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18 juin 2012

"I Writers"... de drôles d'écrivains à Venise

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Venise, trésor historique et fragile, n'est pas épargnée par les tags et les graffitis qui fleurissent depuis des années aux quatre coins du monde. Un groupe de vénitiens vient de réaliser la cartographie de ces actes gratuits de vandalisme. Tramezzinimag s'est souvent fait l'écho de cette vérole qui peu à peu défigure la Sérénissime. Monuments célèbres, colonnes antiques de marbre, margelles de puits, murs de maisons dans les coins les plus retirés de la ville, sont continuellement souillées par des écrits tracés à l'encre indélébile à l'aide de ces peintures en spray que l'on retrouve souvent par terre, vides et abandonnés par les auteurs de ces souillures. Pont du Rialto, Piazza San Marco, Santa Maria dei Miracoli, Lions de l'Arsenal, et des tas d'autres lieux symboliques de la cité des doges, pas un monument qui soit épargné.
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D'après les enquêtes effectuées par la police locale, il semblerait que ces actes de vandalisme caractérisé soient le fait de bandes venant de l'extérieur de la ville. Il s'agirait d'une sorte de défi qui pousserait ceux qu'on nomme désormais - avec un sens de la dérision qui n'appartient qu'aux vénitiens - i Writers  à se rendre à Venise pour laisser un signe dans les endroits les plus visibles possibles. A ce jour, l'administration municipale n'a pas réussi à juguler ce phénomène. Le manque de surveillance nocturne laisse toute latitude à ces voyous pour agir sans risquer de se faire prendre. Il y a encore vingt ans, les vigiles chargés de surveiller les commerces arpentaient chaque nuit la ville. Nombreux, ils n'auraient jamais permis que cette lèpre se développe. Personnellement, je ne crois pas qu'il ne s'agisse que de gens venant de la terraferma ou de l'étranger car pour circuler vite et sans être vu à Venise, même avec peu de patrouilles nocturnes, il faut parfaitement connaître le réseau de calle et de campi...
Heureusement, les vénitiens qui n'en peuvent plus, sont décidés à ne pas rester sans rien faire. Le mouvement Venessia.com auquel TraMeZziniMag est fier d'appartenir a déjà médiatisé sa réaction, non pas en couvrant de la même peinture qu'ils utilisent (je prônerai davantage le goudron et les plumes ce serait encore mieux !), mais en organisant une séance très médiatisée de restauration : de nuit, armés de brosses et de peinture blanche, ils ont nettoyé un des lieux symboliques souillés par ces imbéciles de writers, un mur du Fontego dei Tedeschi, au pied du Rialto. Il y a eu ensuite la création sur Facebook du groupe I Nostri Masegni Puliti e Splendenti (dalles nettoyés et resplendissantes), à l'initiative de Cecilia Tonon qui a réalisé un inventaire photographique très complet des graffitis dans le centre historique. Le groupe s'emploie depuis sa naissance à alerter l'opinion en attirant les médias nationaux et internationaux, afin de pousser l'administration à se positionner.

A ce jour, Allessandro Maggioni, l'adjoint chargé des Travaux Publics est le seul a avoir réagi. Dans une conférence de presse, l'assesseur a promis l'installation de caméra de vidéo-surveillance autour du pont du Rialto. On a aussi évoqué la possibilité de faire appel au mécénat pour financer le nettoyage des graffitis qui pullulent sur le pont. L'administration s'est engagée à nettoyer pendant les douze prochains mois les souillures qui ornent les parois des immeubles et des monuments de quatre itinéraires particulièrement touchés ( de la Piazzale Roma au Rialto en passant par l'Accademia, de San Polo au Rialto, du Rialto à la Piazza San Marco, de la Stazion eau Rialto en passant par la Strada Nova). Le coût de l'opération est estimé à un peu plus de 200.000 euros. Il faudra ajouter à cette somme le coût du nettoyage du pont du Rialto (12.000 euros à ce jour), 22.000 euros pour nettoyer l'Area Marciana, à San Marco et 6.000 pour le nettoyage de six lieux emblématiques choisis par le groupe Facebook.

L'invasion de ces writers iconoclastes ne représente certes pas une énorme dépense pour la ville mais ces sommes auraient pu être bien mieux employées. Tout le monde s'y met. Même l’Association des Guides Touristiques de Venise qui a récolté des fonds pour le nettoyage des deux colonnes de la Piazzetta.
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A la demande de plusieurs lecteurs de Tramezzinimag, nous venons de prendre contact avec la municipalité afin d'envisager le lancement d'une campagne de dons pour participer au nettoyage de ces souillures. Nous vous tiendrons au courant dès que quelque chose nous sera proposé.
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Remerciements à Gioia Tiozzio.









13 juin 2012

C'est officiel : le Traghetto à 2 euros en janvier prochain !

Le traghetto est le plus ancien moyen de franchissement du Grand Canal. Du temps où seul le pont du Rialto relayait les deux rives, l'usage de la gondolina da parada permettait de traverser l'artère principale de la Cité des Doges. Aujourd'hui encore chaque jour les passeurs effectuent des centaines de voyages chaque jour. Il suffisait autrefois d'un simple appel depuis l'autre rive, et une barque venait vous chercher. Le cri de "Pope" retentissait et l'embarcation glissait sur les eaux pour vous faire franchir les eaux qu'encombraient déjà de nombreux navires de toutes les tailles, galères et gondoles, barges amenant fruits et légumes, ballots de tissus précieux, épices d'orient et barriques, sacs de farine et bois de chauffage. Le trafic n'est plus tout à fait le même, mais le service existe toujours et c'est un élément fondamental non seulement du paysage urbain, mais du fonctionnement de la cité. Aujourd'hui, cet usage millénaire s'apprête à être révolutionné par les impératifs économiques ou plutôt par la dictature du profit véhiculée par cette idéologie ultra-libérale qui gangrène nos sociétés et oblige les administrations à rogner sur ses missions fondamentales.
En effet, il a été décidé en haut lieu de doter prochainement les pontons de ces traghetti des mêmes bornes Imob qui permettent le contrôle des titres de transport aux arrêts de vaporetti et d'autobus. On pourrait sourire de ce carambolage entre un transport en commun venu de la nuit des temps et la technique sophistiquée inventée par l'homme moderne. Hélas l'affaire est grave et elle a deux facettes qui sont loin de réjouir les vénitiens et qui ne devraient pas non plus plaire aux touristes. Aujourd'hui, pour traverser le Canalazzo et faire cette brève mais superbe traversée d'un boulevard unique au monde, il faut débourser 50 centimes (ce fut longtemps 200 lire ou un jeton de téléphone - ce qui avait la même valeur). Ugo Bergamo, Adjoint chargé de la Mobilité et du Trafic lagunaire, l'a annoncé dans une conférence de presse : l'administration a décidé qu'il faudra désormais 70 centimes. 40% d'augmentation ! Pour les touristes et tous ceux qui ne disposent pas d'une carte Imob, ce sera... 2 euros ! Cette augmentation qui interviendra à partir du 1er janvier 2013, ne vient pas d'une demande des gondoliers, mais leur Consorzio qui gère ce service dit da parada va devoir assumer seul la charge de ce service, suite au désengagement de la municipalité qui ne versera bientôt plus les 600.000 euros annuels qui servaient au fonctionnement de ce service, ouvrant la route à une sorte de privatisation, puisque se constitue une société de gestion des traghetti heureusement entre les mains des seuls gondoliers.

L'ultra-libéralisme n'a honte de rien ! Depuis des mois, en réponse à la rumeur, les pouvoirs publics - et les gondoliers eux-mêmes - clamaient haut et fort que le tarif pour les vénitiens ne serait pas augmenté d'un centime ! Seuls les touristes seraient ponctionnés... Il a été annoncé aussi que les recettes des emplacements publicitaires sur les pontons seraient partagées entre les caisses de la ville et celles de  l'organisation qui veille à l'entretien et à la conservation des gondoles.
Autre volet de l'affaire qui attire les foudres des vénitiens : il faudra faire valider sa carte avant que de monter sur l'embarcation. Sans carte ce sera le prix fort. On peut comprendre la démarche dans une logique de rationalisation des transports urbains dans un univers aussi particulier que le centro storico mais ces bornes de validation sont un peu ce que la diabolique carte Monéo est à nos porte-monnaies : un outils de pistage, de contrôle de nos mouvements. Car les données enregistrées sont conservées par le services. On sait ainsi quels sont les horaires et les habitudes de déplacement des titulaires de la carte. Sous prétexte de statistiques utiles au maintien et à l'amélioration de la qualité des services proposés, on sert Big Brother sans que personne ne s'en rende vraiment compte. Les vénitiens l'ont bien compris qui se révoltent contre ce flicage qui correspond bien à la dureté et à la rigueur d'esprit de l'actuel président du Conseil, l'économiste Monti et de cette Europe technocrate qui semble n'avoir toujours rien compris et s'entête sur les chemins de la croissance à outrance pour créer l'illusion de richesses et nous enferme dans un matérialisme suicidaire. Des plaintes ont été déposées par des associations de vénitiens. On attend la suite.

La rogne qui est relayée par les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en tête depuis la conférence de presse semble ne pas devoir servir à grand chose. Hors la Tesserà Imob, point de salut pour votre portefeuille, et les amis vénitiens résidents que j'ai interrogé sont assez désabusés. Pareille à la trombe d'eau qui s'est abattue l'autre jour comme une tornade de Floride sur le Nord Est de Venise, la nouvelle vient s'ajouter à tous les motifs de désenchantement qui gagnent les habitants de la Sérénissime. Les vénitiens sont bouche bée à l'idée de devoir montrer leur carte IMOB pour pouvoir monter sur le traghetto s'ils ne veulent pas être contraints de payer 2 euros comme les touristes ! Comme l'écrit Alberto Toso Fei sur sa page Facebook : " Finalement, on a compris à quoi sert la carte IMOB... à monter sur le traghetto !" Décidément, nous vivons une époque moderne comme disait Philippe Meyer chaque matin sur les ondes de France Inter !

05 juin 2012

Bel objet vénitien en vente cette semaine à Drouot

En couverture cette semaine sur la Gazette de l'Hôtel Drouot un objet rare dont on sait peu de choses. Comme l'énonce la notice, il s'agit d'une "Imposante gourde de pèlerin ou flacon d’apparat, cet objet en verre, monté de cuivre ajouré, présente un délicat décor de pampres feuillagés, agrémentés sur la panse de grappes de raisins. Mais ce qui attire le regard, c'est le médaillon champlevé, émaillé bleu azur et turquoise, figurant le lion de saint Marc." 

Le soin porté à la ciselure du décor de la monture de cette "fiasca da pellegrino" (gourde de pèlerin) est assurément l’œuvre d’un orfèvre de talent. Certains spécialistes évoquent même le Florentin Antonio di Salvi (1450-1527), dont les décors gravés très similaires de pièces liturgiques sont conservés au Bargello à Florence. Cependant la figure du lion de saint Marc, tenant le livre entre ses pattes, importe plus. Dans cette posture hiératique, le félin incarne la majesté de l’État. Il est finement gravé, la crinière et des ailes laissées en réserve, l’auréole et les fonds étant émaillés de deux bleus différents. Ont-ils été appliqués au moment de la fabrication de l’objet ou plus tard, pour masquer par exemple des armoiries nobiliaires ou faire de cette fiasque un cadeau diplomatique de la cité des Doges ? il faudrait de longues heures d'études dans les salles des Archivi delle Stato derrière les Frari ou à la Marciana pour en apprendre peut-être davantage sur ce bel objet qui va partir dans une collection privée puisque à ce jour aucun musée italien ou français ne semble vouloir s'y intéresser.

J'ai souvent tendance à penser, quand de tels objets du passé resurgissent des collections privées où ils étaient conservés, que nous devrions organiser des souscriptions publiques pour acquérir ces objets et en faire ensuite don aux musées vénitiens. Encore faudrait-il être informé assez tôt pour pouvoir lancer la souscription. Même en période de crise, tout ce qui concerne le patrimoine du passé mérite d'être protégé et conservé comme bien de l'humanité toute entière et non pas disparaître dans des collections privées où ils sont souvent considérés seulement pour leur valeur marchande...
Venise, fin XVe-premier tiers du XVIe siècle. Gourde de pèlerin en verre soufflé dans une monture en cuivre gravé, ciselé, repercé, découpé, doré, champlevé et émaillé, fiasque en verre de Murano de couleur bleu cobalt, h. 47,1 cm. Estimation : 60 000/80 000 €.
Exceptionnelle pièce que cette gourde en verre, enchâssée dans une monture en cuivre gravé, ciselé, repercé, découpé, doré, champlevé et émaillé reposant sur un piédouche. La fiasque est en verre de Murano de couleur bleu cobalt avec un très long col et une panse circulaire aplatie. La monture qui recouvre entièrement la fiasque dépasse du col de la bouteille d'environ deux centimètres. En la démontant, les experts ont pu en restituer l'agencement : Elle se compose de deux coques, constituées chacune de deux parties métalliques soudées entre elles ; sans décor sur les pourtours, cette armature est repercée de motifs végétaux sur toute la hauteur des deux faces du col ; deux mufles de lion en fort relief sur l'épaulement sont retenus à l'intérieur de la monture par des écrous en étoile ; chacun de ces mufles conserve un maillon des chaînettes manquantes qui étaient reliées aux petits anneaux placés au milieu du col ; de chaque côté, un large motif de rinceaux, en forme de croix et fixé par deux vis ; ces deux éléments servent à consolider l'assemblage et masquent la séparation des deux coques, en faisant la jonction entre les mufles de lions et les deux disques repercés qui ornent les deux faces de la gourde. Ces deux disques au décor ajouré sont fixés aux parties métalliques de la coque par des rivets disposés sur leurs circonférences. Le centre de ces deux disques est orné d'un médaillon champlevé, émaillé bleu azur et turquoise représentant le lion de saint Marc en buste, les ailes relevées et tenant le Livre fermé entre ses pattes. Le piédouche, reprenant les motifs ajourés, est fixé à l'armature également à l'aide de rivets. 
En dépit de quelques légers manques et déformations, l'absence de chaînettes et du bouchon, l'objet est dans un état de fraîcheur incroyable. On peut penser que le médaillon en émail a pu être placé à une époque postérieure. Lors du démontage, on  observe des consolidations anciennes à l'étain, notamment à l'emplacement des soudures et des fixations des éléments décoratifs. Des petites pattes métalliques ont été rajoutées afin d'améliorer la solidarité entre toutes les différentes pièces de la monture. Le col a ainsi été doublé intérieurement à son extrémité afin de le rigidifier. Par un souci de protection du papier et du coton ont été glissés sous le fond de la fiasque entre le verre et la monture. La bouteille, en verre soufflé dans un moule, présente de nombreuses bulles et deux petits défauts de fusion. Des dépôts et des salissures sont visibles. On peut ainsi penser que l'objet fabriqué à Venise pendant cette période bouillonnante pour les arts que fut le début de la Renaissance, a ensuite été remanié - suite à un dommage ou pour être mis au goût du jour - ce qui le rend très vivant, laissant à notre imagination tout loisir pour lui inventer une histoire...

29 mai 2012

La terre tremble aussi à Venise

 
Il était à peine 9 heures ce matin quand la terre s'est mise à trembler à Venise et dans les environs. Plus de peur que de mal sauf pour une des deux statues du grand portail d'entrée aux Jardins Papadopoli à Santa Croce, en face de la Piazzale Roma, par où les touristes passent pour rejoindre le Rialto et San Marco. La statue, dont les soutiens métalliques posés au XIXe siècle semblent avoir été complètement érodés par le sel et la rouille est le seul incident majeur survenu dans le centre historique. 
 
Par précaution, le ponte del Prefetto, très emprunté,qui relie la Piazzale Roma aux Jardins, a été fermé. La circulation pédestre est ainsi déviée jusqu'à nouvel ordre vers le ponte Zuccato un peu plus à droite qui débouche sur la Fondamenta del Magazen et rejoint la Fondamenta Condulmer, en face de l'église des Tolentini. Des écoles et des maisons de retraite, lieux "sensibles" ont été évacués, mais tout est rapidement rentré dans l'ordre. A la Fenice, pourtant dotée d'un système anti-sismique, la représentation de La Bohème a été annulée. Toujours le principe de précaution. Du coup, le Wifi de la ville disponible partout dans le centre historique mais réservé aux abonnés, a été ouvert librement à tous afin de permettre aux gens de rentrer en contact avec leurs familles et de se tenir au courant des évènements.
 
L'épicentre, toujours en Émilie-Romagne, a produit une secousse de 5,8 sur l'échelle de Richter faisant encore une fois de nombreux dégâts et des victimes. Le maire Orsoni a rendu hommage à tous ceux qui ont disparu. Les dégâts matériels sont assez importants parmi les monuments, touchant durement le magnifique patrimoine de cette région.
 
A Venise, c'est surtout dans les étages supérieurs que la secousse a été vraiment sensible. Quelques touristes affolés (mais ils sont moins nombreux le matin tôt qu'en plein jour, et le tenancier du kiosque à verroterie situé à l'entrée des jardins qui a eu la peur de sa vie. Plus de peur que de mal donc mais une alerte supplémentaire pour les autorités. Les pompiers et les services municipaux auscultent d'ailleurs depuis hier campaniles et façades des palais les plus susceptibles d'avoir souffert, même si cela ne se voit pas, certains ponts ont aussi été sondés comme aussi les cheminées des usines de Marghera. Des sondes ont aussi été placées dans certains points de la lagune pour vérifier qu'il n'y a pas eu de modification du sous-sol qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour l'écosystème.

Un évènement somme toute très mineur par rapport à ce que cette énième catastrophe en Émilie, mais qui conforte les opposants au projet de métro souterrain qui devrait relier la terraferma avec le centre historique... On peut rêver que les fous furieux qui défendent ce projet puissent être engloutis par un tremblement de terre et leur projet enfoui avec eux (et les milliards de bénéfices qu'ils supputent avec !). mais on va encore m'accuser de mauvais esprit !





16 avril 2012

Quand Venise se réveille !

Venise bouge. Venise prend en main son destin. Elle sait que ses dirigeants désabusés ou achetés préfèrent se claquemurer dans le confort de leur position plutôt que de retrousser leurs manches et chercher avec toute la communauté lagunaire les solutions pour sauvegarder la Sérénissime, pour permettre à ses populations de continuer à vivre dans leur ville, pour éviter d'inévitables catastrophes et de massacre écologique qui jour après jour risque d'avoir raison de la Venise dont le sol est foulé chaque année par 1.500.000 touristes. Aux militants depuis longtemps engagés dans un combat difficile contre Rome, contre la Région, contre les pollueurs, les spéculateurs, les profiteurs, s'ajoute désormais l'homme de la rue et les vénitiens de cœur qui à travers le monde veulent défendre cette ville-civilisation dont ils ont compris la valeur et la rareté. Car c'est bien de civilisation dont il s'agit et la révolte qui est dans l'air de la lagune ces temps-ci n'est qu'un commencement. L'aube du réveil.

Tramezzinimag devait publier un long billet explicatif sur l'opposition de la population vénitienne aux Grandi Navi, mais n'étant pas sur place en ce moment, j'ai trouvé plus judicieux et plus utile pour cette lutte dont je suis totalement solidaire, de diffuser l'excellent article-réquisitoire de Olga et Claude Barrère sur leur excellent site olia i klod sur wordpress.com. 

Il suffit de cliquer ICI.

Puisque la commune ne bouge pas, les habitants se mobilisent



En cette période de tension électorale en France et quand on voit un peu partout dans le monde se lever des bonnes volontés en réaction à l'inanité des pouvoirs publics, leur démission, leurs manques de moyens, leur incapacité à agir efficacement autrement que dans la répression et la langue de bois, certains évènements donnent du baume au cœur et rassurent. Il existe donc bien une conscience politique des peuples, expression d'un nécessaire retour au vrai sens du mot, le service de la polis, de la cité, la victoire de l'intérêt général sur l'intérêt de quelques uns, la victoire de la communauté sur l'infect communautarisme (je pense au refus récent franc et massif des courageux citoyens helvétiques d'accepter l'implantation de minarets dans leur pays). ..Les citoyens sauveront la démocratie, et c'est eux qui par leur geste quotidien, font marcher la société quand les politiques de tous bords, les technocrates qui leur obéissent et les médias qu'ils fascinent, se perdent en discours inutiles,souvent mensongers et plats, toujours éloignés des vraies préoccupations des citoyens... Mais on va encore me traiter de réactionnaire !

L'exemple est donné par ces habitants du quartier de Dorsoduro fatigués d'attendre en vain une action de la municipalité pour nettoyer la corte dei Fontego derrière le campo Santa Margherita devenue depuis quelques carnavals les latrines de la place. De plus en plus souillée par le vomis et l'urine les lieux empestent. Une dizaine de riverains, après avoir écrit à plusieurs reprises à la mairie, avaient donc décidé d'agir eux-mêmes sans plus attendre. Ils ont retroussé samedi leurs manches, sorti seaux et balais, eau de javel et lessive et, à grands coups de lave-ponts, ils ont nettoyé les dalles de la cour.

Belle initiative quand on sait que partout en occident ou presque, l'idée même de nettoyer devant sa porte n'effleure plus personne... Lors des chutes de neige de cet hiver, je me souviens des commentaires rigolards de mes voisins quand j'ai pris la peine de nettoyer le trottoir devant la porte de mon immeuble à l'eau chaude puis de jeter un mélange de sable et de sel pour éviter que le sol devienne glissant. "Il y a les employés de la ville pour le faire"... L'argument le plus employé est celui des impôts "après tout, on paye assez d'impôts locaux comme ça, c'est à eux de nettoyer pas à nous !" Pour se faire pardonner son silence et sa non-intervention, la municipalité de Venise pourrait peut-être rembourser une partie des impôts locaux versés par ceux de ses administrés qui s'emploient à nettoyer la ville...
En fait il n'existe pas à Venise un service mécanisé de nettoyage urbain qui puisse être utilisé partout. Si des points d'eau on été mis en place par endroit pour permettre un nettoyage du sol, il faudrait des machines adaptées à la ville et comme il n'y a plus d'argent... Les citoyens ont donc décidé de s'en occuper eux-mêmes ! D'autres ailleurs ont entrepris de nettoyer les murs souillés par ces tags ignobles qui transforment certaines rues en décor de friches industrielles américaines. Comme la démocratie est affaire de tous, l'entretien et la protection de la cité concerne tous ses habitants. Les vénitiens viennent de montrer l'exemple à suivre. Se sentir solidaire de sa communauté de vie, cela n'a rien à voir avec le communautarisme sectaire et ferment de haine de certains barbus. Bien au contraire.

2 commentaires:


Veneziamia a dit…
Bonjour Lorenzo, Merci pour votre message de ce jour. Oh non, vous n'êtes pas un réactionnaire, bien au contraire, je dirais même que vous êtes en avance et vous avez amplement raison. Mais les consciences se réveillent et bravo aux vénitiens qui nettoient leurs rues sans rien attendre des dirigeants politiques. Les manifestations de ce week-end contre les monstres de croisières sont un exemple de plus que la lutte contre la cupidité a encore de beaux jours devant elle.
Votre message mérite de plus amples développements, donc à plus tard ! Bonne journée. Françoise
Anonyme a dit…
La conscience citoyenne n'est pas valable uniquement à Venise, c'est sur la base de respect du bien commun qu'il faut agir partout !! Nous sommes tous responsables.

Y'a du boulot !

Amicalement.

Isabelle

12 mars 2012

Un comportement stalinien avéré : la Chine impose ses vues sur le Tibet jusqu'à Venise !

Tout le monde sait que les chinois n'ont jamais fait dans la dentelle, même s'ils savent copier celle de Burano pour en inonder le marché local, mais l'évènement que Tramezzinimag tient à porter à votre connaissance que la scène s'est déroulée laisse pantois. D'autant que les protagonistes sont tous vénitiens et que cela se déroulait au Palazzo Franchetti devant des centaines de personnes médusées.
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Samedi dernier, le 10 mars a été une journée mouvementée pour l'honorable Zhang Jianting, maire-adjoint de la ville de Hangzhou. Savait-il, en se rendant aux manifestations organisées par la Municipalité de Venise que ce jour était aussi la Journée Internationale du Tibet, un jour important pour les tibétains et pour ceux qui les soutiennent. En effet, c'est le 10 mars 1959 qu'eut lieu à Lhassa un soulèvement populaire qui fut violemment réprimé par les occupants chinois. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes descendirent dans les rues de Lhassa pour réclamer l’indépendance du Tibet. 

Ce mouvement de protestation, porté par une population déjà exaspérée par huit années d'occupation faite de vexations et d'atroces exactions, se termina dans un bain de sang. Selon une estimation chinoise, près de 90.000 Tibétains furent massacrés. Il fallut un peu plus de trois jours à l’Armée Populaire de Libération pour venir à bout du soulèvement, mais elle ne réussit pas à étouffer le mouvement de résistance qui se répandait dans tout le Tibet. C'est à la suite de cet évènement que le Dalaï Lama quitta le pays.

Toujours est-il que la délégation chinoise venue visiter la ville de Marco Polo était là pour fêter le "Hangzhou Day" avec le faste dont les vénitiens savent entourer les opérations commerciales qui doivent se transformer en opérations juteuses pour les organisations locales. Le partenariat mis en place concerne en effet des échanges économiques mais aussi culturels. Jusque là pas grand chose à redire, si ce n'est la perspective d'un accroissement du nombre de visiteurs sur la piazza dans les mois et les années à venir. On n'est plus à Venise à une horde près... 

Ce 10 mars donc, sous un ciel printanier, Venise accueillait une série d'expositions et de performances dans l'ex-église San Vidal, ce joli petit espace dévolu à la culture depuis de nombreuses années, au pied du pont de l'Accademia. Le matin, il y eut la signature de l'accord de partenariat déjà initié lors de l'exposition de Shanghai où Venise avait un pavillon. Après une journée d'interventions, de spectacles, on inaugurait à 18heures l'exposition d'art contemporain baptisée "Modern Art Show of west Lake" constituée de créations de plasticiens chinois et vénitiens. Il y avait foule pour ce vernissage où un cocktail devait réunir le ban et l'arrière-ban, de la société vénitienne.
  
Et c'est là qu'intervient mon ami Manfred Manera. Journaliste connu et respecté à Venise, il est le fils de la célèbre artiste véneto-autrichienne, Liselotte Höhs. Accompagné de son épouse et d'un ami tibétain, Manfred se présenta à l'entrée du palais pour rappeler que ce jour était dévolu à la mémoire des massacres de 1959. D'abord courtoisement prié de ne pas manifester dans les jardins du palais, il a cependant voulu accéder à la réception. Le brouhaha qui s'ensuivit attira les journalistes présents : Manfred s'est fait rabrouer violemment par les factotums qui contrôlaient l'accès auxquels trois serveurs vinrent prêter main forte. Le motif ? Voulant montrer son soutien à la cause tibétaine à nos amis chinois, il avait endossé un drapeau tibétain en guise de châle... ..

Provocation de potache certes mais qui ne méritait pas une réaction aussi violente et tapageuse de chiens de garde. Dans son communiqué, le journaliste outré rappelle que non seulement il a été violemment refoulé d'une manifestation publique à laquelle il avait été convié, mais que le sachant décidé à se présenter devant les chinois avec le drapeau tibétain sur les épaules, l'étage où étaient réunis les autorités chinoises a été sciemment fermé, obligeant de nombreux invités à sortir par les portes de service et forçant ceux qui voulaient entrer à patienter sur le palier.

Ce type d'incident devient hélas banal, mais il montre que là où le profit est en jeu, il n'est plus question de tolérance ni de démocratie. La Chine populaire, vieille amie de Venise depuis Marco Polo, a beau s'être modernisée, elle reste une dictature, e
t l'une des dernières démocraties (populaires) qui collectionnèrent massacres et mensonges. Mais elle représente désormais trop d'intérêt aux yeux des pays occidentaux, ses partenaires du monde libéral, pour ne pas être disculpée par avance de toutes ses exactions. 


Ennemie de la liberté, ennemie du libre arbitre, ennemie de la presse libre, elle n'est que l'amie de la force, de l'argent et de l'intransigeance. Tramezzinimag soutient solennellement l'action des amis du Tibet libre et indépendant, comme nous soutenons ce Blitz tenté par Manfred Manera qui rappelait à juste titre, que S.S. le Dalaï Lama a été faite citoyen d'honneur de Venise il y a quelques années, en dépit des protestations du gouvernement chinois. Souvenez-vous : ils n'étaient pas contents du tout à Pékin et ils l'avaient fait savoir officiellement ! Pas plus alors que ne l'étaient les très libéraux membres de la Chambre de Commerce de la Sérénissime, peu regardants sur les questions des droits de l'homme au Tibet. Curieusement dès que beaucoup d'argent est en jeu...
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10 mars 2012

Jean Giraud, alias Moebius a rejoint la Venise céleste



..C'est un des plus grands dessinateurs contemporains qui vient de disparaître. Le créateur de "Venise céleste" a baissé la garde devant la terrible maladie qui l'a emporté. Il allait avoir 74 ans et dessinait depuis plus de 50 ans - Blueberry) est paru en 1961. Mondialement connu, il collabora avec le cinéma : Alien, le Cinquième élément, Abyss... mais aussi avec le brésilien Paulo Coelho dont il illustra le célèbre roman, l'Alchimiste

Je lui dois mon premier papier jaùmais publié sur un quotidien. Cette première parution dans le journal Sud-Ouest, où Pierre Veilletet, alors rédacteur en chef, me commanda en 1984 un article sur l'exposition que Venise présenta à l'occasion de la sortie de l'album Venise Céleste. Et ce fut le début d'une longue aventure (il y eut ensuit une interview d'Hugo Pratt, la couverture de la Mostra du Cinéma, ma rencontre, (dans l'ordre chronologique) avec Hervé Guibert, Ionesco, Jack et Monique Lang, Danièle Mitterrand, Marie Laforêt, Fabienne Babe, Guillaume Depardieu, Valeria Golino, Comencini, et tant d'autres dont beaucoup sont restés des amis...

09 mars 2012

PuntoVe, le nouveau magazine vénitien

Une revue moderne pour informer les vénitiens, ceux du centro storico comme ceux de la terraferma. Et accessoirement pour tous ceux qui s'intéressent à la vie culturelle, à la création contemporaine, à la musique.
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Un élément supplémentaire pour prouver au monde que Venise n'est pas un univers figé en décrépitude dont le seul avenir serait sa transformation en un super parc d'attractions, un musée à ciel ouvert. Tramezzinimag le dit et le redit, en dépit de tous les problèmes que nous ne manquons pas de dénoncer, la cité des doges est un haut lieu de créativité et d'innovations. La Venise digitale est née bien avant les autres cités d'Europe, avec l'implantation sur toute la lagune du web en accès libre. 

Il y a plusieurs années déjà, les services de télécommunications ont initié un projet interdisciplinaire ouvert à tous qui utilise les techniques les plus modernes. Plusieurs laboratoires accueillant des scientifiques du monde entier sous l'égide notamment de l'UNESCO, y sont installés qui travaillent à la découverte de nouvelles méthodes de protection des monuments et de l'environnement. L'université est à la pointe, la technologie la plus aboutie sollicitée dans le communication, les transports... L'école d'architecture voit venir à elle des postulants du monde entier... C'est peut-être cela l'avenir de Venise : devenir un super laboratoire de recherches et d'idées en même temps qu'un sanctuaire de l'art, de la pensée. Les deux se complètent pour former ce dont l'humanité a besoin : des hauts lieux de spiritualité et de réflexion. L'environnement est propice à la réflexion sur la lagune.
..Mais revenons à la jeune revue. téléchargeable dès maintenant en ligne (ICI), elle liste et détaille, en noir et blanc et dans un graphisme très à la mode, les évènements à venir sur tout le territoire de la Sérénissime. Comme un agenda. C'est beau, sobre, simple, efficace.

..Ils sont sur Facebook : http://www.facebook.com/puntove.it

24 février 2012

Arsenale della Danza : Portes ouvertes au Teatro Piccolo de l'Arsenal

La Biennale Danza présente samedi la deuxième restitution du travail des élèves qui assistent à la masterclass d'Ismael Ivo, le directeur du secteur danse de la Biennale. C'est désormais la tradition au Teatro Piccolo dell’ Arsenale, installé dans l'ancien cinéma de l'Arsenal : la Biennale invite des danseurs étoiles et des chorégraphes de renommée internationale qui viennent régulièrement dispenser leur savoir et leur passion à vingt quatre jeunes danseurs confirmés sélectionnés sur dossier. Les spectateurs sont ainsi invités au rythme de deux spectacles par mois, lors des Portes Ouvertes, à se rendre compte des progrès de ces jeunes danseurs.
Après Francesca Harper, c'est au tour du jeune et talentueux chorégraphe indien, Terence Lewis d'officier avec ses célèbres chorégraphies autour de la Bollywood Dance et des danses indiennes sacrées. Lecteurs de Tramezzinimag qui êtes à Venise, ne ratez pas ce spectacle. L'entrée est libre (il y a un peu plus de 300 places dans la salle) et c'est à 18 heures. Petit conseil, venez assez tôt, il y aura foule !

28 décembre 2011

Les Brèves

Bonne nouvelle pour nos amis belges : 
Vol quotidien low-cost Bruxelles-Venise 
La compagnie aérienne Air One a annoncé la prochaine ouverture (prévue le 4 mai prochain) d'une base à Venise, sa troisième en Italie après Milan et Pise. A la clé le lancement de onze nouvelles liaisons. La filiale low cost d’Alitalia va ainsi baser deux Airbus A320 sur l’aéroport de Venise -Marco Polo, et y lancera ses quatre premières routes. Bruxelles sera desservie quotidiennement avec un départ de Venise à 7h50 et un retour de Belgique à 10h25. ligne créée pour concurrencer la compagnie Brussels Airlines. Air One desservira aussi Barcelone chaque jour. Venise sera également reliée à Prague et à Tirana. Enfin, dès le 15 juin 2012, la low cost lancera d'autres lignes : Athènes, Bucarest, Istanbul, Sofia et Varsovie. Venise sera ensuite reliée à Mahon dans l’île de Minorque et Palma de Majorque, faisant de l'aéroport de Venise une véritable plate-forme européenne. Cela voudra dire encore plus de visiteurs sur la lagune, mais permettra aussi à l'aéroport Marco Polo de devenir une place de transit ce qui présente de nombreux avantages. A noter que la France n'est pas desservie par cette compagnie. . 

La saint Sylvestre 2012 
sous haute surveillance à Venise 
La mode est au sécuritaire même à Venise. Cette année, prévoyant que le traditionnel Love kiss de minuit au pîed du campanile de San Marco animé par la charmante Betty Senatore, attirera du monde, le Commandant Marini, chef de la police municipale a pris des mesures draconiennes. Les habitants sont prévenus que la circulation pédestre pourra être déviée si besoin et que certains axes seront à sens unique. En cas d'une affluence trop massive de véhicules, le stationnement sera interdit Piazzale Roma et les automobilistes déviés vers le Tronchetto. Cela ne devrait pas décourager les 100.000 personnes attendues sur la piazza où sont prévues cette année encore de nombreuses attractions : concerts, théâtre, bal avec le célèbre DJ vénitien Maci, et brindisi avec le Bellini dans sa fameuse bouteille rose et argent de la société Canella, en attendant le compte à rebours et le feu d'artifice sur le Bacino di san Marco. Bonne soirée à tous ceux qui se rendront sur la piazza le 31 décembre ! . 

Vous aimerez peut-être: Venise au quotidien Bucolique et tranquille, le printemps fait le reste. Qui Le vol d'Isard  

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2 COMMENTAIRES : Non archivés par Google

23 septembre 2011

Echauffourée entre les manifestants anti fascistes et la police à Venise


La manifestation organisée par les élus municipaux du groupe des Centri sociali (regroupant divers mouvements de gauche) pour dénoncer les dérives fascisantes, racistes et sinistres de la Ligue du Nord de Bosi, s'est transformée en une véritable rixe avec plusieurs blessés, dont le conseiller municipal Bepe Caccia, et des policiers. Les manifestants, après avoir bloqué les arrivées des trains à Santa Lucia, se sont heurtés aux force de l'ordre qui barraient les marches du pont des Scalzi, près de la gare, Très vite il y a eu des échanges de coups, des grenades lacrymogènes ont explosé au milieu du cortège formé de près de 500 personnes, essentiellement des jeunes, étudiants, militants écologistes ou contre le racisme. Tout avait pourtant commencé padaniens. Puis tout a basculé. 

Venise n'avait pas vu cela depuis de nombreuses années. La tension qui s'est mise soudain à régner, montre bien le degré d'exaspération de la population face à la montée de la xénophobie et du racisme de la ligue, devant la gabegie ultra-libérale de l'arrogant Berlusconi et de l'absence d'une alternative solide et d'homme d'état courageux et probes. Décidément, comment ne pas penser que nos sociétés arrivent à un point de non retour et qu'il va bien falloir avoir le courage de tourner la page, quant on voit que même dans la paisible Venise, le peuple gronde de plus en plus fort...
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ytaba36 a dit…
That is not a scene I expected to see enacted in Venice!

Lorenzo a dit…
it's unfortunately the same everywhere in the world.
douille a dit…
C'est au moins la preuve que tout n'est pas perdu pour Venise...

20 septembre 2011

Ciao, Eric e a presto !

Depuis le début du mois, Radio France a un nouvel envoyé permanent en Italie, Anaïs Feuga, à qui nous souhaitons la bienvenue. Venue de Metz, où elle était depuis adjointe au rédacteur en chef de la radio France Bleu Lorraine Nord, la nouvelle correspondante s'installe et nous n'avons pas encore eu de contact avec elle. Souhaitons-lui de se sentir aussi bien à Rome que le fut son prédécesseur, Eric Valmir qui intervient désormais le samedi matin sur France Inter dans une chronique sur la prochaine campagne électorale.
 
Qui est-elle ? La fiche de radio France nous apprend que la dame a 37 ans, qu'elle est diplômée de Sciences Po Strasbourg (promotion 95) et de l’école supérieure de journalisme de Lille, qu'elle a commence sa carrière à Europe 1 en 1996, qu'elle écrit (notamment dans la presse quotidienne régionale). elle a publié un ouvrage remarqué, Passion Charbon aux Editions Serpenoise, qui a obtenu le Prix de l’Académie Nationale de Metz et le Prix des Conseils généraux de Lorraine en 2002. En 1998, elle M6 Nancy en 1998 en qualité de rédactrice en chef adjointe. Après plusieurs collaborations dès 1999 à Radio France dans les régions (Lorraine, Belfort-Montbéliard, Breizh Izel, Bourgogne, Armorique et Périgord), elle est recrutée en 2000 à France Bleu Sud Lorraine, dont elle rejoint la rédaction l'année suivant. Depuis 2008, elle est adjointe au rédacteur en chef.

Difficile de trouver autre chose. Tramezzinimag n,'a pas encore eu la chance de s'entretenir avec la nouvelle correspondante à qui je souhaite, au nom de tous les lecteurs, français et italiens, une bonne installation et un bon travail à Rome. Elle succède à Eric Valmir, Fou d'Italie, qui a su montrer, durant les années de sa mission de correspondant, l'Italie telle qu'elle est, au-delà des clichés imposés par le régime de Berlusconi. Chacune de ses chroniques, complété par les billets de son blog, était un régal. Toujours enthousiaste, élégant jusque dans ses colères et ses répulsion, totalement professionnel dans sa pêche aux informations, il n' a jamais rien dit ni écrit qui ne corresponde à la véritable vérité de ce pays exsangue mais plein de volonté et de force qu'on ne regarde plus en France qu'à travers la focale floue et truquée des agences de notation et de la propagande berlusconienne.

Il est en Italie une médaille qui a une grande valeur morale et presque spirituelle, celle du Président de la république, qui fait de son récipiendaire une sorte de Juste dont les actions ou la pensée honorent l'Italie et son peuple. Eric Valmir mériterait cette médaille. En tout cas, Tramezzinimag lui décerne un tramezzini d'honneur à déguster en notre compagnie un de ces prochains jours sur le campo Santa Margherita. Prenons date !

Signalons le livre d'Eric, qui regroupe ses chroniques et des extraits de son blog. Tramezzinimag ne l'a pas encore lu mais nous en ferons prochainement un commentaire. En attendant, voici le lien vers les billets qu'il a écrit sur Venise : cliquer ICI.

1 commentaire:

Condorcet a dit…
Eric Valmir avait à cœur de comprendre l'Italie jusque dans ses fondements : je regretterai profondément sa culture et son sens de la mesure, son appétit de savoir et sa justesse de vue, ses analyses fines et son style enlevé.

04 septembre 2011

La Regata Storica 20114

Toujours beaucoup de succès pour la Régate Historique en dépit d'un temps assez mitigé. C'est la gondole celeste (bleu ciel) menée par Ivo Redolfi Tezzat et Gianpaolo D'Este qui a remporté hier la Regata Storica di Venezia, devant les frères Rudi et Igor Vignoti, sous un ciel peu clément, contrairement à la tradition (les vénitiens prétendent depuis longtemps qu'il ne pleut jamais au moment de la Régate historique !). Mais ce n'était qu'une fine pluie presque d'automne qui est tombée sur le cortège historique. Cette année l'embarcation officielle baptisée la "Dogaressa" ne portait pas le Doge et Caterina Cornaro, Reine de Chypre, mais le maire et le cardinal Angelo Scola, Patriarche de Venise, jusqu'à la "Machina", l'estrade flottante qui abrite traditionnellement les autorités depuis la nuit des temps. Le cortège a ensuite défilé devant les corps constitués, en commençant par la Disdotona avec des figurants en costume du moyen-âge qui ont levé leurs rames (le fameux alzaremi). Suivirent les embarcations historiques qui appartiennent à la municipalité, avec notamment la "Cinese" avec son grand dragon de bois doré. 
 
 
Puis le départ de la régate a été donné avec la Regata delle Maciarele à deux rames qui sont réservés aux enfants de moins de 10 ans pour les schie, pour les moins de 12 ans (les junior) et 14 ans (les senior), puis ce fut le tour des équipages féminins, des étudiants (cette année, l'équipage mixte de la Ca'Foscari s'opposait à l'IUAV, l'université Internationale et à l'université de Trieste) et des embarcations à 6 rameurs.



26 août 2011

Le moto ondoso a encore frappé !

Plus de peur que de mal pour les quatre touristes espagnols qui se sont retrouvés dans l'eau de la lagune alors qu'ils s'apprêtaient à faire une promenade en gondole... L'incident qui aurait pu être fatal à ces pauvres gens relancent la polémique sur le tristement fameux «modo ondoso» que la presse française traduit un peu ridiculement par ce qu'on appelle un «effet de houle»
 
La polémique ne date pas d'hier et Tramezzinimag en a souvent parlé. Le moto ondoso, ce sont ces remous très forts, de véritables vagues, provoqués par les bateaux à moteur qui circulent à grande vitesse sur le grand canal. L'équivalent de ces ondes plus ou moins grande force et hauteur, provoquées sur la mer par les vents. La météo marine classent ces ondes qui définissent l'état de la mer sur une échelle allant de 0 (mer calme ou peu agitée) à 9 (violente tempête)... Non seulement ces remous sont dangereux comme le prouve le naufrage de la gondole  non loin du Danieli, mais ils sont une plaie pour les fondations des quais et des palais qu'ils rongent, accélérant la décomposition des pierres et les marbres qui en constituent les fondements, due à la pollution et à la salinité de l'eau. 

Comme l'endroit est très fréquenté, il a été facile de porter secours aux touristes affolés. Tous les gondoliers présents sont intervenus, qui se jetant à l'eau, qui fonçant avec son embarcation vers le lieu de l'accident. Les malheureux ont ainsi pu regagner la berge à la nage. Plus de peur que de mal pour ces gens qui, trempés, ont pris la chose avec beaucoup d'humour et en riant à gorge déployée - une fois les pieds sur la rive - de cette aventure imprévue à leur programme ! Il faut dire que la journée était particulièrement chaude et l'eau de la lagune particulièrement attirante ce jour-là.
 
Les pontons situés devant l'hôtel Danieli, sur la Riva degli Schiavoni ont toujours été considérés par les vénitiens comme particulièrement dangereux, car les barques qui arrivent par le rio voisin se retrouvent aussitôt au contact des remous provoqués par les vaporetti qui accostent par dizaines et à une fréquence très élevée aux débarcadères de la Place Saint Marc. Les pompiers, rapidement alertés, ont indiqué que la gondole a vraisemblablement été soulevée par une vague très rapide provoquée par le passage d'une embarcation à moteur qui passait à trop vive allure à proximité. Le gondolier est tombé le premier, suivi par ses passagers avant que la gondole ne se lève pour retomber ensuite dans l'eau et couler.

Aldo Reato, le président des Bancali, le syndicat des gondoliers, l'a répété aux journalistes accourus sur les lieux « Nous n'arrêtons pas de le dire depuis deux ans à la nouvelle administration municipale, le moto ondoso est un grave problème pour nous. Les deux pontons du Danieli sont les plus dangereux 
 
Pour les gondoliers, la solution consisterait à prolonger les pontons réservés aux gondoles puis il faudrait en suivant changer les débarcadères des vaporetti « pour éviter que les barques se heurtent aux remous créés par les grands bateaux ». Le patron des gondoliers a proposé aussi que, surtout pendant les périodes de grande affluence touristique, soit installé dans cette zone un poste de surveillance permanent contre le moto ondoso. Les policiers concernés auront du travail quand on voit la vitesse à laquelle tout le monde circule à cet endroit !

4 commentaires:

Anne a dit…

La vitesse des bateaux est pourtant surveillée à Venise, nous avons eu l'occasion de le remarquer en visitant la Ca' Foscari cet été. Souhaitons que l'incident ne se reproduise pas et félicitons les touristes et les gondoliers pour leur bonne humeur et leur sang-froid.
Anne

Micha Venaille a dit…

je vous suggère de vous associer au groupe Facebook Fuori le maxinavi dal bacino di San Marco, formé de Vénitiens d'influence, entre autres un ami, Paolo Lanapoppi, à l'origine de la loi qui a fait baisser la vitesse des bateaux dans la lagune ( et quand on navigue avec lui on le voit souffrir en direct quand on est doublés par un taxi à l'instant où on peut lire le chiffre " 7 " sur les pieux de bois!)

Micha a dit…

PS Et mon message est parti avant que je vous dise que vous nous avez manqué cet été.

Nathalie a dit…

Plus de peur que de mal, en effet, mais l'une des quatre personnes ne l'a pas pris si bien que cela et est restée en état de choc pendant plusieurs heures. Espérons qu'un jour il n'y aura pas un véritable drame. Je me souviens qu'il y a deux ans, je crois, c'est une famille qui est tombée à l'eau, au même endroit. Un petit de deux ans est resté coincé sous la gondole et un gondolier s'est jeté à l'eau pour aller le récupérer. On n'est passé loin de la catastrophe cette fois-là. Mais comment faire pour réguler un tel trafic, alors qu'il n'y a pratiquement plus de vigiles pour contrôler la vitesse des bateaux? Alors qu'il y a de plus en plus de touristes pour venir remplir les caisses de la ville, il y a de moins en moins de service public. Plus de vigiles, un service de voierie de plus en plus inexistant- la ville n'a jamais été aussi sale que cet été- on se demande vraiment où passe toute la manne apportée par les touristes.