19 janvier 2008

Nature anti-nature

On ne rencontre jamais mieux Venise que seul et sans but. Malinconia. Cet état atroce et merveilleux, le solitaire s’y accroche car il y trouve un délicieux bonheur, une richesse unique. Triste et joyeux presque simultanément, le malade de Venise s’enrichit d’heures en heures de sensations spécifiques. 

Un peu à l’image du novice qui peu à peu se dénoue et entr'aperçoit sa véritable essence après plusieurs mois, voire plusieurs années dans sa cellule solitaire. Bien au contraire. 
C’est la joie de cette lumière, le bonheur de cette atmosphère unique, cet esprit unique : être et évoluer dans un milieu terriblement humain et pourtant totalement artificiel puisque gagné sur la nature. Les pierres et les piliers de bois sont de la nature mais leur utilisation et l’usage qui s’en suit est par essence anti-nature. Ce qui ne veut pas dire contre-nature… Bref au milieu de cet ensemble nature-antinature qu’est Venise, j’ai trouvé ma vraie nature. L’universalité née de sa beauté et des mythes qu’elle a ainsi suscité me permet – comme à des millions d’autres adeptes (on se croit toujours seul et unique amoureux, seul et unique connaisseur et de facto consommateur de Venise) de la retrouver partout presque instantanément et même sans le vouloir : sur les écrans de télévision, sur la toile, aux vitrines des librairies, dans les musées, les conversations. Un reflet, un son particulier, une odeur et n’importe où me voilà transporté à Venise et dans mes souvenirs aussi…

4 commentaires:

condorcet a dit…
Très belle évocation de ce lien si particulier qui unit Venise à ses admirateurs. Un amour partagé car, contrairement aux lignes vengeresses sur les foresti et autres vandales, Venise se dévoile avec plaisir aux promeneurs tardifs, à l'âme errante, à la recherche sereine. Comme le fil de l'existence, Venise se déguste à toutes les allures.
anita a dit…
Oui " on se croit toujours seul ...unique connaisseur ..." dégustateur de cette ambiance qui ( m')ensorcèle dès l'esplanade de la gare ... admirateur de tout Elle , ses ruelles casanoviennes , celles qui doivent se mériter ! ses verdures qui jouent les coquettes : se laissant admirer , un peu, beaucoup , passionnément ... C'est cela être amoureux ! Je remercie le Ciel de me permettre de La découvrir à chaque fois un peu mieux ... C'est cela être amoureux et remercier le Ciel de L'avoir connue

venise86 a dit…
Tout est dit ci-dessus et complète mon commentaire précédent.. Quand je suis à Venise, par bonheur, je ne construis rien de mes journées, ou presque. Je prends, je bois, Venise comme elle se donne... Et ce n'est qu'au retour que je rationalise.. J'aimerai tellement que Venise me devienne aussi familiere que mon coin de campagne, ou mon quartier quand je suis en ville... J'aurai tellement l'impression de l'offenser en voulant la rencontrer au travers des guides...
venise86 a dit…
Être amoureux, c'est retrouver, ou croire retrouver, partout, des signes de l'aimé... Il en est ainsi de Venise en effet... Mon entourage parle de mono mania... et ne comprend pas... Mais ne fait pas pour autant le voyage, paralysé qu'il est par les clichés...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires :