11 octobre 2007

Petits itinéraires choisis pour un séjour entre amis (II)

Et si nous nous promenions ce soir dans Venise. Oh ! rien de bien précis, pas de but avoué si ce n'est le désir de retrouver cette atmosphère unique qui saisit le promeneur. Enfonçons-nous dans le ville comme on se fond dans un rêve, suivons au hasard un itinéraire qui s'impose devant nous. Allons donc au gré de notre rêverie, sur un des arias de l'Oratorio de Caldarà dont je vous parlais hier. 

La stazione. Les marches descendues, le premier contact absorbé par nos sens, mettons-nous en route. Non pas par la Lista di Spagna, mais par cette petite ruelle sur la gauche. Elle va nous mener dans un dédale de courettes et de venelles vers le fonds de Cannaregio, à la limite du monde moderne que représentent les alentours de la gare et les anciens bâtiments de l'Enel et de la Venise éternelle, celle du temps des doges : les abattoirs, les vieux palais décatis. Après maints détours, nous traverserons ce jardin public inconnu des touristes. Peu de monde, quelques vieillards, des enfants, des chats au milieu d'un parc arboré de presque un hectare, entre l'église des Scalzi et la Lista di Spagna. Un passage pour éviter cette rue grouillante qu'empruntent presque tous les touristes qui remontent vers le Rialto en passant par le campo San Geremia où se dresse le Palazzo Labia et le ponte dei Guglie. 

En sortant du jardin du palais Savorgnan, on arrive au bout du canal des Tre archi après être passé par un quartier neuf rempli de jardins très fleuris. C'est par là qu'autrefois on pénétrait en bateau dans Venise. De ruelle en ruelle, on débouche sur le parvis de San Giobbe, toujours vide et tranquille. 

Peut-être, si l'église est encore ouverte pourra-t-on voir cette jolie peinture de Gerolamo Savoldo représentant la crèche. Il y aussi ce monument très baroque de Claude Perrault à la mémoire de l'Ambassadeur du roi Louis XIV, Renaud Le Voyer de Paulmy d'Argenson, qui mourut à Venise, en 1651. Il faut savoir que l'Ambassade de France était située non loin de là, sur la Fondamenta de Cannaregio, somptueusement aménagée dans le Palais Surian-Bellotto où logèrent Montaigne et l'insupportable Jean-Jacques Rousseau qui ne comprit rien aux vénitiens ni à Venise. La pala de San Giobbe par Giovanni Bellini est une merveille. On la voit désormais, hélas, à l'Accademia.

De l'autre côté du canal (qui était le seul accès à Venise autrefois), avant le pont des Guglie, se trouve le ghetto. L'Alloggi Biasin a été mon premier logement d'étudiant. j'y tenais la réception en même temps qu'un gros garçon colombien et Gabriele Toniolo de Mogliano-Veneto, devenu un très bon ami et qui n'a jamais changé de métier puisqu'il est maintenant le gérant de l'Albergo Mignon, à Santi Apostoli. Mais toutes ces réminiscences de ma jeunesse, ça creuse. Une pâtisserie encore ouverte nous fournira quelques sucreries pour reprendre de l'énergie. 


Campo del ghetto, le pont de fer, la fondamenta de San Alvise, fondamenta delle Capucine. J'ai vécu là un an, (au 2993 Fondamenta Coletti précisément), dans un sympathique petit appartement entièrement couvert de lambris qui lui donnait un air de chalet de montagne. Les fenêtres donnaient sur le terrain de l'association sportive du quartier. J'y vivais avec un amour de petite chatte grise aux yeux verts qui se nommait Rosa. Mon plus proche voisin était un vieux pêcheur à la retraite qui passait ses journées sur une chaise sur la fondamenta. Il m'invitait parfois à partager son repas. Ses spaghettis aux clovisses et aux moules fraîches étaient un régal... Quel merveilleux quartier. Une Venise paisible et populaire se montre par ici. Tout est tranquille, serein. 


Remontons vers la Misericordia et le Casino des Esprits. Nous ferons un détour puisque le temps est beau : Madonna dell'Orto, Campo dell'Abazzia. Devant nous le grand bassin et au fond la lagune. L'air ici est toujours plus frais. La nuit plus sombre. Le casino des Esprits et son jardin restauré laissent à chaque fois une impression un peu sinistre. Est-ce les légendes que l'on raconte sur cette maison ou simplement la position géographique de ces lieux : on débouche ici sur le plein nord de la lagune et les vents s'engouffrent par la Sacca, soudain plus froids, plus vifs qu'ailleurs où l'espace étant plus restreint entre les immeubles, l'air parait plus chaud. C'est presque l'heure de dîner. Un apéritif dans ce petit bar chaleureux près du Campiello Priuli, calle de l'Ocà où le patron et le serveur écoutent un match à la radio en essuyant les verres pendant qu'une vieille dame écosse des haricots assise à une table. Vino bianco ou prosecco ? L'Osteria se remplit. Il y a toujours du monde le soir al Bomba. C'est bon, le vin est tiré directement des fûts. Saucisses et polenta, friture de poissons, légumes grillés, jambon. Un festin de roi. Avec un peu de chances, nous assisterons à un récital de vieilles chansons de gondoliers... 

Il fait complètement nuit quand nous ressortons. Peu de monde sur notre chemin, des jeunes gens qui se bousculent en riant, un vieux monsieur très élégant qui promène son petit chien. Nous voilà déjà du côté du campo Santa Maria Formosa. Le Café de l'horloge (un autre des lieux mythiques de ma jeunesse vénitienne) est en train de fermer. Un petit groupe bavarde bruyamment pendant que le serveur lave à grande eau le dallage. Au-dessus de nous les fenêtres du vainqueur de la bataille de Lépante qui décida du sort de l'Europe dont Venise fut garant, grâce à l'ingénieuse victoire de cet amiral patricien. Au fond le palais Ruzzini-Priuli, longtemps abandonné devenu un hôtel de luxe à la décoration intérieure très fashion. Sa façade (Renaissance tardive) a été repeinte en blanc. 

J'avais eu la chance de pouvoir y pénétrer il y a plus de vingt ans.  J'ai encore le souvenir de cette odeur incroyable qui semblait venir du lointain passé de la ville. Des tentures de soie brûlée par le soleil pendaient devant les hautes fenêtres aux volets entrouverts. Des plafonds peints à fresque s'écaillaient, de grands lustres de bronze brillaient dans des salles aux murs garnis de tableaux géants. Et puis ce silence mêlé à cette odeur persistante, une sorte de mélange de naphtaline, de poussière, d'humidité, de bois de santal et de cuir, de regrets aussi. Pendant tout la visite (il devait être cinq ou six heures du soir et nous étions en octobre) j'ai eu la sensation d'être observé, guetté, suivi. C'est idiot mais j'ai toujours pensé que ce palais était hanté... J'ai su depuis que le sang des Ruzzini coule dans mes veines...

Les photos sont de Jas et Jeanine (le Campiello) que je remercie vivement d'avoir bien voulu tolérer cet emprunt amical.

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 6 Commentaires : 

venise86 a dit… 
Tu me mets au supplice... Cette Venise là que j'aime, si loin des visites organisées et baclées... Merci encore Lorenzo.. 
11 octobre, 2007 

 Jean-Claude a dit… 
Toujours fidèle à votre blog, évidemment, je viens vous soumettre cette vidéo pour évaluation/correction/amélioration : http://jc-courbon.com/JacopoDeBarbari.htm 
Il s'agit de la carte de Jacopo de Barbari que je récupère et recompose depuis http://www.tridente.it/venetie/map/map.htm. 
La première vidéo est sur Cannaregio, je souhaiterai faire tous les sestieri en suite (c'est un boulot de fou...) Avant de la mettre sur DailyMotion, mon compte YouTube ayant été supprimé parce que j'avais utilisé quelque part la chanson "Rum and Coca Cola" des Andrews Sisters !!! (voir http://iconesetclash.blogspot.com/2008/09/la-compote-de-rhubarbe-faon-jean-pierre.html ). 
Pas de mail pour vous écrire, je mets donc un commentaire à ce billet sur Cannaregio ! Merci d'avance de vos commentaires. Éventuellement de vos encouragements à continuer ! Amitiés.
JCC (jccourbon@gmail.com)
27 octobre, 2008 

ladivinecomedie a dit…
Quelle suite magnifique hors des sentiers battus et rebattus ! Dans l'église de San Giobbe je me souviens dans la Chapelle du magnifique plafond en faience vernissé aux couleurs surprenantes représentant les quatre évangélistes. Et non loin de là, de mon repas pantagruélique à la Trattoria dalla Marisa. 
31 décembre, 2009 

Thierry a dit… 
Oui...comme dit si bien Venise86...un supplice (de ne pas y être) mais un supplice divin...Quel style! 
31 décembre, 2009 

Anonyme a dit… 
René de Voyer de Paulmy d'Argenson (1596-1651). 
M.17 
31 décembre, 2009 

Lorenzo a dit… Argenson a été l'un de nos meilleurs ambassadeurs à Venise. Fort apprécié des vénitiens, ce qui était plutôt rare. Ah! la trattoria da Marisa ! Accueil sympathique, ambiance géniale et nourriture de qualité (on mange ce que le cuisinier a décidé de préparer et c'est toujours bon). Une des meilleures adresses de Canareggio, au 352b de la Fondamenta San Giobbe. A la bonne saison, on peut déjeuner dehors au bord de l'eau. Une adresse à préserver ! 
01 janvier, 2010

Il y a 210 ans, le dernier soupir de la République...(*)

Il est plus convenable de fêter les naissances, les victoires et les créations que les défaites et les disparitions. Pourtant, il est important de se souvenir que l’année 2007 correspond au deux cent dixième anniversaire de la disparition de la République qui n'était en rien inexorable et demeure du seul fait de l'outrancière manipulation, inventée pour servir sa seule ambition, d'un petit général corse de 27 ans qui se prenait déjà pour César.

En effet, il y a deux cent dix ans, le 18 octobre de l’an de dis-grâce 1797, à Passariano, dans la somptueuse villa de la famille Manin, Buonaparte qui était incapable d'aligner deux mots sans faire une faute d'orthographe, signait le terrible traité de Campo-Formido qui tira un trait rageur sur les mille ans d'indépendance de Venise. Ayant effrontément dupé l'univers entier, après avoir manipulé, falsifié et déformé la situation, contre toutes les traditions diplomatiques et militaires, l'aventurier corse avait assujetti un Etat neutre, auparavant allié traditionnel de la France, pour servir son ambition.

Quelques mois auparavant, le 12 mai exactement, sans y être forcé, Ludovico Manin, l’ultime doge rendait le corno ducal à son chambellan avec ces paroles prononcées ou inventées : "rangez cela, je crois que je n’en aurai plus besoin dorénavant" et le gouvernement de la Sérénissime s’effondrait, laissant la place à une municipalité révolutionnaire bien embarrassée du lourd héritage qu'il lui fallait dorénavant assumer.

Trop d’orgueil certainement et ce qui aurait pu être sauvé ne l’a pas été. Rappelez vous les propositions de Buonaparte qui n’osait pas envisager, au début de la campagne d’Italie du moins, l’anéantissement de la République, certes détestée (le petit général taciturne était corse donc gênois avec tout ce que cela sous-entend de haine pour Venise). Il voulait aide et garanties (autre chose que Venise de tout temps dispensa avec parcimonie et beaucoup d’arrières-pensées). 

L’idée d’une alliance avec la jeune République française parut odieuse au Gouvernement. L’aristocratisme régnant à la cour du doge, la dégénérescence de la pensée politique et du patriotisme étriqué des patriciens, davantage préoccupés de la protection de leurs immenses fortunes, les rumeurs aussi depuis la mort du roi Louis XVI (qui pourtant n’était pas très aimé des vénitiens – la marine française s'imposait de plus en plus dans le monde et le roi très chrétien se méfiait de cette République de marchands qui prétendait dicter au sud ses règles, sur les mers et les royaumes soumis tout comme l’Angleterre le faisait au nord, et puis surtout la faiblesse et la chute du monarque), tout éloignait les vénitiens de la France de 1797. Cela contribuait à justifier l’attitude de recul offensé des vénitiens qui prirent tout cela de très haut. De trop haut…

Avec des "si", on peut tout envisager. Mais pourtant. Si la propagande de la République de Saint Marc avait continué sur la lancée des siècles passés, si l’idée de République avait été mise en avant et si, aux premiers temps de la propagation des idées révolutionnaires (celles du Jeu de paume et de la Fête de la Fédération) de nombreuses fois exprimées dans des ouvrages imprimés et édités à Venise depuis les années 70 et que les loges maçonniques vénitiennes étudiaient, défendaient et se chargeaient de répandre en Europe, l’histoire de Venise aurait été certainement différente.

Un aïeul qui vécut l’entrée des troupes autrichiennes après le traité de Campo-Formio, écrivit dans une lettre qui est parvenue jusqu’à nous cette phrase que je mis des années à comprendre : "Aujourd’hui, en pénétrant sur la Piazza, les autrichiens se sont vengés du sort fait à la reine Marie-Antoinette". Que voulait-il exprimer par là ? Venise n’avait aucune part dans l’assassinat de la jeune reine de France, née princesse autrichienne. Mais c’était la politique étriquée du Gouvernement qui, si elle avait été plus réfléchie et davantage ouverte sur l’avenir – mais ce genre de politique n’est le fait que d’exceptionnels hommes d’Etat, race hélas disparue depuis longtemps de la Sérénissime au moment de ces évènements – eut pu changer la face de l’Europe et les suites de la Révolution française. Si le Doge avait mis en place les réformes pourtant pressenties par les politologues et les constitutionnalistes de l’époque (un simple retour en fait au système des origines, amélioré et plus élaboré), si la République avait su anticiper et se mettre à l’écoute des idées nouvelles qui depuis une trentaine d’année se répandaient dans toute l’Europe, au lieu de s’enfermer dans une frilosité de "fin de race", on peut imaginer que la République durerait encore et fêterait son deuxième millénaire comme San Marino ou le Luxembourg. Et Buonaparte aurait été traduit devant une Haute-Cour et aurait fini sur une potence, évitant à l'Europe ce bain de sang qui portera en germe tous les conflits des temps modernes.

Il existe un ouvrage rarissime, jamais réédité depuis sa parution au XVIIIe siècle, qui présentait un tableau comparatif très approfondi entre les différents régimes et constitutions en place dans les pays du monde : Angleterre, France, Autriche, Pologne, Espagne, Suisse, Russie, et le régime en vigueur dans la République de Saint Marc. Si la Constitution n’y était pas réunie dans un texte fondamental comme les temps modernes nous y ont habitué, elle était bien réelle, faite d’un conglomérat de règles et d’évidences devenues des lois, on se rend compte à la lecture de cet ouvrage, combien le Gouvernement de Venise était moderne et porteur de paix intérieure. D’harmonie sociale. A Venise, on ne s’est pas contenté d’inventer la comptabilité analytique, le capitalisme et les règles du commerce international, on a réellement bâti l’idée moderne de l’État.

Mais le vénitien ne savait envisager les choses qu’à travers un seul prisme, déformant et finalement mortifère : l’argent. Seul le rapport qu’un acte, une action, une décision pouvait procurer en espèces sonnantes et trébuchantes motivait les décisions et les orientations. Voilà une des raisons de la haine portée à Venise.

Et puis la lucidité et la franchise - caractéristique qui peut sembler peu vénitienne – de la Sérénissime face au Pape et à la Chrétienté. Dignes successeurs du monde païen, chrétiens fidèles et croyants authentiques, les vénitiens prônaient depuis toujours cette séparation entre la volonté politique du successeur de Pierre en tant qu’exercice d’un pouvoir temporel aux objectifs matériels politiques et financiers, la pratique intime, personnelle et confidentielle de la foi et des règles prônées par les Textes saints. Ne sont-ce pas les idées de la Révolution, la première, celle qui respectait le bien et la piété. Venise se mettant au service de ces idées, c’était éviter que les extrêmes ne s’emparent du pouvoir intellectuel en Europe et imposent ce carcan terrible que fut la Terreur et qu’on retrouvera quelques centaines d’années plus tard avec l’infâme dictature soviétique sur la Sainte Russie puis sur l’Europe exsangue ? Et la République de Saint Marc ne présentait-elle pas ces mêmes défauts qui se retrouvent de nos jours dans ce colosse aux pieds d’argile que sont les États-Unis d’Amérique ?

Mais l’Uchronie a ses limites. La réalité simplement. Les hommes choisissent toujours, le plus souvent inconsciemment, la fin, la chute plutôt que la rédemption. Il y a toujours davantage de facilité à se laisser aller plutôt qu’à réagir. Quand l’Empire romain a cédé devant les Barbares, quand Venise a cédé devant Buonaparte et son armée de va-nus-pieds, les causes comme les effets furent les mêmes. Arrêtons-la les comparaisons. Elles risqueraient de n’être point flatteuses pour notre époque et notre humanité moderne…

Il existe à la Marciana, ou bien est-ce aux Archives d’État, plusieurs textes, rapports et notices datées de 1780 à 1792 qui anticipaient les problèmes à venir, en envisageant des réformes, des bouleversements et des propositions et projets d'innovations qui, en changeant peu les mécanismes et les rouages, eurent permis de conserver l’essentiel. Vous savez cette phrase de Lampedusa, dans le Guépard :
 "il fallait que quelque chose change pour que nous puissions vivre comme avant"…
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(*)-  Titre revu, préférable à celui édité ce matin "Buonaparte s'apprêtait à assassiner Venise" et qui souleva quelques objections. Mais le débat mériterait d'être prolongé. Malheureusement ce n'est ici ni le lieu ni l'objectif. Peut-être sur un forum ?

09 octobre 2007

Passion en vénitien pourrait se dire "vogare"...

A Venise, les jeunes enfants apprennent à voguer comme ailleurs on s'initie au vélo et pour beaucoup de jeunes vénitiens, c'est vite une passion.

08 octobre 2007

Et si on reparlait des gondoliers ?


Non, celui-ci n'en est pas un qui serait trop fatigué d'avoir mené à travers la ville des japonais insatiables ou qui aurait un peu abusé de ce délicieux Soave qu'il servent au bar d'à côté... En dépit du canotier et du polo rayé, cet homme n'est pas un gondolier. C'est l'un des derniers "facchini" dont la fonction était d'aider les gondoles à accoster et qui surveillaient les barques et les bagages.
 
Ils ne se déplaçaient jamais sans leur crochet qui permettent de retenir le bateau près de la rive en attendant qu'il finisse d'accoster. On dit que ce qont parfois d'anciens gondoliers. Ils rendent des menus services, portent les bagages ou font des courses. Ils sont en général plutôt jeunes. mais celui-ci a bien vieilli et bien nourri, il mérite un peu de repos.
Nos amis gondoliers commencent leur période de vacances en ce début d'automne. La plupart d'entre eux partent en général entre novembre et février aux Bermudes ou aux Seychelles. Pour un repos bien mérité et souvent très cher. Car c'est une profession qui ne crie pas famine. Au prix des balades en gondole cela se comprend. Les plus jeunes ou les moins fortunés restent et continuent d'assurer leur romantique business dont je plaisante mais qui est très réglementé. Une réglementation qui date d'ailleurs de fort longtemps : la taille et la couleur des gondoles, la tenue réglementaire selon les occasions, la manière de conduire sa barque (au propre comme au figuré), tout est inscrit depuis le temps de la Sérénissime et peu de choses ont changée si ce n'est que peu sont encore à la solde de particuliers. Indépendants ils ont une autonomie limitée par l'appartenance - obligatoire - au syndicat (confrérie disons plutôt pour rester dans la tradition vénitienne) des gondoliers. Caisses communes, astreintes, ils doivent se plier au règlement sous peine d'être mis à pied ou de voir leur gondole mise sous séquestre. C'est qu'on ne plaisante pas avec la loi chez les gondoliers. Mais le conseil de discipline n'intervient que très rarement. La plupart du temps ces hommes s'entendent à merveille, plaisantent, chahutent comme de vrais collégiens et partagent tous, sans exception, un amour profond pour Venise et pour la lagune.
 

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3 commentaires:


Anonyme a dit…
Connaîtriez-vous des ouvrages sur les gondoliers : histoire, règles de vie... Ouvrages fiables et détaillés en italien ou en français. Merci
Lorenzo a dit…
Il y en a des dizaines. surtout en italien. Si vous voulez une bibliographie à peu près exhaustive, rendez-vous sur le chapitre consacré aux ouvrages sur le site officiel de la coopérative des gondoliers : http://www.gondolavenezia.it/biblioen.asp
Anonyme a dit…
merci mille fois. la toile est si vaste que je m'y perds plus souvent que dans les calli de Venise. Je vous tiendrai au courant de mes investigations.

Luigi Frizzo, libraire

Castello 5176, calle lunga Sta Maria Formosa, dans la corte Senza Nome, se trouve l'antre de Luigi Frizzo, fou de livres et fou de Venise.
 
Cette librairie unique en son genre qui s'ouvre sur l'eau du canal (vous pouvez y accéder par l'entrée d'eau comme par la porte qui donne sur la rue) et vous y trouverez, outre un accueil succulent, des trésors. Librairie généraliste, "l'Acqua alta" a énormément de choses sur Venise bien sur, mais aussi des livres pour enfants, des romans et de la poésie et un rayon de livres érotiques que le patron a l'air de particulièrement aimer montrer. Ce n'est pas touristique, c'est totalement vénitien (beaucoup d'ouvrages en dialecte). Et puis, depuis quelques temps, pour les routards et les étudiants, par nature peu argentés, Luigi Frizzo propose de jolies chambres bien aménagées avec petit-déjeuner, à 15 euros la nuit (mais oui le tarif moyen sans le zéro ou les zéros après) juste en face de la librairie. Contrairement à l'usage longtemps en vigueur à la librairie parisienne Shakespeare and co qui propose des lits parmi les livres, vous n'êtes pas tenu de lire un ouvrage pendant la nuit pour en faire le commentaire au petit-déjeuner ! Avec la Librairie Filippi, près de Santa Maria Formosa, et la sympathique librairie française (de mon temps à San Barnaba et aujourd'hui sur la calle Barbarie delle Tole, à San Zanipolo), c'est un petit paradis pour les amateurs de bouquins.

5 commentaires:

AG a dit…
Bonjour Lorenzo, Il nous faut attendre avril (solarité oblige), mais cette librairie fera partie de notre prochain périple à Venise. Les livres en dialecte vont sûrement m'intéresser. Le prix de la chambre est INCROYABLE, à Venise ou ailleurs. Petit déjeuner inclus ? Il existe encore des gens qui n'ont pas l'esprit mercantile ? Quel bonheur ! Ce Monsieur Luigi FRIZZO mérite vraiment d'être connu. MERCI de bien vouloir partager avec nous toutes ces adresses. Bonne journée. Agnès
Lorenzo a dit…
Attention, il ne s'Agit pas d'un Bed and Brakfast comme il en nait chaque jour à Venise mais plutôt d'un lieu "alternatif" où Luigi loge les routards et autres étudiants fauchés de passage. C'est joli, propre et confortable mais relativement réservé. Cela n'empêche pas d'essayer mais que les lecteurs à la recherche de l'Adresse du moment ne se précipitent pas sur leur téléphone. Il s'agit d'un lieu ouvert avant tout aux jeunes voyageurs. Allez à la librairie vous verrez par vous-même combien ce lieu est sympathique. Les photographies présentées sont de Luc et Danielle Carton.
AG a dit…
C'est bien ainsi que je l'avais compris, Lorenzo. Mais ce tarif me laisse songeuse : encore plus avantageux qu'une nuitée dans l'Auberge de Jeunesse de ma ville. Agnès
Anonyme a dit…
Merci Lorenzo d'avoir relayé les informations concernant Luigi, que nous avons indiquées sur notre site e-venise.com. Merci aussi, la prochaine fois, de nous demander le droit d'utiliser nos photographies en nous citant. Pas de problème, nous savons que ton blog est un blog de passionné mais les bonnes règles créent les bons amis ! Luc et Danielle
Lorenzo a dit…
dont acte. J'essaie à chaque fois de signaler les Crédits Photographiques mais cette fois-ci ils ont été indiqués dans les commentaires (voir plus haut ma réponse à AG) et merci de votre indulgence.

07 octobre 2007

COUPS DE CŒUR n°18

Maddalena ai piedi di Cristo de Antonio Caldarà
Maria Cristina Kiehr, Bernarda Fink, Andreas Scholl, Rosa Domínguez, Gerd Türk, Ulrich Messthaler. Orchestre de la Schola Cantorem Basiliensis sous la direction de René Jacobs
Harmonia Mundi -1996 (reédité en 2002).
Antonio Caldarà, musicien vénitien (1670-1736), a composé un oratorio merveilleux que diffusait ce matin Stephane Goldet dans son émission de France Musique. A l'heure où j'écris ce papier, la radio diffuse l'aria où s'affrontent l'amour terrestre et l'amour céleste. Quelle brillante énergie pour faire éclater la colère de l'amour terrestre qui doit s'effacer devant l'amour céleste dans ce "Marie-Madeleine aux pieds du Christ". C'est aussi dense et pur que du Vivaldi. Ce qui me confirme que la très belle musique du prêtre roux que les amateurs adorent, si elle reste sans conteste particulièrement inventive et talentueuse n'en est pas moins une parmi d'autres qui sont peut-être moins souvent géniales mais tout aussi grandioses. Ces violons déchaînés, cette harmonie si particulière, ce rythme, ces nuances qui se fondent dans rebondissements sonores incroyables, ce n'est pas que Vivaldi, c'est l'école de Venise. La musique vénitienne. Longtemps l'auteur des "Quatre Saisons" fut oublié, sa musique perdue ou égarée. On continue d'en retrouver parmi les rayonnages des grandes bibliothèques du vieux monde. Mais Legrenzi, Caldarà, Marcello, tant d'autres encore furent longtemps joués et inspirèrent toute la musique allemande du XVIIIe siècle. 

Voici un extrait déniché sur internet : http://opus100.free.fr/fr/choral2.html
Une pure merveille. Plus abouti que le premier "le triomphe de la continence", long mais jamais ennuyeux, cet oratorio est classiquement formé de récitatifs et d'arias d'une densité incroyable où les passions s'affrontent, où les sentiments humains sont décortiqués pour être restitués par de nombreuses trouvailles musicales et faire le bonheur des auditeurs. Une merveille vraiment que je vous invite à découvrir. Le livret est consultable sur le site du contre-ténor Andreas Scholl (cliquer sur le lien) qui est fabuleux aux côtés de la soprano Maria-Cristina Khier.

Ce Caldarà eut une carrière imposante, en Italie tout d'avord puis à Vienne où il s'installa et mourut. Elève de Legrenzi, ami de Corelli, Scarlatti et Haendel, on dit qu'il a davantage influencé Haydn et Mozart que Vivaldi. Avant de quitter Venise, où il faisait partie de la confrérie de Santa Cecilia, (sorte de syndicat professionnel qui réunissait plusieurs centaines de musiciens, compositeurs et interprètes, réunis en fraternité et société d'entraide comme les autres corps de métiers à Venise), Il fut très apprécié. Sa musique, caractérisée par un usage de l'aria répétitif, toujours accompagné d'une basse continue et de cordes à 4-5 parties, reprend les éléments du concerto grosso et emprunte ses rythmes aux danses et aux mélodies populaires. Elle est ainsi très caractéristique du style vénitien que le Vivaldi du Stabat Mater a popularisé. Dans cet oratorio, on sent aussi de douces parentés avec la musique de Pergolese. Cela confirme bien qu'en dépit des difficultés de communication de l'époque, les écoles, les modes et les tendances circulaient aussi bien que de nos jours et que la musique à Venise ne se résume ni ne se limite au génial Antonio Vivaldi.

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3 commentaires:

Anonyme a dit…
l’émission est en podcast sur France Musique depuis ce matin.
Lorenzo a dit…
Très bonne émission admirablement commentée par la productrice et les extraits choisis sont simplement divins. je vous recommande l'émission et le disque.
Fanfan a dit…
Vous m'avez donné envie de découvrir ce disque...et c'est le coup de foudre! Les voix sont magnifiques et l'ambiance sonore très touchante.Merci!

Que le silence y est doux !

Mitsou, le chat le plus photographié de Bordeaux, se languit comme ses maîtres de Venise. Il reste des heures durant sur le rebord des fenêtres, descend dans la cour, s'endort au soleil dans la rue et semble attendre le prochain départ, comme nous, impatient de retrouver son univers. Bien que tout ici nous rappelle la vie vénitienne, il reste toujours une différence majeure, terrible et ineffaçable : le bruit. Nous vivons à Bordeaux dans un quartier agréable et pourtant très calme, à deux pas du plus beau jardin que le XVIIIe siècle des Intendants du roi ait donné à une ville française. Les rues sont larges et ensoleillées, les maisons comme la nôtre ont connu le siècle de Louis XV, certaines remontent même aux premières années du règne du bon roi Henri... Une sérénité liée aux siècles de tranquille atmosphère, rend la vie de la maison paisible et apaisante. 

Mais il y a le bruit des voitures, cette rumeur terrible qui ne cesse jamais ou presque. Une rue passante est à deux pas. Très animée le jour avec ses commerces, ses cafés et ses restaurants, elle devient une autoroute la nuit pour les gens pressés de rentrer chez eux et qui ne veulent pas être arrêtés par un feu rouge. Le pire, ce sont les motos. Et puis comme il fait encore chaud, les fenêtres restent ouvertes la nuit et le bruit monte. Les portières qui claquent, les démarrages un peu vifs, les voyous qui aiment faire pétarader le moteur de leurs pétrolettes, les bus qui roulent à vive allure...

Bordeaux est une belle ville et notre quartier un bonheur, mais ce bruit... Ce bruit ! A Venise, nous entendons les merles dans les arbres et le clapotis de l'eau du canal voisin, les pas qui résonnent sur les dalles de pierre. Parfois une sirène dans le lointain, un avion qui transperce le ciel. Et puis les cloches des églises qui carillonnent toutes les heures, avec en tête la Marangona qu'on entend de partout, et quatre fois par jour, les cris des enfants qui sortent de l'école ou jouent pendant la récréation dans l'école voisine. A ces sons jamais agressifs correspondent aussi des odeurs dont j'ai toujours la nostalgie quand je ne suis pas là-bas : l'odeur de la glycine dans le jardin, celle très particulière de la lagune, mélange de senteurs marines, d'algues et de terre et puis soudain, fugace, le délicieux parfum du café qu'on torréfie ou du pain qui vient de sortir du four. Ici, dans notre exil, ces odeurs parfois nous parviennent aussi. Elles projettent alors notre âme vers notre chère lagune, comme la bonne odeur des canelés de Baillardran quand on passe près du marché des Grands hommes ou le café grillé de la Maison du Café, les bords du fleuve quand la marée remonte. Délicieux remugles qui font chavirer les papilles et nous transportent en pensée vers la Sérénissime. Mais le bruit est toujours là.

© photo Dominique M. - Le Campiello
Même les terrasses ensoleillées qui nous rappellent tellement nos longs moments de délicieux farniente vénitiens ne sont jamais plongés dans ce silence incroyablement plein qui caractérise Venise et fait d'elle, loin de toute autre considération esthétique ou artistique, un lieu unique où la ville semble être campagne et où la campagne pourtant partout repoussée par la nécessité de la vie humaine semble dominer et imposer ses droits. Voilà ce qui rend Venise unique, cet union parfaite entre la nature et l'anti-nature. Quand on connaît bien la cité des doges, on comprend combien il est vain et hors sujet de souligner le peu de présence végétale dans la ville. La nature est partout, sous nos pieds par la terre des îlots et les forêts de pieux des fondations, autour de nous avec l'eau des canaux, au-dessus par ces ciels magnifiques, à chaque instant par la lumière incroyable. Alors peu importent le manque d'arbres et de verdure quand les pierres et les briques elles-mêmes avec leurs tons si particuliers, sont aussi une part de nature domestiquée par le savoir-faire de l'homme. Ah! combien par cette soirée de victoire de la France au rugby (ne nous aura-t-on pas cassé les oreilles avec cet évènement depuis des semaines !), comme notre chat, j'ai hâte de revenir et goûter à nouveau à ce silence si plein, à ces nuits merveilleusement paisibles et tranquilles...

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7 commentaires:

condorcet a dit…
Le silence : une vertu pour une civilisation qui ne sait pas vraiment ce que ce terme signifie. Ces manifestations bruyantes ne renvoient pas au "rite d'inversion" étudié par Emmanuel le Roy Ladurie dans "Le Carnaval de Romans". Ces promeneurs nocturnes défilant bruyamment dans les rues sont de farouches routiniers durant la journée. La nuit est une récompense : pour le salarié, elle coincide avec le repos et pour le travailleur intellectuel, elle aiùe l'ode à la vie et à l'esprit.
AG a dit…
Le silence est un luxe. Le silence peut aussi être une prison. Je pense aux malentendants qui n'ont plus le grand bonheur d'écouter de la musique... ou plus prosaïquement la possibilité de participer à la moindre conversation. D'où un isolement certain. La nuit est une récompense, mais la nuit est aussi synonyme de travail pour quelques-uns afin que notre bien-être (hôpitaux, pompiers, etc...) soit garanti... ou nos envies de distraction satisfaites (spectacles divers et variés). Nous sommes loin de Venise. Mais Venise est bien la seule ville italienne, par sa "physionomie", à ne pouvoir bénéficier du bruit si doux et agréable des "motorini" et conversations interminables et très tardives des jeunes (ou moins jeunes) italiens, surtout en période estivale. Quant au foot et au rugby qui suscitent des réactions aussi passionnées que bruyantes, et peut-être disproportionnées, je vous l'accorde, soyons indulgents. Intellectuels ou pas, favorisés ou pas, certains sont "tétanisés" par la victoire ou la défaite de leur équipe favorite. Voilà, c'était mon "coup de gueule" du jour, une réaction épidermique... alors que je suis si souvent d'accord avec vous, au travers des articles de vos blogs (qui me font découvrir tant de choses que j'ignore). AG
Constance a dit…
Qu'il est merveilleux, cet hymne à Venise! Oui, le silence est roi à Venise, surtout comme "toile de fond" de tous ces sons que l'on entend, que l'on entend vraiment soudain. L'eau, et toutes ses notes différentes, du clapotis au bruit un peu sourd du bois qui bat l'eau quand une gondole passe et semble taper une surface de fond ( est-ce possible ? c'est l'impression que le son donne ), on apprend qu'il y a un son particulier de l'eau qui se fend, un son soyeux et prolongé... Et la musicalité absolue des "ciao-ciao", lorsque deux vénitiennes se croisent, l'une prononce comme en chantant, "Ciao Giustina, ciao" et l'autre répond en mesure "Ciao, Roberta!" et la première qui est presque passée déjà ajoute un "ciao, ciao", sur une tonalité decrescendo, avec parfois un léger écho de la deuxième, "ciao"... Ciao Lorenzo, merci du bonheur de m'avoir replongée dans cette partition sonore du silence, tandis que mes voisins ont mis la techno à fond et que tous mes meubles vibrent, qu'ils hurlent pour couvrir le bruit sur leurs quatre enfants qui hurlent, tous surexcités par cette nuit à clamer de tout leur saoûl. Qu'importe, puisque j'ai été transportée à Venise!
condorcet a dit…
Je trouve que la possibilité de dormir est un des droits les plus élémentaires qui soit. Etre dérangé à 1, 2 ou 3 h du matin par des fêtards est une véritable agression physique sachant que bien souvent, le sommeil sera difficile à retrouver.
Tietie007 a dit…
Chat sur damier ...
Lorenzo a dit…
AG et tietie007, soyez les bienvenus sur TraMeZziniMag, car sauf erreur, lecteurs silencieux venant souvent sur le site, ce sont vos premiers commentaires. Ce blog - comme tous ses semblables - ne vit et n'évolue que par ses lecteurs. Leurs avis, leurs critiques aident à avancer au service de notre passion commune : Venise. Je remercie au passage tous ceux qui depuis plus de deux ans non seulement me font l'honneur de me lire, mais apportent leur contribution par leurs idées, leurs connaissances et leur indulgence. TraMeZziniMag est à eux aussi.
AG a dit…
Bonjour Lorenzo, NON NON, je ne suis pas si silencieuse. Je me suis déjà manifestée (en italien) le 12 septembre dernier. Bonne journée. Agnès

05 octobre 2007

Chute d'ange, une vraie de vraie !


Vous allez dire que le sujet de ce petit film du talentueux Jamin Winans n'a rien à voir avec Venise et nos préoccupations habituelles ici sur TraMeZziniMag, mais depuis plusieurs mois que cette vidéo circule sur DailyMotion, je ne résiste pas à la joie de vous la faire connaître. C'est l'article posté récemment sur la chute d'un morceau du palais ducal qui ramène à la fameuse histoire du panneau  :
"Pericolo : caduta angeli" 
placé il y a des années sur l'échafaudage de la Salute que l'on restaurait à l'initiative de la France, qui m'y a fait penser... Bon, c'est truffé de bons sentiments, je vous l'accorde mais c'est le genre d'images qui en ce début de siècle tonitruant, revigore et rassure sur les infinies possibilités de la riche nature humaine. Et cela vaut pour tous les peuples du monde, de Venise à Rio, de Québec à Bordeaux !



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5 commentaires:

Tietie007 a dit…
Vive la France ! On vient de gagner les Black au rugby ...un peu comme la première fois que je suis arrivé à Venise ...Magique ....
Lorenzo a dit…
En tant qu'homme du Sud-Ouest,ancien élève d'un collège anglais où ce sport servait de laisser-passer, je suis ravi de l'intérêt que l'on semble prendre pour le rugby. Mais le battage médiatique, l'omniprésence dans les médias, dans la rue, les vitrines des magasins, les cafés et même les écoles de cette coupe du monde m’écœure parce que le fric et la mode se sont emparés d'un jeu d'amateur, resté longtemps pur honnête et magnifiquement esthétique. On a fait de ce rugby là un produit commercial, et ce sport n'est plus qu'un prétexte à laver les cerveaux des masses et remplir les comptes en banque de certains petits malines. Comme le foot ou le basket. Écœurant. Je ne me réjouis donc pas cher lecteur. Non pas que je ne sois pas content pour l'équipe de France mais parce que je suis triste de ce qu'on a fait de ce sport en le professionnalisant et en le médiatisant à outrance. Et puis je ne peux pas m'empêcher de me hérisser quand tout depuis des semaines tend vers un bourrage de crâne calculé, un lavage de cerveaux lamentable. Je reste dubitatif et méfiant quant aux intentions qui ont présidé à la mise en avant de cet évènement. Alors non je me réjouis pas plus particulièrement ce soir de la victoire de la France que de celle d'une petite équipe de poule Z ou Y (c'est bien comme cela n'est ce pas qu'on classifie les équipes amateurs) à Brive La Gaillarde ou à Triffouilly les Oies ! A propos, aviez vous lu mon article sur le rugby à Venise ? Un rugby amateur celui-là, un vrai quoi...
airaud a dit…
bonjour par un hasard de goggle je decouvre votre blog je suis christophe Airaud et nous avons vecu il Y a disons quelques années la mostra de venise souvenirs si vs le voullez contactez moi christophe
airaud a dit…
une adresse mail aiderait surement airaud@noos.fr christophe
Lorenzo a dit…
quelle merveille que le net : retrouver mille ans plus tard des êtres chers et renouer avec un passé encore présent dans sa mémoire !

04 octobre 2007

Promenade dans Venise





8 commentaires:

Constance a dit…
Enchantée... de découvrir ce blog, de pouvoir garder un oeil à Venise, dont je suis, comme tant d'autres, une amoureuse fervente. Je le mets tout de suite dans mes favoris ; j'y apprends ce que je n'avais jamais compris ( sans être dérangée par la bizarrerie! ), la logique étrange des numéros de ligne des vaporetti, j'y trouve matière à lecture et à réflexion. Je reviendrai y passer du temps, j'irai fouiller dans les liens nombreux que vous proposez, et je vous remercie de ce lien précieux avec ce lieu précieux. Je me permets de mettre ce blog dans mes liens, espérant que cela ne vous ennuie pas.
venise86 a dit…
Tes photos sont trop belles, et je te les emprunte régulièrement, en te citant bien sur... Le bonheur d'être à Venise au quotidien grâce à toi...
Lorenzo a dit…
ce ne sont pas toujours les miennes. Souvent des photos que j'emprunte moi aussi au hasard du net à des inconnus ou à mes amis qui ont la gentillesse de me les adresser. Dans la mesure du possible j'en indique la provenance et l'auteur.
condorcet a dit…
Je souhaite non pas "réagir" (ce qui constitue vraiment l'antipode de tout esprit véritablement enclin à réfléchir) mais évoquer cette nostalgie de la Venise d'antan qui vous habite. J'ai 29 ans : et ce regret du disparu qui transparaît dans vos souvenirs se retrouve parfois dans mes pensées historiennes. Je me souviens de cet enthousiasme pour l'histoire qui a bercé mon enfance, quelque puéril qu'il fût, et des décombres chronologiques et mémoriels dans lesquels on se repaît. Cette décrépitude des lieux intellectuels a ceci commun avec les "espaces vécus" qu'elle nous ôte un peu de notre mémoire collective ou plutôt de notre imaginaire mental.
Lorenzo a dit…
Nulle nostalgie en fait si ce n'est celle liée à un temps à jamais enfoui qui fut celui de mes jeunes années heureuses et pleines d'enseignements nouveaux quand je vivais, j'aimais et j'étudiais à Venise. Ensuite, nostalgie de ce que j'imagine avoir été la ville (et la vie dans cette ville) de mes ancêtres dont le sang qui coule dans mes veines s'échauffe depuis toujours quand j'approche de la lagune. Pour le reste, le quotidien, la vie courante, la Venise d'aujourd'hui vaut aussi parce qu'elle est d'aujourd'hui, palpable, ordinaire et en devenir. L'histoire ne doit pas nous être regret mais espoir n'est ce pas ! Espérer toujours que les nouvelles générations sauront tirer du passé les meilleures leçons et innover inventer bâtir pour réussir là où ceux d'avant n'ont pas su ou pas pu.
condorcet a dit…
Ce sottoporgo figure dans une séquence de "Mort à Venise" où Gustav Aschenbach suit Tadszio dans une Venise spectrale.
condorcet a dit…
Aie aie mon cher Lorenzo, vous venez d'associer deux mots dans une expression qui m'exaspère : les "leçons de l'histoire"... je vous expliquerai un jour pourquoi : ce soir, disons seulement que le déterminisme n'est pas une clé de compréhension du passé.
Si si le passé est regret et fol espoir puisque le regard de l'historien pas plus que celui de l'acteur ne peuvent en restituer la richesse. Toute la beauté de l'histoire réside dans cet aspect révolu du passé et l'impossibilité de le rendre tout à fait. D'où la nécessité d'avoir un regard plus riche.
Pour l'avenir, la question est plus personnelle qu'historienne.
Delphine R2M a dit…
Mais que c'est beau...
Merci Lorenzo!