31 octobre 2007

Voulez-vous visiter la Fenice ?

Depuis la reconstruction, il y a les zélateurs et les critiques acerbes du nouveau théâtre, ombre rutilante de l'original. La patine manque encore mais ce n'est pas une raison pour ne pas profiter des visites organisées par la Municipalité.
 
La salle est identique à ce qu'elle fut avant le terrible incendie de 1996 qui détruisit l'ensemble des bâtiments et faillit embraser tout un quartier de Venise. Mais les décorations en carton bouilli ont été reconstituées en résine ininflammable et les marbres remplacés par des céramiques vernies dans la masse qui brillent trop. Tout y fait très neuf. 
 
Ce n'est pas une raison pour ne pas profiter de la visite guidée que propose, en cinq langues, l'association HelloVenezia. Vous partirez à la découverte de ce que l'on ne voit généralement pas : les coulisses, la mécanique de scène, les studios, les ateliers, les loges. Vous vous promènerez des salons aux greniers et on vous racontera l'histoire fabuleuse du théâtre, des origines jusqu'au terrible 24 janvier 1996. 
 
Vous pouvez réserver par téléphone auprès du Call Center HelloVenezia, au 041.24.24 ou bien à directement la billetterie de la Fenice ou encore dans les points de vente Vela
 

XXIIe Marathon de Venise 2007 : la victoire aux kenyans !



Incontestable domination du Kenya sur cette 22ème édition du marathon de Venise, avec la victoire de Jonathan Kosgei et de Lenah Cheruiyot déjà gagnants en 2006. Parmi les autres participants, des filles et des garçons venus du monde entier pour cette course partie de Strà pour se terminer sur la Piazza San Marco, au milieu d'une foule de spectateurs très attentifs en dépit d'un temps relativement maussade. Mais le soleil s'était levé pour acclamer les vainqueurs, harassés mais fiers d'avoir battu les records des années passées, dans une ambiance festive très appréciée des participants et du public. Comme toujours à Venise !

Vision ordinaire de Venise


 
"Ce que j'aime à Venise" me disait un jour mon fils "c'est que tout un tas de choses qui pourraient surprendre ailleurs, semblent ici normales". Cette constatation d'un enfant observateur - il devait avoir huit ou neuf ans - m'a toujours paru pertinente et c'est je crois l'une des raisons presque insidieuses qui nous pousse à tant aimer cette ville. Enlevés les façades somptueuses, la magie des canaux, les petits ponts, la lumière, ce sont les mille petits riens du quotidien qui nous assaillent comme autant de scènes toujours surprenantes, toujours nouvelles. Le transport des marchandises, les lourdes barques chargées de fruits et de légumes qui arrivent des îles de la lagune, les corbillards qui glissent dignement sur un canal éloigné, les livreurs de pain, les passants qui font leurs courses et bavardent entre voisins... Tout concourt à ce charme qui nous prend et ne nous lâche plus. Non vraiment à Venise, et tant pis si j'énonce une évidence, la vie ordinaire n'est pas, ne sera jamais pareille à la vie d'ailleurs. C'est cette différence là qu'il faut protéger et maintenir, ne trouvez-vous pas ?

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5 commentaires:

Anonyme a dit…
je suis devenue addict de ce site tellement il est agréable! Dites-moi, auriez-vous une idée d'un éditeur qui serait intéressé par un livre de photos sur Venise? Mais pas genre cartes postales : une vision différente... graphique...
Venise86 a dit…
Tu as pu constater que c'est cette Venise là que j'aime et c'est là et sur ma colline de Dordogne, que je me sens "à la maison"... Bonne soirée
Anonyme a dit…
Cher Lorenzo,
à vous lire depuis un mois, je deviens moi aussi addict de votre blog et la nostalgie vénitienne déjà si grande n'en est que décuplée... à lire quelques commentaires, je me rends compte que nous sommes nombreux à nous retrouver dans votre blog et à venir y chercher des images vénitiennes autant qu'un dialogue. Ne seriez-vous pas tenté par la création d'un forum vénitien ? Je n'en ai, pour ma part, pas les capacités techniques (je ne peux pas me connecter en semaine et ne pourrai gérer un forum).
C'est juste une idée comme cela, j'espère qu'elle fleurira un jour, je serai parmi les fidèles.
Choubine a dit…
Et les enfants qui soufflent des bulles de savon sur le campo Santa Margherita ou qui jouent dans le sable, au pied des arbres; les petites filles avec leurs poupées et leurs poussettes, devant le Colleoni; les petits garçons avec leurs ballons de soccer, contre les murs des églises... Les drames des petits qui ne veulent pas rentrer, le bonheur des gens âgés qui se retrouvent sur leur banc habituel, à regarder la vie autour d'eux, à faire partie de la vie de tout le monde au lieu d'être parqués ailleurs...
http://www.blogger.com/profile/03524487160360572243
Lorenzo a dit…
Je me réjouis chaque jour des pierres que les fidèles lecteurs de TraMeZziniMag ajoutent à cette modeste construction qui va finir par se donner des airs de palais. Les forums existent déjà sur d'autres sites et je vous invite à vous y inscrire (voir les liens sur la colonne de gauche). Quant à l'addiction, quand il s'agit de Venise et par ricochet de ce blog, ne vous soignez pas, c'est une bonne maladie !

Comme un air de Venise

« Omnes generationes » Teresa Berganza chante le Magnificat de Vivaldi dans ce merveilleux enregistrement, l'un des premiers, de Riccardo Muti. Dehors, il fait nuit noire. Les réverbères sont restés éteints ce soir. Un oubli ? Une panne ? Il règne sur le quartier un silence complet. Par la fenêtre entrouverte, des effluves de feu de bois, l'odeur des feuilles tombées et un brin d'air marin amené par le vent d'ouest me transportent loin de Bordeaux. Venise n'est jamais loin dans mes heures, dans le temps qui passe, dans mes nuits. Il y avait dîner ce soir à la maison. Comme à la Toletta :  Cichetti traditionnels, brodo al pomodoro, pancetta, coppa et grissini, tiramisù au Limoncello. Le tout arrosé par un Barbera d'Asti encore un peu jeune mais délicieux. Même le café se donnait des airs italiens. Et la grappa... Dans quinze jours nous serons de nouveau vénitiens. Comme il sera doux de préparer le repas en écoutant le chœur du Philarmonia de Londres chanter le « deposuit potentes »dans notre vieille cuisine de Dorsoduro... Comme tout y semblera meilleur, plus doux, plus accompli qu'ici...

1 commentaire :
Venise86 a dit…
          Voilà, à Venise tout est pareil et pourtant différent...

30 octobre 2007

Nuages bas et ciel de traîne

 
Il vaut mieux rentrer le linge, Venise est sous la pluie. Cette pluie drue qui transforme en quelques minutes les couleurs joyeuses, il y a un instant encore vestige de l'été plantureux, en de tristes miroirs. Le ciel est bas et la température diminue. Novembre est là. Nous fêterons bientôt San Martino pour la plus grande joie des enfants, et nous nous réchaufferons avec de grandes tasses de chocolat bouillant et de sablés de Burano. Et par les fenêtres closes, nous contemplerons la ville devenue grise et brune, mais toujours aussi belle et captivante.


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1 commentaire :
venise86 a dit…
Mais c'est pourtant ici que je viens chercher un peu de lumière ce soir. J'aimerais moi, pouvoir vivre Venise même quand d'autres la trouveraient laide... Bonne soirée

29 octobre 2007

Le métro à Venise, une folie dangereuse qui risque de devenir réalité

Même Massimo Cacciari semble désormais favorable à la "sub-lagunare". Personne ne sait encore quelle pourrait en être l'incidence sur l'éco-système déjà bien fragilisé de la lagune, personne n'en sait le coût réel ni le type exact de travaux qu'il faudra effectuer, mais les édiles ont donné en septembre un avis favorable et ne jugent pas ce projet incompatible avec la protection de la nature. 

Certains vénitiens dont la tendance à la paranoïa semble s'accentuer de jour en jour au vu des aberrations technocratiques impulsées le plus souvent par Rome ou maintenant par Bruxelles, disent de plus en plus fort que décidément la Sérénissime est entre de bien mauvaises mains et qu'elle conserve beaucoup d'ennemis. Un métro sous la lagune, une ligne (pour commencer) qui irait de Tessera (l'aéroport Marco Polo) jusqu'à l'Arsenal et débarquerait chaque jour des milliers de visiteurs dans ce quartier encore relativement tranquille, pour quoi faire ? Désengorger le quartier de la gare et la Piazzale Roma ? Permettre aux habitants de la terre Ferme de se rendre à leur travail dans le centre historique ? 

Mais il y a de moins en moins de bureaux, d'administrations, d'entreprises dans Venise. Quand les grandes firmes n'ont pas délocalisé vers les pays à main-d’œuvre bon marché, elles se sont installées au mieux à Mestre ou Marghera, au pire ailleurs dans la péninsule... Les plus récentes statistiques montrent que plus de 70% du tourisme à Venise est "pendulaire" (gens ne logeant pas dans la ville) : 

- 25,30 % partent de chez eux le matin pour visiter Venise et repartent le soir, 
- 28,10 % viennent de plus loin pour visiter Venise mais ont choisi de loger ailleurs, 
- 11,10 % sont en vacances dans la région et viennent juste faire un tour à Venise. 
- Enfin il y a 4,60 % de ces pendulaires, appelés aussi excursionnistes, qui ne sont que de passage pour seulement deux ou trois heures (transits avant un départ en croisière, hommes d'affaires, etc...). 

Avec les touristes qui eux choisissent de séjourner dans la ville (entre 1 et 5 nuits en moyenne) qui sont plus de 4 millions par an, cela donne près de 15 millions de visiteurs par an. 250 fois la population fixe de Venise ! 

Faut-il au nom du progrès et du modernisme en ajouter et continuer à jouer les apprentis-sorciers ?

6 commentaires:

mhaleph a dit…
Ah!Je m'insurge, cela me semble tout à fait grotesque :-(
mhaleph
Anonyme a dit…
Un rapport "confidentiel" qui ne l'est évidemment plus, a été publié en résumé dans Il Gazzettino il y a quelques jours. Il indiquait que les prévisions d'utilisateurs étaient trop importantes et que de plus le coût des travaux était largement sous estimé par rapport aux autres chantiers européens de métro récents type Rennes et autres.
Le rapporteur mettait donc en garde, hors de toute autre considération "locale", la simple viabilité du projet qui d'après ce rapport ne pourrait se traduire qu'en termes de déficit chronique.
Luc Carton
Delphine R2M a dit…
Quelle horreur!
Anonyme a dit…
comment une idée aussi saugrenue a-t-elle pu germer dans l'esprit de certains ?
Anonyme a dit…
la maladie de la modernité. Relisons Les Précieuses Ridicules !
venise86 a dit…
Triste.. Ne pouvons nous pas mobiliser à l'international pour protester contre cette bêtise criminelle. Venise ne compte-t-elle suffisamment d'amoureux influents pour empêcher cela?? Qu'en dit Monsieur Pinault par exemple??

28 octobre 2007

Venise comme un décor : et si tout était en carton-pâte ?



Quand il y a des travaux ici, les échafaudages sont cachés par de gigantesques toiles peintes qui reproduisent la façade en réfection. Cela donne parfois, surtout la nuit, un aspect étrange. Comme un décor de cinéma ou de théâtre. Mêlé au silence de la nuit, aux éclairages qui transforment le moindre coin de rue en une œuvre d'art unique, l'effet est toujours saisissant. Le promeneur est soudain transporté dans un autre univers...

1 commentaire:

romi2424 a dit…
oui aux toiles peintes reproduisant les façades mais non non aux publicités comme celle de Dolce Gabbana sur le grand canal.

NEWS : Même les tickets ont pris l'eau

Le nouveau système Imob.Venezia qui va gérer informatiquement les abonnements et la délivrance des titres de transports de l'ACTV est en partie édité en France par la société ACS.  
 
Lors du déluge du 26 septembre dernier qui a causé de nombreux dégâts sur la Terre Ferme comme à Venise, la plus grande partie des cartons entreposés via Martiri della Libertà qui contenaient le nouveau matériel, a pris l'eau ! 50.000 cartes et des centaines de rouleaux faisant partie des nouveaux matériaux de la billetterie électronique sont repartis vers la France pour être éventuellement séchés et nettoyés ou plus certainement remplacés par le fabricant. Le sèche-cheveux ne suffisant apparemment pas devant l'ampleur des dégâts ! Cela retarde de plusieurs mois la mise en place de cette nouvelle billetterie. Heureusement que les autorités avaient prévu de conserver l'ancien système au moins jusqu'en mai prochain !
 
 

Benvenuti, amici di Bordeaux



Plusieurs amis ont - avec raison - choisi ce temps de Toussaint pour se rendre quelques jours à Venise. TraMeZziniMag leur souhaite un bon séjour, sans acqua alta (rien n'est moins sûr, mais c'est une expérience qu'il faut vivre), avec un beau ciel bleu et une jolie lumière. Mille choses à faire, mille lieux à découvrir ou à retrouver. L'essentiel à Venise se montre quand on flâne, au hasard de nos pas. Je sais qu'ils sauront prendre le temps, loin des chemins fréquentés inlassablement par les hordes de touristes. A ne pas manquer : Boire un verre de vin blanc en dégustant un tramezzini tonno-uova ou un toast (croque-monsieur) au café del Paradiso, face à la lagune, à deux pas de la Biennale, sur le coup de midi quand la lumière est la plus belle sur le Bacino di San Marco (la plus jolie vue d'ensemble de la ville), un café macchiato chez Rosa Salva aux pieds du Colleone ou sur le campo San Luca, un gianduiotto da passeggio chez Nico (ah! le délice de cette crème fouettée mêlée à la glace chocolat-noisette qu'on déguste en marchant le long des Zattere...), le spritz du soir au Margaret Duchamps avant d'aller dîner, après une agréable passeggiata. Enfin ils ne manqueront certainement pas non plus de goûter au Bellini du bar très cosy du Danieli (celui du Harry's Dolce n'est pas mal non plus), à moins qu'ils ne fasse assez beau pour déguster un verre de prosecco assis sur les marches de la Fenice, très tard dans la nuit en regardant passer les gens comme sur une scène de théâtre. Bonnes vacances à tous !

2 commentaires:

Lucie a dit…
merci Lorenzo, nous le boirons ce spritz à la santé de Tramezzinimag et de son auteur mais la prochaine fois fais nous plaisir, ne pars pas avant que nous arrivions ou n'arrive pas après notre départ ! Private joke !!!
Lucie & Antoine
venise86 a dit…
Sniff.. ce sera sans moi...

Projet Mosé, la lagune en travaux

Sur la motonave (semblant sortir d’une aventure de Tintin) qui effectue la ligne régulière Lido-Punta Sabbioni-Burano, la lente navigation se fraie un chemin au milieu du pharaonique chantier du MOSE (Moïse en italien) et acronyme de “Modulo Sperimentale Elettromeccanico”, qui permettra l’installation de vannes mobiles gigantesques sur les trois passes permettant l’accès à l’intérieur de la lagune. Ces vannes, une fois déployées permettront de limiter les entrées d’eau lors de marées d’une amplitude supérieure à un mètre, ces fameuses acqua alta dont la première de la saison a touché la ville il y a quelques jours. Sept marées d'importance critique sont constatées chaque année en moyenne.

Le dernier record date de 1996, avec 20 marées d’une amplitude supérieure à ce seuil. Selon le site salve.it, qui relaie l’avancement des travaux, 32% des travaux sont réalisés aujourd'hui. Sachant que la lagune est accessible par la mer via trois passes (Chiogga, Malamocco, et l’extrémité nord du Lido), il faudra respectivement 18, 19 et 41 vannes géantes pour fermer l’accès à la lagune.

Le système est en apparence simple : des ballasts remplis d’eau maintiennent chacune des vannes au fond de l’eau, comme des portes fermées. Lorsqu’il est nécessaire de fermer les passes, de l’air évacue l’eau des ballasts, chacune des vannes se relevant alors naturellement sous la poussée de la flottaison, formant rapidement une digue bloquant l’entrée de l’eau dans la lagune. Ce système mécanique de contrôle de la quantité de l’eau estimé initialement à 3,5 milliards d’euros est prévu pour être achevé à l’horizon 2012, et a déjà été réévalué à 4,2 milliards ! Les associations écologiques continuent de s'insurger contre ce système “lourd” et auraient préféré des interventions moins lourdes pour l’écosystème de la lagune déjà très perturbé par la pollution et le trafic maritime. L’origine du projet remonte à l’année 1966. Souvenez-vous : le 4 novembre, une acqua alta gigantesque submergea la place Saint-Marc sous 1,20 m d’eau, soit une cote de 1,94 m par rapport au niveau de la mer. Cette catastrophe sans précédent déclencha une vaste interrogation internationale sur le devenir de Venise. 
 
Il faut savoir que ce phénomène a toujours existé : on a dans les archives de la Sérénissime de nombreux témoignages et rapports des inondations de plus ou moins forte amplitude et ce depuis le VIe siècle (avec une interruption pendant la période de l'occupation française qui fut le commencement de tous les ennuis pour la ville), mais la République de Venise avait toujours réussi à préserver la lagune et la ville, et ce avec des techniques largement inférieures à ce que les moyens modernes peuvent permettre... Sans commentaire... 
 
Pour plus de détails, outre le site mis en lien ci-dessus, je vous invite à relire l'article paru dans TraMeZziniMag, en décembre 2005 (cliquez ici).

D'après archicool.com. © Photos de archicool.com