18 septembre 2006

Connaissez-vous Billa ?

Dans un précédent post, je parlais de la calle del vento qui débouche sur les Zattere et constitue l'extrême limite de Dorsoduro avant les docks. Presque à l'angle, sur la fondamenta, se trouve Billa, le supermarché le plus sympathique de toute la ville.

Situé au rez-de-chaussée d'un palais du XVIIe siècle, il est très apprécié par les habitants du quartier et les vénitiens en général qui viennent d'autres quartiers pour y faire leurs emplettes. Pour nous qui sommes habitués en France aux hypermarchés, ces surfaces gigantesques, horribles et impersonnelles, où on trouve de tout tous les jours et tard le soir, ce magasin pourra paraître petit et bien pauvre. Pourtant on y trouve de tout aussi et des choses surprenantes : j'y achète ces biscuits anglais que les enfants adorent pour le thé, des flocons d'avoine américains délicieux, du chocolat suisse et des produits traditionnels italiens.

Non seulement les produits alimentaires de base (pâtes, riz, conserves, biscuits, droguerie, ...) sont incroyablement variés dans un espace aussi restreint , mais il y a aussi un rayon traiteur, boucherie et charcuterie de première qualité avec des produits locaux, un rayon crèmerie génial (un tuyau pour ceux qui veulent ramener du parmesan voire du provolone ou du cacciacavallo, ce fromage toscan !)... Vins, huiles, biscuits, bonbons mais aussi fruits et légumes frais, en majorité produits dans les fermes des environs, à Mazzorbo et à Sant'Erasmo notamment, sont proposés chaque jour, à des prix incroyables pour Venise. Et c'est bon. 

L'accueil est sympathique et le public bon enfant. Tout le monde bavarde, les enfants jouent. Et on entend en bruit de fonds la sirène des bateaux qui passent sur le canal de la Giudecca. L'ambiance est un peu celle de Zabar's, ce magasin de New York, dans Broadway, où on trouve des centaines de variétés de fromages, de pains et plein de choses délicieuses dans un merveilleux fouillis, moins l'infernale fureur de la circulation automobile.

posted by lorenzo at 22:44

Douceur de vivre à Venise

Jamais aucun endroit au monde n'a su, en des temps reculés encore proches de la barbarie et de l'ignorance, allier le sens du confort et celui de la magnificence. A Venise, dès que la communauté rassurée devant l'invincibilité de la lagune, rempart naturel contre les barbares, se sentit capable de poursuivre la construction d'un nouveau monde, les patriciens ont aimé s'entourer de belles choses. 

Ils auraient pu développer un goût de nouveaux riches et se contenter d'amasser, d'entasser, de collectionner mais la beauté des matières, la qualité du travail inventé par tous les artistes qui édifièrent l'art de vivre vénitien, ont fait de cette société un paradis pour les yeux. 
Alors que les nobles français, mal lavés, mal installés dans leurs donjons sombres et insalubres, savaient à peine lire et encore moins écrire, les riches princes de ce jeune empire appelé à gouverner les mers pendant plusieurs siècles, fondaient par leur goût du beau, par leur culture  - et leur or - une nouvelle Athènes. 
Derrière la décrépitude des temps modernes, derrière ces façades usées et comme inquiètes d'un avenir incertain, demeure pour notre plus grand bonheur, les vestiges d'un monde unique et resplendissant...
posted by lorenzo at 22:33