrée près de la Ca'Farsetti, la mairie. Les barques se succèdent : bleu, violet, rose, orange rouge. Et toujours les violons de Vivaldi, et la foule joyeuse. Quel grand et beau moment que cette régate qu'on appelait Regata Reale autrefois. ..En dépit de la chute de la République en 1797, les régates n'ont pratiquement jamais été interrompues à Venise. Les français quand ils occupèrent la Sérénissime organisèrent même des courses spéciales, notamment pour fêter le 14 juillet puis une autre en l'honneur de Joséphine de Beauharnais, devenue l'épouse de Buonaparte qui n'était encore qu'un général ambitieux. Dix ans plus tard, une autre grande régate fut organisée pour le corse devenu empereur. En 1815, quand la ville devint autrichienne, on fit de même pour l'empereur d'Autriche. L'occupant eut l'intelligence de comprendre l'importance de ces régates pour la population et tout fut mis en place pour qu'elles se déroulent régulièrement. C'est à partir de 1841 que la Regata telle que nous la connaissons a pris forme. Interrompue par la révolution de 1848, elle ne reprendra qu'en 1866, l'année même où Venise fut annexée au nouveau Royaume d'Italie et, en 1899, suite à la proposition du maire de l'époque, Filippo Grimani, la régate royale prit le nom de régate historique.

Pendant que j'écris sur l'histoire de la manifestation, la compétition fait rage entre les cousins Rudi et Igor Vignotto (gondoliers qui font partie de l'équipe du traghetto de la Pescheria) qui sur leur gondolino bleu profitent de leur position à l'intérieur de la boucle du grand canal pour dépasser les autres favoris, les vainqueurs de l'année précédente, Ivo Rodolfi Tezzat et Gianpaolo d'Este (ceux du traghetto de la Riva del Carbon) sur la barque rouge. Le gondolino jaune dont l'un des équipiers, Luca Ballarin est le plus jeune de la course, vient d'arrêter suite à un incident inattendu. La foule est au comble de l'excitation. c'est le moment le plus important de la régate. Les deux équipes favorites sont au coude à coude. Partout les tifosi brandissent des ballons aux couleurs de leur équipe. C'est magique, même à distance !


Impressionnante cette course comme chaque année, avec ces athlètes d'une force incroyable, grands  -Gianpaolo d'Este mesure deux mètres ! - et musclés, ils démontrent une incroyable endurance et leur course est vraiment le clou de la manifestation. Mais quelle surprise, la barque violette, de Roberto Angelin et Fabio Barzaghi semble en première position, largement devant les deux équipes favorites. Quel suspense ! Les Vignotto dépassent le gondolino violet, bloquant les rouges. Beaucoup de mains levées, ce qui annonce pas mal de discussions et de débats avec les juges à l'arrivée. Le cri des tifosi se fait hurlements de joie : L'équipage celeste (bleu ciel) des Vignotto est le vainqueur de la 116e Régate Historique devant l'équipe de la terraferma (une première), la barque violette d'Angelin et Barzaghi de la Remiera Mestrina, avec qui il faudra désormais compter. Evviva Venezia !

  

Le retour

Un mois, un long mois de farniente sans internet, sans les bruits de la ville, sans la pollution et le stress d'un quotidien trop souvent déterminé malgré soi. Un mois pour appliquer un vrai "lâcher prise" et rester en dehors des tensions et des préoccupations du monde. Promenades dans les dunes, baignades dans les énormes rouleaux des grandes marées, balades à vélo dans les chemins creux à l'ombre des noisetiers, mais aussi longues heures passées dans le jardin, parmi les hortensias et les rosiers, à lire... Un rythme paisible partagé en famille, loin du monde, du petit-déjeuner préparé et pris en commun jusqu'au dernier verre devant un feu de cheminée. Tout cela est terminé et déjà la rentrée est là. Sans regret ni nostalgie, une page se tourne. Dès demain, les plus jeunes reprendront le chemin de l'école... La douceur de l'air, la lumière rendent la transition plus douce. J'aime cette période de l'année, ou aux étals des boutiques, pêches, melons et abricots se mêlent aux poires, prunes et raisins et qu'on traîne encore volontiers le soir dans la douceur du couchant. 
C'est aujourd'hui dimanche, le premier en ville depuis plus d'un mois. Les rues inondées de soleil sont encore presque vides. Au loin, une cloche sonne qui rappelle Venise. Les odeurs marines de la rivière voisine qui se faufilent par la fenêtre ouverte porteraient-elles à nos oreilles la musique de Vivaldi qui à cette heure inonde le Grand Canal à l'occasion de la 116e Regata Storica ? Pas de miracle sinon celui de la technique : des amis vénitiens ont branché la caméra de leur ordinateur et grâce à Skype, je suis un peu avec eux. Si j'entends les applaudissements (ils sont fournis au passage du Corteo historique) et la musique, il manque la chaleureuse ambiance de la barque, le vin blanc frais et les ciccheti. Être à Venise ce premier dimanche de septembre sera pour une prochaine fois, quand les enfants seront grands. Dieu voulant ! Bonne rentrée à tous.