Lorsque
l'été est vraiment, vraiment là à Venise, la vie en ville change
inexorablement. Vivre à Venise est un art en temps normal, mais devient
presque une science entre ces deux dates-butoir que sont la Festa del Redentore (3e weekend de juillet - précisément aujourd'hui) et la Regata Storica
(premier dimanche de septembre). Il fait chaud. Très chaud et
l'invasion des touristes est à son comble. Ils ne sont peut-être pas
statistiquement beaucoup plus supérieurs en nombre qu'en mai ou juin
mais le fait d'avoir eux-aussi à affronter la moiteur de l'air et la
puissance du soleil semble démultiplier leur présence. C'est à cela
qu'on reconnait que Venise s'enfonce dans la langueur de l'été :
touristes dénudés avachis à l'ombre dans les jardins du Palais Royal à San Marco, ou
du côté des Giardini à Castello, pieds qui trempent dans l'eau des canaux, arrêts
fréquents sur les marches des ponts quand on y trouve un peu d'ombre,
odeurs sui-generis du touriste en promenade, mêlées aux relents
d'after-shave et de déodorants trop parfumés, bouteilles plastiques et
canettes de bière vides qui débordent des cestini le long des rues et sur les campi
et flottent sur les canaux... Et puis les trains de gondole jusqu'à pas
d'heure qui passent avec les rengaines habituelles dans les canaux
lorsque la nuit tombe... D'autres mieux que moi ont décrit la vie
touristique de la Sérénissime en été.
Pour les vénitiens qui restent encore, le rythme de vie change aussi et pas seulement à cause des hordes de touristes. Cela, ils en ont l'habitude. Non la vie change car tout le monde soit s'adapter aux grandes chaleurs, à l'absence de vent, à la rareté de l'ombre. Le vénitien se lève tôt et sort à la fraîche pour aller faire ses emplettes. En plein été, sortir chercher le journal, aller prendre le café du matin et la brioche qui va avec, devient une véritable geste. Bon nombre de cafés et pasticcerie ont installé l'air conditionné. piège terrible et monstre pas très écologique. De quoi attraper une bronchite tellement il y fait froid. Pour ma part, je craindrais davantage une syncope à passer des 18° du local aux 32° de dehors ! Le vénitien, donc, cherche l'ombre, prend des raccourcis inconnus des touristes, là où il fait plus frais, et ne se hâte pas pour ne pas souffrir outre mesure de la chaleur. Les volets sont fermés dès 9 heures, les stores baissés. plus question de boire son jus d'orange sur l'altana ou le balcon. Trop chaud. On rentre les plantes qui risqueraient autrement de bruler littéralement et quand on habite dans les étages supérieurs, l'eau de la douche a du mal à venir à nous. Pas assez de pression et moins d'eau... Rien que de très banal.
Ne croyez-pas que je veuille décrire la Venise du plein été comme un enfer. Il faut toujours garder un œil amusé et n'avoir que des pensées positives. Le propos de ce billet en fait était de parler des endroits méconnus des touristes où il fait bon se rendre quand il fait chaud et qu'on ne veut pas rester enfermé chez soi. L'excellent blog Côté Jardin présente justement un de mes lieux favoris, les jardins du palazzo Bembo. J'ai longtemps habité non loin et ce bel espace tranquille s'ajoute à la liste des espaces verts méconnus - heureusement - de la Sérénissime.
Le petit square des étudiants, en face de la reprographie et du Bureau des élèves de la Ca'Foscari, le jardin de l'ancien lycée arménien, celui de la maison du peintre Wolf-Ferrari, re-devenu une annexe de la Ca'Rezzonico, et tant d'autres à l'accès plus ou moins libre, plus ou moins régulier...
La Biennale 2013 permet aussi de pénétrer des cortile arborés
et de délicieux petits jardins abandonnés comme on en oublie dans
Venise depuis des siècles. Faut-il en dresser la liste ? Nombre des
sites cousins et amis de Tramezzinimag
ont depuis longtemps publié des billets sur ces lieux. Fort
heureusement, la plupart de ces petits paradis ne sont pas ouverts au
public, ou du moins ne le sont que sur demande ou pour des occasions
particulières. En revanche, la littérature qui leur est consacrée est
assez fournie avec des publications le plus souvent de qualité.
[ Note ajoutée le 29/07/2023 : Il y avait à l'origine neuf commentaires sur ce billet malheureusement perdus lors de la suppression par Google du blog en juillet 2015. Huit ans plus tard en dépit de nombreuses interventions et une procédure qui n'avance pas, aucune réponse de Google concernant la disparition du blog et de toutes les archives de Tramezzinimag...:]
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