12 janvier 2021

Intérieurs vénitiens

© Tramezzinimag / Lorenzo Cittone 2008
Du temps de Picasa, application géniale que Google a supprimé un jour sans qu'on en sache la raison, Tramezzinimag était souvent illustré par des montages de ce genre. celui-ci évoque les maisons où j'ai vécu et où je suis passé tourt au long de ma vie vénitienne. Peut-être une idée à reprendre pour nous faufiler ensemble chez les vénitiens et s'inviter à y prendre un thé ou un verre de vin, dans la douce quiétude d'une vieille maison pleine d'histoire et de souvenirs...
 

Peut-on s'autoriser à claironner en ces temps moroses ?


Cela paraîtra peut-être déplacé à certains que de publier des statistiques reçues d'un aimable lecteur, (l'un des premiers à s'être inscrit en 2005 !) qui a soutenu Tramezzinimag lors du bras de fer contre Google quand, par un triste soir de l'été 2016, un robot, devenu complètement toqué, et devenu aussi pour nous à Tramezzinimag le symbole de tout ce que nous détestons chez les américains, l'arrogance et l'ignorance), a réduit en poussières onze années de travail sur Venise. Je tairai le nom du monsieur mais je dirai simplement qu'il a professionnellement ses entrées chez le mammouth créé par Larry Page et Sergueï Brin.
 
Il avait ainsi tenté plusieurs interventions depuis Paris où il vit et même du côté du siège mais aucune de ses démarches n'avait pu aboutir. Il eut fallu faire intervenir des avocats donc beaucoup d'argent. Mais il n'a jamais baissé les bras. Grâce à lui, j'ai pu réaliser quelques bonnes pêches dans les méandres du Net et récupérer quelques articles, puis d'autres lecteurs se sont joints à lui qui m'ont adressé des pages qu'ils avaient enregistré. Une dame m'a même envoyé un cahier avec plusieurs dizaines de pages manuscrites dans lesquelles elle avait pris l'habitude de recopier les articles qui l'intéressaient le plus, des recettes et des recommandations (Nos très appréciés Coups de Cœur), et par le biais de Wayback Machine, ce sont plusieurs dizaines de billets, des illustrations et des vidéos, sur lesquelles nous avons pu remettre la main. A ce jour, près de 50% des anciennes publications sont disponibles sur le nouveau Tramezzinimag et c'est vraiment grâce à eux ! 

Mais cet abonné fidèle et déterminé m'a aussi adressé un comptage des visiteurs retrouvé par je ne sais quels algorithmes dont ce savant a le secret. Au 10 janvier de l'an de grâce 2021, Tramezzinimag pouvait être fier de comptabiliser presque deux millions de lecteurs parmi un peu plus de huit millions de visiteurs, (venus sur le blog et restés plusieurs minutes, ceux qui lisaient plusieurs pages depuis la même adresse, avant d'aller se promener ailleurs) 1.836.463 personnes exactement ! Soit environ un peu moins d'un quart de l'ensemble des visiteurs (ceux qui ont cliqué sur le titre du blog ou celui d'un billet sans s'éterniser). Bien entendu ce comptage n'inclut pas les clics et visites des webmaistres, vos serviteurs ! 

07 janvier 2021

Tramezzinimag vous souhaite une Bonne et Heureuse Année !

Riva degli Schiavoni  par Konstantin Ivanovich Gorbatov

Les vœux traditionnellement adressés en début d'année ne sont pas vains quand ils donnent l’occasion de réaffirmer des convictions. Tramezzinimag entre avec 2021, dans sa dix-septième année ; l'âge de l'adolescence raisonnée. La mode des blogs est loin derrière nous, ces temps où plusieurs milliers de personnes, chaque jour, venaient se promener dans nos pages. Les plus fidèles sont toujours là, plus silencieux qu'avant, mais que nous savons jamais lassés par la ligne éditoriale qui fit notre succès et à laquelle nous continuons de croire.

 
 

C'est là notre première conviction : exprimer notre reconnaissance envers tous nos lecteurs, mais aussi à tous ceux qui collaborent ou ont collaboré avec nous depuis 2005 contribuant à faire de Tramezzinimag la première revue francophone en ligne consacrée à Venise et aux vénitiens. Une certaine idée de Venise,  une manière de la voir et de la comprendre, au-delà des modes et des clichés, rappelant ce qu'elle fut et ce que nous avons été avec elle sans être figés dans la nostalgie ou le regret d'un passé révolu.

Cela nous amène à notre deuxième conviction :  Rester fidèles tout en faisant nôtre la nécessité d'évoluer dans la forme, sans trahir, entendre les nouveaux modes de pensée et de raisonnement mais refuser de nous borner à nos idées et nos savoirs ; enrichir nos pages des pensers nouveaux sans nous engouffrer dans aucun phénomène de mode ; résister aux mauvais vents putrides qui s'emparent des réseaux médiatiques et détournent trop souvent la presse du fond et du vrai, pour donner la priorité à l'émotion et au sensationnel.  L'indignation systématique et le déboulonnement des statues n'est pas notre credo. Tramezzinimag veut « persévérer dans son être» comme d'autres supports culturels de grande notoriété dont nous réclamons la parenté intellectuelle, nos aînés et parfois nos cadets. 

Ainsi, nous continuerons d'œuvrer en faveur d’une information et d'une réflexion au contact avec le réel, libre et volontaire pour exprimer nos opinions et défendre l'art, la littérature à travers la défense et l'illustration de l'esprit de la Sérénissime ! Bonne année 2021à tous quoi qu'il advienne !

03 janvier 2021

Venise toujours en péril : que seront les mois à venir ?

L'eau, cet élément fondamental de la vie au même titre que l'air et la lumière, continue de préoccuper les esprits. Combien de philosophes se sont penchés sur sa symbolique, combien de poètes l'ont chantée, combien de peintres l'ont-ils représentée... 

Herbert List, St Heinrich, Munich, 1950 - Coll. Particulière
Avec les dernières heures de cette annus horribilis que l'Humanité vient de vivre, nous pourrions faire le choix du pessimisme, de la tristesse voire même de la peur et du découragement. De nombreuses portions de la planète manquent d'eau, la sécheresse force des millions d'êtres à quitter leurs terres où plus rien ne pousse, ailleurs les nappes phréatiques quand elles ne s'amenuisent pas sont polluées et dangereuses, avec le réchauffement climatique, les glaciers fondent gonflant mers et océans. 

Cette montée des eaux est une menace dans bien des points du monde. Venise est particulièrement menacée, ce n'est pas une nouveauté. C'est de cette fragilité originelle qu'elle est née, c'est avec ce danger connu et calculé qu'elle a construit sa puissance et pu préserver pendant plus de mille ans son indépendance. La gloire de Venise procède des Eaux, force mythique qu'elle a longtemps su respecter et apprivoiser.  

Ainsi depuis quelques jours et certainement encore pour une bonne partie des premières semaines de janvier les marées seront hautes et les risques d'acqua alta quotidiens. Heureusement le MOse est là dont nous n'avions pas cru et dont dans ces colonnes même nous nous étions gaussé. Le système de blocage des eaux fonctionne et c'est tant mieux. Nous nous sommes trompés, en dépit des retards, des exactions, des scandales et du coût de sa construction, MOse est utile et, du moins avec les amplitudes actuelles, il fonctionne et joue pleinement son rôle. Trop souvent nous avons hurlé avec les loups, participant sans prendre le temps de la réflexion au refus systématique de tout progrès. On ne peut cependant pas s'empêcher de frissonner lorsque on reçoit le bulletin de prévision adressé par mail aux résidents, comme celui du matin du dernier jour de l'an passé... Pire est d'entendre la sirène annonçant la montée des eaux quand on est chez soi. Mais le frisson est moindre désormais et pour les plus jeunes, le souvenir de la terrible inondation de 1966 n'est qu'une histoire que racontent leurs parents et grands-parents. Heureusement, MOse est à l’œuvre et sauve Venise des eaux !

Previsione delle ore 06:30 del giorno 31 dicembre 
Giovedì 31 dicembre previsto un massimo di marea di 110cm alle ore 11:00.
Possibile azionamento del sistema MOSE.
Si segnala la possibilità di fenomeni mareali fino al giorno 4 gennaio. 
Si invita la cittadinanza a seguire gli aggiornamenti

D'une manière pragmatique les ingénieurs qui l'ont conçu pensaient aux nécessités immédiates et ont envisagé le meilleur système en adéquation avec la montée croissante des eaux. En cela, ils ont réfléchi avec les mêmes attendus que leurs ancêtres du Moyen-Âge quand il fallu trouver une solution déjà aux inondations dévastatrices pour la lagune et ce qu'on appelait pas encore son écosystème. Il faudra certes un jour quelque chose d'encore plus lourds et coûteux pour préserver l'existence même de la cité lagunaire et de son environnement mais aucun de nous ne sera là pour l'envisager. L'idée en reviendra aux savants et aux ingénieurs des générations futures. 

Mais ce que nous pouvons faire d'ores et déjà, n'est-ce pas de tenter de préserver avec toute notre énergie l'existant, panser les blessures infligées par l'humain à la nature, la flore, la faune, soigner la qualité des eaux, limiter les désagréments du mode de vie moderne, lutter contre les abus, la profanation des océans en général et de la lagune en particulier, de son sous-sol, de ses eaux, de toutes les vies animales, végétales, minérales qui y prolifèrent ; tenter de débrancher la folie humaine du toujours plus, du profit et du lucre, ces fondamentaux d'un mode de pensée insoutenable responsable de l'état - grave - dans lequel se retrouve notre planète terre. 

Gageons que l'Humanité prenne enfin conscience du danger et que celui-ci est pour demain si nous ne nous bougeons pas les fesses !



18 décembre 2020

"Mascherata à Venise", non pas le titre d'une comédie, mais le récit en image d'un nouveau quotidien...

Her Gracious Majesty porte avec autant d'élégance le masque obligé et contraint que sa couronne. Comme la reine, des milliards d'êtres humains sont ainsi affublés d'un morceau de tissu plus ou moins esthétique et ce depuis des mois maintenant. Si nous parlions des masques justement ?

Qui l'aurait dit il y a un an ? Nous étions nombreux à nous gausser des asiatiques portant ces masques de protection dans les rues de leurs villes mais aussi chez nous, quand ils venaient visiter les trésors de notre civilisation. une autre culture disait-on, mi-moqueurs, mi-admiratifs. Voilà l'humanité entière ou presque affublée du matin au soir (et pour certains du soir au matin), on aura même entendu certains hauts responsables conseiller le port du masque jusque chez soi, sait-on jamais... La mascarade s'est ainsi répandue partout pour devenir une pose commune à tous. Mais j'entends déjà certains de mes lecteurs imaginer que mes propos sont ironiques et critiques. Donc, avant tout, regardons de plus près le ou les sens du mot qui nous vient de l'italien mascherata. L'Académie Française, dans son dictionnaire nous livre les définitions suivantes :

MASCARADE (nom féminin), XVIe siècle. Emprunté de l’italien mascherata, 1.(Anciennement). Divertissement d’origine italienne où des personnages masqués jouaient une sorte de comédie-ballet ; pièce de vers composée pour un tel divertissement. 2. Divertissement dont les participants sont costumés et masqués. Les mascarades du carnaval.Par métonymie : Troupe ou défilé de gens déguisés et masqués. Regarder passer une joyeuse mascarade. 3.Fig. et péj. Se dit d’une chose, d’un évènement dont on entend dénoncer le caractère fallacieux, le ridicule, qui est une grossière imposture. Ce procès ne fut qu’une mascarade.

Ainsi les trois sens donnés en France au mot mascarade (et peu ou prou en italien) conviennent bien à cette nouvelle tendance un tantinet forcée par nos dirigeants par prudence. Mascarade, les premiers discours qui prétendaient que le masque était inutile voire même dangereux... N'envisageaient-ils pas à l'époque d'en interdire l'usage et de sévir les contrevenants... Après tout, la loi dans la plupart des pays d'occident et notamment en France et en Italie, interdit depuis longtemps le port d'un masque dans les lieux publics où la sécurité de tous oblige à se montrer à visage découvert. Ambiguïté...

Puis l'évidence (et la pression des scientifiques consultés et bien en cour) a fait changé le discours et tout le monde s'est mis au masque. Cela a relancé l'activité de milliers de petits ateliers de couture qui nous permettent de croiser de biens jolis masques dans de superbes tissus, d'autres d'assez mauvais goûts hélas aussi. On ne se refait pas. En France on en vend jusque sur le site de la Poste qui n'est plus un service public comme chacun le sait mais une entreprise privée obligée de déployer mille idées pour faire rentrer de l'argent. Tiens voilà le mot lâché, l'argent a quelque chose à voir avec le port du masque... Certes on ne peut que regretter de devoir deviner si derrière la toile, il y a un joli minois qui désormais ne se montre que dans la sphère privée. Droits réservés pour quelques privilégiés. De quoi satisfaire finalement les religieux, adeptes - ou partisans - des corps que l'on cache aux yeux de tous. Aux yeux des autres... Comment s'en prendre aux femmes voilées maintenant que tous, sans distinction d'âge et de sexe, arpente la vie le visage à moitié caché ? Nulle hypocrisie en revanche dans cette manière de sortir masqué. 

On peut choisir de voir les choses différemment (et dans la bonne humeur) : ce masque fait travailler l'imagination, et puis, il nous oblige à mieux regarder la partie restée offerte : le haut du visage. Front, regard, toute une partie toujours très belle et qui nous ferait tomber amoureux de toutes les personnes croisées dans la rue, de 6 heures à 20 heures bien sûr pour ne pas être en effraction.

 

Mon amie, la photographe Catherine Hédouin, que beaucoup d'entre vous connaissent, m'avait envoyé quelques clichés pris au hasard de ses promenades. «Bloquée» à Venise pour son plus grand bonheur depuis février dernier, elle a eu tout le temps d'observer les vénitiens puis, avec le retour d'une semi-liberté démocratique, les quelques touristes qui parvenaient à passer le pont de la Liberté pour arpenter de nouveau en masse (réduite) calle e campi de la Sérénissime. Depuis la fin du confinement qui fut long et rigoureux à Venise, voici un aperçu de la sfilata delle mascherine, un nouvel accessoire vestimentaire. Appelons cette exposition virtuelle, «le défilé des masques». Régalez-vous de ces impromptus de vie quotidienne à Venise :

Mes propos ne visent pas à imposer à mes lecteurs (dubitatifs derrière leur masque quant à la manière d'interpréter mes propos), l'une ou l'autre des définitions que donne au mot mascarade la vénérable Académie. Certainement pas la troisième. Du moins, il est trop tôt pour faire ce genre de constat et seul le temps montrera qui avait raison. Les adeptes du masque parmi ceux qui nous dirigent s'y sont soumis finalement de bonne grâce quand d'autres demeurent sceptiques d'autres encore rétifs et braqués, mais puisqu'il s'agit de la santé pour tous et de la vie pour quelques uns, le sujet est politique. Pour être au pouvoir et s'y maintenir, il vaut mieux éviter de perdre trop d'électeurs et puis faire voter les morts n'est plus vraiment une méthode à la mode. Mediapart veille... Mais ce qui compte dans ces temps bizarroïdes où la morosité se répand partout et commence de faire des dégâts chez certains esprits fragiles, c'est d'essayer de voir ce qu'il y a de positif dans ces temps. Le masque justement : ne trouvez vous pas qu'en transformant l'apparence de chacun, il pimente un peu le quotidien et pour peu qu'on y réfléchisse, il peut ensoleiller nos jours. Masqués, nous sommes tous attirants. jeunes ou vieux, beaux ou laids, le peu qu'il nous est donné de voir de l'autre est désormais toujours agréable. Faites-en l'expérience la prochaine fois que vous serez dans la rue : Le haut du visage est rarement repoussant, jamais hideux. Comme un jeu, l'imagination se déploie et on imagine un visage parfait, la beauté absolue dont on rêve sans jamais l'avoir jamais trouvée encore. On remarque mieux la beauté d'un oeil qui s'éclaire pour sourire ou saluer. C'est tout de suite sympathique. On se sent apaisé et on rêve. Bien sûr, parfois quand le masque tombe, il y a souvent déception, mais parfois non et c'est bon. 

Il vous faut trouver là le pourquoi du comment qui présida à l'idée de ce billet. Juste un prétexte pour justifier la diffusion sur Tramezzinimag de tous ces visages masqués que Catherine a surpris au fil des rues et des ponts où elle s'est promenée pendant ses mois de séjour forcé à Venise (je ne la plains pas bien que je comprenne sa joie d'avoir pu finalement rentrer en France). Assumer ce goût pour un certain voyeurisme qu'à Venise nous pratiquons tous, di solito(*), depuis les terrasses des cafés, sur les Zattere, ou sur la Riva dei Schiavoni, depuis un banc le long de la promenade qui jouxte le palais royal ou du côté des Giardini, ce plaisir innocent qui nous fait regarder les passants... Aujourd'hui, les cafés fermés et le terrasses interdites, ces visages masqués que nous croisons, sont une bien jolie mascarade, merveilleuse boîte à rêves pour nous aider à patienter, jusqu'à des jours meilleurs...

(*) : d'habitude















Photographies de © Catherine Hedouin - Venise 2020 - Tous Droits Réservés.

03 décembre 2020

Soyons solidaires !


Cette année 2020 n'aura été pour personne une période ordinaire. La crise sanitaire nous a presque tous amenés à réfléchir sur nos vies, nos priorités, nos contraintes, celles qu'on assume et celles qui nous pèsent. Cette introspection obligée pendant les périodes de confinement nous aura permis de revoir la liste de nos désirs, de passer en revue notre quotidien et de comprendre les manques, les blocages, les errements liés à un monde de plus en plus pressé, superficiel, oublieux.

Le Tramezzinimag que vous aimez, vous qui chaque jour, êtes plus de 300 à venir le feuilleter, n'aurait pas repris forme si des personnes avisées n'avaient pas inventé un système d'archivage automatique, la Wayback Machine. Une véritable librairie digitale qui conserve des milliards de données.

En effet, l'épisode dramatique de l'été 2016 où sans raison - plusieurs hypothèses existent mais rien n'a jamais pu être confirmé - le site originel, créé en 2005 a été supprimé par Google, emportant avec lui des milliers de photographies, des vidéos, des archives sonores et de nombreux textes, en même temps que mon adresse Gmail de l'époque... Oui, j'avais tout chez Google en qui, comme des millions de gens, j'avais une confiance totale...Cette catastrophe faillit bien avoir raison du site et de ma détermination à faire connaître Venise autrement.

Brewster Kahle, le fondateur de Wayback machine

La Wayback Machine, véritable librairie digitale fondée par Brewster Kahle changea le destin de Tramezzinimag. Un certain nombre de lecteurs qui avaient des archives en copie me les adressèrent spontanément, d'autres contribuèrent aux démarches entreprises auprès de Google pour avoir gain de cause. Je leur en suis très reconnaissant.

Mais sans les archives de Wayback Machine, nous n'aurions pu reconstituer la quasi totalité des 2800 articles parus entre mai 21005 et le jour fatal de juillet 2016 ! A titre d'information, le nouveau Tramezzinimag n'en compte que 1502. Près de 1300 manquent encore ! Les rechercher puis les charger sur le nouveau site prend énormément de temps et il y a pas mal de manipulations Html pour éviter les erreurs. Grâce à la Wayback Machine, presque tout l'ancien contenu pourra bientôt être de nouveau en ligne.

Mais la crise sanitaire n'épargne pas tous ces sites qui sont devenus indispensable, comme celui dont je vous parle et à qui Tramezzinimag et ses lecteurs doivent beaucoup, comme Wikipedia et d'autres. J'ai trouvé évident de relayer la demande de Brewster Kahle de contribuer à maintenir son site.

Chers lecteurs, je vous le demande comme pour Tramezzinimag : faites un don, apportez votre contribution à leur travail. Si chacun des lecteurs du blog versait 5€, cela ferait une jolie petite contribution qui permettrait à Internet archive de demeurer gratuit et libre de publicités, davantage permettrait de continuer à archiver des ouvrages et d'autres milliers de page internet qui sans eux seraient à jamais perdus. Pour contribuer, c'est ICI. Les lecteurs de Tramezzinimag qui nous enverront par mail leur adresse postale et une preuve de leur contribution recevront une surprise pour les remercier !

Et si le lien ne fonctionne pas, il vous suffit de copier l'adresse suivante et de la coller sur la fenêtre de votre moteur de recherche : 

https://archive.org/donate/?amt=5&contrib_type=one-time&coverFees=true&origin=DonateBanner-EOY%20Campaign%20Launch%20(112F30%2F20)-WBLaunchBannerDefault&referer=ctx=wb;uid=e30ade39357b459bd2bc543fddfbddb8

Merci pour eux !

29 novembre 2020

Tramezzinimag invite l'écrivain Mustapha Dahleb :

J'ai le plaisir de livrer à votre appréciation ce petit texte qu’un ami dominicain m’avait fait connaître quelques jours après le début du premier confinement. Publié par un écrivain arabe et médecin, dans la Tribune Juive le 20 mars 2020, il nous appelle à la sagesse et à prendre du recul. Je l'avais lu avec délices. Et si, avec le temps, "le petit machin" a continué de tout bousculer, il n'a pas entamé - il ne doit pas entamer - l'Espérance et la Joie, ces deux vertus lumineuses qui aident à résister à la peur, résister à la colère et à sa fille dévoyée, la haine, à résister au désespoir. Gardons notre ardeur en ce premier jour de l'Avent !

Gustav Klimt. Hope. II. 1907-1908. Détail. MOMA. NY

L’humanité effondrée et la société ébranlée par "un petit machin"   

par Mustapha Dahleb*

Un petit machin microscopique appelé coronavirus bouleverse la planète. Quelque chose d’invisible est venu pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l’ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment. 

Ce que les grandes puissances occidentales n’ont pu obtenir en Syrie, en Lybie, au Yemen, ce petit machin l’a obtenu : cessez-le-feu, trêve... Ce que l’armée algérienne n’a pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (le Hirak a pris fin). Ce que les opposants politiques n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu (report des échéances électorales... Ce que les entreprises n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu : remise d’impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d’investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques... Ce que les gilets jaunes et les syndicats n’ont pu obtenir, ce petit machin l’a obtenu : baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée... 

Soudain, on observe dans le monde occidental le carburant a baissé, la pollution a baissé, les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu’ils ne savent même pas quoi en faire. Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n’est plus une priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d’une vie réussie. Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité. Soudain, nous réalisons que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avions dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l’argent n’a aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus. Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir. Quelques jours seulement ont suffi à l’univers pour établir l’égalité sociale qui était impossible à imaginer. 

La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme. Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète mars et qui se croient forts pour cloner des êtres humains pour espérer vivre éternellement. Puisse cela servir à réaliser la limite de l’intelligence humaine face à la force du ciel. Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation. Il a suffi de quelques jours pour que l’Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge. Il a suffi de quelques jours pour que l’humanité prenne conscience qu’elle n’est que souffle et poussière. 

Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous face à ce coronavirus ? Rendons-nous à l’évidence en attendant la providence. Interrogeons notre “humanité” dans cette “mondialité” à l’épreuve du coronavirus. Restons chez nous et méditons sur cette pandémie. Aimons-nous vivants !

* Mustapha Dahleb est le nom d’auteur du Docteur Hassan Mahamat Idriss.

© Mustapha Dahleb & Lorenzo Cittone - Tramezzinimag2.blogspot.com - 29/XI/2020 – Tous Droits Réservés