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24 mai 2018

Lectures, considérations diverses et cousinage...

Lire le dernier Joël Dicker à l'ombre d'une glycine centenaire avec comme fonds sonore le pépiement des oiseaux, un ciel bleu sans nuage. Une douce paix comme je les aime. Bien sûr, il est encore très tôt. les touristes ne sont pas encore levés ; certains entament leur petit-déjeuner, les pendulaires s'excitent à l'approche du pont. Celui de leur liberté et notre aliénation. Bientôt l'été, la plage, le silence de la mer à l'aube ou au crépuscule quand tous s'en sont allés.. Mille rêveries qui me prennent soudain à l'ombre de la vieille glycine...

Joël Dicker, jeune auteur talentueux qui a l'âge de ma fille aînée, m'agace un peu. Non pas parce qu'il semble éructer avec tellement de facilité plusieurs centaines de pages sans jamais lasser le lecteur, non pas non plus parce qu'il a réellement du talent. Un vrai talent, fait d'une maîtrise de la langue, d'une imagination polymorphe, d'un enthousiasme et d'une énergie incommensurables. On ne peut que s'en réjouir pour lui et pour ses lecteurs. Non, il m'agace parce qu'il me met face à mes lâchetés, mes abandons, mes faiblesses. Comme Léo, le voisin du narrateur du roman commencé ce matin, Le Livre des Baltimore, un vieil homme qui enrage de voir le jeune écrivain qu'il apprécie et admire, passer ses journées à faire du sport ou à rêvasser et qui pourtant n'arrête pas d'engranger les succès littéraires, quand lui reste incapable d'avancer dans son roman, toujours bloqué devant son cahier n°1 qu'il ne parvient pas à remplir. 


Ce fils de libraire et de professeur de français écrit bien, il a beaucoup lu aussi et avance sur son chemin avec beaucoup d'assurance. Cela interpelle l'écrivain procrastinateur, qui fait le sourd aux appels réitérés de ses personnages. Ils ne cessent de frapper à sa porte mais lui sait bien que s'il répond, s'il les laisse rentrer, tout son univers sera envahi, bousculé, piétiné. il devra les loger, les nourrir, les aider, les écouter. car ils se feront entendre et, pareils à nos enfants adolescents qui se rebiffent et doivent le faire, ils nous cracheront mille vérités à la figure et ne nous laisseront plus jamais en paix. Sauf à mettre le point final à leur histoire dont nous ne savons encore rien, ou pas grand chose...

Bref, hauts les cœurs, il faut se remettre au travail. Écrire à Venise, sur Venise finalement est une douce chose. Mais pas une mince affaire. Tout le monde nous attend au tournant. S'il s'agit de fiction, nos personnages ;  si c'est d'histoire que nous voulons parler, les redites et les conclusions hâtives, les interprétations hâtives menacent et l'erreur comme l'approximation ne pardonnent pas. Il suffit de se promener au fil des blogs et des sites pour retrouver mille contre-vérités, des idées et des faits inventés, détournés, tout un ramassis d'à-peu-près qu'il ne faudrait pas renforcer en les citant ou en les décrivant à notre tour. Non, Venise c'est un sujet difficile. Allez, remettons-nous au travail.


En attendant de vous offrir du nouveau, chers lecteurs, TraMeZziniMag , vous propose pour vous occuper, outre de lire l'excellent roman de Joêl Dicker, d'aller jeter un coup d’œil sur un site dans lequel nous nous sommes investis au propre comme au figuré. En dépit de quelques erreurs et approximations, Cool Cousin est une communauté virtuelle dont le principe nous a tout de suite séduit. L'objectif est de mettre en contact des voyageurs potentiels avec des cousins à travers le monde qui proposent leur vision de la ville où ils vivent. 

Totalement dans la logique qui est la nôtre, ce Spirito del Viaggiatore qui sera bientôt le titre d'une collection d'ouvrages consacrés au voyage comme mode et conception de la vie et de la obligatoire à ces gogos du XXIe siècle pour qui seul le paraître compte ainsi que l'avoir et vendent leur âme à la mode et à l'argent. L'esprit Cool Cousin , c'est privilégier l'être, voir et entendre l'autre et penser le voyage comme une formation, une découverte autant des autres justement avec leurs différences, et de soi :  https://www.coolcousin.com/cities/venice/

18 mars 2018

Et si montrer le beau devenait criminel ?

Portrait de Mila Esmeralda née à Venise, le  20/10/2012. © gruppo 25 aprile.

30 millions de touristes par an à Venise, cela fait un peu plus de 558 visiteurs pour un habitant (si nous nous en tenons au chiffre déjà dépassé de 53. 672 habitants rescapés de la grande hémorragie vers la terraferma). Imaginons la scène, cauchemardesque, de 535 personnes qui envahissent le salon de cette vieille dame, le chat effrayé qui se jette par la fenêtre dans l'eau du canal voisin, la pauvre vénitienne qui suffoque et les touristes qui braillent, remuent dans tous les sens, laissent papiers gras et canettes vides sur les napperons en dentelle... Pire encore, pensez à un vaporetto un matin avec seulement quatre passagers et soudain arrivent en se bousculant  2.140 touristes armés de leur sac à dos et de leurs téléphones fixés sur les perches que leur ont vendu les vendeurs clandestins, habiles et souples bengalis qui eux aussi dont tendance à se démultiplier ces dernières années partout dans le centro storico (on en recensait 2379 en 2014 . L'enfer de Dante en pire....

Alors est-ce bien raisonnable de continuer de diffuser des images de Venise ? Est-ce encore légitime de montrer la beauté de la Sérénissime et d'encourager les barbares à poursuivre leur invasion ? La beauté est à tout le monde, et voyager est un droit qu'on ne peut réserver à quelques uns mais peut-on laisser les hordes se démultiplier et emporter sur leur passage toute vie réelle sur les sites qu'elles piétinent chaque jour sans plus jamais de véritable interruption ? C'est un vrai questionnement. Fondamental aussi, car il s'agit désormais de la mise à mort quasi certaine d'une univers de vie, d'un monde qu'on étouffe sans rien faire d'autre que se lamenter ou réunir des colloques et des commissions qui pérorent sans que ne jaillissent les solutions pour éviter cette catastrophe humanitaire que personne ne semble prendre vraiment au sérieux. Jamais dans l'histoire de la Sérénissime, le niveau d'habitants aura été si bas. même après les grandes épidémies de peste. 

Bien sur, on insiste sur la nécessité de considérer la population vénitienne dans son ensemble, c'est à dire celle de l'agglomération entière avec les alentours du mainland. Cela peut leurrer et rassurer de savoir que la métropole vénitienne voit sa population augmenter avec l'apport de nombreux étrangers. Cela revient à réduire le centre historique, Venise elle-même, celle qu'on vient voir de partout, l'ancienne capitale d'une des plus puissantes et riches républiques de l'histoire, vaste empire commercial, démocratie quand partout ailleurs les peuples étaient écrasés par la féodalité et les monarchies absolues, incroyable fourmilière innovante et active, à un quartier périphérique d'un centre urbain qu'on voudrait semblable à toutes les mégalopoles modernes existantes ou en devenir. 

Il y a parmi les édiles, des excités qui rêvent de métro souterrain, de gratte-ciels, d'exposition universelle et aspirent à une croissance exponentielle du tourisme, juteux pourvoyeur de devises pour certaines entreprises internationales, sans retombées sur les petites activités locales et donc sur les habitants. Mais à entendre certains experts, le dernier vénitien aura quitté sa ville, la vraie, la Sérénissime toujours dressée deux mille ans ou presque après sa fondation, en 2059... Il quittera le centro storico avec sa valise et le regard qu'il jettera sur la ville vide de vénitiens sera un regard de colère et de haine. 


La question est donc pertinente : montrer ce qu'il y a de beau devient dangereux à partir du moment où donner à voir un lieu, qu'il soit célèbre ou méconnu, recommander une bonne adresse, fournir des idées d'itinéraires et publier des guides alléchants, répandre des photographies et des vidéos des sites touristiques, tout cela revient à condamner à terme l'authenticité, la vie, l'existence même de ce qu'on donne à voir. Cas de conscience donc. Je ne prétends pas qu'il faille entraîner un corps de mercenaires qu'on munirait de lanternes,  corps moderne de codega dont on dit que parfois, payés au prix fort, ils induisaient en erreur (fatale) leurs clients avec leurs lanternes pour les faire tomber dans les eaux glacées des canaux, pas plus que former le personnel de l'ACTV au kamikaze et leur enseigner à faire sombrer leurs vaporetti, modernes bétaillères aquatiques remplis de veaux hagards, aux heures de pointe avec leur chargement... Ma colère m'égare mais les amoureux de Venise savent de quoi je parle, qui connaissent sa fragilité et répugnent à la voir se transformer jour après jour en parc d'attractions, avec de plus en plus de boutiques pour touristes ne vendant que de la pacotille qui jaillissent à la place des commerces de nécessité et les maisons qui se vident, les volets tirés sur des foyers abandonnés que remplacent peu à peu partout des logements pour touristes, des hôtels de luxe et des B&B. Il n'y a vraiment pas de quoi se réjouir et comment rester indifférents à cette chronique de mort annoncée ?


Les autorités, timidement, se rangent aussi à l'avis des experts du monde entier. Conscients du danger imminent, ils proposent quelques vagues solutions annoncées tambour battant mais bien vite oubliées. Combien de projets enterrés qui pourtant seraient autant d'amorces de solutions. En revanche les modernistes utopistes continuent d'avancer avec leurs projets pharaoniques. Comme par exemple, après le M.O.S.E. qui a permis d'absorber des milliards de capitaux et ne servira certainement pas à grand chose quand la calotte glaciaire aura fini de fondre, l'idée de la sublagunare jamais vraiment abandonnée, aussi folle que l'exposition universelle rêvée par le ministre De Michelis dans les années 80 ou le gratte-ciel phallique d'un Cardin cacochyme mégalo...

On parle de tourisme alternatif en haut lieu, on publie plaquettes et plans avec des itinéraires différents qui partent de Chioggia ou de Caorle, on invoque le soutenable et la décroissance, on propose - sérieusement - des virées à la découverte de l'archéologie industrielle, on dresse des listes de commerçants, restaurants, hôtels et campings affiliés au mouvement Slow Food, on lave vert autant qu'on peut avec  le projet lagunaè, initié en 2014 en vue de l'exposition universelle de Milan (Venice to expo 2015) par l'EBT (Ente Bilaterale Turismo de la Province de Venise, structure créée en 1991 avec pour mission la formation et l'accompagnement des acteurs du tourisme local), une de ces organisations dévoreuses d'argent et de papier glacé qui font grand bruit puis disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues comme dans les films prophétiques de Dino Risi ou de Vittorio De Sica... Deux terribles décennies de berlusconisme ont montré toutes les conséquences de la primauté de l’argent et Venise a été très vite contaminée... Alors, que faire ???


16 octobre 2017

Quand Goethe revint à Venise (2)

" En outre je dois avouer en toute confidence 
que mon amour pour l'Italie 
a subi par ce voyage un coup mortel. "

Printemps 1790. Quatre ans après son premier séjour à Venise, Goethe va revenir chez les castors. Presque contre son gré. Les temps ont changé. l'esprit du poète aussi. Revenu par obligation, sa vision n'est plus la même et ce qu'il en dira complètement opposé à l'image qu'il en donna après son premier voyage. Qu'est ce qui a ainsi pu transformer le thuriféraire abasourdi, Émerveillé en 1786 par tout ce qu'il découvrait de la ville des castors, pourquoi est-il devenu à ce point critique, distant et presque méprisant ?

Le Voyage en Italie qui fut largement remanié - et qui ne parut qu'en 1816 - ne donne aucun élément qui pourrait expliquer ce revirement. S'il s'agit bien pourtant d'un journal, il ne reprend pas tout ce que contenaient les carnets du poète qu'il tenait presque au jour le jour. La célébrité de Goethe l'obligeait à continuer de façonner son image de grand écrivain ou plus simplement de répondre aux attentes de son public. Nos auteurs contemporains n'ont rien inventé.
Certes la situation politique a changé. L'Europe est en effervescence, un monde nouveau tente de s'imposer, pas encore dans la rage, les cris et les larmes ; la vie même de Goethe n'est plus la même. Mandé sans pouvoir refuser à la rencontre de la Princesse Amélie duchesse douairière de Saxe Weimar, la mère de Charles-Auguste (grand ami de Goethe), qui revenait de Rome. il ne pensait qu'à son idylle avec Christiane Vulpius, qu'il épousera quelques années plus tard et à l'enfant qui venait de naître quelques mois auparavant. Comme la duchesse tardait - elle n'arrivera finalement que début mai, le poète qui s'ennuyait, reportait de jour en jour sa mauvaise humeur sur tout ce qu'il voyait. Il occupa ses loisir à écrire au jour le jour et sans ordre précis des petites pièces qui formeront les Épigrammes vénitiennes . Il est possible qu'un peu de mauvaise humeur se soit mêlée aux ennuis de l'attente : on s'expliquerait ainsi le ton acerbe de certaines épigrammes, traits satiriques et presque méchants dirigés contre toutes les classes de la société, en particulier le clergé et la noblesse, le peuple n'étant pas non plus épargné. Il s'y moque du caractère italien, de l'art d'exploiter l'étranger ou de la malpropreté des rues. Tout ce qui l'émerveillait en 1786 était en 1790 revu avec un œil critique et négatif.


On est donc loin du premier séjour longuement préparé. Goethe appréhendait alors la Sérénissime avec la joie d'un enfant, rempli des souvenirs construits par son imagination. Il marchait sur les pas de son père et se réjouissait de tout ce qu'il voyait comme un enfant sait le faire. Tout ce qu'il nota alors était imbibé de cet esprit d'enfance qui traduit tout en joies et en bonheurs. Quatre ans plus tard, l'esprit de Goethe n'est plus à la jubilation. Il aimerait mieux être chez lui et il est père à son tour. L'état d'esprit qui est le sien lors de ce second séjour, forcé et qui se prolonge bien plus qu'il ne l'avait souhaité, n'a plus rien à voir et sa rage se traduira dans ses écrits puisqu'il reverra sa copie écrite en 1786 en supprimant de ses notes mille détails heureux pour les remplacer par des détails et des faits à charge contre les vénitiens.

Lors de ce premier voyage, Goethe logeait à l'hôtel "à la Reine d'Angleterre, non loin de la place Saint-Marc" (1). Là, il choisit une locanda, une maison d'hôtes ou pension, l'équivalent des Bed & Breakfast d'aujourd'hui. Appartenant certainement à une famille patricienne qui trouvait ainsi une source intéressante de revenus, elle était gérée par un certain Marco dal Ré selon les registres de l'administration. La Locanda della Tromba  certes située sur le canalazzo n'avait cependant rien à voir avec les établissements fréquentés à cette époque-là par les grands voyageurs fortunés ou qui avaient un rang à tenir. Les plus célèbres ont souvent été cités : le Scudo di Francia, le Gran Bretagna, le Leon Bianco. On peut penser que contraint de par ses fonctions à la cour et par égard pour son ami Charles-Auguste, il devait assumer la plupart des frais de son séjour et cherchait ainsi à réduire ses dépenses.

Mais il ne faut pas croire que les pensions vénitiennes étaient sans confort. Il existait bien dans des quartiers reculés, des établissements moins recommandables mais, comme dans tous les autres domaines, l'administration de la République veillait et la règlementation était sévère. Du moins dans les textes. Il était très facile d'ouvrir une auberge ou une pension. Après avoir rempli un formulaire pour déposer le nom de l'établissement et payé les droits d'enregistrement, il suffisait d'attendre l'autorisation du Maggior Consiglio. Les clients devaient obligatoirement être enregistrés à leur arrivée, et on devait leur remettre un justificatif de résidence ("foglietto di residenza") qu'ils devaient toujours avoir sur eux en cas de contrôle de la police, faute de quoi ils pouvaient non seulement être interpelés mais aussi refoulés aux frontières de l’État. Depuis le XIVe siècle, Venise, véritable centre névralgique de l'Europe, s'était organisée pour accueillir  le plus agréablement possible des visiteurs du monde entier. En 1355, l'organisation des aubergistes, qu'on appelait cameranti, fut créée sur le même modèle que les autres scuole professionnelles sans être pour autant une scuola à part entière (la corporation n'eut jamais de symbole ou d'enseigne spécifique). Ses membres se réunissaient tous les lundis dans l'église San Matteo du Rialto, sur le campo dei Sansoni, disparue dans la tourmente de l'occupation napoléonienne en 1805 puis démolie par les autrichiens en 1815).  On disait à l'époque que les aubergistes et autres tenanciers de gîtes meublés fournissaient de très bons espions au service de l'inquisition d'état. A ma connaissance, cette confrérie n'avait pas d'enseigne particulière.

La Locanda della Tromba avec sa plaque commémorative
Goethe et son valet de pied sont donc installés à la locanda della Tromba. D'après les lettres et les notes qui sont parvenues jusqu'à nous, la chambre du poète donne sur le grand canal. Une exposition récente à l'Institut allemand, montrait la vue qu'il devait avoir depuis ses fenêtres. Son lieu de résidence à Venise était à l'origine l'objet principal de ces lignes mais de digressions en digressions, le lecteur se sera peut-être senti un tantinet égaré. N'est-ce pas normal à Venise après tout, merveilleux dédale dans lequel on se perd délicieusement. (2) 

(à suivre)

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1  -  Goethe, Voyage en Italie, Edition Slatkine, 1990, p.63
2 - Au passage laissez-moi rappeler avec cruauté que ceux qui dans le labyrinthe des venelles tortueuses et des campi déserts ressentent angoisse et terreur ne doivent pas s'entêter et feraient mieux de quitter la Sérénissime au plus vite, Venise n'est pas faite pour eux - j'espère au passage que la municipalité me sera gré des efforts fournis par TraMeZziniMag pour contribuer à la réduction du trop-plein de touristes au quotidien...

08 juillet 2017

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 35) : "Vedro con mio diletto" interprété par Jakub Józef Orliński, Vivaldi chanté comme en rêve...


c'était ce matin dans l'atmosphère unique, à la fois détendue et très concentrée d'une émission de France Musique, en direct et en public depuis Aix en Provence, sous la férule de l'inénarrable Patrick Lodéon, le jeune contre-ténor en bermuda se nomme Jakub Józef Orliński. il est accompagné par le tout aussi jeune et brillant pianiste Alphone Cemin. Un moment de pur bonheur partagé comme entre amis. Grande émotion. Le jeune polonais, solaire et passionné est l'un des cinq Lauréats HSBC de l'Académie 2017 du Festival. 

Une découverte émouvante que cette nouvelle voix dont on m'avait parlé à Venise, mais que je n'avais jamais eu le bonheur d'entendre da vivo. Une fois encore l'Académie va au-delà de l'attente de son public et c'est une grande joie que de sentir cette complicité qui lie ces jeunes musiciens et se transmet au public du festival. que cela est bon et doux dans ce monde de barbares. 
Józef Orliński est en train de se frayer de manière fracassante une place de tout premier rang  sur la scène internationale. Avec un timbre superbe et percutant, une maîtrise stylistique irréprochable et une présence scénique à couper le souffle, ce jeune artiste humble et très simple s'excuse presque d'avoir autant de talent et de facilités. C'est un bosseur, un passionné et un pur et nous n'avons pas fini d'entendre parler de lui. 
Je n'ai pas été autant ému dans ce répertoire depuis James Bowman. est promis à un avenir glorieux. Hâte de l'entendre de nouveau. Il sera à Paris en janvier prochain avant une tournée en Espagne, en Angleterre et à New York. Ne pas le manquer !

19 décembre 2016

Mériter Venise ou l'éloge de la Lenteur


TraMeZziniMag défend depuis sa création en 2005, la même conception du voyage et par conséquent du voyage à Venise. Nous sommes de ceux qui privilégient le temps et font leurs délices de la lenteur. Nous sommes convaincus que Venise se mérite, qu'il faut beaucoup de temps pour vraiment appréhender ce qu'elle est vraiment. Mais le temps, prendre le temps, avoir le temps, tout cela est un luxe aujourd'hui. Du moins, c'est ce qu'on cherche à nous faire croire. Nous sommes tous devenus des gens pressés - les parisiens surtout... ..

Le vrai tempo de Venise

Le temps nous fait peur finalement. Le perdre, ne pas en avoir assez... Autant d'alibis pour cacher l'angoisse humaine face à la conscience de n'être jamais que de passage. Mais nous avons le choix. Laisser cette angoisse s'emparer de notre vie au quotidien et courir, courir sans cesse ou bien le prendre, ce temps, comme il vient, comme il va et l'apprivoiser. Le voyage peut devenir notre allié et nous guérir de la précipitation avec laquelle nous vivons. Séjourner à Venise au rythme qui est le seul à lui convenir, un adagietto qui peut se faire appassionato, andante , et nous laisse le cœur burlando en partant, rempli d'un allegro vivace. Le secret du bonheur : vivace mais jamais furioso...

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Ce qu'il y a de bien avec Venise, c'est que cette création unique que la civilisation occidentale a façonné en plus de mille ans, même endommagée, plus ou moins ruinée, vidée de sa substance originelle, demeure telle que les voyageurs d'autrefois pouvaient la voir. Haut-lieu de toutes les innovations, les inventions, les  créations techniques, politiques, sociales, artistiques qui se répandirent à partir d'elle, si elle reste un laboratoire encore aujourd'hui, Venise n'a jamais changé de rythme, pas plus qu'elle n'a changé de couleurs et d'aspect. Pourtant à plusieurs reprises, la catastrophe qui aurait fait d'elle une ville comme toutes les autres, a été proche : Napoléon qui voulait combler les canaux pour permettre la circulation des véhicules à roue et des chevaux, les autrichiens avec le pont de chemin de fer puis le doublement de ce pont pour la circulation automobile. 

Aujourd'hui encore le danger guette la Sérénissime, ne veut-on pas dans certaines officines creuser sous la ville des tunnels pour y faire courir un métro ? Un couturier parvenu n'a-t-il pas failli offrir au monde une tour gigantesque de plusieurs centaines de mètres au bord de la lagune ? Il y a quelques années un ministre grotesque depuis enferré dans de multiples scandales financiers, ne prônait-il pas l'organisation à Venise d'une exposition universelle ? Encore aujourd'hui n'y a-t-il pas des fous furieux qui veulent creuser encore plus profond certains chenaux pour permettre l'accès au centre historique des plus gros bateaux du monde au risque de compromettre définitivement l'écosystème lagunaire et tuer toute vie animale et végétale ?
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Venise immuable

Venise et son environnement changent peu. C'est ce qui en fait l'attrait à une époque où tout se transforme comme on cligne des yeux. Pourtant, le voyageur qui a la chance d'approcher de la cité des doges par la voie maritime ne verra jamais tout à fait la même chose. Selon l'heure, la saison, le temps qu'il fait, que l'approche se fasse à l'aube ou à la tombée du jour, vers midi en hiver ou en pleine nuit, sous un ciel brodé d'étoiles, impressions et sensations seront différentes. Une nouvelle histoire se forge à chaque fois, comme sont nouvelles les perspectives qui se découpent entre les lais des ilots qui émergent puis disparaissent, les hautes herbes, les chenaux... Tout dépend de l'état d'âme qui sera celui du voyageur quand il est prêt d'accoster les rives de Venise. Ce sera l'excitation de l'enfant qui part joyeux avec sa classe, laissant derrière lui l'école et sa routine ; ce sera l'apaisement que procure un paysage paisible quand on aura quitté échec et chagrin. L'enchantement est garanti même à l'énième voyage... On pourrait croire cet enchantement évanoui, éventé. Il n'en est rien. Jamais. L'enchantement ne disparait pas, il s'enrichit de tout ce que nous sommes au moment où il nous prend, de ce que nous vivons, pensons, sentons. On peut ressentir cela partout certes, mais à Venise cela se manifeste avec plus d'acuité.Cela marque l'âme plus intensément qu'ailleurs... ..


Parmi les statues de sel

A la joie peut succéder la douleur, surtout pour les âmes sensibles. Un peu comme au retour d'une visite à un parent âgé dont la santé décline vite et qu'on sait perdu. Les façades rongées par l'érosion, les sculptures de marbre qui s'effacent sous les attaques de la pollution... Ces dégradations, hélas, n'ont rien à faire de la lenteur et on constate que le processus fait de terribles ravages de jour en jour. Pourtant, cette douleur - remugles des vapeurs romantiques que les écrivains d'un temps ont incrusté dans l'idée qu'on se fait de Venise, a son remède apaisant. Souffrance et mort, abandons et chagrins, l'évocation des héros romantiques qui se sont frottés au Poison de Venise dans ce qu'adolescent j'appelais les années noir & blanc, n'a rien à voir avec la peine qui nous étreint quand ce qu'on aime se délite et se corrompt. Voir les monuments de Venise un jour prochain, comme autant de statues de sel s'effritant au simple regard du passant bouleversé, voir calle et campi envahis par la foule qui consomme chaque mètre carré de la ville comme une armée de cloportes affamés ; voir les hautes flammes qui surgissent des cheminées de Marghera et répandent dans l'air si clair de la lagune leurs gaz empoisonnés ; voir des navires gigantesques couvrir de leur ombre sordide les palais et les églises... N'y aurait-il pas là suffisamment de raisons pour pleurer et fuir ?
 
Pourtant, il suffit d'une promenade en barque loin des circuits touristiques, dans le silence des eaux que rien ne trouble, au milieu des oiseaux qui jouent à s'envoler à notre passage dans un florilège de cris joyeux et le bruissement coloré de leurs parures, pour n'y plus penser. Il suffit d'un coucher de soleil, d'une aube un peu floue qui révèle l'incroyable harmonie de la ville, la seule restée à "hauteur d'homme". Et la joie nous étreint. Car je défie quiconque qui se voudrait indifférent à la beauté unique de la Sérénissime, de continuer à le prétendre quand se dresse devant lui l'époustouflant spectacle des montagnes enneigées se détachant comme un décor peint sur les eaux blanches et opales de la lagune par un clair matin de décembre, ou les lumières du crépuscule au-dessus de San Giorgio et de la Dogana del Mare après une chaude journée de juillet !
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Venise demeure bien vivante

En dépit de la baisse jamais connue auparavant - même au temps des grandes épidémies - de sa population, en dépit des exactions liées à une soif de lucre à court terme, d'une administration sans imagination ni volonté, de plus en plus dépassée et souvent corrompu, Venise demeure bien vivante. Elle vit bien plus qu'elle ne survit. Par le dynamisme d'inconnus, presque anonymes, qui agissent, inventent, échafaudent des projets joyeux et porteurs d'espoir pour l'avenir. Ces irréductibles sont l'avenir de Venise. Rien à voir avec les excités nostalgiques de l'extrême, xénophobes et incultes qui répandent dans la ville et dans la région la puanteur des années noires et ne savent rien de l'esprit ni de l'histoire véritable de la Sérénissime. Mais n'est-ce pas partout la même chose depuis quelques années ? Face à eux, des groupes se sont créés qui prennent la réalité à bras le corps, inventent de nouvelles solidarités, proposent des solutions et les mettent en place. Ils se battent pour que la vie demeure à Venise et dans sa lagune. Ils ne perdent pas de temps dans les assemblées officielles, ils construisent et recueillent les trésors innombrables disséminés partout ici, sur les ilots à l'abandon, dans les ateliers, les mémoires.

Voir tout ce qui délite et disparait me ferait verser des larmes de désespoir s'il n'y avait pas ces résistants qui se battent pour faire vivre Venise. La liste est longue des initiatives qui d'année en année, font la véritable sauvegarde de Venise, moins tape-à-l’œil que celle, qui participe aussi à la volonté de sauver la cité des doges, entreprise par d'honorables organisations internationales, publiques ou privées. Restauration d'embarcations en voie de disparition, rénovation de lieux abandonnés pour loger des familles vénitiennes et d'autres issues de l'émigration que les instances officielles ne savent pas ou ne veulent pas satisfaire, mise en place de circuits touristiques par des historiens amoureux de leur ville qui montrent une Venise différente, véritable et qui vit, (voir le projet Slow Venice que nous recommandons à ceux qui viennent pour la première fois à Venise et refusent la vision low-cost proposée par les agences de voyage démunies d'imagination et d'esprit autre que de lucre). 

Alors, si vous êtes comme nous, très préoccupés, voire émus, devant l'évidence que la situation est grave pour Venise, vous serez heureux de savoir que ces projets sont à l’œuvre et que des centaines de vénitiens ardents font chaque jour ce que État et Administration sont incapables de faire. Sans grands moyens ; lentement, mais sûrement. A notre désespoir succède l'enthousiasme ! TraMeZziniMag défend l'idée depuis toujours, Venise est un laboratoire d'innovation au service de l'humain, de l'art et de la beauté. De tout ce qui compte en vérité. Mais sans la précipitation et la superficialité qui sont trop souvent le lot de notre époque.

Donner du temps au temps

La lenteur est une des caractéristiques de Venise. C'est en cela qu'elle reste à hauteur d'homme. Même digitale et gagnée aux modes et aux usages d'aujourd'hui, la vie quotidienne des vénitiens se fait toujours au rythme de la marche ou de la rame. Cela change et induit bien des choses, devoir aller à pied. "La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place" écrivait Jean-Jacques Rousseau, qui a dû souvent arpenter Venise pendant son séjour comme secrétaire d'Ambassade (*). C'est ainsi, visiteur, que tu dois découvrir ou redécouvrir Venise, avec lenteur et déférence. Ni musée, ni parc d'attractions, la Sérénissime est un monde à part. Un univers matriciel où l'imaginaire et le retour sur soi sont d'excellents remèdes à nos manquements, nos doutes, nos peurs et nos fausses obligations. C'est à Venise autant que sur la Roche de Solutré, que François Mitterrand a forgé sa philosophie, "Donner du temps au temps". Alors, si vous ne pouvez pas tout voir, si vous vous perdez et manquez l'endroit où vous désiriez vous rendre, ne maugréez pas. Peu importe. Le temps ici n'est jamais perdu. Il est passé à vous rendre à vous-même, à vous retrouver. Nulle part ailleurs on peut avec autant d'acuité et de profondeur, réfléchir à ce que nous sommes, envisager nos erreurs et nos chutes, nous rassembler avec nous-même, nous rédimer. Par la lenteur. Par le silence et la beauté qui nous y entourent. 


(*) Cité par Bruno Planty, dans son excellent ouvrage, Sur les pas de Jean-jacques Rousseau à Venise" paru au printemps 2016, aux Éditions La Tour verte dans la collection L'Autre Venise (p.104).

28 novembre 2016

Venise, l'oiseau du songe que l'Italie a lâché sur l'Europe (1)

Ces mots d'André Malraux figuraient en exergue des premières pages de Tramezzinimag en 2005. Elles venaient faire le lien entre mon engagement de l'époque en faveur du Non au référendum sur la constitution européenne et mon amour pour Venise qui a toujours représenté le parangon de l'idée que je me fais de ce que devrait être l'Europe. Je les retrouve ce matin dans une note oubliée dans Les Voix du Silence que je n'avais pas ouvert depuis des années. L'idée m'est venue de rassembler les idées et les sentiments de Malraux sur Venise...

L'allegro du concerto pour deux violoncelles d'Antonio Vivaldi magnifiquement interprété par Julian et Jiaxin Lloyd-Webber résonne dans la maison. Il sonne parfaitement bien avec les réflexions que je me fais depuis hier sur les propos de Malraux au sujet de Venise et des arts que la République a savamment mis en scène, avec le sérieux et la précision d'un communiquant moderne - je ne veux pas dire propagandiste - ou mieux encore d'un cinéaste. car, si on y regarde de près, toute la mythologie vénitienne et les rites qui l'accompagnèrent mille ans durant, l'omniprésence active et forte d'un ensemble culturel et social cohérent, la part belle donnée à la forme et aux couleurs qui prennent le pas sur la représentation pure et simple. Tout est mise en scène et le décor est incroyablement fort. La cinégénie  de Venise fait s'apparenter les grandes fêtes et leur représentation physique à des scènes de cinéma. Là encore, la sérénissime est innovation. est-ce la raison inavouée de l'acharnement du caporal corse à détruire une république millénaire

N'est-ce pas aussi une explication logique à la violence de la suzeraineté autrichienne qui dura presque soixante-dix ans. La puissance du mythe, les racines populaires autant qu'aristocratiques de ce qui fonda et perpétua jusqu'à ce malheureux matin du vendredi 12 mai 1797 où le Sénat mit fin à la République en dépit de la volonté populaire, un des systèmes les plus originaux et les plus extraordinaires de l'Histoire, tout fut balayé par la médiocrité d'idées mal dégrossies qui, comme le plus souvent dans les révolutions, ne faisaient que cacher le ressentiment d'ambitieux et de jaloux qui s'empressent toujours, parvenus au pouvoir (et parvenus du pouvoir - je ne résiste pas au jeu de mot et à l'association d'idée). Ceux qui euthanasièrent la Sérénissime, les vénitiens comme les français, ne pensèrent qu'à leurs intérêts personnels : la renommée et la fortune pour Buonaparte et son armée de pilleurs et de voyous, la sauvegarde de leurs biens et de leur vie pour les patriciens dont l'attitude pleutre et mesquine - cela durait depuis plus de quinze ans et les derniers doges n'ont jamais pu enrayer la chute inévitable. 

S'entêtant à vouloir rester toujours et systématiquement neutre, le gouvernement de la République ne sut pas utiliser cet état pour réformer son fonctionnement et entretenir ses réserves monétaires. La décadence de l'idéal politique, du sens de l’État, contraste terriblement avec l'enthousiasme et la dévotion du peuple pour la bannière de San Marco. Les richissimes détenteurs du pouvoir ne surveillaient plus que leur or, défendant leurs prébendes et s'éloignant de plus en plus des réalités du monde. D'autres l'ont analysé bien mieux que nous le faisons ici. Venise alliée des idées nouvelles auraient pu tempérer les ardeurs révolutionnaires des peuples voisins, proche de la France nouvelle elle aurait contribué à éviter les guerres qui s'apprêtaient et sa diplomatie aurait certainement pu avec patience, ruse  et détermination - capacités légendaires - en satisfaisant le parti de la révolution, contenir la colère et l'ambition des Habsbourg, éviter l'humiliation du pape et la mort de millions d'innocents. Mais l'uchronie est une science qui nécessite des arguments précis et chiffrés sinon nous flottons dans une douce rêverie qui porte à sourire... 

Giorgione
Entendre André Malraux s'exprimer sur tout cela sur le ton de L'Irréel aurait été passionnant. Au chapitre VII de L’Irréel, il assimile la peinture vénitienne à un poème et complète sa pensée par une des belles phrases dont il est coutumier :
"Titien nomme poèmes les mythologies qu’il envoie à Philippe II, et pour les maîtres de Venise, que leurs tableaux soient profanes ou religieux, le successeur du cosmos médicéen […], c’est le monde du poème."
(L’Irréel, Écrits sur l’art, II, 2004, p. 602.)
Pour lui, Venise, en dépit des siècles qui passent et éloignent de sa réalité de puissance politique et économique, et de son rôle culturel de premier plan, la présence active d'un ensemble (culturel) cohérent et dynamique souvent utilisé comme outil politique, admiré par tous et souvent jalousé, demeure très forte à notre époque. Cette ville qui fut l'une des métropoles les plus peuplées d'Europe, un lieu permanent d'innovation et de mode demeure semblable à ce qu'elle fut. Le monde moderne, s'il a contribué à ternir son aura, n'a jamais eu raison de son essence. La modernité n'a pas pu saccager Venise. l'absence d'automobiles ( et longtemps du moteur à explosion en général puisque les bateaux étaient mus uniquement à la force des rames ou à la voile). 


André Malraux est souvent revenu sur la forme et les couleurs de la Sérénissime, qui depuis toujours prennent leur sens en prenant le pas sur la représentation, autre porte d'une évolution, autre lien. Cela évoque le cinéma par la mise en scène de la lumière, des couleurs et des reflets...Il a parlé aussi du rapport à l'obscurité qui ne peut pas ne pas être perçu par le visiteur. Il donne à cela une explication poétique autant que philosophique que les théoriciens de l'esthétique de la ville moderne semblent avoir oublié. La prise de conscience environnementale ramène peu à peu nos espaces urbains à cette poétique de la ville. L'obscurité, le silence, la pureté de l'air, les jeux de lumière... tout concourt à préserver un cadre de vie supportable. Soutenable. C'était déjà cela dans la Venezia Dominante e Serenissima. Sans théorie ni parti-pris. Lire son analyse des peintres de l'école vénitienne, du Giorgione à Guardi est une véritable gourmandise. 
à suivre.

27 novembre 2016

Vacances à Venise (1955)

Après un weekend dévolu aux documentaires avec la découverte de l'extraordinaire Trilogy of Solitude réalisé par Glenn Gould et Journal de Voyage avec André Malraux, qui feront l'objet chacun d'un billet prochainement sur Tramezzinimag), détente avec Summertime de David Lean, film de 1955 qui est un de mes films favoris que j'aime beaucoup revisionner pour me détendre et retrouver l'idée de la Venise qui existait encore lorsque j'étais un tout petit enfant mais que je ne connais que par ce qu'ion m'en a raconté. Si j'y avais vécu alors m'en serai-je souvenu ? 

Vacances à Venise c'est aussi pour moi l'affiche de Venezia Città del Cinema, l'exposition de photographies créée en 1985 par Roberto Ellero, alors  Directeur des Activités cinématographiques à l'Assessorat à la culture, (actuel responsable démissionnaire du Circuito Cinema), dont le catalogue, L'immagine e il mito di Venezia nel cinema (L'image et le mythe de Venise au cinéma) que j'ai eu le plaisir de traduire en français, reste à ce jour le répertoire le plus complet de tout ce qui a été tourné à et sur Venise depuis le film daté de 1896 réalisé par Albert Promio, l'opérateur des Frères Lumière (un billet de Tramezzinimag aujourd'hui irrémédiablement perdu dans les limbes par la mauvaise foi de Google et de ses sbires était consacré à cet ouvrage). Sur cela aussi, Tramezzinimag reviendra dans un prochain billet. Bonne fin de dimanche et bon lundi à vous.

19 novembre 2016

Bon Anniversaire mon fils !


Jean, tu as vingt-trois ans aujourd'hui  ! Combien le temps a passé vite depuis ces premières heures où je t'ai tenu pour la première fois dans mes bras. Tu n'avais pas une heure. Mon émotion, ma joie, le bonheur de ta mère, celui de tes sœurs. Je te revois dans le berceau de verre, entouré de peluches plus grandes que toi. Ce nounours bleu qui ne te quittera pas pendant des années faisait presque figure de géant ce premier jour ? 
Joyeux Anniversaire mon fils.

07 novembre 2016

Venise fascination : Table-ronde à Bordeaux à l'Institut Bernard Magrez

Jeudi 17 novembre, l'Institut Bernard Magrez propose aux aquitains de venir rencontrer Delphine Gachet, Marc Agostino et Alain Vircondelet, sur le thème de la fascination de Venise. Tramezzinimag y sera peut-être si votre serviteur n'est pas encore reparti pour Venise. Les protagonistes invités dans ce lieu merveilleux sont la directrice de l'ouvrage Venise, Histoire, Promenades, Anthologie & Dictionnaire paru en mai dernier chez Robert Laffont dans la collection Bouquins (cf. Tramezzinimag du 08/05/2016).

Comme le mentionne le site de l'Institut : 
Venise - "l’un des secrets les plus poétiques qui aient jamais existé sur cette terre", selon l’un de ses meilleurs connaisseurs, Dino Buzzati – ne cesse de fasciner ses innombrables visiteurs par sa splendeur architecturale et son mystère troublant et enchanteur. Fruit du travail conjoint de collaborateurs français et italiens venus d’horizons différents, le livre Venise, Histoire, promenades, anthologie et dictionnaire plonge au cœur de cette ville mythique au fil d’une exploration minutieuse et originale qui contredit bien des clichés sans altérer sa légende. Une cité hors norme dont le prestige se nourrit de l’imaginaire qu’elle suscite. La ville de l’amour, de la séduction, de la sensualité, mais aussi le symbole de la fin d’un monde. 
Trois des collaborateurs, tous vivant et travaillant à Bordeaux, qui ont permis au livre d’exister. Delphine Gachet, docteur en littérature comparée, est maître de conférences à l’université Bordeaux-Montaigne, traductrice (et grande spécialiste) de Dino Buzzati et de nombreux autres écrivains italiens. Avec le Professeur Alessandro Scarsella, elle a co-dirigé et collaboré à l’ouvrage présenté. Marc Agostino, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux-Montaigne, spécialiste de l’histoire des religions et de la papauté. Alain Vircondelet est écrivain et universitaire. Vénitien de cœur, il a consacré plusieurs ouvrages à Venise (dont Devenir Venise, Nulle part qu’à Venise, Le grand guide de Venise). La table ronde - conférence aura lieu jeudi 17 novembre à 20 heures et sera suivie d'une dégustation de vins Bernard Magrez en partenariat avec la Librairie Mollat. Les réservations se font en cliquant ICI