08 juin 2013

Un saint noble et patriarche de venise


elon le martyrologue romain, l’Église fait aujourd’hui mémoire d’un saint vénitien, Grégoire Barbarigo. Né le 16 septembre 1625 à Venise et mort le 18 juin 1697 à Padoue dont il était l'évêque, après avoir été évêque de Bergame. Béatifié par Clément XIII en 1764, il a été canonisé par Jean XXIII en 1960. 

Aristocrate vénitien, il participa très jeune (il n'avait pas vingt ans) au congrès de Münster qui devait liquider la guerre de Trente ans, grâce au fameux traité de Westphalie. Il y était en tant que secrétaire de l'ambassadeur de Venise. C’est là que le cardinal Chigi, le futur pape Alexandre VII, alors nonce apostolique à Münster, le remarqua. Le futur pape le suivit dans ses études et poussa le jeune Grégoire à quitter la carrière diplomatique pour être ordonné prêtre. Nommé pape, il appela le jeune abbé Barbarigo à Rome en1655. L'année d'après, alors que la peste bubonique sévissait à Rome, le pape nomma le jeune vénitien pour diriger les secours. 

Nommé évêque de Bergame en 1657 puis cardinal l'année suivante, il devient ensuite évêque de Padoue en 1664. Il prit saint Charles Borromée pour modèle dans son diocèse et fut particulièrement attentif à l'application des Canons du récent Concile de Trente. Il mit spécialement l' accent sur l' instruction des fidèles et l' enseignement des clercs. Lorsqu'il fut nommé évêque de Padoue en 1664, il prit grand soin de la formation théologique des prêtres. il enrichit la bibliothèque de l'évêché et insista sur l'apprentissage des langues anciennes et modernes. C'était un évêque moderne, en phase avec le renouveau intellectuel de cette époque. On dit qu'il n'hésitait pas à enseigner lui-même le catéchisme aux enfants. 

Sculpture de Giovanni Maria Morlaiter
Très strict sur la tenue morale et vestimentaire des prêtres et des religieux. Chargé par le Pape Innocent XI de visiter un couvent romain dont les moines avaient un comportement assez libre. Il fut pris d' une sainte (mais violente) colère devant tant de relâchement. Il consacra aussi du temps à la réconciliation entre Rome et l’église d'Orient. 


C'est à la suite de toutes ces actions, qu'il fut pressenti à deux reprises pour coiffer la tiare de Saint Pierre, mais il refusa avec obstination de devenir Pape. Il lui suffisait de vivre à Padoue, dans l' étude et la charité proclama-t-il aux cardinaux venus le solliciter. 

Ses restes reposent au Duomo de Padoue. 

04 juin 2013

Sadaharu Horio en hommage à Tapiès au Palais Fortuny

  

La 55e Biennale de Venise vient d'ouvrir ses portes. Si cette manifestation parait terriblement bizarre pour certains visiteurs non avertis, elle n'en reste pas moins un des rendez-vous majeurs de l'art contemporain. 

Un rendez-vous pour les yeux seulement, puisqu'il ne s'agit aucunement d'une foire et que rien n'y est à vendre. De nombreuses performances permettent d'assister, quasiment en direct, aux mutations de l'art et aux méandres de la création. Cette année, sous la férule du plus jeune directeur qu'elle ait jamais connue, le fringant Massimiliano Gioni, la Biennale a pour titre «Il Palazzo Enciclopedico» (le Palais encyclopédique). L'excellent billet de Valérie Duponchelle pour le Figaro donne une idée assez précise de cette nouvelle édition. 
 
Antonio Tapiès exposé au Palazzo Fortuny

En attendant de vous en dire davantage, Tramezzinimag a aimé la démarche du japonais Sadaharu Horio en hommage à Tapiès. En magnifiant l'idée de fragmentation, la mise en exergue de l'importance des "fragments de réalité" que notre cyber-monde, où tout est devenu disponible, excelle à dénicher. Le Palazzo Fortuny présentant une rétrospective des œuvres d'Antonio Tapiès, le japonais créateur, issu de la mouvance Gutaï, proposait sur le campo, devant le palais, une performance lors du vernissage. Au rez-de-chaussée du palais, il expose des objets qu'il peint chaque jour, quand il est sur place. Il a ainsi baptisé son travail «Peinture Placement» . Nous l'avons suivi pendant quelques jours, devenant peu à peu quasiment familiers de son travail, comme de bons amis. Fascinant de voir se bâtir peu à peu une œuvre même éphémère. Seul problème : l'artiste ne parle que le japonais... 
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Mais qu'est ce que le Gutaï ? Ce célèbre mouvement artistique de l'après-guerre au Japon, révolutionnaire dans sa conception de la création artistique, a pris sa source dans le Kansaï, région très traditionaliste, avec le maître Jirō Yoshihara. Ce fut l'un des plus importants mouvements fondateurs de l'art contemporain. Le terme 具体 vient de gu, (instrument) et tai, (corps). Ainsi le mot gutaiteki signifie concret ou exprime la notion d'incarnation, s'opposant donc à l'abstrait. L'art gutaï serait donc le contraire de l'art abstrait. Il s'agit en fait de perturber la présentation d'une œuvre en insistant soit sur l’acte, soit sur la matière, soit sur la relation entre les deux. Les performances qui s'en suivent ne sont pas perturbation et remise en cause de l’œuvre présentée, mais mise en valeur des vrais signifiants, volonté de rendre hommage, de magnifier ou de ré-interpréter.
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Sadaharu Horio, né en 1939, a été membre du Gutaï jusqu'à sa dissolution en 1972. Basé sur la profusion et la rapidité des gestes, son travail convie directement le spectateur à participer et à entrer dans son univers. Après la dissolution du mouvement, Horio a poursuivi seul son travail artistique en assurant une centaine d’interventions par an, sous forme d’expositions, d’installations et de performances. Habitué de Venise et du Palazzo Fortuny, il accomplit une fois encore une belle performance que n'aurait pas renié Tapiès.

Venise ? Comment ça marche

 
Voilà un excellent petit film d'animation qui explique la formation de la Sérénissime, son expansion au cours des siècles et son fonctionnement. Cela parait compliqué tout ça, mais finalement la cité des doges a su pallier les inconvénients et les désordres de la nature sauvage et en faire des atouts sans lesquels elle n'existerait certainement plus ou du moins plus sous l'aspect que nous pouvons admirer aujourd'hui et qui continue de faire de cette ville unique un modèle de développement urbain dont nous avons toujours à apprendre pour optimiser l'aménagement des villes modernes et faciliter la vie de leurs habitants.
 
 «Venise n'est pas seulement une scénographie. C'est aussi une ville habitée, où il y a des activités productives, des transports et des services. Mais comment fonctionne le "système Venise" ? Comment se comportent les marées de la lagune ? Comment sont fait les canaux ? Et les rives ? Qu'est ce qu'il y a sous les palais ? Où passent les canalisations de gaz et d'électricité ? Quels sont les problèmes causés par un environnement aussi humide ? » présente le teaser de cette vidéo très réussie produite par Insula spa et réalisée par Nicolò Scibilia
 

Un quotidien ordinaire


Un passant qui marche dans la rue, les mains dans les poches et qui croise un autre passant. La vision d'un quotidien ordinaire...  
 
Ce n'est plus l'hiver, mais pas tout à fait le printemps encore. La lumière irisée est remplie de promesses. Il fera bientôt très doux. C'est sûrement le matin. Froid mais sec. On doit voir les montagnes enneigées au fond de la lagune, paysage merveilleux qui renvoie aux images antiques. Les vedute médiévales où, derrière une foule de vénitiens qui s'affairent sur la Piazzetta, derrière les galions des marchands du levant et les gondoles patriciennes, derrière les campaniles et les palais triomphants, se dessinent les majestueuses Dolomites. 
 
Parfois, souvent à la fin de l'hiver et au printemps, les montagnes apparaissent clairement. A les voir se détacher de l'horizon et par la magie d'une illusion optique, on pourrait les croire encore plus proches, comme surgies des eaux de la lagune, plantées du côté de Torcello. La merveilleuse gravure médiévale retranscrit avec le style de l'époque cette vision splendide. Le jeune homme au pull  vert qui va d'un pas décidé est peut-être en train de penser aux magnifiques paysages du côté de Cadore ou de Sappada, entre Agordo et Asiago... 

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09 mai 2013

Venezia Eventi : Le Ve concours de photos 2013 a ses lauréats

Le Ve concours de photographies à la très belle thématique,"Scatta l'amore a Venezia" organisé par Venezia Eventi s'est terminé le 8 mai. 

Voici les gagnants : 




1er Prix :  
Enrica Kikita 
Titre de l’œuvre : Lovely Venice (Photo n° 107) 

2e Prix
Chiara Boscolo 
Titre de l’œuvre : L'amore sorride (Photo n°133) 

3e Prix
Don Oscarez 
Titre de l’œuvre : Vampires in Love 01 (Photo n°118) 

4e prix 
Alberto Alberti 
Titre de l’œuvre : Costruire un nido a Venezia (Photo n°22) 

5e Prix
Diego Poggialini 
Titre de l’œuvre : Amore a Rialto (Photo n°96) 

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Le billet publié sur le site originel avait suscité 1 commentaire que Google n'a pas archivé. Merci Google !!!

07 mai 2013

Castello, tout simplement...


Qui parlait ainsi de ce sestiere un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San Geremia au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr, même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ? 

Prenons l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée, loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année, avec bien plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween bêtement (ou lâchement et mercantilement importée des Amériques...

San Martino di Castello est construit sur ce qui fut il y a très longtemps - bien longtemps avant que ne se construise le gigantesque Arsenal - les ilots Gemini aujourd'hui totalement emberlificotés dans la structure de la ville depuis l'aménagement de l'Arsenal et de la cathédrale. Dédiée à Saint Martin de Tours, ce saint fameux pour avoir coupé sa tunique en deux et l'avoir partagée avec un mendiant, elle contient des trésors peu connus. Comme son histoire d'ailleurs : une colonie lombarde s'était installée sur la lagune et Saint Martin était leur saint protecteur. Mais on ne sait pas trop en fait... L'église votive aurait pu aussi être édifiée par des réfugiés qui avaient fui Ravenne et auraient nommés la chapelle comme la basilique de leur cité. On trouve les premières mentions de sa construction en 932 et on sait qu'elle fut consacrée en juin cette année-là. C'est un lieu particulièrement agréable à visiter. Dans le silence de ses voûtes, la fraîcheur de ses marbres, il faut bon se poser un instant et faire silence même quand on n'est pas croyant. 

Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau. 


Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église. 


 Un billet de Tramezzinimag citait l'originalité de cette corporation qui, avec les charpentiers de navire existe encore et dispose - c'est l'unique rescapée de l'ancienne République - une société mutuelle, devenue au fil des siècles une caisse de retraite et de prévoyance. Toujours privée, toujours régie par les règles édictées du temps des doges et approuvée par le Sénat de la Sérénissime. Chaque année, le 5 mars, jour de la San Foca, martyr natif du Pont-Euxin, les voûtes de San Martino retentissent du chant des membres de cette confrérie à l'occasion d'une messe solennelle. Le prêtre y bénit des petits pains qui sont ensuite distribués à l'assistance dans des petits sachets avec une image de San Foca (ou Phocas) reprise d'une mosaïque ancienne de San Marco. Cette cérémonie est une des dernières à rester authentiquement vénitienne et n'a jamais été à ce jour, dieu merci, offerte en pâture aux touristes. Après la cérémonie, les membres de la corporation et leurs familles se retrouvent pour un repas traditionnel. Pour y avoir été invité à plusieurs reprises, je puis vous assurer que tout y est authentique, vrai, chaleureux et convivial ! 



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Le billet publié sur le site originel avait suscité 2 commentaires non archivés par Google et dont hélas la trace a été perdue. Merci Google !

Castello, tout simplement...


 
Qui parlait ainsi de ce sestiere un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San Geremia  au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr, même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ? 

Prenons l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée, loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année en novembre, avec bien plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween importée des Amériques.
 
San Martino di Castello est construit sur ce qui fut il y a très longtemps - bien longtemps avant que ne se construise le gigantesque Arsenal - les ilots Gemini aujourd'hui totalement emberlificotés dans la structure de la ville depuis l'aménagement de l'Arsenal et de la cathédrale. Dédiée à Saint Martin de Tours, ce saint fameux pour avoir coupé sa tunique en deux et l'avoir partagée avec un mendiant, elle contient des trésors peu connus. Comme son histoire d'ailleurs : une colonie lombarde s'était installée sur la lagune et Saint Martin était leur saint protecteur. Mais on ne sait pas trop en fait... L'église votive aurait pu aussi être édifiée par des réfugiés qui avaient fui Ravenne et auraient nommés la chapelle comme la basilique de leur cité. On trouve les premières mentions de sa construction en 932 et on sait qu'elle fut consacrée en juin cette année-là. C'est un lieu particulièrement agréable à visiter. Dans le silence de ses voûtes, la fraîcheur de ses marbres, il faut bon se poser un instant et faire silence même quand on n'est pas croyant. 

Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau. 

Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église.


Un billet de TraMeZziniMag citait l'originalité de cette corporation qui, avec les charpentiers de navire existe encore et dispose - c'est l'unique rescapée de l'ancienne République - une société mutuelle, devenue au fil des siècles une caisse de retraite et de prévoyance. Toujours privée, toujours régie par les règles édictées du temps des doges et approuvée par le Sénat de la Sérénissime. Chaque année, le 5 mars, jour de la San Foca, martyr natif du Pont-Euxin, les voûtes de San Martino retentissent du chant des membres de cette confrérie à l'occasion d'une messe solennelle. Le prêtre y bénit des petits pains qui sont ensuite distribués à l'assistance dans des petits sachets avec une image de San Foca (ou Phocas) reprise d'une mosaïque ancienne de San Marco. Cette cérémonie est une des dernières à rester authentiquement vénitienne et n'a jamais été à ce jour, dieu merci, offerte en pâture aux touristes. Après la cérémonie, les membres de la corporation et leurs familles se retrouvent pour un repas traditionnel. Pour y avoir été invité à plusieurs reprises, je puis vous assurer que tout y est authentique, vrai, chaleureux et convivial !


06 mai 2013

Quand le cirque Togni était à Venise

C'est une petite merveille que vient de nous envoyer un vieil ami vénitien. C'était le 26 juillet 1954, le cirque Togni, merveilleux et poétique petit cirque traditionnel qui servit à Federico Fellini pour l'un de ses films, arrivait à Venise avec sa ménagerie et que dirigeait à l'époque Wioris Togni. Ce cirque familial qui existe encore et demeure l'un des derniers vrais cirques traditionnels compte depuis toujours beaucoup d'animaux et notamment des éléphants. Ils défilèrent dans la ville jusqu'au campo San Polo, où fut dressé le chapiteau. On voit sur cette photographie, le passage des éléphants sur le pont de San Giacomo dell'Orio.

Le petit film ci-dessous a été tourné en 8mm par le Professeur Alviano Boaga et monté en 2007 par son fils, Vittorino Boaga. C'est un régal, particulièrement au point 2'45, sur le pont des Scalzi... :



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05 mai 2013

Ce qui compte, c'est l'amitié !

A Venise, il y a deux camps. Dans l'un comme dans l'autre, on s'y retrouve le plus souvent sans l'avoir voulu. Par quelle magie, quel coup du sort devient-on un jour proche des vénitiens, admis dans le cercle rapproché des citoyens de la Sérénissime ? Pourquoi d'autres demeurent-ils à tout jamais exclus de cette communauté avenante et chaleureuse ? Question idiote et inutile peut-être, mais qui méritait d'être posée. Après les avoir tenus à distance pendant de nombreux siècles, le vénitien est envahi par les barbares. Depuis longtemps déjà. Il fallait bien qu'ils se vengent d'une manière ou d'une autre. Envahie donc, mais pas occupée, notre chère Venise.

Même les nazis durant les dernières années de la seconde guerre mondiale n'avaient pu venir à bout de l'art de vivre des vénitiens. Aucun Mc Donald's même avec un décor ultra-vénitien (un peu façon vulgarité Las Vegas ou Miami), n'a pu remplacer à ce jour les ostarie traditionnelles. Le Coca Cola est toléré, apprécié même, mais le spritz et les ombre de vino bianco sont loin devant en terme de statistiques (et d'art de vivre !). C'est par l'aptitude à faire sien cet art de vivre justement que l'on devient "bon vénitien" et qu'on se retrouve un jour dans le camp des initiés. Dangereuse appartenance qui peut mener loin tant on boit facilement à Venise... Mais on y mange aussi et ce cercle d'élus est fait d'épicuriens et de sybarites. Comme les vénitiens...  

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04 mai 2013

Reflets à San Marco

Les reflets à Venise, quoi de plus banal. Voilà en effet un sujet souvent abordé et repris, peint, photographié, chanté. On ne s'en lasse pas ou on en est agacé. peu importe, ils caractérisent bien ce qu'est Venise après tout. On peut s'y épancher comme Narcisse pour y contempler sa propre image, on peut y lire l'histoire de nos vies, s'y plonger avec délice quand ils nous renvoient l'image de notre joie, nops bonheurs, nos amours... Et puis, d'un point de vue plastique, l'esthétique dont ils procèdent est un baume parfois. La lumière, les couleurs, la réalité qu'ils nous renvoient sont, comme la lecture, un très bon antalgique à nos peines, un sirop contre nos tourments. La magie de Venise là encore...
 
©Georgia Mizuleva - Tous Droits Réservés. 

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04 avril 2013

Merveilles printanières : Le risotto aux carletti de San'Erasmo


Connaissez-vous les carletti ? Plante vivace, son nom savant est Silene vulgaris Les québécois l'appellent "pétard", en France c'est du "Claquet", ou Silène enflé. C'est une herbe modeste mais pimpante qui pousse sur la lagune mais qu'on trouve aussi fréquemment dans d'autres lieux. 

Les vénitiens cueillent les carletti au printemps, fraîchement jaillies du sol, avant que les graines ne sortent et que la plante ne fleurisse. C'est alors une herbe très verte, aux jolies feuilles allongées, très tendres. On en trouve fréquemment au marché dès le mois de mars.  Elles  conservent  toute leur fraîcheur pendant deux ou trois jours, mais il vaut mieux les utiliser le plus tôt possible après la cueillette. Il existe de nombreuses recettes dont elles sont la vedette : potages, salades, omelettes, lasagnes, spaghettis, gnocchi, etc... Une des meilleures selon moi est le risotto. En voilà la recette :
 
Ingrédients : Jeunes pousses de carletti, quatre ou cinq oignons nouveaux, huile d'olive, bouillon de légumes, beurre, vin blanc sec, curcuma, sel et poivre. 
Bien laver et égoutter les pousses. 
Les ciseler grossièrement. 
Faire revenir dans de l'huile les oignons finement ciselés jusqu'à ce qu'ils deviennent transparents, en veillant à ce qu'ils ne caramélisent pas ce qui donnerait un tout autre goût et un aspect moins esthétique au plat. 
Ajouter les pousses et saupoudrer d'une petite cuillerée de curcuma. 
Mélanger et verser aussitôt le riz. Arroser de vin blanc à volonté et remuer. 
Quand le vin s'est évaporé, mouiller avec le bouillon. 
Lorsque le riz est cuit al dente, éteindre le feu. Ajouter du poivre et éventuellement du sel fin.
Ajouter une grosse noix de beurre et du parmesan finement râpé. 
Laisser reposer deux minutes avant de servir.

02 avril 2013

Oser l'engagement


"... Tout ce dont je vis aujourd’hui, j’en ai eu l’intuition enfant : le fait de savoir que chacune de nos existences est un rendez-vous ; qu’on peut le rater ou le célébrer. J’avais cette sensation que le monde m’était confié, et ce n’était pas de la mégalomanie, mais, bien au contraire, de l’humilité. Je pressentais que chacun d’entre nous a, à son échelle, la charge du monde. Par mon désordre, j’entraîne le désordre autour de moi. Si, au contraire, j’entre dans l’ordonnance intérieure de l’amour, je rayonne. Et d’un seul être peut partir un tel rayonnement, qu’il répare une famille, un village, une entreprise… Des expériences comme ça, j’en vois tous les jours. Je n’invente rien."
Combien je me sens totalement, absolument, profondément solidaires de ces paroles de Christiane Singer quand je me retourne sur le temps de mon enfance, sur ma jeunesse habitée par cette même intuition. Il est temps aujourd'hui de faire mienne l'expérience dont il est question ici. Sans se poser de question, sans hésiter. Dieu premier servi en servant mes frères.

30 mars 2013

Le temps (gourmand) de Pâques

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.Voilà le monde sorti du Carême, un nouveau pape installé sur le trône de Pierre et loin de Rome, sur Venise et le Nord est de la Péninsule, Thor, redoutable diablotin climatique qui perturbe ces premiers jours de printemps quand nous pensons tous aux cerisiers en fleurs et aux doux parfums de la nature qui s'éveille. La Semaine Sainte s'achève ce soir. Les chrétiens du monde entier vont fêter la résurrection du Christ. Hier, selon un rite millénaire, les fidèles se pressaient pour venir s'incliner devant la Croix au son des Impropères, ces magnifiques chants qui montent du tréfonds de nos âmes
" Hagios ho Theos, hagios ischyros, hagios athanatos, eleinson amis..." 
..Ce soir, quand s’élèvera de nouveau la lumière, quand les églises retrouveront leurs ornements, tous proclameront la résurrection du Christ et un grand cri de joie retentira dans le monde. Demain au matin un peu partout des enfants iront à la recherche des œufs en chocolat et les cloches sonneront à toute volée. Tout ce rituel millénaire qui varie selon les régions et les peuples prolonge les rites anciens qui célébraient le retour du printemps, la renaissance de la nature et la fécondité toujours renouvelée de la terre, notre mère  nourricière. A Venise, acqua alta et bourrasques de neige en début de semaine, pas terrible pour annoncer le renouveau... Pluie et températures assez basses pour donner envie de cuisiner des plats d'hiver.

Vidéo non archivée

C'est ce que nous ferons cette année pour le traditionnel repas de Pâques familial. Mon aînée manquera une fois de plus à l'appel. Montréal n'est pas vraiment la porte à côté et ce sera par Skype que nous nous souhaiterons de Joyeuses Pâques ! Les trois autres seront là autour d'un repas semi-végétarien puisque Jean ne mange plus de viandes depuis près d'un an. Nous ne sommes pas de gros mangeurs de viande, cela tombe bien. Menu pascal un peu différent donc, Pas de gigot d'agneau avec ses flageolets, pas de foie gras truffé maison. A la place, un plat roboratif mêlant de la viande et du riz des oignons et du Noilly Prat. Inspiré d'une recette de Bœuf à la catalane de tante Randi, danoise de naissance mais italienne de cœur, a fait une de ses spécialités, j'y ai mis de l'agneau, pour rester un peu dans la tradition pascale, mais aussi du bœuf et du porc dans le charnu. Il y aura aussi du potiron à la vénitienne, et une salade faite d'épinards fraîchement cueillis trouvé ce matin au marché, de chou rouge (c'est la fin), de radis noir, de carottes de sable.

..Les vins choisis seront classiquement vénitiens : pinot grigio pour l'apéritif et Merlot, tous deux millésimés 2004, de Monti Rossi de la famille Bixio. C'est très convenable, sans être dans les sommets !

..En dessert, un Nègre en chemise comme chez ma grand-mère. Succès garanti. Même si ce n'est plus politiquement correct de baptiser ce très vieux dessert ainsi (hypocritement, on dit Noir et Blanc maintenant), ce nom est définitivement lié à mes souvenirs d'enfance, aux dimanches d'antan quand les grandes personnes restaient des heures à table et que nous déjeunions avec les bonnes à la cuisine. On attendait avec impatience d'être appelés pour le dessert, ce Nègre en chemise ou Nègre blanc qu'on avait vu préparer, nous léchant les babines d'avance. Enfin, pour le thé, j'ai fait à la place des habituels scones et des galettes irlandaises (devenues pancakes aux États-Unis, les délicieux hot cross buns, brioche traditionnelle d'Angleterre que l'on fabrique le vendredi saint et dont tout le monde raffole chez nous. Pour les gourmands intéressés, les recettes suivent.

4 commentaires:

28 février 2013

La Mésange et le petit garçon

Il nous arrive parfois d'être témoin d'évènements dont nous ne saurions admettre la véracité si nos yeux n'avaient pas vu et nos oreilles n'avaient pas entendu. Peut-être est-ce cela magie de Venise... J'ai souvent pensé que l'air y est traversé d'ondes mystérieuses, des sortes de courants invisibles qui permettent une préhension des êtres et des choses bien plus limpide et profonde que partout ailleurs, dans la vie normale. Laissez-moi vous conter une petite anecdote qui est devenue pour nous une sorte de mythe familial...
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Un jour de printemps, il y a plus d'une dizaine d’années maintenant, j'étais à Venise avec les plus grands de mes enfants. Il faisait très doux et les glycines embaumaient dans toute la ville. La nôtre était particulièrement plantureuse. Mon fils qui n'avait pas dix ans, jouait sur l'herbe avec des petits soldats. Il n'était plus parmi nous, mais quelque part sur une île lointaine prise d'assaut par la barbaresque. La garnison vénitienne y défendait avec peine l'oriflamme de Saint Marc, attendant avec espoir les galions qui devaient venir à leur secours. Des échos de Lépante et de Morée emplissaient le jardin. Il faisait doux. J'étais assis sur la terrasse, contemplant mon petit bonhomme plein d'imagination. Les concertos brandebourgeois accompagnaient nos deux rêveries.
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Soudain un petit oiseau a surgi au milieu des branches fleuries de la glycine. Son ventre brillait d'un joli jaune pâle et le reste de son corps était d'un gris-bleu très distingué. on eut dit qu'il portait une redingote de satin. Sa tête blanche s'ornait d'un bleu sombre qui tirait presque noir au-dessus des yeux. Il n'y avait aucun doute, il s'agissait d'une petite mésange bleue. Présence plutôt inattendue à Venise où elles viennent rarement. Elle semblait vouloir rester là, pour se chauffer au soleil et profiter du merveilleux parfum au milieu de cette débauche de couleurs. Mon fils la regarda. Elle s'immobilisa un instant, tournant la tête dans tous les sens comme un petit clown, puis soudain elle se mit à chanter. Son chant se fit de plus en plus fort, mais jamais criard. Comme l'enfant, cette petite présence jaune et bleue au milieu de toutes ces fleurs parme, m'enchantait. Et là, un de ces miracles dont Venise a le secret s'opéra devant nous : Le chant de l'oiseau et la musique de Bach devinrent une seule et même mélopée. Magique. L'oiseau dont le plumage se gonflait et se dégonflait, exprimait avec le même rythme, dans l'exacte tonalité, les notes qui jaillissaient des hauts-parleurs. Bouche bée je cherchais à déterminer si ce que j'entendais était bien réel ou le fruit de mon imagination quand l'enfant exulta : "papa, papa, l'oiseau chante comme dans le disque !" 
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Lorsque la musique s'arrêta, la petite mésange se tut à son tour, tournant de nouveau sa jolie tête dans tous les sens puis, visiblement satisfaite de l'effet produit, elle s'envola et disparut derrière les arbres. J'ai su bien plus tard qu'il n'était pas rare autrefois de trouver dans les maisons vénitiennes des passereaux que l'on dressait à chanter les airs à la mode. Ils accompagnaient ainsi les musiciens pour le plus grand bonheur des invités. Cela surprenait à chaque fois les étrangers. C'est ainsi que l'empereur de Chine et le Sultan ottoman n'étant jamais parvenus à faire accomplir ce prodige par leurs dresseurs, se firent construire par dépit de petits automates dont un ingénieux mécanisme parvenait à reproduire le chant des oiseaux. Notre petite mésange avait peut-être traversé le temps pour retrouver la glycine parfumée de notre petit jardin de Dorsoduro...   .
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A Venise, je vous l'assure, on ne sait jamais où se termine la réalité et où commence le rêve...

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24 février 2013

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 35 ) : Vacances à Venise de David Lean

 


Vous connaissez certainement Summertime - Summer Madness en Grande-Bretagne, ce film célèbre (sorti en France sous le titre "Vacances à Venise"), tourné en 1955 par David Lean, avec la fabuleuse Katharine Hepburn. J'ai connu par une vieille dame qui habitait derrière San Rocco, bien des secrets du tournage, ou plutôt des tas d'anecdotes. Elle avait été engagée comme figurante avec beaucoup d'autres vénitiens familiers, depuis longtemps habitués à la venue d'équipes de cinéastes. Un passionnant catalogue de tout ce qui a été tourné à Venise depuis les débuts du cinéma jusqu'à sa publication, dans les années 80, rédigé sous la direction du sympathique Roberto Ellero, avait d'ailleurs pris comme illustration pour la jaquette de sa couverture, une photo du cinéaste en plein tournage au-dessus de la Piazza. Ce fut aussi l'affiche de l'exposition Venezia, Città del Cinema que nous avions présenté en 1986 aux bordelais qui fit l'évènement avec un vernissage façon Hollywood (TraMeZziniMag reviendra sur cette manifestation qui avait affolé toute la ville et perturbé la circulation pendant plusieurs heures).
 

Pour ceux qui ne connaitraient pas le film : l'héroïne, Jane Hudson est une femme entre deux âges, célibataire, elle est secrétaire dans une école primaire, à Akron, dans l'Ohio,  quelque part dans un coin des États-Unis. elle profite des vacances scolaires pour découvrir Venise dont elle rêvait depuis toujours. C'est particulièrement excitée par ce qu'elle va découvrir qu'elle débarque à Santa Lucia. Comme toujours l'actrice déborde de vivacité et dès les premières images, elle donne le ton du film, exposant son enthousiasme presque puéril, son appétit et sa curiosité, mais aussi ses frustrations de (presque) vieille fille. Venise, c'est l'Italie et l'Italie pour une américaine célibataire, c'est le pays de l'amour. 
 

Logée à la Pensione Fiorini,  une maison patricienne transformée par sa propriétaire (jouée par la grande actrice italienne Isa Miranda qui eut une brillante carrière, jouant avec Max Ophüls et René Clément entre autres) en auberge, qui ressemble beaucoup à la Pensione Accademia, elle y fait la connaissance d'américains de tous types : artistes bohèmes, couple de gros bourgeois venant de la même région qu'elle avant de croiser le chemin d'un jeune garçon qui va lui servir de cicerone, puis d'un bel italien séducteur, joué par Rossano Brazzi, marchand d'art de son état du côté de San Barnaba, dans la petite boutique qui existe toujours contre le pont à gauche de l'église, quand on vient du ponte dei Pugni (c'est en fait l'échoppe d'un doreur-brocanteur où on trouve encore parfois de vrais trésors). Le coup de foudre va être instantané. Le film aurait pu sombrer dans la mièvrerie sirupeuse de certaines comédies romantiques américaines, mais le génie de David Lean, la fusion qui s'est opérée peu à peu entre le cinéaste et la ville de Venise qui l'a tellement fasciné qu'il partagea sa vie par la suite entre les rives de la lagune et l'Angleterre. 
 

L'histoire n'est pas si simple. Jane est amoureuse et conquise. Dîner aux chandelles, promenades, fleurs et le baiser enfin... Hélas, le bel antiquaire est marié et un quiproquo au sujet d'une coupe en verre de Murano ancienne vue en plusieurs copies par notre américaine, font éclater le rêve. Le cœur brisé, déçue, anéantie, elle décide de repartir. Mais la réconciliation n'est pas loin. Il y a une explication : oui l'homme est toujours marié - et père de famille - mais il vit séparé depuis des années et il est libre. L’Italie très catholique de ces années-là ne vivait pas le divorce comme une simple formalité. Il la presse de rester, elle préfère rentrer avec ses beaux souvenirs. L'ultime scène suggère un retour possible, un jour et les retrouvailles des deux amants.
 

Le tournage ne se fit pas sans problèmes. Du côté vénitien tout d'abord. Si des équipes débarquaient déjà souvent à cette époque, elles évitaient l'été, pleine saison touristique. La municipalité cria haut et fort, suivie par les gondoliers qui craignaient de ne pas pouvoir travailler à leur aise. Les producteurs réglèrent le problème en faisant un don assez conséquent pour la restauration de la basilique. Tous les obstacles administratifs se levèrent en un clin d’œil... Ce fut ensuite avec la vedette que le cinéaste eut des problèmes. Grande star, son contrat prévoyait des doublures pour toutes les scènes particulières et Katharine Hepburn refusait de tomber elle-même dans l'eau du canal de San Barnaba, qu'elle trouvait à juste titre vraiment ragoûtante. David Lean y fit verser des litres de désinfectant. Cela décida l'actrice. Il y eut plusieurs reprises de la scène. A chaque fois, la vedette devait tomber dans l'eau, se sécher, se changer et recommencer... La dernière prise fut la bonne. Tout le monde était très satisfait. Hélas, il fallu quelques jours plus tard l'intervention d'un médecin... Katharine Hepburn avait une très rare variété de conjonctivite qu'elle ne put jamais soigner et qui la pénalisa jusqu'à la fin de sa vie, (sale) souvenir de Venise...
 
 

 


Venise, une fois encore, joue un vrai rôle dans le film. Ses ruelles et ses campi, mais aussi sa vie quotidienne, les marchés, les terrasses de café (on y voit longuement le Café Chioggia, et le Florian, tel qu'ils étaient du temps où Hemingway croisait Jean-Paul Sartre, Visconti ou Vittorio de Sica), mais plus encore sa lumière, les jeux de reflets et de nuances qui sont une bénédiction pour les (bons) cinéastes. Après tout, ce n'est pas pour rien que Venise est à l'origine du plus ancien festival du cinéma du monde ! 
 

Ci-dessous, la Bande-Annonce originale du film :