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02 janvier 2010

Résolutions 2010 : la liste

Trouvé dans mes courriels cette amusante carte postale des années 30. "Auguri, auguri" dit-elle. Je vous l'adresse à mon tour. Que cette année 2010 vous soit favorable et heureuse.

Parmi les vœux ( résolutions & bonnes intentions) de Tramezzinimag :
  • Le voyage en avril pour quelques Fous de Venise,
  • La sortie d'un petit ouvrage sans prétention qui reprendra quelques unes des chroniques du blog et des extraits de mon journal vénitien, 
  • Davantage de bonnes adresses et de recettes sur le site, 
  • Le lancement du site internet, 
  • La mise en place d'une campagne de restauration de symboles de la Venise mineure qu'il faut sauver d'urgence (de la pollution et du vandalisme), 
  • Davantage de compte-rendus de lectures, 
  • Un meilleur suivi de la nombreuse correspondance que je reçois (comme Gaston Lagaffe aux Editions Dupuis, les courriels s'entassent et je ne sais plus par lequel commencer...) 
Et puis, égoïstement, de plus nombreux et plus longs séjours à Venise pour votre serviteur afin de mieux vous parler de la Venise d'aujourd'hui et de celle de demain... 
 
De tout cela nous reparlerons dans les prochains jours. 

______

6 commentaires:

maite a dit…
Eh bien...que de bonnes et agréables résolutions, puissiez-vous toutes les réaliser, a presto !
Enitram a dit…
Quelle bonne idée d'éditer un recueil de votre blog car souvent j'en ai imprimé des extraits comme celui du 11/09/2009, "par une chaude nuit d'été, la lagune". Votre écriture est belle et poétique à souhait, bravo ou bravissimo !!!!!
Très bonnes résolutions pour cette nouvelle année !
Anne a dit…
"La sortie d'un petit ouvrage sans prétention": c'est une très bonne nouvelle, Lorenzo. Il faudra nous donner les références pour pouvoir le demander en librairie.
Anne
Michelaise a dit…
Que voilà une jolie liste de résolutions Lorenzo et de projets... Il y en a sans doute d'autres qui n'ont pas trait à Venise, que pour tous ces désirs, vous trouviez l'énergie, l'inspiration, le temps, le ressort afin de les mener à bien

Lorenzo a dit…
Merci à vous toutes !
n-talo a dit…
bonne année et bonne route pour 2010

04 décembre 2009

APPEL : Lecteurs de Tramezzinimag, Signez tous la pétition



Tramezzinimag se joint à Venessia.com et sollicite solennellement chacun de ses lecteurs, habituels ou occasionnels, rendez-vous tous sur le lien ci-dessous pour signer la pétition "Aspirants vénitiens". A ce jour, 374 signatures seulement (candidatures ?) ont été récoltées. Il faut signer en masse. Lisez pourquoi.

.."
Tu es fatigué de vivre dans une ville quelconque ? Tu veux sortir de la grisaille des villes modernes ? Tu souffres de la dégradation et du trafic de ta ville ? Tu es fatigué de vivre dans l'insécurité ? Tu as envie de sortir du train-train quotidien auto-boulot-dodo ? Tu cherches une ville sûre où élever ta famille ?
..Tu es un Vénitien qui est parti sur la terre-ferme et qui a, maintenant la nostalgie de sa maison? Tu es un visiteur qui est resté enchanté par Venise ? Enfin, tu rêves de vivre à Venise ?
..Cette pétition s'adresse à toi !
..Venise, la ville la plus belle du monde, aujourd'hui a besoin de toi ! Venise a besoin d'être repeuplée, elle a besoin d'une sève nouvelle qui lui apporte idées, enthousiasme et vitalité. Venise peut t'offrir un choix infini d'habitations, quartiers, îles, panoramas et rêves. Tu ne sera plus obligé de vivre dans un appartement identique à celui de ton voisin, tu ne sera plus contraint à l'homologation.

..Venise, ville modèle unique au monde par son art de vivre, sa sécurité, sa culture et ses traditions, sera honorée de t'accueillir toi et ta famille . En signant cette pétition internationale, tu contribueras à faire de ce rêve une réalité. Les signatures seront présentées publiquement à la Mairie de Venise à laquelle il sera demandé de mettre en œuvre une réforme radicale dans le domaine de la politique résidentielle pour repeupler la cité.

..L'initiative Aspirant Vénitien est organisée par un groupe de citoyens unis dans le mouvement Venessia.com, elle est indépendante de tout parti politique et s'adresse à quiconque voudra la soutenir. Elle naît en un moment critique pour Venise dont la population à demeure, à l'automne 2009, est tombée en dessous de 60.000 habitants contre plus de 150.000 pendant les années 60. Le dépeuplement de Venise a été aggravé par l'exploitation effrénée de la ville devenue destination touristique de masse, et en même temps par l'absence d'une politique soucieuse de la défense du droit des habitants et de la protection des activités économiques qui leur sont nécessaires.
..Pendant les dernières années, même les quartiers jadis populaires ont été ouverts au tourisme et, à cause d'une gestion insensée des permis, des centaines d'appartements, maisons, palais ont été transformés en bed & breakfast, pensions, hôtels. Cela s'est produit suivant le plan bien précis de transformer Venise de vraie ville avec des quartiers bien distincts ayant chacun des personnalités différentes, en un centre historique toujours plus adapté au tourisme de masse et duquel les habitants sont exclus. Aspirant Vénitien est une initiative qui s'oppose à cette opération menée contre Venise et les Vénitiens et par cette récolte de signatures, rappelle que Venise pourrait être une ville modèle pour le monde par son mode de vie, rêvé par des milliers de personnes qui y vivraient si les conditions économiques et les opportunités le permettaient. Nous croyons que de telles conditions peuvent être réalisées par une gestion correcte des flux touristiques, une interdiction totale du "changement du type d'utilisation" des immeubles d'habitation, la taxation exceptionnelle des résidences secondaires non louées à des habitants, le recensement et le contrôle extraordinaires des habitations vénitiennes, mais aussi et surtout par la relance de l'économie vénitienne et la création de liaisons efficaces vers les lieux de travail.
..Aspirant Vénitien recueillera les signatures de tous ceux qui veulent partager cette volonté de relance par un engagement symbolique. Les signatures seront recueillies jusqu'en avril 2010 et présentées à la nouvelle équipe municipale qui dirigera la ville dans les prochaines années Venessia.com, forte des adhésions reçues, pourra développer une pression sur les administrations publiques, les médias nationaux et internationaux, pour soutenir la relance de la politique du logement et permettre à tous les aspirants nouveaux citoyens de Venise de voir réaliser leur rêve."


Texte officiel de présentation de la pétition.

14 juin 2008

Venezia non è un albergo

Une nouvelle pétition circule en ce moment à Venise et sur le net. Il s'agit d'obtenir des garanties face aux nouvelles mesures qui libéraliseraient totalement l'usage et la destination de l'habitat du centre historique risquant de transformer ce qui reste du tissu urbain dévolu aux vénitiens en un gigantesque parc immobilier exclusivement à usage touristique. Vous pouvez signer la pétition de la même manière que celle consacrée au maintien de la maternité dans le centre historique, en vous rendant sur le site de notre association, 40 x Venezia ("quarantenni per venezia", qui peut se traduire par "les quadras pour Venise"). Voici un résumé rapide du texte de la pétition :
 
 
L'Observatoire de l'habitat de la commune annonçait récemment que plus d'un millier de logements de centre historique ont été transformés à usage touristique. Le pire est à venir. Une nouvelle mesure baptisée “Nuova disciplina regionale in materia di turismo” (nouvelle discipline régionale en matière de tourisme), ce qui pourrait être le coup mortel qui pourrait transformer par voie légale la ville de Venise en une cité-auberge. 
 
Le texte actuellement en discussion à l'Assemblée Régionale, sur proposition d'un ancien assesseur, Luca Zaia, comporte trois innovations terribles pour le centre historique : son article 131 pose les fondements d'une nouvelle typologie de structure urbaine dénommée la “dimora ospitale di Venezia” (la demeure hospitalière de Venise), qui avec la seule obligation d'une décoration de style traditionnel ou d'un mobilier d'époque, libéralise sans aucune limite l'ouverture de "grandes surfaces de la chambre meublée", offrant la possibilité aux propriétaires d'aller jusqu'à 18 chambres ! Le résultat : la dérégulation excessive et incontrôlée du marché des auberges clandestines.
 
L'article 132, en revanche, permettra à n'importe quel hôtel d'ouvrir une dépendance n'importe où dans le même quartier. N'importe quel appartement, quelle maison, quelle dépendance d'immeuble pourra devenir une annexe de l'hôtel, sans limitation de superficie ni de nombre de chambres. L'article 46 au paragraphe 3 répète l'erreur grave qui consiste à considérer comme "résidences" les activités d'accueil des loueurs de chambres meublées. Cette idée a déjà causé depuis cinq ans d'énormes dégâts puisque les transformations d'une grande partie du patrimoine immobilier en meublés pour touristes, sans aucune possibilité de contrôle efficace de l'administration qui est seule habilitée à autoriser les transformations d'usage des locaux de la cité des doges. Il est évident que ces articles, s'ils venaient à être approuvés, étoufferaient totalement l'habitat du centre historique, en réduisant définitivement les possibilités de logement pour les vénitiens et leurs familles au profit d'intérêts privés. 
 
C'est pourquoi les membres de 40xVenezia, qui veulent vivre dans une ville et pas dans une auberge, s'opposent à la spéculation outrancière qui se prépare et demandent l'abrogation des articles cités, réclament la mise en place d'un contrôle fiscal et juridique des activités hôtelières et para-hôtelières à Venise, réclament que soit portée toute l'attention et la réflexion des autorités sur le maintien et la protection du tissu social urbain déjà fragilisé depuis de nombreuses années et exigent le blocage pur et simple des demandes d'autorisation de changement de destination des biens immobiliers qui pourraient être déposés, et enfin demandent que les modifications déjà prévues des biens immobiliers publics le soient dans l'intérêt commun en y installant des crèches, écoles, maisons de quartier, résidences pour personnes âgées, parkings, espaces verts, etc...) comme le prévoient les lois en vigueur en la matière. 
 
Voilà en résumé le texte de la pétition que je vous invite à signer : Venezia non è un albergo 

7 commentaires:

Maité a dit…

Je viens de signer la pétition. Comment se fait-il qu'il y ait aussi tant de boutiques, bars, cyber-espace, etc... tenus par des chinois ? Merci encore pour tous vos articles si intéressants

IL GATTO DEL RABBINO a dit…

Si tu as une e-mail, je peux t'envoyer un article intéressant et des statistiques édifiantes sur la conquête de Venise par les Chinois en ce XXIe siècle.
Le juste retour des voyages de Marco Polo ?

géraud a dit…

C'est tenu par le chinois car les vénitiens tiennent les gondoles.
Les bars, restaurants sont vendus par les vénitiens aux chinois bien souvent au moment ù ces mêmes vénitiens quittent Venise.

Lorenzo a dit…

Savez vous que la librairie de San Lucà, une institution va bientôt fermer ses portes. La raison ? Le loyer demandé avec le renouvellement du bail par le propriétaire serait multiplié par quatre.Triste un monde qui voit les librairies disparaître !

géraud a dit…

Une boutique de prêt à porter de luxe pourra faire place nette de la poussière des pages des livres.

Jaio a dit…

Il est trop tard pour penser aux v�nitiens qui renstent et � ceux qui, comme moi voudraient le devenir. L'immobilier est grimp� aux �toiles par cette sp�culation.C'est pourtant un paradoxe. Les rez-de chauss�e ne sont pas habitables � cause de l'eau qui s'infiltre de plus en plus � mar�e-haute. R�sultat: De moins en moins de v�nitiens et de plus en plus d'apparts lou�s au jour ou � la semaine aux touristes � des prix d�fiant toutes les limites. Le soir, Venise est completement vide. A 10h, il n'y a plus personne. Serenissime= Sans bruits d'aucune sorte pour dormir:-)

Michelaise a dit…

Oui, vous avez tous raison, Venise livrée à la spéculation touristique, Venise qui se remplit et se vide en mouvements pendulaires, Venise bafouée et travestie en "pute" à touristes qui livre à chacun la même image frelatée... Oui vous avez raison c'est triste le soir de déambuler dans une ville déserte et mal éclairée, qui ne fait plus d'effort pour les né-natifs, ni même pour les habitants car eux n'ont pas besoin de clinquant !
Oui vous avez raison, le tourisme est tellement caricatural dans la Serenissime... Oui vous avez raison des paquebots qu'on se prend sur le coin de la figure cela a quelque chose démesuré qui fait froid dans le dos.
Mais...
Mais il y a 30 ans Venise était encore plus triste, avec ses maisons délabrées, ses magasins minables et ses ruelles presque insalubres. C'était sinistre à certains endroits, glacial l'hiver, insalubre l'été... pitoyable en un mot. Cette vague de spéculation nous a valu bien des restructurations qui auraient sinon été trop coûteuses, trop utopiques... Certes c'est mal maitrisé, suspect d'enrichissements sans cause et de manœuvres malséantes... Mais Venise s'est embellie aussi !
Je ne sais pas trop s'il faut être aussi désespéré... moi j'habite un petit village sur les bords de l'estuaire qui bénéficie l'hiver des conforts que l'afflux des touristes de l'été nous permet de nous offrir... il nous reste à la morte saison des luxes qui n'existeraient pas sans cette plaie de la fréquentation de masse. Alors allez savoir ! Certes dans mon village la folie ne dure qu'un ou deux mois... le reste de l'année, l'estuaire nous appartient ! Mais quand l'effet été se fait sentir, on se raisonne en se disant qu'il faut bien vivre, que c'est une "industrie" moins dévastatrice, moins polluante, moins envahissante qu'une autre !

13 juin 2008

Venise n'est pas un décor sans vie. Ne la laissons pas mourir !

En janvier 2007, j'écrivais un article en réaction à la soirée du réveillon qui avait été un énorme succès pour la municipalité avec plus de 60.000 personnes réunies sur la piazza à minuit. Cette foule représentait en fait l'équivalent de la population actuelle de Venise... Le quart de ce que fut la population de Venise au XVIIIe siècle. En écoutant l'autre jour des vénitiens dans le vaporetto qui se plaignaient des commerces qui disparaissent, des écoles qui ferment et des immeubles qui se vident au profit de résidences de luxe pour touristes, j'ai eu envie de ré-éditer ce billet au risque de lasser. Mais il est important que le monde entier prenne conscience du problème de Venise au moment où une pétition circule qui a pour titre "Venezia non é un albergo" (Venise n'est pas une auberge". Barrès lui-même quand il disait de la Sérénissime "Venise auberge de rois, auberge de fous" ne pouvait imaginer dans quelle situation la ville se retrouverait en ce début du XXIe siècle.
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Tous les habitants de Venise peuvent maintenant se réunir sur la Piazza. Lorsque j’étais étudiant, le nombre d’habitants du centre historique venait de descendre à 80.000 habitants. Cent ans avant, du temps de mes grands parents, il y avait plus de 120.000 habitants. Je crois que les troupes napoléoniennes pénétrèrent dans une Venise peuplée de près de 200.000 personnes… 62.000 habitants au 1er janvier 2007... Et ce phénomène va se poursuivre puisque les spécialistes prévoient moins de 60.000 habitants en 2010 ! Les causes sont multiples : logements trop chers ou insalubres, vie quotidienne devenue trop chère, de moins en moins d’emploi en dehors des métiers – certes honorables – de serveur, de porteur de bagages ou de vendeur de souvenirs. Trente fois moins de boulangeries, de boucheries, de merceries, de papeteries, de drogueries et de quincaillerie qu’il y a trente ans ! C'est pareil partout me direz-vous, mais ici c'est encore plus visible et dramatiuqe... Cent fois plus de boutiques à touristes… Et des masses de plus en plus nombreuses déferlant sur la ville. Terrible constat. L’agonie sera longue et pénible...
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Mais, en dépit des hordes qu’on ne peut plus arrêter, nombreux sont ceux qui cherchent des solutions ou du moins des aménagements. C’est ainsi que les monuments comme les musées peu à peu s’aménagent pour accueillir ces hordes sans trop de dommage. C’est ainsi que la municipalité cherche le moyen de réguler la transformation des logements en chambre d’hôtes et autres studios loués aux étrangers. Mais comment freiner l’exode des administrations, des entreprises du tertiaire qui avaient leur siège - ô combien prestigieux - à Venise ? Le développement industriel s’il a pu pallier une grande partie du problème de l’emploi au début du XXe siècle a apporté tellement de nuisances qu’il n’est pas envisageable, surtout dans le contexte actuel de la mondialisation, de le redéployer. Attirer des entreprises quand la plupart s’en vont ? Ce qui attire ce sont les palais vacants que l’on rénove et aménage pour des soirées somptueuses mais qui n’apportent rien à la ville que la préservation de ses monuments. Cacciari mise sur l’art contemporain et la création… Pourquoi pas, mais on flirte toujours ainsi avec la calcification de la Cité des Doges : musée ou laboratoire de création, ce n’est pas ce qui fait vivre une ville et rouvrira boucheries et épiceries…
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Égoïstement, nous qui avons la chance extraordinaire de pouvoir nous rendre souvent à Venise, d’y avoir un logement, des amis, des habitudes, nous cherchons à préserver notre ville et c’est parfois au détriment des vénitiens eux-mêmes et de la ville après tout. Plus nombreux seront les étrangers à choisir de vivre quelques mois dans l’année à Venise, à louer ou à acheter des pieds à terre ici comme d’autres sur la Côte d’Azur ou en Dordogne, plus difficile sera la recherche de logements pour les vénitiens de souche. Le problème ne se pose qu’avec ceux qui comme moi vont et viennent, s’installent quelques semaines et repartent. Le reste du temps la maison est vide ou au mieux prêtée à des amis ou louée… Si au moins nous vivions toute l’année à Venise… Peut-être faudrait-il encourager les forestieri à rester toute l’année. Après tout, le climat est très bon à Venise. Peu de pollution, une vie calme, les attraits d’une grande ville et d’un village en même temps. En Périgord, des villages ont repris vie grâce aux nouveaux colons britanniques ou hollandais. Cela ne s’est jamais fait sans grincement de dents mais au moins les maisons sont restaurées, occupées, les écoles rouvertes, des magasins apparaissent là où il fallait prendre sa voiture et faire trente kilomètres pour trouver un supermarché… On pourrait envisager l’obligation pour l’étranger d’apprendre le vénitien et de suivre des cours de vie vénitienne… On pourrait imposer un quota d’artistes, d’écrivains, de créateurs et de simples retraités amoureux de la ville pour ne pas en faire une sorte de Greenwich village artificiel, ghetto de vieillards ou d’artistes argentés… Et puis, il faut briser le globe sous lequel on a enfermé la ville. Depuis sa création, elle a bougé, elle s’est reconstruite, transformée, agrandie… Construisons là ou il y a de la place - et il y en a - laissons aux jeunes architectes italiens, (Venise en regorge), la possibilité de s’exprimer et d’innover en partant des contingences locales certes très prégnantes mais nécessaires à respecter pour que se pérennise l’idée même de Venise. Le pont autrichien était déjà une aberration, alors le béton armé, la brique industrielle ou les structures de verre et de bois ne sont pas des audaces mais des conneries (pardonnez cet écart de langage).
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La municipalité de Venise est propriétaire de nombreux bâtiments mais les aménager en logements salubres coûterait une fortune. En l’état, peu sont habitables selon les critères d’aujourd’hui. Démolissons ce qui n’a pas un caractère extraordinaire et majeur pour le patrimoine de l’humanité. Il y a des friches à Venise, des îles vides, des terrains vagues. Ne les laissons pas aux spéculateurs de Las Vegas ou de Disney Corporation. Plus de projets d’hôtels de trop grand luxe pour happy few asiatiques ou américains. Offrons des logements locatifs abordables et les familles reviendront, les écoles rouvriront, les commerces réapparaîtront. A l’ère de l’ultra technologique pourquoi ne pas délocaliser à Venise ? Un statut spécial pour les entreprises italiennes ou étrangères créatrices d’emploi (je ne sais quelle est la marge de manœuvre de la municipalité et de la région en Italie en matière de taxes et d’imposition, mais je sais que n’importe quelle entreprise qui se verrait offrir 50, 100 ou 200 logements gratis en échange de l’implantation d’une unité de production ou de bureaux administratifs y réfléchirait à deux fois). Avoir son siège à Venise, pouvoir loger ses employés à moindre frais, qui n’en voudrait pas ? Mais je ne suis ni un élu, ni un économiste et mes idées sont peut-être naïves.
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Je vois seulement quand je passe dans les rues combien la ville change. Rien qu’en sortant de chez moi pour aller acheter le journal quand j’habitais Cannareggio, Calle del’Aseo, derrière le Cinéma Italia, et que le kiosque de la Lista di Spagna était fermé, je partais vers la gare, je passais devant trois coiffeurs, une quincaillerie, un droguiste, cinq épiciers, deux marchands de fruits et légumes, trois boulangeries, une mercerie, deux bouchers, un charcutier, quatre boulangers, un marchande de jouets, deux buralistes (ils vendaient encore du sel à cette époque), un serrurier, deux drapiers, un marchande de bonbons, un grand magasin Standa, quatre pharmacies, un nombre incalculable de petits bars avec des stands de Totocalcio, un réparateur de radios et télévisions, un négoce de vaisselle et d’articles ménagers, une salle des vente, six restaurants, un libraire, deux antiquaires, un parfumeur, un ébéniste, un plombier, trois bijoutiers, deux pressings, et des magasins de vêtements. Il y avait certes déjà un marchand de gravures et deux boutiques de souvenirs… L’énumération est fastidieuse, je sais, mais je voudrais faire comprendre à celui qui découvre Venise aujourd’hui combien il est triste de se promener dans des rues figées dans un passé artificiel, vides de leurs commerces ou remplies de boutiques attrape gogos Made in Taïwan. Imaginez combien les rues étaient bruissantes, les conversations animées, la vie bouillonnante partout, et cela depuis un millenaire… Aucune nostalgie dans ces lignes, je rêve seulement que la vie revienne dans ces rues et sur ces campi autrement qu’artificiellement avec des carnavals populaires et des fêtes de luxe pour happy few.

Il faut des enfants qui courent et nous bousculent, des vieux qui discutent assis au soleil, des marchands qui apostrophent les ménagères pour faire remarquer la beauté de leurs fruits et de leurs légumes venus des îles de la lagune, des pêcheurs qui offrent le produit de leur pêche, des livreurs qui se faufilent en criant gare… Même le touriste s’en trouvera bien, rien de tel que la vraie vie pour marquer un voyage non ? Allez du côté du marché du Rialto un matin vers 11 heures ou bien à Castello, sur la Viale Garibaldi, devant Santi Apostoli, et la vie qui fuse sous vos yeux dans ces endroits, c’est la vie et l’animation qu’on pouvait trouver partout dans Venise autrefois. De même à l’heure de la passeggiata, à San Luca ou à San Bartolomeo, les campi étaient noirs de gens, tous ou presque avaient moins de vingt ans. A Santo Stefano leurs aînés se retrouvaient, étudiants plus âgés, jeunes ménages. Les familles sortaient à San Polo, Santa Maria Formosa, ailleurs encore. Une foule innombrable sortait des maisons et se retrouvait dans un brouhaha tellement chaleureux que le plus agoraphobe d’entre vous se serait senti comme seul avec des amis ou en famille… La passeggiata existe encore bien sûr, mais évidemment les figurants sont moins nombreux. La production n’a plus les mêmes moyens. Imaginez ce que cela sera lorsqu’on ouvrira le matin les portes de Venise aux hordes... De vrais figurants ceux-là se mettront en place et comme dans une sorte d'écomusée, singeront les gestes de leurs ancêtres : gondoliers, souffleurs de verre, marins, provéditeurs et conseillers en toge, mitrons portant sur leur tête les paniers remplis de croissants fumants, les lavandières avec leur panières de linge, les étudiants leurs livres sous le bras. On peut imaginer à certaines heures, comme la relève de la garde devant Buckingham Palace, des sortes de ballets comme Broadway ou Las Vegas savent en créer : gondoliers regagnant leur gondole, apprentis et serveuses, étudiants et religieuses qui s’agiteront en musique sous le crépitement des flashes des hordes qui en auront pour leur argent. Allez, ne vous en faites pas Venise-disneyland , cela pourrait ne pas être dans très longtemps. Parfois, je prie pour qu’Al Gore se soit trompé et que la montée des eaux arrive pour demain et qu’on en finisse avec ce cauchemar !
..
Mais soyons résolument optimistes, les autorités cherchent des solutions et parfois proposent de bonnes choses. Les Mulini Stucky qui seront à la fois un hôtel de luxe et des logements sociaux, l'arsenal réorganisé et réexploité, la venue de la collection Pinault au Palais Grassi, d'autres projets de qualité qui créeront des emplois ailleurs que dans le tourisme... Et puis que diable, Venise reste toujours aussi belle et les jeunes qui s'en éloignent sont remplacés par de jeunes vénitiens d'adoption qui la découvrent : visiteurs ébahis, étudiants déterminés, certains resteront et formeront la Venise de demain. Je suis certain que tous, vénitiens d'adoption ou de souche, ils refuseront de devenir des sortes d'indiens dans une réserve, imbibés d'alcool et d'ennui ! Quant aux touristes, ils ne seront plus une horde de consommateurs ignares et pressés, mais des voyageurs informés et bien élevés dont l'émerveillement sera teinté de respect et de sollicitude.

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15 commentaires:

anita a dit…

.... coup de gueule ????
....coup de sang ... coup de chaud ... coup de chair ... coup de coeur blessé qui ( nous ) angoisse et reprend son rythme ... mais ouf ! quelle peur !

anita

Douille a dit…

Un très bel article!!! Une belle analyse!

Même si je ne suis pas fan d'art moderne (mais je ne crache pas dessus) je pense que c'est peut-être le salut de Venise...

Anonyme a dit…

Bonjour Lorenzo ... et encore bravo et merci pour ce blog passionnant.
Par curiosité, est-ce que vous avez une idée du pourcentage d'étrangers qui composent la population résidente de Venise, quelle est la nationalité qui domine et que représente la communauté Française la-dedans ? Et quelle est la sociologie de cette communauté: étudiants, actifs, retraités ...?

Lorenzo a dit…

Je me penche sur la question et vous donne bientôt un tableau des étrangers à Venise.

Anonyme a dit…

Merci beaucoup ...
Olivier

Maité a dit…

y-a-t'il réellement des logements sociaux aux mulini stucky, quand j'y suis allée le mois dernier, il me semble que ce n'était que l'hôtel ? on avait même parlé d'une partie de l'université ?

Lorenzo a dit…

Une partie de l'ancienne propriété et des locaux environnants ont effectivement été aménagée en logements de type social et résidences étudiantes, mais effectivement le bâtiment principal abrite l'hôtel Hilton.

IL GATTO DEL RABBINO a dit…

Et qu'en est-il de ce projet de la municipalité vénitienne de transformer la moitié de l'arsenal qui lui appartient en Silicon Valley ?
Et comment peut-on gagner sa vie à Venise en ne vendant que des livres en français...

IL GATTO DEL RABBINO a dit…

Un truc un peut hors-sujet : la lutte anticamelote de contrefaçon s'intensifie dès demain, lundi 16 juin 2008. Des précisions là http://lubiesland.blogspot.com/2008/06/fuori.html

 
Lorenzo a dit…

A défaut de la gagner au moins avec les livres et à Venise, on le perd pas !

géraud a dit…

http://www.comune.venezia.it/flex/cm/pages/ServeBLOB.php/L/IT/IDPagina/5824
...les étrangers à Venise. La France à 257 résidents au 31/12/2007. Les résidents étrangers plus nombreux sur la commune de Venise sont les ressortisissants du bengladesh, de Roumanie, des nouvelles républiques yougoslaves, de Chine, d'Afrique...

géraud a dit…

Ce qui est intéressant est de lire que 20000 résidents n'ont pas la nationalité italienne sur le territoire de la commune non de la ville de Venise ! (environ 270000 habitants).

Lorenzo a dit…

S'il y a 257 résidents français permanents on peut compter en tout près de 1.500 français, ceux qui vont et viennent, ceux qui suivent des études sans être inscrits ni à la questure ni au consulat... Sans compter ce clochard dont j'ai oublié le nom qui est bien de nationalité française - à moins qu'il soit belge - et qui arpente la piazza, fait peur aux touristes japonaises mais n'est pas méchant bien que très souvent aviné..

géraud a dit…

Je pense aussi dans ses proportions le nombre de français non inscrits ayant un appartement/palais etc à Venise équivaut à celui des français résidents.
Et les français sont le premier groupe de touriste à Venise.

Gérard a dit…

Al Gore se trompe . Aucun bon sens paysan de sa part . Venise ne risque rien . J'suis plutôt optimiste . Et puis , il y a quelque chose de tout juste perceptible , quelque chose de vraiment miraculeux qui rôde dans cette cité . Comme si il fallait qu'elle soit épargnée . Elle s'en sortira toujours .

19 janvier 2008

Nature anti-nature

On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Malinconia. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. 

Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entr'aperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire. Bien au contraire. 
C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et pourtant totalement artificiel puisque gagné sur la nature. Les pierres et les piliers de bois sont de la nature mais leur utilisation et l’usage qui s’en suit est par essence anti-nature. Ce qui ne veut pas dire contre-nature… Bref au milieu de cet ensemble nature-antinature qu’est Venise, j’ai trouvé ma vraie nature. L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscité me permet – comme à des millions d’autres adeptes (on se croit toujours seul et unique amoureux, seul et unique connaisseur et de facto consommateur de Venise) de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir : sur les écrans de télévision, sur la toile, aux vitrines des librairies, dans les musées, les conversations. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi…

4 commentaires:

condorcet a dit…
Très belle évocation de ce lien si particulier qui unit Venise à ses admirateurs. Un amour partagé car, contrairement aux lignes vengeresses sur les foresti et autres vandales, Venise se dévoile avec plaisir aux promeneurs tardifs, à l'âme errante, à la recherche sereine. Comme le fil de l'existence, Venise se déguste à toutes les allures.
anita a dit…
Oui " on se croit toujours seul ...unique connaisseur ..." dégustateur de cette ambiance qui ( m')ensorcèle dès l'esplanade de la gare ... admirateur de tout Elle , ses ruelles casanoviennes , celles qui doivent se mériter ! ses verdures qui jouent les coquettes : se laissant admirer , un peu, beaucoup , passionnément ... C'est cela être amoureux ! Je remercie le Ciel de me permettre de La découvrir à chaque fois un peu mieux ... C'est cela être amoureux et remercier le Ciel de L'avoir connue

venise86 a dit…
Tout est dit ci-dessus et complète mon commentaire précédent.. Quand je suis à Venise, par bonheur, je ne construis rien de mes journées, ou presque. Je prends, je bois, Venise comme elle se donne... Et ce n'est qu'au retour que je rationalise.. J'aimerai tellement que Venise me devienne aussi familiere que mon coin de campagne, ou mon quartier quand je suis en ville... J'aurai tellement l'impression de l'offenser en voulant la rencontrer au travers des guides...
venise86 a dit…
Être amoureux, c'est retrouver, ou croire retrouver, partout, des signes de l'aimé... Il en est ainsi de Venise en effet... Mon entourage parle de mono mania... et ne comprend pas... Mais ne fait pas pour autant le voyage, paralysé qu'il est par les clichés...

05 janvier 2008

La beauté de Venise se partage et se multiplie, chacun en a sa part et tous l'ont en entie

Qu'on me pardonne de paraphraser le grand Hugo. Si tout visiteur peut être saisi immédiatement ou après une certaine imprégnation par la beauté de Venise, celle-ci n'est pas ressentie de la même manière par tous. «Où il y a de la beauté, il y a de la joie», dit Goethe. «Où il y a de la beauté, il y a de la liberté», dit Shelley. «Où il y a de la beauté, il y a de l'émotion», dit Chateaubriand. «Où il y a de la beauté, il y a de la passion», dit Stendhal. «Où il y a de la beauté, il y a de la tristesse», dit Byron... Chacun s'exprimera donc sur la beauté des choses, selon qu'il sera porté à la joie, à la liberté, à l'émotion, à la passion, à la tristesse, et nous pouvons avoir des chefs-d’œuvre en tous ces genres. C'est que chacun voit tout à sa manière. Chacun s'exprime à sa façon d'après ce qu'il ressent. Le champ demeure donc largement ouvert à tous ceux qui veulent voir, sentir et écrire. Ainsi Venise inspirera toujours les penseurs et les rêveurs, les peintres, les écrivains. Mais contrairement à Florence qui nous ramène sans cesse à la réflexion, au raisonnement, Venise nous pousse à la rêverie, à l'imagination car comme le soulignait Taine, «Si on rêve à Venise, c'est avec des sensations, non avec des idées».

1 commentaire:

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16 décembre 2005

Olga Rudge, une grande dame rencontrée à Venise ...

«Nous allons déjeuner chez Montin où nous avons le plaisir de rencontrer, très âgée mais armoniosa toujours la femme d'Ezra Pound, Olga Rudge. Une présence est là, la beauté chez cette presque centenaire qui sourit de toute sa jeune intelligence et séduit encore au-delà du compagnon merveilleux qu'elle n'escorte plus.»
 Yves Peyré,  
Venise réfléchie
éditions du limon, 1988. (p 14). 

De 1982 à 1985, tout jeune homme encore mal dégrossi, j'ai eu l'incroyable privilège de croiser à Venise de très grandes dames. Je les ai pour la plupart assidument fréquentées. Elles m'ont reçu, m'ont présenté, souvent m'ont aidé et toujours m'ont fait l'honneur de leur amitié et souvent de leurs conseils avisés : la comtesse Marcello, la Princesse Clari, Madame Couvreux-Rouché, Olga Rudge, la duchesse Decazes, Dachine Rainer, Regina Resnik, Liselotte Höhs...
 
Olga Rudge avait plus de quatre-vingt-dix ans, en 1986, quand j'ai eu le privilège de la rencontrer, chez l'avocat Feliciano Benvenuti, alors directeur de la fondation d'Art Moderne de la Fiat qui occupait le palazzo Grassi Grassi. Notre hôte recevait à l'occasion de la fameuse exposition sur le Futurisme mise en place par Pontus Hulten. C'est sa grande amie Dachine Rainer qui me présenta.
 
Dachine, écrivain américain réfugiée en Écosse depuis la chasse aux sorcières qui mit cette libertaire en prison, m'ayant pris en sympathie tout au long de son séjour vénitien, me demandait souvent de l'accompagner. Je plus à la veuve d'Ezra Pound, qui m'invita ensuite trois ou quatre fois chez elle. 
 
Je me souviens notamment d'une fois où je me rendis dans la maison du poète en compagnie de Dachine Ancienne collaboratrice et correspondante du poète, amie proche d'Olga et de sa fille, elle était littéralement habitée par l’œuvre de Pound qu'elle considérait comme l'un des plus grands poètes contemporains.
Je revois Olga Rudge, grande, altière et souriante, marchant dans les rues de Venise en devisant. « jeune homme» me disait-elle, «"marchons encore cela m'aide à penser, la vieillesse me rend molle...» Elle fut l'une des initiatrices du goût moderne pour la musique baroque. elle redécouvrit beaucoup de partitions originales et organisa de nombreux festivals. Nous sommes allés plusieurs fois, Olga Rudge, Dachine Rainer et moi, au Conservatoire Benedetto Marcello. Les élèves des classes supérieures et souvent les professeurs donnaient chaque samedi un petit concert.  Je dois encore avoir quelque part ma carte d'abonné. Après le concert et quelques chiachieratte avec les participants, nous allions nous installer suer le campo, à la terrasse de Paolin. 
 
Dans sa maison de la calle Querini, tout était plein encore de la présence du Maître. Venise dans les années 80 était intellectuellement très à gauche. Pound apparaissait comme un terrible réactionnaire. Faire la louange de son œuvre vous faisait aussitôt qualifier?  au mieux de conservateur bourgeois, au pire de fasciste dangereux. Des milliers de sales réactionnaires comme moi venaient du monde entier pour rencontrer le Temple et sa prêtresse. 
 
Leur maison-musée  a été à plusieurs reprises pillée, pendant la guerre sous prétexte qu'ils étaient étrangers, puis après la guerre parce qu'ils avaient eu des idées anti-communistes...Période sombre déjà pour la culture et la pensée; Mieux vaut en rire aujourd'hui. Bien que l'ère berlusconienne commence de nous montrer ce qui nous attend dans l'Europe de demain et particulièrement en France, si nous ne réagissons pas, d'aucuns continueront de considérer Ezra Pound et Olga Rudge comme de sales fascistes... Ce furent des esthètes, des intellectuels et des amoureux du grand et du beau. Rien de superficiel en tout cas. 

"L’arbre a pénétré dans mes mains, / la sève est montée le long de mes bras / l’arbre dans ma poitrine est devenu grand, / vers le bas, / les branches sont sorties de moi comme des bras / tu es arbre, / tu es mousse, / tu es violette que caresse le vent... / les arbres meurent et le rêve reste."
Ezra Pound - Cantos.