Ses
mosaïques à la feuille d'or ont fait d'Orsoni le plus raffiné des
ateliers d'art vénitiens, et le patient travail de ses 27 employés
perpétue depuis 1888 à Cannaregio, une tradition qui a magnifié le Sacré-Cœur de Paris ou encore la cathédrale Saint-Paul de Londres.
.
Au
fond d'une cour ombragée cachée dans un quartier populaire au nord de
Venise, une ouvrière prend une délicate feuille d'or 24 carats et la
dépose sur une plaque de verre transparente pour la préparer à l'épreuve
du feu. Dans la pièce voisine, coeur de la fabrique,
un immense four de briques noircies dégage une chaleur étouffante. Du
verre en fusion rougeoyant est sorti des flammes et vient recouvrir la
feuille d'or et son support, qui sont immédiatement ré-enfournés: une
plaque de mosaïque vient de naître. "Nous utilisons les mêmes
techniques qu'il y a cent ans. La seule chose qui ait changé, c'est
l'utilisation du gaz pour le four au lieu du charbon. Sinon le concept
de production est identique et tout est encore entièrement fait à la
main", explique Liana Melchior, chargée de la gestion interne de l'entreprise.
En 1888, lorsqu' Angelo Orsoni reçoit l'entreprise des mains du mosaïste Giandomenico Facchina,
il est déjà un artisan consacré et gagne une renommée internationale
dès l'année suivante lorsqu'il présente une des ses compositions à
l'Exposition universelle de Paris. Dans ses ateliers vénitiens, il
décide de faire revivre les antiques mosaïques byzantines à la feuille
d'or, qui deviendront la marque de fabrique de la société, et multiplie
également les couleurs pour les "smalti", ces morceaux d'émaux de verre opaque qui composent une mosaïque.
Petit trésor d'Orsoni, l'impressionnante "bibliothèque des couleurs" compte aujourd'hui quelque 2.800 tonalités, les grands carrés de "smalti" déclinant toutes sortes de verts, rouges, orange, bleus, roses et gris, méticuleusement rangés sur de vieilles étagères en bois brut. "Il y a dans cette pièce toutes les couleurs que l'on peut obtenir à partir des oxydes de métaux. Il nous manque cependant des tons de bleu et de violet car on ne peut pas mélanger pour des raisons chimiques le cobalt (bleu) et le cadmium (jaune). Et il nous arrive aussi de produire une couleur spéciale sur demande", souligne Liana Melchior. Une fois "cuites", les plaques de mosaïques à la feuille d'or ou de "smalti" passent à l'atelier découpe.
Assises face à face, Gabriella et Manuela peuvent en une heure couper à la main 5 kilos de petites tesselles, ces morceaux qui composent les mosaïques. "C'est très fatigant pour les mains et les bras, c'est presque un travail d'homme! Mais on a la satisfaction de savoir que cela va servir pour une oeuvre d'art", sourit Gabriella, 35 ans d'Orsoni, les mains protégées par d'épais gants beige et qui brosse sa plaque en verre avec de l'huile avant de la quadriller à l'aide d'une lame très coupante, pour casser ensuite à la force de ses doigts des petits morceaux de 2 cm sur 2.
Chaque jour, les 27 employés des ateliers produisent quelque 500 kg de "smalti" et 200 kg de mosaïque à la feuille d'or, cette dernière se vendant entre 82 et 140 euros le kilo. Les petits morceaux de lumière d'Orsoni ont notamment servi à la restauration de la basilique de Lourdes, mais se retrouvent aussi sur le Mausolée d'Ataturk à Ankara, les Bouddhas dorés de Bangkok, la cathédrale Westminster de Londres ou encore le bassin de La Défense à Paris. Racheté en 2003 par le groupe italien Trend, Orsoni a cessé d'être une entreprise familiale et Lucio, arrière-petit-fils d'Angelo, doit aujourd'hui se contenter du titre de président honoraire de la société. Mais le nom perdure et reste synonyme de créativité et de beauté.
Petit trésor d'Orsoni, l'impressionnante "bibliothèque des couleurs" compte aujourd'hui quelque 2.800 tonalités, les grands carrés de "smalti" déclinant toutes sortes de verts, rouges, orange, bleus, roses et gris, méticuleusement rangés sur de vieilles étagères en bois brut. "Il y a dans cette pièce toutes les couleurs que l'on peut obtenir à partir des oxydes de métaux. Il nous manque cependant des tons de bleu et de violet car on ne peut pas mélanger pour des raisons chimiques le cobalt (bleu) et le cadmium (jaune). Et il nous arrive aussi de produire une couleur spéciale sur demande", souligne Liana Melchior. Une fois "cuites", les plaques de mosaïques à la feuille d'or ou de "smalti" passent à l'atelier découpe.
Assises face à face, Gabriella et Manuela peuvent en une heure couper à la main 5 kilos de petites tesselles, ces morceaux qui composent les mosaïques. "C'est très fatigant pour les mains et les bras, c'est presque un travail d'homme! Mais on a la satisfaction de savoir que cela va servir pour une oeuvre d'art", sourit Gabriella, 35 ans d'Orsoni, les mains protégées par d'épais gants beige et qui brosse sa plaque en verre avec de l'huile avant de la quadriller à l'aide d'une lame très coupante, pour casser ensuite à la force de ses doigts des petits morceaux de 2 cm sur 2.
Chaque jour, les 27 employés des ateliers produisent quelque 500 kg de "smalti" et 200 kg de mosaïque à la feuille d'or, cette dernière se vendant entre 82 et 140 euros le kilo. Les petits morceaux de lumière d'Orsoni ont notamment servi à la restauration de la basilique de Lourdes, mais se retrouvent aussi sur le Mausolée d'Ataturk à Ankara, les Bouddhas dorés de Bangkok, la cathédrale Westminster de Londres ou encore le bassin de La Défense à Paris. Racheté en 2003 par le groupe italien Trend, Orsoni a cessé d'être une entreprise familiale et Lucio, arrière-petit-fils d'Angelo, doit aujourd'hui se contenter du titre de président honoraire de la société. Mais le nom perdure et reste synonyme de créativité et de beauté.
D'après une dépêche AFP, paru dans La Tribune de Genève.
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