01 novembre 2013

Autunno veneziano

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Vincenzo Cardarelli est un poète du Latium, hélas méconnu en France parce que peu traduit, en dépit d'une production très riche et du succès de certains de ses ouvrages en Italie. Il fut notamment lauréat du second Premio Strega, équivalent italien de notre Goncourt, en 1948. 
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Portrait du poète 
par Amerigo Bartoli
Son poème, "Automne vénitien" me revient toujours à l'esprit quand vient ce temps de Toussaint, froid et gris la plupart du temps mais aussi, parfois, clair et ensoleillé, avec cette nuance dans les tonalités que la lumière de ce début novembre apporte aux façades et aux reflets le long des canaux tranquilles d'une ville qui pour peu de temps semble retrouver sa tranquillité d'antan, loin du vacarme de l'invasion touristique. 

Les vers de Cardarelli sont davantage de circonstance au tout début de la rousse saison, The Fall comme la nomme joliment les anglo-saxons, les beaux jours de septembre, ceux d'octobre... Mais Venise avant l'hiver demeure longtemps dans un entre-deux magique,où des restes de l'été éclatent encore et que le soleil demeure... Après la pluie aussi, quand la lumière semble hésiter entre ce qu'elle fut l'été durant et ce qu'elle sera bientôt, avec l'hiver et les frimas. Pour faire court, ce mot griffonné d'une écriture enfantine sur une carte postale, et trouvée l'autre jour dans un livre "c'est drôlement beau Venise en automne !"
L'alito freddo e umido m'assale
di Venezia autunnale.
Adesso che l'estate,
sudaticcia e sciroccosa,
d'incanto se n'è andata,
una rigida luna settembrina
risplende, piena di funesti presagi,
sulla città d'acque e di pietre
che rivela il suo volto di medusa
contagiosa e malefica.
Morto è il silenzio dei canali fetidi,
sotto la luna acquosa,
in ciascuno dei quali
par che dorma il cadavere d'Ofelia :
tombe sparse di fiori
marci e d'altre immondizie vegetali,
dove passa sciacquando
il fantasma del gondoliere.
O notti veneziane,
senza canto di galli,
senza voci di fontane,
tetre notti lagunari
cui nessun tenero bisbiglio anima,
case torve, gelose,
a picco sui canali,
dormenti senza respiro,
io v'ho sul cuore adesso più che mai.

Qui non i venti impetuosi e funebri
del settembre montanino,
non odor di vendemmia, non lavacri
di piogge lacrimose,
non fragore di foglie che cadono.
Un ciuffo d'erba che ingiallisce e muore
su un davanzale
è tutto l'autunno veneziano.
Così a Venezia le stagioni delirano.
Per i suoi campi di marmo e i suoi canali
non son che luci smarrite,
luci che sognano la buona terra
odorosa e fruttifera.
Solo il naufragio invernale conviene
a questa città che non vive,
che non fiorisce,
se non quale una nave in fondo al mare.
Pour la traduction française (qui n'engage que Tramezzinimag !), cliquer ICI

L'acteur Vittorio Gassman dit ces jolis vers, avec en supplément un entretien à bâtons-rompus au Harry's Bar, de l'acteur avec Massimo Cacciari, alors maire de Venise et Arrigo Cipriani, leur hôte :

San Giorgio, novembre 1984