03 juillet 2007

On reparle d'un métro à Venise : mais dites-moi que ce n'est qu'un cauchemar !

Je dois virer au vieux machin grincheux mais dès que j'entends parler de ces projets pharaonesques qui sont présentés comme de grands progrès pour l'avenir de la Sérénissime je sens des palpitations s'emparer de mon coeur, des démangeaisons et l'envie de hurler que le seul combat qui vaut la peine d'être mené jour après jour et n'aura jamais de fin, c'est celui qui consiste à préserver Venise des outrages du temps et des dommages de l'ultra-modernité, qui n'est pas un progrès mais une plaie pour le patrimoine et la conservation. 
 
Bien sur les inventions, les techniques modernes peuvent apporter des solutions durables aux problèmes de restauration, mais doit-on laisser les adeptes du progrès jouer aux apprentis-sorciers et prendre le risque de laisser détruire inexorablement les trésors préservés du passé ? Bref, vous aurez compris que ce sont des idées qu'on pourrait croire farfelues qui se répandent en ce moment à Venise et sont prises très au sérieux ! Le président de la région, potentat ultra-libéral aux ambitions aussi titanesques que ses idées sur la Venise du XXIème siècle et suivants (s'il y en a), a décidé qu'un métro était nécessaire pour améliorer les déplacements des vénitiens. Pour qu'ils aillent plus vite ! Non seulement tout le monde est d'accord pour dire que faire des trous et autres excavations dans le sous-sol argileux de la lagune serait prendre un risque démesuré pour l'équilibre de l'éco-système lagunaire déjà bien mal en point, mais imaginez-vous des stations souterraines qui déboucheraient place Saint-Marc comme Indiana Jones dans un film célèbre ? 
 
Si ces monuments restent debout après de tels travaux, qu'est ce que Venise aura gagné avec un métro ? Davantage de touristes, qui circuleront sous terre et s'ajouteront à ceux qui arpentent les ruelles et les campi. Et puis mettre 30 minutes pour aller d'un point à un autre en vaporetto restera toujours pour le vénitien qui se rend à son travail plus appréciable que 5 minutes dans une rame de métro souterraine, vous ne trouvez pas ? Mais imaginez un peu : 250 millions d'euros de travaux pour 15 millions de voyageurs par an de Tessera (l'aéroport à l'Arsenal en passant par Murano) à 9 euros pour les touristes et 3 euros pour le vénitiens, si je ne m'abuse cela fait 135 millions d'euros de chiffre d'affaires. Amortissement des travaux en 24 mois, puis le pactole pour l'ACTV (la société des transports en commun de Venise) qui en profiterait pour supprimer la liaison en autobus par le pont de la Liberté et quelques lignes de vaporetti de plus en plus obsolètes (sic). Le progrès, mes amis, le progrès ! Le climat change et le ciel en ce début d'été est pourri, l'eau manque et quand elle coule encore dans nos rivières, elle est polluée, chque jour les sculptures en pierre d'Istrie des façades vénitiennes se transforment en talc, la lagune monte et les poissons morts flottent le ventre en l'air partout dans la lagune, au milieu des algues radio-actives mais vive le progrès et la fuite en avant du modernisme !

Heureusement, la protection de l'environnement a de plus en plus d'adeptes, et un tunnel de plus de huit kilomètres dans la couche d'argile qui forme l'immédiat sous-sol de la lagune et de la cité des doges (et qui est en contact direct avec la nappe phréatique) représente un frein aux ambitions du Président Galan. Massimo Cacciari ne serait pas contre s'il est prouvé que le projet présente un risque zéro... Amis de Venise, après l'inénarrable projet Mose, restons vigilants et ne laissons pas les financiers et les technocrates détruire ce patrimoine unique déjà bien mal en point ! 
 
Pour ma part, je vais cesser de pester contre tous ces apprentis sorciers au manichéisme somme toute ultra vulgaire et me retirer dans mon joli jardin, lire de la poésie, faire de la pâtisserie avec mes enfants et me remplir les yeux des merveilles qui me sont données d'approcher tant qu'il est encore temps. "En attendant les barbares"...

01 juillet 2007

Les Brèves de TraMeZziniMag

Un numerus clausus pour l’entrée à Venise.

Cela a déjà fait couler beaucoup d’encre mais nécessité fait loi à Venise peut-être davantage qu’ailleurs : dans quelques jours les autorités municipales vont tester la politique du numerus clausus à l’entrée de la cité. Le maire, les différents assesseurs, la police et les syndicats de bateliers, de gondoliers et les hôteliers-restaurateurs se sont apparemment mis d’accord. Tous conviennent que le flux de plus en plus important de touristes – surtout pendulaire – déséquilibre la vie de la cité et devient un réel problème écologico-économique. Difficile d’imaginer que l’on ne puisse se rendre à Venise que sur rendez-vous et après des longues mois d’attente. A ce sujet mais concernant un autre haut-lieu touristique, lisez l'article dans Impasse Sud (cliquez sur le lien).

Les femmes à l’assaut de la corporation des gondoliers.

On savait que la pétulante allemande de Birkenfeld, Alexandra Hai voudrait absolument devenir gondolier (gondolière ?) en recevant l'absolution du syndicat des gondoliers. Résidant depuis une dizaine d'années à Venise, elle a seulement l'autorisation de promener les touristes de l'hôtel pour qui elle travaille et les télévisions du monde entier se sont intéressés à sa tentative. La confrérie vieille de plus de 1000 ans ne voit pas cet accroc à la tradition d'un très bon œil. Les 425 gondoliers officiels (il y a malheureusement quelques clandestins depuis toujours : souvenez vous le gondolier du Professeur Ashenbach dans Mort à Venise…) maintiennent leur position : pour être gondolier, il faut être vénitien et être de sexe masculin… Mais les lois modernes, l’Europe, l’idée de progrès et la hantise de la ségrégation et du sexisme voudraient avoir raison des traditions et des usages : Il y a maintenant deux autres jeunes femmes candidates, Alessandra Taddeo et Giorgia Boscolo, (fille du peintre Dante Boscolo et jeune maman de deux enfants), vénitiennes de pure souche celles-là. Toutes les trois ont tenté les épreuves d’admission à la profession, très règlementée. Parmi les 130 candidats inscrits, le jury a tranché : en dépit d'un excellent niveau, aucun des trois jeunes femmes n'a obtenu le nombre suffisant de points. Sur les 126 participants, seuls les 40 premiers étaient admissibles. Les trois dames se sont classées respectivement 53e, 77e et 43e. Pour les amateurs de détails, signalons que le major de la promotion 2007, Sebastiano della Toffola, 20 ans, a totalisé 10 points (le maximum). Avec les 39 autres lauréats, il va intégrer la très rigoureuse "scuola di mestiere- arte del gondoliere". 16 d'entre eux sont fils de gondoliers... Ils sont tous d'autentiques vénitiens, hormis le jeune Andrea Vianello (18 ans) natif de Mirano. 40 heures de leçons de gondole de promenade, 360 heures de pratique sur le traghetto, 150 heures d'étude théorique (droit de la navigation, langues, toponymie vénitienne). Des têtes bien pleines dans des corps bien faits !

Les livreurs excédés par le trafic touristique.

Est-ce pour préparer l’opinion au Numerus Clausus et aux modifications qui s’imposent de plus en plus lourdement chaque jour, mais les syndicats vénitiens sont au bord de la crise après l’incident – un de plus – survenu hier au Rialto. Ils réclament la mise en place d’un réseau de circulation des marchandises protégé afin d’éviter que les livraisons soient en permanence bloquées ou retardées avec les conséquences que cela entraîne pour l’approvisionnement et le commerce. Le responsable : le trafic que provoquent les hordes de touristes, nécessitant chaque jour davantage de vaporetti, occasionnant des retards énormes et des pannes de plus en plus fréquentes. L’incident de samedi aurait fait rire autrefois : un bateau est resté encastré plusieurs heures sous le pont du Rialto, il avait dû s’écarter pour faire place à un vaporetto en retard et très lourdement chargé qui lui-même manœuvrait difficilement pour éviter un "train" de gondoles remplies de japonais.

29 juin 2007

La Phrase du jour

"Ainsi donc, Dieu soit loué! Venise n'est plus pour moi un simple nom, un vain mot, qui m'a tourmenté souvent, moi, l'ennemi mortel des paroles vides".

Goethe
© Baldiphoto - Antonio Baldi. 2007. Tous Droits Réservés.

27 juin 2007

La Fondation Emily Harvey à Venise

Connaissez-vous Emily Harvey ? Cette galeriste new yorkaise connue pour son soutien envers la communauté avant-garde internationale et notamment les artistes du mouvement Fluxus. Elle partageait sa vie entre New York et Venise où elle avait élu domicile. Elle aimait Venise et voulait partager avec dautres lamour quelle avait pour cette ville unique. Elle aimait lart, les artistes, les créateurs en tout genre. Avec la création de ces résidences, elle voulait particulièrement soutenir des artistes matures - si peu de programmes de ce genre étant prévus pour eux. Disparue en 2004, après des mois de lutte contre une terrible maladie, elle demeure dans cette œuvre qu'elle avait mis au point et ne put voir aboutir.
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La Fondation Emily Harvey propose des résidences à Venise, pour des artistes, écrivains, poètes, réalisateurs, vidéastes, chorégraphes, danseurs, musiciens, commissaires d'exposition, administrateurs d'art, architectes et tout autres créateurs en fin ou milieu de carrière engagés dans un projet de changement et dont le travail s'inscrit au sommet de leur discipline. Les postulants peuvent venir du monde entier. Ces espaces de vie et de travail, tous situés dans le centre historique, notamment calle dei cinque, sont équipés de Wi-Fi et d'un accès internet. Tous disposent de téléphone, de cuisine équipé et de machine à laver le linge. La Fondation ne couvre pas les frais de séjour, de repas ou de transport. Les résidents doivent prévoir leurs propres matériaux de travail et être financièrement autonomes lors de leur séjour à Venise.
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Pour ceux que cela intéresse, les candidatures doivent être adressées par courriel (en français, anglais, italien, allemand ou espagnol), à Henry Martin : hymartin@tin.it, en joignant un CV et une description (une page de 250 mots environ) du projet envisagé lors de la résidence à Venise. La durée des résidences peut être de un, deux ou trois mois, selon la nature et l'ampleur du projet proposé. Des durées de séjour autres peuvent aussi être considérées. Les candidats sont choisis par le comité de revue des candidatures de la Fondation.
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The Emily Harvey Foundation
San Polo 322
30125 Venezia, Italia

26 juin 2007

En attendant le vaporetto


 


Savez-vous que bientôt les pontile de l'ACTV seront scindés en deux : un accès réservé aux vénitiens, et un accès pour les touristes. La polémique fait rage. Qui est ghettoïsé ? le touriste ou le vénitien ? Le nombre croissant de visiteurs pose tellement de problèmes difficiles à résoudre. Faut-il des lignes spécifiques pour les visiteurs, des horaires interdits ? Les tarifs sont déjà terriblement différents. Sans la Carta Venezia (la carte orange réservée aux vénitiens), prendre régulièrement le vaporetto coûte une fortune. Les touristes avisés achètent l'un des pass créé par la municipalité, la "Rolling Venice Card".

25 juin 2007

Que votre été soit beau et vos journées heureuses !

 
Comme sera beau chaque matin à Burano et heureux celui qui sait prendre le temps de contempler ces petits riens : un reflet, un rayon de soleil, un chat qui dort, l'enfant qui joue, le bateau qui revient de la pêche...

24 juin 2007

Santa Lucia et le Palais Labia

 
 
Lorsque on descend le grand canal en partant de la gare, si par hasard la cohue des touristes entassés sur le pont du vaporetto n'empêche pas d'apercevoir le majestueux paysage urbain, un superbe corps de bâtiment ne peut manquer d'attirer l'attention. A l'angle du canal de Cannaregio, qui fut jusqu'à la construction du pont par les autrichiens au XIXe, la voie d'accès à Venise pour les visiteurs arrivant de la Terra Ferma, se dresse le majestueux Palais Labia et la belle église San Geremia et son campanile, plus communément appelée par les vénitiens Santa Lucia, car elle abrite les cendres de la martyre Sainte Lucie dont la chapelle votive donne sur le Grand Canal. Le catafalque de la sainte est entouré de paire de lunettes laissées en offrande par les fidèles guéris de leurs problèmes de vue (sainte Lucie est la patronne des aveugles et des électriciens). Un troisième bâtiment complète l'ensemble, de facture typiquement vénitienne, c'est le presbytère de la paroisse. récemment restaurée, son harmonieuse façade rappelle les magnifiques maisons de campagne qu'on peut admirer tout autour de Venise, dans les îles ou vers Asolo, Padoue et Vérone. De l'autre côté du canal se dresse le palais ou vit Helmut Berger, l'acteur fétiche de Luchino Visconti, qui hérita du maître cette demeure magnifique où il vit en reclus. Le Palais Labia qui est aujourd'hui le siège de la RAI, fut jusque dans les années 60 la propriété d'un milliardaire excentrique, sud américain d'origine basque, Carlos de Bereistegui qui le restaura et y donna le fameux "bal du siècle" qui réunit sous les fresques de Tiepolo les plus grandes célébrités, en 1951. Je vous raconterai cette fameuse soirée dans un prochain billet.

22 juin 2007

Pour un séjour à Venise


Se rendre à Venise et ne pas descendre à l'hôtel, voilà un vieux rêve que tout le monde aujourd'hui peut transformer en réalité. Des centaines d'adresses sont ainsi à la disposition des voyageurs - vous savez combien je préfère ce terme à celui tellement dévoyé de "touriste" - et il s'ouvre chaque jour un nouveau "bed & breakfast" plus ou moins accueillant. L'idée est bonne : Vivere alla veneziana, entre amis ou en famille pendant quelques jours, voire quelques semaines... Attention cependant au danger. Vivre ainsi vous fera risquer l'addiction. Trop agréablement installés, des habitudes vite prises chez tel ou tel commerçant bienveillant, quelques bribes d'italien, deux ou trois rencontres avec des voisins avenants et ça y est, vous êtes en état de dépendance et la désintoxication devient impossible. Il n'y a aucun remède et si l'overdose n'est pas mortelle (du moins pas à ma connaissance !), l'embarras peut prendre de terribles proportions. Je sais de quoi je parle !
L'hôtel à Venise lorsqu'on a un budget "normal", se résume à un décor néo-vénitien avec débauche de damas et de brocard, nègre de bronze tenant une lanterne dorée, lustres à pampilles dorées et lions de saint Marc en plâtre doré. Votre chambre matelassée de faux tissu XVIIIe ouvrira sur un puits de jour sans lumière souvent nauséabond et dans les catégories les plus simples, le drap du dessus utilisé par vos prédécesseurs sera devenu votre drap de dessous. Colazione continentale avec un mauvais pain blanc sans aucun goût, un petit pot de confiture d'abricot, une plaquette de beurre et un café au lait sans imagination... 
Bien sur les catégories supérieures ont de belles chambres, des concierges affables et de gentils grooms en livrée. Mais passer dix jours en famille au Londra, au Métropole, au Baüer-Grunenwald et à plus forte raison au Danieli ou au Gritti (je ne parlerai même pas du Cipriani à la Giudecca) n'est pas pour tous les portefeuilles sauf à pouvoir claquer 1.000 à 5.000 euros par jour. On peut certes dormir au Danieli pour une somme relativement modique mais ce ne sera pas la chambre de George Sand et Chopin.
Si vous aimez le confort mais ne voulez pas vous ruiner, l'appartement loué au week end, à la semaine ou au mois est fait pour vous. Parmi les nombreuses agences sérieuses qui louent ce type de biens, vous trouverez votre bonheur : petit nid d'amour romantique au possible situé sur le Grand canal avec une partie de jardin à votre usage personnel, étage noble d'un vieux palais, duplex fonctionnel avec terrasse, loft ultra moderne avec jacuzzi et haut débit... Quant aux tarifs, ils vont de 650 euros à 15.000 euros la semaine (exemples extrêmes pris au hasard des quelques agences avec qui je suis en contact). La moyenne pour un appartement convenable non inondable (trop de locations sont des magazzini transformés à la hâte et qui malheureusement sont inondés lors de l'aqua alta) tourne entre 800 et 1.200 euros la semaine en Pleine Saison. Il est souvent possible de négocier les tarifs pour des durées plus longues.

20 juin 2007

COUPS DE CŒUR N°15

Donna Leon
Le meilleur de nos fils
Point Seuil, 2007
On vient de retrouver le corps du jeune Ernesto Moro, mort par pendaison dans la salle de douches de l'Académie militaire de Venise, dont il était élève. Officiellement, il s'est suicidé. Mais le commissaire Guido Brunetti a du mal à y croire : le jeune aristocrate est le fils du célèbre Dottore Moro, un député qui enquête sur le financement des hôpitaux publics italiens et le système d'approvisionnement de l'armée... La coïncidence semble décidément trop étrange. Le commissaire Guido Brunetti est particulièrement touché, car il est lui-même père d'un jeune adolescent. Il a du mal à croire à cette version officielle. Car il règne dans cette Académie une atmosphère trouble. Le pensionnat privé, est réservé aux enfants de l'élite financière, de la grande bourgeoisie industrielle et de l'aristocratie vénitienne. le père du jeune disparu, médecin puis député, a enquêté sur le financement des hôpitaux publics italiens et publié un rapport qui a fait scandale à l'époque. En outre, la femme de Moro a été victime dune tentative d'assassinat quelques années auparavant et le couple vit à présent séparé pour se protéger. Sans se laisser démonter, toujours aussi attachant, Brunetti mène son enquête, avec la signora Elettra, sa sympathique secrétaire, et sa femme Paola, qui, en parfaite grande bourgeoise rebelle, déteste l'armée et tout ce quelle peut représenter de corruption institutionnelle. mais ce dernier livre s'il reste passionnant comme tous les ouvrages de Donna Leon est un un peu trop pessimiste, les coupables ne sont pas punis. la tristesse l'emporte sur l'angoisse.
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Patricia Wentworth
Miss Silver entre en scène.

Coll. 10/18 Seghers

Miss Silver cest une cousine de Miss Marple, la création dAgatha Christie. Et Patricia Wentworth est aussi très anglaise. Une atmosphère unique, les villages anglais, les salons de thé, l'épicerie-poste avec la sœur du pasteur et le livreur de lait. Cest bien écrit. J'en parle ici car j'ai découvert cet auteur lété dernier à Venise et cest génial. Une bonne tasse de thé, des Digestive et des Custard Cream (vous savez ces délicieux biscuits anglais qui vont si bien avec le thé au lait) sur un joli plateau recouvert d'un fin napperon au point de Venise, à l'ombre de notre glycine de Dorsoduro. Le paradis en quelque sorte.
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Henry James
Les secrets de Jeffrey Aspern
Critérion éditions

Un journaliste, fou du poète disparu Jeffrey Aspern, est prêt à tout pour mettre la main sur les lettres qu'il avait adressées à sa muse. Or, celle-ci est toujours vivante, bien que très âgée. Elle vit à Venise. Il va devenir son locataire, dans un vieux palais Vénitien délabré. Par l'intermédiaire de la petite-nièce, il tentera par tous les moyens de voir ces précieux papiers. Existent-ils réellement ? Pourquoi ces deux femmes se sont elles ainsi coupées du monde ? Dès les premières pages on est sous le charme. L'écriture, les descriptions de Venise, cette nouvelle coule comme l'eau d'un canal. L'ambiance est mystérieuse, et l'évocation de Venise dans ses nuits d'été le long des canaux est sublime. Henry James est vraiment un grand écrivain et sa connaissance de Venise un régal.
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OSTERIA ENOTECA BOCCADORO 
Cannaregio, 5405/a
tel. 00 39 041 521 10 21

Située sur le Campo Widman, cette taverne est toujours très appréciée des vénitiens bien que devenue assez fréquentée par les touristes. Si les prix sen ressentent un peu, l'endroit reste agréable. Installés sous la vieille tonnelle vous pourrez goûter des plats délicieux et la carte des vins est très riche. On y écoute de la bonne musique. C'est simple mais exquis. Surtout des recettes de poissons de l'Adriatique accompagnés de bons vins secs ou aromatisés. La tradition vénitienne dans toute sa splendeur. Fermé le lundi (comme beaucoup de restaurants à Venise)....  

Antonio Vivaldi
Sonates pour Violoncelle
Ophélie Gaillard et l'ensemble Pulcinella
 

Label Ambroisie. 
Une merveilleuse surprise que ces sonates enregistrées par la rayonnant Ophélie Gaillard, élève de Christophe Coin, et son jeune ensemble "Pulcinella". Une virtuosité mêlée dune grande poésie. Tout Venise est dans cette interprétation. Délicatesse évocatrice, énergie communicative impeccablement articulée, sens des phrasés, instinct des nuances. La prodigieuse liberté du jeu d'Ophélie Gaillard concilie technicité et poésie. Autant de vertus exceptionnellement vécues qui confirment la musicienne accomplie. Inspirée et aussi défricheuse ce qui, n'ôtant rien à notre plaisir, enrichit notre horizon musical. A ses côtés, les instrumentistes de Pulcinella cisèlent chacune des options de timbres et de couleurs retenues pour la restitution du continuo. Ces sonates sont aussi de sublimes épisodes chromatiques d'un préromantisme imprévisible à couper le souffle (écoutez le second largo de la 5ème sonate) ! D'un coup, on passe de la musique à la peinture : le chant liquide de l'incandescente Ophélie vous transporte sur les eaux palpitantes, fantastiques et presque évanescentes, brossées par un Guardi ! .
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Antica Legatoria Piazzesi
San Marco 2511 , Campiello della Feltrina
(entre le Gritti et Santo Stefano)
Ce magasin est le plus ancien relieur et négoce de papier à la cuve de tout Venise. Lavinia Rizzi-Carlson (qui est aussi écrivain), et son fils Oliver ont ouvert depuis une boutique à Padoue, mais le siège reste toujours ce joli magasin très encombré au pied du pont della Feltrina, près de l'antiquaire. Outres les carnets et les albums, ils proposent des objets en cartapesta (technique traditionnelle de papier mâché) : figurines, plateaux et cadres. Ils reproduisent à la main de très beaux papiers avec des motifs originaux d'autrefois. Ils possèdent une des plus grandes collections de papiers imprimés du XVIIIe et du XIXe. des merveilles. C'est un peu cher mais de très grande qualité et l'accueil est distingué, avenant et cultivé. On est loin de la boutique à touriste-gogo. La maison Piazzesi réalise sur demande tous travaux de reliure et de façonnage.

19 juin 2007

Un honneur.

Merci Venise86 pour ce joli cadeau... Le palais Franchetti au soleil du matin, ou bien était-ce le soir ? J'aime beaucoup passer au petit matin sur ce pauvre pont de bois bien menacé aujourd'hui. 
 
Autrefois (du moins dans mon autrefois à moi, à l'époque où je vivais toute l'année à Venise), il y avait toujours une flopée de chats qui attendait leur mère nourricière devant ce qui fut le consulat d'Allemagne, cette petite maison rouge qui appartient à la famille Marcello, sur le campiello, à gauche du pont en revenant de Dorsoduro. Ils attendaient au pied de l'arbre que l'on voit sur votre photo ou sur les marches du pont. Les passants devaient faire un écart pour ne pas les déranger. C'était drôle cette communauté de félins maîtres des lieux et respectés par tous.

Et puis ce palais Franchetti, aujourd'hui rénové et qui reprend vie me faisait rêver. Il abrita la mélancolie du Comte de Chambord, qui reste pour nous les bordelais, le très aimé duc de Bordeaux. Pauvre enfant ballotté entre deux mondes, entre deux époques, qui incarna trop tôt et trop longtemps, l'espoir d'une France apaisée. Il fut presque roi de France l'espace de quelques heures mais son intransigeance arrêta tout ; Henri V dont le profil ornait déjà pièces et billets de la Banque de France, vint se réfugier à Venise avant de terminer tristement sa vie à Fröhsdorf. La duchesse de Berry, la fameuse Marie-Caroline de Naples, sa mère habitait le palais Vendramin ou quelques années plus tard mourut Richard Wagner.

Le prince aménagea et modernisa le palais et on y retrouve encore le goût néo-gothique de l'époque. A côté se trouve le palais Pisani qui est aujourd'hui le siège du Conservatoire de Musique. Un peu plus loin, il y a la maison de mon ami Bobbo Ivancich-Maggini qui regarde de l'autre côté du canal le palais Polignac où le duc Decazes recevait si bien et qui abrite depuis de nombreux hivers l'atelier de son petit-fils, le peintre Roger de Montebello. Autant de maisons, autant de souvenirs et d'anecdotes...

18 juin 2007

Dialogue entendu à la caisse d'un supermarché de Mestre

Le problème du logement et de la vie quotidienne dans le centre historique sont des dossiers préoccupants que personne n'a encore pu résoudre. Voici une discussion édifiante entre deux retraités, entendue l'autre jour dans un supermarché de Mestre qui venait juste d'ouvrir ses portes :
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"- Toi aussi tu es ici ? Comment cela se fait-il ?
- Cela va faire trois mois que j'habite à Mestre. Comme toi.
- A Mestre ? Ne me dis pas que tu as vendu ta maison de Venise ?
- Si, si! J'ai trois enfants qui sont mariés à Mestre. Mon frère habite à Scorzé. J'ai tenu aussi longtemps que j'ai pu, mais si je voulais être plus près des enfants, des petits enfants et de mon frère j'étais obligé de faire ce choix. J'ai vendu ma maison de Venise et j'ai acheté un appartement à Mestre. Mais j'ai gardé un petit magazzino à Castello où j'ai encore plein d'affaires que je me ramène ici peu à peu.
- Je n'aurai jamais cru que tu puisses laisser Venise et la maison de ta famille.
- C'est comme ça hélas, et puis cela devenait vraiment trop lourd, les travaux, les autorisations, les touristes. Ici je suis plus tranquille mais je regrette la vie là-bas, c'est sûr..".

Que rajouter ? Chaque jour de plus en plus de vénitiens font ce choix. Certains, qui ont la chance d'être propriétaires vendent la maison souvent héritée de leur famille et ne sont pas trop à plaindre. Ceux qui ne sont que locataires sont bien souvent remerciés et sont contraints de chercher en urgence un logement sur la Terre Ferme. 

En revanche pour ceux qui peuvent conserver leurs maisons et qui ont un peu de trésorerie, la fortune est au rendez-vous : il leur suffit d'y faire quelques travaux pour les transformer en chambres d'hôtes ou en location saisonnière. C'est le pactole assuré. Un appartement de 4 à 5 couchages rapporte au minimum 3.000 euros par mois soit 36.000 euros en moyenne de revenus annuels. Il faut enlever les frais divers, mais c'est un agréable complément de revenus, vous ne trouvez pas ? 

Avec cette manne, les vénitiens préfèrent quitter le centre historique trop encombré par la foule des touristes et où chaque jour un commerçant de détail baisse le rideau. En 20 ans, le nombre de charcutiers, bouchers, tripiers, marchands de fruits, droguistes et boulangers a diminué de plus de 80% dans le centre historique...

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3 commentaires : (enregistrés lors de la publication initiale sur le blog originel)  

Condorcet a dit… 
C'est hélas une illustration navrante de la concurrence des activités au sein d'un même territoire. Les activités contemporaines sont de moins en moins complémentaires et peuplantes. Autant dire que c'est l'entière organisation des sociétés humaines qui est à repenser dans un sens ouvert aux êtres et à la vie en général. 
13 juin 2007

Lili a dit… Quel triste constat! Je me mets à la place des vénitiens pour qui ce doit être un vrai crève-coeur de quitter Venise! Venise ne leur appartient plus... 
13 juin 2007 

MOB a dit… 
Et à Saint-Germain des Prés, qu'est-ce que vous croyez? Et à Mougins (dans le village) où il n'y a plus ni boulanger ni épicier (juste un dépôt de pain)? 
28 juin 2007

Et dans son sillage, un délicat parfum de tubéreuses...

 
© Klaus Baum - Tous Droits Réservés

La jeune femme était à Venise pour la première fois. Élégante et racée, elle s'accoutuma très vite au rythme vénitien, posant ses pas sur les pas de tous les voyageurs d'autrefois qui vinrent ici, le cœur rempli des beaux textes que la ville a souvent suscité. Elle connaissait certains de ces poèmes depuis toujours. Se levant tôt et se couchant tard, elle allait partout, visitant églises et musées, son guide sous le bras. un mouchoir de batiste à la main. Un parfum délicat prolongeait son sillage et on se retournait souvent sur son passage. Il émanait d'elle une harmonie et une paix qui se fondaient chaque jour davantage dans l'harmonie et la paix des ruelles et des campi écrasés de soleil. La jeune femme ne quitta plus jamais Venise. Son parfum comme un léger souffle printanier, je le sens parfois quand je me promène dans certaines rues calmes, l'été du côté de Castello...


3 commentaires: (lors de la première parution sur le blog originel)


Lili a dit…
Quelle belle ébauche de roman Lorenzo! J'ai tout de suite envie d'en savoir plus sur cette jeune femme.. et son histoire d'amour avec Venise...
Delphine R2M a dit…
Qui est elle? d'où vient-elle? que fait-elle à Venise?.... Tant de questions qui pointent sous vos mots, Lorenzo.
Lorenzo a dit…
Mais elle vit, Delphine, elle vit !

17 juin 2007

Le silence de Venise comme un baume.


L'été est là. La foule aussi accourue des quatre coins du monde pour la Biennale. Loin des sentiers battus, les ruelles demeurent calmes, les canaux tranquilles. Le silence si léger de la ville est un baume après la fureur du monde. Là-bas près de San Marco ou au Rialto, sur les Schiavoni vers la Biennale, les hordes se pressent et se bousculent, par vagues débarquant des vaporetti ou dévalant les ponts. Partout ailleurs, le vent déjà bien chaud transporte en écho les sons familiers à ceux qui connaissent Venise : les cloches qui rythment le temps qui passe, le cri des mouettes et le rire des enfants. La lumière forme sur les façades et au fil de l'eau un décor unique, toujours renouvelé, toujours différent...

12 juin 2007

Der Leiermann...


 
Connaissez-vous la merveilleuse interprétation du lied de Schubert "Der leiermann","Winterreise" de l'Opus 89, par le ténor Peter Schreier, accompagné au piano par Sviatoslav Richter ? Lorsque j'observe l'élégant mouvement des gondoliers et la barque sombre qui glisse sur l'eau verte des canaux, c'est toujours cet air si mélancolique qui me vient à l'esprit.

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A Venise, l'atelier Orsoni fête 130 ans de mosaïques à la feuille d'or

Ses mosaïques à la feuille d'or ont fait d'Orsoni le plus raffiné des ateliers d'art vénitiens, et le patient travail de ses 27 employés perpétue depuis 1888 à Cannaregio, une tradition qui a magnifié le Sacré-Cœur de Paris ou encore la cathédrale Saint-Paul de Londres.
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Au fond d'une cour ombragée cachée dans un quartier populaire au nord de Venise, une ouvrière prend une délicate feuille d'or 24 carats et la dépose sur une plaque de verre transparente pour la préparer à l'épreuve du feu. Dans la pièce voisine, coeur de la fabrique, un immense four de briques noircies dégage une chaleur étouffante. Du verre en fusion rougeoyant est sorti des flammes et vient recouvrir la feuille d'or et son support, qui sont immédiatement ré-enfournés: une plaque de mosaïque vient de naître. "Nous utilisons les mêmes techniques qu'il y a cent ans. La seule chose qui ait changé, c'est l'utilisation du gaz pour le four au lieu du charbon. Sinon le concept de production est identique et tout est encore entièrement fait à la main", explique Liana Melchior, chargée de la gestion interne de l'entreprise.

En 1888, lorsqu' Angelo Orsoni reçoit l'entreprise des mains du mosaïste Giandomenico Facchina, il est déjà un artisan consacré et gagne une renommée internationale dès l'année suivante lorsqu'il présente une des ses compositions à l'Exposition universelle de Paris. Dans ses ateliers vénitiens, il décide de faire revivre les antiques mosaïques byzantines à la feuille d'or, qui deviendront la marque de fabrique de la société, et multiplie également les couleurs pour les "smalti", ces morceaux d'émaux de verre opaque qui composent une mosaïque. 

Petit trésor d'Orsoni, l'impressionnante "bibliothèque des couleurs" compte aujourd'hui quelque 2.800 tonalités, les grands carrés de "smalti" déclinant toutes sortes de verts, rouges, orange, bleus, roses et gris, méticuleusement rangés sur de vieilles étagères en bois brut. "Il y a dans cette pièce toutes les couleurs que l'on peut obtenir à partir des oxydes de métaux. Il nous manque cependant des tons de bleu et de violet car on ne peut pas mélanger pour des raisons chimiques le cobalt (bleu) et le cadmium (jaune). Et il nous arrive aussi de produire une couleur spéciale sur demande", souligne Liana Melchior. Une fois "cuites", les plaques de mosaïques à la feuille d'or ou de "smalti" passent à l'atelier découpe. 

Assises face à face, Gabriella et Manuela peuvent en une heure couper à la main 5 kilos de petites tesselles, ces morceaux qui composent les mosaïques. "C'est très fatigant pour les mains et les bras, c'est presque un travail d'homme! Mais on a la satisfaction de savoir que cela va servir pour une oeuvre d'art", sourit Gabriella, 35 ans d'Orsoni, les mains protégées par d'épais gants beige et qui brosse sa plaque en verre avec de l'huile avant de la quadriller à l'aide d'une lame très coupante, pour casser ensuite à la force de ses doigts des petits morceaux de 2 cm sur 2. 

Chaque jour, les 27 employés des ateliers produisent quelque 500 kg de "smalti" et 200 kg de mosaïque à la feuille d'or, cette dernière se vendant entre 82 et 140 euros le kilo. Les petits morceaux de lumière d'Orsoni ont notamment servi à la restauration de la basilique de Lourdes, mais se retrouvent aussi sur le Mausolée d'Ataturk à Ankara, les Bouddhas dorés de Bangkok, la cathédrale Westminster de Londres ou encore le bassin de La Défense à Paris. Racheté en 2003 par le groupe italien Trend, Orsoni a cessé d'être une entreprise familiale et Lucio, arrière-petit-fils d'Angelo, doit aujourd'hui se contenter du titre de président honoraire de la société. Mais le nom perdure et reste synonyme de créativité et de beauté.

D'après une dépêche AFP, paru dans La Tribune de Genève.

11 juin 2007

A Venise, l'Afrique a deux visages




Je vous parlais le 6 juin des vendeurs abusifs comme les nomment la presse italienne. Ils font partie du paysage du centre historique et amusent les touristes tant ils sont entassés les uns à côté des autres, file presque ininterrompue de la gare à l'accademia en pensant par le Rialto et Saint Marc. Ils sont la face sombre de ce que le continent africain est devenu. Derrière l'outrance de ces déballages de camelote à trois sous et de mauvaises répliques de maroquinerie de luxe pour gogos, il y a toute la misère d'un peuple qui continue d'envoyer ses enfants se brûler aux lumières de l'occident trop riche. Mais à Venise en ces premiers jours de la 52e Biennale d'art contemporain, une autre Afrique est aussi présente à Venise.
Davide Croff, le président de la Biennale et Robert Storr, le directeur artistique de cette cinquante deuxième édition de la plus ancienne manifestation d'art contemporain du monde ont remis dimanche le Lion d'or à Malick Sidihé, le photographe malien, pour l'ensemble de son oeuvre. Cette récompense - tout à fait méritée - est aussi un symbole fort que Robert Storr voulait adresser au monde de l'art. En créant un pavillon africain dont la mise en place a été confiée à la Fondation congolaise Sindika Dokolo, dont le siège est à Luanda, en exposant dans la sélection internationale, à côté du lauréat, des artistes comme le camerounais Eyoum Ngangué et l'ivoirien Faustin Titi, créateur de la superbe BD "une éternité à Tanger", Yinka Shonibare, El Anatsui ou Mounir Fatmi. D'un côté des artistes africains de renom et des organisations officielles qui les soutiennent et les mettent en avant, un marché de la création africaine en expansion et dont les prix atteignent le même niveau que les artistes-phares de l'art contemporain occidental, de l'autre les fameux "Vucumprà" (1), ces jeunes africains qui assaillent les touristes avec leur camelote contrefaite. 
Déjà la polémique (la légende ?) est en route : leur manifestation devant les bureaux de Massimo Cacciari qui a mal tourné attire déjà le regard des journalistes et de certains intellectuels qui ont vite fait de crier à la ségrégation. le sujet est sensible mais Venise n'est pas Milan. Le racisme n'est pas une composante naturelle de l'âme vénitienne, bien que certains autonomistes nostalgiques d'un passé bien sombre aimeraient en faire un réflexe. Harry Bellet, l'envoyé du Monde à Venise cite la réaction épidermique du critique d'art Lino Polegato, commissaire du pavillon nomade de Tahiti qui s'inquiétait de leur condition et de la répression dont ils font l'objet. Je le dis à nouveau, cette profusion exponentielle de vendeurs ambulants sans autorisation, clandestins pour la plupart, vendant les uns à côté des autres la même marchandise contrefaite et de mauvaise qualité, ravitaillés par la Camorra qui revient ainsi en force à Venise et qui encombrent les abords des sites les plus fréquentés par les touristes, devient chaque jour de plus en plus difficilement supportable. Les commerçants se plaignent, les ambulants officiels déjà concurrencés par les vendeurs de gadgets et de roses congelées de la Place Saint Marc, venus d'Albanie ou de l'ex-Yougoslavie, n'en veulent plus. 
Les vénitiens eux-mêmes en ont assez de voir chaque matin ces chalands déballer leur marchandise devant leurs portes. Ils sont sympathiques et vraiment pas méchants mais ils n'ont pas le droit d'être là, ils n'ont pas le droit de vendre ces contrefaçons. Certains ont été régularisés. Ils ont un emplacement officiel et leur marchandise - toujours de pacotille certes - est au moins ethnique (ou de style ethnique) : boubous, pagnes, foulards, sacs, porte-monnaies, ceintures, tam-tams, figurines en bois ou en corne. Ils sont malheureusement peu nombreux. La majorité arrive clandestinement dans des camions affrétés par la Mafia, de mystérieux pourvoyeurs leur distribuent la marchandise comme celle saisie l'autre jour sur les quais de déchargement du port de Venise et ils débarquent par centaines chaque matin dans le centre historique... L'Afrique est à l'honneur à la Biennale mais la situation des Vucumprà n'est à l'honneur de personne !
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(1) : Avant que ce terme ne se répande et devienne une assertion commune, il faut savoir que "vucumprà" n'est pas né du dialecte vénitien. Il est la traduction sur le mode napolitain de la phrase la plus souvent prononcée par ses africains"vuoi comprare", ("voulez vous acheter" devenu "vous acheter"), dans un italien approximatif appris dans la baie de Naples, où ils débarquent en général avant de remonter vers le nord de l'Italie. Ce vocable devenu en une dizaine d'années un nom commun, est à rapprocher du mot "sciuscia" qui désignait dans les années d'après-guerre ces gamins napolitains qui gagnaient leur vie en cirant les chaussures des soldats américains. Ils attiraient le chaland en criant dans leur anglais approximatif "shoeshine" devenu "sciuscia". Ce terme a été rendu célèbre par le magnifique mélo de Vittorio de Sica, récemment diffusé dans la collection des DVD du Monde. Il faut noter qu'en Italie, les mots à connotation péjorative sont souvent choisis avec une consonance napolitaine ou sicilienne par les italiens du nord, marquant ainsi l'idée que rien de bon ne vient jamais des méridionaux surnommés depuis toujours i terroni, ou africani par les romains, les milanais ou les vénitiens...

10 juin 2007

C'est aussi de l'art contemporain, non ?




 

2 commentaires:

venise86 a dit…
Je ne sais pas comment vous faire parvenir des photos... j'essaie avec celle-ci du marché aux poissons http://orangeblog.fr/web/resizer?image=3949465&type=2
Sinon donnez 

moi la recette ou je vous invite sur le blog venise86 chez orange
Lorenzo a dit…
le lien de la photo fonctionne mais l'accès au blog avec le nom que vous donnez ne fonctionne pas. merci de me communiquer l'adresse http complète que je vous mette en lien sur Tramezzinimag. Merci de votre fidélité !