Qui parlait ainsi de ce sestiere
un peu éloigné de tout, qui a su garder toutes les caractéristiques de
la Venise traditionnelle. Cannaregio était son pendant autrefois, avant
que le flux ds touristes transforme tout sur son passage, de San
Geremia au Rialto. Simplement Castello à Venise, le quartier le plus
vaste de la ville. Hormis l'Arsenal, l'ex-cathédrale de San Pietro, la
belle église conventuelle de Sant'Elena, rien de monumental. Tout y est à
la mesure de l'homme, de la vie courante. Modeste. L'Arsenal bien sûr,
même sans l'intervention de Dante qui nous le fait assimiler ses
ateliers et ses chantiers à l'Enfer, transpire encore la puissance et le
gigantisme de ce qu'il fut durant mille ans, mais les autres monuments
qui restent encore du passé glorieux de la sérénissime ?
Prenons
l'église San Martino. Elle se dresse, presque solitaire, un peu cachée,
loin derrière la Riva que tout le monde emprunte en venant de San
Marco. Elle contient des trésors et le saint qu'elle honore est
particulièrement cher aux vénitiens, notamment aux plus jeunes d'entre
eux qui le fêtent bruyamment - et joyeusement - chaque année en novembre, avec bien
plus d'enthousiasme que la très artificielle fête de Halloween importée
des Amériques.
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Ne manquez pas de la visiter. Du temps où je vivais à Venise, il y avait là un vieux curé très sympathique qui avait toujours une anecdote à raconter et se faisait un plaisir de montrer son église aux visiteurs. C'est ainsi qu'on y découvre des merveilles : une vierge des douleurs de Palma Il Giovane, un autel de Tullio Lombardo, et dans la sacristie trône un charmant tableau de Antonio Zanchi si ma mémoire est bonne qui représente la Vierge et Saint Joseph avec Saint Antoine de Padoue. L'église conserve aussi une précieuse relique, un tibia du saint tourangeau.
Autre chose à voir : Parmi les dalles de marbre qui recouvrent le sol devant le maître-autel, on trouve des carreaux gravés de figures représentant les outils utilisés non loin de là dans les ateliers de l'Arsenal, par les calafati, cette confrérie d'artisans chargés de calfater les navires fabriqués dans les chantiers navals de la République. Les membres de cette corporation, qui était fort puissante, bénéficiaient de nombreux privilèges. Ses membres embarquaient parfois sur les navires de la Sérénissime afin d'assurer le calfatage des coques. Ils étaient très considérés. Ouvriers fonctionnarisés par la République, ils avaient aussi le droit de travailler pour les navires marchands privés et de percevoir une rémunération de la part des armateurs. San Martino était leur église.
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