03 janvier 2021

Venise toujours en péril : que seront les mois à venir ?

L'eau, cet élément fondamental de la vie au même titre que l'air et la lumière, continue de préoccuper les esprits. Combien de philosophes se sont penchés sur sa symbolique, combien de poètes l'ont chantée, combien de peintres l'ont-ils représentée... 

Herbert List, St Heinrich, Munich, 1950 - Coll. Particulière
Avec les dernières heures de cette annus horribilis que l'Humanité vient de vivre, nous pourrions faire le choix du pessimisme, de la tristesse voire même de la peur et du découragement. De nombreuses portions de la planète manquent d'eau, la sécheresse force des millions d'êtres à quitter leurs terres où plus rien ne pousse, ailleurs les nappes phréatiques quand elles ne s'amenuisent pas sont polluées et dangereuses, avec le réchauffement climatique, les glaciers fondent gonflant mers et océans. 

Cette montée des eaux est une menace dans bien des points du monde. Venise est particulièrement menacée, ce n'est pas une nouveauté. C'est de cette fragilité originelle qu'elle est née, c'est avec ce danger connu et calculé qu'elle a construit sa puissance et pu préserver pendant plus de mille ans son indépendance. La gloire de Venise procède des Eaux, force mythique qu'elle a longtemps su respecter et apprivoiser.  

Ainsi depuis quelques jours et certainement encore pour une bonne partie des premières semaines de janvier les marées seront hautes et les risques d'acqua alta quotidiens. Heureusement le MOse est là dont nous n'avions pas cru et dont dans ces colonnes même nous nous étions gaussé. Le système de blocage des eaux fonctionne et c'est tant mieux. Nous nous sommes trompés, en dépit des retards, des exactions, des scandales et du coût de sa construction, MOse est utile et, du moins avec les amplitudes actuelles, il fonctionne et joue pleinement son rôle. Trop souvent nous avons hurlé avec les loups, participant sans prendre le temps de la réflexion au refus systématique de tout progrès. On ne peut cependant pas s'empêcher de frissonner lorsque on reçoit le bulletin de prévision adressé par mail aux résidents, comme celui du matin du dernier jour de l'an passé... Pire est d'entendre la sirène annonçant la montée des eaux quand on est chez soi. Mais le frisson est moindre désormais et pour les plus jeunes, le souvenir de la terrible inondation de 1966 n'est qu'une histoire que racontent leurs parents et grands-parents. Heureusement, MOse est à l’œuvre et sauve Venise des eaux !

Previsione delle ore 06:30 del giorno 31 dicembre 
Giovedì 31 dicembre previsto un massimo di marea di 110cm alle ore 11:00.
Possibile azionamento del sistema MOSE.
Si segnala la possibilità di fenomeni mareali fino al giorno 4 gennaio. 
Si invita la cittadinanza a seguire gli aggiornamenti

D'une manière pragmatique les ingénieurs qui l'ont conçu pensaient aux nécessités immédiates et ont envisagé le meilleur système en adéquation avec la montée croissante des eaux. En cela, ils ont réfléchi avec les mêmes attendus que leurs ancêtres du Moyen-Âge quand il fallu trouver une solution déjà aux inondations dévastatrices pour la lagune et ce qu'on appelait pas encore son écosystème. Il faudra certes un jour quelque chose d'encore plus lourds et coûteux pour préserver l'existence même de la cité lagunaire et de son environnement mais aucun de nous ne sera là pour l'envisager. L'idée en reviendra aux savants et aux ingénieurs des générations futures. 

Mais ce que nous pouvons faire d'ores et déjà, n'est-ce pas de tenter de préserver avec toute notre énergie l'existant, panser les blessures infligées par l'humain à la nature, la flore, la faune, soigner la qualité des eaux, limiter les désagréments du mode de vie moderne, lutter contre les abus, la profanation des océans en général et de la lagune en particulier, de son sous-sol, de ses eaux, de toutes les vies animales, végétales, minérales qui y prolifèrent ; tenter de débrancher la folie humaine du toujours plus, du profit et du lucre, ces fondamentaux d'un mode de pensée insoutenable responsable de l'état - grave - dans lequel se retrouve notre planète terre. 

Gageons que l'Humanité prenne enfin conscience du danger et que celui-ci est pour demain si nous ne nous bougeons pas les fesses !



5 commentaires:

  1. Que vient foutre la photo de ces deux éphèbes sodomites dans un article sur le MOSE ?

    Alberto

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  2. Que viennent faire de tels propos sur Tramezzinimag, Cher Alberto ?
    Je vous croyais plus ouvert à l'humour et plus mesuré. Seriez-vous imperméable au second degré, figé dans les haines et les peurs des adeptes de la cancel-culture, ce relent nauséabond de l'américanite vous aurait-il contaminé ? Ibrahim Malouf l'a bien été avec ses propos aberrants au sujet du concert du Nouvel An...
    Mais revenons à l'article.
    En effet, j'y traite du MOse, et en le rédigeant j'ai pensé à Moïse flottant dans sa nacelle sur les eaux du Nil. Aussitôt, cela m'a rappelé (à cause des ajoncs sûrement - Nil-papyrus-ajoncs) ce splendide cliché qui est pour moi l’un des chef-d’œuvres d'Herbert List. Je reste convaincu qu’il est l'illustration parfaite de mes propos. En la regardant j’ai compris que la symbolique de ces deux personnages, baptisés d'autorité par vos soins comme « sodomites », dont seule la tête dépasse des eaux, colle parfaitement à l’article.
    Une manière d’illustrer la situation actuelle des vénitiens : Submergés par l'air du temps comme nous tous que personnifie à Venise une équipe municipale bouffie d'autosatisfaction ; Submergés par les chinois qui achètent bars, restaurants et boutiques à tour de bras ; Submergés par la ville qui se vide de plus en plus de ses habitants, alors que - paradoxe autant qu'ironie - le MOse, auquel on ne croyait pas, remise peu à peu la peur d'une acquagrande qui aurait définitivement raison de la ville…
    Avec tout le respect que je porte à votre opinion, (« Les commentaires sont libres » écrivait Beaumarchais qui s'y connaissait en matière de censure), je ne peux laisser passer votre commentaire sans m'interroger à mon tour : « Qu'en a-t-on à foutre » de leur présumée orientation sexuelle ? Cela ne regarde que ces deux personnes. Pas x e les personnes concernées, pas nous.
    Pourtant, dans les pages d'un modeste blog consacré à Venise, un lecteur ostracise aujourd’hui un photographe parce qu'il fit poser deux jeunes gens dans l'eau, peut-être nus (ou pas), figés comme deux statues de l'innocence dont seules émergent les têtes... Vous êtes sérieux ?
    Je réprouve vos propos certes, mais plus que tout ils m'attristent. Je veux continuer à croire que le respect des autres, de leur intimité et donc de leur vie est sacré et c’est cet état d’esprit qui continuera d’être défendu sur Tramezzinimag.
    Bonne Année à vous.

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    1. Le Mose présente une réalité plus complexe que sa laborieuse et coûteuse mise en service. Outre la maintenance déjà prise en défaut, il existe le risque d'une mise en danger de l'écosystème particulièrement délicat de la lagune lorsque les paratoie sont abaissés. Paolo Barbaro dans ses "Lunaisons vénitiennes" s'inquiétait déjà des bouleversements hydrologiques connus par la lagune au cours de la seconde partie du XXe siècle. Il ne faudrait pas que le Mose ne s'assimile à un jeu d'apprenti sorcier.

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  3. Pourquoi tant de haine ?

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  4. @Anonyme : Telle est la question, haha ! Notre époque certainement.

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